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Pessa'h

Pessa’h (en hĂ©breu : Ś€Ö¶ÖŒŚĄÖ·Ś—, Pessa’ង ; en latin : Pascha, « PĂąque ») est l’une des trois fĂȘtes de pĂšlerinage du judaĂŻsme prescrites par la Bible hĂ©braĂŻque, au cours de laquelle on cĂ©lĂšbre l’Exode hors d'Égypte et le dĂ©but de la saison de la moisson de l’orge qui inaugure le cycle agricole annuel.

Pessa'h
Haggadah, La Famille au Seder, A. Szyk (1935).
Haggadah, La Famille au Seder, A. Szyk (1935).

Nom officiel HĂ©breu : Ś€Ö¶ÖŒŚĄÖ·Ś— : Pessa'h, yid. : Paysse'h, lat. : Pascha
Autre(s) nom(s) FĂȘte des azymes (Ś—Ś’ Ś”ŚžŚŠŚ•ŚȘ)
FĂȘte de la germination de l’orge (Ś—Ś’ Ś”ŚŚ‘Ś™Ś‘)
Le temps de notre libertĂ© (Ś–ŚžŚŸ Ś—Ś™ŚšŚ•ŚȘŚ Ś•)
Observé par Le judaïsme, le karaïsme et le samaritanisme
Type Biblique (historique/agricole)
Signification FĂȘte solennelle commĂ©morant l’Exode hors d'Égypte et le dĂ©but de l’annĂ©e agricole.
Commence Le 14 nissan
Finit Le 21 nissan (le 22 en diaspora selon les judaĂŻsmes orthodoxe et traditionaliste (massorti))
Date 2023 Du au soir au en terre d'Israël, au en diaspora
Observances (anc.) offrande pascale, (act.) Seder avec lecture de la Haggada, consommation de matza et maror, dĂ©but du dĂ©compte de l’omer
Lié à Chavouot

Elle commence le 14 nissan Ă  la tombĂ©e de la nuit (qui correspond, selon les annĂ©es, Ă  la fin du mois de mars ou au mois d’avril dans le calendrier grĂ©gorien) et dure sept jours (huit en diaspora selon le judaĂŻsme orthodoxe) dont seuls les premiers et les derniers sont totalement fĂ©riĂ©s. Elle inaugure en outre la pĂ©riode de l’omer au terme de laquelle est cĂ©lĂ©brĂ©e la fĂȘte de Chavouot.

ParticuliĂšrement riche en rites et coutumes, la fĂȘte se distinguait originellement par l’offrande pascale que les Juifs ne peuvent rĂ©aliser depuis la destruction du Temple (les Samaritains continuent Ă  l’offrir sur le mont Garizim). L’obligation de manger des matzot (aliments azymes) et de bannir le hametz (aliments Ă  base de pĂąte levĂ©e et/ou fermentĂ©e) tout au long de la fĂȘte demeure en application.

Origines de la fĂȘte

Selon le cardinal Charles Journet, dans son essai de « thĂ©ologie spĂ©culative », cette fĂȘte puiserait ses origines dans le rite agricole des azymes et le rite nomade du sang de l'agneau rĂ©pandu sur les piquets de la tente pour Ă©carter les Ă©pidĂ©mies[1].

Pessa'h dans les sources juives

L'Ă©tymologie habituellement donnĂ©e au nom de la fĂȘte est qu'il vient du verbe Pessa'h qui signifie sauter au-dessus ou passer au-dessus en hĂ©breu. Ceci rappelle que lors de la dixiĂšme plaie d'Égypte, la mort « saute » au-dessus des maisons des HĂ©breux, pour ne frapper que les premiers-nĂ©s Ă©gyptiens[2].

Dans la Bible hébraïque

ScĂšne biblique du sacrifice pascal (korban pessa'h), vitrail d'Ă©glise paroissiale, Andelsbuch (1880).
Les Israélites mangent la Pùque (illustration de G. Hoet et al., Figures de la Bible, 1728).

La fĂȘte de Pessa'h actuelle regroupe deux cĂ©lĂ©brations bibliques.

La premiĂšre est l'offrande pascale (korban pessa'h en hĂ©breu), le sacrifice d’un agneau ĂągĂ© d’un an et sans dĂ©faut rĂ©alisĂ©e selon certaines rĂšgles par les chefs de famille au soir du quatorziĂšme jour du mois de l’aviv. Prescrite pour la premiĂšre fois avant la dixiĂšme plaie d’Égypte, la mort des premiers nĂ©s de chaque foyer, elle a pour but d’en protĂ©ger ceux qui l’auront observĂ©e : tandis qu’ils mangeront l’offrande rĂŽtie avec des pains azymes (matzot) et des herbes amĂšres, le sang de l’agneau mis sur les linteaux de leur demeure servira de signe car « je reconnaĂźtrai ce sang et je passerai au-dessus de vous (hĂ©breu : Ś•ÖŒŚ€ÖžŚĄÖ·Ś—Ö°ŚȘÖŽÖŒŚ™ ŚąÖČŚœÖ”Ś›Ö¶Ś oufassa'hti alekhem) ; le flĂ©au n'aura pas prise sur vous »[3].

La seconde est la fĂȘte des azymes (hag hamatzot). Prescrite conjointement pour commĂ©morer la sortie d’Égypte, elle dure une semaine pendant laquelle on ne peut consommer que des azymes, oĂč le levain (hametz) doit ĂȘtre Ă©liminĂ© du foyer sous peine de retranchement du sein du peuple et dont les premier et septiĂšme jours sont des convocations saintes[4].

AssociĂ©es Ă  la hĂąte avec laquelle les IsraĂ©lites sortent de l’Égypte[5], la pĂąque et la fĂȘte des azymes sont cependant prĂ©sentĂ©es comme distinctes, tant dans le temps et le rite que dans la signification[6] : la premiĂšre, rĂ©alisĂ©e au soir du quatorziĂšme jour du premier mois, cĂ©lĂšbre la dĂ©livrance d’Égypte (une seconde pĂąque est prĂ©vue pour ceux qui auraient Ă©tĂ© dans l’impossibilitĂ© de rĂ©aliser la premiĂšre) tandis que la seconde, observĂ©e pendant sept jours Ă  compter du quinziĂšme jour, est liĂ©e Ă  la germination de l’orge et au cycle agraire annuel ; s'y rattachent l’offrande de l’omer prĂ©levĂ©e sur les prĂ©mices de la nouvelle rĂ©colte et le dĂ©compte de sept semaines entiĂšres Ă  dater de cette offrande, au terme desquelles on cĂ©lĂšbre une nouvelle convocation sainte, la fĂȘte de la Moisson (ou des PrĂ©mices)[7].

La pĂąque, cĂ©lĂ©brĂ©e aprĂšs la victoire de JosuĂ© Ă  Guilgal[8], n’est plus mentionnĂ©e jusqu’aux rĂšgnes d’ÉzĂ©chias et de Josias, dans un climat de ferveur populaire (bien qu’elle ait, selon les Chroniques, Ă©tĂ© observĂ©e au temps de Samuel et de Salomon ; les intervalles s’expliqueraient par la dĂ©sunion nationale au temps des Juges et par l’idolĂątrie introduite par JĂ©roboam)[9]. Une autre cĂ©lĂ©bration a lieu lors du retour Ă  Sion, en conformitĂ© avec la Loi et dans un esprit joyeux[10].

Juifs Ă  Pessah (Ă©cole de Van Eyck, XVe s.).

