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Requin cuivre

Carcharhinus brachyurus

Carcharhinus brachyurus
Description de cette image, également commentée ci-après

Espèce

Carcharhinus brachyurus
(GĂĽnther, 1870)

Synonymes

  • Galeolamna greyi Owen, 1853 (ambigu)
  • Carcharias brachyurus GĂĽnther, 1870 (protonyme)
  • Carcharias remotus DumĂ©ril, 1865
  • Carcharhinus remotus (DumĂ©ril, 1865)
  • Carcharias lamiella Jordan & Gilbert, 1882
  • Carcharhinus ahenea (Stead, 1938)
  • Eulamia ahenea Stead, 1938
  • Galeolamna ahenea (Stead, 1938)
  • Carcharinus improvisus Smith, 1952
  • Carcharhinus improvisus Smith, 1952
  • Carcharhinus rochensis Abella, 1972
  • Carcharhinus remotoides Deng, Xiong & Zhan, 1981
  • Carcharhinus acarenatus Moreno & Hoyos, 1983

Statut de conservation UICN

( NT )
NT : Quasi menacé

Le Requin cuivre (Carcharhinus brachyurus) est une espèce de requins de la famille des Carcharhinidae, et le seul membre de son genre que l'on trouve Ă  des latitudes correspondant Ă  un climat tempĂ©rĂ©. Il est rĂ©parti dans diverses populations isolĂ©es les unes par rapport aux autres dans le nord-est et le sud-ouest de l'Atlantique, au large du sud de l'Afrique, dans le nord-ouest et l'est du Pacifique et aux environs de l'Australie et la Nouvelle-ZĂ©lande, avec quelques observations dispersĂ©s dans les rĂ©gions Ă©quatoriales. Cette espèce vit dans des habitats qui peuvent aller des rivières et estuaires aux eaux saumâtres, jusqu'aux eaux peu profondes des baies et des ports, et Ă  des eaux plus au large jusqu'Ă  100 m de profondeur. Les femelles vivent sĂ©parĂ©es des mâles la majeure partie de l'annĂ©e. C'est une grande espèce qui peut atteindre 3,3 m de long, et qu'il est parfois difficile de distinguer d'autres grands requins Carcharhinidae. Il se caractĂ©rise par ses dents de la mâchoire supĂ©rieure qui sont Ă©troites et en forme de crochet, par l'absence de crĂŞte entre ses nageoires dorsales et par sa coloration bronze unie.

Il se nourrit principalement de cĂ©phalopodes, de poissons osseux et de poissons cartilagineux. C'est un prĂ©dateur rapide qui chasse souvent en grands groupes, tirant alors avantage de son grand nombre. Au large de l'Afrique du Sud, cette espèce est fortement associĂ©e au « sardine run Â», qui implique des milliers de Pilchards de Californie (Sardinops sagax). Comme les autres requins de sa famille, il est vivipare et l'embryon est nourri Ă  travers une connexion au placenta formĂ©e par le sac vitellin. Les femelles donnent naissance Ă  des portĂ©es de 7 Ă  24 jeunes tous les deux ans dans des zones cĂ´tières destinĂ©es Ă  l'Ă©levage de ces jeunes, et ce après une pĂ©riode de gestation qui dure entre 12 et peut-ĂŞtre 21 mois. Sa croissance est extrĂŞmement lente, et les mâles et les femelles atteignent la maturitĂ© sexuelle Ă  respectivement 13 Ă  19 ans et 19 Ă  20 ans.

Bien qu'il ne soit pas considĂ©rĂ© comme particulièrement dangereux pour l'Homme, ce requin a Ă©tĂ© impliquĂ© dans quelques attaques sur des chasseurs au harpon et des baigneurs. Cette espèce est valorisĂ©e par la pĂŞche commerciale dans l'ensemble de son aire de rĂ©partition, et utilisĂ©e comme source de nourriture. Elle est menacĂ©e de dĂ©clin du fait de son faible taux de reproduction. C'est pourquoi l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) l'a classĂ©e parmi les espèces « quasi-menacĂ©es Â».

Description

Vue de côté d'un requin avec un profil légèrement arqué, une première nageoire dorsale triangulaire et une grande queue asymétrique
Le Requin cuivre est difficile à distinguer des autres grandes espèces de Carcharhinus.

