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Nikolaï Pavlovitch Ignatiev

Le comte Nicolas Ignatiev – ou Ignatieff selon l'orthographe en usage à l'époque en français – en russe : граф Николай Павлович Игнатьев (transcrit en graf Nikolaï Pavlovitch Ignatiev), né le à Saint-Pétersbourg et mort le à Kroupoderintsy, dans le gouvernement de Kiev, est un homme d’État et un diplomate russe, panslaviste, général d'infanterie (1878), comte de l'Empire russe (), adjudant-général, directeur du Département d'Asie du ministère des Affaires étrangères (1861-1864), ambassadeur à Constantinople de 1867 à 1877. Il fut surnommé Chevalier des Balkans ou Comte des Bulgares[1]. Le comte Ignatiev fut l'un des diplomates les plus brillants de son époque. Il a inscrit son nom dans l'histoire de la diplomatie de l'Empire russe.

Nikolaï Pavlovitch Ignatiev
Николай Павлович Игнатьев
Illustration.
Nikolaï Pavlovitch Ignatiev en 1902, portrait de Boris Mikhaïlovitch Koustodiev.
Fonctions
Président du Conseil des ministres de la Russie impériale

(1 mois et 9 jours
Prédécesseur Pavel Pavlovitch Gagarine
Successeur Piotr Valouïev
Ministre de l'Intérieur de l'Empire russe

(1 an et 26 jours)
Biographie
Nom de naissance Nikolaï Pavlovitch Ignatiev
Date de naissance
Lieu de naissance Saint-Pétersbourg (Empire russe)
Date de décès
Lieu de décès Kroupoderintsy, Gouvernement de Kiev (Empire russe)
Nationalité Russe
Conjoint Iekaterina Leonidovna Golitsyna
Enfants Pavel Nikolaïevitch Ignatiev
  • Nikolaï Nikolaïevitch Ignatiev
Diplômé de Corps des Pages, Académie d'état-major général
Profession Diplomate, général d'infanterie

Nikolaï Pavlovitch Ignatiev

Famille

fils du comte Pavel Nikolaïevitch Ignatiev et de son épouse, née Maria Ivanovna Maltsova (1808-1887)[1].

Mariage

Insigne de l'Académie d'état-major général

Le comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev épousa Iekaterina Leonidovna Galitzina (1842-1917), fille du prince Leonid Mikhaïlovitch Galitzine (1806-1860) et de Anna Matveïevna Tolstaïa (1809-1897).

Huit enfants naquirent de cette union :

Évolution de la carrière militaire

Biographie

Portrait du comte Ignatiev en 1908.

Le comte Ignatiev était issu d'une famille de la noblesse russe, il eut pour ascendant Fiodor Akinfovitch Biakont[4]

Son père, le capitaine Pavel Ignatiev, était devenu un favori de l'empereur Nicolas Ier, en raison de sa fidélité а l’occasion de la conspiration militaire de 1825, et le grand-duc Alexandre, le futur Alexandre II, fut le parrain de baptême de Nicolas Pavlovitch.

Nicolas Ier s'intéressa vivement au jeune Nikolaï Pavlovitch qui fit preuve lors de son passage à l'Académie d'état-major de grandes capacités intellectuelles dans l'étude de l'histoire de la diplomatie[5].

Carrière militaire

Il sortit diplômé du Corps des Pages, à l’âge de 17 ans. Il incorpora le Régiment de Hussards de la Garde de Sa Majesté. Promu officier, il fut admis à l'Académie de l'état-major général. Le , au terme de ses études, fait rarissime, il reçut une médaille d'argent[5], en outre, son nom fut gravé sur une plaque de marbre apposée dans cette prestigieuse école militaire de l'Empire russe[6]. En 1852, il fut élevé au grade militaire de capitaine. En 1854, il fut transféré dans une unité militaire stationnée en actuelle Estonie dont le commandement était exercé par l'adjudant-général von Berg. En 1855, il fut nommé intendant dans le Corps de la Baltique[7].

Carrière diplomatique

Nikolaï Pavlovitch Ignatiev, diplomate.