Dans la littérature rabbinique

La fĂȘte de Pessa'h est, Ă  l’époque du second Temple, fortement suivie : Flavius JosĂšphe estime le nombre de pĂšlerins venus au Temple en 65 EC Ă  « pas moins de trois millions »[11] et, selon le Talmud, lorsque le roi Agrippa veut rĂ©aliser un recensement en prĂ©levant un rein par offrande pascale, il trouve « 600 000 paires de reins, deux fois autant que ceux qui avaient quittĂ© l’Égypte, outre ceux qui Ă©taient impurs ou trop Ă©loignĂ©s ; il n’y avait pas un seul agneau pascal pour lequel plus de dix personnes s’étaient inscrites (afin de l’offrir en commun) »[12]. Ces chiffres sont probablement exagĂ©rĂ©s : JĂ©rusalem devait accueillir Ă  cette occasion plusieurs dizaines de milliers de pĂšlerins venant de la terre d'IsraĂ«l, mais aussi de la diaspora, ce qui faisait doubler la population de la ville sainte estimĂ©e Ă  50 000 personnes[13].

Outre les lois gĂ©nĂ©rales sur les jours fĂ©riĂ©s, mi-fĂ©riĂ©s et le pĂšlerinage, couvertes dans les traitĂ©s Beitza, MoĂ«d katan et Haguiga respectivement, les lois propres Ă  la fĂȘte de Pessa'h sont dĂ©taillĂ©es dans le traitĂ© Pessa'him, troisiĂšme de l’ordre MoĂ«d (Ă  l’exception des lois de l’omer, traitĂ©es dans le dixiĂšme chapitre du traitĂ© Menahot).

Lois du hametz

Les quatre premiers chapitres de Pessa'him couvrent les lois relatives au hametz. Les Sages dĂ©finissent comme hametz tout ce qui provient ou dĂ©rive de la fermentation des cinq espĂšces cĂ©rĂ©aliĂšres (blĂ©, orge, seigle, avoine, Ă©peautre) par adjonction de ferments, rĂ©chauffement ou contact avec l’humiditĂ©[14].

Il est interdit d’en consommer, d’en possĂ©der, d’en tirer profit ou d’en voir[15]. Bien que les rabbins du Talmud se montrent dĂ©jĂ  fort prĂ©cautionneux Ă  ce sujet, de nouvelles mesures s’ajoutent avec le temps.

Ainsi, le nettoyage du foyer pour en chasser le hametz dĂ©bute gĂ©nĂ©ralement aprĂšs la fĂȘte de Pourim, ce qui n’empĂȘche pas une recherche minutieuse du hametz Ă  la veille de la fĂȘte, soit le 13 nissan au soir[16] (cet engouement sera expliquĂ© dans la littĂ©rature hassidique par la volontĂ© de chasser le « hametz spirituel », c’est-Ă -dire le « mauvais penchant », au travers du matĂ©riel[17]). Le hametz doit ĂȘtre ensuite recherchĂ© dans toute la maison Ă  la lueur d’une bougie, dĂšs la tombĂ©e de la nuit qui prĂ©cĂšde la fĂȘte. Le hametz qui a Ă©tĂ© trouvĂ© durant cette recherche doit ĂȘtre brĂ»lĂ© dans la matinĂ©e de la veille de Pessa'h[18]. Les ustensiles de cuisine doivent Ă©galement en ĂȘtre dĂ©barrassĂ©s, par Ă©bouillantage ou chauffage Ă  blanc ; tous les ustensiles ne pouvant subir de tels procĂ©dĂ©s, il est de coutume de possĂ©der un service de vaisselle rĂ©servĂ© Ă  la semaine de Pessa'h. Alternativement, certains vendent leur hametz Ă  un non-Juif, en prĂ©voyant Ă©ventuellement de le racheter aprĂšs la semaine de fĂȘte[19].

Cuisine de Pessah, Al. LĂ©vy (v. 1900).

La confection des matzot pour la fĂȘte[20] fait l’objet d’une surveillance si stricte pour Ă©viter tout risque de fermentation qu’elles deviennent, chez les ashkĂ©nazes, dures, sĂšches et craquantes (elles sont plus hydratĂ©es chez les sĂ©farades mais se conservent moins bien pour cette raison)[21]. Les plus zĂ©lĂ©s s’abstiennent mĂȘme, depuis le XVIIe siĂšcle, de manger du pain ou de la farine azyme trempĂ©s[22] alors que cela n’avait posĂ© aucun problĂšme aux rabbins du Tamud ou Ă  Rachi[23] et que le Gaon de Vilna considĂšre qu’observer cette coutume nuit Ă  la joie de la fĂȘte[24].

Par ailleurs, bien que l’opinion de Yohanan ben Nouri, qui considĂ©rait le riz comme hametz, soit rejetĂ©e sans Ă©quivoque dans la Guemara, les ashkĂ©nazes ainsi que certains sĂ©farades s’en abstiennent par prĂ©caution et Ă©tendent l’interdiction aux lĂ©gumineuses[25], en dĂ©pit de l’opposition de dĂ©cisionnaires influents comme Jacob ben Asher[26]. Ces lois dĂ©terminent grandement le menu de Pessa'h, lors de la fĂȘte et de la semaine qui s’ensuit[27].

Lois de la PĂąque

Les cinq chapitres suivants traitent des offrandes pascales ; leurs ordonnances avaient quelque peu changĂ© depuis la « pĂąque d’Égypte », elles n’étaient plus offertes Ă  domicile mais dans l’enceinte de JĂ©rusalem et sans aspersion de sang sur les linteaux[28]. Les cĂ©lĂ©brations de Pessa'h Ă  l’époque du Temple sont relatĂ©es avec nostalgie :

« L’agneau pascal Ă©tait abattu en trois groupes [
] Lorsque le premier groupe entrait et que la cour du Temple Ă©tait remplie, on fermait les portes du Temple. Une tekia (longue sonnerie), une teroua (sonnerie saccadĂ©e) et une tekia Ă©taient sonnĂ©es par le chofar. Les prĂȘtres se tenaient en rang, avec des bassines d’argent et des bassines d’or en main [
] Un IsraĂ©lite abattait son offrande et les prĂȘtres recueillaient le sang. Le prĂȘtre passait la bassine Ă  son collĂšgue et son collĂšgue Ă  son collĂšgue, chacun recevant une bassine pleine et rendant une bassine vide. Le prĂȘtre le plus proche de l’autel jetait le sang Ă  la base de l’autel. Pendant la rĂ©alisation de ce rituel, les LĂ©vites chantaient le Hallel[29]
 »

Outre l’immolation de l’agneau, les pĂšlerins rĂ©alisaient leurs offrandes de pĂšlerinage, qu’ils consommaient en mĂȘme temps que l’offrande pascale[30]. Il ne convenait cependant pas de sacrifier l’agneau avec l’intention de l’offrir pour le pĂšlerinage et rĂ©ciproquement ; cette faute Ă©tait l’une de celles qui rendaient l’individu passible d’apporter une seconde offrande pascale le mois suivant[31].

Ce rituel prit fin aprÚs la destruction du second Temple. Des groupes isolés pourraient cependant avoir continué à le réaliser sous une forme modifiée pendant un certain temps[27].

Rite du séder

On lui apporte le pain azyme avec le hazeret et le harosset (Mishna Pessa'him 10:3).

Le dixiĂšme et dernier chapitre de Pessa'him est consacrĂ© Ă  l’ordonnancement du sĂ©der, un rituel Ă©laborĂ© sous l’influence formelle du symposion hellĂ©nique, Ă  observer la nuit du 14 nissan en souvenir de l’offrande pascale aprĂšs la destruction du second Temple[32] - [33].

