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Rasoir de Hanlon

Le rasoir de Hanlon est une rĂšgle de raisonnement permettant d'Ă©liminer des hypothĂšses. FormulĂ©e en 1980 par le programmeur amĂ©ricain Robert J. Hanlon, cette rĂšgle s'Ă©nonce de la maniĂšre suivante : « Ne jamais attribuer Ă  la malveillance ce que la bĂȘtise suffit Ă  expliquer. » L'attribution Ă  Hanlon a Ă©tĂ© mise en question dans un premier temps, certains auteurs y voyant plutĂŽt une corruption du nom de Robert A. Heinlein, l'auteur d'une considĂ©ration assez proche. La rĂšgle tire son nom du rasoir d'Ockham, qui pose un principe de simplicitĂ©, tant au niveau mĂ©taphysique, en recommandant de ne pas multiplier les conjectures sur les entitĂ©s, qu'au niveau mĂ©thodologique, en recommandant de ne pas multiplier les hypothĂšses. Elle revient donc Ă  considĂ©rer soit qu'il est plus simple et donc plus plausible de supposer la bĂȘtise plutĂŽt que la malveillance, la premiĂšre Ă©tant plus vraisemblable en gĂ©nĂ©ral, soit qu'il est inutile d'ajouter la conjecture d'une intention maligne Ă  celle d'un manque de compĂ©tence. Cette rĂšgle ne caractĂ©rise toutefois la bĂȘtise qu'au plan du comportement. D'autres notions, celles de biais cognitif, de principe de charitĂ© ou d'effet pervers, permettent d'Ă©viter que l'opposition entre malveillance et bĂȘtise ne devienne un faux dilemme.

Le Tribunal de la Sottise de Gérard de Lairesse. L'accusé, poursuivi par la Haine, est mené par la Calomnie, l'Envie et la Perfidie devant un juge aux oreilles d'ùne, entouré de l'Ignorance et de la Suspicion[1].

Formulation et traduction

La formulation anglaise habituelle du rasoir de Hanlon est la suivante : « Never attribute to malice that which is adequately explained by stupidity. » Elle pose deux problÚmes de traduction en français.

  • Le mot anglais « malice » n'est qu'imparfaitement rendu en français par « malice ». Le sens du terme anglais est en effet plus proche de celui qu'avait le mot français jusqu'au XVIIe siĂšcle, celui d'intention de nuire, et ne comporte pas nĂ©cessairement l'idĂ©e de plaisir Ă  s'amuser aux dĂ©pens d'autrui[2]. Il est donc mieux rendu en français par malveillance.
  • La traduction du terme anglais « stupidity » est encore plus dĂ©licate. Selon une Ă©tude relative aux Darwin Awards et publiĂ©e par le British Medical Journal, la stupiditĂ© (stupidity) est le fait d'une personne qui, tout en Ă©tant capable d'un jugement sain, fait preuve d'une mauvaise application Ă©tonnante du sens commun[3] - [4]. Dans son essai homonyme, Avital Ronell note que « stupidity se transpose difficilement en Dummheit »[N 1], de mĂȘme qu'il ne peut tenir dans les limites de la « bĂȘtise »[10], mais prĂ©cise immĂ©diatement en note que « le terme français le plus utilisĂ© pour traduire stupidity est, bien entendu, « bĂȘtise »[11]. La bĂȘtise sur laquelle tranche le rasoir de Hanlon n'est ni la stupiditas telle que l'Ă©voque Thomas Willis, un « dĂ©faut de l'intelligence et du jugement » qui voisine la dĂ©mence (morosis)[12] - [13] ; ni le fait d'avoir « le jugement bon, mais [
] point la conception prompte »[14], un dĂ©faut de promptitude d'esprit, au sens oĂč l'entend Leibniz[15] ; ni un « dĂ©faut de sentiment », au sens oĂč Gabriel Girard la distingue de l'idiotie et de la bĂȘtise[16] et oĂč Montaigne la caractĂ©rise comme un Ă©tat « qui nous transit lorsque les accidents nous accablent, surpassant notre portĂ©e »[17] ; mais plutĂŽt ce que ClĂ©ment Rosset caractĂ©rise comme « sottise positive » et dont il prend pour exemple Bouvard et PĂ©cuchet[N 2] : « elle ne consiste pas du tout Ă  ne pas comprendre quelque chose, mais Ă  tirer de son propre fond quelque activitĂ© ou tĂąche absurdes auxquelles elle entreprend de se dĂ©vouer corps et Ăąme ; elle est pure activitĂ©[20] - [22]. »

Le rasoir de Hanlon se traduit donc en français de la maniĂšre suivante : « Ne jamais attribuer Ă  la malveillance ce que la bĂȘtise suffit Ă  expliquer. » Dans une formulation alternative, la bĂȘtise est remplacĂ©e par l'incompĂ©tence (incompetence)[23] - [24]. On prĂȘte Ă  Michel Rocard la paraphrase suivante : « Toujours prĂ©fĂ©rer l'hypothĂšse de la connerie Ă  celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare[25] - [26]. »

Histoire

PremiÚre formulation supposée

Cet Ă©noncĂ© aurait Ă©tĂ© formulĂ© en 1980 par le dĂ©veloppeur amĂ©ricain Robert J. Hanlon, alors programmeur Ă  la base militaire de Scranton (Pennsylvanie). Le psychologue amĂ©ricain Mardy Grothe affirme s'ĂȘtre entretenu avec la veuve de Robert J. Hanlon, qui lui a confirmĂ© que son Ă©poux avait soumis cette « loi » Ă  l'Ă©crivain amĂ©ricain Arthur Bloch pour publication[27]. Ce dernier publia la mĂȘme annĂ©e ledit Ă©noncĂ© en tant que « loi de Hanlon » dans un livre consacrĂ© Ă  la loi de Murphy[28].

