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Pleuronectiformes

Poissons plats

Les Pleuronectiformes (également appelés Heterosomata ce qui signifie « aux côtés dissemblables ») ou poissons plats, sont un ordre de poissons à nageoires rayonnées. Les plies, soles, flets, flétans, cardeaux, limandes, turbots, carlottins, barbues et cardines sont, sauf exceptions, des poissons de ce groupe.

Description et caractéristiques

Sole commune (Solea solea), un représentant typique des Pleuronectiformes.

Le nom de cet ordre vient des mots grecs « pleura », côté, et « nektos », nageur[2] : ce sont des poissons asymétriques qui nagent sur un de leurs flancs, autrement dit des poissons plats. Ils ont en conséquence les deux yeux du même côté du corps, bien que leurs larves présentent la même symétrie que les autres poissons[3].

Ce sont des poissons essentiellement marins et parfois estuariens ; on en trouve dans tous les principaux bassins ocĂ©aniques du monde, y compris polaires, de la surface Ă  plus de 1 000 m de profondeur.

Ces poissons sont proches des Perciformes, mais leurs nageoires dorsales et anales sont continues et bien développées. Au stade de juvéniles, ils adoptent la nage d’un côté, entraînant une grande asymétrie physiologique fort adaptée pour les fonds marins. Ils deviennent sénestres ou dextres, selon le côté qui voit la lumière, côté sur lequel vient migrer l’autre œil laissant le côté inférieur aveugle. Leur bouche mange ainsi horizontalement et les yeux, ressortis et indépendants, offrent un large champ de vision binoculaire adapté à la chasse à l'affût. La structure nerveuse et musculaire s’en trouve fort changée, spécialement dans le crâne, le côté aveugle étant moins développé que le côté oculaire (côté pigmenté). Ils nagent en ondulant au-dessus du substrat.

En 2008, la découverte à Monte Bolca, dans le nord de l'Italie, de deux fossiles de l'Éocène ne présentant qu'une migration partielle de l’œil d'une face latérale à l'autre a permis de conclure que cette caractéristique morphologique était le fruit d'une évolution graduelle[4].

Après l'éclosion des œufs, les larves se rapprochent des plages ou de bancs de sable et les juvéniles vont grandir à faible profondeur, en se nourrissant de la microfaune des interstices du sable remué par les vagues, ils montent et descendent en suivant la marée. En grandissant, ils gagnent des zones plus profondes[5].

