Port de pĂȘche de Keroman
Le port de pĂȘche de Keroman est un port de pĂȘche français situĂ© Ă Lorient dans le quartier du mĂȘme nom. PropriĂ©tĂ© de la rĂ©gion Bretagne, il est gĂ©rĂ© par une sociĂ©tĂ© d'Ă©conomie mixte dont Lorient AgglomĂ©ration est l'actionnaire majoritaire. Depuis 2014, c'est le premier port de pĂȘche français en termes de valeur[1], et il s'agit du deuxiĂšme port de pĂȘche français concernant le volume de pĂȘche[n 1].
Type | |
---|---|
Construction | |
Statut | |
Tirant d'eau |
8 mĂštres |
Activités |
PĂȘche au large, pĂȘche cĂŽtiĂšre, petite pĂȘche, rĂ©paration navale |
Superficie |
55 hectares |
Flotte de pĂȘche |
118 navires (2010) |
Tonnage pĂȘchĂ© |
26 514 tonnes (2015) |
Ăquipement |
Criées, unités de lavage, glaciÚres, élévateur 650 tonnes. |
Il est construit Ă partir des annĂ©es 1920 dans le cadre de la loi dite des 200 millions qui vise alors Ă dĂ©velopper la flotte de pĂȘche française. Son dĂ©veloppement connaĂźt cependant un coup d'arrĂȘt avec l'arrivĂ©e de la Seconde Guerre mondiale et la construction de la base sous-marine de Lorient Ă proximitĂ©. Il reprend son essor aprĂšs la guerre, mais connaĂźt plusieurs crises successives de la fin des annĂ©es 1970 jusqu'Ă la fin des annĂ©es 1990.
Ses activitĂ©s se concentrent autour de la pĂȘche et de la transformation des produits de la mer. La flotte du port exerce de la zone cĂŽtiĂšre lorientaise jusqu'aux mers du nord de lâĂcosse. La construction et la rĂ©paration navales sont Ă©galement prĂ©sentes sur le site, ainsi que des activitĂ©s de services. Enfin, le site est aussi utilisĂ© ponctuellement pour des activitĂ©s culturelles, comme la « Nuit du port de pĂȘche » du Festival interceltique de Lorient.
Histoire
La pĂȘche Ă Lorient avant Keroman
Les activitĂ©s portuaires de la ville de Lorient connaissent d'importants dĂ©veloppements pendant la deuxiĂšme moitiĂ© du XIXe siĂšcle, alimentĂ©s par les chantiers de construction navale de la ville, les plus modernes de l'Ă©poque en France[n 2] - [2]. Celles-ci entraĂźnent le dĂ©veloppement des importations de charbon par bateau depuis le Pays de Galles pour permettre le fonctionnement des installations de la ville[3], et la construction de nouveaux quais pour accueillir une flotte grandissante s'effectue progressivement Ă cette Ă©poque. Dans le mĂȘme temps, la ville est reliĂ©e au rĂ©seau de chemins de fer dĂšs 1862[2].
Le secteur de la pĂȘche se structure dans la ville Ă la mĂȘme Ă©poque. Les pĂȘcheurs de la rade de Lorient obtiennent en 1856 la crĂ©ation d'une « agence pour la vente du poisson » qui prend place dans les halles centrales de la ville, sur le modĂšle de ce qui se fait dans d'autres ports de pĂȘche français comme Bordeaux ou La Rochelle[4]. En 1888, une criĂ©e est construite sur le contre quai du port de commerce[5] qui est reliĂ©e aux chemins de fer en 1906[6].
