Limite (mathématiques)
En analyse mathĂ©matique, la notion de limite dĂ©crit lâapproximation des valeurs d'une suite lorsque l'indice tend vers lâinfini, ou d'une fonction lorsque la variable se rapproche dâun point (Ă©ventuellement infini) au bord du domaine de dĂ©finition. Si une telle limite existe dans lâensemble dâarrivĂ©e, on dit que la suite ou la fonction est convergente (au point Ă©tudiĂ©). Si ce nâest pas le cas, elle est divergente, comme dans le cas de suites et fonctions pĂ©riodiques non constantes (telle la fonction sinus en +â).
Sous condition dâexistence, le calcul des limites est simplifiĂ© par la compatibilitĂ© avec les opĂ©rations arithmĂ©tiques Ă©lĂ©mentaires, mais plusieurs formes indĂ©terminĂ©es font obstacle Ă cette technique calculatoire. La comparaison de croissance permet de lever bien souvent ces indĂ©terminations.
La dĂ©termination dâune limite peut ĂȘtre raffinĂ©e par lâexpression dâun Ă©quivalent (notamment dans le cas dâune limite nulle ou infinie), dâasymptotes obliques ou de branches paraboliques, voire de dĂ©veloppement limitĂ© ou asymptotique.
La limite dâune fonction en un point appartenant Ă son domaine de dĂ©finition est liĂ©e Ă la caractĂ©risation de sa continuitĂ©. Ce constat permet dâexprimer plus gĂ©nĂ©ralement la limite dans un cadre topologique Ă lâaide de la notion de voisinage. Elle peut mĂȘme sâĂ©tendre hors de ce cadre avec la notion de filtre.
Pour une fonction dâune variable Ă valeurs vectorielles, et notamment une courbe intĂ©grale dâun champ de vecteurs (par exemple associĂ© Ă lâespace des phases pour une Ă©quation diffĂ©rentielle ordinaire du second ordre), lâabsence de limite est parfois compensĂ©e par lâexistence dâun cycle limite.
Limite de suite
Premiers exemples avec des suites réelles
Lorsque n est un trĂšs grand nombre (entier), son inverse est trĂšs proche de 0. Ce phĂ©nomĂšne sâexprime par lâĂ©galitĂ© .
De mĂȘme, on peut Ă©crire , car la racine carrĂ©e peut ĂȘtre rendue arbitrairement grande en prenant lâentier n suffisamment grand (par exemple, pour obtenir , il suffit dâavoir n > 1 000 000).
A contrario, il nâexiste pas de limite pour la suite pĂ©riodique , qui prend alternativement les valeurs 1 et â1, mais qui ne tend ni vers 1, ni vers â1, ni vers quoi que ce soit dâautre dans lâintervalle ]â1, 1[ ou en dehors. En tant que suite bornĂ©e, elle ne peut pas non plus tendre vers +â ou vers ââ.
Limite finie
La dĂ©finition par Weierstrass de la convergence dâune suite rĂ©elle vers une limite finie sâexprime par la formule[1]
ou encore, par une formulation Ă©quivalente dans le cas des suites rĂ©elles, mais qui sâadapte au cas des suites Ă valeurs complexes,
- .
Cette dĂ©finition sâĂ©tend encore aux suites dans un espace vectoriel normĂ© en remplaçant la valeur absolue par la norme, et plus gĂ©nĂ©ralement aux suites dans un espace mĂ©trique avec la formulation
- .
Dans chacun de ces cas, il ne peut y avoir deux limites diffĂ©rentes pour une mĂȘme suite, ce qui permet dâexprimer la limite avec une Ă©galitĂ© . On trouve parfois aussi la notation .
Limite infinie
On dit quâune suite rĂ©elle diverge vers +â dans le cas suivant :
- .
Par analogie, elle diverge vers ââ dans le cas
- .
Les trois cas de limite (finie, infinie positive ou infinie nĂ©gative) sont mutuellement exclusifs et ne recouvrent pas lâensemble des suites rĂ©elles, puisque certaines nâont pas de limite du tout. On dit alors quâelles divergent sans limite.
