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Paradoxe du singe savant

Le paradoxe du singe savant est un thĂ©orĂšme selon lequel un singe qui tape indĂ©finiment et au hasard sur le clavier d’une machine Ă  Ă©crire pourra « presque sĂ»rement » Ă©crire un texte donnĂ©. Dans ce contexte, « presque sĂ»rement » est une expression mathĂ©matique ayant un sens prĂ©cis, et le singe n'est pas vraiment un singe mais une mĂ©taphore pour un mĂ©canisme abstrait qui produit une sĂ©quence alĂ©atoire de lettres Ă  l'infini. Le thĂ©orĂšme illustre les dangers de raisonner sur l'infini en imaginant un trĂšs grand nombre, mais fini, et vice versa. La probabilitĂ© qu'un singe tape avec exactitude un ouvrage complet comme Hamlet de Shakespeare est si faible que la chance que cela se produise au cours d'une pĂ©riode de temps de l'ordre de l'Ăąge de l'univers est minuscule, bien que non nulle[1].

Avec suffisamment de temps, un chimpanzĂ© comme celui-ci, qui tape au hasard sur le clavier d’une machine Ă  Ă©crire, pourra presque sĂ»rement produire un exemplaire d’une piĂšce de thĂ©Ăątre de Shakespeare.

Il faut cependant remarquer qu'il serait impossible de reconnaĂźtre entre tous les textes frappĂ©s lequel serait Hamlet sans connaĂźtre au prĂ©alable Ă  la lettre prĂšs le texte de Hamlet[2], ce qui enlĂšverait tout intĂ©rĂȘt au procĂ©dĂ©.

Analyse succincte

On pourrait voir dans cette mĂ©taphore davantage une lapalissade qu'un paradoxe : si toutes les sĂ©quences peuvent ĂȘtre crĂ©Ă©es, cela signifie en effet... qu'aucune ne peut ĂȘtre exclue, et donc pas davantage Hamlet qu'une autre. Cependant, le rĂ©sultat en question est plus prĂ©cis, car on pourrait penser que la probabilitĂ© pour qu'une sĂ©quence donnĂ©e ayant du sens apparaisse est nulle ou du moins extrĂȘmement faible ; or, au contraire, il est presque sĂ»r que toute sĂ©quence finie finira par apparaĂźtre. Ce qui fait rĂ©ellement sens, et ne heurte pas davantage le « bon sens », est que les sĂ©quences ayant du sens pour un observateur donnĂ© (parlant une ou plusieurs langues donnĂ©es, et dotĂ© d'une culture lui permettant de reconnaĂźtre des citations classiques) sont beaucoup plus rares que les autres.

On trouve des traces de ce genre de dĂ©claration dans les Ɠuvres d'Aristote, Blaise Pascal, Jean-Jacques Rousseau[3] et Jonathan Swift jusqu'Ă  son Ă©volution vers la version avec un dactylographe. Ce rĂ©sultat fut initialement prĂ©sentĂ© par Émile Borel en 1909 dans son livre de probabilitĂ©s.

Il est Ă  noter que la conformitĂ© d'un texte frappĂ© Ă  un autre texte donnĂ© (ici, Hamlet) ne peut ĂȘtre Ă©tablie qu'en possĂ©dant ce second texte. Le processus est donc bien entendu inutilisable en matiĂšre de crĂ©ation littĂ©raire (ou encore de prĂ©diction d'Ă©vĂ©nements) ; c'est le thĂšme traitĂ© par Jorge Luis Borges dans sa nouvelle La BibliothĂšque de Babel.

Variante

Des variantes de ce thĂ©orĂšme incluent plusieurs, voire un nombre infini, de dactylographes et le texte Ă  Ă©crire passe d'une seule phrase Ă  tous les livres d'une bibliothĂšque. En France on parle de tous les livres de la BibliothĂšque nationale de France, en anglais de l'Ɠuvre complĂšte de William Shakespeare.

D'aprĂšs une formulation populaire du thĂ©orĂšme, une infinitĂ© de singes dactylographiant pendant une durĂ©e infinie produiront un texte donnĂ©. Insister sur les deux infinis est cependant excessif. Un seul singe immortel qui tape indĂ©finiment dactylographiera presque sĂ»rement n'importe quel texte fini, et mĂȘme une infinitĂ© de fois.

DĂ©monstration

Commençons par prĂ©ciser ce que l'on entend par « Ă©vĂ©nements indĂ©pendants » (ici, les touches choisies successivement par le singe, qui sont censĂ©es ĂȘtre choisies « indĂ©pendamment » les unes des autres, c’est-Ă -dire que le choix de la lettre suivante ne dĂ©pend pas des lettres prĂ©cĂ©dentes ; c'est le cas par exemple si le singe a une mĂ©moire de poisson rouge). Deux Ă©vĂ©nements sont dits indĂ©pendants si la probabilitĂ© pour que tous deux se produisent est Ă©gale au produit des probabilitĂ©s pour que chaque Ă©vĂ©nement se produise. Par exemple, si la probabilitĂ© pour qu’il pleuve sur Sydney un jour particulier est 0,3 et la probabilitĂ© pour qu’il y ait un tremblement de terre Ă  San Francisco un jour particulier est 0,8, alors la probabilitĂ© pour que tous les deux se produisent le mĂȘme jour est Ă©gale Ă  0,3 × 0,8 = 0,24.