Évolution des pleuronectiformes

Les poissons plats sont uniques chez les vertĂ©brĂ©s en termes de transformation du patron de base. Toutefois, peu d’informations sur leur Ă©volution est disponible, car il y a très peu de fossiles qui ont Ă©tĂ© dĂ©couverts nous permettant  de faire le pont entre l’espèce ancestrale de laquelle s’est dĂ©veloppĂ© les pleuronectiformes et les pleuronectiformes modernes. Ce manque d’informations amène beaucoup de dĂ©bats autour de l’évolution des pleuronectiformes, mais aussi autour de l’évolution en gĂ©nĂ©ral. Les crĂ©ationnistes utilisent cet exemple pour donner raison Ă  leur thĂ©orie qu’une forme supĂ©rieure a crĂ©Ă© toutes les espèces et que l’évolution n’est pas fondĂ©e. Certains vont aussi utiliser le cas des pleuronectiformes pour mettre de l’avant les thĂ©ories d’évolution saltatoire. Pour ĂŞtre en mesure de comprendre l’évolution en gĂ©nĂ©ral et l’évolution du dĂ©veloppement des poissons plats, il faut trouver des intermĂ©diaires Ă©volutifs entre les poissons asymĂ©triques (pleuronectiformes) actuels et les poissons symĂ©triques. Deux genres de pleuronectiformes fossiles sont considĂ©rĂ©s comme la transition entre la forme symĂ©trique et asymĂ©trique : Amphistium et Heteronectes[6]. Pour que ces fossiles soient considĂ©rĂ©s comme espèce transitoire, il faut les comparer aux pleuronectiformes actuels et les poissons symĂ©triques ancestraux et actuels. Amphistium et Heteronectes ont un crâne fortement asymĂ©trique tout comme les pleuronectiformes modernes.  Les os du crâne ont les mĂŞmes dĂ©formations, mais pas aussi avancĂ©es. La grosse diffĂ©rence dans l’agencement des parties osseuses du crâne est l’œil chez les fossiles qui n’a pas encore dĂ©passĂ© la ligne centrale du haut du crâne. Les yeux sont encore de leur cĂ´tĂ© respectif comme les poissons symĂ©triques, tout en ayant un crâne asymĂ©trique. Les poissons plats modernes ont tous la transformation du crâne jusqu’à avoir les yeux du mĂŞme cĂ´tĂ© pendant la mĂ©tamorphose. Plusieurs autres caractĂ©ristiques, qui n’ont pas de lien avec la symĂ©trie et asymĂ©trie permettent de rapprocher les deux groupes pour prouver les liens Ă©volutifs du changement progressif vers l’asymĂ©trie. Ils possèdent tout de mĂŞme des caractĂ©ristiques propres aux percomorphes qui sont le groupe duquel les poissons plats ont Ă©voluĂ©. Des caractĂ©ristiques ont Ă©tĂ© perdues lors de l’évolution des pleuronectiformes. Les deux genres fossiles portent des Ă©pines aux nageoires anale et dorsale, cette caractĂ©ristique physique est retrouvĂ©e seulement dans un genre vivant de pleuronectiforme les Psettodes, mais a Ă©tĂ© perdu pour les pleuronectiformes plus modernes. Cette caractĂ©ristique est donc plĂ©siomorphe chez les pleuronectiformes. Les diffĂ©rents fossiles d' Amphistium et d' Heteronectes retrouvĂ©s n’ont pas de cĂ´tĂ© spĂ©cifique pour le dĂ©placement de l’œil. Ils peuvent ĂŞtre dextres (dĂ©placement vers la droite) ou senestres (dĂ©placement vers la gauche). Tout comme pour les Ă©pines dans les nageoires, les Psettodes ont la mĂŞme caractĂ©ristique. Dans la nature, on les retrouve autant avec une morphologie dextre que senestre[6]. En contraste, les pleuronectiformes modernes ont habituellement un cĂ´tĂ© fixe par espèce : tous les individus sont dextres ou tous les individus sont senestres. Il y a par contre des espèces d’exceptions qui auront des individus des deux formes. Ces deux groupes de fossiles se positionnent donc très bien entre l’ancĂŞtre symĂ©trique et les pleuronectiformes modernes. Ils dĂ©montrent très bien la forme transitoire des pleuronectiformes passant du stade ancestrale symĂ©trique des percomorphes au stade transitoire de Amphistium et Heteronectes avec une asymĂ©trie crânienne, mais avec les yeux de chaque cĂ´tĂ© du crâne, par la suite au stade moderne avec plĂ©siomorphies communes avec le stade transitoire de Psettodes et finalement le stade actuel des pleuronectiformes. Les propositions des crĂ©ationnistes et des partisans de l’évolution saltatoire ne sont donc plus pertinentes avec les preuves fossiles retrouvĂ©es. Les preuves amènent Ă  la conclusion de l’évolution progressive de la dĂ©formation crânienne d’une forme symĂ©trique Ă  asymĂ©trique. L’évolution des pleuronectiformes s’est passĂ©e de la mĂŞme façon que le dĂ©veloppement de la larve symĂ©trique qui se mĂ©tamorphose en adulte asymĂ©trique[6].

MĂ©tamorphose

Les pleuronectiformes, comme la plupart des poissons marins pondent des Ĺ“ufs qui se dĂ©velopperont pour Ă©clore en larve pĂ©lagique symĂ©trique. Entre la forme larvaire et la forme adulte, il y a une phase de transition : la mĂ©tamorphose. La mĂ©tamorphose est un moment très important du dĂ©veloppement des pleuronectiformes. Sous la forme larvaire, ils ne sont pas tellement diffĂ©rents de la plupart des poissons marins. Ils sont pĂ©lagiques, ils vivent et se nourrissent dans la colonne d’eau. Ils sont aussi symĂ©triques comme la majoritĂ© des poissons. Entre la forme larvaire pĂ©lagique et la forme juvĂ©nile Ă©pibenthique, une mĂ©tamorphose se produit et amène l’asymĂ©trie caractĂ©ristique des poissons plats. La majoritĂ© des poissons passent par ces stades : de larve Ă  juvĂ©nile en passant par une mĂ©tamorphose. Les poissons plats sont connus pour leur mĂ©tamorphose unique et la comprĂ©hension des processus rĂ©gulant celle-ci est de plus en plus Ă©tudiĂ©e[7].

