Accueil🇫🇷Chercher

Mer de Glace

La Mer de Glace est un glacier de vallĂ©e des Alpes situĂ© sur le versant septentrional du massif du Mont-Blanc, dans le dĂ©partement français de la Haute-Savoie en rĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes. Il est formĂ© par la confluence du glacier du Tacul et du glacier de Leschaux et s'Ă©panche dans la vallĂ©e de Chamonix, sur le territoire de la commune de Chamonix-Mont-Blanc, donnant naissance Ă  l'Arveyron. Le glacier s'Ă©tend sur sept kilomètres de long, son bassin d'alimentation possède une longueur maximale de douze kilomètres et une superficie de 40 km2, alors que son Ă©paisseur atteint 300 mètres.

Mer de Glace
Vue sur la Mer de Glace depuis le Montenvers en août 2009.
Vue sur la Mer de Glace depuis le Montenvers en .

Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
DĂ©partement Haute-Savoie
Massif Massif du Mont-Blanc (Alpes)
Vallée Vallée de l'Arve
Cours d'eau Arveyron
Type Glacier de vallée
Longueur maximale km (2008)
Superficie 40 km2 (2008)
Altitude du front glaciaire 1 500 m (2008)
Vitesse d'Ă©coulement 120 Ă  90 m/an (2005)
CoordonnĂ©es 45° 54′ 10″ N, 6° 56′ 40″ E

GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Mer de Glace
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Mer de Glace

Au XVIIe siècle, le glacier, qui descend jusque dans la vallée et menace des habitations sous l'effet d'une crue glaciaire, est craint par la population, si bien que seule sa langue terminale est connue, sous le nom de glacier des Bois. Alors terminé par une grotte naturelle, il fait l'objet de nombreuses peintures. Son nom actuel lui est attribué en 1741 par William Windham lors de l'exploration qu'il mène avec son compatriote britannique Richard Pococke. Deux décennies plus tard, Horace Bénédict de Saussure, futur instigateur de la première ascension du mont Blanc, réalise plusieurs observations du glacier et charge Marc-Théodore Bourrit de le promouvoir. Il contribue ainsi à l'essor du tourisme alpin et à la venue de nombreuses personnalités des lettres ainsi que de l'aristocratie ; des scientifiques y mènent des expériences au XIXe siècle. Pour les abriter, trois refuges, de plus en plus grands et confortables, sont successivement construits au Montenvers. Au début du XXe siècle, le chemin de fer du Montenvers, au départ de Chamonix, voit le jour. Au milieu du siècle, une grotte de glace est creusée pour la première fois dans la Mer de Glace. En raison du succès de l'attraction, un téléphérique est mis en service en 1961 pour y accéder, puis remplacé par une télécabine en 1988. Depuis 1973, une centrale hydroélectrique souterraine exploite les eaux de fonte du glacier.

Quasiment un million de visiteurs se rend chaque annĂ©e au Montenvers pour contempler la Mer de Glace. En pĂ©riode de pointe, la moitiĂ© d'entre eux visite la grotte de glace. Trois musĂ©es se situent Ă©galement sur le site. La descente Ă  ski est possible depuis l'aiguille du Midi en hiver. Le recul du glacier, mesurĂ© depuis les annĂ©es 1860, provoque une perte d'Ă©paisseur de 120 mètres en un siècle dans sa partie terminale. Il entraĂ®ne des difficultĂ©s d'accès Ă  la grotte de glace, oĂą de plus en plus de marches sont nĂ©cessaires pour rejoindre la tĂ©lĂ©cabine, ce qui entraĂ®ne son dĂ©mantellement et la construction d'un nouvel appareil en amont ; il en va de mĂŞme pour le captage de la centrale hydroĂ©lectrique en 2011.

Toponymie

En 1741, deux explorateurs britanniques, William Windham et Richard Pococke, décident depuis Genève de partir à la découverte des « glacières de Savoye ». La région a encore une réputation de sauvagerie et le glacier est mal connu. De Chamonix, ils se rendent au Montenvers après quatre ou cinq heures de marche. À la vue du glacier, Windham tente une description : « Il faut s'imaginer un lac agité d'une grosse bise et gelé d'un coup. » C'est ainsi qu'est baptisée la Mer de Glace[1] - [2]. Cette appellation est reprise dès l'année suivante par le Genevois Pierre Martel, en visite à Chamonix. Elle est même appliquée à d'autres glaciers, en particulier en Suisse[2].

Avant cette date, la plupart des habitants de la vallée ne connaissent que la langue terminale, nommée glacier des Bois, du nom du hameau de Chamonix où elle s'arrête[2] - [3], ou parfois glacier de Montanvert[2].

GĂ©ographie

Carte topographique ancienne où sont représentés de nombreux glaciers.
Carte du massif du Mont-Blanc datant de 1892.