Antécédents possibles

Plusieurs auteurs, doutant de l'attribution de l'aphorisme à Robert J. Hanlon, ont recherché de possibles antécédents, que Garson O'Toole a recensés[29] :

  • Il a pu ĂȘtre attribuĂ© Ă  NapolĂ©on Bonaparte (1769-1821)[23], mais l'affirmation est douteuse[30] - [N 3].
  • Le philosophe anglais David Hume Ă©crit en 1757 dans son Histoire naturelle de la religion : « Nous penchons tous Ă  attribuer de la bonne ou de la mauvaise volontĂ© Ă  toutes les choses indiffĂ©remment qui nous plaisent ou qui nous choquent[32]. » ;
  • Goethe en 1774 dans Les Souffrances du jeune Werther fait Ă©crire Ă  un de ses personnages : « Les malentendus et l’indolence causent peut-ĂȘtre plus de dĂ©sordres dans le monde que la ruse et la mĂ©chancetĂ©. Ces deux derniĂšres au moins sont assurĂ©ment plus rares[33]. » ;
  • La romanciĂšre anglaise Jane West Ă©crit en 1812 : « N'attribuons pas Ă  la malveillance ou Ă  la cruautĂ© ce qui peut ĂȘtre renvoyĂ© Ă  des motifs moins criminels[34]. » ;
  • En 1898, le peintre anglais William James Laidley, dans un essai sur la Royal Academy, Ă©crit : « Certaines personnes [en conduisent d'autres au dĂ©sastre] sans malveillance ; en fait, bien au contraire, c'est plutĂŽt de la bĂȘtise[35]. » ;
  • Le biologiste allemand Ernst Haeckel Ă©crit en 1898 dans Les Énigmes de l'univers que : « Des trois grandes ennemies de la raison et de la science, la plus dangereuse n'est pas la mĂ©chancetĂ© mais l'ignorance et peut-ĂȘtre plus encore la paresse[36]. » ;
  • En 1918 le thĂ©ologien protestant amĂ©ricain Arthur Cushman McGiffert Ă©crit : « L'ignorance et non la malveillance est la pire ennemie du progrĂšs humain[37] - [38]. » ;
  • En 1937, l'Ă©ditorialiste amĂ©ricain Thomas F. Woodlock Ă©crit : « La majeure partie de ce que les victimes prennent pour de la malveillance est explicable en termes d'ignorance, d'incompĂ©tence ou d'un mĂ©lange des deux[39]. » ;
  • En 1941 l'Ă©crivain de science-fiction amĂ©ricain Robert A. Heinlein fait dire Ă  un personnage dans un dialogue : « Vous avez attribuĂ© Ă  de l'infamie ce qui rĂ©sulte simplement de la bĂȘtise[40]. » ;
  • En 1945, la philosophe amĂ©ricaine Ayn Rand Ă©crit : « La cause du mal est la bĂȘtise, pas la malveillance[41]. »

Analyse

Un cas particulier du rasoir d'Ockham

Gravure du buste de Platon
Buste de Platon. Selon Karl Popper, « ce n'est qu'aprÚs avoir reconnu la pluralité de ce qui est au monde que nous pouvons sérieusement utiliser le rasoir d'Ockham. Pour renverser une belle formulation de Quine[N 4], ce n'est que si la barbe de Platon est suffisamment dure et enchevelée par de nombreuses entités que cela vaut la peine d'utiliser le rasoir d'Ockham »[43].

Le terme de « rasoir » dĂ©signe en philosophie une rĂšgle heuristique Ce lien renvoie vers une page d'homonymie qui permet d'Ă©liminer, de « raser », des hypothĂšses. Il fait rĂ©fĂ©rence au rasoir d'Ockham[44], une pĂ©tition de simplicitĂ© souvent formulĂ©e comme suit : « Il ne faut pas multiplier les entitĂ©s au-delĂ  de la nĂ©cessitĂ© » (« Entia non sunt multiplicanda prĂŠter necessitatem »)[45]. Le principe tire son nom de Guillaume d'Ockham, un logicien du Moyen Âge, quand bien mĂȘme sa formulation ne se trouve pas chez lui[46].

Le rasoir d'Ockham est censĂ©, pour certains auteurs, exprimer un principe mĂ©taphysique de simplicitĂ©, selon lequel rien dans la nature n'est superflu, les faits eux-mĂȘmes Ă©tant simples et s'expliquant au mieux par des hypothĂšses les plus simples possibles[47]. C'est le sens des premiĂšres apparitions de l'expression en français, au XVIIIe siĂšcle, notamment chez Pierre Bayle[48], qui Ă©voque en 1720, Ă  propos de la querelle des universaux, le « rasoir des Nominaux », selon lequel « la nature ne fait rien en vain, natura nihil frustra fecit, et c'est en vain que l'on emploie plusieurs causes pour un effet qu'un plus petit nombre de causes peut produire aussi commodĂ©ment »[49]. Une autre analyse du rasoir d'Ockham consiste Ă  considĂ©rer qu'il n'a qu'une portĂ©e mĂ©thodologique, en invitant Ă  ne pas multiplier inutilement les hypothĂšses, au sens oĂč Ockham lui-mĂȘme Ă©crit : « C'est en vain que l'on fait avec plusieurs ce que l'on peut faire avec un petit nombre »[50]. La premiĂšre interprĂ©tation a Ă©tĂ© qualifiĂ©e de principe de parcimonie ou de simplicitĂ© sĂ©mantique et la seconde, de principe d'Ă©lĂ©gance ou de simplicitĂ© syntactique[51] - [52] - [N 5].

Qui traite du problĂšme du mal

Photo en couleur d'Eichmann durant son procĂšs.
Adolf Eichmann durant son procÚs à Jérusalem en 1961. Pour Hannah Arendt, « Eichmann n'était ni un Iago, ni un Macbeth ; et il ne lui serait jamais venu à l'esprit, comme à Richard III, de faire le mal par principe »[55].

De la mĂȘme maniĂšre, le problĂšme du mal traitĂ© par le rasoir de Hanlon, dont plusieurs auteurs soulignent la connexitĂ© avec celui d'Ockham[56] - [57] - [58], se prĂȘte Ă  deux analyses, au plan ontologique ou au plan mĂ©thodologique.