Formulation topologique
Pour une suite Ă valeurs dans un espace topologique E, on dit que la suite converge vers un Ă©lĂ©ment L â E si pour tout ouvert U contenant L, il existe un rang n0 tel que pour tout n > n0 on a xn â U. Mais lâunicitĂ© de la limite repose alors sur lâhypothĂšse que lâespace soit sĂ©parĂ©.
Cette dĂ©finition recouvre celles des limites de suites Ă valeurs rĂ©elles, complexes ou dans des espaces mĂ©triques, mais sâapplique Ă©galement Ă dâautres espaces non mĂ©trisables, comme des espaces fonctionnels non normĂ©s. Pour une mĂȘme suite de fonctions, diffĂ©rentes normes ou topologies peuvent ĂȘtre prises en compte conduisant Ă lâexistence ou non de limites (convergence simple, convergence uniforme, convergence en norme p ou au sens des distributionsâŠ)
Cas des suites monotones
Toute suite réelle croissante a une limite, qui est finie si et seulement si la suite est majorée. Dans ce cas, la limite de la suite est égale à la borne supérieure de ses valeurs.
De mĂȘme, toute suite rĂ©elle dĂ©croissante a une limite qui est finie si et seulement si la suite est minorĂ©e, et dans ce cas la limite de la suite est Ă©gale Ă la borne infĂ©rieure de ses valeurs.
Ces propriĂ©tĂ©s dĂ©coulent de la propriĂ©tĂ© de la borne supĂ©rieure dans lâensemble des rĂ©els, et elles permettent de dĂ©finir Ă©galement la limite infĂ©rieure dâune suite minorĂ©e et la limite supĂ©rieure dâune suite majorĂ©e :
- ,
- .
En particulier, une suite bornĂ©e converge si et seulement si sa limite infĂ©rieure est Ă©gale Ă sa limite supĂ©rieure, et dans ce cas la limite de la suite est cette valeur commune. Cette propriĂ©tĂ© se gĂ©nĂ©ralise avec lâĂ©tude des valeurs dâadhĂ©rence dâune suite Ă valeurs dans un espace compact.
Autres conditions
Toute suite convergente est bornĂ©e mais une suite bornĂ©e nâest pas nĂ©cessairement convergente.
Deux suites adjacentes convergent toutes deux vers la mĂȘme limite rĂ©elle.
Pour une suite Ă valeurs rĂ©elles, complexes ou dans nâimporte quel espace complet, la convergence est Ă©quivalente au critĂšre de Cauchy :
- .
Pour une suite récurrente (xn) avec une fonction de récurrence f, si la suite converge vers un élément L en lequel la fonction f est continue, alors L est un point fixe de f.
Application aux séries
Pour une suite (à valeurs réelles complexes ou vectorielles), la série associée est aussi une suite, définie pour tout entier n ℠0 par , et si elle converge sa limite est la somme de la série, notée .
La convergence de la sĂ©rie nâest alors possible que si la suite initiale tend vers 0. Dans le cas contraire, on dit que la sĂ©rie diverge grossiĂšrement.
Dans le cas dâune suite rĂ©elle positive, la sĂ©rie est nĂ©cessairement croissante et admet toujours une limite finie ou infinie.
Dans le cas dâune sĂ©rie alternĂ©e sâĂ©crivant pour tout entier n â„ 0, si la suite est (positive) dĂ©croissante de limite nulle, la suite des termes de rang pair et la suite des termes de rang impair forment des suites adjacentes donc la sĂ©rie converge, et le reste est toujours infĂ©rieur en valeur absolue au premier terme nĂ©gligĂ© .
Limite de fonction
La notion de limite de fonction ressemble Ă celle de la limite dâune suite, Ă ceci prĂšs que la variable de la fonction peut tendre vers nâimporte quelle valeur de son domaine de dĂ©finition ou Ă la frontiĂšre de celui-ci. Ainsi, pour une fonction dĂ©finie sur un intervalle ]a, b[ â R, on peut Ă©tudier les Ă©ventuelles limites de la fonction en tout rĂ©el c de lâintervalle, mais aussi aux bornes a et b, que ces bornes soient finies ou infinies.