Son rituel liturgique n’est certes pas dĂ©finitivement fixĂ© avant le XIIe siĂšcle au moins[27] mais les Ă©lĂ©ments principaux sont dĂ©jĂ  Ă©tablis dix siĂšcles plus tĂŽt : mĂȘme le plus pauvre doit manger accoudĂ© (Ă  la maniĂšre des patriciens romains) et trouver quatre coupes de vin[34] Ă  sa table car l’accession Ă  la libertĂ© doit ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e avec faste[35]. AprĂšs qu’il a rĂ©alisĂ© la sanctification du jour, on lui apporte ensuite non du pain comme il serait de coutume mais du hazeret (raifort) qu’il trempe pour le ramollir ; le pain azyme vient ensuite avec le hazeret et le harosset (une pĂąte de fruits et de noix)[36]. Des noix sont distribuĂ©es Ă  l’enfant afin d’exciter sa curiositĂ©[37]. AprĂšs le deuxiĂšme verre, l’enfant interroge son pĂšre et s’il n’en est pas capable, son pĂšre lui pose et rĂ©pond Ă  quatre questions, glosant ensuite sur le passage arami obed avi ; sa leçon doit rappeler trois Ă©lĂ©ments : l’offrande pascale pour rappeler que Dieu « est passĂ© au-dessus » (passa'h) des maisons des IsraĂ©lites en Égypte lors de la dixiĂšme plaie, le pain azyme qui symbolise la rĂ©demption, les herbes amĂšres en souvenir des conditions de vie des HĂ©breux en Égypte. Puis, comme chacun doit joindre le passĂ© au prĂ©sent, et se considĂ©rer libĂ©rĂ© d’Égypte en cette nuit, il commence le Hallel (qui constitue sans doute la couche la plus ancienne du sĂ©der[33])[38]. Il ne l’achĂšve cependant qu’aprĂšs avoir bĂ©ni son repas sur la troisiĂšme coupe et boit la derniĂšre coupe aprĂšs l’avoir conclu[39]. On n’ajoute pas, aprĂšs le repas, d’afikomane (au sens originel, « de fĂȘte aprĂšs le repas » comme il Ă©tait d’usage chez les Grecs mais les rabbins babyloniens l’ont compris comme un « dessert » et c’est la coutume actuellement suivie[40]), et on l’achĂšve avant la mi-nuit[41].

Trois matzot.

Le sĂ©der est si favorablement accueilli qu’il en fait oublier la dĂ©nomination biblique de ’Hag hamatzot pour celle de Pessa'h[33] - [42] et que sa dimension agricole est fortement occultĂ©e par son motif historico-thĂ©ologique. D’aucuns veulent voir une Ă©vocation du printemps dans la coutume de lire le Cantique des Cantiques pendant la semaine de la fĂȘte (il s’agissait originellement des deux derniers jours de la diaspora[43]) mais on l’associe plus souvent Ă  la sortie d’Égypte[44]. Par ailleurs, le septiĂšme jour de la fĂȘte des azymes, appelĂ© « clĂŽture » dans la Bible[45], devient la fĂȘte du passage de la mer des Joncs (encore est-elle incomplĂšte car la rĂ©demption des HĂ©breux qui se produit en ce jour, se fait au dĂ©triment de la vie des Égyptiens[46]) tandis que la fĂȘte de Chavouot devient, dans la pensĂ©e rabbinique, la « vĂ©ritable » clĂŽture de Pessa'h, parachevant au niveau spirituel ce que Pessa'h reprĂ©sente au niveau matĂ©riel[47]. Diverses mesures sont donc prises pour que tous puissent participer au sĂ©der et s’y rĂ©jouir avec, notamment, l’adjonction d’un paragraphe intitulĂ© ha lahma anya prĂ©cĂ©dant la narration de la sortie d’Égypte et annonçant Ă  d’éventuels pauvres et affamĂ©s qu’ils sont bienvenus Ă  la table de fĂȘte[48].

Dans le rituel de la Haggada formalisĂ© entre les VIIe et XIIIe siĂšcles, les passages bibliques, talmudiques et midrashiques ne mentionnent MoĂŻse qu’une fois tandis que l’un de ces textes insiste sur le fait que « ce n’est ni par un ange, ni par un sĂ©raphin, ni par un Ă©missaire » mais par Dieu seul que les HĂ©breux ont Ă©tĂ© sauvĂ©s ; les chants de Pessa'h, Ă©galement composĂ©s vers le XIIIe siĂšcle, disent en substance la mĂȘme chose[49]. Les quatre coupes (ainsi que les quatre questions et, plus tard, les quatre fils) font allusion aux quatre termes de la rĂ©demption d’Exode 6:6-7 — « Je vous ferai sortir », « Je vous sauverai », « Je vous rachĂšterai » et « Je vous prendrai »[50] ; comme ces quatre termes sont suivis d’un cinquiĂšme, « Je vous amĂšnerai », et que les rabbins n’ont pu dĂ©cider s’il faut verser quatre verres ou cinq, une coupe dite d’Élie trĂŽne intouchĂ©e Ă  chaque sĂ©der jusqu’à ce qu’il arrive Ă  la fin des temps[51], et rĂ©solve la question[52]. Beaucoup de communautĂ©s ont « oubliĂ© » cette derniĂšre clause et invitent le prophĂšte Ă  boire la coupe qui lui revient, sachant que le jour oĂč il le fera sera celui de la rĂ©demption future[53].

Ces coupes, ainsi que les plateaux du sĂ©der oĂč sont dĂ©posĂ©s de diverses façons selon les communautĂ©s, les matzot, hazeret, harosset et autres mets symboliques, et les haggadot, donnent lieu au cours des siĂšcles Ă  diverses formes d’art en vue d’embellir la soirĂ©e[27] (les communautĂ©s yĂ©mĂ©nites ne se servent pas de ces plats[54]).

Observance de Pessa'h dans le judaĂŻsme rabbinique

La fĂȘte de Pessa'h est cĂ©lĂ©brĂ©e en terre d’IsraĂ«l pendant sept jours Ă  partir du 14 nissan au soir, le 21 nissan Ă©tant lui aussi totalement fĂ©riĂ© ; les jours intermĂ©diaires ont, quant Ă  eux, un statut mi-fĂ©riĂ© en vertu duquel les tĂąches incompatibles avec la fĂȘte ou son esprit sont interdites. En diaspora, chaque jour fĂ©riĂ© est cĂ©lĂ©brĂ© pendant deux jours du fait de la coutume (non observĂ©e dans le judaĂŻsme rĂ©formĂ©) d’ajouter un second jour aux fĂȘtes bibliques[55].

Les rites sont donnés ici lorsque Pessa'h tombe en semaine. Ils diffÚrent légÚrement lorsque Pessa'h a lieu à chabbat ou dimanche.

À l’approche de la fĂȘte

Distribution de matzot gratuites aux pauvres (New York, 1908).

Il est de coutume depuis les temps talmudiques de lire entre les mois d’adar et nissan quatre sections bibliques particuliĂšres[56] dont les thĂšmes peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme une prĂ©paration spirituelle Ă  la fĂȘte[57].

Études et lectures

Le 14 adar, Ă  Pourim, on commence Ă  Ă©tudier les lois de la fĂȘte. DĂšs l’entrĂ©e du mois de nissan, le deuil n’est plus de mise et le tahanoun ainsi que divers passages austĂšres ou sĂ©vĂšres sont retirĂ©s de la liturgie[58]. On lĂšve une quĂȘte afin de permettre aux pauvres de s’acheter de la farine pour les matzot et, lors du chabbat prĂ©cĂ©dant Pessa'h, le rabbin dĂ©livre, un sermon synagogal pour enseigner les lois principales. On lit aussi, aprĂšs l’office de l’aprĂšs-midi de ce jour, une partie de la haggada[59].