Alors que la nature de cette activitĂ© poursuit son Ă©volution, la gĂ©nĂ©ralisation de l'appertisation permet le dĂ©veloppement de la pĂȘche Ă la sardine le long des cĂŽtes bretonnes Ă partir de 1824. Un phĂ©nomĂšne de surpĂȘche alimentĂ©e par la multiplication des usines de conserves entraĂźne alors plusieurs crises dans cette activitĂ©, comme de 1880 Ă 1887, ou de 1902 Ă 1908. Les chasse-marĂ©es de l'Ăźle de Groix commencent Ă la mĂȘme Ă©poque Ă vendre leurs pĂȘches sur les marchĂ©s plus rĂ©munĂ©rateurs du sud de la cĂŽte atlantique de la France, d'oĂč ils ramĂšnent des techniques de pĂȘche au thon germon. Cette pĂȘche exige de s'aventurer plus loin des cĂŽtes, et donc des bateaux plus puissants et plus solides[7]. Le premier chalutier Ă vapeur apparaĂźt en 1900, et dĂšs 1909, le trafic lorientais Ă©gale celui des trois ports de Douarnenez, Pont-l'AbbĂ© et Concarneau rĂ©unis[8].
Le dĂ©veloppement connaĂźt un coup d'arrĂȘt avec la PremiĂšre Guerre mondiale lorsque les chalutiers sont rĂ©quisitionnĂ©s par l'armĂ©e[9], ce qui permet aux rĂ©serves halieutiques de se reconstituer. La flotte grandissante de chalutiers Ă vapeur nĂ©cessite la crĂ©ation d'emplois industriels et commerciaux, et le regroupement gĂ©ographique de ces activitĂ©s devient nĂ©cessaire[10].
GenĂšse et construction
Le dĂ©putĂ© du Morbihan et ancien maire de Lorient Louis Nail envisage Ă la fin des annĂ©es 1910 la crĂ©ation d'un port de pĂȘche moderne dans la ville, sur la pointe de La PerriĂšre, et entre alors en contact avec l'ingĂ©nieur Henri VerriĂšre en 1918[11]. La flotte de plus en plus importante des chalutiers occupe de plus en plus de place, ce qui perturbe les activitĂ©s du port de commerce et du port militaire[12]. Le projet de VerriĂšre prĂ©voit lâamĂ©nagement de l'anse de Keroman avec 1 530 mĂštres de quais, un plan d'eau de 7,90 hectares, ainsi que plusieurs bĂątiments[13] et un mĂŽle Ă charbon[14].
Le gouvernement français par le biais de Fernand Bouisson, alors haut-commissaire de la marine marchande, Ă©tudie le dĂ©veloppement de la flotte de pĂȘche nationale. Un premier projet de loi est prĂ©sentĂ© en , ce qui permet d'obtenir dĂ©but 1919 une premiĂšre ligne de crĂ©dit de 40 millions de francs. La loi dite des 200 millions est finalement votĂ©e, puis promulguĂ©e le [15]. Sur cette somme, Henri VerriĂšre obtient un financement de plus de 30 millions de francs de la part de l'Ătat[13], et les travaux ont lieu de 1919 Ă 1927[16].
GrĂące Ă la volontĂ© tenace de Louis Bail et de son successeur, Alphonse Rio, c' est la pointe de Keroman, Ă l'embouchure du Ter, qui est choisie pour construire le port de pĂȘche, Ă 2 kilomĂštres au sud du vieux port de commerce et Ă 3 km de la gare. Le chantier dĂ©marre en 1920 par le remblaiement de la plage de la PerriĂšre et la dĂ©molition du vieux casino[17].
Dans le mĂȘme temps un projet d'usine frigorifique est menĂ©, afin de permettre aux chalutiers de conserver leurs pĂȘches fraĂźches plus longtemps et dâĂ©tendre la zone de commercialisation de celles-ci, et en 1919 les travaux sont lancĂ©s pour un coĂ»t de 8,6 millions de francs, pour une inauguration en 1922[18].
L'inauguration officielle a lieu le [19], et la concession est accordĂ©e Ă la sociĂ©tĂ© du port de pĂȘche de Lorient pour une durĂ©e de 60 ans[20]. Les travaux continuent avec la mise en chantier en 1928 d'un slipway en Ă©toile. Il entre en fonction en 1932[21].
