Khiva
Khiva (Xiva en ouzbek ; ŰźÛÙÙ en persan) est une ville d'OuzbĂ©kistan, situĂ©e dans la province du Khorezm, non loin de la frontiĂšre turkmĂšne.
Khiva ouzbek : Xiva | ||
Au fond, la médersa Mohammed Amin Khan avec son minaret Kalta Minor. | ||
Administration | ||
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Pays | Ouzbékistan | |
Province | Khorezm | |
DĂ©mographie | ||
Population | 55 568 hab. (2005) | |
GĂ©ographie | ||
CoordonnĂ©es | 41° 22âČ 42âł nord, 60° 21âČ 50âł est | |
Altitude | 109 m |
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Localisation | ||
Géolocalisation sur la carte : Ouzbékistan
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Fondée, avant notre Úre[1], dans une oasis, à 469 kilomÚtres de Boukhara[2], elle est mentionnée, au Xe siÚcle, dans les écrits des géographes Al-Maqdisi et Istakhri.
Son existence étant moins liée que d'autre villes du Khwarezm à l'Amou-Daria, son histoire fut moins affectée par les changements de lit de ce fleuve.
ProspÚre par son positionnement sur la route des caravaniers vers la Caspienne, elle devient la capitale d'un influent khanat de Khiva, du début du XVIe siÚcle jusqu'à la disparition de cet Etat, en 1920.
Sa vieille ville, Itchan Kala (littéralement forteresse intérieure) est classée au patrimoine mondial par l'Unesco depuis 1990[3].
GĂ©ographie
Khiva est située à 40 km du fleuve Amou-Daria, au bord du canal Palvan-Yap.
Au nord-ouest, elle confine Ă la rĂ©gion de Kouchkoupir, au nord Ă la rĂ©gion dâOurguentch, au nord-est Ă la rĂ©gion de Yanguiarik, au sud-est au TurkmĂ©nistan.
La partie sud de la ville est limitrophe du désert du Karakoum.
Les canaux Ak-Yap et Sertchali traversent la ville.
La ville de Khiva compte 95 246 habitants[4] soit un peu plus de la moitié de la population du district dont elle est le chef-lieu. Sa superficie est de 883 hectares.
Le climat est continental, marquĂ© par la chaleur d'un long Ă©tĂ©, la rigueur de lâhiver court et la raretĂ© des prĂ©cipitations. La tempĂ©rature moyenne est 4,5 °C au mois de janvier et 27,4 °C en juin, mais elle peut atteindre 44 °C. La quantitĂ© de prĂ©cipitations annuelles s'Ă©lĂšve Ă 90-100 mm.
Histoire
Selon la lĂ©gende, Khiva fut fondĂ©e Ă l'endroit oĂč Sem (le fils de NoĂ©) creusa le puits de Keivah[5].
AntiquitĂ© et Moyen-Ăge
La région, particuliÚrement aride, a développé un systÚme d'irrigation complexe à partir du IIe millénaire av. J.-C. et a été visitée par différents conquérants : Perses, Grecs, Arabes, Mongols, Ouzbeks.
A partir de 994, Khiva appartient à la principauté indépendante du Khorezm et, vers 1001, le médecin et philosophe Avicenne décide de s'y installer aprÚs avoir quitté Boukhara[6].
La situation politique et militaire de la région (de l'Asie centrale au Moyen-Orient) est instable. à cette époque, les dynasties d'origine turque et celles d'origine perse sont en conflit permanent, faisant chuter les capitales. Avicenne doit fuir à nouveau, car il ne souhaite pas servir sous les Turcs, ennemis des Persans[6].
Ă partir du XVIe siĂšcle, l'Ăąge d'or du Khanat
En 1511[7], des tribus ouzbekes fondent un khanat avec l'oasis de Khiva pour capitale[8].
La consolidation de ce nouvel état khorezmien se fera tout au long du XVIe siÚcle profitant, notamment, de l'affaiblissement de la ville voisine d'Ourgentch avec le changement de cours de l'Amou Daria[7]. Le khanat de Khiva (1512-1920) devient ainsi, avec ceux de Boukhara et de Kokand l'un des trois khanats ouzbeks héritiers du khanat de Djaghataï.
Itchan Kala (« Cité intérieure », en turc), qui couvre 26 hectares, est la ville intérieure de Khiva, retranchée derriÚre des murailles de brique hautes d'une dizaine de mÚtres, faisant partie de l'ancienne oasis, qui était l'ultime étape des caravaniers avant la traversée du désert en direction de la mer Caspienne et de la Perse[9].
En 1717, les quatre milles soldats russes du prince Bekovitch-Tcherkasski, qui entendent libérer les esclaves russes de Khiva, sont massacrés aux portes de la ville[7].