DĂ©finition
Pour une fonction rĂ©elle ou complexe dâune variable rĂ©elle ou complexe, la formulation dâune limite finie en une valeur finie est semblable Ă celle de la limite dâune suite[2] :
Cette dĂ©finition moderne, cohĂ©rente avec la dĂ©finition topologique gĂ©nĂ©rale (voir infra) et dĂ©sormais en vigueur en France[3], supplante la dĂ©finition historique de Weierstrass, appelĂ©e aussi « limite Ă©pointĂ©e » ou « limite par valeurs diffĂ©rentes »[4], enseignĂ©e encore parfois dans les universitĂ©s françaises et dans dâautres pays[5] :
- .
Lorsque la fonction f est dĂ©finie en un rĂ©el a, si elle admet une limite en a alors cette limite est nĂ©cessairement[6] - [7] Ă©gale Ă f(a). Plus prĂ©cisĂ©ment, la fonction admet une limite finie en un point a de son domaine de dĂ©finition si et seulement si elle est continue en a. Cette condition peut aussi sâexprimer par lâĂ©galitĂ© avec la limite Ă©pointĂ©e :
- .
Application
La définition de cette limite est particuliÚrement utile pour déterminer le nombre dérivé comme limite du taux d'accroissement.
Limite Ă gauche ou Ă droite
Pour une fonction f dâune variable rĂ©elle x, lorsque x se rapproche dâun rĂ©el a, il se peut que les valeurs f(x) soient trĂšs contrastĂ©es selon que la variable x soit infĂ©rieure ou supĂ©rieure Ă a, comme dans le cas particulier de la fonction inverse en 0, oĂč lâon ne peut dĂ©finir de limite cohĂ©rente. Dans ce cas, on peut dĂ©finir une limite Ă gauche et une limite Ă droite Ă©ventuellement diffĂ©rentes.
La limite dâune fonction f Ă gauche en un rĂ©el a sâĂ©crit ou , voire f(aâ) ou fg(a). Sa limite Ă droite en a sâĂ©crit ou , voire f(a+) ou fd(a).
Pour une fonction dĂ©finie au voisinage Ă gauche et Ă droite dâun rĂ©el a, lâexistence et lâĂ©galitĂ© des limites Ă gauche et Ă droite est Ă©quivalente Ă lâexistence dâune limite Ă©pointĂ©e (avec la mĂȘme valeur).
Expression générale
Afin dâunifier les diffĂ©rentes formulations de limites, on recourt Ă la notion de voisinage, qui sâapplique Ă tout rĂ©el (Ă©ventuellement Ă droite ou Ă gauche) et Ă lâinfini (en +â ou en ââ). On utilise aussi la notation R = R âȘ {ââ, +â} de la droite rĂ©elle achevĂ©e.
Soit f une fonction dĂ©finie au voisinage[8] (Ă©ventuellement Ă gauche ou Ă droite) de a â R et soit L â R. On dit que la fonction f admet la limite L en a si pour tout voisinage V de L, il existe un voisinage U (Ă gauche ou Ă droite) de a tel que f(U) â V.
On démontre que le réel L de la définition, lorsqu'il existe, est unique et on l'appelle limite de f au point p. On le note :
- CritÚre séquentiel de la limite de fonction
- La fonction f admet la limite L en a si et seulement si pour tout suite dans de limite a, la suite f(xn) a pour limite L.
Exemples
- La limite de x ⊠1/x en l'infini est égale à 0 :
- La limite de x ⊠1/x en 0 n'existe pas. La limite Ă droite est +â :
- La limite de x ⊠x2 en 3 est égale à 9 (dans ce cas la fonction est définie et continue en ce point et la valeur de la fonction est égale à la limite) :
- La limite de x ⊠xx en 0 est égale à 1 :
- La limite de x ⊠((a + x)2 â a2)/x en 0 est Ă©gale Ă 2a :
- La limite Ă droite de x ⊠|x|/x en 0 est Ă©gale Ă 1 et la limite Ă gauche est Ă©gale Ă â1 :
- La limite de x ⊠x sin(1/x) en +â est Ă©gale Ă 1 :
- La limite de x ⊠(cos(x) â 1)/x en 0 est Ă©gale Ă 0 :
Propriétés
Limite et opérations algébriques
- Le passage à la limite des fonctions est compatible avec les opérations algébriques :
- Si
- alors
(La derniÚre propriété suppose que L2 n'est pas nulle.)