Le nouveau port, qui dispose d'un bassin à marée[22] offre 1 800 mÚtres de quais, une criée, un appontement charbonnier, une usine à glace, un raccordement ferroviaire permettant le départ de trains de marée équipés de wagons isothermes et un slipway pour le carénage et la réparation des bateaux[17].
DĂ©veloppement jusqu'Ă la Seconde Guerre mondiale
Ces travaux permettent d'augmenter de 50 % le volume de poissons pĂȘchĂ©s de 1926 Ă 1939[23], plus particuliĂšrement de 1928 Ă 1931, pĂ©riode pendant laquelle le volume pĂȘchĂ© passe de 15 800 tonnes Ă 23 000 tonnes. Cependant, les activitĂ©s subissent Ă la mĂȘme Ă©poque les effets de plusieurs crises. La surpĂȘche fait baisser le rendement des bateaux, ce qui oblige ceux-ci Ă s'aventurer de plus en plus loin ; par exemple le rendement par voyage Ă©tant divisĂ© par trois pour le merlu en 1900 et 1930. La consommation ne suit pas l'Ă©volution de la production, et les prix baissent : le prix du kilogramme de colin passe ainsi de 3,03 francs en 1930 Ă 2,14 francs en 1935. Dans le mĂȘme temps, les charges d'exploitation progressent, notamment en raison de la crise du charbon en Angleterre de 1926, ou aux dĂ©valuations du francs[24]. Les conserveries sont aussi touchĂ©es par la crise et ont du mal Ă Ă©couler leur production[23].
La crise est surmontĂ©e de plusieurs maniĂšres. La flotte s'Ă©quipe peu Ă peu avec des moteurs Ă essence, plus Ă©conomiques que ceux Ă charbon : de 1930 Ă 1939, ils passent de 3 % Ă 29 % du tonnage de la flotte lorientaise. Des dispositions lĂ©gislatives et rĂ©glementaires permettent aussi d'aider les pĂȘcheurs[25].
En 1938, le port de KĂ©roman accueillait 226 navires, dont 182 chalutiers[17].
Seconde Guerre mondiale
Le port de pĂȘche de Keroman est touchĂ© Ă diffĂ©rents niveaux par la guerre. Des chalutiers sont rĂ©quisitionnĂ©s Ă partir d', et plusieurs autres navires trouvent refuge dans des ports moins exposĂ©s comme Auray ou La TrinitĂ©-sur-Mer. Ă partir de 1943, les activitĂ©s du port sont complĂštement arrĂȘtĂ©es[26]. Au total, 47 % du tonnage des chalutiers de Lorient est perdu pendant la guerre[27].
Le port voit aussi apparaßtre dans son voisinage immédiat le chantier de construction de la base sous-marine de Lorient par l'occupant, ce qui transforme la zone en cible prioritaire pour les bombardements alliés. Les premiÚres bombes touchent le port les 14 et , et celui-ci est durement touché par une série de raids aériens les 18 et . La ville est quant à elle presque totalement détruite entre les et [26].
La morphologie du port connaĂźt par la mĂȘme occasion une Ă©volution dĂ©cisive. Les terrains occupĂ©s par la base sous-marine doivent Ă l'origine servir d'extension au port, et l'Ă©dification de celle-ci met fin aux projets de VerriĂšre. L'occupant reconfigure le slipway pour permettre Ă celui-ci d'accueillir des navires plus importants, et deux Dom-Bunker sont construits dans son pĂ©rimĂštre[26].
La reddition tardive de la poche de Lorient repousse d'autant la rĂ©ouverture du port. Le , l'ordonnance portant sur la rĂ©organisation des pĂȘches maritimes est promulguĂ©e[26]. Vers la fin de la mĂȘme annĂ©e, pendant que les premiĂšres pinasses commencent Ă dĂ©barquer du poisson Ă Keroman alors que les plus gros chalutiers restent Ă Concarneau, les 34 premiers dossiers de dommages de guerre sont dĂ©posĂ©s[28].