- Vue des remparts d'Itchan Kala Ă Khiva.
- Porte Sud (Tach Darvoza) d'Itchan Kala.
- Porte Est (Palvan Darvoza) d'Itchan Kala.
- Porte Nord (Baktcha Darvoza) d'Itchan Kala.
- Autre vue des remparts d'Itchan Kala.
De la Russie tsariste Ă la RĂ©publique d'Ouzbekistan
L'ukase de juillet 1867, crĂ©ant un nouvel oblast du Turkestan, marque une nouvelle avancĂ©e de l'empire russe en Asie Centrale. Au dĂ©but de l'annĂ©e 1873, c'est le premier gouverneur gĂ©nĂ©ral de cet oblast, le gĂ©nĂ©ral Von Kaufmann, qui rĂ©ussit Ă obtenir la capitulation du Khan et Ă prendre la ville. Au mois d'aoĂ»t de la mĂȘme annĂ©e, le traitĂ© de paix de Guendeman[10] Ă©tablit un protectorat sur le khanat.
Aujourd'hui
Bien qu'ayant conservé peu de monuments trÚs anciens, Itchan Kala constitue un exemple cohérent et bien préservé d'architecture musulmane d'Asie centrale avec des constructions remarquables, comme la mosquée Djouma, les mausolées et les médersas, ainsi que les deux magnifiques palais édifiés au début du XIXe siÚcle par le khan Alla-Kouli.
Depuis 1990, le quartier d'Itchan Kala de Khiva fait partie du Patrimoine mondial de l'UNESCO.
Ăconomie et administration
La plupart des organisations et des administrations publiques, y compris le khokimiat (mairie), les tchaĂŻkhana (maisons de thĂ©), les hĂŽtels, les banques ou encore les bureaux de poste, se trouvent dans les rues Najmiddin Koubro, Amir Temour ou Ferouz. Les Ă©tablissements mĂ©dicaux comme lâhĂŽpital central, la maternitĂ©, la polyclinique pĂ©diatrique, le collĂšge de mĂ©decine sont situĂ©s Ă lâouest de la ville.
La fabrique de tapis, lâusine des produits de cĂ©ramique, la fabrique de confection, la fabrique des articles de souvenir y fonctionnent. Douze Ă©coles secondaires, cinq centres dâart dâenfants, thĂ©Ăątre de marionnettes, stades, parcs sont ouverts pour accueillir les enfants.
9 villages de territoire de 45 773 hectares appartiennent Ă la rĂ©gion de Khiva dont la population atteint 116 249 habitants. La surface agricole cultivĂ©e occupe 14 321 hectares de ce territoire. Dans le domaine agricole du Khorezm, c'est surtout la culture du coton et du blĂ© qui y est dĂ©veloppĂ©e. Le canal Palvan, qui provient de l'Amou-Daria, a une grande importance quant Ă lâirrigation des terres de cette rĂ©gion.
Khiva est aussi une ville d'artisanat. Lâassociation des artisans du Khorezm maintient et dĂ©veloppe lâartisanat de la sculpture sur bois et de la cĂ©ramique. La particularitĂ© de lâartisanat de la sculpture sur bois de Khiva est la garniture des portes, colonnes, meubles. Les maĂźtres sculpteurs utilisent le bois dâorme et dâautres arbres locaux. Pour la conservation de la surface, on emploie lâhuile de coton et de lin. La peinture dâart de Khiva est aussi dĂ©veloppĂ©e. Les maĂźtres de ce type dâart prennent part aux travaux de restauration des monuments historiques et Ă la dĂ©coration des immeubles modernes.
Ses monuments permettent évidemment une activité touristique importante, faisant de Khiva l'une des destinations les plus visitées du pays.
Quelques monuments
La plupart des monuments notables de Khiva sont inclus dans le périmÚtre du quartier d'Itchan Kala.
Kunya Ark
Kunya Ark (vieille forteresse) a Ă©tĂ© utilisĂ©e comme lâune des rĂ©sidences des khans de Khiva jusquâen 1919. La construction de Kunya Ark a dĂ©butĂ© en 1686-1688 sous Arang Khan, fils d'Anoucha Khan. Le palais actuel a pris sa structure actuelle Ă partir du rĂšgne dâAltuzar Khan (1804-1806). On distingue tout particuliĂšrement [11]:
La mosquĂ©e dâĂ©tĂ©
La mosquĂ©e dâĂ©tĂ© (1838) se caractĂ©rise par un iwan imposant, avec six colonnes, dont le plafond est trĂšs colorĂ© et les parois recouvertes de cĂ©ramiques bleues et blanches reprĂ©sentant des motifs gĂ©omĂ©triques ou vĂ©gĂ©taux rĂ©alisĂ©es en particulier par Abdoullah Djin. Lâiwan Ă©tant orientĂ© vers le nord pour favoriser la fraĂźcheur, le mihrab est orientĂ© vers le sud et non en direction de La Mecque, comme le veut pourtant la rĂšgle habituelle. La mosquĂ©e est dĂ©diĂ©e Ă Abou Bakr, deuxiĂšme calife et compagnon de Mahomet.
