AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Rite tridentin

Le rite tridentin est, dans la liturgie catholique, la liturgie telle que codifiĂ©e Ă  la suite du concile de Trente et employĂ©e de maniĂšre canonique par la plus grande partie de l'Église latine jusqu'Ă  la rĂ©forme liturgique opĂ©rĂ©e par Paul VI Ă  la fin des annĂ©es 1960 dans le contexte du concile Vatican II, initiĂ© par Jean XXIII. En 2021, le pape François limite drastiquement l'usage du rite tridentin.

L'adjectif « tridentin » (de Trente en Italie) est appliquĂ© Ă  cette forme du rite romain, parce que le concile de Trente dans sa derniĂšre session du a notamment confiĂ© au pape Pie IV d'achever et publier, conformĂ©ment Ă  son jugement et son autoritĂ©, les travaux des commissions du concile sur le missel et le brĂ©viaire[1]. Son successeur Pie V a publiĂ© le CatĂ©chisme du concile de Trente en 1566, le BrĂ©viaire romain le (bulle Quod a nobis), et le Missel romain le (bulle Quo primum). D'autres Ă©lĂ©ments du rite tridentin (c'est-Ă -dire l'Ă©poque du rite romain successive au Concile de Trente) sont le Pontifical romain[2], le CĂ©rĂ©monial des Ă©vĂȘques, le Martyrologe romain et le Rituel romain.

Ces textes du missel et du brĂ©viaire Ă©taient en grande partie des rĂ©visions basĂ©es sur des Ɠuvres existantes, Ɠuvres produites non par l'Église mais par initiative privĂ©e et dont la vaste diffusion a Ă©tĂ© rendue possible par la toute rĂ©cente invention de l'imprimerie moderne. La premiĂšre Ă©dition d'un livre portant le titre Missale Romanum a Ă©tĂ© produite Ă  Milan en 1474[3] Ă  une vingtaine d'annĂ©es des premiĂšres productions de Johannes Gutenberg.

Usages

En 1568, le pape Pie V (1566-1572) a rendu obligatoire l’utilisation de ses textes du brĂ©viaire et du missel dans toute l’Église latine, en faisant exception uniquement pour les lieux et les communautĂ©s oĂč un autre rite a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© pendant plus de deux cents ans. C’est ainsi que, entre autres, le rite ambrosien, le rite mozarabe et les rites de plusieurs instituts religieux ont pu continuer lĂ©galement leur existence. Sauf ces exceptions, dans toute l'Église latine on cĂ©lĂ©brait la messe en utilisant les Ă©ditions successives du Missel romain qui s'intitulait Missale Romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentini restitutum (Missel romain, restaurĂ© par dĂ©cret du trĂšs saint Concile de Trente), jusqu'Ă  ce que le texte du BrĂ©viaire romain soit radicalement modifiĂ© en 1911 par Pie X, qui a fixĂ© la date du 1er janvier 1913 comme dĂ©lai dans lequel l'ancien texte devait ĂȘtre abandonnĂ© et le nouveau mis en usage[4].

En 1970, parait la premiĂšre Ă©dition du missel qui fait rĂ©fĂ©rence au Concile Vatican II et non plus au Concile de Trente : Missale Romanum ex decreto sacrosancti Ɠcumenici Concilii Vaticani II instauratum[n 1]. De ce Missel on a publiĂ© entre 1970 et 2002 trois Ă©ditions, dont la troisiĂšme a comme titre complet Missale Romanum ex decreto sacrosancti Ɠcumenici Concilii Vaticani II instauratum auctoritate Pauli PP. VI promulgatum, Ioannis Pauli PP. II cura recognitum[n 2].

Jean-Paul II a permis Ă  certains instituts d'utiliser encore l'Ă©dition 1962, la derniĂšre qui faisait rĂ©fĂ©rence au Concile de Trente et non pas au Concile Vatican II ; en 1984 il a aussi (par Quattuor abhinc annos) autorisĂ© les Ă©vĂȘques diocĂ©sains de permettre dans leurs diocĂšses, sous certaines conditions, la cĂ©lĂ©bration de la messe de 1962, mais normalement au dehors des Ă©glises paroissiales.

En 2007, Benoßt XVI, en voulant étendre à tous ceux qui la souhaitaient la célébration du missel de 1962, abolit les conditions imposées par Jean-Paul II et décrÚte que chaque curé ou recteur d'une église ni paroissiale ni conventuelle devait accepter les demandes de groupes stables de fidÚles attachés à la tradition liturgique antérieure de célébrer la messe selon le rite du Missel romain édité en 1962[5]. Benoßt XVI affirme que le missel de 1962 n'a jamais été juridiquement abrogé[5] - [6] et que la « forme extraordinaire » de 1962 cohabite aux cÎtés de « la forme ordinaire » ou « forme normale » de 2002 ; néanmoins plusieurs canonistes expriment alors des doutes quant à l'exactitude de cette déclaration[7] - [8] - [9].

Le 16 juillet 2021, le pape François dĂ©crĂšte qu'au contraire il n'y a dĂ©sormais qu'une seule forme du rite romain : « Les livres liturgiques promulguĂ©s par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformĂ©ment aux dĂ©crets du Concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du Rite Romain »[10]. RĂ©tablissant la discipline en vigueur sous Jean-Paul II[n 3], François retire l'autoritĂ© de dĂ©cision accordĂ©e aux curĂ©s par son prĂ©dĂ©cesseur en la confiant aux Ă©vĂȘques diocĂ©sains, exclut l'usage des Ă©glises paroissiales pour la pratique du rite extraordinaire[11] ainsi que l'usage du latin pour les lectures qui doivent se faire en langue vernaculaire[12].

Historique de la liturgie tridentine

ƒuvre du concile

L'Ă©dition 1962 du Missel romain, qui porte comme titre Missale Romanum ex decreto SS. Concilii Tridentini restitutum Summorum Pontificum cura recognitum.

Le concile de Trente, rĂ©uni entre 1542 et 1563, en Ă©tablissant son « exposition de la doctrine touchant le sacrifice de la messe[13] », lors de sa XXIIe session du , veut dĂ©fendre la doctrine catholique sur la messe contre ce qu'il considĂšre comme des errements issus de la RĂ©forme protestante. Pour cela, le concile Ă©nonce les fondements doctrinaux du sacrifice de la messe et rappelle dans le dĂ©cret conclusif quelques principes pratiques Ă  respecter et s’opposant Ă  certaines mauvaises habitudes.

En effet, la liturgie n’est pas figĂ©e : dans la liturgie catholique romaine, la forme de la messe, qui se traduit par le missel, celle de la liturgie des heures (le brĂ©viaire), et les autres sacrements, sont en constante et lente Ă©volution, sans rupture : c’est ce qu’on appelle l'« Ă©volution organique de la liturgie ».

La liturgie tridentine est ainsi un témoin de la tradition ecclésiastique, dont le pape Benoßt XVI a souhaité que l'usage soit maintenu et préservé comme un trésor de la tradition commune[5].

Missel de Pie V

La rĂ©vision du missel ayant Ă©tĂ© ordonnĂ©e par le concile de Trente, le pape Pie V a codifiĂ© ce qui Ă©tait le missel de l'Église de Rome.

Par rapport aux Ă©ditions non officielles prĂ©cĂ©dentes, Pie V a fixĂ© dans l’ordinaire de la messe (ordo missĂŠ) les priĂšres au bas de l’autel, qui antĂ©rieurement Ă©taient rĂ©citĂ©es, au choix du prĂȘtre, comme prĂ©paration personnelle, soit dans la sacristie, soit pendant la procession Ă  l’autel, soit au pied de l’autel.

Cette affirmation est contredite par le texte de ce que Joseph Ratzinger appelle «la premiĂšre Ă©dition du missale romanum publiĂ©e de 1474[14]», c'est-Ă -dire Ă  peine 24 ans aprĂšs l'invention de l'imprimerie moderne et 4 ans aprĂšs le premier livre imprimĂ© en France. Ratzinger ajoute que « [l]e missel qui parut en 1570 sur l’ordre de saint Pie V ne se diffĂ©renciait que par d’infimes dĂ©tails de la premiĂšre Ă©dition imprimĂ©e du missale romanum publiĂ©e juste cent ans plus tĂŽt[15]. »

La production de ce livre n'était pas une édition officielle comme celle de Pie V en 1570, mais elle a inspiré plusieurs autres éditeurs à publier leurs propres éditions. De 1474 à la publication de la premiÚre édition officielle du Missel romain, c'est-à-dire publiée à l'initiative du Saint-SiÚge, prÚs d'un siÚcle s'est écoulé. Durant cette période au moins 14 autres éditions du livre liturgique paraissent : dix à Venise, trois à Paris et une à Lyon[16]. Faute d'un organe de contrÎle sur leur qualité, ils ont subi plusieurs modifications de la part des éditeurs, dont certaines ne sont pas négligeables[17]

Cette Ă©dition de 1474 est considĂ©rĂ©e comme l'ancĂȘtre de toutes les publications qui ont ensuite fusionnĂ© dans l'Ă©dition officielle approuvĂ©e par le pape Pie V. Les annotations autographiĂ©es du cardinal Guglielmo Sirleto dans un exemplaire de l'Ă©dition portant le titre Missale secundum morem Sanctae Romanae Ecclesiae imprimĂ©e en Venise en 1497 (essentiellement identique Ă  celle de 1474) montre que cette Ă©dition vĂ©nitienne a servi de modĂšle Ă  l'Ă©dition de 1570[17]

Le texte de l'Ă©dition milanaise de 1474, reproduit dans l'Ă©tude de Robert Lippe de 1899, qui est facilement accessible en ligne[18], montre qu'en rĂ©alitĂ© les priĂšres au pied de l’autel, au lieu d'ĂȘtre ajoutĂ©es dans l'Ă©dition de Pie V, faisaient partie de l'Ordinaire de la messe depuis dĂ©jĂ  un siĂšcle.

Pie V a aussi ajouté tout ce qui se trouve aprÚs l'Ite, missa est : bénédiction, dernier évangile.

Ce missel de 1570 ne se diffĂ©renciait que trĂšs peu de la premiĂšre Ă©dition du missale romanum publiĂ©e de 1474[14]. Le , la bulle Quo primum en Ă©tend l’usage Ă  toute l’Église latine.

Puis le pape ClĂ©ment VIII a publiĂ© le premier cĂ©rĂ©monial des Ă©vĂȘques, dit cĂ©rĂ©monial de ClĂ©ment VIII, le . Il s'agissait d'un grand guide de la liturgie tridentine afin d'Ă©tablir les cĂ©lĂ©brations universelles de l'Église y compris la messe pontificale tridentine.

Changements ultérieurs de la liturgie tridentine

Les changements qui ont suivi, jusqu’au XXe siĂšcle, la promulgation du missel romain de Pie V furent moins profonds. Les Ă©ditions « tridentines » du Missel reportaient le texte des bulles de promulgation des rĂ©visions des papes ClĂ©ment VIII (1604) et Urbain VIII (1634), et aussi celle du pape saint Pie X, qui en rĂ©formant la rĂ©citation du psautier, annonçait son intention de rĂ©viser aussi le missel. Mais sa mort en 1914 l’empĂȘche de mener Ă  bien ce projet. Le pape Pie XII, Ă  la suite de la publication de l’encyclique Mediator Dei en 1947, sur les principes de la liturgie, entama une rĂ©vision plus profonde du missel, par une rĂ©novation radicale des formules et des cĂ©rĂ©monies de la Semaine sainte en 1955[19].

