Élection présidentielle vénézuélienne de 2013
L'élection présidentielle vénézuélienne a lieu le afin d'élire le président de la république bolivarienne du Venezuela, à la suite de la mort d'Hugo Chávez.
Élection présidentielle vénézuélienne de 2013 | |||||
Corps électoral et résultats | |||||
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Inscrits | 18 904 364 | ||||
Votants | 15 057 480 | ||||
79,65 % 0,8 | |||||
Blancs et nuls | 66 937 | ||||
Nicolás Maduro – GPPSB | |||||
Voix | 7 587 579 | ||||
50,62 % | 4,5 | ||||
Henrique Capriles – MUD | |||||
Voix | 7 363 980 | ||||
49,12 % | 4,8 | ||||
Résultat de l'élection par État | |||||
Président | |||||
Sortant | Élu | ||||
Nicolás Maduro (intérim) PSUV |
Nicolás Maduro PSUV | ||||
www.cne.gob.ve | |||||
Le président par intérim Nicolás Maduro, considéré comme l'héritier de Chávez, l'emporte face à Henrique Capriles dans un scrutin très serré, moins de 1 % séparant les deux candidats.
Contexte
Le , le socialiste Hugo Chávez, président depuis 1999, est réélu pour un quatrième mandat avec 55,1 % des voix face à Henrique Capriles. Pendant la campagne électorale, son état de santé faisait l'objet de spéculations. Il avait en effet été opéré plusieurs fois à Cuba pour un cancer, dont il affirmait être guéri. En , après sa réélection, il retourne à Cuba pour se faire à nouveau opérer. Alors qu'il est dans l'impossibilité de prêter serment le mois suivant, l'opposition réclame la tenue d'un nouveau scrutin. Chávez meurt finalement à Caracas le . Sa popularité reste globalement à un niveau élevé et a augmenté pendant sa maladie (74 % d'opinions favorables en )[1] bien que son bilan soit jugé controversé par certains médias[2].
Nicolás Maduro prête serment comme président par intérim le . L'opposition refuse d'assister à son investiture, considérant qu'elle constitue une violation de la Constitution, celle-ci prévoyant que le président par intérim soit le président de l'Assemblée nationale, en l'occurrence Diosdado Cabello.
Système électoral
Le Venezuela est une démocratie multipartite. Le président de la République est élu au suffrage universel avec un mandat de six ans, renouvelable sans restriction ; l'élection s'effectue au scrutin uninominal majoritaire à un tour[3].
En vertu de l'article 233 de la Constitution, une élection présidentielle doit être organisée dans les 30 jours suivant le décès du chef de l'État. Le , le Conseil national électoral annonce que l'élection se tiendra le et que la campagne électorale officielle se déroulera du au .
Candidats
Nicolás Maduro
Le vice-président, Nicolás Maduro (50 ans), qui assure l'intérim à la tête du pays, est soutenu par le Grand Pôle patriotique (GPP), coalition électorale fondée en 2011 en vue de soutenir la réélection de Chávez et menée par le Parti socialiste unifié du Venezuela, dont Chávez est le fondateur. Bien que la candidature du président de l'Assemblée nationale, Diosdado Cabello, soit aussi évoquée, la préférence du président défunt allait pour Nicolás Maduro. L'opposition qualifie de « fraude constitutionnelle » la candidature de Maduro, la Constitution prévoyant que le vice-président renonce à ses fonctions s'il veut être candidat à la présidentielle.
Henrique Capriles
Henrique Capriles (40 ans) est le gouverneur de l'État de Miranda, deuxième État le plus peuplé du pays. Soutenu par la Plateforme unitaire (MUD), coalition électorale de partis d'opposition (centre et droite), il avait affronté Hugo Chávez lors de l'élection présidentielle de 2012, à l'issue de laquelle il avait obtenu 44,31 % des voix, soit le meilleur score réalisé par un candidat de l'opposition face à Chávez. Le , au lendemain de la mort de ce dernier, les partis de l'opposition valident à l'unanimité sa candidature à la présidence du Venezuela. Capriles confirme sa candidature le .