Plusieurs auteurs estiment que le rasoir de Hanlon procÚde d'un principe d'élégance : il s'agirait simplement de ne pas recourir à des hypothÚses inutiles, cette approche étant souvent mùtinée d'une invocation du principe de parcimonie, lesdites hypothÚses réputées inutiles étant également présentées comme inutilement compliquées. Tel est notamment le cas de l'utilisation du rasoir de Hanlon pour écarter les théories du complot[59] - [60] - [61] - [N 6].

En revanche, d'autres auteurs estiment que l'hypothĂšse de la bĂȘtise doit ĂȘtre privilĂ©giĂ©e par rapport Ă  celle de la malveillance, parce qu'elle est plus simple, c'est-Ă -dire plus radicale. Pour la philosophe amĂ©ricaine Ayn Rand, « la cause du mal est la bĂȘtise, pas la malveillance »[41]. Carlo Cipolla rappelle Ă  ce sujet la formulation de l'EcclĂ©siaste, « le nombre des sots est infini » (« Stultorum infinitus est numerus »)[64], que l'on trouve d'ailleurs Ă  l'identique dans le Protagoras de Platon, attribuĂ©e Ă  Simonide[65] - [N 7]. Roland Barthes, de son cĂŽtĂ©, estime que « ce qui vient Ă  l'esprit est d'abord bĂȘte »[69] et Gilles Deleuze, que « la bĂȘtise (non pas l'erreur) constitue la plus grande impuissance de la pensĂ©e, mais aussi la source de [...] ce qui la force Ă  penser »[70].

Un exemple extrĂȘme du lien entre bĂȘtise, absence de pensĂ©e et malignitĂ© est celui d'Adolf Eichmann, Ă  propos duquel Hannah Arendt soulĂšve la question de savoir s'il Ă©tait « un cas modĂšle [...] de stupiditĂ© extrĂȘme »[71] et dĂ©veloppe pour y rĂ©pondre le concept de banalitĂ© du mal. Elle relĂšve qu'il « disait toujours la mĂȘme chose avec les mĂȘmes mots. Plus on l'Ă©coutait, plus on se rendait Ă  l'Ă©vidence que son incapacitĂ© Ă  s'exprimer Ă©tait Ă©troitement liĂ©e Ă  son incapacitĂ© Ă  penser — Ă  penser notamment du point de vue d'autrui »[72]. Pour Arendt, Eichmann « ne s'est jamais rendu compte de ce qu'il faisait » ; il « n'Ă©tait pas stupide, il Ă©tait inconscient — ce qui n'est pas du tout la mĂȘme chose »[55]. Elle ajoute ultĂ©rieurement : « Eichmann Ă©tait tout Ă  fait intelligent, mais il avait cette bĂȘtise en partage. C'est cette bĂȘtise qui Ă©tait si rĂ©voltante. Et c'est prĂ©cisĂ©ment ce que j'ai voulu dire par le terme de banalitĂ©. Il n'y a lĂ  aucune profondeur, rien de dĂ©moniaque ! Il s'agit simplement du refus de se reprĂ©senter ce qu'il en est vĂ©ritablement de l'autre »[73]. L'un des aspects de la « bĂȘtise rĂ©voltante » d'Eichmann, « l'obĂ©issance aveugle, — « obĂ©issance de cadavre » (Kadavergehorsam) comme il disait lui-mĂȘme »[74], a fait l'objet d'une vĂ©rification expĂ©rimentale connue sous le nom d'expĂ©rience de Milgram[75].

Comme le note Umberto Eco, la bĂȘtise est consubstantielle au rĂ©seautage social[N 8]. Dans Good Faith Collaboration, Joseph Reagle analyse la prĂ©somption de bonne foi[N 9] comme une rĂšgle de comportement analogue au rasoir de Hanlon et destinĂ©e Ă  « contribuer Ă  positionner les attentes sociales » (« help set social expectations ») Ă  l'Ă©gard des contributeurs de WikipĂ©dia[78]. Selon Dariusz Jemielniak, il s'agit lĂ  d'« une des plus importantes rĂšgles de comportement » du projet, que cet auteur met en rapport avec la rĂšgle recommandant de « ne pas mordre les nouveaux[N 10] », car « les nouveaux contributeurs font souvent des erreurs idiotes et n'arrivent pas Ă  Ă©crire des articles en se conformant Ă  des normes qu'ils ignorent »[79]. L'analogie soulignĂ©e par Joseph Reagle ne signifie cependant pas que la prĂ©somption de bonne foi ne procĂšde que d'une analyse logique ou que le rasoir de Hanlon est la seule explication de cette rĂšgle de comportement. Paul de Laat, s'appuyant sur les analyses de Victoria McGeer sur « l'espoir substantiel » en tant qu'Ă©tat d'esprit et condition de la « confiance substantielle »[80], estime qu'il s'agit plutĂŽt d'une pĂ©tition de confiance, d'un principe d'Ă©lĂ©gance fondĂ© sur l'espoir que la confiance accordĂ©e Ă  autrui suscitera des contributions encyclopĂ©diques[81]. Pierre Willaime et Alexandre Hocquet, au contraire, y voient un principe de parcimonie, une « conception de la connaissance par tĂ©moignage proche du principe de vĂ©racitĂ© de Thomas Reid, selon lequel nous sommes naturellement enclins Ă  dire la vĂ©ritĂ© »[82].

Le fait que le rasoir de Hanlon n'Ă©value pas la cause du mal donne lieu Ă  une formulation alternative : « Ne jamais attribuer Ă  la malveillance ce que la bĂȘtise suffit Ă  expliquer, mais ne pas exclure la malveillance » (« Never attribute to malice that which is adequately explained by stupidity... but don't rule out malice »)[83] - [84]. La formulation prudente, ne pas exclure la malveillance, s'analyse comme le fait que le rasoir de Hanlon s'applique Ă  des situations de raisonnement rĂ©visable[85], oĂč il convient d'appliquer une logique non monotone[86].