Des nouvelles Ă©ditions du missel ont Ă©tĂ© publiĂ©es rĂ©guliĂšrement. Elles n’apportent gĂ©nĂ©ralement que des Ă©volutions mineures (ajout d’un formulaire pour une fĂȘte de saint ou changement dans les rubriques, par exemple), mais elles furent parfois plus importantes :

  • des modifications nombreuses furent apportĂ©es dĂšs 1604, Ă  trente-quatre ans de la promulgation du missel de Pie V[20] : abolition de la priĂšre Ă  dire en entrant dans l’église, du mot « omnibus » dans les deux priĂšres qui suivaient la rĂ©citation du Confiteor, de la mention de l’empereur dans le canon de la messe, de la triple bĂ©nĂ©diction Ă  la fin de la messe solennelle ;
  • rĂ©forme de la semaine sainte en 1956 ;
  • suppression du Confiteor avant la communion des fidĂšles en 1960 ;
  • ajout de saint Joseph dans le canon lui-mĂȘme, fin 1962.

Ainsi, le missel romain édité en 1962, date de sa sixiÚme édition « typique », la derniÚre qui portait comme titre Missale romanum ex decreto sacrosancti Concilii Tridentini restitutum, avait continué sa lente évolution depuis sa promulgation initiale. Le titre de la prochaine édition, publiée en 1970, est Missale Romanum ex decreto sacrosancti oecumenici Concilii Vaticani II instauratum.

Le « missel de 1962 »

Au dĂ©but de cette Ă©dition de 1962, la lettre apostolique Rubricarum instructum de Jean XXIII indiquait que « les grands principes commandant la rĂ©forme de l’ensemble de la liturgie doivent ĂȘtre proposĂ©s aux PĂšres au cours du prochain concile ƓcumĂ©nique ». La prochaine Ă©dition, celle de 1970, contient la messe de Vatican II.

En son motu proprio Summorum Pontificum de 2007 BenoĂźt XVI a dĂ©clarĂ© que tant l'Ă©dition 1970 du Missel romain que les prĂ©cĂ©dentes (de 1559 Ă  1962) sont des expressions de la lex orandi[21] de l'Église catholique de rite latin[22]. Il affirma que les deux missels, de 1970 et de 1962, ne contiennent pas deux rites diffĂ©rents, mais deux usages diffĂ©rents du mĂȘme rite romain, dont celui qui est contenu dans le missel de Paul VI est la forme ordinaire de cĂ©lĂ©bration ; celui de 1962 la forme extraordinaire.

La législation postérieure du pape François a déclaré, au contraire, que « les livres liturgiques promulgués par les Saints Pontifes Paul VI et Jean-Paul II, conformément aux décrets du Concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du Rite Romain[23]; et a également décrété : « Les normes, instructions, concessions et usages précédents qui ne sont pas conformes aux dispositions du présent Motu Proprio sont abrogés[24]»

Généralités sur les cérémonies

L'autel prĂȘt pour la messe selon la forme 1962 du rite romain.

Les différents formes rituelles

La rĂ©forme tridentine a consistĂ© Ă  corriger les Ă©carts qui s'Ă©taient progressivement introduits dans tel diocĂšse ou telle communautĂ© par rapport au missel romain. En 1570, Ă  la suite du concile de Trente, saint Pie V par la bulle Quo primum impose Ă  toute l’Église latine le missel romain, mais il excepte de cette loi les liturgies qui existent depuis deux cents ans, lesquelles ont pu ĂȘtre conservĂ©es.

C'est ainsi par exemple que le rite lyonnais est restĂ© pratiquĂ© Ă  Lyon, et les rites dominicain ou cartusien ont continuĂ© Ă  ĂȘtre pratiquĂ©s par les membres de ces communautĂ©s. De ce fait, quand la messe Ă©tait dite par un prĂȘtre dominicain, mĂȘme en paroisse, elle l'Ă©tait suivant le rite du cĂ©lĂ©brant, et non suivant le missel romain commun.

Les différentes sortes de messes

Messe tridentine chantée pour sainte Jeanne d'Arc, chapelle Saint-Laurent, cathédrale de Strasbourg.

La messe peut prendre trois formes principales :

  • la messe pontificale (messe solennelle dite par un Ă©vĂȘque, ou en prĂ©sence de celui-ci)[25] ;
  • les grands-messes, messe de toute une communautĂ©, sont normalement chantĂ©es. On les divise en messes solennelles lorsqu'il y a diacre et sous-diacre, et en messes chantĂ©es sinon[26] ;
  • la messe basse est lue et non chantĂ©e.

Historiquement, dans le dĂ©veloppement de la liturgie au dĂ©but du Moyen Âge, la messe pontificale est Ă  l’origine des autres formes (messe en prĂ©sence pontificale, messe solennelle avec diacre et sous-diacre, messe chantĂ©e avec encens, messe chantĂ©e sans encens, messe parlĂ©e, messe basse) qui furent plus ou moins normalisĂ©es au cours du temps. Les messes basses ont commencĂ© au VIIIe siĂšcle, jusque-lĂ  il n'y avait qu'une seule messe par jour et par Ă©glise, Ă  laquelle assistait tout le clergĂ©[26]. À son tour la messe basse[27] a influencĂ© les autres formes, par exemple en imposant au prĂȘtre de rĂ©citer Ă  voix basse les antiennes chantĂ©es par la chorale et aussi l’épĂźtre pendant que le sous-diacre la chantait dans la messe solennelle[28] - [27].

Les acteurs

Un servant d'autel, peinture de Giacomo Di Chirico.

La messe, quand elle est chantĂ©e, fait intervenir un certain nombre d’acteurs qui vont tous, Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents, avoir un rĂŽle dans l’action liturgique ;

  • le prĂȘtre est l’acteur majeur et indispensable : il agit in persona Christi[29] pour l’offrande du sacrifice propitiatoire[30] qui rend prĂ©sent l’unique sacrifice du Christ[30] ;
  • les servants de messe assurent le « service du chƓur ». Le « cĂ©rĂ©moniaire » assiste et guide le prĂȘtre dans le dĂ©roulement des rites (il remplace le prĂȘtre assistant du rituel pontifical). Les acolytes, au nombre de deux, sont les porte-lumiĂšres. Ils se tiennent prĂšs de la crĂ©dence sur laquelle sont posĂ©es les burettes. Le thurifĂ©raire[31] porte l’encensoir et l’encens. Le crucifĂ©raire ou « porte-croix » mĂšne les processions d’entrĂ©e et de sortie. D’autres services existent et permettent de solenniser davantage le rite : porte-navette (adjoint au thurifĂ©raire), cĂ©rofĂ©raire (porte-cierge), etc.[32] ;
  • la chorale a la charge de chanter le « propre » de la messe, et soutenir le chant de l’assistance. Selon l’adage « chanter, c’est prier deux fois »[33], elle se doit d’assurer une liturgie fervente. « L’Église reconnaĂźt dans le chant grĂ©gorien le chant propre de la liturgie romaine[34] » ;
  • l’assemblĂ©e (l'ecclesia en latin) (ou la foule, ou le peuple) participe par sa priĂšre, par sa tenue, Ă©ventuellement par son chant, des parties communes de la messe.

Traditionnellement en thĂ©ologie catholique, toutes les parties de l’Église assistent Ă  la messe : l’église militante (les baptisĂ©s vivants), l’église souffrante (les Ăąmes du purgatoire) et l’église triomphante (les saints). Cependant, jusqu’à la rĂ©forme liturgique consĂ©cutive Ă  Vatican II, l’assistance n’était jamais mentionnĂ©e dans les rubriques, et jouait un rĂŽle presque exclusivement passif, d'assistance Ă  la cĂ©rĂ©monie.

Le mouvement du renouveau liturgique avait recommandĂ© aux fidĂšles de s'unir Ă  ces priĂšres[35]. La participation de toute l’assemblĂ©e pour les rĂ©ponses et les rĂ©citations en alternance a commencĂ© Ă  ĂȘtre pratiquĂ©e, initialement en Belgique et en Allemagne, surtout dans des monastĂšres et des sĂ©minaires, depuis le dĂ©but du XXe siĂšcle, et avec les encouragements du Saint-SiĂšge exprimĂ©s par des documents de 1922, 1935, 1947 (Mediator Dei) et 1958, l’usage de la missa dialogata s'est progressivement Ă©tendu. C’est pour rĂ©affirmer le rĂŽle propre de l’assistance, dans le prolongement du renouveau liturgique des annĂ©es 1950[36], que le concile Vatican II a demandĂ© qu’elle ait une participation actuosa (active), un rĂŽle dans l’action d’ensemble[37].

DĂ©roulement de la messe tridentine

Procession d'entrée et aspersion

PriĂšres que le prĂȘtre rĂ©cite dans la sacristie avant la messe, en se vĂȘtant des habits liturgiques (Ă©glise Saint-Pierre de VaucĂ©, Mayenne).
Enfant de chƓur, huile sur toile de Julius Scholtz (de), 1854.

La messe commence par l’entrĂ©e du clergĂ© en procession. Historiquement, les cĂ©rĂ©monies d'entrĂ©e dĂ©rivent des processions qui conduisaient le clergĂ© Ă  l'Ă©glise stationnaire, oĂč la messe de la station devait ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e[26]. Le chant d'entrĂ©e est un chant de procession ; le Kyrie est initialement un reste de litanie chantĂ©e en procession ; et les priĂšres prĂ©paratoires et formules pĂ©nitentielles Ă©taient rĂ©citĂ©es par le clergĂ© quand, arrivĂ© Ă  la sacristie, il se prĂ©parait pour la messe proprement dite.

Dans la procession, l’encens reprĂ©sente la priĂšre qui monte vers Dieu (mais aussi la purification et les honneurs au lieu saint)[38], la croix est encadrĂ©e par les acolytes et, derriĂšre eux, par le cĂ©rĂ©moniaire qui guide le prĂȘtre[39] - [40]. Les fidĂšles et la chorale assistent Ă  cette procession debout, gĂ©nĂ©ralement en chantant un « chant d’entrĂ©e » (souvent en langue vernaculaire).

En entrant dans le chƓur, chacun fait le geste d’adoration dĂ©fini (inclination profonde, ou gĂ©nuflexion devant le Saint sacrement s'il y a lieu)[25] - [27]. Le prĂȘtre se place alors au pied des marches de l’autel avec le cĂ©rĂ©moniaire, pendant que les servants de messe gagnent leurs places.

Le dimanche, Ă  la grand-messe, a lieu le rite de l’aspersion[41], on chante l'antienne Asperges me, remplacĂ©e de PĂąques Ă  la TrinitĂ© par l'antienne Vidi aquam[40]. Cette cĂ©rĂ©monie de l'aspersion s'est gĂ©nĂ©ralisĂ©e dans l'Église latine Ă  partir du Xe siĂšcle[26].

Puis, par le signe de la croix, commencent alors les « priĂšres au bas de l’autel[40] ». Ce signe de croix du prĂȘtre cĂ©lĂ©brant marque la fin de la procession et l'ouverture de l'espace liturgique : de ce moment, la messe se dĂ©roulera sans avoir Ă©gard Ă  ce qui se passe Ă  d’autres autels, quand bien mĂȘme on y ferait l’élĂ©vation dans des lieux accueillant plusieurs cĂ©lĂ©brations simultanĂ©ment[27].