Processus endocrinaux

Hormone T4 (thyroxine) - Hormone thyroïdienne la plus influente dans la métamorphose chez les pleuronectiformes

Les hormones thyroïdiennes seraient responsables de la métamorphose anormale des pleuronectiformes par rapport aux autres poissons téléostéens. Des concentrations en hormones thyroïdiennes maximales ont été trouvées lors de la métamorphose impliquant une grande importance de ces hormones pour la métamorphose[7]. Des expériences ont aussi été faites pour voir ce que les hormones thyroïdiennes ont comme impact lors d’une augmentation de sa concentration. Inui et Miwa (1985[8] et 1987[9]) ont découvert par ce type d’expérience qu’il était possible de déclencher une métamorphose précoce et d’accélérer la vitesse de métamorphose chez les larves. L’apparence externe est caractéristiquement différente entre les deux phases de la métamorphose. Les premiers moments de métamorphoses se déclenchent tout de même avant les fortes concentrations en hormones thyroïdiennes. Le développement d’une couche de peau plus épaisse sous l’œil est la première caractéristique asymétrique chez les larves de pleuronectiformes. Ils se déclarent lorsque les concentrations d’hormones thyroïdiennes sont encore faibles, mais en croissance. Ce qui implique l’importance de ces hormones même à plus faible concentration[10]. Tagawa et Aritaki 2005[11] ont essayé d’isoler l’importance du synchronisme entre la métamorphose et l’augmentation de la concentration en hormones thyroïdiennes chez les pleuronectiformes dans le but de voir l’impact de l’absence, le retard ou l’arrivée hâtive de l’augmentation en hormones. Pour ce faire, ils ont dû inhiber l’expression des hormones thyroïdienne responsable de la métamorphose. Ils ont ensuite exposé les larves à des concentrations maximales de ces hormones à différents moments de leur croissance pour en voir les résultats. La désynchronisation entre un maximum de concentration de l’hormone thyroïdienne artificielle et l’endogène amène plusieurs types de déformation. Trois formes anormales ont été retrouvées. La première est une forme asymétrique avec les deux côtés de type aveugle (le côté du poisson plat habituellement dirigé vers le sol). La deuxième forme est symétrique avec les deux côtés de type aveugle. La troisième est symétrique avec les deux côtés de type oculaire (le côté du poisson plat habituellement dirigé vers la surface). Lorsque la concentration d’hormones administrées est maximale un peu avant le moment normal, les juvéniles anormales développeront majoritairement le premier et le deuxième type. Ces types expriment sur leurs deux côtés les gènes responsables de la différenciation du corps du poisson qui se retrouverait sur le substrat. Le type asymétrique aura une migration normale des yeux et donc une expression incomplète de la transformation du côté exprimé. Le type symétrique subira, par contre, la migration des deux yeux et donc une forme symétrique avec les deux yeux sur le dessus de la tête. Lorsque la concentration d’hormones administrées est maximale en avance ou en retard, c’est le troisième type qui sera exprimé. Ce type amène la différenciation des deux côtés du corps à être le côté qui est habituellement vers la surface résultant en un poisson plat de forme commune pour un poisson. Cette expérience montre l’importance dans le synchronisme et la séquence de l’expression des gènes dans le développement des pleuronectiformes[11].

MĂ©tamorphose interne

La morphologie interne subit aussi des différenciations lors de la métamorphose. Des échantillons de sang ont été analysés entre la forme larvaire et la forme juvénile. Les érythrocytes subissent un changement de forme entre ces deux étapes. Les érythrocytes larvaires sont en forme de disque et possèdent un noyau rond. Les juvéniles auront des érythrocytes sans noyau qui seront remplis d’hémoglobine. L’hémoglobine sera elle-même différente entre les deux stades de vie. Les hormones thyroïdiennes jouent un rôle important dans la métamorphose de la forme du corps des pleuronectiformes, mais aussi dans la transformation des érythrocytes. Ils commenceront leur transformation vers la forme juvénile sans noyau avec une augmentation de la concentration en hormones thyroïdiennes. Plusieurs études montrent le fonctionnement des hormones thyroïdiennes chez les amphibiens qui subissent, tout comme les pleuronectiformes, une métamorphose entre la forme larvaire et juvénile qui vient altérer la forme du corps. L’augmentation de la concentration des hormones thyroïdiennes stimule la régression des tissus larvaires et le développement des tissus adultes[12]. Le système digestif est un autre bon exemple de l’implication des hormones thyroïdiennes dans la métamorphose. Sans elles, l’estomac larvaire reste petit, mince et ses cellules ne se différencient pas. La présence d’hormones thyroïdiennes dans l’organisme amène un développement et une différenciation de la glande gastrique[13].