Situation

La Mer de Glace est situĂ©e dans le Sud-Est de la France, dans la rĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes et le dĂ©partement de la Haute-Savoie, sur la commune de Chamonix-Mont-Blanc. Elle se trouve Ă  70 kilomètres Ă  l'est d'Annecy et 80 kilomètres Ă  l'est-sud-est de Genève. Elle fait partie du massif du Mont-Blanc. Son bassin d'alimentation est frontalier de l'Italie, au sud, de l'arĂŞte nord-est du mont Maudit Ă  l'ouest jusqu'aux Petites aiguilles de Triolet (3 806 m) Ă  l'est. Elle est dominĂ©e, sur sa rive gauche, par les aiguilles de Chamonix et, sur sa rive droite, par le chaĂ®non de l'aiguille Verte. Son torrent exutoire, l'Arveyron, est l'un des principaux tributaires de l'Arve, un affluent du RhĂ´ne[4].

Caractéristiques physiques

Plan en noir et plan de la confluence entre plusieurs glaciers.
Plan de la Mer de Glace selon John Tyndall en 1857.

La Mer de Glace, Ă  proprement parler, se trouve en aval de la confluence du glacier du Tacul au sud-ouest et du glacier de Leschaux au sud-est, situĂ©e Ă  environ 2 130 mètres d'altitude au pied nord-ouest de l'aiguille du Tacul (3 444 m)[4]. Elle est longue de sept kilomètres environ jusqu'Ă  son front glaciaire situĂ© Ă  environ 1 500 mètres d'altitude. Son bassin d'alimentation s'Ă©tend sur 40 km2 et possède ainsi une longueur maximale de douze kilomètres jusqu'Ă  la partie supĂ©rieure du glacier du GĂ©ant Ă  plus de 3 600 mètres d'altitude[5] - [6], Ă  l'est du mont Blanc du Tacul (4 248 m)[4]. Ces dimensions font du complexe de la Mer de Glace le troisième plus important glacier des Alpes en superficie, après le glacier d'Aletsch[7] (86,63 km2)[8] et le glacier du Gorner[9] (59,73 km2)[8] et le cinquième plus long puisqu'il est devancĂ© par les glaciers du Grosser Aletsch[7] (23,95 km)[8], de Fiesch[10] (15,35 km)[8], du Gorner[9] (13,50 km)[8] et de l'Unteraar[11] (12,95 km)[8], situĂ©s en Suisse. Le glacier de Talèfre rejoignait celui de Leschaux peu avant la partie amont de la Mer de Glace mais ne conflue plus depuis les annĂ©es 1930[12].

Au niveau de la zone d'accumulation du complexe glaciaire, en amont de la VallĂ©e Blanche, l'Ă©paisseur du manteau neigeux avoisine huit mètres Ă  la fin de l'hiver. En dessous de 4 000 mètres d'altitude, il fond superficiellement dès le dĂ©but de l'Ă©tĂ© et l'eau, en s'infiltrant, rĂ©chauffe la neige dont les cristaux se transforment en nĂ©vĂ©, celui-ci reprĂ©sentant six mètres d'Ă©paisseur Ă  la fin de l'Ă©tĂ©. AnnĂ©e après annĂ©e, pendant quinze ans environ, les couches successives de nĂ©vĂ©s deviennent plus denses sous leur propre poids et finissent par se transformer en glace compacte vers trente mètres de profondeur. L'Ă©paisseur de glace est de 150 mètres environ. Les sĂ©racs et la ligne des nĂ©vĂ©s, oĂą la glace nue apparaĂ®t Ă  la fin de l'Ă©tĂ© vers 2 800 mètres d'altitude, marquent la transition avec la zone d'ablation, c'est-Ă -dire le point oĂą le bilan annuel de la fonte devient plus important que celui de l'accumulation[13].

Photo aérienne en noir et blanc d'un glacier en S, présentant des stries en V, au pied de sommets abrupts.
Vue aérienne de la Mer de Glace en 1909 avec les bandes de Forbes bien dessinées.

La vitesse d'Ă©coulement de la Mer de Glace est de 120 mètres par an dans sa partie supĂ©rieure et de 90 mètres par an dans sa limite infĂ©rieure[14]. Les dĂ©formations engendrĂ©es provoquent des crevasses, des sĂ©racs et des bandes de Forbes : ce sont une alternance de stries en forme de chevron dont les pointes sont orientĂ©es vers le bas, les bandes claires correspondant Ă  un franchissement hivernal du verrou du glacier du GĂ©ant, avec un remplissage de neige, et les bandes foncĂ©es Ă  un franchissement estival avec accumulation de dĂ©bris minĂ©raux et de poussières d'origine Ă©olienne[15] - [14]. Elles sont au nombre de 55 paires en 1995[14], sur une longueur de six kilomètres correspondant Ă  une cinquantaine d'annĂ©es d'Ă©coulement[15]. Au niveau de la tĂŞte de TrĂ©laporte et de l'aiguille du Moine, la topographie de la vallĂ©e dicte la formation des moulins, en un endroit prĂ©cis du glacier, oĂą s'engouffrent chaque Ă©tĂ© les bĂ©dières, avant que son propre Ă©coulement les entraĂ®ne progressivement vers l'aval. L'eau, Ă  l'intĂ©rieur du glacier, rejoint par ces conduits sa rive droite sans atteindre le fond oĂą la pression est trop importante, sauf au niveau de sa langue terminale oĂą l'Ă©paisseur est infĂ©rieure Ă  cent mètres et oĂą se forme un torrent sous-glaciaire[16]. Ă€ partir des Échelets, Ă  1 900 mètres d'altitude sous les Drus, l'Ă©paisseur du glacier passe de 300 mètres Ă  180 mètres au Montenvers en une distance de seulement 1 600 mètres[17]. Les moraines des glaciers des PĂ©riades et de Leschaux, en se rejoignant, forment le long de la Mer de Glace une veine noire qui charrie des blocs jusqu'au front glaciaire. S'ils donnent un aspect rocheux au glacier, ils lui offrent une couverture qui le protège du rayonnement solaire, crĂ©ant parfois des tables glaciaires[18]. En revanche, les fines pellicules de poussières accĂ©lèrent la fonte en captant la chaleur[18].

