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Régiment Préobrajensky

Le régiment Préobrajensky (en russe : Преображенский лейб-гвардии полк) ou régiment de la Transfiguration est le plus ancien et l'un des plus prestigieux régiments de la Garde impériale russe. Il est intimement lié à l'histoire de l'émergence de l'Empire russe, de la fin du XVIIe au XIXe siècle. À ce titre, il incorpore une forte charge symbolique.

Régiment Préobrajensky
Image illustrative de l’article Régiment Préobrajensky
Insigne régimentaire

Création
Dissolution
Pays Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Type Infanterie
Garnison Saint-Pétersbourg
Devise Foi et loyauté
Marche Marche du régiment Préobrajenski (March Preobrajenskogo Polka)
Anniversaire 6 août
Guerres Campagnes d'Azov
Grande Guerre du Nord
Guerre russo-suédoise
Guerre russo-turque
Guerre russo-japonaise
Première Guerre mondiale
Batailles Bataille de Narva
Siège de Nöteborg
Siège de Mitau
Bataille de Poltava
Bataille d'Austerlitz
Bataille de la Moskova
Bataille de Lützen
Bataille de Kulm
Commandant historique Nicolas II

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, l'adhésion était réservée aux jeunes aristocrates russes ayant fait preuve de loyauté envers le gouvernement impérial et le tsar.

Histoire

Façade de l'ancienne caserne du régiment Préobrajensky à Saint-Pétersbourg, au no 35 de la rue Kirotchnaïa.

Création

Le Pierre Ier le Grand lève une unité d'infanterie composée de compagnons de jeux au village de Préobrajenskoïé[1], situé à l'est de Moscou[2]. Cette petite troupe armée se compose alors d'une cinquantaine de jeunes boyards et de courtisans[3]. Ce régiment est l'héritier du régiment Petrov, créé par le père de Pierre Ier, Alexis Ier, pour les jeux de batailles de son fils. En 1687, il prend le nom de régiment Préobrajensky.

XVIIe et XVIIIe siècles

Drapeau du régiment Préobrajensky en 1700.

Dans les années 1695-1696, il participe à la campagne d'Azov[3]. En 1698, le régiment Préobrajensky se compose de quatre bataillons, auxquels il faut ajouter deux compagnies militaires distinctes composées de bombardiers (soldats en service sur les mortiers et les obusiers) et de grenadiers. Le , il prend le nom de régiment de la Garde Préobrajensky. Un autre régiment, également créé en 1683 pour les jeux guerriers du jeune Pierre Alexeïevitch, reçoit le nom de régiment de la Garde Sémionovsky : il doit son nom au petit village de Semionovskoïe, situé près de Moscou, où il est initialement stationné. En 1723, ce régiment est cantonné à Saint-Pétersbourg[4]. En 1706, Pierre Ier prend le grade de colonel du régiment Préobrajensky. En 1741 c'est à la tête d'une petite troupe du régiment que la future impératrice Élisabeth, fomente un coup d'État pacifique qui la propulse sur le trône de Russie[5]. En 1796, les bataillons du régiment sont nommés selon les patronymes de leurs chefs : 1er bataillon de Sa Majesté, 2e bataillon lieutenant-général Tatichev, 3e bataillon feld-maréchal Souvorov, bataillon de grenadiers major-général Araktcheïev. Le régiment Préobrajensky s'est illustré au cours de plusieurs guerres tout au long du XVIIIe siècle :

Il a également participé à la prise de Khotin (1739).

Guerre de Finlande

En 1808 le régiment Préobrajensky participe à la Guerre de Finlande. Le 9 septembre, le 2e bataillon du Régiment pénètre à Villmanstrand. Le , une partie du Corps du lieutenant-général Piotr Ivanovitch Bragation entame sa progression vers la Suède par les îles Åland et le , il est engagé dans des combats sur l'île de Lemland, le 17 mars, sur l'île d'Eckerö.

Guerre napoléoniennes

En 1800, sur ordre de Paul Ier, le régiment Préobrajensky est débaptisé et reçoit le nom de Régiment de la Garde de Sa Majesté. Mais en 1801, Alexandre Ier le restaure dans son ancien nom. Il se distingue lors des guerres des Troisième et Quatrième Coalition.

En 1805, les 1er et 3e bataillons quittent Saint-Pétersbourg le 22 août et prennent part à la bataille d'Austerlitz le 2 décembre. Ils sont de retour à Saint-Pétersbourg le . En , le régiment composé de quatre bataillons quitte la Russie ; le 5 juin, il engage le combat contre les troupes du maréchal Ney à Guttstadt, Altkirchen et, le 14 juin, prend part à la bataille de Friedland. Le régiment est de retour à Saint-Pétersbourg en août. En 1811, le régiment est transformé en trois bataillons, chacun d'entre eux se composant d'une compagnie de grenadiers et d'un peloton de tirailleurs (infanterie légère) et de trois compagnies de fusiliers. En , lors de la campagne de Russie, le régiment se rend à Vilnius où il rejoint la 1re Armée de l'Ouest, placée sous le commandement de Michel Barclay de Tolly. Le 7 septembre, il est engagé dans la sanglante bataille de Borodino. Au cours de la retraite de la Grande Armée, le régiment est placé en réserve. Il est de retour à Vilnius en octobre.