- La mosquée d'été.
- La mosquée d'été : le plafond de l'iwan.
- Détail de la mosquée d'été.
- Mihrab de la mosquée d'été.
- Détail de la mosquée d'été.
La prison (Zindan)
La prison (Zindan) se situe Ă lâextĂ©rieur de lâentrĂ©e Ă principale, sur la gauche. Elle comprend aujourdâhui deux salles. Les conditions de dĂ©tention sont restituĂ©es par des mannequins et la premiĂšre salle prĂ©sente des outils de torture et dâexĂ©cution.
La salle du trĂŽne (Kourinich Khana)
La salle du trĂŽne (1804-1806) proprement dite est constituĂ©e dâune grande salle donnant sur un iwan. Elle servait au khan pour ses audiences publiques. Le trĂŽne Ă©tait disposĂ© dans une niche situĂ©e Ă droite en entrant dans la salle[12]. Le plafond est dĂ©corĂ© de motifs gĂ©omĂ©triques colorĂ©s[13].
L'aĂŻvan est soutenu par deux colonnes dont les bases sont en marbre gravĂ©. Le plafond est revĂȘtu de panneaux de bois peint, oĂč les teintes jaunes et rouge dominent. Les parois sont dĂ©corĂ©es de majoliques oĂč les couleurs bleue et blanche sont prĂ©dominantes, Ă lâĂ©poque de Alla Kouli Khan. Les portes donnant accĂšs Ă la salle du trĂŽne sont finement travaillĂ©es. Lâiwan est orientĂ© vers le nord pour prĂ©server la salle du trĂŽne dâune chaleur excessive durant lâĂ©tĂ©.
Les audiences avaient Ă©galement lieu, durant lâhiver, dans une yourte installĂ©e sur la plateforme circulaire au milieu de la cour intĂ©rieure.
La cour est entourée de bùtiments dont certains présentent une loggia.
- aïvan de la salle de réception.
- La cour de la salle de réception.
- Le plafond de la salle de réception.
- DĂ©tail d'une colonne de l'aĂŻvan
- DĂ©tail d'une colonne de l'aĂŻvan
- DĂ©tail de l'iwan.
Le bastion Ak Cheikh Bobo
Le bastion Ak Cheikh Bobo (le Cheikh blanc) est lâĂ©difice le plus ancien de Khiva. Construit au XIIe siĂšcle, il tire son nom d'un personnage vĂ©nĂ©rĂ©, Moukhtar Vali, le « Cheikh blanc », qui y vĂ©cut au XIVe siĂšcle. Le bastion fut utilisĂ© comme tour de garde et arsenal de munitions. Au sommet, il offre une vue panoramique sur la ville et sur les environs.
Tach Khaouli
Le Tach Khavli, ou palais de pierre (1830-1838), est situé dans la partie Est d'Itchan Kala. Il a été construit par Alla Kouli Khan. Il est resté un lieu de résidence des Khans jusqu'en 1880, quand Mohammed Rahim Khan II revint à Kunya Ark. Il comprend plus de 260 piÚces. La décoration a reçu le concours du céramiste Abdoullah Djinn.
Les diffĂ©rentes parties de lâĂ©difice sont construites selon leur fonction et constituent un ensemble compact regroupĂ© autour de trois cours correspondant aux trois fonctions principales : le harem (1830-1832) recouvrant la moitiĂ© nord du palais, la salle de rĂ©ception ou Ichrat Khaouli (1832-1834), situĂ©e dans le quart sud-est, et la Cour de Justice ou Arz Khaouli (1837-1838) recouvrant approximativement le quart sud-ouest. Ces trois unitĂ©s sont caractĂ©risĂ©es par les principes de la cour Ă iwan et de lâiwan Ă une colonne, utilisĂ© isolĂ©ment ou de maniĂšre groupĂ©e comme dans la cour du harem.
