Melchisédech
MelchisĂ©dech, en hĂ©breu ŚÖ·ŚÖ°ŚÖ”ÖŒŚÖŸŚŠÖ¶ŚÖ¶Ś§ (malkĂź-áčŁedeq) « roi de justice », est un personnage biblique qui apparaĂźt trĂšs briĂšvement dans lâhistoire dâAbraham dans le livre de la GenĂšse[1]. Il y est prĂ©sentĂ© comme « roi de Salem » et « prĂȘtre du TrĂšs-Haut » (El-ElyĂŽn). Dans l'ĂpĂźtre aux HĂ©breux du Nouveau Testament, JĂ©sus est dĂ©clarĂ© « Grand prĂȘtre pour toujours » Ă l'image de MelchisĂ©dech.
La littérature ésotérique attache beaucoup de mystÚre à ce personnage et à sa fonction. Dans le Livre d'Hénoch, il est désigné comme étant né de Sophonim, la femme de Nir, qui est le frÚre de Noé.
RĂ©cit biblique
Selon le Livre de la GenĂšse, revenant dâune campagne victorieuse, Abram, qui nâest pas encore Abraham, rencontre ce personnage :
« MelkisĂ©dek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il Ă©tait prĂȘtre du Dieu trĂšs-haut. Il le bĂ©nit en disant : « BĂ©ni soit Abram par le Dieu trĂšs-haut, qui a crĂ©Ă© le ciel et la terre ; et bĂ©ni soit le Dieu trĂšs-haut, qui a livrĂ© tes ennemis entre tes mains. » Et Abram lui donna le dixiĂšme de tout ce quâil avait pris. »
â Livre de la GenĂšse 14:18-20
Le nom de Melchisédech apparaßt à nouveau dans le livre des Psaumes :
« Le Seigneur l'a jurĂ© dans un serment irrĂ©vocable : « Tu es prĂȘtre Ă jamais selon l'ordre du roi MelkisĂ©dek. » »
â [Psaume 110:4]
Le nom de MelchisĂ©dech se trouve Ă©galement dans lâĂpĂźtre aux HĂ©breux :
« De mĂȘme, ce nâest pas le Christ qui sâest donnĂ© lui-mĂȘme la gloire de devenir souverain sacrificateur, mais câest celui qui lui a dit : Tu es mon fils, câest moi qui tâai engendrĂ© aujourdâhui ; de mĂȘme il dit encore ailleurs : Tu es sacrificateur pour lâĂ©ternitĂ©, selon lâordre de MelkisĂ©dek. »
â HĂ©breux 5:6-8, Semeur
« Cette espĂ©rance, nous la tenons comme une ancre sĂ»re et solide pour lâĂąme; elle entre au-delĂ du rideau, dans le sanctuaire oĂč JĂ©sus est entrĂ© pour nous en prĂ©curseur, lui qui est devenu grand prĂȘtre de lâordre de Melkisedek pour l'Ă©ternitĂ©. »
â HĂ©breux 6:10-20
Melchisédech dans le judaïsme
Selon certains commentateurs de la Torah, comme Rachi, il s'agirait de Sem, le pÚre des Sémites, fils de Noé. En effet, Sem étant crédité d'une vie de 610 ans, il a ainsi pu rencontrer Abraham[2].
Melchisédech dans le christianisme
LâĂpĂźtre aux HĂ©breux (chapitre 5, verset 6) Ă©voque Ă nouveau cette figure symbolique du Christ, « prĂȘtre selon l'ordre de MelchisĂ©dech ». L'auteur cite ici le psaume 110, verset 4. Dans la mĂȘme Ă©pĂźtre, au chapitre 7, versets 2 et 3, il ajoute : « Dâabord, MelkisĂ©dek porte un nom qui veut dire "roi de justice" ; ensuite, il est roi de Salem, câest-Ă -dire roi "de paix", et Ă son sujet on ne parle ni de pĂšre, ni de mĂšre, ni dâancĂȘtres, ni dâun commencement dâexistence, ni dâune fin de vie ; cela le fait ressembler au Fils de Dieu (...). »
L'Ăglise catholique fait rĂ©fĂ©rence Ă MelchisĂ©dech dans la priĂšre eucharistique : « Et comme il t Ìa plu d Ìaccueillir les prĂ©sents de ton serviteur Abel le Juste, le sacrifice dâAbraham, notre pĂšre dans la foi, et celui que t Ìoffrit MelchisĂ©dech ton grand prĂȘtre, oblation sainte et immaculĂ©e, regarde ces offrandes avec amour et, dans ta bienveillance, accepte-les. »
Finalement, dans la tradition patristique, c'est Cyprien de Carthage[3] qui donne à l'offrande de Melchisédech une interprétation eucharistique[4], le pain et le vin étant toujours les espÚces eucharistiques utilisées aujourd'hui.
La tradition iconographique chrĂ©tienne reprĂ©sente ce prĂȘtre-roi couronnĂ©, portant ou faisant porter par des serviteurs le calice, l'ostensoir ou une corbeille de pains. Cette iconographie met gĂ©nĂ©ralement en scĂšne un face-Ă -face du pouvoir temporel (reprĂ©sentĂ© par Abraham souvent en armure et ses soldats) et spirituel (reprĂ©sentĂ© par MelchisĂ©dech et ses serviteurs, avec corbeille de pains et aiguiĂšres)[5]. On donne d'ailleurs le nom de melchisĂ©dechs aux ostensoirs en forme de petits autels portatifs destinĂ©s Ă recevoir l'Eucharistie[6].
Melchisédech offre une corbeille de pain à Abraham
mosaĂŻque du Ve siĂšcle
Basilique Sainte-Marie-MajeureLe Sacrifice de Melchisédech
Ăglise de Sarleinsbach, AutricheSacrifice de MelchisĂ©dech
Giambattista Tiepolo, v. 1740
Musée national des Beaux-Arts (Argentine)[7]
Melchisédech et l'ésotérisme
Dans son livre Le Roi du Monde, René Guénon consacre un chapitre à Melchisédech (qu'il orthographie Melki-Tsedeq)[8].
Notes et références
- , chapitre 14 versets 18 Ă 20
- Targum du Pentateuque. GenĂšse, Ăditions du Cerf, , p. 163
- La Lettre de saint Cyprien (Epistula LXIII, 4)
- Jacques Fontaine, Charles Pietri, Le Monde latin antique et la Bible, Editions Beauchesne, , p. 459
- Gaston Duchet-Suchaux et Michel Pastoureau, La Bible et les saints, guide iconographique, Flammarion, , p. 12
- Antonin Maurel, Guide pratique de liturgie romaine, J.-B. PĂ©lagaud, , p. 88
- Musée de Buenos Aires
- René Guénon, Le Roi du Monde, Paris, Devry, 90 p. (ISBN 9791024206684), Chapitre VI :"Melki-Tsedeq"
Bibliographie
- Empereur et prĂȘtre. Ătude sur le "cĂ©saropapisme" byzantin, Gilbert Dagron, Paris, Gallimard, 1996, 435 p.
Articles connexes
Liens externes
- Secundum ordinem Melchisedech, Le sacerdoce du Christ en He 7, 11-28 (Joseph Doré, 2011) - journals.openedition.org