Recherche du 'hametz

« L'Examen du Levain. La Maitresse de la maison, qui met du Pain Levé en divers endroits, afin que son Mari qui en fait recherche en trouve » (Picart, 1723).

La recherche du hametz est rĂ©alisĂ©e la veille du 14 nissan ; l’interdiction de possĂ©der du hametz entre en vigueur dans le premier tiers de la journĂ©e[60]. Au-delĂ , on ne mange plus de hametz mais pas non plus de matza, afin d’en rĂ©server la primeur au soir[61]. Certains ont coutume de se lever tĂŽt pour manger ou vendre le hametz avant ce dĂ©lai[62]. La plupart mettent cependant la derniĂšre nuit avant Pessa'h Ă  profit pour ĂȘtre frais et dispos le lendemain soir et certains vont jusqu’à manger lactĂ© afin de mieux dormir[63].

Jeûne des aßnés

Selon une coutume mĂ©diĂ©vale, les aĂźnĂ©s jeĂ»nent en ce jour (leurs parents les en acquittent s’ils sont mineurs) ou concluent une Ă©tude afin de casser ce jeĂ»ne[64]. D’aucuns ont Ă©galement l’habitude de ne pas manger afin de goĂ»ter Ă  la matza avec plus d’appĂ©tit lors du sĂ©der[65].

Derniers préparatifs

AprĂšs la mi-journĂ©e, on s’abstient d’effectuer toute tĂąche rĂ©munĂ©ratoire mais on rĂ©alise les derniers prĂ©paratifs pour le sĂ©der (c’est le moment que choisissent les pieux pour confectionner les matzot du sĂ©der)[66] et l’on a, pour cette raison, l’habitude de s’acquitter de la priĂšre de min'ha au dĂ©but de l’aprĂšs-midi plutĂŽt que le soir[67]. Certains rĂ©citent Ă  ce moment les passages bibliques relatifs Ă  l’offrande pascale tandis que d’autres le font plus tard[54].

Soir(s) de la fĂȘte

Plat et mets de Pessah sur une vaisselle israélienne.

Les femmes allument les bougies en l’honneur de yom tov (de prĂ©fĂ©rence avant la tombĂ©e de la nuit ; si ce n’est pas le cas, elles peuvent cependant le faire aprĂšs, contrairement au chabbat, Ă  condition d’allumer la bougie Ă  partir d’une flamme existante et non d’une flamme nouvellement allumĂ©e) et rĂ©citent la bĂ©nĂ©diction appropriĂ©e. Elles peuvent rĂ©citer la bĂ©nĂ©diction shehehiyanou Ă  ce moment ou attendre que leur mari le fasse lors du kiddoush et rĂ©pondre amen mais en tous les cas, elles ne peuvent le faire qu’une fois[68].

Divers usages existent en ce qui concerne l’office du soir, chaque communautĂ© possĂ©dant son propre rite liturgique (les ashkĂ©nazes introduisent par exemple la priĂšre centrale par LĂ©vitique 23:44[69] alors que certains sĂ©farades la font prĂ©cĂ©der par LĂ©vitique 23:4 et d’autres par ces deux versets[70]). La rĂ©citation du Hallel dans son entiĂšretĂ© (du psaume 113 au psaume 118), avec ou sans bĂ©nĂ©diction, semble cependant ĂȘtre commune Ă  beaucoup d’entre elles[54]. Comme tous les orants, y compris les pauvres et les vagabonds, prendront leur repas chez eux, il n’y a pas lieu de faire le kiddoush Ă  la synagogue[71].

On se presse ensuite de rentrer chez soi ou chez ses hĂŽtes pour prendre part au sĂ©der mais il ne commence qu’à la tombĂ©e de la nuit[72].

Le séder

Une table apprĂȘtĂ©e pour le seder de PĂąque.

Le sĂ©der est cĂ©lĂ©brĂ© un soir en terre d’IsraĂ«l, deux en dehors de celle-ci en raison du second jour fĂ©riĂ© des communautĂ©s diasporiques (qui n'est pas observĂ© dans le judaĂŻsme rĂ©formĂ©).

Selon le rituel Ă©tabli, trois matzot sont posĂ©es sur un plateau (ou sur la table[54]) qui comprend une sĂ©rie d’aliments symboliques. L’officiant, qui est le plus souvent le pĂšre de famille, bĂ©nit le jour sur la premiĂšre coupe, se lave les mains, trempe un lĂ©gume, coupe la matza mitoyenne (qui reprĂ©sente l’offrande pascale) et rĂ©serve l’une des moitiĂ©s Ă  l’afikomane. L’un des enfants, gĂ©nĂ©ralement le plus jeune, pose les quatre questions ; l’officiant rĂ©pond par la Haggada oĂč les versets relatifs Ă  l’Exode sont entremĂȘlĂ©s de discussions rabbiniques visant Ă  les rendre plus Ă©difiants et marquants. On se lave les mains pour manger la matza ainsi que la PĂąque (c’est-Ă -dire la matza mitoyenne) et les herbes amĂšres, sĂ©parĂ©ment d’abord puis en « sandwich », Ă  la mode de Hillel (chaque Juif doit veiller Ă  manger environ trente-cinq grammes de chaque mets dans un dĂ©lai de deux Ă  quatre minutes[73]). Un repas de fĂȘte dont le menu varie selon les communautĂ©s est servi, suivi d’une action de grĂące et du Hallel[74].

Diverses coutumes ont Ă©tĂ© instaurĂ©es dans la plupart des communautĂ©s pour relever davantage encore l’atmosphĂšre de la ou des soirĂ©es : tenue « exotique » de l’officiant (un linge blanc Ă  l’image du grand-prĂȘtre Ă  Yom Kippour chez les ashkĂ©nazes[75], une djellaba dans certaines communautĂ©s sĂ©farades, des « habits de libertĂ© » etc.), recherche plus ou moins sĂ©rieuse, aprĂšs le repas, de l’afikomane que l’enfant (ou, parfois, l’officiant) a subtilisĂ© et ne restitue qu’aprĂšs marchandage pour une promesse de cadeau, invitation solennelle du prophĂšte Élie Ă  boire son verre en laissant la porte grande ouverte car l’on ne craint rien en cette « nuit des vigiles » et chants du sĂ©der, entonnĂ©s au cours ou en conclusion de celui-ci, sur un rythme conçu pour amuser et captiver l’auditoire[27] - [54] - [74].

Le sĂ©der s’achĂšve sur l'espĂ©rance que Dieu l’a agrĂ©Ă© et que « l’an prochain Ă  JĂ©rusalem (variante moderne : JĂ©rusalem reconstruite)[74] ! » D’aucuns ont pour coutume de passer la nuit Ă  Ă©tudier[76].

Premier(s) jour(s) de la fĂȘte

Distribution de matzot et de harosset par le maĂźtre de maison, the Sister Haggadah (XIVe s.)

Hag Hamatzot Ă©tait Ă  l’époque des premier et second temples de JĂ©rusalem, une fĂȘte de pĂšlerinage, au cours duquel les Juifs Ă©taient tenus de se rendre Ă  JĂ©rusalem pendant sept jours et d’y faire des offrandes Ă  Dieu selon les ordonnances bibliques. Bien que de nombreux Juifs se rendent de nos jours en pĂšlerinage au Mur occidental, la liturgie se concentre principalement, en l’absence d’un Temple reconstruit, sur le souvenir des anciens rites et offrandes, comme Ă  Souccot et Chavouot. L’accent est mis sur l’accĂšs Ă  la libertĂ©.