La carrière diplomatique d’Ignatiev débuta à la Conférence de paix à Paris en 1856, après la guerre de Crimée. En tant qu’attaché militaire, il accompagna la délégation russe et prit une part active aux négociations relatives à la fixation de la frontière du bas Danube entre la Russie et l’Empire ottoman.

Le , il fut nommé attaché militaire à Londres. Responsable du renseignement, il eut pour tâche de renseigner le tsar sur les intentions militaires et politiques des adversaires européens et asiatiques de la Russie impériale. En outre, il eut pour mission d'étudier les dernières inventions britanniques concernant l'artillerie et le génie militaire, mais il fut expulsé du Royaume-Uni. Son neveu, le comte Alexeï Alexeïevitch Ignatiev narra dans ses Mémoires, Cinquante ans de service, comment, par inadvertance, son oncle glissa dans sa poche une cartouche de fusil, munition nouvellement créée. À cause de ce regrettable incident, Ignatiev fut dans l'obligation de quitter la Grande-Bretagne[8].

En raison de son excellent rapport diplomatique, lors de la Révolte des Cipayes, Ignatiev fut nommé au poste d'ambassadeur en Perse. Toutefois, cette nomination ne se réalisa pas. Afin de parfaire ses connaissances de l'Orient, il entreprit un voyage en Europe et en Asie. Au cours de son séjour à Vienne, il fit la connaissance de l'historien tchèque František Palacký, de l'économiste tchèque František Ladislav Rieger, de Brauner, de l'écrivain et avocat autrichien Adolf Dobrjanský (1817-1901) et d'autres personnalités slaves[7].

Adolf Dobrjanský en 1885

Mission aux Khanats de Khiva et Boukhara

Portrait du khan de Boukhara Nasroulla (1806-1860).

De retour dans la capitale impériale, Nikolaï Pavlovitch occupa un poste aux Affaires asiatiques centrales. Le prince Gortchakov, ministre des Affaires étrangères depuis 1856, reçut de la part du comte quelques exposés relatifs à l'envoi de plusieurs missions scientifiques dans cette région de l'Asie. Dès 1858, Le comte Ignatiev tissa des liens diplomatiques avec les khanats de Khiva et de Boukhara[5].

En 1858, Ignatiev séjournant en Égypte reçut le commandement d'une petite escorte de cinquante Cosaques pour une mission militaire et diplomatique dangereuse dans deux États d’Asie centrale, le Khanat de Khiva et l’Émirat de Boukhara. En mai 1858, Nikolaï Pavlovitch partit d'Orenbourg. Il arriva à Khiva en juillet de la même année, où il signa un traité de commerce avec le khan de Khiva. Toutefois, la trahison du khan fut découverte. Ce dernier avait ourdi un plan pour le retenir en otage. Après quelques escarmouches avec les Turkmènes dans la ville ouzbèke de Karakoul, Nikolaï Pavlovitch réussit à rallier Boukhara. Il y signa un traité de commerce et d'amitié avec le khan Nasroulla (1806-1860) et obtint également la libération des Russes détenus dans les prisons du khanat de Boukhara. En décembre 1858, le général Ignatiev réapparut contre toute attente à Orenbourg où il était déjà déclaré mort, des rumeurs concernant son décès circulèrent également à Saint-Pétersbourg[7].

Les résultats de la mission militaire et diplomatique du comte furent accueillis avec enthousiasme dans la capitale impériale. Alexandre II écrivit ces mots sur une note : « J'ai lu avec beaucoup d'intérêt et de plaisir. Il faut rendre justice au général Ignatiev, il a agi avec sagesse et habileté et il a atteint plus ce que nous pouvions attendre. »[5]

Mission en Chine

Ignatiev à Pékin en 1900.