Supposons maintenant que la machine Ă  Ă©crire soit pourvue de 50 touches, et que le mot Ă  taper soit « banane ». En tapant au hasard, il y a une chance sur 50 que la premiĂšre lettre tapĂ©e soit b ; de mĂȘme, il y a une chance sur 50 que la deuxiĂšme lettre tapĂ©e soit a, et ainsi de suite. Ces Ă©vĂ©nements sont indĂ©pendants, et ainsi la probabilitĂ© que les six lettres du mot « banane » soient tapĂ©es est de (1/50)6. Pour la mĂȘme raison, il y a Ă  nouveau une chance sur 506 que les six lettres suivantes soient celles du mot « banane », et ainsi de suite.

La probabilité de ne pas taper « banane » dans un de ces blocs consécutifs de 6 lettres est de . Comme chaque bloc est tapé indépendamment, la probabilité qu'il n'y ait pas « banane » parmi les n premiers blocs de 6 lettres est .

Quand n devient trĂšs grand, se rapproche de 0 (c'est une suite gĂ©omĂ©trique). Pour un entier n Ă©gal Ă  un million, est Ă©gal Ă  0,9999, pour un n Ă©gal Ă  10 milliards, vaut 0,53 et pour un n Ă©gal Ă  100 milliards, il vaut 0,0017. La probabilitĂ© tend vers zĂ©ro quand n devient infini.

Ainsi, la probabilité que le singe n'ait pas tapé « banane » aprÚs frappes est toujours plus petite que ( est la probabilité que le singe n'ait pas tapé « banane » dans un des blocs consécutifs de 6 lettres ; si par exemple le singe commence en tapant « abanane », il a effectivement tapé « banane », mais il n'a pas tapé « banane » dans un des blocs qu'on a considérés). Comme tend vers 0, en passant à la limite, on trouve :

La probabilité que le singe ne tape jamais « banane » vaut 0.

C'est dire que, presque sĂ»rement, le singe tape le mot « banane » Ă  un moment. (On peut mĂȘme dire qu'il tape le mot « banane » dans un de nos blocs de 6 caractĂšres.)

L'argument précédent reste valable pour toute chaßne de caractÚres finie, et pour toute taille de clavier.

Pourquoi dire « presque sĂ»rement » alors que l'Ă©vĂ©nement est de probabilitĂ© Ă©gale Ă  1 ? Comment un Ă©vĂ©nement possible peut-il ĂȘtre de probabilitĂ© nulle ? Il y a une subtilitĂ© due au fait que l'ensemble des rĂ©sultats possibles (ici l'ensemble de toutes les chaĂźnes de caractĂšres infinies) est infini. Ainsi par exemple, l'Ă©vĂ©nement « le singe ne tape que des "a" » fait partie des Ă©vĂ©nements possibles, mais est de probabilitĂ© nulle[4], tout comme l'Ă©vĂ©nement « le singe ne tape jamais le mot "banane" », comme on vient de le voir.

Généralisation et formalisation

On représente le texte que le singe tape au hasard par une suite de variables aléatoires indépendantes et identiquement distribuées et les caractÚres disponibles sur le clavier sous la forme d'un ensemble fini

tel que

De plus, on suppose que le texte à taper (ici, Hamlet de Shakespeare) est de longueur m et on le représente par la suite

On note

l'Ă©vĂ©nement lors duquel le singe tape entiĂšrement le texte dĂ©sirĂ© en commençant au k-iĂšme caractĂšre tapĂ© (en d'autres termes, la premiĂšre lettre de Hamlet est le k-iĂšme caractĂšre tapĂ© par le singe), oĂč

est la tribu engendrée par

L'idée est d'appliquer la loi du zéro-un de Borel. Pour cela, on considÚre la suite


On vérifie les conditions pour appliquer la loi du zéro-un de Borel :

  • IndĂ©pendance :
sont indépendants par l'hypothÚse iid.
  • On a
En effet, est fini, donc
De plus,
par l'hypothĂšse iid. On obtient donc

Ainsi, par la loi du zéro-un de Borel, on a

En d'autres termes, l'événement "le singe tape Hamlet en commençant au (n-1)m +1-iÚme caractÚre tapé, pour une infinité d'indices n" se réalise presque sûrement, c'est-à-dire qu'il tapera presque sûrement une infinité de fois Hamlet.