AprĂšs-guerre
La concession du port se retrouve amputĂ©e de vingt hectares Ă la suite de la construction de la base de sous-marins. Les travaux de reconstruction commencent le , et le gros des travaux de remise en Ă©tat est achevĂ© Ă la mi-1951[29]. La flotte se reconstitue via la mise en place d'un comptoir de reconstruction gĂ©rĂ© par les armateurs qui commandent en sĂ©rie de nouveaux chalutiers grĂące aux dommages de guerre perçus, auxquels peut s'ajouter une soulte. De 1945 Ă 1953, 464 dossiers de financement sont dĂ©posĂ©s dans ce cadre dans le quartier maritime de Lorient[30]. La concession du port est par ailleurs rachetĂ©e par l'Ătat en 1973 et confiĂ©e Ă la chambre de commerce et d'industrie du Morbihan[31].
Les infrastructures se développent pendant cette période. Le bassin long voit s'ajouter 130 mÚtres de criée en 1952, puis 50 mÚtres de plus en 1957, 75 mÚtres de plus en 1959, et 75 mÚtres de plus en 1962. Le slipway connait plusieurs ajouts : un quatriÚme garage est ouvert en 1958, et deux autres suivent en 1962. Les équipements sont modernisés : une premiÚre chaßne de débarquement avec tapis-roulant ouvre en 1956, une poutre de déchargement avec bacs en aluminium est installée en 1959, un convoyeur aérien de glace avec deux postes de déchargement est mis en place en 1960, et un portique de déchargement est installé en 1972[32].
D'autres Ă©vĂšnements concourent au dĂ©veloppement du port. La flotte de pĂȘche d'Ătel, ainsi que les artisans d'autres ports de la rade s'installent Ă Keroman. Le transport des produits de la marĂ©e par camion se dĂ©veloppe au dĂ©triment du rail : de 1947 Ă 1972, la part du transport routier passe de 12 % Ă 78 %[33].
Le port doit aussi faire face Ă plusieurs crises successives. Les naufrages dans les zones de pĂȘche lorientaises du Torrey Canyon en 1967[34], de lâOlympic Bravery et du Boehlen en 1976, de lâAmoco Cadiz en 1978 et enfin celui du Tanio en 1980 ont un impact nĂ©gatif sur les pĂȘches[35]. L'accroissement du prix du combustible consĂ©cutif du choc pĂ©trolier de 1973 ainsi que la dĂ©pression qui sâensuit touchent le port Ă un moment oĂč celui-ci est engagĂ© dans des dĂ©penses de modernisation de sa flotte[36].
Développements récents
Le cadre des pĂȘches Ă©volue avec la mise en place progressive de plusieurs politiques europĂ©ennes. La zone exclusive de pĂȘche est Ă©tendue Ă 200 milles en 1977. La politique commune de la pĂȘche est instaurĂ©e en 1983 avec la mĂȘme annĂ©e le premier rĂšglement sur les quotas. En 1987, l'arrondissement de Lorient est classĂ©e par la CEE en zone sensible et bĂ©nĂ©ficie d'une aide pour les navires de plus de 33 mĂštres[37].
Des investissements de modernisation sont entrepris par la Chambre de commerce et d'industrie du Morbihan, et 184 millions de francs sont dĂ©pensĂ©s de 1973 Ă 1986[38], puis 125 millions de plus de 1988 Ă 1990[39]. Ces investissements s'avĂšrent insuffisants pour surmonter une crise provoquĂ©e par la surpĂȘche, et en 1994 une sociĂ©tĂ© d'Ă©conomie mixte reprend la gestion du port[40]. Plusieurs vagues d'investissements suivent : 20 millions d'euros sont investis pour la pĂ©riode 2006-2013[41].
