Rainbow Gathering
Un Rainbow Gathering [ˈɹeɪnbəʊ ˈɡæðəɹɪŋ][1] (litt. « rassemblement arc-en-ciel ») est une communauté intentionnelle éphémère et autogérée généralement réunie en plein air et cherchant à pratiquer les idéaux de paix, d’amour, d’harmonie, de liberté, en rupture avec le capitalisme et les valeurs des médias de masse et de la société de consommation. Ces communautés se forment et reforment chaque année en des lieux annoncés à l’avance et dans plusieurs pays à la fois, pour la durée d'un cycle lunaire. Les racines de ces événements se retrouvent dans la contreculture des années 1960 et les mouvements hippies et alternatifs.
Histoire
Le premier rassemblement historique portant ce nom eut lieu en 1972 dans le Colorado. 20 000 personnes, faisant face à des barrages de police, menacèrent de s'engager dans des actions de désobéissance civile. Il leur fut finalement accordé un terrain dans la forêt nationale de Roosevelt. Ce devait être un événement unique, mais un second rassemblement se produisit dans le Wyoming l’année suivante. Le principe d’un rassemblement annuel fut alors décidé. Le premier rassemblement européen eut lieu en 1983 au Tessin en Suisse. Le rassemblement de 2007 fut tenu en Bosnie-Herzégovine. Des rassemblements mondiaux ont été organisés en Australie, au Zimbabwe, au Brésil, au Canada, au Costa Rica, en Turquie, en Thaïlande et en Chine. Celui de 2009 a eu lieu en Nouvelle-Zélande. Un rassemblement européen s’est tenu en 1986 à Prades dans les Pyrénées-Orientales et en 2003 à Quérigut (Ariège)[2].
Les principes et les valeurs
La « famille Rainbow », selon une expression utilisée par les participants pour désigner les participants, n’a pas de leaders, pas de structure, pas de porte-parole officiel, pas de règlement officiel et pas d’adhésion. Les thèmes les plus encouragés sont l’amour, la paix, la non-violence, l’environnement, la santé, le respect de l’autre, le consensus, la diversité, le bénévolat, l’absence de commerce et le rejet des lois de la consommation. Un manuel est diffusé regroupant les principes généraux d'organisation et de bonne tenue du rassemblement[3].
Il serait donc mal venu d’acheter ou de vendre quoi que ce soit au cours de telles réunions. Le principe à cet égard est que les biens de première nécessité doivent être partagées gratuitement et que l'abondance naît du partage. Un cercle de troc est présent dans certains de ces rassemblements. Les repas comme l'ensemble de la vie sur place sont autogérés.
Les rassemblements sont supervisés par des « conseils » qui utilisent le consensus pour la prise de décision. Les discussions se font en cercle, chaque personne présente pouvant s’exprimer pendant que les autres écoutent en silence. Un bâton de parole est passé de mains en mains indiquant que l’on passe la parole à quelqu’un d’autre. Si quelqu’un ne souhaite pas s’exprimer, il passe le bâton à quelqu’un d’autre.
Les participants peuvent être accueillis par des banderoles indiquant « Bienvenue à la maison ! » et « Nous vous aimons ». Plusieurs traditions spirituelles y sont représentées. Les activités artistiques sont diverses. Chants, musique sont omniprésents. Les armes, l’alcool, les drogues[4] - [3], les radios, les téléphones portables, les outils électroniques et électriques sont formellement déconseillés par et pour les participants.
Participants
Aux États-Unis, un Rainbow Gathering annuel national peut attirer 30 000 personnes. Les rassemblements régionaux comptent environ 5000 participants. Il y avait environ 3000 personnes au rassemblement de 2003 en France.
La logistique
L'approvisionnement en eau et les sanitaires sont un souci majeur des organisateurs. Les excréments sont déposés dans des tranchées ouvertes traitées avec les cendres des feux de camp selon le principe des toilettes sèches. Seul le rassemblement de 1987 en Caroline du Nord a subi un cas de dysenterie qui pourrait avoir été causé par les risques sanitaires que de telles conditions peuvent provoquer.
Des personnes bénévoles s’occupent des questions médicales pendant les rassemblements. Ils peuvent venir de la médecine officielle ou de la médecine non conventionnelle.
Les Shanti Seena (protecteurs de la paix, en sanskrit, inspiré des Shanti Sena (en) de Gandhi) prennent en charge la sécurité. Ils servent parfois de relais et de contacts avec les forces de l’ordre.
Critiques et controverses
Les critiques sont globalement les mêmes que celles qui étaient adressées aux communautés hippies. La plupart sont considérées comme des préjugés de la part de la population, qui peuvent être résolus par la discussion[5], d'autres sont considérées plus objectives. Dans les rassemblements Rainbow français, le mot d'ordre est " Pas de drogues, pas de chiens, pas d'alcool" (Le Touyet 2013), et les drogues dures sont formellement rejetées. Les personnes qui veulent boire de l’alcool peuvent le faire au "Welcome", une zone de sas avant l’entrée, du camp, à l’écart du reste du groupe. En Europe, et particulièrement en France, le vin est toléré. La nudité possible de certains participants[6] a pu être critiquée[7] ainsi que les toilettes à l'air libre[8] n'offrant aucune intimité[9] et les thèses développées en opposition générale à la société mainstream (appelée « Babylone » par les participants[10], inspiré des discours du mouvement rastafari et de certains styles musicaux (reggae, rap)).