Migration de l’œil

Migration oculaire.

La migration de l’œil et la déformation crânienne amènent une morphologie interne spéciale pour les pleuronectiformes. L’asymétrie du crâne est principalement causée par la relocalisation de l’os frontal du côté oculaire. Certaines parties du crâne sont même uniques. La barre pseudomédiale n’est retrouvée que chez les poissons plats et montre une forte asymétrie. Il n’est présent que du côté aveugle. Le développement de cet os se produit en direction de la crête dorsale. Il suit l’œil dans sa migration en position dorsale. Il empêche l’œil initialement du côté aveugle de revenir à l’endroit initial. L’ossification de cet os ne se produit pas avant que l’œil soit en position dorsale, mais une couche de cellule suborbitale s’épaissit en suivant l’œil à l’endroit où se trouvera la future barre pseudomédiale. Cet épaississement est le premier développement asymétrique chez la larve en métamorphose, elle se retrouve des deux côtés de l’animal symétrique, mais se développe beaucoup plus rapidement. Il serait la cause principale du départ de la migration et de sa continuation jusqu’à la crête dorsale de l’œil. L’inhibition spécifique de la couche cellulaire proliférante suborbitale supprime la migration de l’œil. Sans le départ de la migration de l’œil, les caractères typiquement asymétriques des pleuronectiformes n’apparaissent jamais. Le remodelage et le déplacement de l’os frontal a toujours été considéré comme l’élément moteur de la migration de l’œil, mais il est maintenant reconnu que c’est la couche suborbitale qui pousse l’œil à entamer sa migration et qui permet tous les autres caractères asymétriques reliés au crâne et aux yeux. La prolifération de cette couche est la cause de la migration de l’œil. Cette couche est présente des deux côtés de l’animal, mais la prolifération est beaucoup plus importante du côté aveugle. Lors des premiers messages hormonaux des hormones thyroïdiennes, la couche suborbitale commence à se diviser et à proliférer rapidement. Cette prolifération amène une pression sur le globe oculaire de l’animal. Cette pression amène l’œil à se déplacer vers la crête dorsale. En se rapprochant de la crête dorsale, l’œil en déplacement se rapproche aussi de l’œil du côté oculaire. Cette proximité crée une contre-pression sur l’œil en migration maintenant sur la crête dorsale. Plus les yeux se rapprochent et plus cette contre-pression est grande. Une fois la contre-pression égale à la pression de la masse de cellules proliférantes, l’œil arrête et est en position finale. La couche proliférante suborbitale pousse l’œil, mais vient indirectement pousser tout le cartilage entre la position initiale et finale de l’œil. L’œil commence par faire pivoter les plaques de cartilages perpendiculairement pour ensuite les amener du côté aveugle vers le côté oculaire. La barre pseudomédiale prendra rapidement de l’expansion à la suite du déplacement de l’œil à cause justement du vide laissé par celui-ci[14]. Les vésicules rétrorbitales sont aussi uniques aux pleuronectiformes. Ils se trouvent sous l’orbite des yeux de chacun des côtés de l’animal. Ils deviennent asymétriques au début de la métamorphose. La vésicule se trouvant du côté aveugle se gonfle en synchronie avec le début de la métamorphose et le déplacement de l’œil du poisson. En se gonflant, elle pousse l’œil dans les débuts de la métamorphose pour le déplacer du côté aveugle vers la crête dorsale de l’animal. La vésicule rétrorbitale servirait aussi à remplir le trou laissé par la migration de l’œil[10].