À l'aval des moulins, le profil « en U » de la vallée glaciaire change pour adopter une forme « en V ». Cette évolution est due à la géologie, le granite faisant place au gneiss, ce dernier ayant une structure litée qui favorise un débitage en plaques[16]. En bordure du glacier se trouvent des roches moutonnées, notamment sous le Montenvers, aux rochers des Mottets qui ont été surmontés par la glace lors des périodes de forte progression du glacier et sont visibles depuis Chamonix[17].

Évolution

Dessin ancien du glacier.
Représentation de la Mer de Glace en 1876.

La Mer de Glace prend naissance après la fonte de la calotte de glace qui recouvrait les Alpes lors de la dernière glaciation, et en particulier après la disparition du glacier de l'Arve qui couvrait toute la vallée. Cette individualisation se termine au Bölling-Alleröd (11700 à 10700 av. J.-C.), une période où les températures sont déjà pratiquement aussi chaudes que maintenant. La plus grande récurrence de la Mer de Glace se produit juste après lors de l'oscillation froide du Dryas récent (10700 à 9700 av. J.-C.) où les températures baissent à nouveau de 4 à 5 °C. Cette progression se fait alors dans un lac proglaciaire qui occupait le fond de la vallée de Chamonix. Elle descend jusqu'au niveau du village des Tissourds où se trouvent les restes de la moraine frontale résultant de cette avancée. À cette époque, elle est rejointe pour la dernière fois par le glacier d'Argentière mais leur progression n'est pas assez forte pour leur permettre de rejoindre le glacier des Bossons. Une deuxième avancée de moindre ampleur est localisée au niveau des Praz et correspondrait à une courte période froide vers 9300 av. J.-C. Depuis lors, les oscillations thermiques n'ont pas dépassé 2 °C[19].

Photo en noir et blanc d'un homme et d'une femme appuyés sur une canne et contemplant le glacier.
Vue de la Mer de Glace depuis la gare du Montenvers en .

Le glacier reste assez court pendant la plus grande partie de l'Holocène. L'optimum climatique est atteint dès 5000 Ă  6000 av. J.-C. dans une ambiance assez sèche. Par rapport au front de 2011, la Mer de Glace est alors en retrait de trois kilomètres et n'est plus alimentĂ©e que par le glacier du Tacul, barrant encore les eaux de fonte provenant du glacier de Leschaux qui forment alors un lac pĂ©riglaciaire[19]. Ă€ partir de 1500 av. J.-C., les crues glaciaires deviennent plus frĂ©quentes et successivement plus intenses, notamment en 1500 av. J.-C., 700 av. J.-C., 500 et dans la seconde moitiĂ© du XIVe siècle[19], mĂŞme si la pĂ©riode romaine et le Moyen Ă‚ge bĂ©nĂ©ficient de conditions plus clĂ©mentes[20] - [19]. Ce n'est toutefois que dans la deuxième partie du petit âge glaciaire que la Mer de Glace retrouve un volume qu'elle n'avait probablement plus atteint depuis 10 000 ans : d'après les tĂ©moignages historiques, son avancĂ©e du XVIIe siècle culmine en 1644 après avoir dĂ©truit les villages de Bonanay et du Châtelard et menacĂ© de barrer le cours de l'Arve. Cette annĂ©e-lĂ , une procession est organisĂ©e au mois de juin par l'Ă©vĂŞque de Genève, Charles-Auguste de Sales pour procĂ©der Ă  la bĂ©nĂ©diction du glacier qui recule alors jusqu'en 1663. La moraine latĂ©rale droite correspondant Ă  cette avancĂ©e est encore bien visible au niveau des Tines, tout comme l'un des plus grands blocs erratiques de la vallĂ©e, la pierre de Lisbolly[19]. Plus tard, elle atteint Ă  nouveau son maximum vers 1730[20], puis en 1825 et 1852, annĂ©es oĂą elle vient s'arrĂŞter juste avant le village des Bois, laissant ici aussi une moraine frontale bien visible et un bloc erratique portant l'inscription 1825[19].