Sans rĂ©gler celui de la bĂȘtise

Typologie des agents selon le résultat de leur interaction avec les patients selon Cipolla[87]
Perte de l'agentGain de l'agent
Gain du patient Désespérant
(Helpless)
Intelligent
(Intelligent)
Perte du patient BĂȘte[N 11]
(Stupid)
Malveillant
(Bandit)
Un cas particulier de bĂȘtise malveillante : le sabotage. Un manuel de l'Office of Strategic Services (1944, ci-dessus couverture et p. 32), consacrĂ© aux techniques simples de sabotage, recommande la bĂȘtise dĂ©libĂ©rĂ©e (act stupid)[89] - [90].
  • Couverture de livre.
  • Page de livre.

La dimension aphoristique de la formulation concise choisie par Hanlon pose un problĂšme, celui de la comprĂ©hension du sens qu'il donne Ă  la notion de bĂȘtise, cette derniĂšre n'Ă©tant cernĂ©e qu'Ă  partir de ses effets, au sens oĂč Robert Musil Ă©voque le « critĂšre central » de la psychiatrie, qui, selon lui, dĂ©finit la bĂȘtise comme un « comportement qui ne parvient pas Ă  mener Ă  bien une action pour la rĂ©ussite de laquelle toutes les conditions indĂ©pendantes de la personne agissante sont rĂ©unies »[91]. Le tableau ci-contre montre une telle caractĂ©risation de la bĂȘtise par ses seuls rĂ©sultats dans la troisiĂšme loi de la bĂȘtise de Carlo Cipolla, qui, posant qu'une personne bĂȘte est une personne qui cause des pertes Ă  une autre personne ou Ă  un groupe de personnes sans en tirer elle-mĂȘme un gain, voire en en tirant une perte, oppose la bĂȘtise Ă  la malveillance, par exemple celle du « bandit » qui, dans le cas « parfait », cause Ă  sa victime une perte Ă©gale Ă  son propre gain[92] - [N 12]. Cipolla en tire la cinquiĂšme de ses Lois fondamentales de la bĂȘtise : « La bĂȘte est le type de personne le plus dangereux » ; avec un corollaire : « Une bĂȘte est plus dangereuse qu'un bandit »[96].

Le statut de la disjonction entre bĂȘtise et malveillance n'est cependant pas clarifiĂ© par le rasoir de Hanlon. Cette disjonction n'est pas nĂ©cessairement inclusive, au sens oĂč comme le souligne Avital Ronell, la bĂȘtise n'est pas « le signe en tant que tel d'une faute morale »[97], quand bien mĂȘme elle est souvent associĂ©e Ă  une intention malveillante[98]. Comme le commente RenĂ© Major, elle a, selon Ronell, « un effet de malignitĂ© [et] appelle un jugement ou une Ă©thique »[99]. Qu'elle soit une explication plus simple que la malveillance, par parcimonie ou par Ă©lĂ©gance, n'implique cependant pas qu'elle l'exclue. Jean-Luc Nancy note que bĂȘtise et mĂ©chancetĂ© vont souvent de pair, et estime qu'il existe « une proximitĂ© troublante, menaçante »[100], qu'il explique Ă  partir d'une analyse de la notion de violence : « la violence est profondĂ©ment bĂȘte. Mais bĂȘte au sens le plus fort, le plus Ă©pais, le moins rĂ©parable. Non pas la bĂȘtise d’un dĂ©faut d’intelligence, mais bien pire, la connerie de l’absence de pensĂ©e, et d’une absence voulue, calculĂ©e par son intelligence crispĂ©e »[101] - [102].

Cette imprĂ©cision a conduit certains auteurs Ă  privilĂ©gier des formulations alternatives, oĂč la bĂȘtise est remplacĂ©e par l'incompĂ©tence. À la suite de la publication du Principe de Peter[103], plusieurs auteurs se sont intĂ©ressĂ©s Ă  la distinction entre bĂȘtise individuelle et incompĂ©tence organisationnelle[104]. Mats Alvesson et Andre Spicer ont cherchĂ© Ă  prĂ©ciser la notion de bĂȘtise dans un contexte de thĂ©orie des organisations. Selon ces auteurs, la bĂȘtise ne saurait ĂȘtre rĂ©duite Ă  « un comportement pathologique ou irrationnel ou dysfonctionnel » (« pathology, irrationality or dysfunctional thinking »), voire une « dĂ©ficience mentale » ; il peut s'agir soit d'ignorance, soit d'incapacitĂ© Ă  mobiliser un savoir, soit du refus de mettre en question un prĂ©jugĂ©[105]. Cette approche les conduit Ă  utiliser la notion de « bĂȘtise fonctionnelle », caractĂ©risĂ©e par trois dĂ©ficiences de la « capacitĂ© cognitive » : le manque de « rĂ©flexivitĂ© », qui se traduit par un refus ou une incapacitĂ© Ă  questionner les prĂ©jugĂ©s ou les normes et Ă  prendre pour intangibles les routines organisationnelles ; le manque de « justification », qui conduit Ă  estimer ne pas devoir rendre compte de ses actions ou Ă  ĂȘtre incapable de le faire ; et le manque de « raisonnement substantiel », qui se traduit par une concentration des ressources cognitives sur un nombre rĂ©duit d'objectifs, au dĂ©triment d'une apprĂ©ciation plus large et plus substantielle de la situation[105] - [106] - [107]. Le concept de bĂȘtise fonctionnelle a toutefois fait l'objet de critiques en tant que buzzword[108].