Le rituel liturgique du premier jour (ou des deux premiers jours, en diaspora) de Pessa'h comprend :

  • une Êżamida (priĂšre) de sept bĂ©nĂ©dictions, rĂ©citĂ©e lors des offices du matin, de l’aprĂšs-midi et du soir. La fĂȘte y est appelĂ©e zman heroutenou (« le temps de notre libertĂ© »).
  • une bĂ©nĂ©diction supplĂ©mentaire, yaalĂš veyavo, intercalĂ©e dans le birkat hamazon (action de grĂąces rĂ©citĂ©e aprĂšs les repas),
  • la lecture du Hallel aprĂšs la Êżamida de l’office du matin, dans son entiĂšretĂ© (du psaume 113 au psaume 118),
  • une lecture de la Torah spĂ©ciale, comprenant les passages relatifs Ă  la fĂȘte et son ordonnance (Exode 12:21-51 et Nombres 28:16-25 comme maftir). La haftara (section complĂ©mentaire lue dans les Livres prophĂ©tiques) se fait dans JosuĂ© 5:2 Ă  6:1 et relate la pĂąque de Guilgal. Au second jour fĂ©riĂ© de la diaspora, Exode 12:21-51 est remplacĂ© par LĂ©vitique 22:26-23:44 et la haftara est lue dans II Rois 23:1-9 puis 21-25 (la pĂąque de Josias)[77].
  • un office de priĂšre supplĂ©mentaire (moussaf), en remplacement des offrandes particuliĂšres Ă  la hag hamatzot. La priĂšre pour la rosĂ©e y est rĂ©citĂ©e lors du premier jour de fĂȘte (en terre d’IsraĂ«l comme en diaspora). La bĂ©nĂ©diction de la pluie est dĂšs lors remplacĂ©e par celle de la rosĂ©e lors de tous les offices de priĂšre, jusqu’au moussaf de Chemini Atzeret[78].

Le soir du 15 nissan, lendemain de Pessa'h (ou de son premier jour, en diaspora), marque le dĂ©but du dĂ©compte de l’omer, en terre d’IsraĂ«l comme en diaspora ; ce dĂ©compte se poursuit lors de l’office du soir des cinquante jours qui sĂ©parent Pessa'h de Chavouot[79].

Jours mi-fériés

Matza shmurah faite Ă  la main.

Lors des jours intermédiaires, le rituel liturgique comporte :

  • une priĂšre des dix-huit bĂ©nĂ©dictions, rĂ©citĂ©e lors des offices du matin, de l’aprĂšs-midi et du soir, Ă  laquelle on ajoute la bĂ©nĂ©diction yaalĂš veyavo. Celle-ci demeure intercalĂ©e dans le birkat hamazon jusqu’à la fin de la fĂȘte,
  • la lecture du Hallel aprĂšs la Êżamida de l’office du matin, amputĂ©e des versets 1-11 du psaume 115 et de tout le psaume 116, comme lors du ou des derniers jours de fĂȘte[80],
  • une lecture de la Torah spĂ©ciale, diffĂ©rente chaque jour, ainsi que la haftara ; le maftir (Nombres 28:19-25), lui, demeure identique[77],
  • l’office de moussaf, inchangĂ© par rapport au(x) premier(s) jour(s), hormis les versets des offrandes.

Lors du chabbat de hol hamoĂ«d, on lit Exode 33:12-34:26 (le dialogue entre Dieu et MoĂŻse, suivi du pardon envers IsraĂ«l et de la prescription de tailler de nouvelles tables pour y recevoir la Loi) et Nombres 28:19-25 en maftir. La haftara est lue dans ÉzĂ©chiel 37:1-14 (la prophĂ©tie des ossements dessĂ©chĂ©s)[77].

Lecture du Cantique des Cantiques

Les cinq rouleaux, attendant d’ĂȘtre lus (le Cantique des Cantiques est le premier en partant de droite).

La lecture du Cantique des Cantiques est universellement réalisée lors de Pessa'h mais les usages divergent entre communautés.

Les ashkĂ©nazes la rĂ©alisent lors du chabbat de hol hamoĂ«d (ou lors du dernier jour de Pessa'h si celui-ci a lieu Ă  chabbat) avant celle de la Torah[81]. Certains dĂ©cisionnaires recommandent de lire le Cantique selon la cantilation et dans un rouleau manuscrit dont les lettres sont toutes lisibles ; le Gaon de Vilna prescrit pour cette raison de rĂ©citer les bĂ©nĂ©dictions al mikra meguila (sur la lecture du rouleau) et shehehiyanou avant la lecture[82]. Cet usage n’est cependant pas universel[83].

Les sĂ©farades et les orientaux la lisent aprĂšs la Haggada[84]. Les communautĂ©s yĂ©mĂ©nites rĂ©alisent les deux lectures, ainsi qu’une derniĂšre lors du dernier jour de la fĂȘte. Lors de la lecture synagogale, chacun lit un verset ; l’assemblĂ©e reprend le verset en chƓur et y adjoint son targoum (traduction paraphrasĂ©e en judĂ©o-aramĂ©en)[54].

Le(s) dernier(s) jour(s) de Pessa'h

Le septiĂšme jour de la fĂȘte des azymes est Ă©galement fĂ©riĂ© selon la Bible, donnant lieu aux mĂȘmes restrictions d’activitĂ© que le premier jour de Pessa'h. On y lit le Hallel en abrĂ©gĂ© et le mĂȘme maftir qu’à hol hamoĂ«d[85]. Bien qu’il ne soit pas, contrairement Ă  Chemini Atseret, considĂ©rĂ© comme une fĂȘte indĂ©pendante[86], il a acquis un caractĂšre propre, car c’est en ce jour que les IsraĂ©lites auraient traversĂ© la mer des Joncs[87] et de nombreuses communautĂ©s organisent une veillĂ©e pendant laquelle elles Ă©tudient ou chantent le cantique de la mer[54].

Il est, Ă  l’instar des autres fĂȘtes bibliques, prolongĂ© d’un jour en dehors de la terre d’IsraĂ«l. La nuit concluant le dernier jour de Pessa'h donne lieu Ă  la Rumpelnacht (« nuit du remue-mĂ©nage ») dans les communautĂ©s ashkĂ©nazes et Ă  la Mimouna, une cĂ©lĂ©bration plus Ă©laborĂ©e propre aux Juifs d’Afrique du Nord[88]. Les communautĂ©s kurdes fĂȘtaient en ce jour la Seharane par des promenades dans la nature (une coutume similaire Ă©tait observĂ©e par les Juifs du Maroc[54]) mais celle-ci a depuis Ă©tĂ© dĂ©placĂ©e Ă  la fĂȘte de Souccot[89].

Observance de Pessa'h dans les traditions non-rabbiniques

La premiĂšre PĂąque

Comme les jours de crĂ©ation du rĂ©cit de la GenĂšse, dans l’IsraĂ«l antique les jours calendaires commençaient le soir. Le chapitre 12 du livre de l’Exode Ă©tablit que la libĂ©ration des IsraĂ©lites de l’esclavage d’Égypte s’est dĂ©roulĂ©e le quatorziĂšme jour du premier mois, aprĂšs qu’ils ont cĂ©lĂ©brĂ© la premiĂšre PĂąque dans la nuit, et aprĂšs que l’ange de Dieu est passĂ© au-dessus de l’Égypte et a tuĂ© Ă  minuit les premiers-nĂ©s Ă©gyptiens. Les premiers-nĂ©s des IsraĂ©lites Ă©taient protĂ©gĂ©s par le sang du sacrifice pascal badigeonnĂ© avant minuit sur les linteaux et les montants des portes oĂč ils rĂ©sidaient. Exode 12 : 17 dit « c’est en ce jour mĂȘme [le 14] que j’aurai fait sortir vos armĂ©es du pays d’Égypte ».

