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Donald Davidson

Donald Davidson ( - ) est un philosophe amĂ©ricain, dont l'Ɠuvre eut une grande influence, dans tous les domaines de la pensĂ©e, Ă  partir des annĂ©es 1960, et particuliĂšrement en philosophie de l'action, en philosophie de l'esprit et en philosophie du langage. Son Ɠuvre fait la synthĂšse de plusieurs philosophes, tels qu'Aristote, Kant, Wittgenstein, Frank Ramsey, Quine, et Anscombe.

Donald Davidson
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Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Formation
Université Harvard (doctorat) (jusqu'en )
Staten Island Academy (en)
École/tradition
Principaux intĂ©rĂȘts
Idées remarquables
anomisme du mental, principe de charité, holisme de la croyance, opacité sémantique
ƒuvres principales
Actions et Ă©vĂ©nements ; EnquĂȘtes sur la vĂ©ritĂ© et l'interprĂ©tation ; Paradoxes de l'irrationalitĂ©
Influencé par
A influencé
Distinctions
Bourse Guggenheim ()
Prix Hegel (en) ()
Prix Jean-Nicod ()

Biographie

Donald Herbert Davidson est nĂ© le Ă  Springfield, aux États-Unis (Massachusetts). Il entame des Ă©tudes de philosophie Ă  Harvard, entrecoupĂ©es par la Guerre pendant laquelle il est officier dans l'US Navy, et rĂ©dige pour son doctorat une thĂšse sur le PhilĂšbe de Platon, avant de s'engager dans une carriĂšre de psychologue expĂ©rimental au dĂ©but des annĂ©es 1950 Ă  l'UniversitĂ© Stanford. Sous l'influence de Patrick Suppes, il dĂ©couvre la thĂ©orie de la dĂ©cision et des probabilitĂ©s, et co-Ă©crit avec lui et Sydney Siegel en 1957 la premiĂšre Ă©tude expĂ©rimentale de la thĂ©orie de la dĂ©cision, Decision making, an experimental approach. Déçu par la psychologie, il retourne Ă  la philosophie sous l'influence des idĂ©es wittgensteiniennes dĂ©veloppĂ©es par Gertrude Elizabeth Margaret Anscombe et Michael Dummett. Il rĂ©dige Ă  46 ans son premier article, Actions, Reasons and Causes, qui a un succĂšs retentissant[1].

Il est dĂ©cĂ©dĂ© le Ă  Berkeley aux États-Unis (Californie).

Philosophie

Théorie de l'action

Son essai le plus connu, Actions, Reasons and Causes (1963) est une tentative de rĂ©futer une thĂšse largement reçue, attribuĂ©e Ă  Wittgenstein, selon laquelle les raisons ou motifs d'agir d'un agent ne peuvent ĂȘtre les causes de son action. Les lois causales, en effet, doivent ĂȘtre prĂ©cises et mĂ©caniques, et ont un pouvoir explicatif, alors que les explications en termes de motivations ne le sont pas et sont plutĂŽt confuses. L'objectif de Davidson est de montrer qu'avoir un motif d'agir est un Ă©tat capable d'exercer une influence sur le comportement.

En particulier, Davidson considĂšre l’action comme une sorte d’évĂ©nement, mais un Ă©vĂ©nement qui serait caractĂ©risĂ© par l’intentionnalitĂ©. Celle-ci est pour ainsi dire le critĂšre de l’action. En corollaire, toute action est susceptible de recevoir une description intentionnelle. En revanche, si Ă  un Ă©vĂ©nement aucune description intentionnelle ne s’applique, alors il s’agit d’un Ă©vĂ©nement qui simplement « arrive » et non de quelque chose qui est « fait » ou « exĂ©cutĂ© ». En donnant les raisons de l’agent, on rend compte du caractĂšre intentionnel de son action. Et donner les raisons de l’agent, c’est rationaliser l’action au moyen d’une pro-attitude (un Ă©tat conatif) et d’une croyance (un Ă©tat cognitif): « Antoine a fait A parce qu'il dĂ©sirait D (pro-attitude) et qu'il croyait que faire A Ă©tait un moyen appropriĂ© d'obtenir D ». Jusque-lĂ , Davidson ne va pas contre les modĂšles non-causalistes concurrents.

Il observe cependant que la rationalisation est trop faible comme explication de l’action. Car une mĂȘme action peut recevoir diffĂ©rentes rationalisations valables qui toutes mettent en lumiĂšre l’action considĂ©rĂ©e. Mais comment dĂ©cider laquelle de ces rationalisations est effectivement « la bonne », celle pour laquelle l’action a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e ? Ce problĂšme apporte de l’eau au moulin de la thĂšse causaliste. En effet, il semble que le seul moyen pour dĂ©cider que telle raison plutĂŽt qu’une autre est celle pour laquelle un agent a effectivement agi, est de dire qu’il s’agit de celle qui a causĂ© l’action. Davidson l’appelle la raison primaire.