Autres
- Reina Sequera (es), syndicaliste et ancien candidat à la présidence du parti Pouvoir du travail (PL)[4]
- María Bolivar, avocate et propriétaire de la boulangerie « Mayami » dans l'État de Zulia et candidate du Parti démocrate uni pour la paix et la liberté (PDUPL)[5]
- Eusebio Méndez, pasteur chrétien, à la tête du parti Nouvelle vision pour mon pays (NUVIPA)[6]
- Julio Mora, soutenu par le parti Unité démocratique (UDEMO)[7]
Campagne
Lors de l'annonce de sa candidature, Henrique Capriles affirme qu'il ne laissera « pas la voie libre » à Nicolás Maduro et déclare que ce dernier « utilise le corps d'Hugo Chávez pour faire campagne ». Il accuse en outre le pouvoir d'avoir menti au peuple vénézuélien sur le véritable état de santé du président défunt[8]. Au cours de sa campagne, trois députés, membres de l'opposition et qui le soutenaient initialement, lui retirent leur appui, affirmant que la MUD a décidé de ne pas reconnaitre le résultat des élections si celles-ci aboutissaient à la victoire de Nicolás Maduro[9].
La campagne est très courte. Les principaux thèmes abordés sont l'état de l'économie et l'insécurité, en particulier à Caracas, qui est souvent considérée comme la capitale la plus dangereuse au monde.
Les échanges entre les deux principaux candidats sont vifs et injurieux. Maduro qualifie Capriles de « prince de la bourgeoisie » et utilise des termes considérés comme homophobes, laissant entendre que Capriles, qui n'est pas marié, est gay. De son côté, Capriles le traite de « Satan » et de « menteur »[10].
Sondages
Deux sondages testant l'éventualité d'une élection présidentielle anticipée sont rendus publics avant la mort de Chávez. Réalisés en , ils donnent tous deux Nicolás Maduro vainqueur, avec 12 à 14 points d'avance sur Henrique Capriles[11] - [12].
Tout au long de la campagne, les principaux instituts de sondages donnent Maduro nettement en tête. Dans les derniers jours, Capriles semble refaire une partie de son retard sur le président par intérim.
Résultats
Candidats | Partis | Voix | % | |
---|---|---|---|---|
Nicolás Maduro | GPPSB | 7 587 579 | 50,62 | |
Henrique Capriles | MUD | 7 363 980 | 49,12 | |
Eusebio Mendez | NUVIPA | 19 498 | 0,13 | |
María Bolívar | PDUPL | 13 309 | 0,09 | |
Reina Sequera | PL | 4 241 | 0,03 | |
Julio Mora | UD | 1 936 | 0,01 | |
Votes valides | 14 990 543 | 99,56 | ||
Votes blancs et nuls | 66 937 | 0,44 | ||
Total | 15 057 480 | 100 | ||
Abstention | 3 846 884 | 20,35 | ||
Inscrits / participation | 18 904 364 | 79,65 |
Analyse
Les résultats sont plus serrés que lors de la précédente élection présidentielle, qui s'est tenue six mois plus tôt. Le Conseil électoral national proclame la victoire de Nicolás Maduro avec 1,5 point et 225 000 voix d'avance sur son principal rival, Henrique Capriles[14] - [15]. L'année précédente, l'écart entre Chávez et Capriles était de 10,8 points et 1 600 000 voix. Le taux de participation atteint 79,8 %, quasi stable (−0,7 point) par rapport au scrutin de 2012. Les résultats sont une surprise, les commentateurs s'attendant à une plus large victoire de Maduro un mois seulement après la mort d'Hugo Chávez.
Contestations
Henrique Capriles conteste les résultats et déclare recenser 3 200 incidents ayant entaché le scrutin[16]. Il refuse de reconnaître la victoire de son adversaire et demande un recomptage des votes. La chaîne Globovision, qui a soutenu ce dernier durant la campagne, fait aussi état d'incidents survenus au moment du dépouillement, tels que des urnes retrouvées hors des bureaux de vote[17]. L'opposition affirme également que certains de ses représentants ont été rejetés de 286 bureaux, parfois avec des armes à feu, ou que 600 000 personnes décédées seraient toujours inscrites sur les listes électorales[18]. Nicolás Maduro, qualifiant sa victoire de « juste, légale et constitutionnelle », est proclamé président le lendemain[19].