Le quartier entourant le port de pĂȘche voit apparaĂźtre un projet de rĂ©amĂ©nagement urbain au dĂ©but des annĂ©es 2010. Il prĂ©voit Ă terme la destruction de la glaciĂšre construite au dĂ©but de l'histoire du port[42], destruction achevĂ©e en mars 2022[43].
Infrastructures
Gestion
Le port est la propriĂ©tĂ© de la rĂ©gion Bretagne depuis 2007, date Ă laquelle l'Ătat a transfĂ©rĂ© la propriĂ©tĂ© Ă cette derniĂšre[44]. Il reprĂ©sente un espace de 55 hectares[45].
La concession de l'ensemble est dĂ©tenue par la sociĂ©tĂ© d'Ă©conomie mixte de Lorient-Keroman dont Cap l'Orient agglomĂ©ration est lâactionnaire majoritaire[44]. Celle-ci prend la suite de la Chambre de commerce et d'industrie du Morbihan qui lui cĂšde cette activitĂ© en 1994[40]. La gestion du port est sous-traitĂ©e Ă la Compagnie dâexploitation du port qui est une filiale Ă 100 % de Veolia[46].
Quais et bassins
Deux bassins équipent l'ensemble portuaire, et représentent environ 10 hectares[47]. Ceux-ci ne sont pas soumis aux contraintes de marée et peuvent accueillir les navires quel que soit le moment ou l'ampleur de la marée[48]. Le grand bassin est orienté Est-Ouest, et dispose d'une profondeur de 4 mÚtres. Il est séparé de la rade de Lorient par un mÎle qui permet l'accostage sur 345 mÚtres de navires ayant jusqu'à 8 mÚtres de tirant d'eau. Le bassin long est orienté Nord-Sud et dispose à son extrémité d'un accÚs pour l'élévateur à bateaux[49].
L'ensemble compte par ailleurs prĂšs de 1 850 mĂštres de quais[47]. Ceux-ci sont spĂ©cialisĂ©s dans l'accueil de plusieurs types de bateaux. Le « quai du Pourquoi Pas », dans le bassin long et situĂ© sur la longueur Nord de la presqu'Ăźle de Keroman, dispose ainsi de 165 mĂštres de pontons destinĂ©s Ă l'accueil des bateaux de la pĂȘche artisanale[50].
Vente du poisson
Trois criĂ©es sont prĂ©sentes dans le port, et sont chacune spĂ©cialisĂ©es dans un type de produits particuliers. La criĂ©e no 2 est destinĂ©e aux produits de pĂȘches hauturiers, en pleine exploitation de 20 heures Ă 2 heures du matin. La criĂ©e no 3 est destinĂ©e Ă la vente de pĂȘche cĂŽtiĂšre, et traite prĂšs de 5 000 tonnes par an. Elle est active Ă partir de 4 heures le matin. La salle VerriĂšre est situĂ©e entre les criĂ©es no 1 et 2, et est spĂ©cialisĂ©e dans la vente de produits hauturiers. Elle est dotĂ©e des Ă©quipements informatiques pour la vente, les plus modernes du port[51].
L'ensemble portuaire dispose par ailleurs de la plus grande gare de marée de l'Ouest de la France qui dispose de 36 portes pour les gros porteurs, et qui est utilisée pour ravitailler le port en produits bruts, ainsi que de transporter les produits du port jusqu'aux villes de Paris, de Lyon, ou de Bordeaux[48].
Fourniture aux bateaux
La criée no 1 n'est plus utilisée pour la vente, mais abrite l'unité de lavage des contenants du port, comme les caisses de criée ou les palettes plastiques. Elle lave chaque année environ 1,5 million de caisses et 18 000 conteneurs[51].