Vue contemporaine d'une vallée glaciaire avec son glacier largement recouvert de roches grises.
Vue de la Mer de Glace présentant des signes prononcés de retrait à la fin des années 2000, avec le Montenvers dans le quart inférieur droit ; le glacier est dominé en arrière-plan par le chaînon des Grandes Jorasses.

Depuis, le glacier a connu une phase gĂ©nĂ©rale de recul[14] - [21], rapide vers 1870, 1910 et 1940-1960, et seulement interrompue par des avancĂ©es mineures vers 1890, 1920 et 1969-1988. Il n'est plus visible depuis la vallĂ©e depuis 1900. Lors de son dernier retrait, le glacier a laissĂ© apparaĂ®tre deux petits lacs Ă©troits dans son ancien lit Ă  partir de 1998 et de 2001[22]. Au dĂ©but du XXe siècle, l'accès au glacier est possible une quarantaine de mètres sous la gare d'arrivĂ©e du Montenvers[23]. En un siècle, et malgrĂ© le tĂ©lĂ©phĂ©rique puis la tĂ©lĂ©cabine, de plus en plus de marches ont Ă©tĂ© nĂ©cessaires, si bien qu'en 2015 430 marches supplĂ©mentaires sont nĂ©cessaires pour parvenir Ă  la grotte.

Des mesures systĂ©matiques menĂ©es parallèlement au glacier des Bossons, au glacier d'Argentière et au glacier du Trient en Suisse[21] Ă  partir de 1860-1870 montrent que la Mer de Glace est, parmi ces quatre glaciers, celui oĂą les crues ont le temps de rĂ©action le plus lent, en raison de sa longueur[21]. Il faut environ sept ans pour qu'un Ă©paississement au niveau de TrĂ©laporte se rĂ©percute aux Mottets[24]. Au dĂ©but des annĂ©es 2000, le glacier perd en moyenne, chaque annĂ©e, de quatre Ă  six mètres d'Ă©paisseur et une trentaine de mètres en longueur[25]. La perte d'Ă©paisseur est plus rapide en aval du glacier[24]. Entre 1905 et 2005, la Mer de Glace a perdu 120 m d'Ă©paisseur[26]. Depuis 1830, elle a perdu 2,5 km de longueur et plus de 150 m d'Ă©paisseur[27].

Histoire

MĂ©connaissance et crainte de la Mer de Glace

Représentation artistique de deux personnages proches d'une grange, en fond, un glacier descend jusque dans la vallée.
Représentation artistique du glacier des Bois et de la source de l'Arveyron par Jean-Antoine Linck.

Au XVIIe siècle, durant le petit âge glaciaire, des processions et exorcismes sont organisés afin de mettre fin à l'avancée du glacier des Bois qui menace les habitations de la vallée[2]. À cette époque, l'Arveyron sort du glacier des Bois au niveau d'une imposante grotte naturelle, située dans sa langue terminale. Elle est appelée « grotte d'Arveyron[28] » ou « caverne d'Arveyron »[29]. Le premier à la décrire est Pierre Martel, en 1742[29]. Elle est large de vingt à vingt-cinq mètres[30]. Elle est peinte par Louis Albert Guislain Bacler d'Albe en 1785[31] puis en 1818 depuis l'intérieur de la grotte[31] - [32]. Cette dernière vue est une reproduction de la peinture de Samuel Grundmann réalisée avant 1803[33]. Entre-temps, en 1787, Carl Ludwig Hackert réalise une aquarelle sur le sujet[32]. En 1823 et 1826, Samuel Birmann produit un dessin et une gravure de la caverne[33]. La voûte laisse paraître un abaissement sur un dessin de Pierre Lory en 1840[32]. Elle s'écroule probablement en 1873[30] - [34].

Jusqu'au début du XVIIIe siècle, le massif inspire de la crainte aux habitants de la vallée et le Montenvers est uniquement exploité pour ses alpages[3]. Quelques troupeaux de vaches, parfois équipées de chaussettes pour éviter les glissades, sont conduits à travers la Mer de Glace, alors très épaisse et facile à franchir, vers la rive droite et d'autres alpages en contrebas de l'aiguille Verte et des Drus via un passage escarpé appelé Mauvais Pas ou Maupas[35]. Les sommets ne sont parcourus que par quelques chasseurs de chamois et cristalliers. Toutefois, les glaciers de Savoie éveillent la curiosité de la bourgeoisie genevoise[3].

Âge de l'exploration et débuts du tourisme

Représentation artistique d'une vingtaine d'hommes et femmes, en costume d'époque, traversant un glacier.
Photographie colorisée représentant la traversée de la Mer de Glace au début du XXe siècle.