Le Requin cuivre a un corps Ă©lancĂ©, avec un profil lĂ©gèrement arquĂ© juste derrière la tĂŞte[1] - [2]. Son museau est assez long et pointu, et les narines sont prĂ©cĂ©dĂ©es de petites excroissances de peau. Les yeux modĂ©rĂ©ment grands et arrondis sont Ă©quipĂ©s d'une membrane nictitante. La gueule est courte et prĂ©sente de discrets sillons Ă  ses extrĂ©mitĂ©s. On compte 29 Ă  35 rangĂ©es de dents de chaque cĂ´tĂ© de la mâchoire supĂ©rieure, et 29 Ă  33 rangĂ©es de dents de chaque cĂ´tĂ© de la mâchoire infĂ©rieure. Ces dents prĂ©sentent des bords dentelĂ©s et de fines pointes simples. Les dents de la mâchoire supĂ©rieure ont une forme caractĂ©ristique en crochets, et deviennent de plus en plus inclinĂ©es au fur et Ă  mesure que l'on se dirige vers les cĂ´tĂ©s, tandis que les dents de la mâchoire infĂ©rieure sont droites[1] - [3]. Les dents supĂ©rieures d'un mâle adulte sont plus longues, plus Ă©troites, plus incurvĂ©es et plus finement dentelĂ©es que celles d'une femelle adulte et d'un jeune[4]. Les cinq paires de fentes branchiales sont assez longues, la troisième mesurant entre 2,5 et 4,1 % de la longueur de l'animal[1] - [5].

Requin cuivre, port de Phuket, ThaĂŻlande

Les nageoires pectorales sont longues, en forme de faucilles et ont des extrĂ©mitĂ©s pointues. La première nageoire dorsale est grande avec une extrĂ©mitĂ© pointue et une bordure postĂ©rieure concave. Elle prend naissance Ă  peu près au niveau des extrĂ©mitĂ©s des nageoires pectorales. La seconde nageoire dorsale est courte et est positionnĂ©e Ă  l'opposĂ© de la nageoire anale. Il n'y a pas de crĂŞte qui relie les nageoires dorsales. La queue a un lobe infĂ©rieur bien dĂ©veloppĂ©, et prĂ©sente une profonde encoche près de l'extrĂ©mitĂ© du lobe supĂ©rieur[1]. La coloration de ce requin est bronze Ă  gris olive dessus, avec des reflets mĂ©tallisĂ©s et parfois des teintes rose. La coloration est plus sombre vers l'extrĂ©mitĂ© des nageoires et leurs bordures. Il n'y a pas de marques noires bien nettes Ă  l'extrĂ©mitĂ© des nageoires, mais l’extrĂ©mitĂ© de le face ventrale des nageoires pectorales est de couleur chamoisĂ©e[6]. Sa coloration passe très rapidement Ă  un gris-brun chamoisĂ© après la mort de l'animal. Le dessous du corps est blanc, une teinte qui s'Ă©tend vers les flancs oĂą elle forme une bande bien visible[1] - [7] - [3]. Cette espèce peut atteindre 3,3 m de long, et peser 305 kg[8].

Espèces similaires

Le Requin cuivre est fréquemment confondu avec d'autres requins de grande taille du genre Carcharhinus, notamment le Requin requiem de sable (C. obscurus), dont il se distingue surtout par la forme de ses dents supérieures, l'absence de crête entre les nageoires dorsales et l'absence de marques colorées nettes sur les nageoires[9]. C'est cette absence de marques colorées qui le distingue également du Requin tisserand (C. brevipinna) et du Requin bordé (C. limbatus)[6].

Biologie et Ă©cologie

Le Requin cuivre est un requin rapide et actif, que l'on peut rencontrer seul, par deux ou en bancs comprenant jusqu'à une centaine d'individus. Certains groupes semblent se former en lien avec la reproduction de l'espèce, d'autres en réponse à de fortes concentrations de nourriture[10] - [11].

Alimentation

Un banc de petits poissons argentés.
Les Pilchards de Californie sont une des proies les plus souvent consommées par le Requin cuivre au large de l'Afrique du Sud.