Sur le plan philosophique, les questions soulevĂ©es par le rasoir de Hanlon Ă  propos de l'articulation entre les notions de bĂȘtise, d'incompĂ©tence et de malveillance sont abordĂ©es dans le cadre de l'Ă©pistĂ©mologie des vertus (en). Kevin Mulligan et Pascal Engel dĂ©finissent la bĂȘtise comme un « vice cognitif »[109] ou comme un « vice Ă©pistĂ©mique »[110]. Pascal Engel, s'appuyant sur la distinction d'Ernest Sosa entre compĂ©tence et performance[111] et sur celle de Robert Musil entre bĂȘtise naĂŻve et bĂȘtise supĂ©rieure[112] - [113] - [114], note que « la propriĂ©tĂ© d'ĂȘtre bĂȘte semble dĂ©signer, dans de nombreux cas, un certain manque de compĂ©tence ou un manque des dispositions ou capacitĂ©s innĂ©es nĂ©cessaires Ă  la connaissance, et donc un dĂ©faut dont l'agent n'est pas responsable. D'un autre cĂŽtĂ©, la bĂȘtise est un dĂ©faut dans un certain type de performance, une incapacitĂ© Ă  exercer sa compĂ©tence cognitive. Dans de nombreux cas, cette incapacitĂ© est, au moins partiellement, sous le contrĂŽle de l'agent, non pas au sens d'une action volontaire, mais parce qu'elle illustre une certaine forme de vanitĂ© ou de fatuitĂ©, dont il est responsable [...] Ce trait soulĂšve le vieux problĂšme de la relation entre les vertus intellectuelles et les vertus morales : dans quelle mesure la bĂȘtise rĂ©sulte-t-elle d'une dĂ©ficience intellectuelle ou d'une dĂ©ficience morale[115] ? »

Corollaires

Le rasoir de Hanlon connaĂźt un corollaire, parfois nommĂ© « loi de Grey », selon lequel Ă  un degrĂ© suffisant, la bĂȘtise (ou l'incompĂ©tence) est indistinguable de la malveillance[57], et dont la formulation Ă©voque sur le mode plaisant la troisiĂšme loi de Clarke, « toute technologie suffisamment avancĂ©e est indiscernable de la magie ».

L'auteur amĂ©ricain Douglas Hubbard, estimant qu'en l'absence d'une « coordination centrale » les individus agissent selon leur intĂ©rĂȘt personnel et peuvent produire des rĂ©sultats « ayant l'apparence d'un complot ou d'une Ă©pidĂ©mie d'ignorance », a proposĂ© un autre corollaire « plus gauche » : « Ne jamais attribuer Ă  la malveillance ou Ă  la stupiditĂ© ce qui peut s'expliquer par des individus modĂ©rĂ©ment rationnels rĂ©agissant Ă  des incitations dans un systĂšme complexe d'interactions »[116].

Autres approches

DiffĂ©rentes autres approches permettent de complĂ©ter ou de nuancer le rasoir de Hanlon, voire de problĂ©matiser l'opposition entre malveillance et bĂȘtise en tant que faux dilemme.

Biais d'attribution

Portrait gravé, de face et de profil, à mi-corps.
Essai sur la physiognomonie, dĂ©tail d'une planche intitulĂ©e « Des fous ». Pour Johann Kaspar Lavater, la physiognomonie est un moyen sĂ»r de reconnaĂźtre la bĂȘtise[117].

Le fait d'accorder une importance privilĂ©giĂ©e Ă  un schĂ©ma explicatif peut procĂ©der d'un biais cognitif. Trois biais peuvent ainsi ĂȘtre Ă  l’Ɠuvre dans l'alternative entre une attribution du comportement d'un individu Ă  la malveillance ou Ă  la bĂȘtise, l'incompĂ©tence ou l'ignorance :

  • l'existence du rasoir de Hanlon peut induire Ă  son utilisation. Ce biais a Ă©tĂ© dĂ©crit comme le « marteau de Maslow », par rĂ©fĂ©rence Ă  un aphorisme d'Abraham Maslow, selon lequel « tout ressemble Ă  un clou pour qui ne possĂšde qu'un marteau »[118] ;
  • la tendance Ă  interprĂ©ter la conduite d'autrui, quand bien mĂȘme ambiguĂ« ou bĂ©nigne, comme exprimant une intention hostile peut provenir d'un biais d'attribution hostile[119] - [120] ;
  • le fait de privilĂ©gier dans l'interprĂ©tation d'un comportement les caractĂ©ristiques d'une personne, qu'il s'agisse de son caractĂšre, de ses facultĂ©s ou de ses intentions, au dĂ©triment de celles de la situation peut procĂ©der d'un biais parfois nommĂ© l'erreur fondamentale d'attribution[121].

Principe de charité

La pertinence du rasoir de Hanlon est en partie remise en question par le principe de charitĂ©, un principe de « bienveillance interprĂ©tative »[122] qui consiste Ă  attribuer aux dĂ©clarations d'autrui un maximum de rationalitĂ©[N 13]. Ce principe a notamment Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ© par deux logiciens amĂ©ricains, Willard Quine et Donald Davidson. Le premier, dans le contexte d'une rĂ©flexion sur le problĂšme de la traduction, estime qu'il est « probable que les assertions manifestement fausses Ă  simple vue fassent jouer des diffĂ©rences cachĂ©es de langage » et prĂ©cise : « la bĂȘtise de l’interlocuteur, au-delĂ  d’un certain point, est moins probable qu’une mauvaise traduction »[127]. Le second a Ă©tendu le principe en estimant que « nous donnons un maximum de sens aux mots et aux pensĂ©es des autres en les interprĂ©tant d'une maniĂšre qui optimise l'accord »[128]. Pour Davidson, comme le prĂ©cise Pascal Engel, cela signifie que le principe de charitĂ© doit ĂȘtre compris non « comme un principe de maximisation de l’accord, mais comme un principe d'optimisation de la comprĂ©hension »[129]. Selon Isabelle Delpla, le principe de charitĂ© se prĂȘte Ă  une double lecture : « Pour autant qu’une extrĂȘme stupiditĂ© tourne Ă  l’absurditĂ©, il s’agit d’une exigence Ă©pistĂ©mique, l’interprĂ©tation visant Ă  donner du sens, Ă  rendre les autres intelligibles. Par ailleurs, prĂ©sumer de la stupiditĂ© des autres est une attitude de supĂ©rioritĂ© condescendante qui doit ĂȘtre bannie selon une exigence Ă©thique de respect et d’équitĂ© nous enjoignant de considĂ©rer les autres comme nos semblables, la stupiditĂ© ou l’imbĂ©cillitĂ© Ă©tant prises au sens gĂ©nĂ©ral d’infĂ©rioritĂ© ou de faiblesse d’esprit »[130]. Mihnea Moldoveanu et Ellen Langer ont Ă©largi l'application de ce principe pour estimer que l'on ne peut qualifier de stupide un comportement inadaptĂ© auquel on peut trouver une justification plausible[131]. Roy Sorensen note toutefois que l'application du principe de charitĂ© peut conduire, en Ă©cartant une explication en termes de bĂȘtise, Ă  privilĂ©gier l'hypothĂšse du manque de sincĂ©ritĂ©[132] - [N 14].