PriĂšres au bas de l'autel

Ces priÚres au bas de l'autel ne datent que du Xe siÚcle. Elles se disaient autrefois à la sacristie. Saint Pie V les a rendues obligatoires et uniformes au XVIe siÚcle, et les a incorporées à la messe[26] ;

  • au pied de l'autel, avec le psaume 42, Judica me, le prĂȘtre demande Ă  Dieu sa purification pour ĂȘtre digne d’accomplir le saint-sacrifice ;
  • suit ensuite le Confiteor, rĂ©citĂ© d’abord par le prĂȘtre puis par les servants au nom de la foule.

Puis le prĂȘtre monte Ă  l’autel :

  • il rĂ©cite la priĂšre Aufer a nobis, puis embrasse l'autel en disant la priĂšre Oramus te Domine[35] ;
  • l'introĂŻt, priĂšre d’entrĂ©e qui fait partie du propre de la messe[40], est ensuite dit (ou a Ă©tĂ© chantĂ©) ;
  • suit ensuite le Kyrie (dont le texte est en grec). Il est dit neuf fois, c’est-Ă -dire trois fois Kyrie, eleison, trois fois Christe, eleison et trois fois Kyrie, eleison[42].

Les priĂšres au bas de l'autel peuvent prendre deux formes principales :

  • dans la forme la plus simple (la messe basse), il n’y a pas de chorale, ni d’assistance de diacre et sous-diacre. Le prĂȘtre rĂ©cite les priĂšres au bas de l’autel en alternance avec le servant. Ces priĂšres au bas de l'autel sont suivies de la lecture de l’introit, et du Kyrie ;
  • dans la messe solennelle ou grand-messe, pendant que la chorale chante l’introit et le Kyrie, le prĂȘtre dit Ă  voix basse (avec le diacre et le sous-diacre) les priĂšres au bas de l’autel, puis monte Ă  l’autel, le baise en disant d’autres priĂšres, et lit, toujours Ă  voix basse, le texte de l’introit et le Kyrie.

Gloria

Puis le prĂȘtre entonne le Gloria repris en alternance par la chorale. C'est une hymne de gloire en l'honneur des trois personnes divines montrant les quatre finalitĂ©s de la messe : l'adoration, l'action de grĂąces, la propitiation (ou rĂ©conciliation par le pardon des pĂ©chĂ©s) et la supplication (demande de bienfaits). Le Gloria n'est pas d'usage notamment aux temps de pĂ©nitence que sont l'Avent et le CarĂȘme, ainsi que lorsque les ornements sacerdotaux sont noirs ou violets.

Introduite dans la liturgie au IIe siĂšcle, cette hymne Ă©tait dans les premiers siĂšcles chantĂ©e Ă  la seule fĂȘte de NoĂ«l[26]. Le Gloria fut ensuite gĂ©nĂ©ralisĂ© au VIe siĂšcle pour ĂȘtre chantĂ© aux messes pontificales les dimanches et fĂȘtes, puis Ă  toutes les messes festives et votives (sauf quelques messes de quatriĂšme classe) Ă  partir du XIe siĂšcle[26] - [42].

Messe des catéchumÚnes

Cette premiĂšre partie de la messe tient son nom des premiers temps du christianisme : cette partie, trĂšs didactique, avec lectures et prĂ©dication, a comme but principal l’instruction et l’édification des fidĂšles. Les prĂ©parants au baptĂȘme (encore non-membres de la communautĂ©) Ă©taient conviĂ©s Ă  cette partie, qui s’adressait particuliĂšrement Ă  eux.

Oraison de collecte

Puis l’oraison est prononcĂ©e solennellement par le prĂȘtre.

Dans une perspective historique, l'ouverture de la messe proprement dite est le premier acte liturgique qui lui est strictement rattachĂ©, par la salutation pax vobiscum / Dominus vobiscum et l'invitation oremus qui la suit, introduisant la collecte, prononcĂ©e au moment oĂč le rassemblement est achevĂ©[26].

Une messe en un jour donnĂ© peut ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e pour plusieurs occasions, en fonction du temporal, du sanctoral, des intentions votives, etc. ; et Ă  chaque type de messe ou d'intention, sont associĂ©es dans le missel des oraisons, qui peuvent ĂȘtre dites respectivement pour la collecte (dite ici), la secrĂšte (dite avant la prĂ©face de l'offertoire), et la postcommunion (dite aprĂšs la communion)[43].

À l'occasion de ces trois priĂšres, le rite tridentin autorise la superposition de jusqu'Ă  trois oraisons votives dans une mĂȘme messe. Les rĂšgles gouvernant le choix de ces oraisons sont complexes ; le nombre des oraisons est Ă©tabli pour chacun des jours liturgiques, et tient compte tant de l’oraison de la messe et des commĂ©moraisons que d’autres oraisons, soit prescrites par les rubriques, soit impĂ©rĂ©es par l’ordinaire, soit votives[42]. Les oraisons des trois priĂšres sont assemblĂ©es suivant des rĂšgles identiques, le choix des oraisons de collecte gouvernant celui des oraisons de secrĂšte et de postcommunion[42].

La rĂ©ponse Amen (mot hĂ©breu) faite Ă  ces oraisons marque l'adhĂ©sion Ă  cette priĂšre de l’Église.

Lectures

ÉvangĂ©liaire de l'abbaye de Susteren : dĂ©but de l’Évangile selon saint Jean.

Commencent alors les lectures : habituellement deux, y compris l’évangile. L’épĂźtre, extrait du Nouveau Testament (Ă©pĂźtre d’apĂŽtre, actes des apĂŽtres ou Apocalypse) ou de l'Ancien Testament, est chantĂ©e dans la grand-messe par le sous-diacre tournĂ© vers l'autel cĂŽtĂ© droit (appelĂ© « cĂŽtĂ© ÉpĂźtre »). Dans la messe basse le prĂȘtre la lit tournĂ© vers l’autel.

Les chants du graduel et de l'Alleluia (mot hĂ©breu) — remplacĂ© dans certains temps liturgiques par le Trait — sont ordinairement des extraits de psaumes chantĂ©s par la chorale ou simplement lus par le prĂȘtre. Le peuple y assiste assis, puis se met debout pour la lecture de l’Évangile. Certains jours on chante en plus la sĂ©quence. Dans le missel romain il en reste cinq : pour PĂąques (VictimĂŠ Paschali), la PentecĂŽte (Veni Sancte Spiritus), la FĂȘte-Dieu (Lauda Sion), Notre-Dame des Sept Douleurs ( : Stabat Mater) et enfin pour les messes des dĂ©funts et le (Dies irĂŠ).

La lecture de l'Évangile est entourĂ©e d’un grand nombre de rites dans la messe solennelle. Le rite de l’encensement rappelle qu’alors que toutes les lectures bibliques sont paroles de Dieu, dans l’Évangile on parle directement du Christ. Les acolytes encadrent le diacre avec leurs cierges, car cette parole est la lumiĂšre du monde. Le diacre proclame solennellement l’Évangile en se plaçant au nord — thĂ©orique, si l'Ă©glise est orientĂ©e, c’est-Ă -dire Ă  la gauche de l’abside : cette tradition mĂ©diĂ©vale veut insister sur le fait que la parole de Dieu est destinĂ©e Ă  disperser les tĂ©nĂšbres (reprĂ©sentĂ©es par la rĂ©gion plus Ă©loignĂ©e du soleil de midi). À l'imitation du diacre dans la grand-messe, dans la messe basse le prĂȘtre lit l’Évangile au cĂŽtĂ© gauche de l’autel, Ă  demi tournĂ© vers ce nord thĂ©orique. Voici pourquoi on parle du « cĂŽtĂ© Évangile » et du « cĂŽtĂ© ÉpĂźtre » de l’autel.

Homélie ou prÎne

Chaire de la cathédrale d'Albi.

Le prĂȘtre se rend ensuite Ă  la chaire et commence le sermon, ou prĂŽne. Dans la pratique tridentine, c'est le seul moment oĂč le cĂ©lĂ©brant s'adresse directement Ă  l'assistance.

Le terme « prĂŽne » vient des deux mots pro (devant) et naus (la nef), parce que le prĂȘtre qui le faisait du haut de l'ambon Ă©tait tournĂ© vers les fidĂšles qui remplissaient la nef de l'Ă©glise[26]. Dans les grandes nefs, oĂč l'acoustique ne permet pas Ă  l'assistance du fond d'entendre ce qui se dit depuis le chƓur depuis l'ambon, une chaire construite au milieu de la nef permet au prĂ©dicateur de s'adresser Ă  l'ensemble de la foule dans de meilleures conditions. Dans cette fonction, les chaires ont gĂ©nĂ©ralement remplacĂ© les jubĂ©s, initialement placĂ©s entre le chƓur et la nef, dont il reste encore quelques exemplaires.

Le prĂŽne comprend des priĂšres, les annonces des fĂȘtes et jeĂ»nes de la semaine, et la publication des mariages, et une instruction appelĂ©e Ă  l'origine homĂ©lie, c'est-Ă -dire entretien familier ou causerie[26], qui n’est pas toujours en relation avec les lectures de la messe. L'instruction peut ĂȘtre prĂ©cĂ©dĂ©e de la relecture de l’Évangile en langue vulgaire, suivie d'une explication simple et pratique de cet Évangile, ou du catĂ©chisme, ou le dĂ©veloppement d'un sujet de circonstance[26].

Bien qu'il ait Ă©tĂ© recommandĂ© par le concile de Trente, l’ordinaire tridentin de la messe ne mentionne pas le sermon. Le Credo (profession de foi) y suit immĂ©diatement l’Évangile, si la messe du jour le prĂ©voit.

Credo

IcÎne représentant le premier concile de Nicée (325) ; la profession de foi qu'on y montre est cependant celle du « symbole de Nicée-Constantinople » dans sa forme liturgique grecque[44], basée sur le texte adopté au premier concile de Constantinople (381)[45].

L'homĂ©lie terminait autrefois la « messe des catĂ©chumĂšnes » ; dans le rite primitif, avant l'introduction du Credo, les pĂ©nitents et les catĂ©chumĂšnes, qui ne devaient pas assister Ă  la « messe des fidĂšles », Ă©taient renvoyĂ©s par le diacre[26]. Dans le rite byzantin, il subsiste une formule de renvoi des catĂ©chumĂšnes. Il ne restait que les « fidĂšles » : c’est de ce fait que la partie suivante de la messe tient son nom.

Le credo a initialement Ă©tĂ© introduit dans la messe aprĂšs le Ve siĂšcle pour lutter contre les hĂ©rĂ©sies : dans les Églises orientales contre les MacĂ©doniens, et en Espagne contre les Ariens[26]. Il fut introduit dans la messe en Allemagne et en France au VIIIe siĂšcle. Il n'a Ă©tĂ© introduit dans la messe de rite romain qu'au temps de l’empereur Henri II (1002-1024)[26]. En effet, l’Église de Rome Ă©tant celle du Pape ne pouvait pas ĂȘtre suspectĂ©e d'hĂ©rĂ©sie.