La premiĂšre PĂąque fut donc cĂ©lĂ©brĂ©e au dĂ©but du 14e jour du mois aviv en 1513 av. n. Ăš[90] - [91]. Et les IsraĂ©lites sortirent d’Égypte aprĂšs cette nuit-lĂ  dans la mĂȘme journĂ©e calendaire du 14 aviv. Le mois aviv fut nommĂ© nissan aprĂšs le retour d’exil de Babylone.

DeutĂ©ronome 16:6 et LĂ©vitique 23:5 renouvĂšlent l’obligation de cĂ©lĂ©brer la pĂąque au dĂ©but du 14 aviv ou nissan.

Controverse sur l’expression « entre les deux soirs »

En Exode 12:5,6 il est dit : « Ce sera un agneau sans dĂ©faut, mĂąle, ĂągĂ© d’un an ; vous pourrez prendre un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu’au quatorziĂšme jour de ce mois ; et toute l’assemblĂ©e d’IsraĂ«l l’immolera entre les deux soirs ».

À propos de l’expression « entre les deux soirs » les professeurs C. Keil et F. Delitzsch dĂ©clarent : « DiffĂ©rents points de vue ont eu cours trĂšs tĂŽt chez les Juifs quant au moment exact qui Ă©tait sous-entendu. Aben Ezra est d’accord avec les CaraĂŻtes et les Samaritains pour dĂ©signer le moment oĂč le soleil disparaĂźt Ă  l’horizon comme Ă©tant le premier soir, et le moment oĂč l’obscuritĂ© totale est installĂ©e comme Ă©tant le deuxiĂšme soir ; dans ce cas-lĂ , ‘entre les deux soirs’ se situe entre 18 heures et 19 h 20 [
]. Selon l’avis rabbinique, le moment oĂč le soleil commençait Ă  dĂ©cliner, c’est-Ă -dire entre 15 heures et 17 heures, correspondait au premier soir, et le coucher du soleil au deuxiĂšme ; ‘entre les deux soirs’ signifiait donc entre 15 heures et 18 heures. Les commentateurs modernes ont fort justement optĂ© en faveur du point de vue d’Aben Ezra et de la coutume suivie par les CaraĂŻtes et les Samaritains »[92].

La thÚse du rabbin espagnol Aben Ezra (1092-1167 de notre Úre) est partagée par les érudits Michaelis, Rosenmueller, Gesenius, Maurer, Kalisch et Knobel.

Avec le temps les IsraĂ©lites amenĂšrent leurs agneaux (ou leurs chevreaux) au temple de JĂ©rusalem pour qu’ils y soient sacrifiĂ©s par un prĂȘtre. Mais, comme ces nombreux sacrifices prenaient des heures, certains Juifs en vinrent Ă  interprĂ©ter l’expression « entre les deux soirs » comme s’agissant de la fin du 14 nissan quand le soleil dĂ©cline de 15h00 Ă  la tombĂ©e de la nuit. La PĂąque en vint alors Ă  ĂȘtre cĂ©lĂ©brĂ©e au dĂ©but du 15 nissan.

Le professeur Jonathan Klawans, spĂ©cialiste du judaĂŻsme antique, explique : « Le jour nouveau commence au coucher du soleil. Le sacrifice est donc fait le 14, mais le dĂ©but de la PĂąque et le repas pascal ont en fait lieu le 15, mĂȘme si cette succession d’évĂšnements n’est pas prĂ©cisĂ©e dans l’Exode (
). Les Ă©crits rabbiniques (
) ne prĂ©tendent mĂȘme pas nous donner des informations sur la façon dont se dĂ©roulait le SĂ©der [le repas pascal] avant la destruction du Temple ».

Mais quant Ă  lui, Marcus Kalisch (1828-1885), un commentateur juif, a Ă©crit : « Cette mĂȘme opinion a Ă©tĂ© clairement exprimĂ©e par Ebn Ezra [un rabbin espagnol respectĂ©, 1092-1167] : “Nous avons deux soirs ; le premier, c’est le coucher du soleil [
] et le second, le moment oĂč la lumiĂšre cesse d’ĂȘtre rĂ©flĂ©chie par les nuages ; entre les deux, il y a un intervalle d’environ une heure et vingt minutes” ; et cette explication, qui semble ĂȘtre l’interprĂ©tation la plus rationnelle, est aussi celle des KaraĂŻtes et des Samaritains, et a Ă©tĂ© adoptĂ©e par de nombreux autres ».

Cette interprĂ©tation rejoint le texte de DeutĂ©ronome 16:6 qui indique que la PĂąque devait ĂȘtre sacrifiĂ©e le jour mĂȘme de la sortie d’Egypte qui Ă©tait intervenue le 14 aviv ou nissan (cf. aussi Nomb 9:3-5).

Dans le karaĂŻsme

Le karaĂŻsme, un mouvement scripturaliste du judaĂŻsme opposĂ© Ă  la tradition rabbinique, tend pourtant Ă  adopter des positions relativement proches : il considĂšre Ă©galement Pessa'h comme le « jour de l’indĂ©pendance » du peuple hĂ©breu[93], autorise la cuisine pendant la fĂȘte[94], considĂšre que seules les cinq espĂšces peuvent fermenter, prĂ©conise un nettoyage rigoureux du domicile ainsi qu’une prĂ©paration scrupuleuse des matzot (Anan ben David considĂ©rait que seule l’orge convenait au « pain de pauvretĂ© » mais ce n’est pas l’avis de Jacob al-Qirqissani) et condamne l’abstention des lĂ©gumineuses (bien que ce fĂ»t la coutume de la communautĂ© cairote)[42] - [95].

Il effectue cependant la distinction entre Pessa'h et Hag hamatzot[42] et commence le dĂ©compte de l’omer au lendemain du chabbat suivant Pessa'h[94].

Dans le samaritanisme

Sacrifice pascal (Korban Pessah) par des Samaritains au mont Garizim.

Les Samaritains, adeptes d’un mosaĂŻsme non-juif, ont perpĂ©tuĂ© la pratique de l’offrande pascale (Korban Pessah) sur le mont Garizim.

Ils marquent la pĂ©riode des deux semaines sĂ©parant la nĂ©omĂ©nie du jour de l’offrande par des priĂšres le matin et le soir. L’agneau est achetĂ© le dixiĂšme jour du mois, comme le prescrit la Bible. Le foyer est nettoyĂ© le douziĂšme jour au plus tard et les matzot sont confectionnĂ©es le lendemain ; elles ne sont pas consommĂ©es avant la mi-nuit de l’offrande, au premier jour de la fĂȘte des massot (matzot dans la prononciation samaritaine)[96].

L’agneau, surveillĂ© par les LĂ©vites samaritains au cours des deux semaines prĂ©cĂ©dentes (appelĂ©es pour cette raison Mishmeret, « surveillance »), est immolĂ© au soir du quatorziĂšme jour, appelĂ© Zeva'h Pessa'h. Les Samaritains attendent au moins une heure et demie avant la tombĂ©e de la nuit pour la rĂ©aliser sauf si l’offrande doit avoir lieu le vendredi car ils estiment, contrairement aux Juifs, que le chabbat a prĂ©sĂ©ance sur l’offrande. En ce jour, tous les Samaritains sont vĂȘtus de blanc, Ă  l’exception du prĂȘtre et des anciens ; les Samaritains de Holon ont rejoint la communautĂ© de Garizim afin de participer aux cĂ©lĂ©brations pendant les jours suivants[94] - [96].