L'anomisme du mental

Dans Mental Events,(1970) Davidson soutient une forme d'interaction causale entre le corps et l'esprit, mais rejette la thÚse de l'identité en philosophie de l'esprit (Pour tout événement mental il existe un événement physique tel que l'événement mental = l'événement physique). Un telle identité suppose qu'il existe des lois psychophysiques. Or Davidson considÚre qu'il n'existe pas de lois reliant des événements mentaux à des événements physiques (par exemple des configurations neuronales du cerveau). Mais, selon lui, la thÚse de l'identité n'est pas nécessaire pour soutenir la thÚse selon laquelle un événement mental peut causer un événement physique : il serait en effet possible que chaque état ou événement mental individuel corresponde à un état ou événement physique, sans qu'il y ait de lois reliant les types d'états les uns aux autres. Sa thÚse est appelée l'anomisme du mental (de nomos, qui signifie loi en grec) On parle aussi parfois du monisme anomal (« anomalous monism »).

MalgrĂ© le fait que nous ne les connaissions pas, Davidson a toutefois affirmĂ© que les lois de couverture des explications d’actions causales [N 1] ne pouvaient ĂȘtre de type psychophysique, comme on pourrait s’y attendre, ni psychologique. Il s'agit lĂ  de son principe de l'anomie du mental qui consiste Ă  dire qu’il n’existe pas de lois reliant les Ă©vĂ©nements mentaux entre eux, ni les Ă©vĂ©nements mentaux aux Ă©vĂ©nements physiques.

Davidson affirme que ce genre de lois ne peut pas exister. C’est-Ă -dire qu'il n'existe aucune loi mettant en relation, par exemple, le dĂ©sir de Paul de lĂącher le galet et son action de lĂącher le galet ; aucune loi mettant en relation des raisons avec des actions, c'est-Ă -dire aucune loi mettant en relation des Ă©vĂ©nements mentaux avec des Ă©vĂ©nements physiques. C’est seulement parce que tout Ă©vĂ©nement mental est susceptible de recevoir une description physique que nous pouvons dire qu’il cause un autre Ă©vĂ©nement physique, car c’est seulement au niveau des descriptions physiques qu’il existe des lois ; il y a des lois physiques, mais non des lois psychophysiques.

Cela est dĂ» Ă  ce qu'il n’existe pas d'identitĂ© entre les Ă©vĂ©nements mentaux (EM) et les Ă©vĂ©nements physiques (EP). Autrement dit, selon Davidson la proposition suivante est fausse :

∀x[EM(x)→∃y{EP(y)& x=y}]

Davidson la rejette car, dit-il, il n'y a pas d'identitĂ© entre le mental et le physique, du moins pas dans le sens oĂč un certain Ă©vĂ©nement mental serait toujours accompagnĂ© d'un Ă©vĂ©nement physique. Mais chaque Ă©vĂ©nement mental particulier peut Ă©galement recevoir une description physique. PlutĂŽt, il existe pour chaque Ă©vĂ©nement une description physique et une description mentale. Ce genre d'identitĂ© prĂ©suppose des lois de corrĂ©lation entre le mental et le physique, or Davidson nie justement l’existence de telles lois. Il existe des lois entre Ă©vĂ©nements physiques, mais il n’existe pas un certain type d'Ă©vĂ©nements physiques correspondant Ă  un certain type d'Ă©vĂ©nements mentaux.

Deux Ă©vĂ©nements peuvent ĂȘtre causalement liĂ©s mĂȘme si la cause est un Ă©vĂ©nement mental et l'effet un Ă©vĂ©nement physique. Cette causalitĂ© peut exister mĂȘme s’il n'existe aucune loi de couverture pour ces Ă©vĂ©nements sous leurs descriptions particuliĂšres. Mais puisqu'un lien de causalitĂ© est de type nomologique, alors il doit exister une loi de couverture de ces Ă©vĂ©nements sous une autre description : une description physique.

Notes et références

Sources

Bibliographie

Ses essais sont réunis en quatre volumes :

  • Essays on Actions and Events, trad. fr. Actions et Ă©vĂ©nements, P.U.F. (ÉpimĂ©thĂ©e), 1993.
  • Inquiries into Truth and Interpretation, trad. fr. EnquĂȘtes sur la vĂ©ritĂ© et l'interprĂ©tation, Jacqueline Chambon (Rayon Philo), 1993.
  • Subjective, Intersubjective, Objective.
  • Problems of Rationality 2004, trad. fr. partielle Paradoxes de l'irrationalitĂ©, L'Éclat, 1991.

Disponible en français :

  • Donald Davidson (trad. de l'anglais), EnquĂȘtes sur la vĂ©ritĂ© et l'interprĂ©tation, NĂźmes, Éditions Jacqueline Chambon, , 416 p. (ISBN 2-87711-094-X).

Études sur Davidson

  • Akeel Bilgrami et al., Lire Davidson. Holisme et interprĂ©tation, L'Éclat (Lire les philosophies), 1994.
  • Isabelle Delpla, Quine, Davidson. Le principe de charitĂ©, P.U.F. (Philosophies), 2001.
  • Pascal Engel, Donald Davidson et la philosophie du langage, Paris, P.U.F. (L'interrogation philosophique), 1994.
  • (en) Marc Joseph, Donald Davidson, Acumen Publishing Ltd (Philosophy Now), 2004.

Références

  1. Pascal Engel, introduction Ă  Lire Davidson. Holisme et interprĂ©tation, L'Éclat (Lire les philosophies), 1994, p. 9-10 lire en ligne

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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