Plusieurs glaciĂšres sont prĂ©sentes dans l'ensemble portuaire. Une est destinĂ©e aux navires, une autre aux mareyeurs, et trois plus petites aux poissonniers. La plus importante de ces glaciĂšres est celle qui alimente les navires de pĂȘche. SituĂ©e sur le mĂŽle Sud-Est, celle-ci produit quotidiennement 50 tonnes de glace en paillettes, et dispose d'une capacitĂ© de stockage de 150 tonnes.
RĂ©parations navales
Le port dispose d'une aire totale de 24 000 mĂštres carrĂ©s destinĂ©e Ă la rĂ©paration navale. Sur celle-ci, 11 500 mĂštres carrĂ©s sont destinĂ©s aux bateaux jusqu'Ă 650 tonnes, 5 000 mĂštres carrĂ©s sont destinĂ©s aux bateaux jusqu'Ă 250 tonnes, et 7 500 mĂštres carrĂ©s sont destinĂ©s aux bateaux jusqu'Ă 150 tonnes[51]. Au total, 20 bateaux peuvent ĂȘtre accueillis en mĂȘme temps[52].
Depuis 2002, l'ensemble est Ă©quipĂ© du plus puissant Ă©lĂ©vateur Ă bateaux d'Europe qui peut dĂ©placer des bateaux jusqu'Ă 650 tonnes. Remplaçant le slipway dont Ă©tait Ă©quipĂ© le port, il hisse, par an, plus de 250 navires â longs de 10 Ă 60 mĂštres et de tout type â sur les terre-pleins[51].
Un bùtiment d'accueil construit en 2007 est à disposition des différentes entreprises qui travaillent avec ces outils, comme celles liées à la mécanique, à la chaudronnerie, à l'hydraulique, ou à d'autres activités de ce type[51].
Activités
Le port de pĂȘche de Keroman reprĂ©sente 3 000 emplois directs, pour 270 entreprises[45]. Il gĂ©nĂšre, sur l'ensemble de l'agglomĂ©ration lorientaise, un total de 13 000 emplois[53].
PĂȘche
- Les Menhirs (armement de la pĂȘche artisanale de Keroman [Apak)]).
- Miren (palangrier).
- La Gavraise II (fileyeur).
- Beluga (caseyeur - palangrier - trémailleur)
Typologie
En 2010, 26 038 tonnes sont vendues sous criĂ©e[45], pour un chiffre d'affaires total de 71,82 millions d'euros[54]. Les dix premiĂšres espĂšces prĂ©sentes sont par ordre croissant de volume, le lieu noir, le merlu, la lingue franche, la baudroie, le sabre, le grenadier, la lingue bleue, le congre, la langoustine vivante et le thon. En valeur, la langoustine prend la premiĂšre place. La flotte du port se compose de 118 navires, dont 25 spĂ©cialisĂ©s dans la pĂȘche au large, 51 dans la pĂȘche cĂŽtiĂšre, et 42 dans la petite pĂȘche[45]. Ils utilisent pour 50 % d'entre eux le chalut, lâautre moitiĂ© utilisant des filets, des casiers, ou des palangres[55].
La flotte de la pĂȘche au large compte, en 2010, 25 navires[45] qui mesurent entre 30 et 45 mĂštres. Ils vont pĂȘcher dans une zone qui s'Ă©tend de la mer Celtique jusqu'au nord de l'Ăcosse pour les navires de la ScapĂȘche, et certains armements indĂ©pendants, deux grands fileyeurs et un hautier, vont pĂȘcher la sole dans le golfe de Gascogne[56].
La flotte compte une quinzaine de fileyeurs, d'une douzaine de mĂštres, qui partent pour des campagnes de pĂȘche d'une journĂ©e, sortant entre trois heures du matin et le milieu de l'aprĂšs-midi. Ils pĂȘchent principalement des espĂšces comme la sole, la lotte, le merlu, le rouget ou encore l'araignĂ©e de mer. Leur zone de pĂȘche s'Ă©tend de DoĂ«lan (Ă l'ouest) Ă Quiberon (Ă l'est). Pendant les campagnes hivernales, le pĂ©rimĂštre peut ĂȘtre Ă©tendu un peu plus au large en restant pour la nuit Ă Belle-Ile[56].