Court rĂ©sumĂ© de la doctrine catholique, il exprime la foi des conciles de NicĂ©e et de Constantinople, dont il porte le nom de « symbole de NicĂ©e-Constantinople »[26]. Il est dit aux dimanches et fĂȘtes.

Puis le prĂȘtre se tourne vers le peuple et prononce : « Dominus vobiscum » et « Oremus », sans ajouter aucune priĂšre particuliĂšre. C’est ce qui dans la messe tridentine est restĂ© des « priĂšres des fidĂšles », les intentions de priĂšre de l’Église en gĂ©nĂ©ral et de la communautĂ© en particulier. Ces priĂšres — dont l'origine remonterait Ă  saint Martin de Tours — subsistaient dans certaines paroisses avant le sermon, sous le nom de « priĂšres du prĂŽne »[26]. Elles ont Ă©tĂ© rĂ©introduites par les rĂ©formes liturgiques qui ont suivi le concile Vatican II.

Offertoire

L’offertoire commence. Le prĂȘtre se tourne vers Dieu, en le priant d’accepter « cette hostie sans tache » pour ses pĂ©chĂ©s personnels, pour ceux qui sont prĂ©sents et pour tous les chrĂ©tiens fidĂšles ; puis le vin, en l’appelant « calice de salut ».

Dans la grand-messe, lors du rite d’encensement, on encense les offrandes, l’autel, le crucifix, puis le prĂȘtre, les clercs et enfin les fidĂšles : l’encens traduit en effet l’honneur que l’on doit Ă  Dieu seul, et on reconnaĂźt par lĂ  la prĂ©sence de Dieu spĂ©cifique en chacun de ces membres. AprĂšs ce rite, vient prendre place le lavabo : en rĂ©citant le psaume 25, le prĂȘtre reconnaĂźt son indignitĂ© et demande Ă  Dieu la purification. Il prie la Sainte TrinitĂ© d’agrĂ©er le sacrifice par le Suscipe, sancta Trinitas et demande ensuite la priĂšre de la foule par l'Orate fratres. C’est lĂ  que s’insĂšre la priĂšre sur les offrandes ou « secrĂšte ».

Primitivement, l'offrande se composait d'une procession en silence et de la priÚre de la secrÚte; ce n'est qu'à partir du VIe siÚcle qu'elle fut accompagnée du chant de l'offertoire, composé d'un psaume et d'une antienne[26]. Lorsque la procession d'offrande de la messe primitive fut supprimée, l'offertoire fut réduit à l'antienne.

Préface et Sanctus

Miniature extraite du Livre d’heures du marĂ©chal de Boucicaut.

Le cĂ©lĂ©brant dialogue avec les fidĂšles, en indiquant quels doivent ĂȘtre les sentiments du peuple qui entre alors dans la cĂ©lĂ©bration du mystĂšre eucharistique : Sursum corda, Habemus ad Dominum (« Haut les cƓurs », « Nous les tournons vers le Seigneur »), Gratias agamus Domino Deo nostro, Vere dignum et justum est (« Rendons grĂące au Seigneur notre Dieu », « Cela est digne et juste »).

Le prĂȘtre entonne alors la prĂ©face, dont la musique d’une grande sĂ©rĂ©nitĂ© faisait dire Ă  Mozart qu’il donnerait toute son Ɠuvre pour l’avoir Ă©crite. La prĂ©face est un chant de gratitude pour ses bienfaits, surtout ceux qui ont relation avec la fĂȘte du jour.

Le missel tridentin se limite Ă  une vingtaine de prĂ©faces[43]. Les plus frĂ©quentes sont la prĂ©face dite ordinaire pour les messes de semaine (qui ne comporte que l'introduction et une formule de conclusion), et celle dite de la TrinitĂ©, chantĂ©e les dimanches ordinaires. D'autres prĂ©faces du temporal sont propres aux diffĂ©rentes pĂ©riodes du calendrier liturgique : prĂ©faces propres des temps de NoĂ«l, de l’Épiphanie, du CarĂȘme, de PĂąques et de l'Ascension, et de la PentecĂŽte. Certaines prĂ©faces du sanctoral sont spĂ©cifiques Ă  une fĂȘte particuliĂšre : au SacrĂ©-CƓur, Ă  la fĂȘte du Christ-Roi, Ă  l'Assomption, Ă  l'Ascension, fĂȘte de Saint Joseph, etc., ou Ă  une catĂ©gorie de fĂȘte, comme la prĂ©face de la sainte Vierge ou celle des apĂŽtres. Les prĂ©faces du commun se limitent Ă  celle des dĂ©funts dans le missel universel, mais d'autres ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour des Ă©vĂ©nements spĂ©ciaux : messe en l'honneur d'un Pontife, pour une vierge martyre, etc. Enfin, certains pays ou diocĂšses peuvent avoir des prĂ©faces propres pour leurs saints nationaux.

La prĂ©face se termine toujours en rappelant et en s’unissant avec les louanges des anges et des saints au ciel, introduisant ainsi le texte du Sanctus : « Saint, saint, saint, le Seigneur, le Dieu tout-puissant » (Is 6,3; Apoc 4,8). Le premier verset du Sanctus est une citation d’IsaĂŻe « Le ciel et la terre sont remplis de ta gloire » (Is 6,3), le deuxiĂšme est tirĂ© de saint Matthieu « BĂ©ni soit celui qui vient au nom du Seigneur » (Mt 21,9).

Dans la grand-messe, la chorale chante le Sanctus pendant que le prĂȘtre le rĂ©cite Ă  voix basse et enchaĂźne en silence sur le canon.

DĂ©but du canon

Le prĂȘtre s’incline profondĂ©ment et commence le « canon ». Cette « rĂšgle officielle de la grande priĂšre sacrificielle »[46] est fixĂ©e depuis le Ve siĂšcle et n’a Ă©voluĂ© que d’un mot en 1962, lorsque Jean XXIII ajouta saint Joseph au Communicantes. Depuis le haut Moyen Âge, cette priĂšre est dite Ă  voix basse (elle doit ĂȘtre labialisĂ©e par le prĂȘtre ; les rubriques prĂ©cisent dicit).

Te igitur : c’est le PĂšre que, profondĂ©ment inclinĂ©, le prĂȘtre supplie d’agrĂ©er le sacrifice de son Fils par la grĂące de ce mĂȘme Christ.

In primis : en premier lieu le prĂȘtre prie pour l’Église et ses gardiens : le pape et les Ă©vĂȘques (mais aussi le roi dans les monarchies catholiques).

Memento : le prĂȘtre prie pour tous les assistants Ă  la messe et leurs proches. Mais aussi pour tous les chrĂ©tiens unis par la pensĂ©e et la priĂšre et qui ne sont pas prĂ©sents. Le cĂ©lĂ©brant marque une interruption dans la rĂ©citation du canon pour placer les intentions particuliĂšres de cette messe.

Communicantes, Par les mĂ©rites acquis par la Vierge Marie et tous les saints, l’Église demande Ă  Dieu d’accorder secours et protection Ă  tous les chrĂ©tiens.

Consécration

ÉlĂ©vation du calice aprĂšs la consĂ©cration lors d'une messe solennelle tridentine.

Hanc igitur : le prĂȘtre Ă©tend les mains sur les offrandes ; au nom de l’Église, le prĂȘtre remet la direction du sacrifice Ă  Dieu qui seul sauve. À cet instant, un acolyte sonne la clochette : les fidĂšles savent maintenant que le mystĂšre de la transsubstantiation va s’accomplir et le plus grand silence souligne le mystĂšre. Les rubriques prĂ©cisent que les paroles de consĂ©cration sont prononcĂ©es secrete, c’est-Ă -dire d’une maniĂšre distincte ou isolĂ©e, sĂ©parĂ©e du reste, faisant ainsi valoir le mystĂšre qu’elles reprĂ©sentent.

Quam oblationem : le prĂȘtre en appelle Ă  la grĂące divine pour que le sacrifice s’accomplisse selon Sa volontĂ©.

Qui Pridie : s’identifiant au Christ dont il accomplit plusieurs des gestes, le prĂȘtre reproduit la Sainte CĂšne du Jeudi saint et rĂ©cite les mots par lesquels le pain puis le vin deviennent le Corps et le Sang du Sauveur. Est alors rendu prĂ©sent sacramentellement de maniĂšre non sanglante le sacrifice de la croix.

Depuis le XIe siĂšcle, l’élĂ©vation permet au peuple de contempler et adorer le corps et le sang sous les espĂšces du pain et du vin.

Pendant que s'accomplit la consĂ©cration, tout chant doit cesser et, lĂ  oĂč la coutume est en vigueur, mĂȘme le jeu de l'orgue et de tout instrument de musique[47].

Si le chƓur chante une version polyphonique ou harmonisĂ©e longue du Sanctus et Benedictus, la durĂ©e totale de la piĂšce peut prendre plus de temps que la lecture de la prĂ©face. Dans ce cas, quand le chƓur a fini de chanter le Sanctus, il attend la consĂ©cration, signalĂ©e par une sonnette ; et le chƓur ne chante le Benedictus qu'aprĂšs la consĂ©cration, pendant que le prĂȘtre dit la seconde moitiĂ© du Canon romain[47] - [48].

Suite du canon

Unde et memores : le prĂȘtre continue la rĂ©citation silencieuse. Il offre Ă  Dieu les biens parfaits qui sont maintenant sur l’autel.

Supra quĂŠ : ces offrandes sont alors comparĂ©es aux deux grands sacrifices agrĂ©ables Ă  Dieu de l’Ancien Testament : celui d’Abel et celui de MelchisĂ©dech.

Supplices : le prĂȘtre demande que « le saint Ange de Dieu » porte cette offrande parfaite au ciel, afin que ceux qui participent au sacrifice sur Terre en retirent grĂące et bĂ©nĂ©diction.

Memento : le prĂȘtre prie alors pour les dĂ©funts et marque une interruption pour citer les intentions particuliĂšres.

Nobis quoque : ce sont les fidÚles présents, pécheurs, qui demandent le bonheur éternel, non pas grùce à leurs mérites si faibles, mais par le pardon octroyé par Dieu.

Per quem : et c’est le Christ par qui Dieu crĂ©e, sanctifie, fait vivre, bĂ©nit et donne ses bienfaits.

Per ipsum : par le Christ, avec le Christ et en le Christ, le peuple chrétien peut rendre à Dieu honneur et gloire.

Amen : en répondant ainsi, l'assemblée signifie son adhésion à la grande priÚre d'action de grùce.

Communion et fin de la messe

Le Pater Noster est chantĂ© par le cĂ©lĂ©brant seul, en sa qualitĂ© de prĂ©sident de l'assemblĂ©e des fidĂšles[49] qui s’unissent Ă  la priĂšre du prĂȘtre en chantant la derniĂšre demande : Sed libera nos a malo (« mais dĂ©livrez-nous du mal »). Cette habitude remonte au dĂ©but du Moyen Âge, notamment prĂ©cisĂ©e dans la rĂšgle de saint BenoĂźt, Ă©tablie vers 530[50].