En 1860, Ignatiev fut envoyé en Extrême-Orient, comme ministre plénipotentiaire auprès de la noble cours de Pékin. Le , un accord fut signé entre l'Empire Qing et la Russie impériale. Ce traité établissait la frontière russo-chinoise sur le fleuve Amour. Or, les Chinois refusèrent de confirmer cet accord. En outre, la question concernant la région située le long de la rivière Oussouri ne fut pas réglée. L'arrivée du général Ignatiev à Pékin coïncida avec les préparatifs de l'attaque de la capitale de l'Empire chinois par les troupes franco-britanniques. , la ville de Pékin tomba et le le Palais d'Été fut incendié. Le gouvernement chinois pris de terreur devant l'avance du corps expéditionnaire franco-britannique et l'incendie du Palais d'Été accepta la médiation du comte Ignatiev. Il réussit à obtenir des troupes anglo-françaises l'abandon de l'attaque de Pékin et de revenir sur leurs revendications. Les négociations du comte entre les parties belligérantes furent pour l'Empire chinois très bénéfiques[9]. Il utilisa leurs craintes avec tant de dextérité qu’il réussit à obtenir la cession à la Russie de la Mandchourie extérieure par la signature de la Convention de Pékin : pas seulement la rive gauche du fleuve Amour, objet de sa mission, mais également une vaste étendue de territoire et le littoral maritime au sud de ce fleuve (région de l'Oussouri), qui allaient devenir la Province maritime. Ignatiev mena les négociations avec l'Empire chinois de son propre chef. Il courut le risque d'être accusé d'abus de pouvoir à son retour en Russie. Mais Alexandre II ne lui en tint pas rigueur, car, en remerciement, il le nomma adjudant-général[9].

Mission diplomatique à Constantinople

Délégation russe à la Conférence de Constantinople 1876-1877.

En juillet 1861, il se rendit une première fois à Constantinople afin de féliciter le sultan Abdulaziz en l'honneur de son accession au trône ottoman. En août 1861, le tsar Alexandre II nomma Ignatiev Directeur du Département d'Asie au Ministère des Affaires étrangères. Dans l'ordre d'importance des personnalités diplomatiques de l'Empire russe de cette époque, l'adjudant-général Ignatiev se situait à la seconde place. Mais Ignatiev trouva le travail de bureaucrate fastidieux. En 1864, il fut désigné comme envoyé extraordinaire à la Sublime Porte. À ce poste d'ambassadeur, le comte Ignatiev démontra une grande valeur en matière diplomatique mais également il fit preuve d'une grande connaissance concernant les questions orientales. En , il fut élevé au grade de lieutenant-général.

À ce poste qu'il occupa de 1861 à 1877, l'adjudant-général Ignatiev fit la preuve de son talent de diplomate. Il parvint à redonner du prestige à l'Empire russe dans les Balkans, car au cours de la Guerre de Crimée celui-ci s'était fortement dégradé. Son principal objectif était de libérer de la domination ottomane les minorités chrétiennes, en particulier les Bulgares, et de les placer sous l’influence de la Russie et d'occuper Constantinople et les détroits de la Mer Noire. En 1867, il parvint à libérer le peuple serbe de l'occupation ottomane. Les questions religieuses et le panslavisme furent les principales causes de l'occupation de Constantinople par l'Empire russe. Ignatiev expliqua avec beaucoup de précision l'enjeu économique et stratégique que représentaient les détroits pour l'Empire russe « Constantinople c'est la clé de notre porte »[9] Après la révolte de la Bosnie-Herzégovine en 1875, et surtout l'insurrection bulgare d'avril 1876 réprimée dans le sang - quinze mille Bulgares furent en effet massacrés par les bachi-bouzouks turcs - le comte Ignatiev travailla ardemment à la libération des peuples slaves. La Conférence de Constantinople à laquelle il participa fut un échec, car l'Empire ottoman rejeta la décision des Grandes puissances. Du 18 février au , Ignatiev se rendit dans plusieurs capitales : Berlin, Londres, Paris et Vienne, afin de s'assurer de la neutralité des différentes puissances européennes dans le cadre du conflit russo-turque. Le , les Grandes puissances signèrent le Protocole de Londres. L'Empire ottoman rejeta le traité en prétextant une ingérence dans ses affaires intérieures. Le , la Russie déclara la guerre à la Turquie. Son activité fébrile dans le domaine diplomatique, sous une forme plus ou moins secrète, culmina dans le conflit entre L'empire ottoman et la Russie. À partir de décembre 1877, il présida le Conseil d'État. La même année, Alexandre II l'éleva à la dignité de comte de l'Empire russe[10] Le , l'adjudant-général Ignatiev et le ministre des Affaires étrangères turc Mehmed Pacha Esad Saffet entamèrent des négociations de paix à Andrinople mais celles-ci furent rompues. Le , du côté de l'Empire russe, le comte Ignatiev, ambassadeur de Russie à Constantinople, Alexandre Ivanovitch Nelidov (1835-1910), chef du Bureau diplomatique de l'Armée russe dans les Balkans, le ministre des Affaires étrangères turc Mehmed Pacha Esad Saffet (1814-1883), Saadullah Pacha (1838-1891) ambassadeur de l'Empire ottoman en Allemagne furent les signataires du traité de San Stefano[11].