En pratique

Sans tenir compte de la ponctuation, ni des espaces, ni de la casse, un singe a une chance sur 26 de dactylographier correctement la premiĂšre lettre du mot Hamlet. Il a une chance sur 676 (26 fois 26) de dactylographier les deux premiĂšres lettres. Puisque la probabilitĂ© diminue exponentiellement, pour 20 lettres elle ne sera seulement que d’une chance sur 2620 = 19 928 148 895 209 409 152 340 197 376, Ă  peu de chose prĂšs Ă©gale Ă  la probabilitĂ© d'acheter consĂ©cutivement 4 billets de loterie et de gagner le gros lot Ă  chaque fois. Dans le cas du texte entier de Hamlet, les probabilitĂ©s sont tellement nĂ©gligeables qu’elles sont difficilement reprĂ©sentables pour un humain. Le texte de Hamlet, mĂȘme dĂ©pouillĂ© de toute ponctuation, contient bien plus de 132 680 lettres. On peut estimer la probabilitĂ© pour un singe tapant au hasard d'obtenir le texte de Hamlet Ă  environ 1/(5×10267000) ; c'est un nombre commençant par 0, suivi d'une virgule et de 267 000 zĂ©ros environ avant le premier chiffre diffĂ©rent de zĂ©ro.

À de telles Ă©chelles, on prĂ©fĂšre par commoditĂ© travailler avec des probabilitĂ©s en dB (dĂ©cibel ou dĂ©cibans[5] permettant de mieux situer les ordres de grandeur. Le choix d'un signe parmi 32 reprĂ©sente 5 bits, soit -15 dB (-5 × 10 log10(5)). Celui d'une suite de 10 caractĂšres -150 dB (en thĂ©orie de la fiabilitĂ©, des -80 dB sont courants, et un petit ouvrage de 200 000 caractĂšres... 3 millions de dĂ©cibans !).

Gian-Carlo Rota Ă©crivit dans un manuel de probabilitĂ© (inachevĂ© lorsqu’il mourut) :

« Si le singe pouvait taper sur son clavier une touche par nanoseconde, alors la durĂ©e d'attente pour que le singe dactylographie complĂštement Hamlet serait si longue que l’ñge estimĂ© de l’univers paraĂźtrait insignifiant par comparaison
 et ce n'est pas une bonne mĂ©thode pour Ă©crire les piĂšces de thĂ©Ăątre. »

En physique, la force de l'« argument des singes » ne se situe pas dans la probabilitĂ© pour que les singes produisent Ă©ventuellement quelque chose d’intelligible, mais d'une part dans la rĂ©alitĂ© pratique qu'ils ne le feront jamais, et surtout dans le fait que s'ils en Ă©crivaient une partie, on ne pourrait l'identifier comme telle qu'en la connaissant dĂ©jĂ . N'importe quel processus physique moins probable que la rĂ©ussite de tels singes, est, dans le cours d'une vie humaine, et mĂȘme relativement Ă  l'Ăąge de l'univers, impossible ; c'est lĂ  une base statistique liĂ©e au second principe de la thermodynamique.

Cet argument est parfois utilisĂ© comme objection contre l'abiogenĂšse[6]. La rĂ©ponse est que la vie n'a pas Ă  sortir toute armĂ©e de l'univers comme Minerve de la tĂȘte de Jupiter, mais que la vie — contrairement aux Ɠuvres littĂ©raires en gĂ©nĂ©ral — a Ă©mergĂ© par un processus d'Ă©volution. Il faut donc connaĂźtre la taille des plus petites molĂ©cules autoreproductrices (prions, ARN
) et calculer leur probabilitĂ© d'apparition compte tenu des autres facteurs : volume et concentration de la prĂ©sumĂ©e soupe primitive, surface de travail (a priori toutes les planĂštes de tous les systĂšmes de toutes les galaxies de tout cet univers), nombre et frĂ©quence des tirages multipliĂ©s par le temps. Une fois la sĂ©quence amorcĂ©e, le mĂ©canisme de sĂ©lection naturelle assure sa complexitĂ© progressive aussi longtemps qu'existent des ressources en Ă©nergie. NĂ©anmoins le tirage initial est en effet proche d'un problĂšme du singe dactylographe pour un texte relativement court. Concernant sa possible raretĂ© malgrĂ© la taille de l'univers, voir Paradoxe de Fermi.

Le mythe du singe savant

Certains AmĂ©ricains prĂ©tendent, bien que ce soit fortement improbable, que l'utilisation par Borel des singes et des machines Ă  Ă©crire dans son thĂ©orĂšme fut inspirĂ©e d’une argumentation de Thomas Henry Huxley le . Huxley en aurait parlĂ© au cours d'une discussion avec l'Ă©vĂȘque anglican d'Oxford, Samuel Wilberforce, tenue lors d'une rĂ©union de l’association britannique pour l'avancement de la Science Ă  Oxford, de laquelle Wilberforce Ă©tait vice-prĂ©sident, ce dernier ayant Ă©tĂ© Ă©bloui par la publication de Charles Darwin sur l'Origine des espĂšces sept mois plus tĂŽt, en .