Le Requin cuivre se nourrit plus Ă  la base de la colonne d'eau qu'Ă  son sommet, consommant des cĂ©phalopodes, comme les calmars du genre Loligo, les seiches et les poulpes, des poissons osseux comme les Triglidae, les Pleuronectiformes, les merlus, les poissons-chats, les Carangidae, les Arripidae, les Mugilidae, les Sparidae, les Ă©perlans, les thons, les sardines et les anchois, et des poissons cartilagineux comme les requins du genre Squalus, les raies de l'ordre des Myliobatiformes et des Torpediniformes et de la famille des Rajidae et les poissons-scies[10] - [2]. Les cĂ©phalopodes et les poissons cartilagineux reprĂ©sentent une part plus importante de l'alimentation chez les individus de plus de m de long[12]. Les jeunes consomment aussi des mĂ©duses scyphozoaires et des crustacĂ©s, comme les Thalassinidea (Callianassa) et les Penaeidae[10]. Le Requin cuivre ne s'attaque pas aux mammifères marins, bien qu'il ait parfois Ă©tĂ© observĂ© mangeant des carcasses de dauphins blessĂ©s mortellement par les filets de pĂŞche[13]. Au large de l'Afrique du Sud, la principale proie de cette espèce est le Pilchard de Californie (Sardinops sagax), qui reprĂ©sente entre 65 et 95 % de son rĂ©gime alimentaire. Chaque hiver, des bancs de Requins cuivres suivent le « sardine run Â» du Cap-Oriental Ă  KwaZulu-Natal[14]. Le rassemblement de millions de poissons attire une multitude de prĂ©dateurs, dont plusieurs espèces de requins parmi lesquelles le Requin cuivre est le plus reprĂ©sentĂ©[15].

De grands nombres de Requins cuivres ont été observés chassant ensemble en coopération. Les bancs de petits poissons sont rassemblés en une boule dense par les requins qui les encerclent, puis se jettent chacun leur tour dans cette boule avec la gueule ouverte pour capturer des poissons. Pour chasser les bancs de thons, ils adoptent une formation en V pour rapprocher les thons les uns des autres, chaque requin ciblant un poisson en particulier et attaquant à tour de rôle[4]. À False Bay, en Afrique du Sud, cette espèce suit les bateaux de pêche à la senne[16].

Cycle de vie

Comme les autres représentants de la famille des Carcharhinidae, le Requin cuivre est vivipare ; après que les embryons en développement ont épuisé leur réserve en vitellus, le sac vitellin vide se développe en une connexion avec le placenta qui permet à l'embryon d'être nourri par sa mère[10]. Chaque femelle a un seul ovaire fonctionnel (celui du côté droit) et deux utérus[17]. Le mâle mord la femelle lors des prémices de la copulation. Dans l'hémisphère sud, l'accouplement a lieu d'octobre à décembre (printemps et début de l'été), quand les individus des deux sexes migrent vers les eaux du large à des latitudes plus hautes. Les naissances ont lieu de juin à janvier, avec un pic entre octobre et novembre[10] - [14] - [17].

La femelle Requin cuivre vit dans des eaux peu profondes près des côtes, utilisant des étendues d'eau côtières ou de petites baies et bras de mer pour élever ses jeunes[10] - [17]. Ces nurseries pourvoient de grandes quantités de nourriture aux animaux et évitent la prédation de congénères plus grands[12]. Parmi les zones servant de nurseries à l'espèce bien connues des scientifiques, on recense les eaux au large de l'île du Nord de Waimea Inlet à Hawke's Bay pour les requins de Nouvelle-Zélande, les eaux situées au large de l'Albany, dans et aux alentours du golfe Saint-Vincent et la baie de Port Phillip pour les requins australiens, les eaux du large de Niigata (Japon) pour les requins du Pacifique nord-ouest, les eaux au large de Cap-Oriental pour les requins sud-américains, le large de Rhodes (Grèce), de Nice (France), et d'Al Hoceima (Maroc) pour les requins méditerranéens, les eaux au large de Río de Oro (Sahara occidental) pour les requins du nord-ouest de l'Afrique, les eaux au large de Rio de Janeiro (Brésil) et Buenos Aires et Bahía Blanca (Argentine) pour les animaux du sud-ouest de l'Atlantique, et les eaux du large de Paita et Guanape Cove (Pérou), dans la baie de Sebastián Vizcaíno (Mexique), et dans et aux alentours de la baie de San Diego pour les requins de l'est du Pacifique[10].

