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Pyruvate kinase

La pyruvate kinase est une phosphotransférase qui catalyse la réaction :

phosphoénolpyruvate + ADP → ATP + pyruvate.
Pyruvate kinase musculaire
Image illustrative de l’article Pyruvate kinase
Tétramère de pyruvate kinase musculaire humaine (PDB 1T5A)
Caractéristiques générales
Symbole PKM
N° EC 2.7.1.40
Homo sapiens
Locus 15q23
Masse molĂ©culaire 57 937 Da[1]
Nombre de rĂ©sidus 531 acides aminĂ©s[1]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.
Pyruvate kinase hépatique
Caractéristiques générales
Symbole PKLR
N° EC 2.7.1.40
Homo sapiens
Locus 1q22
Masse molĂ©culaire 61 830 Da[1]
Nombre de rĂ©sidus 574 acides aminĂ©s[1]
Liens accessibles depuis GeneCards et HUGO.

Cette enzyme intervient à la 10e et dernière étape de la glycolyse dans le sens de la réaction ci-dessus pour catalyser la phosphorylation d'une molécule d'ADP en ATP à partir d'une molécule de phosphoénolpyruvate (PEP) convertie en pyruvate, à l'aide d'un cation de magnésium Mg2+ comme cofacteur.

Ce type de réaction est appelé phosphorylation au niveau du substrat. Elle est rendue possible par la grande variation d'enthalpie libre standard de l'hydrolyse du groupe phosphate du phosphoénolpyruvate, voisine de ΔG°’ = –61,9 kJ·mol-1[2]. Elle est par conséquent irréversible, comme son nom ne l'indique pas : les kinases catalysent normalement la phosphorylation du substrat et non le transfert d'un groupe phosphate du substrat vers une autre molécule :

+ ADP → ATP +
PEP Pyruvate

Isoformes, régulation et néoglucogenèse

Pyruvate kinase
Description de cette image, également commentée ci-après
Pyruvate kinase de muscle de lapin complexée avec Mn2+, K+ et pyruvate, montrant les trois domaines en bleu, blanc et vert (PDB 1PKN[3])

Chez les mammifères, trois grands types de pyruvate kinases — isoenzymes — ont été mis en évidence, qui diffèrent par leur mode de régulation :

  • la pyruvate kinase de type L (liver), prĂ©sente dans le foie ; elle est inhibĂ©e allostĂ©riquement par l'ATP et l'alanine, et activĂ©e par le fructose-1,6-bisphosphate ; elle est rĂ©gulĂ©e par phosphorylation-dĂ©phosphorylation, donc sous contrĂ´le hormonal via la protĂ©ine kinase A sous l'effet de l'adrĂ©naline et du glucagon, l'enzyme phosphorylĂ©e Ă©tant inactivĂ©e.
  • la pyruvate kinase M (PKM1 et PKM2), prĂ©sente dans les muscles, qui n'est pas rĂ©gulĂ©e par phosphorylation-dĂ©phosphorylation,
  • la pyruvate kinase A, prĂ©sente dans les autres tissus, dont la rĂ©gulation est intermĂ©diaire et dĂ©pend des tissus.

La pyruvate kinase intervient également comme enzyme de commutation vers la néoglucogenèse, voie métabolique du foie permettant de produire du glucose à partir de pyruvate et d'autres substrats. Lorsque la pyruvate kinase est inhibée par phosphorylation, par exemple lors du jeûne sous l'effet du glucagon, cela empêche la conversion du phosphoénolpyruvate en pyruvate et favorise donc sa conversion en glucose via la néoglucogenèse.

Parenté avec la pyruvate phosphate dikinase

Il existe chez certaines bactéries une enzyme assurant une fonction semblable, la pyruvate phosphate dikinase (PPDK), qui catalyse la réaction :

phosphoénolpyruvate + AMP + PPi Pi + ATP + pyruvate.

Cette enzyme, qui, à la différence de la pyruvate kinase, catalyse une réaction réversible, est également présente chez des plantes[4] des eucaryotes anaérobies tels que Streblomastix (en), Giardia, Entamoeba et Trichomonas, qui ont sans doute acquis le gène correspondant par transfert horizontal de gènes en au moins deux occasions ; certains de ces organismes utilisent à la fois la pyruvate kinase et la pyruvate phosphate dikinase[5].

En médecine

Une mutation génétique affectant cette enzyme peut provoquer un déficit en pyruvate kinase, maladie génétique qui affecte particulièrement le métabolisme des cellules dépourvues de mitochondries, dans lesquelles la glycolyse est indispensable pour produire de l'énergie en l'absence de cycle de Krebs. C'est notamment le cas des globules rouges, ce qui peu conduire à une anémie hémolytique.

Cible thérapeutique

Le mitapivat est un médicament, activateur de la pyruvate kinase des hématies[6] et donné en cas de déficit en cet enzyme. Il semble actif également dans d'autres types d'anémie[7], dont les thalassémies[8].


Notes et références

  1. Les valeurs de la masse et du nombre de résidus indiquées ici sont celles du précurseur protéique issu de la traduction du gène, avant modifications post-traductionnelles, et peuvent différer significativement des valeurs correspondantes pour la protéine fonctionnelle.
  2. (en) Variation d'enthalpie libre, sur le site de Marc Kirschner, Harvard Medical School.
  3. (en) Todd M. Larsen, L. Timothy Laughlin, Hazel M. Holden, Ivan Rayment et George H. Reed, « Structure of Rabbit Muscle Pyruvate Kinase Complexed with Mn2+, K+, and Pyruvate », Biochemistry, vol. 33, no 20,‎ , p. 6301-6309 (PMID 8193145, DOI 10.1021/bi00186a033, lire en ligne)
  4. (en) David J. Pocalyko, Lawrence J. Carroll, Brian M. Martin, Patricia C. Babbitt et Debra Dunaway-Mariano, « Analysis of sequence homologies in plant and bacterial pyruvate phosphate dikinase, enzyme I of the bacterial phospoenolpyruvate:sugar phosphotransferase system and other PEP-utilizing enzymes. Identification of potential catalytic and regulatory motifs », Biochemistry, vol. 29, no 48,‎ , p. 10757-10765 (PMID 2176881, DOI 10.1021/bi00500a006, lire en ligne)
  5. (en) Natalia A. Liapounova, Vladimir Hampl, Paul M. K. Gordon, Christoph W. Sensen, Lashitew Gedamu et Joel B. Dacks, « Reconstructing the Mosaic Glycolytic Pathway of the Anaerobic Eukaryote Monocercomonoides », Eucaryotic Cell, vol. 5, no 12,‎ , p. 2138-2146 (PMID 17071828, PMCID 1694820, DOI 10.1128/EC.00258-06, lire en ligne)
  6. Kung C, Hixon J, Kosinski PA et al. AG-348 enhances pyruvate kinase activity in red blood cells from patients with pyruvate kinase deficiency, Blood, 2017;130:1347-1356
  7. Matte A, Federti E, Kung C et al. The pyruvate kinase activator mitapivat reduces hemolysis and improves anemia in a β-thalassemia mouse model, J Clin Invest, 2021;131e144206
  8. Kuo KHM, Layton MD, Lal A et al. Safety and efficacy of mitapivat, an oral pyruvate kinase activator, in adults with non-transfusion dependent α- thalassaemia or β-thalassaemia: an open-label, multicentre, phase 2 study, Lancet, 2022;400:493-501


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