Le harem
Dans la partie sud de la cour du harem sont construits cinq iwans : quatre Ă©taient destinĂ©s Ă chacune des Ă©pouses lĂ©gitimes du khan, le cinquiĂšme, Ă gauche, lĂ©gĂšrement plus haut et plus large, plus richement dĂ©corĂ©, Ă©tait celui du khan. Chaque iwan est sĂ©parĂ© de celui qui lui est adjacent soit par une paroi pleine, soit par une construction comportant une entrĂ©e surmontĂ©e dâune fenĂȘtre. Chaque iwan comporte une colonne en bois finement sculptĂ© posĂ©e sur un socle en marbre. Un disque de feutre a Ă©tĂ© placĂ© entre le socle en marbre et la colonne de bois pour prĂ©server des effets des tremblements de terre. La partie nord du harem est rĂ©servĂ©e aux servantes et aux concubines et prĂ©sente, en Ă©tage, une alternance de loggias et de parties pleines. La dĂ©coration de lâensemble se caractĂ©rise essentiellement par des carreaux de faĂŻence Ă motifs gĂ©omĂ©triques et floraux de tonalitĂ©s bleue et blanche. Les parois sont incrustĂ©es de petits Ă©lĂ©ments de couleur vert jade qui rappellent un symbole zoroastrien.
- Vue depuis la cour du harem de Tach Khaouli.
- Les iwans vus depuis la cour du harem.
- L'iwan réservé au khan.
- Vue sur les piÚces réservées aux concubines et aux servantes
- Cour du harem : détail
La salle de réception (Ichrat Khaouli)
La salle de rĂ©ception, ou Ichrat Khaouli, autour dâune cour carrĂ©e, prĂ©sente un iwan sur le cĂŽtĂ© sud, dĂ©corĂ© de majoliques. La partie Est de la cour comporte deux plateformes circulaires destinĂ©es Ă installer des tentes pour recevoir les invitĂ©s qui y sĂ©journent.
- Espace de réception : détail.
- Espace de réception : détail.
- Espace de réception : détail.
- Espace de réception : détail.
La Cour de Justice (Arz Khaouli)
La Cour de Justice, ou Arz Khaouli, Ă©tait le lieu oĂč le khan tranchait les litiges et rendait justice. Les murs sont eux aussi dĂ©corĂ©s de revĂȘtements de faĂŻence. Deux escaliers latĂ©raux permettent lâaccĂšs Ă la plateforme surĂ©levĂ©e de lâiwan au fond duquel se trouvent trois portes. Une plateforme destinĂ©e Ă installer une yourte est disposĂ©e dans la cour, dans le prolongement de la colonne de lâiwan, en parfaite symĂ©trie.
- L'iwan de la Cour de Justice.
- Vue depuis la Cour de Justice
- Cour de Justice : détail.
La médersa Mohammed Rahim Khan
La mĂ©dersa Mohammed Rahim Khan (1871) est une ancienne mĂ©dersa (ou madrassa) construite par le khan de Khiva, Mohammed Rahim Khan II (1845-1910), qui composait des poĂšmes sous le nom de plume de Ferouz. Devant la façade principale Ă deux Ă©tages, elle offre une avant-cour entourĂ©e de bĂątiments Ă coupoles dâun Ă©tage. On accĂšde Ă la cour principale par un portail (pishtak) imposant.
- Portail principal de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Façade sur deux niveaux dans l'avant-cour de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Un des trois cÎtés à un seul niveau dans l'avant-cour de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Une cellule de l'avant-cour sur la façade à deux niveaux de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Détail des bandes verticales entre chaque série de cellules de l'avant-cour (façade à deux niveaux) de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
La cour principale possĂšde quatre iwans avec quatre petites tours aux angles. Il y avait 76 cellules (hujra). Les iwans comportent en hauteur une frise avec des inscriptions en style nastaliq. Les quatre coins de la cour permettent chacun l'accĂšs Ă trois cellules. La structure extĂ©rieure des cellules suit un modĂšle classique : niche avec une porte en bois sculptĂ©, une barre transversale, et au-dessus une fenĂȘtre en forme de grille gĂ©omĂ©trique de couleur blanc cassĂ©. Dans le milieu de la cour principale se trouve un jardin carrĂ©, prĂšs d'une fontaine.
Une salle abrite un musée de l'histoire des khans de Khiva. Un spectacle de funambules, accompagné de musiciens, est réguliÚrement organisé dans la cour principale.
- Cour principale de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Cellules (cÎté cour principale) de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Une cellule (cÎté cour principale) de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Détail dans la cour principale de la médersa Mohammed Rahim Khan à Khiva.
- Portrait de Mohammed Rahim Khan II exposé dans le musée de la médersa.