7 Ă  24 jeunes requins naissent tous les deux ans, pour une moyenne comprise entre 15 et 16. La taille des portĂ©es semble moins consĂ©quente chez les requins de Californie et de la pĂ©ninsule de Basse-Californie. La pĂ©riode de gestation a une durĂ©e estimĂ©e Ă  douze mois par la plupart des auteurs, bien qu'une gestation durant entre 15 et 21 mois soit parfois proposĂ©e[10] - [14]. Les nouveau-nĂ©s mesurent 55 Ă  67 cm de long[10] - [4]. Le Requin cuivre est une des espèces du genre Carcharhinus qui a la croissance la plus lente. Au large de l'Afrique du Sud, les mâles atteignent la maturitĂ© sexuelle quand ils mesurent entre 2 et 2,4 m de long, Ă  l'âge de 13 Ă  19 ans, tandis que les femelles l'atteignent entre 19 et 20 ans, quand elles mesurent entre 2,3 et 2,5 m. Les femelles vivant au large de l'Australie atteignent elles aussi leur maturitĂ© Ă  une longueur de 2,5 m, tandis que les femelles au large de l'Argentine sont matures Ă  une taille plus petite, d'environ 2,2 m[10] - [17]. La longĂ©vitĂ© maximale de ce requin est d'au moins 30 ans pour les mâles et 25 ans pour les femelles[18].

Prédateurs et parasites

Cette espèce peut être la proie de requins plus grands à l'état jeune[9]. Parmi ses parasites on compte les cestodes Cathetocephalus australis[19], Dasyrhynchus pacificus et D. talismani[20], Floriceps minacanthus[21], Phoreiobothrium robertsoni[22] et Pseudogrillotia spratti[23], la laîche Stibarobdella macrothela[24] et le trématode Otodistomum veliporum[9].

Distribution et habitat

Aire de répartition du Requin cuivre.

Le Requin cuivre est le seul membre de son genre que l'on rencontre largement dans les eaux tempérées plutôt que tropicales[25]. Il est assez largement distribué mais son aire de répartition est fragmentée, avec peu ou pas d’interactions entre elles. Dans l'océan Atlantique, il se rencontre de la mer Méditerranée au Maroc et dans les îles Canaries, au large de l'Argentine, et au large de la Namibie et de l'Afrique du Sud (où il pourrait y avoir deux populations distinctes)[18], avec des observations peu fréquentes en Mauritanie, dans le golfe de Guinée, et éventuellement dans le golfe du Mexique. Dans l'Indo-Pacifique, on le rencontre de la mer de Chine orientale au Japon (à l'exception d'Hokkaido) et au sud de la Russie, au large du sud de l'Australie (principalement entre Sydney et Perth mais parfois plus au nord), et aux environs de la Nouvelle-Zélande mais pas plus loin que les îles Kermadec ; des observations non confirmées ont eu lieu aux Seychelles et dans le golfe de Thaïlande. Dans l'est du Pacifique, on le trouve du nord du Chili au Pérou et du Mexique à Point Conception, en Californie, en passant par le golfe de Californie. Le Requin cuivre est courant au large de l'Argentine, l'Afrique du Sud, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, et rare dans le reste de son aire de répartition. Dans plusieurs zones, son statut est mal défini du fait de la présence d'autres espèces avec lesquelles il peut être confondu[10] - [1].

Les Requins cuivres peuvent ĂŞtre rencontrĂ©s des eaux cĂ´tières jusqu'Ă  peu après le plateau continental en zone pĂ©lagique, plongeant Ă  des profondeurs de 100 m ou plus. Cette espèce vit gĂ©nĂ©ralement dans des eaux très peu profondes, comme les baies, bancs de sable et ports, et vit Ă©galement dans des zones rocheuses et au large d'Ă®les[10] - [11]. Elle tolère les variations de salinitĂ©, et on la trouve parfois dans les estuaires de grands fleuves. Les jeunes vivent dans des eaux cĂ´tières Ă  moins de 30 m de profondeur tout au long de l'annĂ©e, tandis que les adultes vivent plus loin au large, et s'approchent des cĂ´tes au printemps et en Ă©tĂ©, quand de grands groupes peuvent ĂŞtre observĂ©s en eau peu profonde[10].