Encore Dom Paul Delatte prĂ©cisait-il : « Saint BenoĂźt demande lui aussi que nul office de Matines et de VĂȘpres n'ait lieu sans qu'Ă  la fin l'Oraison dominicale soit rĂ©citĂ©e en entier par le prĂ©sident de l'assemblĂ©e, tous les moines prĂȘtant l'oreille. [
] Aux autres offices, ceteris vero agendis, on ne dira Ă  haute voix que les derniĂšres paroles seulement : Et ne nos inducas in tentationem, de façon que tous rĂ©pondent : Sed libera nos a malo. MĂȘme sous cette forme rĂ©duite, on aura pu mettre son Ăąme d'accord avec la pensĂ©e de Dieu et grouper dans une mĂȘme priĂšre les intentions de tous[51]. »

Finalement, le pape GrĂ©goire le Grand affirmait formellement : « La priĂšre du Seigneur, chez les Grecs, est dite par tout le peuple ; chez nous par le prĂȘtre seul[52]. » Et saint Augustin ajoutait : « Dans l’église, on rĂ©cite chaque jour Ă  l’autel de Dieu cette oraison dominicale, que les fidĂšles Ă©coutent[53]. »

Le prĂȘtre dĂ©veloppe cette derniĂšre demande par la priĂšre Libera nos.

La fraction de l’hostie rĂ©unit deux rites antiques : la fraction du pain est symbole d’unitĂ© : un mĂȘme pain, rompu et distribuĂ© ; la « commixtion » (un morceau d’hostie est mĂȘlĂ© au sang dans le calice) symbolise l’union entre le prĂȘtre et l’évĂȘque, rappel d’un rite ancien oĂč cette parcelle Ă©tait envoyĂ©e par l’évĂȘque Ă  chacun de ses prĂȘtres. Le prĂȘtre prononce alors les mots pax domini sit semper vobiscum : ces paroles sont la formule qu’emploie l’évĂȘque Ă  la place du Dominus Vobiscum.

La chorale entonne alors l'Agnus Dei que le prĂȘtre rĂ©cite de son cĂŽtĂ©. Suit la premiĂšre priĂšre Domine Jesu Christe demandant la paix pour l’Église. Lors de la messe solennelle, le rite de la paix a alors lieu : le cĂ©lĂ©brant baise l’autel (car la paix vient du Christ), puis donne la paix au diacre. Celui-ci la transmet alors au sous-diacre et au reste du chƓur.

Les deux « priĂšres avant la communion » (Domine Jesu Christe et Perceptio Corporis tui), que le prĂȘtre prononce silencieusement, proviennent des formules mĂ©diĂ©vales de dĂ©votion privĂ©es avant la communion, et ont Ă©tĂ© prescrites par le missel de saint Pie V. La premiĂšre Ă©tait dĂ©jĂ  recommandĂ©e par Alcuin, le liturgiste de Charlemagne ; la deuxiĂšme date du Xe siĂšcle.

La communion dĂ©crite dans le Missel tridentin se limite Ă  celle du prĂȘtre : rĂ©pĂ©tant les paroles du centurion de CapharnaĂŒm : Domine, non sum dignus ut intres sub tectum meum, sed tantum dic verbo et sanabitur anima mea (« Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit, mais dis seulement une parole et mon Ăąme sera guĂ©rie », Mt 8, 8), il communie au corps puis au sang du Christ.

Mgr Rifan distribuant la communion ; le fidÚle est agenouillé pour recevoir l'hostie dans la bouche, pratiques typiques des croyants dans l'ancienne liturgie.

Au temps de Pie V, la communion des fidĂšles Ă©tait assez exceptionnelle, et faisait l’objet d’un ordo administrandi sacram communionem intra missam sĂ©parĂ© de l’ordo missĂŠ, venant en complĂ©ment Ă  la communion du cĂ©lĂ©brant. L’organisation de cet ordo est la suivante : pendant la prĂ©paration, le servant rĂ©cite le Confiteor au nom des communiants (ceux-ci peuvent se prĂ©parer de mĂȘme Ă  la communion). En 1962, ce Confiteor a Ă©tĂ© supprimĂ©. L’ordo missĂŠ, qui ne contenait pas l’« ordo administrandi », n’a pas Ă©tĂ© touchĂ© par ce changement. Toutefois, dans certaines paroisses, on rĂ©citait toujours le Confiteor. Le cĂ©lĂ©brant se rend cĂŽtĂ© Évangile et se tourne vers l’assemblĂ©e (en faisant attention Ă  ne pas tourner le dos au Saint Sacrement) pour dire le Misereatur et l'Indulgentiam. Puis les fidĂšles rĂ©citent Ă  leur tour trois fois l’invocation Domine, non sum dignus.

La nécessité d'une communion fréquente a souvent été réaffirmée par le magistÚre dÚs la fin du XIXe siÚcle, et la pratique s'en est généralisée au fil du XXe siÚcle. Mais on la considérait encore comme une action séparée de l'assistance à la messe : « Quant à la communion, on peut la recevoir avant la messe, aprÚs la messe ou au milieu de la messe ... [un certain] docteur en théologie et auteur d'un livre sur la messe ... conseille de communier avant la messe et d'offrir celle-ci en action de grùce ... La communion apparaßt comme une dévotion privée sans lien spécial avec la messe »[54].

Pendant le rite de communion et l’action de grĂące, la chorale exĂ©cute le « chant de communion », antienne qui accompagnait le chant d’un psaume dans les premiers temps de l’Église.

Le prĂȘtre proclame ensuite la priĂšre aprĂšs la communion (ou « postcommunion ») demandant Ă  Dieu que cette rencontre avec son Fils soit rĂ©ellement profitable.

Le prĂȘtre renvoie alors l’assemblĂ©e par la formule qui a donnĂ© son nom Ă  la messe : Ite, missa est veut dire littĂ©ralement « allez, c'est l'envoi[55] » (l'expression est sans doute Ă  l'origine du terme « messe[56] »), ce Ă  quoi l'assemblĂ©e rĂ©pond : Deo gratias, ce qui signifie « nous rendons grĂące Ă  Dieu ». Puis il bĂ©nit l’assemblĂ©e. Cette bĂ©nĂ©diction Ă©tait historiquement celle du cĂ©lĂ©brant se rendant Ă  la sacristie, qui a fini par ĂȘtre incorporĂ©e dans le rite de la messe.

Le dernier Ă©vangile, qui a Ă©tĂ© supprimĂ© en 1965, est fixĂ© relativement rĂ©cemment, au XVIe siĂšcle : c’est habituellement le prologue de saint Jean qui est lu, mĂȘme si en certaines occasions, ce peut ĂȘtre un autre Ă©vangile (en particulier le Jeudi saint ou le jour de NoĂ«l). On le voit apparaĂźtre dĂšs le XIe siĂšcle, lorsque, par piĂ©tĂ©, les fidĂšles rĂ©clament la lecture d’un autre passage d’évangile Ă  leur curĂ©. Cette habitude se dĂ©veloppe au cours des siĂšcles suivant, et est fixĂ©e dĂ©finitivement par saint Pie V[57].

Le brĂ©viaire et l’office

L’office, ou la cĂ©lĂ©bration des heures canoniales, est la priĂšre publique de l’Église Ă  laquelle tout clerc doit participer, soit en communautĂ©, soit en privĂ©. Un prĂȘtre n’est dispensĂ© de dire chaque jour son brĂ©viaire qu’en cas de maladie grave, d’impossibilitĂ© physique, ou d’empĂȘchement rĂ©sultant de fonctions prolongĂ©es et imprĂ©vues ; la suspense, l’interdit, l’excommunication ou la dĂ©position ne dispensent pas du brĂ©viaire (canon 276 § 2), en revanche la perte de l’état clĂ©rical (canon 290) suspend cette obligation. Le concile Vatican II a recommandĂ© Ă  l’ensemble des fidĂšles de s’unir Ă  cette priĂšre officielle et perpĂ©tuelle de l’Église.

Jusque vers le XIIIe siĂšcle, l’office divin ne se disait qu’au chƓur parce qu’il exigeait un grand nombre de livres, peu portatifs Ă  cause de leur volume. Il fallait le psautier, l’Ancien et le Nouveau Testament, l’homĂ©liaire renfermant les Ă©crits des PĂšres de l’Église, le martyrologe pour la vie des saints, l’antiphonaire donnant la suite des antiennes, l’hymnaire pour les hymnes et le collectaire pour les collectes ou oraisons.

Le brĂ©viaire est le livre qui synthĂ©tise et regroupe l’ensemble de ces Ă©lĂ©ments, dans une version adaptĂ©e au clergĂ© sĂ©culier. Il est publiĂ© par Pie V par la bulle Quod a nobis du . Il compte huit offices rĂ©partis sur la nuit et la journĂ©e : matines au milieu de la nuit, laudes Ă  l’aurore, prime Ă  la premiĂšre heure du jour, tierce Ă  la troisiĂšme heure, sexte Ă  midi, none en milieu d’aprĂšs-midi, vĂȘpres en fin d’aprĂšs-midi (au lever de l’étoile Vesper : VĂ©nus), complies avant le coucher.

Le Breviarium romanum est lĂ©gĂšrement modifiĂ© par le pape ClĂ©ment VIII par la bulle Cum in Ecclesia, du , puis par le pape Urbain VII, par la bulle Divinam psalmodiam, du . Le , Le pape saint Pie X promulgue une rĂ©forme plus importante de l’élĂ©ment central du BrĂ©viaire, le psautier, par la constitution apostolique Divino afflatu[58].

Par le motu proprio Summorum Pontificum, BenoĂźt XVI accorde en 2007 la possibilitĂ© d’employer le brĂ©viaire romain dans son Ă©dition de 1962 Ă  « tous les clercs dans les ordres sacrĂ©s »[59]. Le pape François revient sur cette disposition en 2021 avec le motu proprio Traditionis custodes qui, restreignant les libertĂ©s permises par son prĂ©dĂ©cesseur, soumet l’utilisation des livres prĂ©conciliaires Ă  la « compĂ©tence exclusive » d’autorisation par les Ă©vĂȘques diocĂ©sains[12].

Le rituel et l’administration des sacrements

C’est en 1614, que Paul V publie le premier rituel romain, il renferme les priĂšres et les rites employĂ©s dans l’administration des sacrements de baptĂȘme, de pĂ©nitence, d’eucharistie, d’extrĂȘme-onction et de mariage, ainsi que pour les formules des bĂ©nĂ©dictions, et les rĂšgles Ă  observer pour les processions, les funĂ©railles, etc. Plusieurs rĂ©visions auront lieu au cours des siĂšcles, en particulier sous le pape BenoĂźt XIV. La derniĂšre version dite « tridentine » date de Pie XI. Le motu proprio Summorum Pontificum, dans son article 9 accorde l'emploi du rituel romain dans son Ă©dition en vigueur sous Jean XXIII, Ă  la disposition du curĂ© « s’il juge que le bien des Ăąmes le rĂ©clame ». Le rituel latin — français de 1947 — permet un large usage du vernaculaire dans la cĂ©lĂ©bration des sacrements et sacramentaux.

Emploi moderne

À la faveur du travail effectuĂ© par le mouvement liturgique entre 1850 et 1950, l’idĂ©e se fait jour d’une rĂ©forme gĂ©nĂ©rale de la liturgie catholique romaine. Cet effort de rĂ©flexion trouve son achĂšvement par la constitution Sacrosanctum concilium du concile Vatican II, publiĂ©e en 1963, qui promeut une certaine simplification des rites pour atteindre plus exactement l’essence de la liturgie. En 1970, le pape Paul VI publie la premiĂšre Ă©dition typique du rite romain rĂ©novĂ©.