MĂ©tamorphose comportementale

Comportement de déposition - Les poissons plats migrent de la colonne d'eau à la surface des sédiments au moment de la métamorphose

La mĂ©tamorphose amène aux pleuronectiformes plusieurs changements morphologiques, mais leur donne aussi certains comportements uniques Ă  ceux-ci. Ils prennent un comportement de nage latĂ©rale et un comportement benthique. Les comportements latĂ©raux ont souvent Ă©tĂ© associĂ©s Ă  la mĂ©tamorphose morphologique (transformation du crâne), mais les nouvelles Ă©tudes tendent vers une indĂ©pendance de ces processus. La majoritĂ© des poissons s’orientent Ă  l’aide de deux repères : la gravitĂ© et la lumière. Le poisson va s’orienter avec la source lumineuse jusqu’à avoir un nouvel Ă©quilibre crĂ©Ă© avec ses organes sensibles Ă  la gravitĂ©. L’hypothèse Ă©tait qu’avec la migration des yeux sur le poisson, cela l’amenait Ă  se  tourner latĂ©ralement pour Ă©ventuellement avoir un cĂ´tĂ© aveugle dirigĂ© vers le sol et un cĂ´tĂ© oculaire dirigĂ© vers le ciel. Les yeux resteraient Ă  la mĂŞme place par rapport Ă  la lumière et ce serait le corps qui se dĂ©placerait[15]. Plusieurs Ă©tudes sur la mĂ©tamorphose des pleuronectiformes ont crĂ©Ă© des individus symĂ©triques qui n’ont pas subi la migration de l’œil. Si l’hypothèse Ă©tait bonne, ces poissons ne devraient pas adopter de comportements. Ces poissons plats symĂ©triques adoptent les comportements de nage latĂ©rale et de dĂ©position au sol. Ils ne sont donc pas reliĂ©s au dĂ©placement de l’œil. L’apparition de ces comportements a Ă©tĂ© observĂ©e avant le dĂ©but de la mĂ©tamorphose causĂ©e par l’augmentation de l’hormone thyroĂŻdienne. Lorsque des larves sont traitĂ©es Ă  l’hormone thyroĂŻdienne avant la mĂ©tamorphose, ils vont adopter les comportements de nage latĂ©rale et de dĂ©position sans qu’il y ait mĂ©tamorphose. L’apparition et le dĂ©veloppement de ces comportements sont donc liĂ©s Ă  l’hormone thyroĂŻdienne, mais sont indĂ©pendants de la migration de l’œil et du remodelage du crâne[16]. En sachant que ces comportements ne sont pas liĂ©s Ă  la migration de l’œil, il vient intĂ©ressant de trouver quelle transformation morphologique amène les changements au comportement. L’hypothèse actuelle concernant ce sujet est la suivante : c’est l’asymĂ©trie des systèmes sensoriels associĂ©s Ă  la perception de la gravitĂ© qui amène les changements au comportement. La plupart des organes sensoriels sont symĂ©triques chez les pleuronectiformes. Ils sont comme ceux de leurs cousins symĂ©triques. Par contre, la polarisation des poils sensoriels de l’oreille interne est essentiellement identique. Cette caractĂ©ristique est unique chez les pleuronectiformes modernes. Elle est absente chez les espèces plus primitives qui ne prĂ©sentent pas d’uniformitĂ© dans le choix de cĂ´tĂ© de dĂ©position au sol. Cette polaritĂ© est unique aux poissons plats. Elle aide Ă  la nage latĂ©rale et Ă  la dĂ©position, mais n’en est pas responsable[16]. Une des causes de ces comportements spĂ©cifiques aux poissons plats serait l’asymĂ©trie dans l’absorption du 2-deoxyglucose dans les cellules du vestibule chez les adultes. Ce dĂ©balancement amène une asymĂ©trie dans l’efficacitĂ© neuronale des cellules sensorielles du vestibule. L’asymĂ©trie des otolithes chez les adultes serait aussi responsable de l’apparition des comportements spĂ©ciaux. Les otolithes servent chez les poissons Ă  l’équilibre et au positionnement spatial. Les otolithes se retrouvant du bord aveugle du corps des adultes sont plus lourd que ceux du cĂ´tĂ© oculaire. Il reste Ă  trouver si ces changements se dĂ©veloppent pendant la mĂ©tamorphose pour dicter les changements comportementaux ou si ce sont les changements comportementaux qui amènent ces changements[16].

