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Kurt von Hammerstein

Le baron Kurt von Hammerstein est un général allemand, né le à Hinrichshagen (Mecklembourg-Strelitz) et mort le à Berlin.

Kurt von Hammerstein
Kurt von Hammerstein
De gauche à droite, au premier plan : Kurt von Hammerstein-Equord, le général Otto Hasse et Erich Raeder à Potsdam () ; en arriÚre-plan au centre portant un casque à pointe, le prince Eitel-Frédéric de Prusse.

Nom de naissance Kurt (Curt) Gebhard Adolf Philipp Freiherr von Hammerstein-Equord
Naissance
Hinrichshagen
DĂ©cĂšs
Berlin
Origine Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Grade Generaloberst
Conflits PremiĂšre Guerre mondiale
Distinctions Chevalier de l'ordre protestant de Saint-Jean
Famille Hammerstein-Equord

À l’époque de la rĂ©publique de Weimar, il a Ă©tĂ© commandant en chef de l'armĂ©e de terre de la Reichswehr.

Il a été fait chevalier de l'ordre protestant de Saint-Jean et a été un opposant déclaré au nazisme.

Biographie

Sous l'Empire allemand

Hammerstein appartient Ă  une famille ancienne de la noblesse allemande, les Hammerstein-Equord, qui a donnĂ© de nombreux officiers aux diverses souverainetĂ©s allemandes. Son pĂšre, le baron Heino von Hammerstein, est intendant des forĂȘts dans le Mecklembourg-Strelitz, et sa mĂšre est nĂ©e Ida von Gustedt (de). Il entre Ă  l'Ăąge de dix ans au corps des cadets de Plön, puis Ă  l'Ă©cole principale prussienne des cadets, situĂ©e Ă  Groß-Lichterfelde, prĂšs de Berlin, Ă  partir de 1893. Il entre ensuite au 3e rĂ©giment Ă  pied de la Garde, oĂč il est nommĂ© lieutenant en second, le . C'est dans cette unitĂ© qu'il rencontre le futur chancelier Kurt von Schleicher avec qui il va garder des liens d'amitiĂ© sa vie durant. Il Ă©pouse en 1907 Maria von LĂŒttwitz, fille du gĂ©nĂ©ral Walther von LĂŒttwitz (1859-1942). De cette union mixte sous l'aspect religieux (son Ă©pouse est catholique), il a sept enfants[alpha 1], quatre filles : Marie Luise, Marie Therese, Hildur, Helga ; et trois fils : Kunrat, Ludwig et Franz.

Hammerstein est stationnĂ© Ă  Cassel de 1905 Ă  1907, puis de 1907 Ă  1910, est envoyĂ© Ă  la Preußische Kriegsakademie (AcadĂ©mie de guerre de Prusse). Il devient alors officier d'Ă©tat-major. Il est capitaine en 1913. Pendant la guerre de 1914-1918, il est d'abord aide-de-camp d'un quartier-maĂźtre gĂ©nĂ©ral et plus tard d'un gĂ©nĂ©ral d'Ă©tat-major. Il combat dans les Flandres et est dĂ©corĂ© de la croix de fer. En 1917, il est nommĂ© Major[alpha 2].

Sous la république de Weimar

AprĂšs la guerre et l'effondrement de la monarchie, Hammerstein est versĂ© dans la Reichswehr. Il sert Ă  l'Ă©tat-major du corps d'armĂ©e de LĂŒttwitz et il est promu Oberstleutnant[alpha 3] en 1920. La mĂȘme annĂ©e, il est nommĂ© chef Ă  l'Ă©tat-major du second Gruppenkommando basĂ© Ă  Cassel, puis en 1922 il est envoyĂ© Ă  Munich en tant que commandant d'un bataillon. En 1924, il est affectĂ© Ă  l'Ă©tat-major de la 3e rĂ©gion militaire, celle de Berlin. Il est nommĂ© Generalleutnant[alpha 4] le et chef du Truppenamt (dĂ©nomination imposĂ©e par le traitĂ© de Versailles qui avait interdit la recrĂ©ation du Grand-État-major de l'armĂ©e allemande). Il est chargĂ© d'Ă©laborer les concepts tactiques de la Reichswehr, qui en cas d'attaque ennemie prĂ©voit de former une vĂ©ritable dĂ©fense, jusqu'Ă  l'intervention de la SociĂ©tĂ© des Nations. Il met au point un plan thĂ©orique de mobilisation en 1930 qui envisage de tripler les sept divisions d'infanterie existantes.

Alors que le chef du commandement suprĂȘme de l'armĂ©e de terre, le Generaloberst[alpha 5] Wilhelm Heye quitte ses fonctions, Kurt von Schleicher (secrĂ©taire d'État) et Wilhelm Groener (ministre de la DĂ©fense) proposent au chancelier BrĂŒning de nommer Hammerstein Ă  sa place. Celui-ci prend son nouveau poste le avec le grade de General der Infanterie[alpha 6].

Hammerstein se mĂ©fie dĂšs le dĂ©but de l'idĂ©ologie et des mĂ©thodes du national-socialisme. Il avertit mĂȘme Hitler en que s'il prenait le pouvoir illĂ©galement (ce qui ne sera pas le cas), il donnerait l'ordre de tirer. Il prĂ©vient aussi le marĂ©chal Hindenburg qu'il est dangereux de nommer Hitler chancelier.

Sous le TroisiĂšme Reich

Hitler est nommĂ© chancelier du Reich par le prĂ©sident Paul von Hindenburg le . Hammerstein aurait rencontrĂ© Hitler la veille de sa nomination au domicile d’Edwin Bechstein. Le but du gĂ©nĂ©ral von Hammerstein est alors de crĂ©er une armĂ©e dont la direction serait indĂ©pendante du pouvoir politique. En effet, le national-socialisme heurte ses conceptions d'aristocrate prussien. Il a la rĂ©putation d'ĂȘtre un officier supĂ©rieur qui prĂ©fĂšre la chasse et son confort familial et fait montre d'une certaine indolence, sans doute pour ne pas rĂ©vĂ©ler ses opinions intimes. Le gĂ©nĂ©ral a conscience de servir d'abord sa patrie, plutĂŽt qu'un rĂ©gime politique. Il rencontre Hitler au dĂ©but de lors d'une rĂ©union officielle chez lui avec des reprĂ©sentants de la Reichswehr, afin de convaincre les hauts reprĂ©sentants des forces armĂ©es de ses plans de conquĂȘte d'un espace vital Ă  l'Est. Le compte rendu de cette rencontre fut donnĂ© Ă  LĂ©o Roth, chef du service de renseignement du parti communiste allemand (KPD) et agent soviĂ©tique, par sa maĂźtresse, Helga von Hammerstein[1], fille du gĂ©nĂ©ral, qui Ă©tait membre du parti communiste allemand (KPD) depuis 1930. LĂ©o Roth transmis le document au NKVD, Ă  Moscou[2]. La position du gĂ©nĂ©ral von Hammerstein devient difficile, d'autant plus que le gĂ©nĂ©ral von Blomberg, nommĂ© ministre de la DĂ©fense, est favorable Ă  l'endoctrinement hitlĂ©rien de l'armĂ©e. Hammerstein qualifie les nazis de bande de criminels devant ses proches et n'a d'autre choix que de dĂ©missionner au dĂ©but de l’annĂ©e 1934 tandis que Blomberg oblige les officiers d'Ă©tat-major Ă  rompre tout contact avec lui. Hammerstein se retire de tout cercle militaire ou politique. Le , son ami et ex-chancelier Kurt von Schleicher est assassinĂ© au cours de l'opĂ©ration d’épuration nazie surnommĂ©e « nuit des Longs Couteaux ».

En 1935, il démissionne de l'association de la noblesse, lorsque ses membres juifs en sont exclus. Il transmet à sa fille Maria-Therese des noms de personnes juives menacées de déportation[3].

Il est toutefois rappelé au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La majorité des forces allemandes est concentrée en en Pologne, mais Hammerstein commande l'Armee-Abteilung A sur la frontiÚre occidentale. L'offensive française ne se produit pas et Hammerstein est à nouveau mis à la retraite le . Selon des rumeurs, il aurait fomenté un attentat contre Hitler à cette époque. Ces rumeurs sont notamment relayées dans un livre publié par un agent britannique. Par ailleurs, il entre en contact à plusieurs reprises avec des opposants au régime, notamment avec Carl Friedrich Goerdeler, ou Nikolaus Christoph von Halem (en). Il est cependant de plus en plus isolé.

Hammerstein meurt d'un cancer à Berlin le . Sa famille refuse des funérailles officielles, pour ne pas voir le cercueil du défunt recouvert par le drapeau à croix gammée[3]. Il est enterré dans la sépulture familiale de Steinhorst en Basse-Saxe.

Deux de ses fils, Kunrat et Ludwig, participent au projet d'attentat contre Hitler du , et doivent s'exiler ensuite. Sa veuve, nĂ©e von LĂŒttwitz et ses deux plus jeunes enfants sont enfermĂ©s dans un camp de concentration et libĂ©rĂ©s en par les forces alliĂ©es.

Phrase célÚbre

Un jour qu’on demandait au gĂ©nĂ©ral Kurt von Hammerstein les critĂšres sur lesquels il jugeait ses ofïŹciers, il rĂ©pondit :

« Je distingue quatre espĂšces. Il y a les ofïŹciers intelligents, les travailleurs, les sots et les paresseux. GĂ©nĂ©ralement, ces qualitĂ©s vont par deux. Les uns sont intelligents et travailleurs, ceux-lĂ  doivent aller Ă  l’état-major. Les suivants sont sots et paresseux ; ils constituent 90 % de toute armĂ©e et sont aptes aux tĂąches de routine. Celui qui est intelligent et en mĂȘme temps paresseux se qualiïŹe pour les plus hautes tĂąches de commandement, car il y apportera la clartĂ© intellectuelle et la force nerveuse de prendre les dĂ©cisions difïŹciles. Il faut prendre garde Ă  qui est sot et travailleur, car il ne provoquera jamais que des dĂ©sastres[4]. »

Notes et références

Notes

  1. Les filles sont catholiques comme leur mÚre et les fils luthériens comme leur pÚre.
  2. Grade Ă©quivalent en France Ă  commandant.
  3. Grade Ă©quivalent en France Ă  lieutenant-colonel.
  4. Grade équivalent en France à général de division.
  5. Grade équivalent en France à général d'armée.
  6. Grade équivalent en France à général de corps d'armée, spécialisé dans une arme, en l'occurrence ici dans l'infanterie.

Références

  1. Christoph Graf von Polier, « Helga Maria Eleonore von Hammerstein-Equord », sur Geneanet
  2. Jean Lopez, Barbarossa 1941 : la guerre absolue, Passés Composés, , 956 p. (ISBN 978-2379331862, lire en ligne), p. 30-31.
  3. Kunrat von Hammerstein, p. à préciser.
  4. Enzensberger, p. 81.

Annexes

Bibliographie

Article connexe


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