Mehmed Pacha Esad Saffet

Comme ce conflit n’avait pas apporté à la Russie des avantages à la mesure des sacrifices qu’elle avait dû consentir, Ignatiev perdit la confiance du tsar Alexandre II, et quitta la diplomatie.

Peu après, le traité de San Stefano fut révisé par le traité de Berlin (1878), signé, pour la Russie, par le comte Piotr Andreïevitch Chouvalov, rival personnel d'Ignatiev, qui avait contribué à sa disgrâce. Le comte Ignatiev demeura cependant très populaire en Bulgarie, au point que certains envisagèrent même de le placer sur le trône, qui fut finalement donné au prince Ferdinand de Saxe-Cobourg, son ennemi personnel.

Carrière politique

Monument élevé à la mémoire du comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev à Varna en Bulgarie.

Le comte Ignatiev servit ensuite comme gouverneur de Nijni Novgorod, et l'on peut mettre à son actif le développement de la Foire de la Saint-Macaire (marché international destiné à la vente en gros et au détail situé dans la partie inférieure de Nijni-Novgorod). Le , il fut nommé ministre des Domaines russes. Après la signature du traité de Berlin, où la diplomatie russe connut une sérieux revers, le peuple russe vécut une véritable crise idéologique et politique. La diplomatie de l'Empire russe perdit de son influence, mais, plus grave, le gouvernement perdit toute crédibilité aux yeux des Russes. Le , l'écrivain russe Aksakov au cours de son discours devant le Comité slave blâma le comportement des diplomates russes lors de la tenue du Congrès de Berlin. Il fut expulsé de Moscou. Le , dans divers journaux conservateurs tels que les Nouvelles de Moscou ou le Monde russe, Skobelev exprima son inquiétude quant à l’apparition dans la littérature et les journaux de l’époque de l’appel de certains écrivains germanophones à détruire la Russie en tant que puissance, concernant les diplomates et les ministres de l'Empire russe ses paroles furent plus modérées, il émit seulement quelques critiques à leur encontre. Toutefois les opposants à la monarchie absolue et les nihilistes furent ravis de constater l'existence d'une véritable crise au sommet du pouvoir, leur mouvement en devint plus actif. L'assassinat de l'empereur Alexandre II, le révéla une lutte des panslavistes contre les ennemis de la Russie. Ce fut dans ces circonstances politiques que le , le nouvel empereur Alexandre III nomma Le comte Ingatiev ministre de l’Intérieur. En nommant le comte à ce poste, Alexandre III exprima son bon vouloir, mais il voulut également prouver au peuple russe sa volonté d'exercer une politique à l'intérieur de l'Empire, mais également hors de ses frontières, afin de servir exclusivement les intérêts de la Russie. En outre, le tsar déclara son désintérêt pour la « parole de l'Europe »[9]. Nikolaï Pavlovitch accepta ce poste avec l’idée qu’il mènerait une politique nationaliste et réactionnaire.

Au cours de son mandat de Ministre de l'Intérieur, le comte Ignatiev rédigea et publia le Renforcement de la position (d'urgence) de protection (renforçant le pouvoir de l'État dans les cas de situation d'urgence ou de troubles civils (ce règlement sur les mesures pour la protection de l'ordre public et la sécurité publique fut publié le )[12]. Après une période de violences contre les Juifs, de pogromes, que l’on accusa même Ignatiev d’avoir fomentés, il institua le Règlements provisoires des Juifs, ou Lois de mai.