Le régiment Préobrajensky combattant à la bataille de Paris, le . Au fond, la butte Montmartre.

Entre 1812 et 1814, il s'illustre également au cours de la guerre de la Sixième Coalition. Le , le régiment traverse le fleuve Niémen en présence d'Alexandre Ier de Russie et du roi Frédéric-Guillaume II de Prusse. Il participe à la grande parade du 14 avril et fait une entrée triomphale dans la ville de Dresde. Pendant la campagne d'Allemagne, il prend part aux batailles de Lützen et Bautzen. Sous le commandement du général Iermolov, il se distingue aussi à la bataille de Kulm. Le , en présence de l'empereur Alexandre Ier, à Bâle, le régiment traverse le Rhin comme unité de réserve. Il participe à toutes les offensives. Le 31 mars, il conclut triomphalement la campagne de guerre engagée contre les armées napoléoniennes ; le 1er bataillon bivouaque à proximité du palais des Tuileries. Après avoir séjourné plus de deux mois dans Paris, le régiment part pour la Normandie et, le 15 juin embarque à Cherbourg. Le 12 août, il fait son entrée à Saint-Pétersbourg. À cette occasion, en récompense des excellents services rendus par le régiment Préobrajensky entre 1812 et 1814, Alexandre Ier de Russie ordonne la construction d'un arc de triomphe en son honneur.

Autres batailles

Le régiment participa à la Guerre russo-turque de 1828-1829. Il mena la répression contre les insurgés polonais lors des insurrections de novembre 1830 et de 1861-1864. Enfin, il se distingua également au cours des batailles de la Guerre russo-turque de 1877-1878.

Le Nicolas II en prend le commandement.

XXe siècle

En 1906 le premier Bataillon est exclu du Régiment Préobrajensky et dépouillé des privilèges de la Garde impériale. Le nouveau 1er Bataillon est constitué de chevaliers de l'Ordre de Saint-Georges et des héros de la Guerre russo-japonaise.

Au cours de la Première Guerre mondiale, il participa aux batailles de Lemberg et de la Vistule. Il participa aussi à Seconde bataille des lacs de Mazurie, à l'opération de Vilna (du 22 août au ) et à l'offensive Broussilov (le ).

La deuxième Compagnie du bataillon de réserve du Régiment Préobrajensky prit ensuite une part active à la Révolution de février 1917 en rejoignant la foule insurgée[6].

En 1917, le régiment Préobrajensky fut dissous par son dernier commandant, le colonel Alexandre Koutiepov (plus tard général) mais réintégré dans l'Armée blanche dans le sud de la Russie. Les officiers exilés créèrent alors l’Union Préobrajenstsev.

Pertes au cours de la grande guerre, la guerre civile et la terreur rouge

Les membres de la famille impériale en service dans les régiments de la Garde impériale ne sont pas comptabilisés dans le nombre d'officiers tués au cours ces périodes de guerre.

Années 2000

En 2013, le nom de régiment Préobrajensky est réattribué le par décret du président russe Vladimir Poutine au 154e régiment autonome d'infanterie, dont la mission principale jusqu'alors était la protection du Kremlin[8] - [9].

Récompenses et honneurs régimentaires

  • Les couleurs de l'Ordre de Saint-Georges furent décernées au Régiment Préobrajensky « Pour ses prouesses manifestées lors de la bataille de Kulm le ». Au cours de cette bataille napoléonienne, ces couleurs furent attribuées au Régiment pour célébrer son action à Kulm, en infériorité numérique face aux troupes de la Grande Armée, il résista aux charges des troupes françaises placées sous les commandements de Dominique-Joseph René Vandamme, Auguste Frédéric Louis Viesse de Marmont et Laurent de Gouvion-Saint-Cyr.
  • Pour leur héroïque comportement au cours de la bataille de Varna (1700), les Régiments Préobrajensky et Semionovski reçurent des bas rouges, il symbolisait leur attitude aux combats (du sang jusqu'aux genoux).
  • La cathédrale de la Transfiguration à Saint-Pétersbourg érigée entre 1743 et 1754 fut construite en l'honneur du Régiment Préobrajensky[10].
  • Un hausse-col ou gorgerin d'argent avec l'inscription fut décerné aux sous-officiers du Régiment Préobrajensky afin de commémorer la bataille de Narva[11].
  • Un insigne porté en broche sur les chapeaux avec l'inscription Pour Tashkinen le fut décerné au Régiment Préobrajensky en récompense de son héroïsme au cours de la Guerre russo-turque de 1877-1878[12].
  • Insigne régimentaire représentant une double croix, l'une en émail bleu, l'autre en or représentant la crucifixion de Saint André, de part et d'autre de la croix et au-dessous trois aigles bicéphales (emblème des Romanov), au-dessus de la croix, la couronne impériale. Cet insigne régimentaire fut remis au Régiment Préobrajensky pour le bicentenaire de sa création (1909)[13].