Aucune transcription de la discussion n'existe, personne actuellement ne peut en témoigner, et aucun mémoire de Huxley n'inclut une quelconque référence au théorÚme du singe savant.

Certains supposent que ce rapprochement hypothĂ©tique de la discussion avec le thĂ©orĂšme du singe savant est probablement un mythe urbain dont l’origine provient du fait que cette discussion ait dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en parlant des singes : l'Ă©vĂȘque demanda si Huxley descendait d'un singe du cĂŽtĂ© de sa grand-mĂšre ou de son grand-pĂšre, et Huxley rĂ©pondit qu'il prĂ©fĂ©rait descendre plutĂŽt d'un singe que de quelqu'un comme l’évĂȘque, capable d'argumenter avec une telle mauvaise foi. Il est encore moins probable que Huxley ait fait allusion Ă  une machine Ă  Ă©crire. Bien que des brevets pour les machines Ă  Ă©crire modernes aient Ă©tĂ© accordĂ©s Ă  partir de 1714, la production commerciale des machines Ă  Ă©crire n'a commencĂ© qu’en 1870, et un orateur aussi habile que Huxley n’aurait certainement pas laissĂ© dĂ©pendre son argumentation d’une machine dont l'existence Ă©tait encore inconnue de la majeure partie de son auditoire.

Littérature et culture populaire

Romans et nouvelles

Dans les Voyages de Gulliver (1721), Jonathan Swift anticipe l’idĂ©e principale du thĂ©orĂšme, dĂ©peignant un professeur de la grande acadĂ©mie de Lagado qui essaye de crĂ©er une liste complĂšte de toutes les connaissances scientifiques en faisant gĂ©nĂ©rer en permanence par ses Ă©tudiants des chaĂźnes de lettres alĂ©atoires en tournant des manivelles sur un mĂ©canisme (partie trois, chapitre cinq).

Un thĂšme semblable est traitĂ© dans La BibliothĂšque de Babel de Jorge Luis Borges, dans laquelle se trouve un nombre illimitĂ© de volumes remplis de chaĂźnes de caractĂšres alĂ©atoires. Toutes les grandes Ɠuvres de la littĂ©rature sont prĂ©sentes par construction dans l'immense bibliothĂšque, ainsi que la biographie complĂšte de celui qui y errerait Ă  la recherche de son avenir ; mais de telles Ɠuvres sont dĂ©passĂ©es en nombre par des travaux mĂ©diocres, Ă  leur tour Ă©crasĂ©s par une masse Ă©norme de livres dont le contenu n'a pas le moindre sens. Il reprend Ă©galement cette idĂ©e dans L'immortel (du recueil L'Aleph), en supposant qu'HomĂšre ait Ă©tĂ© immortel et donc sans mĂ©rite car « aussitĂŽt accordĂ© un dĂ©lai infini, avec des circonstances et des changements infinis, l'impossible aurait Ă©tĂ© de ne pas composer, au moins une fois, l'OdyssĂ©e »[7].

Dans le Pendule de Foucault, Umberto Eco fait dire Ă  l'Ă©diteur Belbo que si sa secrĂ©taire, Mlle Gudrun, devait ranger comme elle peut les feuillets Ă©pars sur le sol, il en sortirait peut-ĂȘtre des sens nouveaux. Casaubon rĂ©pond : « Vous mettez simplement Gudrun Ă  la place du singe qui tape pour l'Ă©ternitĂ© sur sa machine Ă  Ă©crire » (chapitre 65, paragraphe 7).

Asimov utilise ce paradoxe dans sa nouvelle le Doigt du singe, avec cependant un seul singe dont un ordinateur filtre la production.

Dans une courte histoire humoristique de R. A. Lafferty intitulĂ©e Been a Long, Long Time (soit « ça fait bien longtemps »), un ange est puni et doit corriger tous les textes produits par une armĂ©e de singes jusqu’au jour, situĂ© dans un futur immensĂ©ment reculĂ©, aprĂšs que des trillions d’univers soient morts, oĂč ils auront rĂ©ussi Ă  fournir une copie parfaite des travaux de Shakespeare. Lafferty remarque au passage que bien longtemps avant, les singes seront devenus assez intelligents pour pouvoir rĂ©Ă©crire le texte sans avoir besoin du hasard.

Stanislas Lem dans La CybĂ©riade, montre son demi-hĂ©ros Clapaucius dupant un brigand en lui offrant "tout le savoir de l'univers" : un dĂ©mon enfermĂ© dans un tonneau, Ă©crit sur une bande de papier toutes les informations que lui rĂ©vĂšle le mouvement brownien de l'air. Le brigand se croit omniscient, avant d'ĂȘtre submergĂ© par le flot d'informations incohĂ©rentes.