La flotte de langoustiers compte 35 unitĂ©s qui mesurent entre 12 et 18 mĂštres. Les campagnes de pĂȘche durent aussi le temps de la journĂ©e, et s'Ă©tendent dans une zone partant de trois milles au sud de Groix jusqu'Ă 60 milles au sud. Au-delĂ de cette zone, des navires espagnols, qui viennent ensuite dĂ©charger Ă Lorient, prennent le relais. Cette flotte lorientaise pĂȘche aussi d'autres espĂšces comme le merlu, la sole ou la lotte[56].
La soixantaine dâautres navires a une activitĂ© plus polyvalente, pĂȘchant selon la saison Ă la ligne, au casier, au filet ou Ă la drague avec des lieux d'exercice plus diverse. Ă ceux-ci s'ajoutent 130 pĂȘcheurs professionnels Ă pied[56].
Ăvolutions du volume de pĂȘche
1928[24] | 1931[24] | 1939[57] | 1945[58] | 1952[59] | 1963[59] | 1972[60] | 1974[59] |
---|---|---|---|---|---|---|---|
15 800 | 23 000 | 33 066 | 1 432 | 35 800 | 74 400 | 62 914 | 78 100 |
1982[61] | 1986[62] | 2002[63] | 2003[63] | 2004[63] | 2005[63] | 2006[63] | 2007[63] |
---|---|---|---|---|---|---|---|
65 036 | 69 444 | 26 258 | 27 349 | 26 788 | 27 211 | 23 422 | 22 327 |
2008[63] | 2009[63] | 2010[45] | 2011[64] | 2014[1] | 2015[1] | 2020[65] | |
---|---|---|---|---|---|---|---|
18 913 | 22 106 | 26 038 | 25 922 | 26 652 | 26 514 | 17 898 |
En forte baisse (-64%), Ă cause de la limitation de l'activitĂ© durant la crise sanitaire, le port reste le deuxiĂšme port de pĂȘche en France en 2020.
Transformation
Le secteur de la transformation venant du port de Keroman ou d'autres ports de pĂȘche de la rĂ©gion traite 100 000 tonnes de poissons par an[44]. Depuis 1993, la cellule commerciale du port fait venir du poisson par camion, en provenance principalement d'Ăcosse et d'Irlande[n 3] pour complĂ©ter les prises lorientaises[66].
La production concerne 25 entreprises actives sur le site[45]. La grande distribution permet d'écouler 60 % de leurs productions, suivie par les grossistes et les restaurants qui écoulent chacun 15 % de la production, puis des poissonneries et de la vente directe qui représentent chacun 5 % des débouchés de celle-ci[67]. Au-delà du site, d'autres entreprises de transformation sont aussi implantées, comme le Japonais Nippon Suisan Kaisha implanté dans la ville voisine de Kervignac[68].
RĂ©parations et constructions
En 2009, l'aire de rĂ©paration navale connaĂźt 273 mouvements de bateaux pour des opĂ©rations de rĂ©paration. Parmi ceux-ci, 40 % concernent des navires de pĂȘche, 20 % des navires de plaisance, 19 % des bateaux de passagers ; les caboteurs, les navires militaires, et les pontons brise-clapot comptent, chacun, pour 5 % des opĂ©rations du site[69].
Des chantiers de construction utilisent fréquemment le site, pour la réalisation de bateaux de course[70] et de croisiÚre[71], la fabrication de brise-clapots destinés aux ports de la rade de Lorient ou d'autres ports de la région, ou encore pour des commandes plus spécifiques telle celle d'une porte-écluse pour le port de Vannes[72].