Particularismes régimentaires

Uniforme en 1910

Divers

Sergueï Leontievitch Boukhvostov, Le Premier soldat de la Russie.

En 1918, le Régiment Préobrajensky continua de vivre sous le nom d'Association du Régiment Préobrajensky. En 1970, après le décès de ses derniers officiers, leurs descendants réorganisèrent cette association et lui donnèrent le nom de Union Préobrajensky.

Souverains russes commandants du Régiment Préobrajensky

Commandants du Régiment Préobrajensky

Drapeau du régiment Préobrajensky
Le général Alexandre Pavlovitch Koutepov, le dernier commandant du Régiment Préobrajensky

Personnalités ayant servi dans le Régiment Préobrajensky

  • Sergueï Alexandrovitch Avinov : (1831-1906) général d'infanterie, commandant de Division des Grenadiers du Caucase ;
  • Alexandre Bachilov (1777-1848): général des guerres Napoléoniennes ;
  • Edouard Trofimovitch Baranov : (1811-1884), général d'infanterie, membre du Conseil d'État, l'un des auteurs du règlement général des Chemins de fer russes, proche collaborateur d'Alexandre II de Russie ;
  • Sergueï Leontievitch Boukhvostov : (1659-1728), il fut le premier enregistré dans le Régiment Préobrajensky, Pierre Ier de Russie le baptisa « Premier soldat de la Russie[14] » ;
  • Fiodor Loginovitch Geïden : (1821-1890), gouverneur général finnois ;
  • Vassili Mikhaïlovitch Golovnine : (1776-1831), célèbre explorateur et vice-amiral russe ;
  • Gavriil Romanovitch Derjavine : (1743-1816), poète et homme d'État russe ;
  • Vassili Dmitrievitch Kortchmine : Ingénieur en chef de l'artillerie de la Russie impériale, l'un des pères de l'artillerie russe, un proche collaborateur de Pierre Ier de Russie ;
  • Vladimir Ivanovitch Nazimov : (1802-1874), gouverneur général de Vilna ;
  • Vladimir Vassilievitch von Notbek : (1825-1894), général d'infanterie, inspecteur des usines d'armes et de munitions ;
  • Edward Anders Ramsay : (1797-1877), général d'infanterie, membre du Conseil d'État ;
  • Nikolaï Andreïevitch Read : (1793-1855), général de cavalerie ;
  • Alexandre Iegorovitch Sokolov : (1740-1819), écrivain, diplomate russe ;
  • Ivan Matveevitch Ougrioumov : (-1707), premier architecte de jardin d'été, compagnon de Pierre Ier de Russie ;
  • Mikhaïl Alexandrovitch Fonvizine (ou von Visin) : (1787-1854), philosophe, représentant du Socialisme utopique, décabriste ;
  • Dmitri Ivanovitch Khvostov : (1757-1835), poète russe ;
  • Alexandre Sergueïevitch Chkourine : (1784-1851), lieutenant-général, chef de la police de Saint-Petersbourg ;
  • Pavel Ivanovitch Iagoujinski : (1683-1736), comte, général en chef, homme d'État, diplomate, un proche collaborateur de Pierre Ier de Russie ;
  • Nicolas Nicolaïevitch de Leuchtenberg: (1868-1928), duc, chef de la Maison de Beauharnais[15].

Sources

Notes et références

  1. C'est-à-dire le village de la Transfiguration (en russe : Преобразование).
  2. (ru) http://www.regiment.ru/reg/I/A/1/1.htm
  3. (ru) http://www.imha.ru/index.php?newsid=1144524335
  4. (en)http://www.encspb.ru/object/2804021079;jsessionid=D191F831B862D1A22D7CD05586015FBD?lc=en
  5. Hélène Carrère d'Encausse, Les Romanov. Une dynastie sous le règne du sang, Fayard 2013 p. 123
  6. Léon Trotsky, "[ http://www.contretemps.eu/russie-revolution-fevrier-trotsky/ Il y a cent ans, commençait la révolution russe...], Contretemps, 23 février 2017.
  7. (ru) http://lj.rossia.org/users/tarlith/236265.html
  8. « Sputnik France : actualités du jour, infos en direct et en continu », sur rian.ru (consulté le ).
  9. (ru) http://kremlin.ru/acts/17856
  10. (ru) http://www.preobragensky.ru/frameset.html
  11. (en) http://www.lgpp.petrobrigada.ru/news/newseng.htm
  12. (ru) http://www.lgpp.petrobrigada.ru/history/hist.htm
  13. (ru) Biographie de Boukhvostov sur le site « biografija.ru »
  14. (ru) http://regiment.ru/reg/I/A/1/10.htm

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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