La médersa et le minaret Islam Kodja
La mĂ©dersa Islam Khodja et son minaret datent respectivement de 1908 et 1910. Islam Khodja Ă©tait le beau-pĂšre et le grand vizir du khan Isfandiar Khan. Les deux monuments tĂ©moignent des derniĂšres architectures islamiques notables en Asie centrale. Le minaret, haut de 45 mĂštres, est le plus haut de Khiva. Son diamĂštre diminue au fur et Ă mesure quâil prend de la hauteur. Des bandes de cĂ©ramiques bleues et blanches alternent avec des briques de couleur ocre.
La mĂ©dersa comprend 42 cellules. Elle abrite aujourdâhui le MusĂ©e des Arts appliquĂ©s. Le cĂŽtĂ© ouest (cĂŽtĂ© entrĂ©e) comprend des arcatures aveugles. Au sud de cette entrĂ©e se trouve l'immense coupole de la salle principale.[14]
- Portail et minaret de la médersa Islam Khodja.
- Portail de la médersa Islam Khodja à Khiva.
- Minaret de la médersa Islam Khodja à Khiva.
Le mausolée de Pakhlavan Mahmoud
Le mausolĂ©e de Pakhlavan Mahmoud est en fait un complexe funĂ©raire qui abrite plusieurs tombes. Pakhlavan Mahmoud (1247-1325) Ă©tait un poĂšte et guerrier cĂ©lĂšbre qui est devenu le saint patron de Khiva. Pakhlavan Mahmoud a souhaitĂ© ĂȘtre enterrĂ© dans son atelier qui a donc Ă©tĂ© transformĂ© en mausolĂ©e. Plus tard ses disciples ont voulu ĂȘtre enterrĂ©s prĂšs de lui. Au fur et Ă mesure, le cimetiĂšre sâest agrandi. La construction du complexe funĂ©raire a durĂ© du XIVe siĂšcle au XXe siĂšcle. Entre 1810 et 1835, Mohammed Rahim Khan Ier et son fils Allakouli Khan ont changĂ© radicalement l'ensemble et lui ont donnĂ© sa physionomie actuelle.[15]
- Vue extérieure du mausolée de Pakhlavan Mahmoud.
- Autre vue extérieure du mausolée de Pakhlavan Mahmoud.
- DĂ©tail de la salle principale.
- DĂ©tail de la salle oĂč se trouve la tombe de Pakhlavan Mahmoud.
- Portail d'accÚs à la salle principale, donnant sur la cour intérieure.
- Puits de la cour intérieure.
LâentrĂ©e du complexe sâouvre sur une cour entourĂ©e de cellules sur la gauche, dâun khanaqah et de mausolĂ©es en face, dâune mosquĂ©e dâĂ©tĂ© et dâun puits sur la droite (oĂč viennent boire les jeunes couples qui souhaitent un enfant). Le bĂątiment central comprend une salle carrĂ©e surmontĂ©e dâune haute coupole couverte de carreaux bleu vernissĂ©s. La tombe de Pakhlavan Mahmoud se trouve dans la piĂšce situĂ©e Ă gauche de la grande salle. La dĂ©coration intĂ©rieure du bĂątiment a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Abdoullah Djinn.
- Tombe de Pakhlavan Mahmoud.
- DĂ©tail de la salle oĂč se trouve la tombe de Pakhlavan Mahmoud.
- coupole de la salle oĂč se trouve la tombe de Pakhlavan Mahmoud.
- Niche abritant la tombe de Mohammed Rahim Khan Ier, dans la salle principale.
- Deux tombes dans la salle principale.
- Ensemble de trois tombes réservées à Isfandyar, son fils et sa mÚre.
En 1913, on a construit un bĂątiment Ă un Ă©tage dans la cour, destinĂ© Ă abriter les tombes de la mĂšre et dâun fils, Timour, dâIsfandyar Khan et Ă©galement, initialement, la tombe de ce dernier[16].
D'autres tombes sont présentes à l'intérieur et à proximité du mausolée.
La mosquée Djouma
La mosquée Djouma (en prononciation francophone), littéralement mosquée du Vendredi, était autrefois la grande mosquée de la ville. C'est ici qu'étaient notamment lues les proclamations du khan de Khiva lors des grandes priÚres hebdomadaires[17].
Elle fut édifiée en 1788-1789, à l'initiative d'Abdurakhman, mikhtar du khan[18], sur une base plus ancienne, les travaux étant financés grùce à des revenus perçus à Koshkupyr et Bekabad[19].
La salle de priÚre est une vaste piÚce hypostyle. Couvrant la charpente, le toit est percé de deux ouvertures rectangulaires laissant passer un peu de lumiÚre et sous lesquelles étaient autrefois plantés des mûriers[19].