Effets pervers

Page de couverture
Selon Bernard Mandeville, l'auteur de La Fable des abeilles (publiée pour la premiÚre fois en 1705), « les vices privés font le bien public »[134].

Plusieurs recherches en sciences sociales s'intĂ©ressent aux consĂ©quences involontaires des actions[135], sans pour autant rĂ©duire le modĂšle explicatif Ă  l'alternative malveillance ou bĂȘtise. La problĂ©matique de l'effet pervers a notamment[136] Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e par le sociologue amĂ©ricain Robert K. Merton. Dans un article de 1936, il dĂ©veloppe le concept de « consĂ©quences inattendues des actions sociales tĂ©lĂ©ologiques » (« unanticipated consequences of purposive social actions »)[137] - [N 15], en s'attachant exclusivement aux consĂ©quences « imprĂ©vues » (unforeseen) de l'action « tĂ©lĂ©ologique », c'est-Ă -dire Ă  la conduite en tant qu'elle se distingue du comportement, autrement dit Ă  l'action motivĂ©e rĂ©sultant d'un choix entre plusieurs options, en laissant dĂ©libĂ©rĂ©ment de cĂŽtĂ© toute considĂ©ration sur les motifs eux-mĂȘmes et en se dispensant mĂȘme de conjecturer qu'une telle conduite ait toujours un but explicite. Il met Ă©galement son lecteur en garde contre « l'imputation causale » post facto, Ă  propos de laquelle il dĂ©veloppera ultĂ©rieurement le concept de prophĂ©tie autorĂ©alisatrice. AprĂšs avoir rappelĂ© l'importance des deux facteurs Ă©vidents que sont l'ignorance et l'erreur, il en souligne trois autres :

  • « l'impĂ©rieuse immĂ©diatetĂ© de l'intĂ©rĂȘt », c'est-Ă -dire la prioritĂ© donnĂ©e Ă  l'avantage personnel immĂ©diat au dĂ©triment d'objectifs Ă  plus long terme, par exemple l'enrichissement individuel, Ă  propos duquel Merton rappelle que, selon Adam Smith, c'est la main invisible et non l'agent lui-mĂȘme qui assure que la poursuite de cet objectif contribue au bien commun[N 16] ;
  • « les valeurs fondamentales » (basic values) de l'agent. Merton met en avant « le paradoxe fondamental de l'action sociale, le fait que la « rĂ©alisation » des valeurs peut conduire Ă  une renonciation Ă  celles-ci »[137], donne comme exemple l'analyse de Max Weber dans L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme sur le fait que l'ascĂ©tisme protestant conduit Ă  sa propre nĂ©gation et retourne l'expression du Faust de Goethe pour qualifier ces valeurs de « force qui Ă©ternellement veut le bien et qui Ă©ternellement fait le mal »[N 17] ;
  • la notion de prophĂ©tie autodestructrice[N 18], c'est-Ă -dire la crainte de certaines consĂ©quences qui conduit Ă  les contrecarrer avant que le problĂšme anticipĂ© ne survienne. Merton donne comme exemple le fait que les thĂšses de Karl Marx sur l'accroissement de la concentration de richesse et l'appauvrissement croissant des masses ont conduit au dĂ©veloppement d'organisations de travailleurs luttant contre les consĂ©quences prĂ©vues.