En 1760, presque vingt ans après William Windham et Richard Pococke, le naturaliste suisse Horace BĂ©nĂ©dict de Saussure se rend une première fois Ă  Chamonix pour observer le massif du Mont-Blanc. Depuis le Montenvers, il se dit saisi d'« admiration et de terreur ». De son point de vue, la Mer de Glace est figĂ©e « non pas dans le moment de la tempĂŞte, mais Ă  l'instant oĂą le vent s'est calmĂ© et oĂą les vagues, quoique très hautes, sont Ă©moussĂ©es et arrondies ». Saussure entreprend une douzaine de voyages dans la vallĂ©e mais, focalisĂ© par la conquĂŞte du mont Blanc, il demande Ă  l'Ă©crivain et artiste suisse Marc-ThĂ©odore Bourrit, chantre Ă  la cathĂ©drale Saint-Pierre de Genève, de faire connaĂ®tre le glacier. Il contribue Ă  dĂ©velopper le tourisme[36]. Ainsi, en 1775, une trentaine de personnes se rendent chaque jour aux abords du glacier ; elles sont 1 500 au cours de l'Ă©tĂ© 1783 selon Bourrit[2]. Parmi les plus cĂ©lèbres figurent Johann Wolfgang von Goethe en 1779, AndrĂ© ChĂ©nier en 1784, Jean-Pierre Claris de Florian en 1788 et Germaine de StaĂ«l en 1794[37]. Les caravanes remplacent les guides comme Jacques Balmat et Jean-Michel Cachat dit « le GĂ©ant »[38] - [39]. Quelques touristes descendent sur le glacier et admirent les crevasses ; certains, plus intrĂ©pides, le traversent en compagnie de leurs guides et redescendent par l'autre rive en passant par le sentier escarpĂ© du Chapeau[39]. Toutefois, malgrĂ© les porteurs et l'aide des mulets dans le bas du sentier, il faut une journĂ©e complète pour effectuer l'aller-retour au Montenvers et le glacier des Bossons, plus proche, attire vers lui une partie des curieux[2]. En 1820, le guide Marie Couttet, dit « Moutelet », dĂ©cide d'amĂ©nager seul le haut du sentier[37] - [38] - [39]. Après un an et demi de travaux, le Montenvers est rendu accessible Ă  tous[38].

Représentation artistique de deux groupes de trois personnes à proximité d'un abri rudimentaire, dominant un glacier.
Vue de la Mer de Glace et de l'HĂ´pital de Blair du Sommet Montan Vert, Carl Ludwig Hackert (1781).

Ă€ la fin des annĂ©es 1770, l'Anglais Charles Blair fait construire, pour quatre guinĂ©es[40], une cabane rustique munie d'un toit et d'une cheminĂ©e, afin de remplacer l'abri de berger, simple anfractuositĂ© dans un rocher granitique fermĂ©e par un mur de pierres sèches, surnommĂ© le « château de Montenvers ». Au-dessus de la porte de la cabane est inscrit « Blair's Hospital - Utile Dulci », c'est-Ă -dire « HĂ´pital de Blair - Utile et agrĂ©able »[39] - [41]. En 1793, Charles-Louis Huguet de SĂ©monville, ambassadeur Ă  Constantinople, ayant souffert du manque de confort dans l'hospice lors de son sĂ©jour, charge Bourrit de la construction d'un refuge oĂą l'on puisse dormir, manger et se soigner[40] - [41]. SĂ©monville Ă©tant fait prisonnier par les Autrichiens, Bourrit obtient de FĂ©lix Desportes, Français rĂ©sident Ă  Genève[37] - [40] - [41], la somme de 2 000 francs[40] et un terrain gratuit de la part de la commune de Chamonix[40] le [37]. Les travaux mobilisent 57 personnes et sont terminĂ©s dans l'annĂ©e[37]. BaptisĂ© « Temple de la Nature », il doit son nom Ă  sa forme octogonale[40] et Ă  l'inscription sur son fronton : « Ă€ la nature par un ami de la libertĂ© »[37] - [41]. En plus de lits et d'une table, il comporte un miroir, une cheminĂ©e et un livre d'or[40]. Il est considĂ©rĂ© comme l'ancĂŞtre des refuges de montagne[37] - [40]. PillĂ© et vandalisĂ©, il doit ĂŞtre restaurĂ© dès 1803, grâce au don de Louis-Gustave Doulcet de PontĂ©coulant, prĂ©fet de la Dyle Ă  Bruxelles. En 1805, le refuge abrite François-RenĂ© de Chateaubriand[37] - [5], qui Ă©crit :

« Lorsqu'on est sur la Mer de Glace, la surface, qui vous en paraissoit unie du haut du Montanvert, offre une multitude de pointes et d'anfractuosités. Ces pointes imitent les formes et les déchirures de la haute enceinte de rocs qui surplombent de toutes parts : c'est comme le relief en marbre blanc des montagnes environnantes […]. Les neiges du bas du glacier des Bois, mêlées à la poussière de granit, m'ont paru semblables à de la cendre ; on pourrait prendre la Mer de Glace, dans plusieurs endroits, pour des carrières de chaux et de plâtre ; ses crevasses seules offrent quelques teintes du prisme, et quand les couches de glace sont appuyées sur le roc, elles ressemblent à de gros verres de bouteille. »

— François-René de Chateaubriand, Voyages en Amérique, en Italie, etc. « Voyage au Mont-Blanc »[42]

Photo en noir et blanc de touristes sur un glacier et, sur la crête en arrière-plan, trois bâtiments de taille inégale.
Photographie de touristes sur la Mer de Glace vers 1900 avec, de gauche à droite en arrière-plan, le Temple de la Nature, l'hôtel du Montenvers et le Grand Hôtel.

