Novonor
Novonor, anciennement Organização Odebrecht est une entreprise brésilienne, qui opÚre dans la construction, la pétrochimie, la défense et technologie, le transport et la logistique, le carburant et d'autres secteurs. La société a été fondée en 1944 par Noberto Odebrecht, un descendant d'immigrants allemands. L'entreprise est présente dans le monde entier. Elle était dirigée jusqu'en 2016 par Marcelo Odebrecht (en) qui depuis, purge dix ans de prison[2].
Novonor | |
Création | 1944 |
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Fondateurs | Norberto Odebrecht (en) |
Forme juridique | Société par actions |
SiÚge social | Salvador (Bahia) Brésil |
Direction | Luciano Guidolin (en) |
Activité | Construction (d) |
Produits | Conglomérat |
Filiales | Braskem |
Effectif | 58 000 |
Site web | https://novonor.com |
Chiffre d'affaires | 32,2 milliards USD (2010)[1] |
RĂ©sultat net | 1,6 milliard USD (2010) |
Histoire
En 1944, lâentreprise qui a donnĂ© naissance Ă Construtora Norberto Odebrecht S.A. commençait Ă faire tourner ses premiĂšres bĂ©tonniĂšres. La genĂšse d'Odebrecht remonte toutefois Ă bien plus tĂŽt : 1856, date de lâarrivĂ©e dâEmil Odebrecht au BrĂ©sil. Suivant le flux de lâimmigration germanique, cet ingĂ©nieur allemand sâest installĂ© dans la vallĂ©e de lâItajaĂ, Ă Santa Catarina.
Emil Odebrecht a participĂ© activement Ă la dĂ©limitation des terres, aux levĂ©s topographiques et Ă la construction de routes dans le Sud du pays. MariĂ© Ă Bertha Bichels, il a eu 15 enfants. Un de ses petits-enfants, EmĂlio Odebrecht, sâest tournĂ© vers le secteur de la construction publique et a dĂ©veloppĂ© la fibre entrepreneuriale de la famille Odebrecht.
Lâentreprise de construction Isaac Gondim e Oderbrecht Ltda fut la premiĂšre entreprise dâEmĂlio Oderbrecht. En 1923, il a crĂ©Ă© EmĂlio Odebrecht & Cia., qui s'est vue chargĂ©e de diffĂ©rentes constructions dans les Ătats du Nordeste durant l'entre-deux-guerres. Il fut alors pionnier dans lâutilisation du bĂ©ton armĂ© au BrĂ©sil.
Au dĂ©but de la Seconde Guerre mondiale, les matĂ©riaux de construction en provenance dâEurope sont devenus onĂ©reux et rares, ce qui a dĂ©clenchĂ© une crise dans le secteur. DĂ©couragĂ©, EmĂlio Odebrecht sâest retirĂ© des affaires, situĂ©es Ă Salvador, capitale de lâĂtat de Bahia. Câest son fils, Norberto Odebrecht, qui a dĂ» le remplacer en 1941.
Trois ans plus tard, Norberto crĂ©e sa propre entreprise, le point de dĂ©part d'Odebrecht. Sous sa direction, Odebrecht sâest agrandie, a traversĂ© les frontiĂšres et s'est diversifiĂ©e, toujours guidĂ©e par les principes, les concepts et les critĂšres qu'il a dĂ©veloppĂ©s et qui composent la technologie dâentreprise Odebrecht (TEO). Sa « pensĂ©e » a Ă©tĂ© rĂ©unie dans trois volumes distribuĂ©s Ă tous les salariĂ©s du groupe[3].
Au passage des annĂ©es 1980 aux annĂ©es 1990, ses investissements dans la pĂ©trochimie s'avĂšrent stratĂ©giques. Dans ce contexte, EmĂlio Odebrecht a succĂ©dĂ© Ă son pĂšre Ă la prĂ©sidence du holding Odebrecht S.A. avec pour dĂ©fi de poursuivre l'expansion internationale. Odebrechta Ă©tendit ses activitĂ©s, allant jusquâaux Ătats-Unis, au Mexique, au Venezuela et en Malaisie[2].
EmĂlio Odebrecht est restĂ© Ă la tĂȘte d'Odebrecht durant dix ans, jusquâĂ ce que Pedro Novis en prenne la direction, en 2001. Le dĂ©but du siĂšcle a Ă©tĂ© marquĂ© par lâacquisition du contrĂŽle de lâactionnariat de l'entreprise Copene, la centrale de matiĂšres premiĂšres du pĂŽle de Camaçari, dans l'Ătat de Bahia, dans le cadre dâun consortium avec le groupe Mariani. Une entreprise brĂ©silienne dâenvergure et compĂ©titive dans le secteur pĂ©trochimique commençait Ă voir le jour. AprĂšs plusieurs intĂ©grations sociales et opĂ©rationnelles, Braskem a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 2002.
Fin 2008, Marcelo Odebrecht, membre de la troisiĂšme gĂ©nĂ©ration prend les commandes d'Odebrecht. Ă la tĂȘte des affaires de la famille, il dirige un nouveau cycle de croissance. En Ă©change de ses aveux sur le systĂšme de corruption Ă©rigĂ© par le groupe, il n'est pas incarcĂ©rĂ©[3].