Lors du rassemblement de 2008, dans le Wyoming, 10 agents des forces de l'ordre qui étaient venus arrêter un participant se sont confrontés à un groupe de 400 participants qui ont voulu leur faire barrage, en jetant des bâtons et des cailloux, selon la police, résultant en un agent blessé et un véhicule de police détruit[11], ce que les participants ont contesté[12]. Des balles de poivre et en caoutchouc ont été tirées pour contrôler la foule[13]. L'enquête de l'American Civil Liberties Union a cependant produit un rapport à charge contre les forces de l'ordre, dénonçant un comportement de harcèlement et d'excès de zèle dans leur gestion du problème[12].
Santé publique
- Le , les autorités françaises ont signalé au Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) trois cas de fièvre typhoïde liés au rassemblement européen Rainbow qui ont eu lieu à Tramonti di Sopra, région Frioul-Vénétie Julienne, Italie, à partir du jusqu'au . Le , les autorités allemandes ont signalé un cas lié à ce rassemblement Rainbow[14].
- Quatorze cas de shigellose à l'espèce Shigella sonnei ont été signalés chez des participants au rassemblement arc-en-ciel européen dans le sud-est de la Pologne entre le et le [15].
Liste des rassemblements
Rassemblements mondiaux | ||
2000 Australie • 2002 Zimbabwe • 2003 Brésil • 2004 Costa Rica • 2004 Québec, Canada• 2005 Turquie • 2006 Thaïlande • 2008 Chine • 2009 Mexique • 2010 Nouvelle-Zélande • 2011 Argentine • 2012 Parc national de Caparaó, EspÃrito Santo, Brésil • 2013 Canada • 2014 Hongrie • 2015 Sinaï, Égypte. • 2016 Éthiopie • 2017 Indonésie • 2018 Taïwan • 2019 Colombie • 2021 Mexique • 2022 Turquie |
Rassemblements informels
Du fait du succès des rassemblements et dans une volonté de décentralisation et pour éviter à certains de longs voyages coûteux, des rassemblements ont commencé à essaimer ces dernières années en parallèle aux rassemblements annuels.
- 2009 Himalayas, Inde
- 2009 Taïwan
- 2010 Biélorussie
- 2010 Moldavie
- 2010 Taïwan
- 2010 Slovaquie
- 2010 République tchèque
- 2010 Portugal
- 2009 Lituanie
- 2010 Macédoine
- 2010 Lituanie
- 2011 Lituanie
- 2011 Écovillage Blatuša, Croatie
- 2011 Indonésie
- 2012 Ribin Dol, Bulgarie
- 2012 Lituanie
- 2012 Guatemala
- 2012 Palenque, Mexique
- 2013 Lituanie
- 2013 Ruchey, Bulgarie
- 2013 Inde
- 2014 Turquie
- 2014 Grèce
- 2014 Bornéo, Indonésie
- 2015 Briançonnet, France[16]
- 2017 Plouescat, France
- 2021 Couëron, France
Source de l'article et Bibliographie
People of the Rainbow, a nomadic utopia, Niman Michael, University of Tennessee Press, 1997.
Notes
- Prononciation en anglais américain retranscrite selon la norme API.
- compte rendu Rainbow France 2003
- Version française du "manuel" sur un site Rainbow
- Utopias in American history par Jyotsna Sreenivasan p. 318 « alochol and hard drugs are not allowed at Rainbow gatherings »
- People of the rainbow: a nomadic utopia par Michael I. Nima p. 179 « une réunion qui débuta de façon hostile s'est terminée avec les résidents locaux et les membres Rainbow se tenant par la main, en cercle »
- National Geographic
- People of the rainbow: a nomadic utopia Michael I. Niman, p. 178
- (en) MEMORANDUM OREGON DEPARTMENT OF HUMAN RESOURCES HEALTH DIVISION, 1997 : « the pit toilets initially contructed were not adequate » et « The number of toilet latrines may be a little insufficient at this point, but people seem to get by »
- (en) Rainbow Gathering« You have to poo in public »
- Spin, avril 1995, p. 186
- 5 arrested in Rainbow Family clash with feds
- (en) Ben Neary, « ACLU blasts Forest Service over Rainbow gathering », USA Today,‎ (lire en ligne, consulté le )
- ACLU plans to investigate Rainbow Family treatment « Copie archivée » (version du 14 mai 2012 sur Internet Archive)
- (en) « Typhoid fever outbreak linked to Rainbow gathering in Northern Italy », sur https://ecdc.europa.eu, European Centre for Disease Prevention and Control, (consulté le ).
- (en) « Shigellosis outbreak linked to European Rainbow Gathering in Poland », sur https://ecdc.europa.eu, European Centre for Disease Prevention and Control, (consulté le ).
- « Anyone travelling near France - raw festival near Nice », sur www.30bananasaday.com (consulté le )