Suivent Joséphine de Beauharnais en 1810, mobilisant 68 guides et 8 porteurs, seulement un an après son divorce de Napoléon Ier, Marie-Louise d'Autriche en 1814 lors de l'exil de l'empereur sur l'île d'Elbe, Lord Byron, Percy Bysshe Shelley et sa future épouse Mary Godwin en 1816, Charles Nodier en 1824 puis en 1825 avec Victor Hugo, qui dit devoir la vie à son guide Michel Devouassoux, Alexandre Dumas en 1832, qui est saisi du mal de mer, John Ruskin en 1835, ou encore George Sand, Franz Liszt et Marie d'Agoult en 1836[37] - [5]. Devant l'afflux de touristes, la commune fait construire entre 1835 et 1840, à côté du Temple de la Nature, l'auberge du Montenvers[37] - [41]. Ouvrage maçonné comportant quatre chambres, une cuisine, une salle à manger et une cave, il accueille Charles Dickens en 1858, Louis Pasteur en 1860[37] - [5], qui mène des expériences pour démonter la théorie de la génération spontanée[5], Napoléon III et l'impératrice Eugénie[37] - [5], la même année à l'occasion de l'annexion de la Savoie[5], ainsi qu'Alphonse Daudet en 1882[37]. Finalement, le Grand hôtel du Montenvers est bâti de 1877[37] à 1880[41], en pierre de taille. Il présente trois étages et une terrasse face aux Drus à l'est. L'intérieur est couvert de lambris en mélèze avec des salons de détente, le premier étage comporte une vingtaine de chambres pour la clientèle de luxe alors qu'au second se trouvent des chambres et dortoirs pour les alpinistes et les guides. Des soins peuvent leur être apportés en cas d'accident[41]. Le Temple de la Nature est de nouveau restauré en 1923 et classé Monument historique[37]. Le Grand hôtel est utilisé lors des tournages de Premier de cordée (1944), Les Étoiles de midi (1959), Les Tribulations d'un Chinois en Chine (1965) ou encore La Mort d'un guide (1975)[41].

Études scientifiques

Schéma d'un glacier avec des coupes longitudinales.
Schéma réalisé en 1876 par John Tyndall.

En 1840, Louis Rendu, alors chanoine, parvient grâce Ă  son observation du glacier des Bois Ă  Ă©mettre une thĂ©orie sur l'Ă©coulement des glaciers[14] - [43]. Il constate que la glace s'adapte Ă  la largeur de la vallĂ©e, ce qui entre en contradiction avec les connaissances de l'Ă©poque sur ses propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques, et que le centre du glacier avance plus rapidement que ses bords[43]. En 1857, John Tyndall fait descendre une sonde Ă  environ 50 mètres de profondeur dans un moulin dans l'espoir d'Ă©valuer l'Ă©paisseur du glacier[44]. Si Venance Payot effectue dès 1860 des mesures d'Ă©volution de la longueur, Joseph Vallot peaufine en 1890 la mĂ©thode toujours actuelle de suivi consistant, Ă  partir des profils transversaux et de pierres peintes, Ă  Ă©valuer les variations d'Ă©paisseur et de vitesse[18] - [20]. En 1897, Vallot descend dans un ancien moulin, suivi la mĂŞme annĂ©e d'Émile Fontaine, qui atteint 55 mètres de profondeur, record qu'il conserve jusqu'Ă  ce que Janot Lamberton et Jean-Marc Boivin, en 1986, s'enfoncent jusqu'Ă  110 mètres de profondeur[45] - [44].

DĂ©veloppement des infrastructures et du tourisme de masse

Carte postale en tons sépia représentant une gare dominant un glacier.
Vue de la gare amont du Montenvers et de la Mer de Glace vers 1910.