Cet aggiornamento de la liturgie et plus encore sa mise en Ɠuvre furent critiquĂ©s Ă  l’époque. La principale critique Ă©tant que ces livres restaurĂ©s ne s’inscrivent plus dans le « dĂ©veloppement organique » de la liturgie. Les protestations contre les abus liturgiques multiples accomplis au nom du concile[60] vont reprendre cet argument. Des thĂ©ologiens et liturgistes, tels le pĂšre Louis Bouyer dĂšs 1968 dans La DĂ©composition du catholicisme[61] ou le cardinal Joseph Ratzinger dans L’Esprit de la liturgie[62] en 2001, vont s’élever face Ă  ces abus qui, pour eux, ne peuvent se prĂ©tendre hĂ©ritiers du concile.

Les opposants Ă  la rĂ©forme liturgique de 1969 furent d'abord des prĂȘtres de paroisse qui gardĂšrent les anciens usages liturgiques. Un peu plus tard un Mgr Lefebvre et d'autres prĂȘtres, dĂ©noncent le caractĂšre « Ă©quivoque » de la nouvelle liturgie promulguĂ©e par Paul VI, qui serait, selon eux, susceptible de permettre une interprĂ©tation protestante de la messe. Ils reprochent notamment Ă  la rĂ©forme liturgique d’avoir affaibli et obscurci la conception traditionnelle de la messe — tel que son caractĂšre sacrificiel par exemple — afin de faciliter le dialogue avec les communautĂ©s protestantes. De ce point de vue, la modification de la liturgie est symptomatique d’une volontĂ© de changement Ă  l'Ă©poque post-conciliaire. Mgr Lefebvre dĂ©clare : « On ne peut modifier profondĂ©ment la lex orandi sans modifier la lex credendi. À messe nouvelle correspond catĂ©chisme nouveau, sacerdoce nouveau, sĂ©minaires nouveaux, universitĂ©s nouvelles, Église charismatique, pentecĂŽtiste, toutes choses opposĂ©es Ă  l’orthodoxie et au magistĂšre de toujours[63]. » Pour les mouvements proches de la FraternitĂ© sacerdotale Saint-Pie-X, la rĂ©forme liturgique n’est donc pas acceptable, car elle n’a pas seulement touchĂ© aux formes du culte mais aussi Ă  son essence.

En France, en Suisse, en Allemagne et, dans une moindre mesure dans d'autres pays, se manifeste une rĂ©sistance Ă  la rĂ©forme liturgique. RĂ©sistance qui deviendra ensuite le « combat pour la messe »[64]. Parmi les sociĂ©tĂ©s de prĂȘtres « traditionalistes » utilisant les formes tridentines on trouve la FraternitĂ© sacerdotale Saint-Pie-X, en rupture de communion avec Rome depuis 1988 et l’excommunication de son supĂ©rieur Ă  l’occasion des sacres d’évĂȘques sans mandat pontifical, puisqu’elle refuse de se soumettre Ă  l’exercice de son magistĂšre ordinaire. On trouve aussi une multitude d’instituts et mouvements agissant au sein de l’Église dans le cadre du motu proprio Ecclesia Dei.

Bénédiction traditionnelle.

DĂšs 1971, en Angleterre, par l'indult Agatha Christie[65], le Saint-SiĂšge permet la pratique du rite tridentin, dans certaines conditions. Cet indult est Ă©tendu Ă  l’Église universelle par la lettre Quattuor abhinc annos[66] de 1984 puis, Ă  la suite de la consĂ©cration d’évĂȘques sans l’accord pontifical au sein de la FraternitĂ© Saint-Pie-X, par le motu proprio Ecclesia Dei en 1988.

Aujourd'hui, dans l'Église catholique, l'usage de la « forme extraordinaire » est rĂ©gi par le motu proprio Traditionis custodes datant de janvier 2021 et abrogeant le texte prĂ©cĂ©dant, Summorum Pontificum datĂ© de 2007[12].

Aspects canoniques

L’ordo de 1962 n’est plus aujourd’hui la « forme ordinaire » du rite romain, mais il en est considĂ©rĂ© comme la « forme extraordinaire ». D'abord une simple concession, soumise au bon vouloir de l'Ă©vĂȘque, initialement accordĂ©e Ă  la suite de la lettre Quattuor abhinc annos et du motu proprio Ecclesia Dei en 1988, l'usage du rite ancien selon les livres de Jean XXIII a Ă©tĂ© complĂštement libĂ©ralisĂ© par le motu proprio Summorum Pontificum en 2007.

L’usage de cette forme ancienne du rite romain au titre de l’indult a aussi Ă©tĂ© accordĂ© Ă  des sociĂ©tĂ©s sacerdotales comme la FraternitĂ© sacerdotale Saint-Pierre (en [67]), et pour la premiĂšre fois en tant que « rite exclusif » Ă  l’Institut du Bon-Pasteur, Ă©rigĂ© en sociĂ©tĂ© de vie apostolique de droit pontifical le . Pour les prĂȘtres de ces sociĂ©tĂ©s, la dispense rĂ©sulte de leur appartenance mĂȘme Ă  la communautĂ© ; ils sont donc tenus de cĂ©lĂ©brer leurs messes suivant les livres liturgiques tridentins. « Enfin, aux membres de cet Institut, elle confĂšre le droit de cĂ©lĂ©brer la liturgie sacrĂ©e, en utilisant, et vraiment comme leur rite propre, les livres liturgiques en vigueur en 1962, Ă  savoir le missel romain, le rituel romain et le pontifical romain pour confĂ©rer les ordres, et aussi le droit de rĂ©citer l’office divin selon le brĂ©viaire romain Ă©ditĂ© la mĂȘme annĂ©e[68]. »

De nos jours, la cĂ©lĂ©bration privĂ©e (messe sans le peuple) selon l'ordo de 1962 est permise Ă  tout prĂȘtre de rite latin. La cĂ©lĂ©bration publique selon l'ordo de 1962 peut ĂȘtre effectuĂ©e avec l'accord du curĂ© (ou recteur du lieu) « dans les paroisses oĂč il existe un groupe stable de fidĂšles attachĂ©s Ă  la tradition liturgique antĂ©rieure »[69]. Les instituts de vie consacrĂ©e et les sociĂ©tĂ©s de vie apostolique peuvent choisir le missel de Jean XXIII pour leur cĂ©lĂ©bration conventuelle ou communautaire.

En France, 90 diocĂšses mĂ©tropolitains et ultra-marins sur 103 (chiffre de ) donnent la possibilitĂ© d'assister Ă  la liturgie traditionnelle avec l'autorisation de l'Ă©vĂȘque diocĂ©sain ; toutes catĂ©gories confondues, les catholiques assistant rĂ©guliĂšrement Ă  la messe dans le rite tridentin reprĂ©sentent environ 100 000 fidĂšles[70]. En Belgique, sept diocĂšses font de mĂȘme, cinq diocĂšses en Suisse, le diocĂšse de Luxembourg, 160 diocĂšses aux États-Unis sur les 178 de rite latin (), etc. La messe et l’office tridentin sont Ă©galement cĂ©lĂ©brĂ©s dans plusieurs abbayes et communautĂ©s religieuses, entre autres Ă  Fontgombault, Ă  Randol ou au Barroux.

Ordo ancien et autorité liturgique

Afin de disposer d’une rĂ©fĂ©rence, c’est « par dĂ©finition » la derniĂšre Ă©dition de 1962 qui est retenue comme norme de la forme traditionnelle de la messe. « Dans la cĂ©lĂ©bration des sacrements, les livres liturgiques approuvĂ©s par l’autoritĂ© compĂ©tente seront fidĂšlement suivis ; c’est pourquoi personne n’y ajoutera, n’en supprimera ou n’y changera quoi que ce soit de son propre chef. » (Canon 846).

Pour ce qui est de la lettre, par nature, les rubriques de l’ordo de 1962 sont ce qu’elles Ă©taient en 1962, et ne sont pas actualisĂ©es. Cependant, pour que cette « forme liturgique et disciplinaire antĂ©rieure » puisse ĂȘtre utilisĂ©e dans une cĂ©lĂ©bration liturgique vivante et manifestant la « communion ecclĂ©siale », l’application du motu proprio impose de facto des adaptations.

MĂȘme rĂ©alisĂ©e sous sa forme traditionnelle, la liturgie reste soumise Ă  l’autoritĂ© qu’a l’Église sur la pratique des sacrements. « Les sacrements Ă©tant les mĂȘmes pour l’Église tout entiĂšre et faisant partie du dĂ©pĂŽt divin, il revient Ă  la seule autoritĂ© suprĂȘme de l’Église [
] de fixer ce qui a trait [
] au rite Ă  observer dans leur cĂ©lĂ©bration. » (Canon 841). Quand l’Église prescrit une nouvelle rĂšgle Ă  observer pour la liturgie romaine, il faut dĂ©terminer s’il est nĂ©cessaire, pour respecter la dĂ©rogation accordĂ©e en faveur de la liturgie ancienne, de dĂ©roger Ă©galement Ă  cette nouvelle rĂšgle ; ou si cette nouvelle rĂšgle, par sa nature, doit Ă©galement s’appliquer Ă  la cĂ©lĂ©bration suivant une liturgie traditionnelle. Dans ce dernier cas, l’ordo de 1962 ne peut pas ĂȘtre observĂ© Ă  la lettre.

Les usages liturgiques traditionnels restent sous l’autoritĂ© de l’ordinaire (l’évĂȘque ayant juridiction sur un diocĂšse ou un institut ecclĂ©siastique), qui veille Ă  leur opportunitĂ© et « veillera Ă  ce que des abus ne se glissent pas dans la discipline ecclĂ©siastique, surtout en ce qui concerne le ministĂšre de la parole, la cĂ©lĂ©bration des sacrements et des sacramentaux » (Canon 392). Le motu proprio de 1988 a mis en place la commission Ecclesia Dei « pour collaborer avec les Ă©vĂȘques locaux dans le but de satisfaire de nombreux groupes de fidĂšles liĂ©s Ă  la tradition liturgique Latine qui demandent de pouvoir cĂ©lĂ©brer rĂ©guliĂšrement la Messe dans leurs diocĂšses selon le rite de 1962[71] », c’est elle qui est l’intermĂ©diaire entre les Ă©vĂȘques et les congrĂ©gations romaines au sujet du rite tridentin. Le rĂŽle de cette commission est confirmĂ© et Ă©largi par le motu proprio Summorum Pontificum, se voyant chargĂ©e de rĂ©gler l'ensemble des difficultĂ©s associĂ©es Ă  la cĂ©lĂ©bration de l'ancienne forme de la liturgie romaine. La commission Ecclesia Dei est supprimĂ©e dĂ©but 2019 par le pape François qui, considĂ©rant que les questions qui restaient ouvertes Ă©taient principalement de nature doctrinale, en transfĂšre les activitĂ©s Ă  la CongrĂ©gation pour la doctrine de la foi[72].