Scandale Petrobras et opération Lava Jato
En novembre 2014, Odebrecht se retrouve impliquĂ©e avec d'autres entreprises privĂ©es dans une gigantesque affaire de corruption rĂ©vĂ©lĂ©e par l'opĂ©ration Lava Jato. AccusĂ©e de blanchiment d'argent, d'entente sur les prix et de corruption, plusieurs condamnations des dirigeants ont Ă©tĂ© prononcĂ©es[4] - [5]. Ces pots-de-vin Ă©taient destinĂ©s Ă inciter des parlementaires Ă voter des mesures favorables au groupe. Au niveau municipal, la corruption exercĂ©e par Odebrecht visait à « stimuler les privatisations », notamment dans la gestion de l'eau et des Ă©gouts. Les sommes transitaient essentiellement par des paradis fiscaux (Panama, Ăźles Vierges britanniques et Antigua-et-Barbuda), mais aussi par des banques au Royaume-Uni, aux Ătats-Unis, en Autriche, Ă Monaco et en Suisse[3]. L'entreprise aurait au total versĂ© 2,8 milliards dâeuros Ă des dirigeants politiques de « trois continents » :
- En Colombie, le ministre des Transports du gouvernement d'Ălvaro Uribe est accusĂ© d'avoir reçu 6,5 millions de dollars de l'entreprise pour lui obtenir un contrat sur un projet routier[6]. Ăscar IvĂĄn Zuluaga, ministre des Finances sous ce mĂȘme gouvernement et candidat du parti centre dĂ©mocratique Ă l'Ă©lection prĂ©sidentielle 2014 serait Ă©galement impliquĂ©[7] ;
- En Argentine, le chef des services de renseignements de Mauricio Macri aurait reçu 600 000 dollars d'Odebrecht[8] ;
- Au PĂ©rou, l'ancien prĂ©sident Alejandro Toledo est accusĂ© par la justice et plusieurs de ses collaborateurs d'avoir touchĂ© 20 millions de dollars. Plusieurs membres de son gouvernement, cinq ministres d'Alan GarcĂa, Keiko Fujimori et Ollanta Humala sont Ă©galement incriminĂ©s[9] - [10] ;
- Au Venezuela, Henrique Capriles, candidat aux Ă©lections prĂ©sidentielles de son pays en 2012 et 2013, aurait selon une information du Wall Street Journal reçu 3 millions de dollars lorsqu'il Ă©tait gouverneur de lâĂtat de Miranda[11], puis 12,7 millions dâeuros pour sa campagne prĂ©sidentielle en 2012[3]. Pour la procureure Luisa Ortega DĂaz le prĂ©sident NicolĂĄs Maduro a reçu 35 millions de dollars de la sociĂ©tĂ© Odebrecht et d'autres entreprises pour la campagne Ă©lectorale de 2012[12].
- Au Mexique, trois anciens cadres de lâentreprise reconnaissent avoir versĂ© 10 millions de dollars pour la campagne Ă©lectorale du futur prĂ©sident Peña Nieto et Ă certains de ses collaborateurs[13] ;
En , l'affaire Odebrecht touche un grand nombre de personnalitĂ©s de droite et de gauche au BrĂ©sil (le prĂ©sident Michel Temer, l'ancien maire de Rio Eduardo Paes, le prĂ©sident du Parti de la social-dĂ©mocratie AĂ©cio Neves, etc.). Ils sont accusĂ©s d'avoir financĂ© illĂ©galement des campagnes Ă©lectorales ou s'ĂȘtre enrichis personnellement[14]. Il en est de mĂȘme pour le prĂ©sident du PĂ©rou, Pedro Pablo Kuczynski, qui doit dĂ©missionner en .
DĂ©veloppement Ă©conomique
Le , Odebrecht déclare son insolvabilité[15]
Références
- Economia Empresas: Odebrecht tem maior lucro da sua história récupéré 8 août 2011 (pt)
- Anne Vigna, « Les BrĂ©siliens aussi ont leur Bouygues : Odebrecht, multinationale dorlotĂ©e par lâĂtat », Le Monde diplomatique,â (lire en ligne)
- « Les ramifications du scandale Odebrecht », Le Monde diplomatique,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Odebrecht est condamné à 19 ans et 4 mois de prison dans l'opération Lava Jato (pt) le 9 mars 2016
- juge Moro dĂ©clare qu'il n'est pas nĂ©cessaire de âdominer de faitâ pour condamner Odebrecht (pt) le 9 mars 2016
- « FiscalĂa colombiana apresa a exministro de Uribe por corrupciĂłn », teleSUR,â (lire en ligne)
- « La caĂda de Ăscar IvĂĄn Zuluaga », sur www.semana.com (consultĂ© le )
- « Jefe de Inteligencia de Macri recibiĂł $600.000 de Odebrecht », teleSUR,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Peru to arrest former President Alejandro Toledo for corruption », Peru Reports,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « FiscalĂa peruana relaciona a Keiko Fujimori con caso Odebrecht », TeleSUR,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- « Odebrecht Links Deepen for Venezuelan Opposition Figure », teleSUR,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Venezuela: une élection pour dissimuler la corruption ? Mediapart, 1er août 2017
- (es) « La corrupciĂłn sacude de nuevo a Peña Nieto », EL PAĂS,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- Michel Leclercq, « Au Brésil, le gouvernement menacé de paralysie », Le Figaro, 14 avril 2017, page 8.
- (de) dpa, « Skandalkonzern Odebrecht ist pleite », Handelsblatt, (consulté le )