Les populations de Requins cuivres des deux hĂ©misphères migrent saisonnièrement, en rĂ©ponse au changement de la tempĂ©rature de l'eau, Ă  la disponibilitĂ© en proies et Ă  leur cycle de reproduction. Les modalitĂ©s de cette migration varient suivant le sexe et l'âge[10] - [4]. Les femelles adultes et les jeunes passent l'hiver dans les rĂ©gions subtropicales et gĂ©nĂ©ralement se dirigent vers des latitudes plus importantes avec l'arrivĂ©e du printemps, les femelles en gestation se rapprochant Ă©galement des cĂ´tes pour donner naissance Ă  leurs petits. Les mâles adultes restent la majeure partie de l'annĂ©e dans les zones subtropicales, sauf Ă  la fin de l'hiver et au dĂ©but du printemps, oĂą ils se rendent Ă  des latitudes plus importantes pour s'accoupler avec les femelles qui ont mis bas. Durant ces migrations, ils peuvent parcourir jusqu'Ă  1 320 km. Le Requin cuivre est philopatrique, retournant sur son lieu de naissance annĂ©e après annĂ©e[10].

Taxinomie

Du fait de son aire de répartition fragmentée, le Requin cuivre a été décrit à plusieurs reprises dans différentes régions. On considère que la première description valide est celle du zoologiste britannique Albert Günther sous le nom de Carcharias brachyurus dans le huitième volume de Catalogue of the fishes in the British Museum paru en 1870[26]. Le premier nom scientifique qui est attribué à l'espèce est toutefois Carcharias remotus, par Auguste Duméril en 1865, jusqu'à ce que l'on se rende compte que le spécimen type associé à ce nom était un Requin nez noir (C. acronotus). Ainsi, ce requin est souvent appelé C. remotus dans la littérature ancienne[4]. Un nom encore plus ancien, Galeolamna greyi, donné par Richard Owen en 1853, fait l'objet d'un questionnement taxonomique car il ne s'appuie que sur une paire de mâchoires aujourd'hui détruites, et qui aurait pu appartenir à un Requin cuivre. Les auteurs modernes ont placé l'animal dans le genre Carcharhinus[1].

Le nom spĂ©cifique brachyurus dĂ©rive du grec brachys (« court ») et oura (« queue »)[4]. GĂĽnther s'appuie Ă  l'origine sur quatre spĂ©cimens : un requin empaillĂ© de l'Antarctique et un de Nouvelle-ZĂ©lande, qui ont depuis Ă©tĂ© perdu, et deux fĹ“tus d'Australie qui ont ensuite Ă©tĂ© identifiĂ©s comme Ă©tant des fĹ“tus de Requin bouledogue (C. leucas)[1] - [26]. En 1882, Jordan et Gilbert nomme l'espèce Carcharias lamellia Ă  partir d'un spĂ©cimen de 72 cm collectĂ© au large de San Diego. Mais les animaux dĂ©crits par la suite sous cette appellation sont souvent des Requins requiems de sable (Carcharhinus obscurus)[6]. Pour assurer la stabilitĂ© taxonomique de cette espèce, Jack Garrick a dĂ©signĂ© en 1982 une femelle de 2,4 m capturĂ©e au large de Whanganui, en Nouvelle-ZĂ©lande comme nouveau spĂ©cimen type[25].

Phylogénie et évolution

Les premiers efforts pour dĂ©terminer les relations Ă©volutives du Requin cuivre sont basĂ©s sur la morphologie et conduisent Ă  des rĂ©sultats peu probants : en 1982, Jack Garrick le place en tant que groupe Ă  lui seul dans le genre Carcharhinus, tandis qu'en 1988, Leonard Compagno le place dans un « groupe transitoire » qui comprend Ă©galement le Requin nez noir (C. acronotus), le Requin Ă  pointes noires (C. melanopterus), le Requin nerveux (C. cautus), le Requin soyeux (C. falciformis) et le Requin de nuit (C. signatus)[25] - [27]. L'Ă©tude de Gavin Naylor en 1992 sur les allozymes a dĂ©terminĂ© que le plus proche apparentĂ© du Requin cuivre Ă©tait le Requin tisserand (C. brevipinna), mais ne parvient pas Ă  dĂ©terminer le reste des relations entre ce requin et les autres membres de son genre[28]. Des dents fossilisĂ©es de Requin cuivre ont Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans la rivière Pungo en Caroline du Nord, datant du Miocène (il y a entre 23 et 5,3 millions d'annĂ©es)[29], en Toscane, datant du Pliocène (entre 5,3 et 2,6 millions d'annĂ©es)[30] et Ă  Costa Mesa en Californie, datant de la fin du PlĂ©istocène (entre 126 000 et 12 000 ans avant notre ère)[31].

