Afikomane
Lâafikomane (en hĂ©breu ŚÖČŚ€ÖŽŚŚ§ŚÖčŚÖžŚ (epikoman), du grec áŒÏ᜶ Îșáż¶ÎŒÎżÎœ (epikomon) ou áŒÏÎčÎșÏÎŒÎčÎżÎœ (epikomion), Ă©galement transcrit afikoman ou afikomen, signifiant « ce qui vient aprĂšs » ou « dĂ©ssert »)[1] est une part de matza (pain azyme) qui est coupĂ©e au dĂ©but du SĂ©der de Pessa'h et mis Ă part afin dâĂȘtre mangĂ© comme dessert Ă la fin du repas.
DâaprĂšs la Mishnah du traitĂ© Pesahim 119b, lâafikomane est un substitut Ă lâoffrande pascale, qui fut la derniĂšre chose mangĂ©e durant le SĂ©der de Pessa'h Ă lâĂ©poque des Premier et Second Temples et durant la pĂ©riode du Tabernacle. Le Talmud fait Ă©tat de lâinterdiction dâavoir lâafikomane aprĂšs avoir mangĂ© le repas, de sorte que le goĂ»t des matzas qui a Ă©tĂ© mangĂ© pendant le repas reste en bouche[2]. AprĂšs la destruction du Temple, les juifs mangeaient un morceau de matza aujourdâhui connu comme afikomane pour finir le repas de SĂ©der de Pessa'h.
Les variantes de lâafikomane varient, bien qu'elles partagent souvent lâobjectif de garder les enfants Ă©veillĂ©s et alertes pendant jusqu'Ă la fin du repas de SĂ©der de Pessa'h. Selon les coutumes ashkĂ©nazes, le chef de famille cache lâafikomane que les enfants peuvent trouver, ou encore le voler puis le racheter. DâaprĂšs la tradition Mizrahi, lâafikomane peut ĂȘtre attachĂ© dans une Ă©charpe au dos d'un enfant pour la durĂ©e du SĂ©der[3].
Préparation
Lâafikomane est prĂ©parĂ© pendant la quatriĂšme partie du SĂ©der, Yachatz. Au cours de ce rituel, le leader du SĂ©der sort une matza de la pile de trois matzot entiĂšres sur la table du SĂ©der. Il sĂ©pare cette matza en deux, ramenant le plus petit morceau Ă la pile et mettant de cĂŽtĂ© le plus grand morceau afin dâĂȘtre mangĂ© plus tard, durant Tzafun. Lâafikoman est enveloppĂ© dans une serviette avant dâĂȘtre cachĂ©.
Tradition du « vol »
La coutume de cacher lâafikomane pour que les enfants « volent » et rĂ©clament une rĂ©compense est basĂ©e sur la GĂ©mara suivante : Rabbi Eliezer dit qu'il faut « saisir les matzot » pour que les enfants ne sâendorment pas[4]. Selon MoĂŻse MaĂŻmonide[5], Rabbi Eliezer fait rĂ©fĂ©rence Ă cette pratique du vol de lâafikomane pour que les enfants restent Ă©veillĂ©s jusqu'Ă la fin du repas[6].
La Haggadah Otzar Divrei HaMeforshim cite plusieurs autres raisons de voler lâafikomane. Selon Mekor Chaim - Chavos Yair, cette coutume dĂ©montre lâamour pour la mitsva de lâafikomane[7]. Menashe Klein, Rabbin de Oujhorod, dit que cette coutume est une reconstitution du rĂ©cit biblique de Jacob volant les bĂ©nĂ©dictions qui Ă©taient censĂ©es aller Ă son frĂšre ĂsaĂŒ. Le Midrash Pliah dit quâIsaac a dit Ă ĂsaĂŒ: « Ton frĂšre est venu avec tromperie » (GenĂšse 27:35), ajoutant « et il a pris lâafikomane. » Selon le Midrash, ce Ă©venement a eu lieu Ă la PĂąque. Par consĂ©quent, les enfants volent lâafikomane pour obtenir les bĂ©nĂ©dictions, qui sont le cadeau qu'ils demandent Ă leurs pĂšres d'acheter pour eux[6].