Évolutions rĂ©centes de la « forme extraordinaire »

Dans son motu proprio Summorum Pontificum de juillet 2007, le pape BenoĂźt XVI a accordĂ© la possibilitĂ© — mĂȘme avec le peuple avec la permission du curĂ© d'une Ă©glise oĂč il y a un groupe stable de personnes attachĂ©es Ă  la forme antĂ©rieure et sans aucun besoin de se tourner Ă  l'Ă©vĂȘque diocĂ©sain — de la cĂ©lĂ©bration de la liturgie tridentine qui Ă©tait en vigueur en 1962[73]. Cette possibilitĂ© ne se limitait pas Ă  la messe selon le missel de 1962, mais comprenait l'ensemble de la liturgie de la mĂȘme pĂ©riode, incluant les autres sacrements du rituel romain (si le curĂ© juge que le bien des Ăąmes le recommande), la liturgie des Heures ou l’office divin selon le brĂ©viaire romain et les autres cĂ©rĂ©monies liturgiques du rituel romain et du cĂ©rĂ©monial des Ă©vĂȘques. Elle ne couvrait pas la liturgie tridentine d'autrefois, qui diffĂšre de celle de 1962, en raison notamment des modifications introduites dans le brĂ©viaire romain par le pape Pie X, dans la cĂ©lĂ©bration de la Semaine sainte par le pape Pie XII et dans le canon de la messe (la priĂšre eucharistique) et les rubriques gĂ©nĂ©rales par le pape Jean XXIII.

Dans sa lettre du 7 juillet 2007, par laquelle il a accompagnĂ© son motu proprio Summorum Pontificum, le pape BenoĂźt XVI a dĂ©prĂ©ciĂ© l'usage du terme « rite » en relation Ă  cette forme de la liturgie romaine : « La derniĂšre version du Missale Romanum, antĂ©rieure au Concile [Vatican II], qui a Ă©tĂ© publiĂ©e sous l’autoritĂ© du Pape Jean XXIII en 1962 et qui a Ă©tĂ© utilisĂ©e durant le Concile, pourra en revanche ĂȘtre utilisĂ©e comme Forma extraordinaria [Forme extraordinaire] de la cĂ©lĂ©bration liturgique. Il n'est pas convenable de parler de ces deux versions du missel romain comme s'il s'agissait de « deux rites ». Il s'agit plutĂŽt d'un double usage de l'unique et mĂȘme rite[6].

Messe de Requiem selon la forme extraordinaire dans la crypte de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, 2013.

Le 16 juillet 2021, le pape François, par le motu proprio Traditionis custodes, annule les concessions de son prĂ©dĂ©cesseur et dĂ©clare que les livres liturgiques promulguĂ©s par Paul VI et Jean-Paul II, conformĂ©ment aux dĂ©crets du concile Vatican II, sont la seule expression de la lex orandi du rite romain ; il ajoute qu'il est de la compĂ©tence exclusive de l'Ă©vĂȘque diocĂ©sain d'autoriser l'utilisation du Missale Romanum de 1962 dans son diocĂšse, en suivant les directives du siĂšge apostolique[74].

Assemblée et langue vernaculaire

Les pratiques actuelles de la messe tridentine sont le fruit du mouvement liturgique : lĂ  oĂč il a eu une forte influence (France, Belgique, Allemagne), la liturgie se vit avec une plus grande participation des fidĂšles.

Dans la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle, le mouvement liturgique a beaucoup ƓuvrĂ© pour une meilleure participation de l’assemblĂ©e Ă  la liturgie. La pratique de 1962 reflĂšte dĂ©jĂ  trĂšs largement ces efforts pour une participation accrue de l’Église militante. Les « paroissiens romains » (missel de poche Ă  l’usage des fidĂšles) de cette Ă©poque (en particulier le missel quotidien et vespĂ©ral Dom Lefebvre) reflĂštent cet effort pour la liturgie, mais ces Ă©volutions ne sont en toute rigueur pas inscrites dans le missel de rĂ©fĂ©rence, qui ne les incorporera dĂ©finitivement que dans sa rĂ©forme de 1969.

Certaines pratiques ont parfois Ă©tĂ© introduites avec l'aval de Rome dĂšs le dĂ©but du XXe siĂšcle dans la messe pour faciliter la participation de l’assemblĂ©e. Elles sont devenues plus nombreuses aprĂšs le Concile Vatican II : le chant du Pater par tous, la lecture de la SecrĂšte Ă  voix haute, chanter la doxologie finale, et donner les lectures dans la langue de l’assemblĂ©e. Ces amĂ©nagements, ne dĂ©naturant pas le rite, dans la mesure oĂč ils ne touchent pas au symbolisme et n’affectent pas la dignitĂ© de la cĂ©rĂ©monie, Ă©taient parfois permis ou tolĂ©rĂ©s par les Ă©vĂȘques mĂȘme sans avoir reçu l'accord de l'autoritĂ© romaine. L'instruction sur la liturgie Inter Ɠcumenici en 1964, puis la rĂ©forme de l'ordo missĂŠ en 1965[75] vont officialiser ces changements[76].

En ce qui concerne les lectures, l’usage de doubler les lectures latines par des traductions vernaculaires Ă©tait admis, comme le confirme la lettre du Saint-Office du sur ce sujet, et la suppression du latin au profit de la langue de l’assemblĂ©e pour les lectures a Ă©tĂ© autorisĂ©e par une ordonnance de l’épiscopat français le [77]. L'article 6 du motu proprio Summorum Pontificum, prĂ©cise que les lectures peuvent Ă  prĂ©sent ĂȘtre faites en langue vernaculaire, « utilisant des Ă©ditions reconnues par le SiĂšge apostolique » — ce qui est le cas, a priori, du lectionnaire officiel Ă©ditĂ© dans la langue vernaculaire. L'article 26 du texte d'instructions UniversĂŠ EcclesiĂŠ prĂ©cisera le sens de cette permission : « les lectures de la Sainte Messe du Missel de 1962 peuvent ĂȘtre proclamĂ©es soit seulement en latin, soit en latin puis dans la langue du pays, soit mĂȘme, dans le cas des Messes lues, seulement dans la langue du pays[78] », excluant donc la suppression de la proclamation latine des lectures aux cĂ©rĂ©monies chantĂ©es.

Intégration du calendrier liturgique

Calendrier du mois d'octobre de l'abbaye d'Abbotsbury, folio 59r (XIIIe siĂšcle), British Library.

Dans le cadre normal de la cĂ©lĂ©bration selon les livres de 1962, le calendrier liturgique utilisĂ© est celui Ă©tabli par le « code des rubriques » publiĂ©s par Jean XXIII en 1960. Celui-ci n’a bien Ă©videmment pas pu prendre en compte certaines nouvelles fĂȘtes, ou changement de statut de certains saints. Ainsi Padre Pio n’est pas dans les livres de 1962, de mĂȘme que sainte ThĂ©rĂšse de Lisieux n’est pas encore docteur de l’Église.

La rĂšgle initiale, jusqu'au motu proprio Summorum Pontificum de 2007, Ă©tait celle Ă©tablie par la lettre apostolique Quattuor abhinc annos en 1984 « On ne devra faire aucun mĂ©lange entre les textes et les rites des deux missels[66]. ». En pratique, les textes des messes propres de saint Padre Pio ou saint Maximilien Kolbe ne sont pas inscrits dans les missels en usage dans les paroisses de rite tridentin, et ils ne sont pas mentionnĂ©s dans les calendriers liturgiques qui y sont employĂ©s. Cependant, les textes propres publiĂ©s par la CongrĂ©gation pour le culte divin peuvent thĂ©oriquement ĂȘtre utilisĂ©s avec l’ordinaire tridentin, car ils ne sont pas dĂ©diĂ©s Ă  un ordo missĂŠ.

En 2007, la lettre d'introduction au motu proprio Summorum Pontificum annonce que cette question devra ĂȘtre Ă©tudiĂ©e par la commission pontificale Ecclesia Dei : « dans l'ancien missel pourront et devront ĂȘtre insĂ©rĂ©s les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles prĂ©faces. » En 2008, la commission pontificale Ecclesia Dei a rĂ©pondu Ă  une question de la ConfĂ©rence Ă©piscopale d'Angleterre et Galles Ă  propos des fĂȘtes liturgiques et d'obligation, en posant le principe que les fĂȘtes d'obligation doivent ĂȘtre communes Ă  tous les catholiques de rite romain, quelle que soit la forme liturgique utilisĂ©e. De l'autre cotĂ© le droit d'utiliser les livres liturgiques de 1962 comprend le droit d'employer le calendrier intrinsĂšque Ă  ces livres liturgiques. LĂ  oĂč la ConfĂ©rence Ă©piscopal a transfĂ©rĂ© certaines fĂȘtes d'obligation au dimanche suivant, il est Ă©galement lĂ©gitime de cĂ©lĂ©brer la messe et l'office de ces fĂȘtes aux jours prescrits selon le calendrier 1962 sans obligation de assister Ă  la messe ces jours-lĂ . ConformĂ©ment aux Rubricae Generales Missalis Romani de 1962, il convient de cĂ©lĂ©brer la solennitĂ© extĂ©rieure de ces jours saints le dimanche auquel ils ont Ă©tĂ© transfĂ©rĂ©s par la ConfĂ©rence Ă©piscopale[79] - [80].

Notes et références

Notes

  1. « Missel romain Ă©tabli par dĂ©cret du trĂšs saint Concile ƓcumĂ©nique du Vatican II ».
  2. « Missel romain Ă©tabli par dĂ©cret du trĂšs saint Concile ƓcumĂ©nique du Vatican II, promulguĂ© sous l'autoritĂ© du pape Paul VI, rĂ©visĂ© aux soins du pape Jean-Paul II ».
  3. « Il est de la compĂ©tence exclusive de l'Ă©vĂȘque diocĂ©sain d'autoriser l'utilisation du Missel romain de 1962 dans le diocĂšse, suivant les directives du SiĂšge Apostolique », Traditionis custodes, art. 2