Le plafond charpenté est soutenu par deux-cent-dix-huit colonnes de bois réparties sur treize rangées, chacune espacées de 3,15 m[7]. Le plus souvent en orme, elles présentent des décors variés et reposent sur des socles de pierre avec, parfois de la laine non traité en intercalaire, ce matériau passant pour éloigner les insectes xylophages. Certaines de ces colonnes sont des ré-emplois d'édifices antérieurs, les quatre plus anciennes, datées du Xe siÚcle, passent pour provenir d'un édifice disparu de la ville de Beruniy[17]. Beaucoup furent remplacées lors des campagnes de restauration successives, notamment en 1979-1983 et 1996-1997[19].
Le mihrab, simplement recouvert d'un enduit blanc, ne présente que peu de décor.
La porte d'entrée, en bois, de l'accÚs principal est ornée de gravures, dont une inscription en coufique, et de ferrures décoratives.
Ăgalement bĂąti au XVIIIe siĂšcle, le minaret de briques mesure, Ă sa base, 6,2 m et s'Ă©lĂšve Ă 32,5 m[19]. On accĂšde Ă son sommet, couronnĂ© par une lanterne ornĂ©e de muquarnas en gravissant 81 marches[7].
- Vue générale de l'intérieur de la mosquée Djouma.
- DĂ©tail d'une colonne.
- Mihrab de la mosquée Djouma.
- Chapiteau d'une colonne de la mosquée Djouma.
- Le minaret de la mosquée Djouma.
- DĂ©tail d'une colonne.
La médersa Mohammed Amin Khan
La mĂ©dersa Mohammed Amin Khan (1852-1855) a Ă©tĂ© construite par Mohammed Amin Khan (rĂšgne : 1843-1855), lâun des khans les plus cĂ©lĂšbres de Khiva. CâĂ©tait la plus grande mĂ©dersa (ou madrassa) de Khiva, avec une capacitĂ© dâaccueil dâenviron 250 Ă©tudiants dans le cadre de sa fonction initiale. La madrassa est aujourd'hui utilisĂ©e comme hĂŽtel de tourisme. La cour intĂ©rieure est entourĂ©e de deux Ă©tages de cellules (houjra). Ă lâextĂ©rieur, le portail (pichtaq) est impressionnant et comprend un balcon de bois. La madrassa est bornĂ©e Ă chacun des quatre coins par quatre tours dâangle (guldasta).
- Vue du Kalta Minor et de l'extérieur de la médersa Mohammed Amin Khan depuis la porte Est.
- Positionnements respectifs du Kalta Minor et de la médersa Mohammed Amin Khan.
- Le portail de la médersa Mohammed Amin Khan.
- Cour intérieure de la médersa Mohammed Amin Khan.
Le minaret Kalta Minor
La construction du minaret Kalta Minor (« le minaret court », 1852-1855) a Ă©tĂ© interrompue avant dâavoir atteint la moitiĂ© de sa hauteur prĂ©vue (70 mĂštres) Ă la suite de la mort du commanditaire, le khan de Khiva, Mohammed Amin. Un escalier intĂ©rieur permet lâaccĂšs au sommet. Il jouxte la mĂ©dersa Mohammed Amin Khan [11].
Le mausolée de Sayid Alaouddine
Le mausolĂ©e de Sayid Allaouddine a Ă©tĂ© Ă©rigĂ© peu de temps aprĂšs sa mort en 1303. Câest le plus ancien monument de Khiva. Il comprend deux salles, une salle funĂ©raire et une salle de priĂšre (ziatkhona), construite dans un second temps au XIXe siĂšcle. Le tombeau est dĂ©corĂ© de carreaux de cĂ©ramiques vernissĂ©s avec des motifs vĂ©gĂ©taux blancs et bleus. Le mausolĂ©e a Ă©tĂ© restaurĂ© en 1825. Il a Ă©tĂ© construit par Amir Kulal, cĂ©ramiste originaire de Boukhara. Celui-ci devait initialement ĂȘtre enterrĂ© Ă cĂŽtĂ© de Sayid Alaouddine mais son dĂ©cĂšs Ă Boukhara ne le permit pas. Ceci explique quâil y ait deux tombes mais finalement un seul corps. L'architecture sacrĂ©e islamique allie ici comme ailleurs le cube et le dĂŽme, deux formes fondamentales hĂ©ritĂ©es de Byzance, qui symbolisent les liens entre la terre et le ciel et tracent la voie que le maĂźtre soufi a suivie pour se rapprocher d'Allah.[20]
- Plan du mausolée de Sayid Alaouddine (affiché à l'entrée).
- Tombe de Sayid Alaouddine dans la salle funéraire.
- Détail de la salle funéraire (muqarnas).
- DĂ©tail de la tombe de Sayid Alaouddine.
- DĂ©tail de la salle de visite (ou de priĂšre).
- Vue extérieure.