Manger lâafikomane
AprĂšs le repas et les desserts habituels, le leader du SĂ©der distribue des morceaux de lâafikomane Ă chaque invitĂ©. S'il n'y en a pas assez pour faire le tour, dâautres morceaux de matza peuvent ĂȘtre ajoutĂ©s Ă la partie de lâafikomane de chaque personne[8].
La loi juive prescrit qu'un morceau de matza de la taille d'une olive soit mangĂ© pour accomplir la mitsva relative Ă lâafikomane. Beaucoup de gens mangent avec celui-ci un morceau de matza supplĂ©mentaire, de la taille d'une olive. Le premier morceau de matza commĂ©more lâagneau pascal, dont la viande a Ă©tĂ© mangĂ©e Ă la fin du repas festif du SĂ©der Ă lâĂ©poque du Temple. La deuxiĂšme piĂšce commĂ©more la matza qui a Ă©tĂ© mangĂ©e avec la viande de lâagneau pascal Ă©galement Ă lâĂ©poque du Temple, en accomplissement du commandement de la Torah : « Ils mangeront lâagneau pascal avec de la matza et du maror. » (Exode 12:8)[8] Comme lâautre part de matza a Ă©tĂ© mangĂ©e plus tĂŽt dans le repas, la coutume veut que lâafikomane soit mangĂ© en s'inclinant vers la gauche.
Selon la loi juive, lâafikomane doit ĂȘtre consommĂ© avant minuit (dit hatsot, en "heures variables"), par analogie avec lâagneau pascal, mangĂ© avant minuit Ă lâĂ©poque du Temple de JĂ©rusalem[9]. Ainsi, si le SĂ©der est retardĂ© par les chants et de discussions liĂ©s Ă lâExode d'Ăgypte, les familles pourront raccourcir le repas du SĂ©der et passer rapidement Ă lâafikomane.
Lâafikomane est ainsi le dernier aliment mangĂ© du SĂ©der de Pessa'h et on ne mangera pas d'autre nourriture pour le reste de la nuit, hormis les deux derniĂšres tasses de vin du SĂ©der et le cafĂ©, le thĂ© ou l'eau[8].
Ătymologie
Le mot grec sur lequel repose lâafikomane a deux significations, suivant les lectures du Talmud babylonien et du Talmud de JĂ©rusalem. Les deux Talmuds sont dâaccord sur lâHalakha (dĂ©clarĂ© dans la Haggada de la PĂąque sous la rĂ©ponse donnĂ©e au Fils sage) qu'aucun autre aliment ne doit ĂȘtre mangĂ© aprĂšs la consommation de lâafikomane, pour le reste de la nuit. Le Talmud babylonien explique que le mot viendrait du mot grec signifiant « dessert », le dernier mets dâun repas. Le Talmud de JĂ©rusalem, attribue lâorigine Ă un autre mot grec â « epikomion », signifiant « ce qui vient la fin du dĂźner » ou « divertissement ». Telle Ă©tait la coutume chez les grecs et les romains de passer dâune fĂȘte ou d'un banquet Ă lâautre. La Halakha interdisant que toute autre aliment soit mangĂ© aprĂšs lâafikomane enjoint donc aux juifs de distinguer leur repas pascal des diffĂ©rents rituels paĂŻens.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Afikoman » (voir la liste des auteurs).
- (en + fr) « Glossaire des termes relatifs aux fĂȘtes juives et Ćuvres d'art rituel », RĂ©seau canadien du patrimoine juif (consultĂ© le )
- (en) « Afikoman â The Taste of Matza », yeshiva.org.il (consultĂ© le )
- (en) « Passover: The Afikoman », Jewish Virtual Library (consulté le )
- Pesahim 109a.
- Pesahim 7:3.
- (en) Rabbi Josh Flug, « The Mitzvah of Sipur Yetziat Mitzraim: The Role of Children », yutorah.org (consulté le )
- (en) « 5 Reasons Why Children Steal the Afikoman », Revach Lists (version du 27 mars 2010 sur Internet Archive)
- (en) « Passover â Eating The Afikoman on Pesach Night », DailyHalacha.com (consultĂ© le )
- Mishnah Zevachim 5:8.