Références

  1. Sacrosancta Synodus [...] praecipit ut quidquid ab illis praestitum est sanctissimo Romano Pontifici exhibeatur ut eius iudicio atque auctoritate terminetur et evulgetur. Idem quae de catechismo a patribus quibus illud mandatum fuerat et de Missali et breviario fieri mandat (Concilium Tridentinum - Canones et Decreta).
  2. M. Sodi & A.M. Triacca (edd.), Pontificale Romanum, editio princeps (1595-1596), Libreria Editrice Vaticana 1997.
  3. Robert Lippe, Missale Romanum. Mediolani 1474 (Londes 1899).
  4. John Wynne, "Reform of the Roman Breviary" dans Catholic Encyclopedia (New York 1914)..
  5. Motu proprio Summorum Pontificum
  6. Lettre du pape BenoĂźt XVI aux Ă©vĂȘques, qui accompagne Summorum Pontificum"
  7. (en) Andrea Grillo, Beyond Pius V : Conflicting Interpretations of the Liturgical Reform. Liturgical Press 2013. p. 104.
  8. (en) Chad James Glendinning, "Summorum Pontificum and the Use of the Extraordinary Form of the Roman Rite : A Canonical Analysis in Light of the Current Liturgical Law", pp. 232–241
  9. (en)Normes liturgiques de l'archidiocĂšse de Washington, chapitre 14, note 7
  10. Motu proprio Traditionis custodes ', art. 1
  11. Traditionis custodes, art. 3 §2
  12. « Tout comprendre Ă  « Traditionis Custodes », le nouveau motu proprio du pape François », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Texte du concile de Trente.
  14. Cardinal Joseph Ratzinger, La Célébration de la foi, éditions Téqui, 2003, p. 84.
  15. Cardinal Joseph Ratzinger, La célébration de la Foi, Téqui, 2003, p. 84.
  16. Manlio Sodi et Achille Maria Triacca, Missale Romanum : Editio Princeps (1570) (Libreria Editrice Vaticana 1998), p. XV
  17. Ɓukasz CeliƄski, "Per una rilettura della storia della formazione e dello sviluppo del Messale Romano. Il caso del Messale di Clemente V." en Ecclesia Orans 33 (2016) 383-404 (p. 15 de l'extrait).
  18. Robert Lippe, Missale Romanum. Mediolani. 1474 (Londres,, 1899, p. 198.
  19. Publication 1955, mise en Ɠuvre pour Pñques 1956.
  20. (en) The Tridentine Mass, article de Paul Cavendish.
  21. référence à la Présentation générale du Missel romain, 397.
  22. Summorum Pontificum, art. 1.
  23. Traditionis custodes, art. 1 (traduction non officielle).
  24. Traditionis custodes, art. 8.
  25. CĂŠremoniale Episcoporum, 1752.
  26. La liturgie, exposition de la doctrine chrétienne, éditions Fideliter. Imprimatur 14 mars 1931. Nouvelle édition 1990.
  27. Cérémoniaire de la Messe basse, Le Vavasseur, Haegy, Stercky (1935).
  28. La messe est dite chantĂ©e si le prĂȘtre cĂ©lĂ©brant chante vraiment les parties qu'il doit chanter selon les rubriques ; autrement elle est dite lue - [Instruction sur la Musique SacrĂ©e et la Sainte Liturgie], SacrĂ©e CongrĂ©gation des Rites, septembre 1958.
  29. Audience générale du 14 avril 2010.
  30. CatĂ©chisme de l'Église catholique, § 1367, citant Cc. Trente, sess. 22a, Doctrina de ss. Missae sacrificio, c. 2 : DS 1743.
  31. De l’Office du ThurifĂ©raire, Le Parfait EcclĂ©siastique (1665).
  32. Cérémonies de la messe solennelle avec ministres sacrés, L. Hébert, 1952.
  33. Saint Augustin, Enarratio in Psalmos (72, 1).
  34. Constitution Sacrosanctum concilium §116, sur le site du Vatican.
  35. Missel quotidien et vespéral, par Dom Gaspar Lefebvre, bénédictin de l'abbaye de St André - imprimatur mars 1934.
  36. « Bien que, pour dĂ©terminer ces attitudes du peuple, on s'inspire des rĂšgles liturgiques concernant les attitudes du chƓur, il ne faut pas chercher Ă  imposer celles-ci aux fidĂšles dans tous les dĂ©tails », Directoire pour la pastorale de la messe, AssemblĂ©e des Cardinaux et ArchevĂȘques, novembre 1956.
  37. Constitution sur la liturgie, § 30.
  38. Selon cette parole du Psalmiste : « Que monte ma priÚre, en encens devant ta face ! » (Ps 140, 2) [lire en ligne].
  39. F.-X. Poupon & abbé J. Olivier, Cérémonial général des fonctions liturgiques dans le rite de St Pie V, 1999.
  40. Manuel des Cérémonies sacrées, Pio Martinucci, 1879.
  41. L. A. Joly de Choin, Instructions sur le rituel, Gauthier frÚres et C°, 1829.
  42. Rubriques générales du missel romain : les éléments de la Messe.
  43. Missel romain de 1962.
  44. Texte liturgique grec.
  45. Différences entre les textes de 325 et 381.
  46. Dom G. Lefebvre, osb dans Missel vespéral quotidien.
  47. Instruction sur la Musique Sacrée et la Sainte Liturgie, Sacrée Congrégation des Rites, septembre 1958 - §27-d.
  48. « La chapelle royale de Versailles sous Louis XIV », cérémonial, liturgie et musique.]
  49. Selon le cĂ©rĂ©monial de ClĂ©ment VIII (1600), citĂ© par Denise Launay, La musique religieuse en France du Concile de Tente Ă  1804, p. 78, SociĂ©tĂ© française de musicologie et Éditions Klincksieck, Paris, 1993.
  50. « L'office du matin et celui du soir ne doivent jamais ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©s sans que le SupĂ©rieur dise, en dernier lieu et de maniĂšre Ă  ĂȘtre entendu de tous, l'Oraison dominicale, Ă  cause des Ă©pines de scandale qui ont coutume de se produire, afin que les frĂšres, se rĂ©unissant dans la promesse qu'ils font par cette priĂšre, en disant : “Remettez-nous nos dettes, comme nous les remettons Ă  nos dĂ©biteurs”, soient Ă  mĂȘme de se purifier de cette sorte de faute. Aux autres offices, on ne dira Ă  haute voix que la derniĂšre partie de cette oraison, en sorte que tous s'unissent pour rĂ©pondre : “Mais dĂ©livrez-nous du mal.” »

    — Chapitre XIII, traduction de Dom Prosper GuĂ©ranger, p. 41-42, rĂ©impression 2007

    .
  51. Commentaire sur la rĂšgle de Saint BenoĂźt, p. 186 et 187.
  52. Grégoire le grand, Lettre à Jean de Syracuse (Epist. IX, 26).
  53. Saint Augustin, Sermo 58, no 12.
  54. Bernard Botte, O.S.B., Le Mouvement liturgique : TĂ©moignage et souvenirs (DesclĂ©e 1973), pp. 10–11
  55. « L’Eucharistie et la Mission au fil de la liturgie », mission.catholique.fr.
  56. Trésor de la langue française informatisé, article « messe ».
  57. Voir le paragraphe Origine et antiquitĂ© de la rĂ©citation de l’évangile de saint Jean Ă  la fin de la messe dans l’article de l’abbĂ© Olivier sur le site Salve Regina.
  58. Sur cette partie, voir Introduction au bréviaire latin-français, éditions Labergerie, 1934, par le P. Hogueny, OP, sur le site Salve Regina.
  59. Summorum Pontificum. Art. 9. § 3. Tout clerc dans les ordres sacrĂ©s a le droit d’utiliser aussi le BrĂ©viaire romain promulguĂ© par le Pape Jean XXIII en 1962.
  60. Voir Michel de Saint Pierre, Les Fumées de Satan, 1976, édition La Table Ronde.
  61. L. Bouyer, La Décomposition du catholicisme, réédité par Flammarion, 1992.
  62. J. Ratzinger, L’Esprit de la liturgie, Ă©ditions Ad Solem, 2001.
  63. DĂ©claration du 21 novembre 1974 de Mgr Lefebvre sur le site de la FSSPX.
  64. Historique du combat pour la vraie messe extrait d’ItinĂ©raires, no 288 - dĂ©cembre 1984.
  65. Indult accordĂ© Ă  la faveur d'une requĂȘte signĂ©e par des intellectuels anglais, dont Agatha Christie, sur le site AMDG.
  66. Lettre Quattuor abhinc annos sur le site AMDG.
  67. Voir le DĂ©cret de la commission Ecclesia Dei accordant l’usage des livres de 1962 Ă  la FSSP.
  68. Commission pontificale « Ecclesia Dei » DĂ©cret no 118/2006, Ă©rection canonique de l’Institut du Bon-Pasteur.
  69. Article 5 du motu proprio Summorum Pontificum.
  70. Jean-Pierre Chantin, « Les sectes en France. Marges et dissidences », dans VingtiÚme SiÚcle, no 66, avril-juin 2000, p. 67-78.
  71. Présentation de la commission Ecclesia Dei sur le site du Vatican.
  72. « Lettera Apostolica in forma di “Motu proprio” circa la Pontificia Commissione "Ecclesia Dei" (17 gennaio 2019) | Francesco », sur www.vatican.va (consultĂ© le )
  73. Marie Malzac et Malo Tresca, « En dix ans, la messe en latin a trouvĂ© sa place », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne AccĂšs payant, consultĂ© le ).
  74. « Le pape François limite drastiquement la cĂ©lĂ©bration selon la forme extraordinaire », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consultĂ© le ).
  75. Rites de la messe en 1965 sur cérémoniaire.net.
  76. Étude critique de l'ordo de 1965 par l'abbĂ© Dufour sur salveregina.com.
  77. PremiĂšre ordonnance de l’Épiscopat français sur le site cĂ©rĂ©moniaire.net. Ce texte pastoral s’applique de plein droit sur l’édition de 1962 car elle Ă©tait l’édition de rĂ©fĂ©rence de cette ordonnance.
  78. Commission pontificale Ecclesia Dei, « Instruction sur l’application de la Lettre apostolique Summorum Pontificum », (consultĂ© le ).
  79. « Éclaircissements du Vatican sur les fĂȘtes liturgiques et le missel de 1962 », Zenit.
  80. Latin Mass Society and Ecclesia Dei: Transferred Holydays of Obligation: an Important Clarification From the Pontifical Commission Ecclesia Dei (en anglais).

Annexes

Bibliographie

  • R.P. de ChivrĂ©, La Messe de saint Pie V : commentaires thĂ©ologiques et spirituels, Touraine Micro Édition, Le Gros ChĂȘne, 37460 ChemillĂ©-sur-Indrois, 2006, 344 p. (ISBN 2-916043-06-3)
  • Les rĂ©fĂ©rences au Droit canon renvoient au code de droit canonique en vigueur depuis 1983
  • PĂšre Martin de Cochem, Explication du Saint-Sacrifice de la Messe. Ouvrage allemand du XVIIe siĂšcle, traduit en français en 1891. Imprimatur 1900, rĂ©Ă©dition en texte intĂ©gral recomposĂ© Éditions D. F. T., 2003, 208 p. (ISBN 2-904770-44-5)
  • Jean-Jacques Olier, L’Esprit des cĂ©rĂ©monies de la messe, Explication des cĂ©rĂ©monies de la grand’messe de paroisse selon l’usage romain, 1657 Le Forum Diffusion, 2004, 418 p. (ISBN 2-915025-63-0)
  • Dom Guy Oury, La Messe de saint Pie V Ă  Paul VI, Solesmes, SablĂ©-sur-Sarthe, 1975
  • Mgr Klaus Gamber, TournĂ©s vers le Seigneur, Ă©ditions sainte Madeleine, 1993
  • Un moine de Fontgombault, La Messe commentĂ©e, Introibo ad altare Dei, Ă©ditions Petrus et Stella, 1995, 156 p. (ISBN 2-910769-01-1)
  • Dom Jean-Denis Chalufour, OSB La sainte Messe, hier, aujourd’hui et demain, Ă©ditions Petrus et Stella, 1998, 344 p. (ISBN 2-910769-09-7)
  • Mgr Marc Aillet, Un Ă©vĂ©nement liturgique - ou le sens d'un Motu Proprio, Ă©ditions Tempora, 2007, 140 p.
  • AbbĂ© GĂ©rald de Servigny, Orate fratres, La liturgie romaine selon la forme extraordinaire, Ă©ditions Ad Solem, 2012, 165 p.
  • Claude Barthe, La messe, une forĂȘt de symboles : commentaire allĂ©gorique ou mystique de la messe romaine traditionnelle avec indications historiques et rituelles, Versailles, Via Romana, , 252 p. (ISBN 979-10-90029-10-1).
  • (en) Michael Fiedrowicz, The Traditional Mass : History, Form, & Theology of the Classical Roman Rite, Angelico Press, , 331 p. (ISBN 978-1-62138-523-3)

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.