La médersa Koutloug Mourad Inak
La médersa Koutloug Mourad Inak tient son nom du premier des khans restaurant la dynastie de la tribu Koungrat en 1804. La médersa a été construite entre 1804 et 1812[21].
Il sâagit de la premiĂšre mĂ©dersa de Khiva Ă possĂ©der deux niveaux de cellules. La façade extĂ©rieure comprend deux niveaux de cellules de chaque cĂŽtĂ© du portail. L'intĂ©rieur de la mĂ©dersa a peu de dĂ©coration. Les façades sur cour ont deux Ă©tages et comportent chacune un iwan donnant pour trois dâentre elles, Ă chaque niveau, sur deux cellules. Les quatre coins sont biseautĂ©s et comportent chacun trois entrĂ©es de cellules Ă chaque niveau. Depuis la cour intĂ©rieure, on accĂšde Ă une rĂ©serve souterraine dâeau (sardoba) surmontĂ©e dâun dĂŽme visible dans la cour.
Elle est située en face de la médersa Alla Kouli Khan.
- Vue générale de l'extérieur de la médersa Koutloug Mourad Inak à Khiva.
- Vue générale de la cour, de l'accÚs au puits et du dÎme au-dessus du puits dans la médersa Koutloug Mourad Inak à Khiva.
- Vue générale de la cour de la médersa Koutloug Mourad Inak à Khiva.
La médersa Alla Kouli Khan
La mĂ©dersa Alla Kouli Khan (1834) sâouvre sur un portail (pishtak) dĂ©corĂ© de maniĂšre classique, de couleurs dominantes bleu et blanc. Il sâagirait du plus haut portail de la ville. Ă lâintĂ©rieur, les cellules se rĂ©partissent sur deux Ă©tages dans une cour de 30 x 34 mĂštres, comprenant quatre iwans. Les quatre coins intĂ©rieurs sont biseautĂ©s et permettent lâaccĂšs Ă trois cellules sur chacun des niveaux.[22]
Cette mĂ©dersa a Ă©tĂ© construite dans le cadre dâun vaste plan de reconstruction de cette partie de la ville sous le rĂšgne dâAlla Kouli Khan. Elle est situĂ©e en face de la mĂ©dersa Koutloug Mourad Inak.
- Vue générale de l'extérieur de la médersa Alla Kouli Khan.
- Portail de la médersa Alla Kouli Khan.
- Détail du portail de la médersa Alla Kouli Khan.
- Vue sur la cour de la médersa Alla Kouli Khan.
La mosquée Ak
La mosquée Ak (1832-1842), ou Mosquée blanche, se caractérise par ses portes finement ciselées.
- Détail de la porte d'entrée de la mosquée Ak.
- Le caravansérail Alla Kouli Khan.
Le caravansérail Alla Kouli Khan
Le caravansérail Alla Kouli Khan (1832), construit sous le rÚgne d'Alla Kouli Khan, est situé non loin de la Porte Est ; les remparts qui se situaient à cet endroit ont été démolis lors de sa construction.
Le palais Nouroullah BaĂŻ
Le palais de Nouroullah BaĂŻ (1912) est situĂ©, lui, dans la ville extĂ©rieure (Dichan Kala). Câest un mĂ©lange de style russe (avec, par exemple, les poĂȘles dĂ©corĂ©s de porcelaine venant de Saint-PĂ©tersbourg) et de style traditionnel local. Il comprend notamment une vaste salle de bal, une piĂšce de rĂ©ception, une piĂšce de repos, une piĂšce rĂ©servĂ©e Ă la musique, etc.
- Entrée et façade du palais Nouroullah Baï.
- Intérieur du palais Nouroullah Baï.
- Intérieur du palais Nouroullah Baï : détail.
- Un des poĂȘles Ă l'intĂ©rieur du palais Nouroullah BaĂŻ.
- Intérieur du palais Nouroullah Baï : détail.
Transport
Khiva est reliée à Ourguentch par une ligne de trolleybus de 31,3 kilomÚtres, ouverte en 1997.
Le transport aérien de passagers s'effectue par l'aéroport international d'Ourgentch.
Une gare, conçue pour accueillir jusqu'à 200 passagers, a été inaugurée en novembre 2018 par le Président Mirziyojev[23]. Située à l'est d'Itchan Kala, elle devrait prochainement accueillir le train à grande vitesse Afrosyab.
Personnalités liées à Khiva
Abou Abdallah Muáž„ammad Ben MĆ«sa ÊŸal-KhuwÄrizmÄ« auss dit al-Khwarizmi, al-Khorezmi (c'est-Ă -dire « le KhorĂ©zmien »), mathĂ©maticien, serait nĂ© Ă Khiva vers 780
Al-Biruni (973-1048), savant polymathe
Avicenne ou bn SÄ«nÄ (en persan : Ű§ŰšÙ ŰłÛÙۧ) demeure 9 ans Ă Khiva oĂč il aurait rĂ©digĂ© ses premiers livres, Ă l'Ăąge de 21 ans[6].