Ces propriĂ©tĂ©s sont aussi valables pour les limites Ă droite et Ă gauche, pour le cas p = ±â, et aussi pour les limites infinies en utilisant les rĂšgles suivantes :
- q + â = â pour q â ââ ;
- q Ă â = â si q > 0 ;
- q Ă â = ââ si q < 0 ;
- q / â = 0 si q â ±â.
(Voir l'article « Droite réelle achevée ».)
Remarquons qu'il n'y a pas de rĂšgle gĂ©nĂ©rale pour le cas q / 0 : cela dĂ©pend de la façon dont on s'approche de 0. Certains cas, comme 0/0, 0Ăâ, â â â ou â/â, ne sont pas non plus couverts par ces rĂšgles.
Limite et relation d'ordre
- Si une fonction f est positive ou nulle au voisinage de p, et si la limite de f en p existe, cette limite sera positive ou nulle.
- Si une fonction f est strictement positive au voisinage de p, et si la limite de f en p existe, cette limite sera positive ou nulle, mais on ne peut pas garantir que cette limite soit strictement positive.
- Si la limite de f en p est strictement positive (resp. négative) alors il existe un voisinage de p (épointé dans le cas de la limite épointée) dans lequel la fonction f est strictement positive (resp. négative). Par conséquent, si la limite de f en p est non nulle, il existe un voisinage de p (épointé dans le cas de la limite épointée) dans lequel la fonction ne s'annule pas.
- Si deux fonctions sont rangĂ©es dans un certain ordre au voisinage de p et si ces deux fonctions admettent des limites en p, ces limites sont rangĂ©es dans le mĂȘme ordre que les fonctions.
- ThéorÚme des gendarmes.
Indétermination
Il existe certaines formes de limite oĂč il n'est pas possible de conclure directement en utilisant des opĂ©rations sur les limites, ce sont les formes dites « indĂ©terminĂ©es » :
- 0/0 ;
- â/â ;
- â â â ;
- 0 à ±â ;
- 00 ;
- +â0 ;
- 1屉.
Espaces métriques
Les nombres rĂ©els forment un espace mĂ©trique pour la fonction distance dĂ©finie par la valeur absolue : d(x ; y) = |x â y|. Il en est de mĂȘme des nombres complexes avec le module. De plus, l'espace euclidien ân forme un espace mĂ©trique avec la distance euclidienne. Voici quelques exemples motivant une gĂ©nĂ©ralisation des dĂ©finitions de limite donnĂ©es prĂ©cĂ©demment.
Si (xn) est une suite dans un espace métrique (M ; d), alors on dit que la suite a pour limite L si pour tout réel Δ > 0, il existe un entier naturel n0 tel que pour tout entier n > n0 on ait d(xn ; L) < Δ.
Si l'espace métrique (M, d) est complet (ce qui est le cas pour l'ensemble des nombres réels ou complexes et l'espace euclidien, et tout autre espace de Banach), alors toute suite de Cauchy de M converge. Ceci permet de montrer que la suite est convergente sans nécessairement connaßtre la limite.
Si M est un espace vectoriel normé réel ou complexe, alors l'opération de passage à la limite est linéaire, comme dans le cas des suites de nombres réels.
Maintenant supposons que M et N sont deux espaces métriques, A une partie de M, p un élément de M adhérent à A, L un élément de N et f une application de A dans N. On dit que la limite de f(x) quand x tend vers p est égale à L et l'on écrit :
si :
- pour tout réel Δ > 0 il existe un réel Ύ > 0 tel que pour tout x dans A tel que d(x ; p) < Ύ, on ait d(f(x) ; L) < Δ,
ce qui est équivalent à la caractérisation séquentielle de la limite d'une fonction sur un espace métrique (voir infra).