Informatique et Internet

Richard Dawkins a pour sa part imaginé le portable de Babel, un ordinateur portable dont les 4 mégaoctets de mémoire seraient remplis aléatoirement. Là encore, tous les noyaux de Windows comme de Linux, passés, présents ou futurs (jusqu'à Mo du moins) seraient quelque part.

En 2000, le comitĂ© de normalisation de standard pour Internet IETF, Ă  l’occasion d’une RFC du premier avril (en), a proposĂ© « une suite de protocoles pour une infinitĂ© de singes (Infinite Monkey Protocol Suite, IMPS) », pour diriger par Internet une ferme contenant une infinitĂ© de singes ; il s'agit de la RFC 2795.

Dans la page personnelle (blog) de l'auteur et acteur Wil Wheaton, figure le slogan « 50 000 singes devant 50 000 machines Ă  Ă©crire ne peuvent pas se tromper ». Ce mot d’esprit a remportĂ© un prix de Blog award en 2002 dans la catĂ©gorie « meilleur sous-titre de Weblog ».

Robert Wilensky remarqua une fois avec amusement que « nous avons tous entendu dire qu’un million de singes frappant sur un million de machines Ă  Ă©crire reproduiront tĂŽt ou tard les travaux entiers de Shakespeare. Maintenant, grĂące Ă  l’internet, nous savons que ce n'est pas vrai ».

En 2014 l'artiste Jonathan Basile met en ligne le site: https://libraryofbabel.info, site qui met en forme la nouvelle de Borges et ainsi le paradoxe du singe savant[8].

Autres exemples :

  • Dans le webcomic Atomic Robo and the Shadow From Beyond Time, deux ingĂ©nieurs imaginent un "dĂ©calculateur" qui Ă©crit tous les programmes possibles, Ă  la maniĂšre des singes, avant d'Ă©liminer tous les programmes incorrects.
  • Les chĂšvres, une bande dessinĂ©e sur internet illustrĂ©e par Jonathan Rosenberg (en), raconte une histoire appelĂ©e « les machines Ă  Ă©crire infinies »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) oĂč plusieurs personnages sont dĂ©placĂ©s accidentellement dans une autre dimension. Ils constatent que cette dimension est peuplĂ©e par des singes avec des machines Ă  Ă©crire, censĂ©s dactylographier les manuscrits appartenant Ă  de multiples autres dimensions.
  • La DĂ©sencyclopĂ©die, parodie de WikipĂ©dia, prĂ©tend sur sa page d'accueil ĂȘtre entiĂšrement Ă©crite par des singes savants.

Films et télévision

  • L'Histoire sans fin de Michael Ende : le hĂ©ros Bastien Balthasar Bux se retrouve dans la ville des anciens empereurs, oĂč des fous jouent au jeu des probabilitĂ©s. Le singe Argax lui explique le fonctionnement : quantitĂ© de dĂ©s dont chaque face est recouverte d'une lettre jonchent le sol. Les fous, encouragĂ©s par Argax, les disposent au hasard devant eux car ils ont perdu la parole. Le singe explique que parfois certains mots apparaissent, et que si l'on continue Ă  jouer cent ans, mille ans, un poĂšme doit apparaĂźtre de temps en temps. Et que si on y joue Ă©ternellement, toutes les histoires possibles doivent sortir, y compris celle-lĂ .
  • Les Simpson : dans l'Ă©pisode GrĂšve Ă  la centrale, Charles Montgomery Burns a dans sa propre chambre 1 000 singes devant des machines Ă  Ă©crire, dont un est chĂątiĂ© pour avoir fait une faute sur un mot de la premiĂšre phrase du livre Le Conte de deux citĂ©s (A Tale of Two Cities) « It was the best of times, it was the blurst of times. », au lieu de « It was the best of times, it was the worst of times » (ce qui signifie « c’était le meilleur des temps, c'Ă©tait le pire des temps ») ; remarquons que la version française (de France) de l'Ă©pisode propose une variante sur la base de la cĂ©lĂšbre phrase de Hamlet : « Être ou ne pas ĂȘtre, telle est la question », devenant, sous la plume du singe : « Être ou ne pas ĂȘtre, telle est l'Ă©quation ».
  • Les Griffin (Family Guy) : un groupe de singes est montrĂ© en train de travailler sur un vers de RomĂ©o et Juliette de Shakespeare dans une scĂšne intermĂ©diaire.
  • Le Guide du voyageur galactique : Ford Prefect et Arthur Dent, sous l’influence du trajet de l’infinie improbabilitĂ©, sont pris en embuscade par un nombre infini de singes qui leur demandent un avis sur leur manuscrit de Hamlet.
  • Dans le 7e Ă©pisode de The Lone Gunmen : Au cƓur du complot (La PlanĂšte des Frohikes), des singes tapent sur des machines Ă  Ă©crire et Simon Ă©crit le texte de Shakespeare dictĂ©.