Ces réglements provisoires, publiés le , sont considérés par les uns comme des mesures essentiellement antijuives[13], mais selon d'autres sources, Ignatiev aurait en fait suivi une politique gouvernementale (pas toujours appliquées par les autorités locales) de répression stricte des émeutiers et de protection de la population juive. Selon ces sources, Nikolaï Ignatiev, installé au poste de ministre de l'Intérieur en mai 1881, décida d'une politique de répression stricte des pogromes, même si elle a été rendue difficile par le caractère imprévisible des émeutes et des effectifs limités des forces de l'ordre. Il intima l'ordre de tirer sur les émeutiers dans les villes de Borissov et de Negine, ce qui entraîna des pertes en vies humaines. A Kiev, 1400 personnes furent mises en état d'arrestation. Un grand nombre de personnes dans le gouvernement estimèrent ce nombre insuffisant. Le chef de la police de Kiev adressa une lettre à l'empereur afin de s'excuser de l'indulgence des tribunaux militaires locaux à l'encontre des émeutiers. Alexandre III nota dans la marge : « C'est inexcusable »[14]

Le projet de loi sur la réduction des paiements de rachat déjà réglé auparavant par le comte Loris-Melikov fut soumis à un nouveau traitement par le comte Ignatiev. Le la loi rendant le rachat obligatoire pour le million de feux paysans restés sous le statut de la dépendance temporaire. Diminution des annuités de rachat fut votée.

De 1881 à 1885, Alexandre III créa la commission Kakhanovskaïa, commission spéciale ayant pour tâche la rédaction de l'élaboration de l'administration locale. Le rapport de cette commission présidée par Kakhanov (1833-1900) fut remis au ministre de l'Intérieur en 1885[15]. Le ministère de l'Intérieur examina le projet et mit au point un projet de loi conduisant à la création de postes de fonctionnaires, les greffiers en chef de district (zemski natchalnik / Земский начальник) (1889) et l'autonomie locale à partir de 1890[16].

L'apogée du ministère d'Ignatiev se situa lors de la présentation à Alexandre III d'un projet de convocation du Zemski sobor en conjonction avec le couronnement du tsar Alexandre III à Moscou. Ce projet fut rédigé par l'historien slavophile Pavel Dmitrievitch Golokhvastov (1839-1892)[17] et le poète slavophile Aksakov. Ce projet fut refusé par l'empereur. Toutefois, Ignatiev et le procureur du Saint-Synode Pobiedonostsev s'affrontèrent avec virulence. En effet, cet homme ultra-conservateur s'opposa à ce projet arguant de la dangerosité par la présence des nihilistes, des libéraux et autres séparatistes au Zemski sobor, ceux-ci prenant modèle sur les États généraux de 1789 tenteront de le transformer en gouvernement constitutionnel.

Le , Alexandre III limogea le comte Ignatiev qui fut remplacé au poste de ministre de l'Intérieur par le comte Dimitri Andreïevitch Tolstoï. Selon certaines sources, le comte aurait été suspecté de malhonnêteté ou de détournement de fonds, ou bien encore le tsar influencé par Pobiedonostsev aurait craint qu’il ne tente d’introduire un gouvernement constitutionnel en réactivant le Zemski sobor (parlement). Il n’exerça plus, par la suite d’influence notable dans les affaires publiques.

Le détachement sacré

Le comte Ignatiev, mais également de grandes personnalités telles que Pobiedonostsev, le ministre d'État Mikhaïl Nikolaïevitch Ostrovski (1827-1901), Katkov, etc. furent membres du Détachement sacré. Cette organisation fondée au lendemain de l'assassinat du tsar Alexandre II (1er mars 1881) fut présidée par le comte Illarion Ivanovitch Vorontsov-Dachkov (1837-1916). Elle se composait de 729 personnes (ceux-ci composèrent un grand réseau d'espions et de provocateurs chargés de la protection du tsar à Saint-Pétersbourg, lors de ses déplacements en Russie, ainsi que les membres de la famille impériale). Cette organisation, qui siégeait à Saint-Pétersbourg, eut pour mission de lutter contre le mouvement révolutionnaire. Officiellement, cette organisation cessa d'exister le 1er janvier 1883[18] - [19].

Quelques membres du Détachement sacré

Retraite

En 1888, le comte Ignatiev présida la Société pour la promotion de l'industrie et du commerce russe, la même année, à Saint-Petersbourg, il présida également la Société slave de bienfaisance. Il resta membre du Conseil d'État et fut membre de la Société géographique. Au cours de sa retraite, il écrivit ses Mémoires[5].