Si l'espace d'arrivĂ©e est complet, on peut, de mĂȘme que dans le cas particulier d'une suite, dĂ©montrer l'existence d'une limite pour f en p sans nĂ©cessairement connaĂźtre cette limite :
CritĂšre de Cauchy pour une fonction[9] â Soient M un espace mĂ©trique, N un espace mĂ©trique complet, A une partie de M et p un point de M adhĂ©rent Ă A.
Une application f : A â N admet une limite en p si (et seulement si) pour tout rĂ©el Δ > 0 il existe un rĂ©el ÎŽ > 0 tel que pour tous x, y dans A â© B(p ; ÎŽ), on ait d(f(x) ; f(y)) < Δ.
(Ce thĂ©orĂšme se gĂ©nĂ©ralise au cas oĂč M est seulement un espace topologique, en remplaçant les boules B(p ; ÎŽ) par des voisinages de p[10].)
Une application f de M dans N est continue en p si et seulement si la limite de f(x) quand x tend vers p existe (elle est alors Ă©gale Ă f(p)). De maniĂšre Ă©quivalente, f transforme toute suite de M convergeant vers p en une suite de N convergeant vers f(p).
à nouveau, si N est un espace vectoriel normé, alors l'opération de passage à la limite est linéaire dans le sens suivant : si la limite de f(x) quand x tend vers p est égale à L et la limite de g(x) quand x tend vers p est égale à P, alors la limite de f(x) + g(x) quand x tend vers p est égale à L + P. Si a est un scalaire du corps de base, alors la limite de af(x) quand x tend vers p est égale à aL.
Si N est Ă©gal Ă â, alors on peut dĂ©finir des limites infinies ; si M est Ă©gal Ă â, alors on peut dĂ©finir des limites Ă droite et Ă gauche de maniĂšre analogue aux dĂ©finitions prĂ©cĂ©dentes.
Exemples
- Si z est un nombre complexe de module |z| < 1, alors la suite (1 ; z ; z2 ; z3 ; âŠ) de nombres complexes converge et a pour limite 0. GĂ©omĂ©triquement, ces nombres se rapprochent de l'origine en suivant une spirale logarithmique.
- Dans l'espace mĂ©trique C([a ; b]) de toutes les fonctions continues dĂ©finies sur l'intervalle [a ; b], muni de la distance de la convergence uniforme, tout Ă©lĂ©ment peut ĂȘtre Ă©crit comme limite d'une suite de fonctions polynomiales. C'est ce qu'affirme le thĂ©orĂšme d'approximation de Weierstrass.
Propriétés
Toute sous-suite d'une suite convergente converge vers la mĂȘme limite.
L'opération de passage à la limite est linéaire dans le sens suivant : si (xn) et (yn) sont des suites réelles convergentes et que lim xn = L et lim yn = P, alors la suite (xn + yn) est aussi convergente et a pour limite L + P. Si a est un nombre réel, alors la suite (a xn) est convergente de limite aL. Ainsi, l'ensemble c de toutes les suites réelles convergentes est un espace vectoriel réel et l'opération de passage à la limite est une forme linéaire sur c à valeurs réelles.
Si (xn) et (yn) sont des suites réelles convergentes de limites respectives L et P, alors la suite (xnyn) est convergente de limite LP. Si ni P ni aucun des termes yn n'est nul, alors la suite (xn/yn) est convergente de limite L/P.
Toute suite convergente est une suite de Cauchy et est ainsi bornée. Si (xn) est une suite de réels, bornée et croissante (i. e. pour tout entier n, xn †xn+1), alors elle est nécessairement convergente.
Une suite de nombres réels est convergente si et seulement si ses limites inférieure et supérieure sont finies et égales.
Généralisations pour les espaces topologiques
Toutes les notions de limite ci-dessus peuvent ĂȘtre unifiĂ©es et gĂ©nĂ©ralisĂ©es encore Ă des espaces topologiques M et N arbitraires : si A est une partie de M, p un Ă©lĂ©ment de M adhĂ©rent Ă A, L un Ă©lĂ©ment de N et f une application de A dans N, on dit que
- f admet L pour limite en p si pour tout voisinage V de L, il existe un voisinage W de p tel que [11].