Dès 1877, Charles Henri Durier a l'idĂ©e de construire un chemin de fer Ă  crĂ©maillère jusqu'au Montenvers, Ă  l'instar de celui nĂ© six ans auparavant au Rigi, en Suisse[46]. Toutefois, la commune de Chamonix est hostile au projet[46]. En effet, il soulève d'importantes protestations de la part des habitants qui y voient une entrave Ă  l'Ă©conomie locale des guides et accompagnateurs, ainsi qu'Ă  l'image de puretĂ© de la Mer de Glace[47]. En 1892, un consortium franco-suisse dĂ©pose finalement une demande de concession, avec l'idĂ©e de faire passer le tronçon infĂ©rieur de la ligne le long de la route dĂ©partementale menant au Fayet, la dĂ©cision relevant ainsi du conseil gĂ©nĂ©ral de la Haute-Savoie[46]. L'avis favorable est rendu l'annĂ©e suivante[46] et la convention est obtenue le [46] - [47]. Le dĂ©but des travaux est retardĂ© jusqu'en 1906[46] - [47] en raison du dĂ©cès de plusieurs associĂ©s mais l'acheminement d'une partie des matĂ©riaux est ainsi facilitĂ© par l'arrivĂ©e dans la vallĂ©e de la ligne de la Compagnie des chemins de fer de Paris Ă  Lyon et Ă  la MĂ©diterranĂ©e[46]. Les ouvriers, en grande majoritĂ© italiens, travaillent durant trois ans[47]. La ligne, inaugurĂ©e le [46], mesure un peu plus de cinq kilomètres pour un dĂ©nivelĂ© de 871 mètres et une pente maximale de 22 %[46] - [47], comporte deux tunnels et deux viaducs[47], celui des Bois et celui du Montenvers, d'une longueur de 152 mètres avec onze arches[46]. C'est une voie mĂ©trique Ă  système Strub avec un rayon de courbe minimal de 80 mètres disposant de deux Ă©vitements, aux Planards et Ă  Caillet[46]. Le trajet nĂ©cessite cinquante minutes[46] - [47] Ă  la vitesse moyenne de 7-8 km/h[47] de la locomotive Ă  vapeur[46]. L'ouvrage reçoit la visite du prĂ©sident de la RĂ©publique française Armand Fallières[47] le [48]. L'affluence est de 32 000 personnes la première saison, 50 000 avant la Première Guerre mondiale[46] et passe Ă  192 000 personnes en 1949[47]. En 1954, après l'Ă©lectrification de la ligne[46] - [47], elle bondit Ă  500 000 personnes par an[46], alors que le temps de parcours est rĂ©duit Ă  vingt minutes[46] - [47]. Des travaux de sĂ©curisation successifs permettent, Ă  partir de 1992, d'exploiter la ligne toute l'annĂ©e[47].

Un engin de forage jaune dans un tunnel de glace bleutée.
Vue d'un engin de forage dans la grotte de glace.

L'idĂ©e de crĂ©er une grotte de glace ouverte aux touristes, sous le Montenvers, revient Ă  Georges Claret[49], en 1946[46] - [49], alors qu'il travaille au captage de la centrale Ă©lectrique des Bois[49]. Il est inspirĂ© par celle qui existe depuis 1865 au glacier des Bossons (et qui est abandonnĂ©e en 1994)[46]. Avec Charles Simond, ils creusent Ă  la pioche une galerie de cinquante mètres de longueur environ. Avec l'avancĂ©e du glacier, ils ramifient la grotte au fur et Ă  mesure et crĂ©ent des salles[49]. Rejoints par Roger Charles, ils Ă©tablissent une version dĂ©finitive en 1953, prĂ©sentant des sculptures et un mobilier de glace Ă  vingt mètres sous la surface[49]. L'attraction a un tel succès que le sentier d'accès Ă  la grotte depuis la gare est rapidement engorgĂ©[46]. En 1960, un tĂ©lĂ©phĂ©rique de 350 mètres de long est construit par Câbles et Monorails Ets Mancini pour dĂ©poser les touristes au plus près de la grotte ; il est ouvert l'annĂ©e suivante[46]. Il dispose d'une cabine en forme de funiculaire d'une capacitĂ© de 45 places permettant un dĂ©bit de 450 personnes par heure[46]. Elle est rĂ©amĂ©nagĂ©e en 1972 afin d'augmenter sa capacitĂ© Ă  70 places[46]. En 1977[46] - [50], Jean-Marie Claret succède Ă  son père et mĂ©canise le percement de la grotte[49] - [50]. Dans les annĂ©es 1980, le niveau du glacier remonte brièvement et menace la gare aval du tĂ©lĂ©phĂ©rique. En 1987, une passerelle s'effondre et trois des trente personnes entraĂ®nĂ©es dans la chute meurent. Le remplacement par une tĂ©lĂ©cabine est dĂ©cidĂ© ; elle ouvre en juillet de l'annĂ©e suivante. Elle est dotĂ©e de huit cabines CWA de treize places chacune permettant un dĂ©bit de 1 200 personnes par heure dans chaque sens, capacitĂ© rĂ©duite de moitiĂ© en pĂ©riode hivernale[46].

Une première Ă©valuation visant Ă  produire de l'Ă©lectricitĂ© par le biais d'une conduite captant les eaux de la Mer de Glace, du glacier d'Argentière et du glacier du Tour est menĂ©e avant la Seconde Guerre mondiale[51]. Une seconde, qui aurait concernĂ© le glacier d'Argentière, la Mer de Glace, le glacier des Bossons et le glacier de Taconnaz, est menĂ©e dans les annĂ©es 1950. Elles sont abandonnĂ©es en raison des contraintes techniques liĂ©es Ă  l'Ă©paisseur de glace, jusque-lĂ  sous-estimĂ©e[17]. Après le lancement du projet d'Émosson[51], un ouvrage hydroĂ©lectrique indĂ©pendant voit le jour Ă  la Mer de Glace en 1973, après trois ans de travaux : un captage sous-glaciaire est effectuĂ© Ă  1 490 mètres d'altitude puis l'eau est conduite par une galerie d'amenĂ©e souterraine jusqu'Ă  la turbine hydraulique de la centrale des Bois, Ă©galement enterrĂ©e pour des raisons environnementales, Ă  1 075 mètres d'altitude. Toutefois, en 2009, le captage se retrouve libre de glace puis obstruĂ© par les moraines en raison du recul du glacier. Un captage provisoire est installĂ© près de sa langue terminale. Finalement, au printemps 2011, après un an et demi de recherches pour trouver le torrent sous-glaciaire, un nouveau captage est installĂ© sous cent mètres de glace, Ă  1 560 mètres d'altitude, par le biais d'une galerie de dĂ©rivation d'un kilomètre de longueur[51] - [52] - [53].