Le comte Ignatiev fut une richissime personnalité, il posséda une maison à Moscou, d'importantes propriétés à Mogilev et dans la province de Kiev, mais une gestion hasardeuse le ruina. Son épouse également propriétaire de biens immobiliers à Saint-Petersbourg (une maison), à Peterhof (une résidence d'été), dut pourvoir aux besoins de son époux lorsque celui-ci se vit priver de sa pension de conseiller d'État[5] - [20].

Décès et inhumation

Le comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev décéda le dans son palais d'Androuchevskoïe à Kroupoderintsy, (Gouvernement de Kiev). Le service funéraire fut célébré par l'archevêque Innokenti (1867-1928), le comte fut inhumé à Kroupoderintsy dans la chapelle-mausolée où depuis 1905 reposait son fils tué à la bataille de Tsushima. En 1917, son épouse fut inhumée à ses côtés. Iekaterina Nikolaïevna Ignatieva décédée en 1914 repose aux côtés de ses parents[21]

Distinctions

Honneurs rendus au comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev

Les Bulgares opprimés et reconnaissants envers le comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev pour son soutien apporté lors de l'occupation de leur pays par l'Empire ottoman et l'organisation humanitaire qu'il organisa lors de la Guerre russo-turque de 1877-1878. Par gratitude, la Bulgarie donna le nom du comte à un village Graf-Ignatievo situé dans la région de Plovdiv, un autre village nommé Ignatievo situé dans la région de Varna, en outre, un sommet fut baptisé le pic Ignatiev en Antarctique (Le Mont Ignatiev (en) est situé à 63 ° 36'37 "S 58 ° 39'10" W / 63.61028 ° S 58.65278 ° W / -63.61028; -58,65278 . German-British mapping in 1996)

À noter

Le comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev signant le traité de San Stefano.

Le fils du comte Ignatiev, Pavel Nicolaïevitch Ignatiev fut ministre de l’Instruction publique sous Nicolas II de Russie. Son arrière-petit fils Michael Ignatieff fut de 2008 à 2011 chef du Parti libéral du Canada, député d'Etobicoke—Lakeshore à la Chambre des communes du Canada du au .

Avec le second fils de Staline, Vassili Iossifovitch Djougachvili, le comte Ignatiev fut le plus jeune général de l'Histoire militaire russe et soviétique, Nikolaï Pavlovitch fut promu général à l'âge de 24 ans (1878)[2].

Il fut également un diplomate renommé en Europe, l'attention toute particulière qu'il démontra à l'encontre des Bulgares opprimés au cours de l'occupation ottoman de leur pays, fit du comte un héros national dans ce pays. Léon Gambetta parlant du comte Ignatiev dit ces paroles : « Ignatiev est l'homme de l'avenir de la Russie. Je pense qu'il est l'homme politique le plus perspicace et le plus actif de notre temps [5].

Au cours de ses négociations diplomatiques, le comte Ignatiev fut une personnalité possédant de grandes capacités à trouver des solutions à chaque problème, il trouvait le moyen de capter la confiance de son interlocuteur afin d'utiliser ses points de faiblesse. Au cours de ses différentes négociations diplomatiques, le comte Ignatiev n'hésita pas à mettre à profit les désaccords et les divergences de vue surgissant lors des discussions entre les adversaires de l'Empire russe. Le comte utilisa avec facilité deux aspects célèbres de sa personnalité : sa ruse et sa perfidie. Nikolaï Pavlovitch Ignatiev dans une lettre adressée à ses parents écrivit : « Qu'il a l'esprit russe, ce que les gens prennent pour de la ruse et de la tromperie »[5].

Notes et références

Liens externes

agritura.livejournal.com (Photographies du comte Nikolaï Pavlovitch Ignatiev, de son épouse Iekaterina Leonidovna Golitsyna, de sa fille, Iekaterina Nikolaïevna Ignatieva, le temple-mausolée de briques rouges construit sur la tombe de Vladimir Nikolaïevitch Ignatiev tué lors de la Bataille de Tsushima, à sa mort le comte fut inhumé aux côtés de son fils, le domaine du comte Ignatiev à Kroupoderintsy, le palais Androuchevskoïe (au XIXe siècle-de nos jours).

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