Notes et références

Notes

  1. Avital Ronell donne comme exemple du champ sĂ©mantique du terme allemand Dummheit la remarque de Heidegger qualifiant son annĂ©e de rectorat de « plus grosse bĂȘtise de sa vie » (« die grĂ¶ĂŸte Dummheit meines Lebens »)[5] - [6]. Elle estime que le choix du terme vise Ă  Ă©viter une imputation de malveillance[7]. Jacques Derrida, rĂ©sumant l'analyse de Ronell, considĂšre que le choix de ce terme revient Ă  y voir « une bĂȘtise politique donc. Mais une bĂȘtise comme acte, opĂ©ration, moment, faux-pas accidentel et non comme trait de caractĂšre permanent et structurel »[8]. Le gĂ©nĂ©ral allemand Kurt von Hammerstein emploie toutefois le terme de Dummheit d'une maniĂšre trĂšs proche de la bĂȘtise flaubertienne quand il recommande de « prendre garde Ă  qui est sot (dumm) et travailleur, car il ne provoquera jamais que des dĂ©sastres »[9].
  2. Comme le rappelle Michel Fabre[18], Maupassant considĂ©rait Bouvard et PĂ©cuchet comme un « livre Ă©trange et encyclopĂ©dique, qui pourrait porter comme sous-titre : « Du dĂ©faut de mĂ©thode dans l’étude des connaissances humaines »[19].
  3. Tout au plus Las Cases rapporte-t-il le propos suivant, tenu à Sainte-HélÚne : « Le travers d'esprit ou la mauvaise foi des déclamateurs tombera devant mes résultats[31]. »
  4. Quine Ă©crit, Ă  propos de ce qu'il appelle « la vieille Ă©nigme platonicienne » de l'existence du non-ĂȘtre, que « cette doctrine embrouillĂ©e pourrait ĂȘtre surnommĂ©e la barbe de Platon ; elle s'est montrĂ©e historiquement rĂ©sistante, Ă©moussant frĂ©quemment le rasoir d'Ockham »[42].
  5. Hans Reichenbach, de son cÎté, distingue la simplicité inductive de la simplicité descriptive[53] - [54].
  6. Selon le site Farnam Street, le rasoir de Hanlon, considĂ©rĂ© comme un modĂšle permettant d'Ă©carter les thĂ©ories du complot, peut parfois porter Ă  faux : tel serait le cas du dĂ©ni par J. Edgar Hoover de l'existence de la mafia amĂ©ricaine jusqu'Ă  la rĂ©union d'Apalachin organisĂ©e en 1957 par le gangster Joesph Barbara dit « Joe le barbier »[62]. Ce contre-exemple n'est toutefois pas trĂšs probant dans la mesure oĂč le directeur du FBI prĂ©fĂ©rait ignorer la menace mafieuse pour poursuivre les « Ă©pouvantails » communistes[63].
  7. Johann Balthasar Schupp affirme mĂȘme qu'il y a « dans le monde plus de sots que d'hommes »[66]. Ce point de vue est Ă©galement exprimĂ© sous forme humoristique par la « loi de Zappa », tantĂŽt attribuĂ©e Ă  Frank Zappa et tantĂŽt Ă  Harlan Ellison, selon laquelle les deux Ă©lĂ©ments les plus rĂ©pandus dans l'univers sont l'hydrogĂšne et la bĂȘtise[67] - [68].
  8. Dans une confĂ©rence de presse tenue en marge de sa rĂ©ception comme docteur honoris causa de l'UniversitĂ© de Turin, le 10 juin 2015, Eco affirme que « les rĂ©seaux sociaux donnent le droit de parler Ă  des lĂ©gions d'imbĂ©ciles qui, jusque-lĂ , ne parlaient qu'au bar aprĂšs un verre de vin, sans causer de dommage Ă  la collectivitĂ©. On les faisait taire aussitĂŽt, alors que dĂ©sormais ils ont le mĂȘme droit Ă  la parole qu'un prix Nobel. C'est l'invasion des imbĂ©ciles »[76] - [77].
  9. Pour Wikipédia en français, la recommandation correspondante est : Wikipédia:Supposer la bonne foi.
  10. Pour Wikipédia en français, la recommandation correspondante est : Wikipédia:Ne mordez pas les nouveaux.
  11. Le traducteur de l'édition française a choisi de rendre stupid par « crétin »[88].
  12. Cipolla n'est pas le seul auteur à mettre en avant cette caractérisation. Michel Audiard glisse dans Les Tontons flingueurs un apophtegme connexe, qui, selon Denis Moreau, figurait déjà, mutatis mutandis, chez Thomas d'Aquin : « Toutes les personnes stupides, et ceux qui ne se servent pas de leur discernement, ont toutes les audaces » (« Omnes stulti, et deliberatione non utentes, omnia tentant »)[93] - [94]. Ce dernier comportement a fait l'objet d'une vérification expérimentale, connue sous le nom d'effet Dunning-Kruger[95].
  13. Ce principe revient Ă  opposer Ă  la maxime de l'EcclĂ©siaste selon laquelle « le nombre des sots est infini », que Carlo Cipolla reformule en affirmant que le nombre de personnes stupides est toujours et partout sous-estimĂ©[64], et Ă  Chamfort selon lequel la sottise « a convenu au plus grand nombre »[123] (citĂ© par Flaubert en exergue du Dictionnaire des idĂ©es reçues[124], par Dupin dans La Lettre volĂ©e[125] et par Marcel Schwob dans les MƓurs des Diurnales[126]), le principe cartĂ©sien selon lequel « le bon sens est la chose du monde le mieux partagĂ©e ».
  14. Le philosophe amĂ©ricain Daniel Dennett se demande jusqu'oĂč il faut pousser la charitĂ© dans l'examen d'un point de vue adverse, en particulier en prĂ©sence d'une contradiction manifeste. Il rĂ©pond Ă  cette question en se rĂ©fĂ©rant aux analyses d'Anatol Rapoport sur ce que ce dernier appelle la stratĂ©gie CoopĂ©ration-rĂ©ciprocitĂ©-pardon[133].
  15. AprĂšs s'ĂȘtre intĂ©ressĂ© en 1936 aux consĂ©quences « inattendues » (unanticipated), Merton a employĂ© de maniĂšre Ă©quivalente le terme « involontaires » (unintended), qui est depuis plus largement utilisĂ© par les sociologues[138].
  16. La main invisible est généralement associée par les économistes avec l'effet pervers[139].
  17. Dans le Faust de Goethe, MĂ©phistophĂ©lĂšs dit ĂȘtre « une partie de cette force qui veut toujours le mal et fait toujours le bien ».
  18. L'expression « prophĂ©tie autodestructrice » n'apparaĂźt pas dans l'article de Merton, qui cite cependant John Venn sur la « prophĂ©tie suicidaire », que ce dernier dĂ©finit comme ne tenant pas compte de « l'effet de la prophĂ©tie elle-mĂȘme sur ce Ă  quoi elle se rĂ©fĂšre »[140].