Lors de la fĂȘte des massot, aucune activitĂ© n’est autorisĂ©e, y compris la cuisine. Au matin, un office a lieu au cours duquel le rouleau d’Abisha (Ă©crit, selon la tradition samaritaine, par Abishoua le petit-fils d’Aaron) est exhibĂ©. Au cours des sept jours suivants, les Samaritains ne consomment que des plats prĂ©parĂ©s par leurs soins ou des fruits ; ils abattent aussi des bĂȘtes pour les repas de fĂȘte, en rĂ©servant une portion de choix aux prĂȘtres. Le dĂ©compte de l’omer a lieu au lendemain du chabbat suivant la PĂąque. Au septiĂšme jour de la fĂȘte, se tient le premier pĂšlerinage de l’annĂ©e sur le mont Garizim[94] - [96].

Dans la tradition des Beta Israël

Les Beta IsraĂ«l d’Éthiopie sont les dĂ©positaires d’un judaĂŻsme prĂ©-rabbinique principalement fondĂ© sur la Bible, en voie de disparition depuis leur Ă©migration massive en IsraĂ«l et leur adoption du judaĂŻsme orthodoxe.

Les trois jours prĂ©cĂ©dant Pessa'h, ils ne mangeaient que des grains rĂŽtis et un pain spĂ©cial appelĂ© shimbera « en souvenir des trois jours de mauvaises vivres dans le dĂ©sert avant de trouver la manne »[97]. La veille de la fĂȘte, un « jeĂ»ne de Pessa'h » (soma fasikha) Ă©tait observĂ©. La pĂąque Ă©tait offerte par les prĂȘtres sur l’autel du sanctuaire (c’est-Ă -dire le masjid, Ă©quivalent de la synagogue) au coucher de soleil du quatorziĂšme jour ; elle n’était pas suivie d’un seder. On mangeait pendant la fĂȘte des matzot faites de shimbera et d’orge et le dĂ©compte de l’omer Ă©tait commencĂ© au septiĂšme jour de la fĂȘte[98] - [99] - [100].

Interprétations et observances modernes

Pessa'h dans le sionisme

Bracha Tzfira chante le soir de Pessa'h dans la salle commune du kibboutz Gan Shmouel (v. 1958).

Pessa'h est la premiĂšre fĂȘte rĂ©instaurĂ©e dans sa dimension agricole par le mouvement pionnier du kibboutz qui en diminue, voire nie la portĂ©e thĂ©ologique (mais non historique), Ă  l’instar des tenants de l’hypothĂšse documentaire (ceux-ci affirment que la fĂȘte des azymes seraient un festival agricole paĂŻen empruntĂ© aux CananĂ©ens et que la PĂąque serait une cĂ©rĂ©monie pastorale conjuratoire d’origine non-israĂ©lite, visant Ă  assurer le salut des bĂȘtes quittant le dĂ©sert pour les champs cultivĂ©s au printemps. Ces deux fĂȘtes auraient Ă©tĂ© artificiellement rĂ©unies et dotĂ©es de leur caractĂšre historique aprĂšs l’exil de Babylone[27] - [94])[101].

Le mouvement du kibboutz est aussi le premier Ă  composer une haggada adaptĂ©e Ă  sa sensibilitĂ© socialiste et athĂ©e ; l’aspect social du sĂ©der, les chants et la musique y jouent un grand rĂŽle[102]. L’une des compositions de cette Ă©poque est devenue la « mĂ©lodie traditionnelle » des quatre questions[103] mais d’autres comme Avati'him, composĂ© par Matityahou Shelem pour Bracha Tzfira, Ă©taient exclusivement centrĂ©es sur la vie du kibboutz[104]. Le kibboutz reviendra par la suite Ă  un contenu et une haggada plus traditionnels[27] mais son influence sur le zemer ivri a perdurĂ© et nombre de nouveaux chants de Pessa'h ont Ă©tĂ© composĂ©s parmi lesquels Sim'ha Rabba de Bilha Yaffe et Yedidia Admon[105], Zemer LaPessa'h de Levin Kipnis[106] et d’autres.

Pessa'h est actuellement l’une des fĂȘtes les plus populaires en IsraĂ«l tous courants confondus, 94 % des Juifs israĂ©liens dĂ©clarant en 2003 assister au sĂ©der, Ă  domicile ou dans un hĂŽtel[107]. Toutefois, Ă  la suite d'une dĂ©cision de la Cour suprĂȘme d’IsraĂ«l, la vente de hametz n’est interdite qu’en public, ce qui reprĂ©sente un Ă©cart considĂ©rable vis-Ă -vis de la Loi juive[108] - [109].

Chocolat de Pessah, New York (v. 1949).

Pessa'h aux États-Unis

Pessa'h est Ă©galement populaire aux États-Unis, tant dans les communautĂ©s orthodoxes que libĂ©rales. Ces derniĂšres ont, Ă  l’instar du kibboutz, ajoutĂ© au sĂ©der de nouvelles interprĂ©tations et pratiques au cours du XXe siĂšcle, plus ou moins suivies par diffĂ©rents groupes.

Sans cesse remis au goĂ»t du jour, Pessa'h devient dans les annĂ©es 1960 l’occasion de manifester le soutien juif au mouvement afro-amĂ©ricain des droits civiques, au mouvement de libĂ©ration de la femme dans les annĂ©es 1970, aux Juifs russes interdits d’émigration dans les annĂ©es 1980[27], etc.

La rĂ©interprĂ©tation fĂ©ministe juive du sĂ©der a continuĂ© au cours des derniĂšres dĂ©cennies du XXe siĂšcle, avec la rĂ©daction de rituels fĂ©ministes ainsi que la coutume de la coupe de Miryam, au cĂŽtĂ© de celle d’Élie, emplie d’eau en raison du puits de Miryam qui fournit l’eau aux HĂ©breux au cours de leur traversĂ©e du dĂ©sert. De nouveaux symboles apparaissent sur le plat du sĂ©der, parmi lesquels une orange ou un pamplemousse, une cinquiĂšme coupe est bue Ă  la mĂ©moire des Juifs disparus pendant la Shoah ou Ă  la santĂ© de l’État d’IsraĂ«l et de nouvelles priĂšres et bĂ©nĂ©dictions, pour remercier Dieu d’avoir donnĂ© aux gens l’opportunitĂ© de partager les repas pascaux ou pour le prier de prĂ©server l’hĂ©ritage culturel et liturgique du judaĂŻsme[27] - [110].

Des manifestations plus traditionnelles continuent cependant Ă  ĂȘtre observĂ©es, y compris dans les hautes-sphĂšres du pouvoir : la Maison-Blanche tient en effet un sĂ©der annuel depuis 2009, Barack Obama ayant voulu remercier de la sorte ses supporters juifs[111] - [112].

Tentatives de restauration de la pĂąque

En 2007, un groupe de rabbins menĂ© par Adin Steinsalz veut rĂ©instaurer l’offrande pascale, en s’appuyant sur le maintien de ce rite chez les Samaritains en l’absence de sanctuaire (les Juifs de Tunisie rĂ©alisaient Ă©galement une maniĂšre d’offrande Ă  la mode biblique jusqu’à leur Ă©migration ; les Juifs de Djerba observent cette coutume jusqu’à ce jour[54] - [113] - [114]).

Ils identifient un cohen (descendant de la classe sacerdotale) qui est Ă©galement abatteur rituel, Ă©laborent une procĂ©dure et soumettent leur projet Ă  l’approbation de la Cour suprĂȘme d’IsraĂ«l. Celle-ci s’aligne cependant sur le gouvernement et rejette leur requĂȘte[115].