Notes et références
- UNESCO Centre du patrimoine mondial, « Itchan Kala », sur whc.unesco.org (consulté le )
- René Cagnat, « Asie centrale », Paris, guide Mondeos, édition 2012, p. 92
- UNESCO Centre du patrimoine mondial, « 14 COM VII.A - Décision », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
- « Viloyat shahar va tumanlarining doimiy aholisi soni », sur www.xorazmstat.uz (consulté le )
- « Ouzbékistan », guide Le Petit Futé, édition 2012, p. 243
- Mazliak 2004, p. 17-20.
- Calum MacLeod, Ouzbekistan, Samarcande, Boukhara, Khiva, GenĂšve, Editions Olizane, , 352 p. (ISBN 978-2-88086-490-3), p. 294
- (ru) Nikolaï Vesselovski, Aperçu historico-géographique du khanat de Khiva, Saint-Pétersbourg, 1877, p. 244
- « Ouzbékistan », Le Petit Futé, édition 2012, p. 243
- (ru) Histoire diplomatique en cinq tomes, tome II, Ă©ditions d'Ătat de littĂ©rature politique, Moscou, 1961
- Daniyarov p.194.
- Seule une copie est aujourdâhui visible : lâoriginal est au musĂ©e de lâErmitage de Saint-PĂ©tersbourg. Il nâa pas, Ă ce jour, Ă©tĂ© transfĂ©rĂ© aux nouvelles autoritĂ©s ouzbĂškes, malgrĂ© les dĂ©marches entreprises.
- Daniyarov p.195.
- Daniyarov p.197-198.
- Daniyarov p.200-201.
- Seule la mĂšre d' Isfandyar y est enterrĂ©e. Les deux autres n'Ă©tant pas morts Ă Itchan Kala, ils ne pouvaient pas, selon une rĂšgle Ă©tablie, y ĂȘtre inhumĂ©s.
- (en) « Juma Mosque of Khiva », sur Asian historical architecture (consulté le )
- « Djuma mosquée »
- « JUMA MOSQUE », sur factsanddetails.com,
- Daniyarov p.201.
- Daniyarov p.196.
- Daniyarov p.197.
- (uz) « Xorazmda yangi temir yoâl va vokzal ochildi », sur ĐĐ°Đ·Đ”ŃĐ°.uz,â (consultĂ© le )
Annexes
Bibliographie
- S. Daniyarov, B Daniyarova et T. Tochtemirova, Ouzbekistan, Paris, Guides peuples du monde, , 478 p. (ISBN 9 782907629 867), p. 184-225
La description des monuments Ă la date du 18 juin 2012 s'appuie essentiellement sur les sources suivantes :
- Markus Hattstein, Peter Dellus (dir.), Arts et Civilisations de l'Islam, éd. Könemann, 2000, (ISBN 3-8290-2556-4).
- Luca Mozzati, L'Art de l'Islam, Ă©d. MengĂšs, 2003, (ISBN 2-8562-0432-5).
- Calum MacLeod, Bradley Mayhew, Ouzbékistan - Samarcande - Boukhara - Khiva, éd. Olizane, GenÚve, 2010, (ISBN 978-2-88086-377-7) (BNF 42223716).
- Jean-Paul Loubes, « La mĂ©moire de lâarchitecture nomade dans la maison dâAsie centrale », in Roselyne de Villanova, GeneviĂšve VermĂšs, Le MĂ©tissage interculturel - CrĂ©ativitĂ© dans les relations inĂ©galitaires, Ă©d. LâHarmattan, 2005, (ISBN 978-2-7475-9339-7).
Autres ouvrages :
- Ali Suavi, Le Khiva en mars 1873, Paris : Maisonneuve, 1873. (lire en ligne)
- Dominique et Janine Sourdel, Dictionnaire historique de l'Islam, Ă©d. Presses Universitaires de France, 1996, (ISBN 978-2-1304-7320-6).
- Markus Hattstein, Peter Dellus (dir.), Arts et Civilisations de l'Islam, éd. Könemann, 2000, (ISBN 3-8290-2556-4).
- Luca Mozzati, L'Art de l'Islam, Ă©d. MengĂšs, 2003, (ISBN 2-8562-0432-5).
Articles connexes
Liens externes
- (fr)+(en)+(ru) Site touristique officiel de la ville de Khiva
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (en) Grove Art Online
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :