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Heinrich Brüning

Heinrich Brüning est un homme d'État allemand, né le à Münster (province de Westphalie) et mort le à Norwich (États-Unis).

Heinrich Brüning
Illustration.
Fonctions
Chancelier du Reich
–
(2 ans et 2 mois)
Président Paul von Hindenburg
Gouvernement Brüning I et II
Prédécesseur Hermann Müller
Successeur Franz von Papen
Ministre des Affaires étrangères
–
(7 mois et 21 jours)
Chancelier Lui-même
Gouvernement Brüning II
Prédécesseur Julius Curtius
Successeur Konstantin von Neurath
Ministre des Finances
–
(6 jours)
Chancelier Lui-même
Gouvernement Brüning I
Prédécesseur Paul Moldenhauer
Successeur Hermann Dietrich
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Münster (province de Westphalie)
Date de décès
Lieu de décès Norwich (Vermont)
(États-Unis)
Nationalité Allemand
Parti politique Zentrum
Diplômé de Université Louis-et-Maximilien de Munich
Université rhénane Frédéric-Guillaume de Bonn
London School of Economics

Heinrich Brüning
Chanceliers d'Allemagne

Membre du Zentrum, il est chancelier entre 1930 et 1932.

Biographie

Né à Münster en province de Westphalie, Heinrich Brüning poursuit ses études secondaires au Gymnasium Paulinum, puis étudie la philosophie, l’histoire, le droit et l’économie avant d’exercer les fonctions d’agent d’affaires de la confédération syndicale chrétienne allemande (1921-1930). Vers 1900, il séjourne au pair en France, à Alizay[1]. Il est député au Reichstag (1924-1933), et finalement président du groupe parlementaire centriste (1929-1930 et 1932-1933) jusqu'à sa dissolution par Adolf Hitler. Il exerce les fonctions de chancelier de 1930 à 1932. Il fait interdire, pendant son mandat, le corps franc des SA. Il fuit l'Allemagne en 1934 et s'installe aux États-Unis.

Chancelier du Reich

Heinrich Brüning en 1932.

Le , Hindenburg, le président de la république de Weimar, le nomme chancelier. Brüning forme un gouvernement minoritaire soutenu par les partis du centre. Ses objectifs principaux sont le règlement de la question des dédommagements votés par les vainqueurs de la Première Guerre mondiale au traité de Versailles, la résorption du chômage, et l’assainissement du budget de l’État par une politique déflationniste. Initialement il prend la direction du ministère des Finances. En , Brüning gouverne par décrets en vertu de l'article 48 de la constitution pour contourner le blocage parlementaire des partis d'opposition, sans y parvenir. Cet échec pousse Brüning à dissoudre le Reichstag, espérant ainsi disposer d'une assise parlementaire plus large. Cette manœuvre est un échec : après les élections du nouveau Parlement (), au cours desquelles le Parti nazi (NSDAP) passe de 14 à 107 députés, Brüning doit former un gouvernement minoritaire avec l'appui du parti social-démocrate. Brüning doit cependant toujours composer avec le soutien du président de la République pour la signature des décrets-lois.

Dans le contexte aggravé de la crise mondiale du crédit, ayant éclaté à Wall-Street un an plus tôt, Brüning tente d’imposer des mesures déflationnistes et un retour à l'agriculture. Ces mesures sont très impopulaires dans le cadre de la montée inexorable du parti nazi. Il instaure une politique d'austérité mêlant réduction des dépenses publiques et augmentation des impôts[2].

Selon l'analyse keynésienne, les politiques restrictives de Brüning dans un contexte de diminution de la demande (baisse de la part des chômeurs indemnisés de 52,9 % à 15,4 % entre et , baisse des loyers de 10 %, baisse du traitement des fonctionnaires de 20 %, hausses d'impôts, etc.), accrurent dramatiquement les effets de la crise. Ces baisses forcées des prix, des aides sociales, et des salaires qui se voulaient permettre une amélioration de la compétitivité, pousser les chômeurs à l'emploi pour des salaires plus faibles, et améliorer les conditions de l'offre, eurent un effet encore plus rapide de baisse du pouvoir d'achat. Et donc de baisse de la demande anticipée par les employeurs ainsi que de leur chiffre d'affaires. De là, de baisse de leur production et de la quantité de main d’œuvre qu'ils utilisaient.

Le nombre de chômeurs passa de 3,5 millions courant 1930 à 6 millions un an et demi après. Dans le même temps, la production industrielle se contracta de plus d'un tiers par rapport à son volume de 1930. Et Gabriel Ardant et Pierre Mendès France de commenter : « Ces six millions de chômeurs, la crainte de ceux qui travaillaient encore et celle des chefs d'entreprise furent une des causes de la prise de pouvoir par Hitler. Rarement l'application d'un système scientifique erroné [la théorie néoclassique du chômage] eut de plus vastes et de plus désastreuses conséquences ! »[3]

Dans un article de 2017, quatre économistes des universités d'Oxford (Royaume-Uni) Bocconi (Milan, Italie), de Californie (Davis, États-Unis) et de Londres ont quantifié cette conséquence de la politique de rigueur imposée par le chancelier Brüning[4]. Si les plus pauvres ont au contraire plutôt voté communiste lors des élections de 1930 et 1932, la bourgeoisie et une partie des classes moyennes se sont portées vers les nazis : « Selon la façon dont nous mesurons l'austérité et selon les élections analysées, chaque écart-type de 1 % en termes d'augmentation de l'austérité est associé à une augmentation de 2 % à 5 % de la part de vote pour les nazis »[2].