Le comĂ©dien Bob Newhart avait un rĂŽle dans une comĂ©die, de technicien de laboratoire chargĂ© de la surveillance d’une expĂ©rimentation sur un « trĂšs grand nombre de singes » et dans ce rĂŽle il dĂ©couvrit que l’un des singes avait dactylographiĂ© « ĂȘtre, ou ne pas ĂȘtre ; c'est la gezortenblatt ». En allemand « gezortenblatt » pourrait signifier « une question de braillement ».

Théùtre

Le thĂ©orĂšme est aussi Ă  la base d’une piĂšce en un seul acte de David Ives intitulĂ©e « Words, Words, Words » (« Mots, Mots, Mots »), qui apparaĂźt dans sa collection All in the Timing. Dans cette piĂšce, trois singes appelĂ©s Milton, Swift, et Kafka ont Ă©tĂ© confinĂ©s dans une cage par un scientifique jusqu’à ce qu’ils Ă©crivent Hamlet.

Dans la piĂšce Rosencrantz & Guildenstern are Dead de Tom Stoppard, un personnage dit « si un million de singes
 » mais ne continue pas sa phrase et change de sujet. Il s’agit certainement d’une allusion humoristique, puisque les personnages sont censĂ©s jouer dans Hamlet.

Bande dessinée

Dans la bande dessinĂ©e Dilbert, Dogbert indique Ă  Dilbert que son poĂšme prendrait « trois singes et dix minutes » (sachant qu'il faut selon Dogbert 1000 singes et un temps infini pour Ă©crire toutes les Ɠuvres de Shakespeare).

Dans l'un de ses "Courts MĂ©trages", Milo Manara montre un humain et un extraterrestre naufragĂ©s sur une planĂšte oĂč une presse folle imprime des milliards de livres, chacun une variante de beaucoup d'autres. L'extraterrestre en trouve un qui raconte leur histoire : en le suivant Ă  la lettre, ils devraient pouvoir repartir ! L'humain incrĂ©dule cĂšde et suit les instructions. Mais si le livre finit bien, ses multiples coquilles (ce n'est pas "le" livre parfait) leur rĂ©servent des surprises.

Singes de laboratoire

Il s’agit d’une expĂ©rience de pensĂ©e qui, clairement, ne peut pas ĂȘtre effectuĂ©e dans la rĂ©alitĂ©, puisqu'elle demanderait un temps infini ou une infinitĂ© de singes. NĂ©anmoins, elle a inspirĂ© de nombreux travaux dans la gĂ©nĂ©ration alĂ©atoire finie de textes.

Le site « le simulateur de singe shakespearien », commencĂ© le , contient une appliquette qui simule une grande population de singes dactylographiant alĂ©atoirement, dans l'intention de voir combien de temps il faut Ă  ces singes virtuels pour produire une piĂšce complĂšte de Shakespeare du dĂ©but jusqu'Ă  la fin. Le , le programme a obtenu 24 lettres consĂ©cutives, quatre mots ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s (« RUMOUR. Open your ears; 9r"5j5&?OWTY Z0d "B-nEoF.vjSqj[...» de Henry VI, part 2). À cause des limitations de capacitĂ© de traitement, le programme emploie un modĂšle probabiliste (en employant un gĂ©nĂ©rateur de nombres alĂ©atoires) au lieu de rĂ©ellement produire alĂ©atoirement du texte et de le comparer Ă  Shakespeare. Quand le simulateur « dĂ©tecte une coĂŻncidence » (c'est-Ă -dire, quand le gĂ©nĂ©rateur de nombres alĂ©atoires produit une certaine valeur), le simulateur rĂ©agit Ă  la coĂŻncidence en produisant du texte assorti.

En 2003, des scientifiques de l’universitĂ© de Plymouth, auraient effectuĂ© une expĂ©rience avec des singes au zoo de Paignton Ă  Devon en Angleterre : laisser pendant un mois un clavier d'ordinateur dans la clĂŽture qui parquait six macaques Ă  crĂȘte de Sulawesi. À la fin ils constatĂšrent que les singes n'avaient produit que « cinq pages »(Archive.org ‱ Wikiwix ‱ Archive.is ‱ Google ‱ Que faire ?) ne contenant que quelques lettres longuement rĂ©pĂ©tĂ©es, et ils rapportĂšrent que les singes avaient commencĂ© par attaquer le clavier avec une pierre, et avaient ensuite urinĂ© et dĂ©fĂ©quĂ© dessus (voir aussi Prix Ig Nobel).