Liste des familles

Hippoglossus hippoglossus (famille des Pleuronectidae) est l'une des plus grosses espèces de cet ordre.

Selon FishBase (4 avril 2014)[17] et World Register of Marine Species (16 mars 2015)[18] :

Selon ITIS (4 avril 2014)[19] :

Petite clé d'identification pour l'Est du Canada

Les espèces de cette région ont un côté déterminé, quoiqu’il puisse y avoir des exceptions au sein d’une même espèce… On y trouve trois Bothidae (cardeaux), qui sont sénestres, et sept Pleuronectidae (plies, flétans), qui sont dextres.

  • CĂ´tĂ© gauche oculaire et pigmentĂ© : Bothidae
    • Corps haut et mince, profil quasi circulaire. Les 10 premiers rayons dorsaux sont ramifiĂ©s, dĂ©pourvus de membrane, tel une frange. Un peu en symĂ©trie, la nageoire pelvienne gauche est très large Ă  la base et se confond presque avec la nageoire anale : Turbot de sable – Scophtalmus aquosus - Windowpane
    • Corps plus long que haut, rayons antĂ©rieurs dorsaux pas en frange et nageoires pelviennes distinctes et Ă  base Ă©troite : Genre Paralichthys
      • Petits yeux, orbites sĂ©parĂ©s environ d’un diamètre de pupille ; de 16 Ă  24 branchiostèges sur l’arc extĂ©rieur ; taches noires de diffĂ©rentes grandeurs sur le cĂ´tĂ© pigmentĂ© : Cardeau d’étĂ© – Paralichthys dentatus – Summer flounder. http://www.seafoodcanada.gc.ca/mini_summer_flounder-f.htm.
      • Grands yeux, sĂ©parĂ©s par beaucoup moins qu’un diamètre d’œil ; 9 Ă  13 branchiostèges sur l’arc extĂ©rieur ; cĂ´tĂ© pigmentĂ© ne portant que 4 taches noires bien visibles : Cardeau Ă  quatre ocelles – Paralichthys oblongus – Fourspot flounder
  • CĂ´tĂ© droit oculaire et pigmentĂ© : Pleuronectidae
    • Bouche grande, maxillaire se prolongeant jusqu’au milieu de l’œil ou au-delĂ  ; dents bien dĂ©veloppĂ©es.
      • Nageoire caudale nettement arrondie, ligne latĂ©rale droite mais lĂ©gèrement arquĂ©e en haut des nageoires pectorales ; de 75 Ă  96 rayons Ă  la nageoire dorsale ; corps brun rougeâtre : Plie canadienne - Hippoglossoides platessoides – American plaice.
      • Nageoire caudale lĂ©gèrement Ă©chancrĂ©e, non arrondie ; bouts de la nageoire caudale angulaires ; de 98 Ă  105 rayons Ă  la nageoire dorsale ; corps non rougeâtre.
        • Ligne latĂ©rale arquĂ©e au-dessus de la nageoire pectorale ; corps tachetĂ© d’un brun foncĂ© tirant sur l’olive, dessous nettement blanc : FlĂ©tan - Hippoglossus hippoglossus – Halibut
        • Ligne latĂ©rale droite puis lĂ©gèrement inflĂ©chie au-dessus de la pectorale ; environ 100 rayons Ă  la dorsale ; corps brun grisâtre, dessous non blanc, mais plutĂ´t crème : FlĂ©tan du Groenland (turbot) – Reinhardtius hippoglossoides – Greenland Halibut.
    • Bouche petite, maxillaire se prolongeant juste sous le devant de l’œil.
      • Ligne latĂ©rale nettement arquĂ©e au-dessus de la pectorale ; prĂ©cède l’anale une courte Ă©pine dirigĂ©e vers l’avant ; corps ordinairement tachetĂ© : Limande Ă  queue jaune – Limanda ferruginea – Yellowtail Flounder.
      • Ligne latĂ©rale plus ou moins droite.
        • CĂ´tĂ© aveugle de la tĂŞte portant des dĂ©pressions circulaires ; extrĂ©mitĂ© de la nageoire pectorale droite et nettement pigmentĂ©e de noir (Ă  voir sur les spĂ©cimens de plus de 5 pouces) ; plus de 100 rayons Ă  la nageoire dorsale : Plie grise – Glyptocephalus cynoglossus – Witch Flounder.
        • CĂ´tĂ© aveugle sans dĂ©pressions ; nageoires pectorales sans pigment noir ; moins de 75 rayons Ă  la dorsale.
          • Peau nue entre les 2 yeux ; de 55 Ă  58 rayons Ă  la dorsale ; couleur allant du brun Ă  presque noir : Plie lisse – Liopsetta putnami – Smooth flounder
          • Peau Ă©cailleuse entre les yeux, de 65 Ă  75 rayons Ă  la dorsale ; couleur allant ordinairement du brun au noir avec mouchetures : Plie rouge – Pseudopleuronectes americanus – Winter flounder