Brüning ne peut plus s'opposer efficacement à l’extrême droite (NSDAP) et à sa propagande nationaliste ou endiguer la radicalisation des combats avec l’extrême gauche (KPD). Dans une dernière tentative de rétablir l'ordre social, il prononce la dissolution des S.A. et S.S., ces corps paramilitaires allemands créés par Hitler en 1921 et crédités entretemps de 400 000 hommes. Cette prise de position conduit pourtant le président Hindenburg à exiger la démission de ses fonctions de chancelier (), sur conseil du général von Schleicher. Son successeur désigné, Franz von Papen, tentera alors, avec l'aide de von Schleicher, d'instrumentaliser les idées nazies, et sera dès lors chargé par Hindenburg de former le nouveau gouvernement avec l'appui de Hitler. Hitler imposera en échange la réhabilitation des SA et SS.

En , Brüning est élu chef du parti centriste, et von Papen en est exclu. Le parti lui-même est dissous en juillet, quand Hitler, qui était devenu chancelier le grâce à l'invitation de von Papen, décrète l'illégalité de tout autre parti que la NSDAP.

En 1934, Brüning émigre aux États-Unis, où il enseigne les sciences économiques à l’université Harvard, à partir de 1937. Après la Seconde Guerre mondiale, il revient en Allemagne où il enseigne la science politique à l'université de Cologne (1951-1954) avant de retourner aux États-Unis, où il finit sa vie.

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernd Braun: Die Reichskanzler der Weimarer Republik. Zwölf Lebensläufe in Bildern. Droste, Düsseldorf 2011, (ISBN 978-3-7700-5308-7), S. 372–405.
  • Werner Conze: Zum Sturz Brünings. In: Vierteljahrshefte für Zeitgeschichte. I., 1953, S. 261–288 (online).
  • Ernst Deuerlein (de): Heinrich Brüning. In ders.: Deutsche Kanzler von Bismarck bis Hitler. 1968, S. 395–424.
  • Herbert Hömig: Brüning. Kanzler in der Krise der Republik. Schöningh, Paderborn 2000, (ISBN 3-506-73949-2).
  • Herbert Hömig: Brüning. Politiker ohne Auftrag. Schöningh, Paderborn 2005, (ISBN 3-506-72938-1).
  • Detlev Junker: Heinrich Brüning (1885–1970). In: Wilhelm von Sternburg (Hrsg.): Die deutschen Kanzler. Von Bismarck bis Schmidt. Frankfurt am Main 1987, (ISBN 3-596-24383-1), S. 311–323.
  • Astrid Luise Mannes: Heinrich Brüning. Leben-Wirken-Schicksal. München 1999, (ISBN 3-7892-9384-9).
  • Rudolf Morsey: Zur Entstehung, Authentizität und Kritik von Brünings Memoiren 1918–1934. Vortrag bei der Rheinisch-Westfälischen Akademie der Wissenschaften, Westdeutscher Verlag, Opladen 1975.
  • Rudolf Morsey: Leben und Ãœberleben im Exil. Am Beispiel von Joseph Wirth, Ludwig Kaas und Heinrich Brüning. In: Paulus Gordan (de) (Hrsg.): Um der Freiheit willen. Eine Festgabe für und von Johannes und Karin Schauff. Neske, Pfullingen 1983, (ISBN 3-7885-0257-6), S. 86–117.
  • Rudolf Morsey: Heinrich Brüning. In: Lothar Gall (Hrsg.): Die großen Deutschen unserer Epoche. Propyläen, Berlin 1985. mehrere Lizenzauflagen bei anderen Verlagen u. a. Komet, Frechen 2002, (ISBN 3-89836-216-7).
  • Frank Müller: Die „Brüning Papers“. Der letzte Zentrumskanzler im Spiegel seiner Selbstzeugnisse. Lang, Frankfurt am Main 1993, (ISBN 3-631-46235-2).
  • Gerhard Schulz (de): Von Brüning zu Hitler. Der Wandel des politischen Systems in Deutschland 1930–1933 (= Zwischen Demokratie und Diktatur. Verfassungspolitik und Reichsreform in der Weimarer Republik. Bd. 3). Walter de Gruyter, Berlin/New York 1992, (ISBN 3-11-013525-6).
  • Peer Oliver Volkmann: Heinrich Brüning (1885–1970). Nationalist ohne Heimat. Eine Teilbiographie. Droste, Düsseldorf 2007, (ISBN 9783770019038). (Dissertation[5])
  • Peer Oliver Volkmann: Heinrich Brüning – Politischer Ratgeber im Exil und für das Nachkriegsdeutschland. In: Michael Epkenhans/Ewald Frie (Hrsg.): Politiker ohne Amt. Von Metternich bis Helmut Schmidt (= Otto-von-Bismarck Stiftung Wissenschaftliche Reihe, Bd. 28). Schöningh, Paderborn 2020, S. 115–142, (ISBN 978-3-506-70264-7).
  • Heinrich August Winkler: Weimar 1918–1933: Die Geschichte der ersten deutschen Demokratie. Beck, München 1993, (ISBN 3-406-37646-0).

Notes et références

  1. Daniel de Bergevin, « Pendant plusieurs années, le chancelier Brüning a passé ses vacances aux environs d'Elbeuf et de Louviers », Le Journal de Rouen,‎ , p. 3
  2. « Les politiques d'austérité ont contribué à la victoire électorale des nazis », Slate.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Pierre Mendès-France, Gabriel Ardant, Science économique et lucidité politique, Gallimard, , 381 p., p. 84
  4. (en) Gregori Galofré-Vilà, Christopher M Meissner, Martin McKee et David Stuckler, « Austerity and the rise of the Nazi party », NBE Working Paper, National Bureau of Economic Research, no 24106,‎ (lire en ligne, consulté le )
  5. http://www.ifz-muenchen.de (CV)

Liens externes

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