La levée du « paradoxe »

Une question peut Ă  ce stade subsister dans l'esprit : peut-on rĂ©ellement produire des Ɠuvres littĂ©raires avec ce systĂšme ? Il est clair qu'on ne fait que remplacer un problĂšme par un autre plus grand : au lieu de composer une Ɠuvre, il faut lire et tester des milliards de milliards de documents et arriver Ă  dĂ©terminer lequel contient l'Ɠuvre. La quantitĂ© d'information consommĂ©e dans le processus sera au moins aussi grande, et en ce sens ce paradoxe n'est pas dĂ©nuĂ© de similitude avec celui du dĂ©mon de Maxwell, dont la physique crut quelques mois pouvoir espĂ©rer des miracles aussi.

ExprimĂ© en termes plus simples, cela signifie que la complexitĂ© de retrouver une Ɠuvre donnĂ©e de Shakespeare dans la BibliothĂšque de Babel sera trĂšs exactement la mĂȘme que celle de recopier directement cette piĂšce Ă  la main, puisque d'une part l'original est nĂ©cessaire et que d'autre part il faudra tout examiner lettre par lettre : la BibliothĂšque de Babel (ou le travail des singes) ne contient paradoxalement pas d'information. Ou, ce qui revient au mĂȘme, c'est le contexte liĂ© au vĂ©cu du rĂ©cepteur, et lui seul, qui fait que tel « bruit » particulier devient pour lui une « information » (parce qu'il connaĂźt la grammaire d'une langue, possĂšde un vocabulaire et dispose d'un vĂ©cu lui permettant de confĂ©rer du sens Ă  une suite de caractĂšres qui en soi ne se distingue pas des autres (voir aussi ThĂ©orie d'Everett).

Paul Valéry avait exprimé une réserve similaire dans L'homme et la coquille (Variété III) : « le chiffre qui sort à la loterie ne peut avoir de sens pour moi, ne se distingue de tous les autres, que si je possÚde un billet qui le porte. »

Stanislas Lem joue dans La Voix du MaĂźtre avec l'idĂ©e d'un signal baignant tout l'univers et porteur de sens pour une civilisation Ă©voluĂ©e ou mĂȘme un univers ultĂ©rieur (et pouvant aussi venir d'un univers antĂ©rieur disparu), mais qui ne serait lui aussi que bruit sans signification pour des observateurs de niveau de conscience ou de connaissances encore insuffisants.

Dans sa nouvelle Ubiquité, le héros de Dino Buzzati possÚde un grimoire qui renferme une formule magique. Mais cette formule faite de mots incohérents, est noyée dans un océan de mots tout aussi incohérents. Quand un jour il la lit par hasard, il est bien incapable de dire de quels mots il s'agissait (de plus la formule ne fait effet qu'une fois).

Et en mathématiques ?

On pourrait imaginer de gagner du temps dans le processus en ne produisant que des phrases bien formĂ©es. Cela est difficile pour une langue naturelle, mais facile en mathĂ©matiques, dans le cadre de la logique mathĂ©matique. On envisagea donc lors des premiers dĂ©veloppements du calcul formel sur ordinateur de fournir des axiomes et des rĂšgles de dĂ©duction Ă  une machine, le mathĂ©maticien n'ayant plus qu'Ă  examiner chaque jour les listings et Ă  publier les thĂ©orĂšmes du jour. Il va de soi que le problĂšme est le mĂȘme Ă  une seule chose prĂšs : toutes les formules imprimĂ©es seront cette fois correctes, c’est-Ă -dire bien formĂ©es et de plus vraies (et fournies avec la dĂ©monstration).

En revanche, le problÚme du dépouillement de papier reste inchangé. De plus, au cours d'une conférence sur les fondements des mathématiques, Jean-Yves Girard fait la remarque suivante (selon lui, la logique formelle ressemble plus à un travail de bureaucrate qu'à un travail de singe savant) :

« La question qui se pose est la suivante : est-ce que les mathématiques sont une activité formelle ? Est-ce que les mathématiques sont une activité "bureaucratique" ? Est-ce qu'on aurait pu confier le théorÚme de Fermat à un groupe d'énarques ? Ils y seraient arrivés en 300 ans ? Bon c'est impossible parce qu'il faut des idées. »

Autrement dit, la vraie question mathĂ©matique est de distinguer parmi les thĂ©orĂšmes ceux qui sont intĂ©ressants ; attendre que le hasard produise un de ceux-ci ramĂšne Ă  la difficultĂ© prĂ©cĂ©dente (l'explosion combinatoire), c'est pourquoi l'activitĂ© mathĂ©matique de dĂ©monstration reste crĂ©atrice. D'autre part, une machine peut fabriquer "au kilomĂštre" des Ă©noncĂ©s mathĂ©matiquement tous vrais accompagnĂ©s de leur dĂ©monstration Ă©tablie par ses soins. NĂ©anmoins, dans ces millions d'Ă©noncĂ©s, le fait d'en distinguer quelques-uns pour en faire — et d'eux seuls — des thĂ©orĂšmes relĂšve d'un vĂ©cu du mathĂ©maticien, qui aura reconnu un lien possible et Ă©ventuellement fĂ©cond avec des travaux d'autres branches du savoir comme la physique, la statistique, la biologie, etc. Les thĂ©orĂšmes spĂ©cifiques de ThalĂšs et de Pythagore, par exemple, Ă©taient liĂ©s Ă  des besoins latents concernant l'architecture ou l'Ă©tablissement d'un cadastre.