ExégÚse historico-critique

Chapiteau à l'intérieur de l'église Notre-Dame-de-Bonabry à FougÚres (Ille-et-Vilaine), sculpté par Francis Cottard (1850-1909) et Frédéric Deschamps (1850-1920). ThÚme : La Pùque juive, XIXe s.

Du point de vue de l'exĂ©gĂšse biblique, le rĂ©cit de la PĂąque instaurĂ©e en Égypte est un texte lĂ©gislatif de la tradition sacerdotale. Le rĂ©dacteur biblique a repris un ancien rituel et l'a historicisĂ© en l'intĂ©grant dans le contexte de la narration de la sortie d'Égypte[116].

Pessa'h dans les sources chrétiennes

Les Évangiles indiquent que, pour les apĂŽtres, Pessa'h dĂ©signait, comme pour les Pharisiens, la PĂąque et la fĂȘte des azymes ainsi que l’offrande pascale[27].

Selon les Évangiles synoptiques, JĂ©sus de Nazareth est crucifiĂ© le 15 nissan, au premier jour de la fĂȘte et la CĂšne a lieu le 14 nissan ; ce moment-clĂ© du christianisme est donc un repas pascal au cours duquel JĂ©sus fait un sermon discutant de la signification rĂ©demptrice de sa mort[117]. Cependant, selon Jean, JĂ©sus est crucifiĂ© le 14 nissan, Ă  l’heure oĂč l’on offre la PĂąque[118] et la CĂšne a lieu le 13 nissan. Cette divergence n’est pas d’ordre astronomique mais thĂ©ologique car, contrairement aux Évangiles synoptiques, Jean fait de JĂ©sus l’agneau pascal[119].

Pessa'h, PĂąque et PĂąques

À la suite de la montĂ©e de l’antagonisme entre juifs et chrĂ©tiens, il est dĂ©cidĂ© lors du premier concile de NicĂ©e de distinguer les PĂąques chrĂ©tienne et juive, en assignant Ă  la premiĂšre une date au dimanche suivant le quatorziĂšme jour du premier mois lunaire du printemps. Cette dĂ©cision n’est pas appliquĂ©e par toutes les Églises.

Pessa'h et les « meurtres de sang »

« Crime rituel juif » selon les chrétiens, Schedel Weltchronik, 1493.

Avec le dĂ©veloppement de l’antijudaĂŻsme chrĂ©tien mĂ©diĂ©val, une croyance en un « crime rituel juif » se dĂ©veloppe parmi les chrĂ©tiens, que les Juifs, « peuple dĂ©icide », commĂ©moreraient l’assassinat du « divin enfant » ou auraient besoin d'ingrĂ©dients particuliers Ă  Pessa'h et immoleraient Ă  cette pĂ©riode un enfant chrĂ©tien afin d'utiliser son sang Ă  la confection des matzot - alors que dans le judaĂŻsme, mĂȘme la consommation de sang animal est interdite aux Juifs[120] - [121]. Parfois, ces accusations ont mĂȘme Ă©manĂ© de Juifs convertis au christianisme, qui pourtant, savaient pertinemment que tout Ă©tait infondĂ©.

Ces allĂ©gations antisĂ©mites Ă©taient gĂ©nĂ©ralement suivies d’explosions de violence contre les communautĂ©s juives dont les membres Ă©taient Ă  travers les siĂšcles, suspectĂ©s, torturĂ©s et souvent mis Ă  mort et ce, dans plusieurs pays (Angleterre, Allemagne, Autriche, Pologne, Hongrie, Roumanie, Ukraine, Italie, Espagne, Syrie
).

À la fin du XXe siĂšcle et au dĂ©but du XXIe siĂšcle, ces accusations perdurent et proviennent essentiellement d'accusateurs de pays musulmans en s'appuyant encore en 2016 ou en 2019 sur un rĂ©cent ouvrage diffamatoire, Blood for the Matzos of Zion de Najib Al-Kilani, qui donne du grain Ă  moudre aux fantasmes[122] - [123].

Pour tenter de couper court Ă  toute suspicion, certains dĂ©cisionnaires ashkĂ©nazes ont recommandĂ© de boire du vin blanc[124] - [27] - [125]. Les dĂ©cisionnaires sĂ©farades n’autorisent toutefois que le rouge[126].

Notes et références

  1. Charles Journet, L'Eglise du verbe incarnĂ©: essai de thĂ©ologie spĂ©culative, vol. 4, Éditions Saint Augustin, (lire en ligne)
  2. Philippe Haddad, « Le seder de Pessa'h », sur Akadem.org.
  3. Exode 12:1-13, id. 13:4 & Deutéronome 16:1.
  4. Exode 12:14-20.
  5. Exode 12:11 & Deutéronome 16:3.
  6. Lévitique 23:5-6 ; Nombres 28:16-17 : Deutéronome 16:2-8.
  7. Exode 23:15-16 ; LĂ©vitique 23:10-16 ; Nombres 9:1-12 & 28:26.
  8. Josué 5:10.
  9. 2 Rois 23:21-23, 2 Chroniques 8:12-13, 30:1-27 & 35:1-19 ; cf. Isaacs 2001.
  10. Ezra 6:19-22.
  11. Flavius JosĂšphe, Guerre des Juifs 2:280.
  12. T.B. Pessahim 64b, cité dans Encyclopedia Judaica 2008.
  13. Hugues Cousin, Jean-Pierre LĂ©monon, Jean Massonet, Philippe Abadie, Le monde oĂč vivait JĂ©sus, Cerf, , p. 339-340
  14. T.B. Pessa'him 35a, cf. Gugenheim 1992, p. 147-148.
  15. Mekhilta deRabbi Ishmaël, parashat Bo, massekhta dePis'ha, parasha 10.
  16. Gugenheim 1992, p. 147-149 ; voir aussi Alphonse Cerf, « Pessa'h jadis au village, Ă  Niedervisse en Moselle », sur site du judaĂŻsme d’Alsace et de Lorraine (consultĂ© le ).
  17. Avodat Israël, cité dans (en) K.M. Olitzky, « Spiritual Hametz », sur My Jewish Learning (consulté le ) ; cf. Gugenheim 1992, p. 148.
  18. (en) « Religion And Relationships / Advices from Experts / DAF », sur Daf Hagueoula (consulté le ).
  19. Gugenheim 1992, p. 151.
  20. T.B. Pessahim 120a, cité dans Encyclopedia Judaica 2008.
  21. Cf. Encyclopedia Judaica (2) 2008.
  22. Mahatzit HaShekel 458:1, Shaarei Teshouva 460:10, Birkei Yossef 463.
  23. Rachi sur T.B. Berakhot 38b.
  24. Maasse Rav 137, cf. (he) Shmuel Pinchas Gelber, « Matza shrouya, historia shel 'houmra », sur Moreshet (consulté le ).
  25. T.B. Pessa'him 114b, cf. MordekhaĂŻ Pessa'him, siman 588 & Kol Bo 7b ; voir aussi ZĂ©charia Zermati, « Coutumes des juifs d’Afrique du nord, concernant l’interdit de consommer du riz durant la fĂȘte de Pessa'h », sur Torat Eme"t (consultĂ© le ).
  26. Arbaa Tourim Orah Hayim 453.
  27. Encyclopedia Judaica 2008.
  28. Mishna Pessa'him 9:5, cf. Isaacs 2001.
  29. Mishna Pessa'him 5:5, T.B. Pessa'him 64a-b, cf. Isaacs 2001.
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Annexes

Bibliographie

Liens externes

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