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  22. Cette considĂ©ration peut ĂȘtre rapprochĂ©e du propos attribuĂ© Ă  Alexandre Dumas fils : « Si je devais faire un choix, entre les mĂ©chants et les imbĂ©ciles, ce serait les mĂ©chants, parce qu'ils se reposent[21]. ».
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    « La valeur cognitive centrale est la valeur de la connaissance. Les valeurs de vĂ©ritĂ©, de justification, de clartĂ©, de prĂ©cision, de justesse, d’intĂ©gritĂ© intellectuelle, etc., dĂ©rivent de la valeur de la connaissance. DeuxiĂšmement, l’aveuglement, l’indiffĂ©rence et l’hostilitĂ© face aux valeurs cognitives constitue le vice cognitif par excellence : la bĂȘtise (foolishness). Ainsi, la bĂȘtise n’est pas la stupiditĂ©. »
  110. Pascal Engel et Kevin Mulligan, « Normes Ă©thiques et normes cognitives », CitĂ©s, no 15,‎ (DOI 10.3917/cite.015.0171).
    « Ce sont les qualitĂ©s d’une personne et son aptitude Ă  percevoir les valeurs cognitives qui constituent la rĂ©ponse appropriĂ©e, et que ce qu’elles appellent, ce sont plutĂŽt des vertus que des actions. De mĂȘme qu’il y a des vertus Ă©pistĂ©miques – la modĂ©ration dans le jugement, la pondĂ©ration, le scrupule, l’intelligence – il y a des vices Ă©pistĂ©miques – la crĂ©dulitĂ©, le conformisme, la bĂȘtise [...] 0n ne peut pas blĂąmer ou louer un individu pour telle ou telle croyance, bien qu’on puisse le blĂąmer ou le louer pour ĂȘtre le type de croyant qu’il est (un conformiste, un crĂ©dule ou un imbĂ©cile, qui sont tous des dĂ©fauts de caractĂšre) [...] Si la vertu Ă©pistĂ©mique est la sensibilitĂ© au vrai comme valeur, alors le vice Ă©pistĂ©mique est l’insensibilitĂ© Ă  celui-ci. Et cette insensibilitĂ© a un nom : la bĂȘtise. La bĂȘtise, selon cette conception, n’est pas un dĂ©faut intellectuel, mais un dĂ©faut de la sensibilitĂ©. »
  111. (en) Ernest Sosa, Judgment and Agency, Oxford University Press, (lire en ligne), p. 1.
  112. Pascal Engel, « L'avenir du crétinisme », dans Anne Reboul, Mind, Values, and Metaphysics: Philosophical Essays in Honor of Kevin Mulligan, t. 2, Springer, (lire en ligne).
  113. (en) Kevin Mulligan, « Anatomies of Foolishness 1927-1937 », dans Kungl. Vitterhets Historie och Antikvitets Akademiens Ärsbok, Kungl. Vitterhets, historie och antikvitets akademien, (lire en ligne)
  114. Musil, Dumont et Lochmann 2015, p. 46.
    Pour Musil, la bĂȘtise supĂ©rieure « n'est pas tant un manque d'intelligence que sa dĂ©faillance ponctuelle provoquĂ©e par ce qu'elle s'avise de faire des choses qui ne lui siĂ©ent pas ; et si elle prĂ©sente l'ensemble des dĂ©fauts qui caractĂ©risent un faible entendement, elle a Ă©galement ceux que cause une Ăąme instable, difforme, mal Ă  l'aise dans ses Ă©lans, bref, toute Ăąme qui s'Ă©carte de la pleine santĂ© [...] Cette bĂȘtise sophistiquĂ©e est la maladie que l'on associe en effet Ă  la formation de l'esprit (mais pour prĂ©venir un malentendu, prĂ©cisons : cette maladie correspond Ă  un dĂ©faut, ou encore Ă  un vice, Ă  un Ă©chec de la formation, Ă  une disproportion entre la matiĂšre formĂ©e et l'Ă©nergie formatrice) [...] Elle s'Ă©tend jusque dans les plus hautes sphĂšres de l'esprit. »
  115. (en) Pascal Engel, « The Epistemology of Stupidity », dans Miguel Ángel Fernåndez Vargas, Performance Epistemology: Foundations and Applications, Oxford University Press, (DOI 10.1093/acprof:oso/9780198746942.003.0013).
  116. (en) Douglas Hubbard, The Failure of Risk Management : Why It's Broken and How to Fix It, Wiley, , p. 55.
    « Never attribute to malice or stupidity that which can be explained by moderately rational individuals following incentives in a complex system of interactions. »
  117. Johann Kaspar Lavater, Essai sur la physiognomonie : destiné a faire connaßtre l'homme & à le faire aimer, t. 4, (lire en ligne), p. 11
    « Il n'est pas [dans l'illustration ci-dessus] jusqu'Ă  la coiffure qui ne trahisse la sottise. Chez un idiot tout se fait et se met de travers. On reconnaĂźt dans tous ses traits et dans toutes ses maniĂšres le dĂ©sordre et le dĂ©rangement. L'Ɠil et le nez du profil conservent un reste de gĂ©nie, mais dans l'un et l'autre visage les parties ombrĂ©es, depuis le front jusqu'au bas du menton, caractĂ©risent une stupiditĂ© irrĂ©parable ».
  118. (en) Abraham Maslow, The Psychology of Science : a Reconnaissance, Harper & Row, , p. X.
  119. (en) Kenneth A. Dodge, « Translational science in action: Hostile attributional style and the development of aggressive behavior problems », Development and psychopathology, vol. 18, no 3,‎ (lire en ligne).
  120. Gilles Ingrid et ClĂ©mence Alain, « Attribution d'intentions hostiles et intentions comportementales agressives dans un contexte intergroupe », Revue internationale de psychologie sociale, vol. 20, no 4,‎ (lire en ligne).
  121. (en) Edward E Jones et Victor A Harris, « The attribution of attitudes », Journal of Experimental Social Psychology, vol. 3, no 1,‎ (DOI 10.1016/0022-1031(67)90034-0, lire en ligne).
  122. Isabelle Delpla, Quine, Davidson. Le principe de charité, Presses universitaires de France, (lire en ligne), p. 88.
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  124. Gustave Flaubert, Dictionnaire des idées reçues, Conard, (lire sur Wikisource), p. 415.
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  127. (en) Willard Quine, Words and Objections, Reidel, , p. 101.
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  130. Isabelle Delpla, « L’art de faire crĂ©dit ou comment ne pas prendre les autres pour des imbĂ©ciles », Philosophia Scientiae, vol. 6, no 2,‎ (lire en ligne).
  131. (en) Mihnea Moldoveanu et Ellen Langer, « When "Stupid" is Smarter Than We Are: Mondlessness and the attribution of stupidity », dans Robert J. Sternberg, Why Smart People Can Be So Stupid, Yale University Press, (lire en ligne).
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    « It is the task of social theory to explain how the unintended consequences of our intentions and actions. »
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Annexes

Bibliographie

  • Hannah Arendt et Anne GuĂ©rin (traduction), Eichmann Ă  JĂ©rusalem : rapport sur la banalitĂ© du mal, Gallimard, .
  • (en) Carlo Cipolla, The Basic Laws of Human Stupidity, Il Mulino, (lire en ligne).
    Traduction française par Laurent Bury publiée en 2012 par les Presses universitaires de France sous le titre Les lois fondamentales de la stupidité humaine.
  • Robert Musil, Matthieu Dumont (traduction) et Arthur Lochmann (traduction), De la bĂȘtise, Allia, , p. 47.
  • Avital Ronell, CĂ©line Surprenant (traduction) et Christophe Jaquet (traduction et rĂ©vision), Stupidity, Stock, .

Articles connexes

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