Art informatique

Selon ce mĂȘme principe, des formes[9] (pseudo)alĂ©atoires ont Ă©tĂ© utilisĂ©es pour crĂ©er de l'art abstrait. Le logiciel suit des structures types, prĂ©programmĂ©es. L'utilisateur humain peut pondĂ©rer ces structures en fonction de ses prĂ©fĂ©rences, pour faire composer des dessins ou de la musique qui lui plaise.

Lien avec la philosophie

Une question importante de la philosophie est « Pourquoi y a-t-il quelque chose plutĂŽt que rien ? » Dans la mesure oĂč la rĂ©alisation de tous les possibles Ă©quivaut Ă  une absence totale d'information, une boutade classique de physiciens consiste Ă  dire qu'il se peut tout simplement que nous ne soyons que l'une des formes possibles du « rien ». C'est d'ailleurs l'un des thĂšmes traitĂ© par Greg Egan[10].

Une sorte d'antihasard existe ici : nous ne pouvons en tant qu'observateurs exister que dans un des univers particuliers susceptibles de donner naissance Ă  des observateurs. Il s'agit du principe anthropique faible.

Nombres-univers

On peut dans certains cas Ă©valuer si la suite des dĂ©cimales d'un nombre irrationnel possĂšde des caractĂ©ristiques statistiques analogues Ă  une suite de chiffres alĂ©atoires. Lorsque tel est le cas, on peut attendre de cette suite les mĂȘmes caractĂ©ristiques qu'un texte frappĂ© par un singe (non) savant : en poussant son investigation assez loin dans cette suite, on peut espĂ©rer y dĂ©couvrir son numĂ©ro de tĂ©lĂ©phone, sa date de naissance, notre numĂ©ro de sĂ©curitĂ© sociale, la derniĂšre suite gagnante des numĂ©ros du Loto et, avec une convention pour associer des lettres et signes typographiques aux couples de chiffres, son nom de famille, son adresse, et — en Ă©tant trĂšs opiniĂątre — La Cigale et la Fourmi, Le Corbeau et le Renard et La BibliothĂšque de Babel. Il n'est donc pas davantage possible d'utiliser le procĂ©dĂ© pour la moindre crĂ©ation littĂ©raire, sauf Ă  la rigueur pour un exercice de style (Jean-Pierre Petit par exemple a utilisĂ© des mots crĂ©Ă©s par combinaisons alĂ©atoires de prĂ©fixes et suffixes dans ses bandes dessinĂ©es).

Notes et références

  1. La probabilitĂ© Ă©tant dĂ©finie au sens moderne du terme par l'intĂ©grale de Lebesgue, un Ă©vĂ©nement de probabilitĂ© nulle lui-mĂȘme n'est stricto sensu pas impossible. Ainsi, la probabilitĂ© qu'un rĂ©el choisi au hasard soit exactement rationnel ou entier est nulle, et les rationnels (donc les entiers) n'en existent pas moins, et en nombre infini (mais infini dĂ©nombrable, d'un plus petit ordre que l'infini « continu ».
  2. En d'autres termes, l'information se trouve chez l'observateur, et non dans ce qui est observé.
  3. Jean-Jacques Rousseau, Profession de foi du Vicaire savoyard, Paris, Gallimard, , 234 p. (ISBN 978-2-07-043912-6), " Cependant si l'on me venoit dire que des caractÚres d'imprimerie projettés au hazard ont donné l'Eneide toute arrangée, je ne daignerois pas faire un pas pour aller vérifier le mensonge. ".
  4. Le fait qu'un événement soit de probabilité nulle ne le rend pas stricto sensu impossible en milieu continu, par suite des propriétés de l'intégrale de Lebesgue ; par exemple le fait qu'un nombre réel tiré chiffre par chiffre soit un rationnel est de probabilité zéro, mais les nombres rationnels n'en existent pas moins, et en nombre infini.
  5. Voir Inférence bayésienne.
  6. (en) Ian Stott, The God Solution (lire en ligne), p. 42.
  7. L'Aleph, collection L'imaginaire Gallimard, p. 9 (ISBN 2070296660).
  8. « Library of Babel », sur libraryofbabel.info (consulté le )
  9. Au sens général : géométriques, sonores...
  10. Greg Egan, La CitĂ© des permutants, traduit de l'anglais par Bernard Sigaud, Éditions Robert Laffont, 1996.

Sources

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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