Voir aussi

Références taxonomiques

Articles connexes

Notes et références

  1. Brands, S.J. (ed.), 1989-present. The Taxonomicon. Universal Taxonomic Services, Zwaag, The Netherlands. [http://taxonomicon.taxonomy.nl/], consulté le 18 février 2022
  2. Pierre Avenas et Henriette Walter, La fabuleuse histoire du nom des poissons (lire en ligne).
  3. « Un groupe d’intérêt durable pour l'équipe : les pleuronectiformes », sur http://www.acanthoweb.fr.
  4. Le Monde, 30 juin 2012, « Le reflet de l'évolution dans un œil de poisson plat ».
  5. Univers science Vidéo montrant les techniciens du Parc naturel marin d'Iroise étudiant les poissons plats en baie de Douarnenez, pour notamment évaluer l'incidence éventuelle des algues vertes sur leurs nurseries de poissons plats.
  6. (en) M. Friedman, « The evolutionary origin of flatfish asymetry », Nature,‎ .
  7. (en) D.M., L. Power, Faustino M. Llewellyn, M.A. Donaldson, B.T. Nowell, I.E. Björnsson, A.V.M. Einarsdottir, G.E. Canario, Sweeney, « Thyroid hormones in growth and development of fish. », Comparative biochemistry and physiology,‎ .
  8. (en) Y. Inui et S. Miwa, « Thyroid hormone induces metamorphosis of flounder larvae. », General and comparative endocrinology,‎ .
  9. (en) S. Miwa et Y. Inui, « Effects of various doses of thyroxine and triiodothyronine on the metamorphosis of flounder (Paralichthys olivaceus). », General and comparative endocrinology,‎ .
  10. (en) N. Okada, Y. Takagi, T. Seikai, M. Tanaka et M. Tagawa, « Asymmetrical development of bones and soft tissues during eye migration of metamorphosing Japanese flounder, Paralichthys olivaceus. », Cell and tissue research,‎ .
  11. (en) M. Tagawa et M. Aritaki, « Production of symmetrical flatfish by controlling the timing of thyroid hormone treatment in spotted halibut Verasper variegatus. », General and comparative endocrinology,‎ .
  12. (en) Miwa S. et Y. Inui., « Thyroid Hormone Stimulates the Shift of Erythrocyte Populations During Metamorphosis of the Flounder. », Journal of experimental zoology,‎ .
  13. (en) Miwa S., K. Yamano et Y. Inui., « Thyroid Hormone Stimulates Gastric Development in Flounder Larvae During Metamorphosis. », Journal of experimental Zoology,‎ .
  14. (en) Bao B., Ke Z., Xing J., Peatman E., Liu Z., Xie C., Xu B., Gai J., Gong X., Yang G., Jiang Y., Tang W. et Ren D., « Proliferating cells in suborbital tissue drive eye migration in flatfish. », Journal of experimental biology,‎ .
  15. (en) Graf W. et D. L. Meyer., « Central mechanisms counteract visually induced tonus asymmetries. A study on ocular responses to unilateral illumination. », Journal of comparative physiology,‎ .
  16. (en) Schreiber M. A., « Asymmetric craniofacial remodeling and lateralized behavior in larval flatfish. », Journal of experimental biology,‎ .
  17. FishBase, consulté le 4 avril 2014
  18. World Register of Marine Species, consulté le 16 mars 2015
  19. Integrated Taxonomic Information System (ITIS), www.itis.gov, CC0 https://doi.org/10.5066/F7KH0KBK, consulté le 4 avril 2014

Liens externes

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