Relations avec l'Homme

Attaques sur l'Homme

Bien que de grande taille et puissant, le Requin cuivre n'est pas particulièrement agressif envers l'Homme, sauf en présence de nourriture, et on ne le considère pas comme particulièrement dangereux. Toutefois il lui arrive fréquemment de suivre les pêcheurs au harpon afin de voler leurs prises, et il a mordu plusieurs baigneurs en Australie, où il est très abondant[4] - [7]. En mai 2009, l'International Shark Attack File listait 33 attaques sur des personnes et des bateaux de ce requin, dont 17 n'avaient pas été provoquées par la victime et aucune d'entre elles n'ayant été fatale[32]. En septembre 2011, plusieurs témoins lui attribuent cependant une attaque mortelle à Bunker Bay, en Australie-Occidentale[33].

PĂŞche

Pêcheur, agenouillé sur une plage, tenant par les nageoires un jeune Requin cuivre posé sur le sable.
Le Requin cuivre est souvent attrapé par les pêcheurs de loisir.

Le Requin cuivre est pêché au large de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie, en Afrique du Sud, au Brésil, en Uruguay, en Argentine, au Mexique et en Chine. C'est aussi une prise accessoire d'autres pêcheurs. Cette espèce est prise dans les filets, les palangres de fond et les chaluts[10]. Sa chair est vendue pour la consommation humaine[4]. Il est également populaire parmi les pêcheurs de loisir en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Afrique du Sud, en Argentine, au Mexique et en Californie, principalement par les pêcheurs à la ligne mais également par les pêcheurs au filet. En Nouvelle-Zélande c'est l'espèce de Carcharhinus la plus fréquemment prise par les pêcheurs de loisir, et sa pêche est même devenue une activité prisée l'été sur l'île du Nord, les pêcheurs capturant surtout des femelles en gestation ou venant de mettre bas et les relâchant après les avoir marquées. Une opération de marquage avant relâche est également en cours en Namibie[10].

Sauvegarde

L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classĂ© le Requin cuivre comme « quasi-menacĂ© Â» dans le monde entier, notamment du fait de son rythme de reproduction lent et de sa maturitĂ© tardive, qui le rend très sensible au dĂ©clin. Localement, l'UICN a classĂ© l'espèce comme de « prĂ©occupation mineure Â» au large de l'Australie, la Nouvelle-ZĂ©lande et l'Afrique du Sud, oĂą sa pĂŞche est gĂ©nĂ©ralement bien contrĂ´lĂ©e. La population de Requins cuivres dans ces trois pays est presque entièrement contenue dans leurs zones Ă©conomiques exclusives. Les prises au large de la Nouvelle-ZĂ©lande ont fortement diminuĂ© depuis le pic de 40 tonnes en 1995/1996, pour ne reprĂ©senter plus que 20 tonnes en 2001/2002, mais on ne sait pas si cela est liĂ© Ă  une baisse de la population ou au changement des modes de pĂŞche[10].

Dans l'est du Pacifique, le Requin cuivre est rare et on ne dispose que de très peu de donnĂ©es sur sa pĂŞche, ce qui conduit Ă  le classer dans la catĂ©gorie « donnĂ©es insuffisantes Â». Toutefois, les prises de l'ensemble des espèces de requins et raies ont dĂ©clinĂ© dans le Golfe de Californie, oĂą la pĂŞche est importante. Au large de l'Asie de l'Est, il est classĂ© comme « vulnĂ©rable Â». Bien que l'on ne dispose pas de donnĂ©es spĂ©cifiques Ă  l'espèce dans cette zone, on remarque que les populations de requins y ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©es dans leur ensemble. Le nombre d'adultes de grande taille est trop peu important pour qu'une pĂŞche dĂ©diĂ©e Ă  l'espèce soit maintenue, et ce depuis les annĂ©es 1970, et la plupart des prises concernent des jeunes. Une autre menace pour cette espèce est la dĂ©gradation de son habitat, notamment des zones de nurseries près des cĂ´tes par la pollution de l'eau, le dĂ©veloppement d'aquaculture, les filets utilisĂ©s pour protĂ©ger les plages en Afrique du Sud et en Australie et la persĂ©cution par les Ă©leveurs de poissons dans le sud de l'Australie[10]. Par ailleurs, comme plusieurs requins de grande taille et actifs, cette espèce est très mal adaptĂ©e Ă  la captivitĂ©. Elle a tendance Ă  heurter violemment les bords de son enclos, et les blessures qui en rĂ©sultent s'infectent avec souvent des consĂ©quences mortelles[11].

Références

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Annexes

Références taxinomiques

Liens externes

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