(On ne modifie pas cette caractérisation en remplaçant l'ensemble des voisinages de L (ou de p) par une base de voisinages de ce point[12], par exemple par l'ensemble des ouverts contenant ce point.)
Un espace N est sĂ©parĂ© si et seulement si toute application f : A â N (pour tout espace M et toute partie A de M) possĂšde, en tout point adhĂ©rent Ă A, au plus une limite.
La définition de limite d'une suite est un cas particulier de la définition précédente :
- Une suite admet L pour limite si pour tout voisinage V de L, il existe un entier naturel N tel que
Si M est métrisable (ou plus généralement : héréditairement séquentiel), on dispose de la caractérisation séquentielle des limites de fonctions :
- Si M est héréditairement séquentiel alors admet pour limite en si (et seulement si) pour toute suite dans de limite , .
Si de plus N est T1 (ou mĂȘme seulement Ă unique limite sĂ©quentielle), admet une limite en si (et seulement si) pour toute suite dans de limite , la suite admet une limite.
D'autres généralisations de cette notion, permettant par exemple de parler de limites « à l'infini » pour un espace métrique quelconque, ou de dire qu'une intégrale est une limite de sommes de Riemann, ont été définies ; les plus puissantes utilisent la notion de filtre. On en trouvera des exemples aux divers articles traitant de convergence : convergence simple, convergence uniforme, convergence normale, convergence presque sûre, convergence en moyenne, etc.
Notes et références
- On obtient une dĂ©finition Ă©quivalente lorsqu'on remplace par ou par , par la mĂȘme technique que dans « Limite (mathĂ©matiques Ă©lĂ©mentaires) ».
- On obtient une définition équivalente lorsqu'on remplace « < Ύ » par « †Ύ » ou « < Δ » par « †Δ », comme le font C. Deschamps, F. Moulin, A. Warusfel et al., Mathématiques tout-en-un MPSI, Dunod, , 4e éd. (lire en ligne), p. 486, conformément au « Programme de mathématiques de MPSI », sur MinistÚre de l'enseignement supérieur et de la recherche, , p. 14.
- Selon les programmes publiés réguliÚrement au Bulletin officiel) dans l'enseignement secondaire et les classes préparatoires
- Deschamps, Moulin et Warusfel 2015, p. 506.
- Cf. par exemple Mathématiques L1, Cours complet avec 1 000 tests et exercices corrigés sous la direction de J.-P. Marco et L. Lazzarini (2007) Pearson, (ISBN 9782744072581), p. 691-692, ou encore Mathématiques. Tout-en-un pour la Licence. Niveau L1 sous la direction de J.-P. Ramis et A. Warusfel, 2e éd., 2013, p. 568, aperçu sur Google Livres, ou encore Wikipédia (en)
- Programme de MPSI, p. 14.
- Deschamps, Moulin et Warusfel 2015, p. 486.
- f est dite dĂ©finie au voisinage de a si a est adhĂ©rent au domaine de dĂ©finition de f, c'est-Ă -dire si tout voisinage de a contient au moins un point oĂč f est dĂ©finie, ou encore s'il existe une suite de rĂ©els convergeant vers a telle que soit dĂ©fini pour tout n.
- Voir B. Beck, I. Selon et C. Feuillet, Maths MP Tout en un, Hachette, (lire en ligne), p. 55 (la démonstration n'est donnée que dans le cadre des espaces vectoriels normés mais s'étend mutatis mutandis aux espaces métriques).
- Voir Oscillation d'une fonction en un point.
- N. Bourbaki, ĂlĂ©ments de mathĂ©matique, livre III : Topologie gĂ©nĂ©rale [dĂ©tail des Ă©ditions], chap. I, § 7.
- E. Ramis, C. Deschamps et J. Odoux, Cours de mathematiques speciales, t. 3 : Topologie, Masson, , p. 37.
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
Bibliographie
Christian Houzel, «âŻLimite (notion de) », Dictionnaire de mathĂ©matiques â algĂšbre, analyse, gĂ©omĂ©trie, EncyclopĂŠdia Universalis et Albin Michel, Paris 1997