Henrique Capriles remet également en cause l'impartialité du Conseil national électoral, présidé par Tibisay Lucena et habilité à annoncer les résultats ; sur les cinq membres, quatre seraient chavistes et un seul appartiendrait à l'opposition[20]. Les États-Unis, l'Espagne et l'Organisation des États américains (OEA) réclament également un recomptage total des votes[21]. Cependant, le scrutin, surveillé par 173 observateurs internationaux, a obtenu le satisfecit de l'Union des nations sud-américaines (Unasur), du Marché commun du Sud (Mercosur), de la Fondation Carter et de l'Union interaméricaine des organismes électoraux (Uniore), celui-ci reconnaissant « l'efficacité, la transparence et la sécurité » du processus électoral[21].
Le Conseil national électoral décide d’accéder à la requête de l'opposition et fait procéder au recomptage manuel (le vote s’effectue également électroniquement) de 54 % des bulletins, tel que le prévoit la constitution si contestation du résultat[21].
L'opposition appelle à manifester, le , pour contester le résultat des élections. Les manifestations tournent aux affrontements avec les policiers, provoquant au moins sept morts et une soixantaine de blessés[22]. Quatre sièges locaux du Parti socialiste unifié du Venezuela sont incendiés, ainsi que des radios communautaires et des centres médicaux comprenant des médecins cubains[21].
Le , le Tribunal suprême de justice refuse le comptage manuel, estimant que c'est impossible malgré les urnes contenant les votes papiers, car hors du cadre constitutionnel. Par ailleurs, Henrique Capriles suspend son appel à manifester, pour éviter des violences[23] - [21].
Notes et références
- « GISXXI: Liderazgo de Chávez se consolida como fuerza en elecciones del 14A (+Video) — Venezolana de Televisión », sur Venezolana de Televisión.
- « Venezuela : un boulevard pour “l'héritier” Nicolas Maduro », sur Le Figaro, .
- (en) « Country profile: Venezuela », sur electionguide.org.
- (es) « Reina Sequera presentó su postulación a la Presidencia de la República », sur cne.gov.ve.
- (es) « María Bolívar será candidata para las elecciones presidenciales del 14-A », sur noticias24.com.
- (es) « 10:14 am CNE recibe primera postulación para elección presidencial », sur cne.gov.ve, .
- (es) « Ocho candidatos y candidatas se presentaron ante el CNE », sur cne.gov.ve.
- « Venezuela : Capriles candidat », sur Le Figaro, .
- (es) « Ricardo Sánchez retira apoyo a Capriles: “La MUD podría desconocer resultados del 14-A” », sur diariorepublica.com, .
- Ewan Robertson, « Insults and Promises in Venezuelan Presidential Campaign as Vote Draws Near », sur Venezuelanalysis.com, (consulté le ).
- (en) « Poll: Venezuela's VP Maduro Would Win Vote If Chavez Goes », sur newsmaxworld.com, .
- (en) « Global leaders, celebrities honor Chavez at funeral », sur reuters.com, .
- (es) « Divulgación Elecciones Presidenciales - 14 de Abril de 2013 », sur resultados.cne.gob.ve (consulté le ).
- site officiel du CNE
- « Très courte victoire du candidat chaviste au Venezuela », sur Le Figaro, .
- D’après une dépêche AFP, « », article initialement publié sous le titre de « Venezuela : Caprilès dénonce la volonté de changer le choix exprimé par le peuple », Le Monde, publié le .
- (es) « 600 personas cerraron la Troncal 5 de Barinas en exigencia de pronunciamiento del CNE », sur Globovisión, (version du 18 avril 2013 sur Internet Archive).
- Patrick Bèle, « Le Venezuela face à la violence post-électorale », Le Figaro, , p. 7.
- « Venezuela : Maduro proclamé président, heurts entre des opposants et la police », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
- Patrick Bèle, « La victoire de Nicolas Maduro contestée au Venezuela », Le Figaro, , p. 5.
- Maurice Lemoine, « Au Venezuela, victoire du "chavisme sans Chavez », sur Le Monde diplomatique, .
- « Manifestations au Venezuela : au moins 7 morts et 61 blessés », sur Le Monde, .
- Pierre-Philippe Berson, « Venezuela : le comptage manuel des votes est impossible, selon la justice », sur RFI, .