Activités culturelles
Plusieurs activitĂ©s culturelles sont organisĂ©es par le port. Un week-end de fĂȘte nommĂ© « Keroman Port en fĂȘte » est organisĂ© chaque fin juin qui consiste en des ateliers de dĂ©couverte des activitĂ©s du lieu[73], ou encore des concerts[74].
Plusieurs Ă©vĂ©nements du Festival interceltique de Lorient sont organisĂ©s sur ce site. Une cotriade est organisĂ©e dans les premiers jours et marque traditionnellement son dĂ©but[75]. Le second week-end de ce festival, une sĂ©rie de concerts appelĂ©e « Nuit du port de pĂȘche » est aussi organisĂ© sur l'espace du slipway, ainsi quâune fĂȘte sur l'avenue de la PerriĂšre[76]. D'autres concerts peuvent aussi ĂȘtre ponctuellement organisĂ©s pendant le festival sur ce site, comme celui de Texas en 2011[77] et du groupe irlandais The Corrs pour clĂŽturer l'Ă©dition 2016[78].
Enfin, le port de pĂȘche de Keroman sert d'inspiration pour des chansons ou des rĂ©pertoires d'artistes, comme ceux de Michel Tonnerre[79], ou de Soldat Louis[80] - [81].
Notes et références
Notes
- Le premier Ă©tant celui de Boulogne-sur-Mer.
- La Pomone est la premiÚre frégate à hélice française, et sort des chantiers lorientais en 1848, suivie de la Couronne, premiÚre frégate cuirassée française qui sort des chantiers lorientais en 1861.
- Le poisson est débarqué dans des ports du nord de la Bretagne puis acheminé par camion jusqu'à Lorient.
Références
- Audelor / Keroman, « Keroman - Port de pĂȘche de Lorient: KEROMAN 2015 : PREMIER PORT FRANCAIS », sur keroman.fr (consultĂ© le )
- François Frey 1987, p. 7
- Claude NiĂšres 1988, p. 210
- François Frey 1987, p. 9
- Claude NiĂšres 1988, p. 92
- Claude NiĂšres 1988, p. 212
- François Frey 1987, p. 10
- Louis Chaumeil 1939, p. 81
- Claude NiĂšres 1988, p. 213
- François Frey 1987, p. 16
- François Frey 1987, p. 17
- François Frey 1987, p. 25
- Claude NiĂšres 1988, p. 216
- François Frey 1987, p. 41
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- Claude NiĂšres 1988, p. 217
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Voir aussi
Bibliographie
- Livres
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- GĂ©rard Le BouĂ«dec et Dominique Le Brigan (prĂ©f. Maurice Benoith), Lorient Keroman : Du port de pĂȘche Ă la citĂ© du poisson, Rennes, Marines Ădition, , 166 p. (ISBN 978-2-35743-124-9, BNF 44282033, prĂ©sentation en ligne)
- Emmanuelle Yhuel-Bertin, Keroman, une aventure humaine, Le FaouĂ«t, Liv'Ăditions, coll. « Documents et tĂ©moignages », , 176 p. (ISBN 978-2-84497-427-3, prĂ©sentation en ligne)
- Articles
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- Frederico J. Martinez-Roda, « L'ensemble portuaire de Lorient », Norois, no 119,â , p. 407-420 (lire en ligne)
- Fournet Philipponneau, « Lorient, port de pĂȘche industrielle », Norois, no 102,â , p. 193-207 (lire en ligne)
- Jeannine Le Coz, « Un exemple d'attraction de main-d'Ćuvre maritime et rurale par la ville : l'agglomĂ©ration lorientaise », Norois, no 38,â , p. 178-184 (lire en ligne)
- C. Robert-Muller, « Le nouveau port de pĂȘche de Lorient. Chalutage et charbon. », Annales de GĂ©ographie, vol. 36, no 201,â , p. 193-212 (lire en ligne)
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Articles connexes
- Football Club Lorient, équipe de football créée dans l'environnement du port
- Base sous-marine de Keroman, base de sous marin partageant le quartier avec le port