Activités

Tourisme

L'accès Ă  la Mer de Glace s'effectue pour la majoritĂ© des visiteurs en tant que « touristes » par le chemin de fer Ă  crĂ©maillère du Montenvers, l'intĂ©rĂŞt de la crĂ©maillère Ă©tant d'aider le train Ă  monter ou descendre les pentes importantes sans patiner ou glisser. Le train Ă©lectrique actuel a un aspect analogue au tramway du Mont-Blanc. Il effectue le trajet en vingt minutes, Ă  une vitesse de 14 Ă  20 km/h, la pente variant de 11 Ă  22 %. Grâce Ă  lui, jusqu'Ă  10 000 personnes par jour[44] et 950 000 par an[47] affluent au Montenvers afin de profiter du panorama. La grotte de glace attire pour sa part jusqu'Ă  5 000 personnes par jour qui viennent y contempler les sculptures Ă©phĂ©mères et dĂ©couvrir les animations sonores et lumineuses[49] - [54]. Avec la diminution du glacier, il faut dĂ©sormais franchir 400 marches entre la gare aval de la tĂ©lĂ©cabine et la grotte[46]. Le dĂ©placement de la grotte sur un site plus en amont de la Mer de Glace, avec l'Ă©ventuel percement d'un tunnel d'accès dans la roche et la rĂ©habilitation des amĂ©nagements existants, est envisagĂ©[46] - [50] - [55]. Au Montenvers, il est Ă©galement possible, en Ă©tĂ©, de dĂ©couvrir le Glaciorium, qui fait dĂ©couvrir la formation et l'Ă©volution passĂ©e et future de la Mer de Glace[56]. SituĂ© Ă  l'arrière du Grand hĂ´tel, il remplace depuis 2012 l'ancien musĂ©e de la faune alpine[57]. Le Temple de la Nature peut ĂŞtre visitĂ© ; il prĂ©sente l'histoire du site avec des scènes d'Ă©poque[56]. Le musĂ©e des cristaux, Ă  proximitĂ© de la gare, prĂ©sente des minĂ©raux essentiellement extraits du massif du Mont-Blanc[58].

Chaque année depuis les années 1990, à la fin de l'été, une opération de nettoyage du glacier est effectuée par des bénévoles, initiée par la mairie de Chamonix-Mont-Blanc et reconduite, notamment, par le Club alpin français[59].

Randonnée pédestre

Skieur et snowboardeurs dominant une vaste Ă©tendue recouverte de neige au pied de sommets abrupts.
Vue de snowboardeurs et d'un skieur évoluant sur l'itinéraire de la Vallée Blanche au niveau de la jonction entre le glacier du Tacul (premier plan à droite) et le glacier de Leschaux (arrière-plan), face au chaînon des Drus et de l'aiguille Verte (coin supérieur gauche).

L'été, de nombreux randonneurs viennent depuis la plate-forme intermédiaire du téléphérique de l'Aiguille du Midi[49] (Plan de l'Aiguille) pour rejoindre la Mer de Glace ou depuis les Grands Montets pour emprunter ensuite l'escalier puis la télécabine d'accès au train. La remontée de la Mer de Glace depuis le Montenvers fait partie de l'itinéraire normal d'accès à plusieurs refuges de haute montagne du massif du Mont-Blanc : refuges de Leschaux, de la Charpoua et du Couvercle en rive droite, du Requin et de l'Envers des Aiguilles en rive gauche[49]. L'itinéraire des balcons de la Mer de Glace permet aux débutants de s'initier au monde de l'altitude.

Alpinisme

Dans la vallée de Chamonix, la Mer de Glace constitue l'un des sites privilégiés pour la formation à la marche en crampons et aux techniques d'escalade sur glace[60] (école de glace) en vue de courses en montagne ou de randonnées glaciaires. Elle est aussi le point de départ de nombreuses ascensions comme la classique traversée Grépon-Mer de Glace[61].

En 2022, les alpinistes français Frédéric Dégoulet et Benjamin Ribeyre réussissent le premier tour du bassin versant géographique de la Mer de Glace[62]. Ils bouclent leur UTMG (Ultra Traversée de la Mer de Glace) en neuf jours (96 heures effectives) pour quelque 55 kilomètres de course en arête. Lors de cette aventure ils sont vraisemblablement les derniers à avoir dormi dans le bivouac de la Fourche avant son écroulement[63].

Ski de randonnée et ski hors-piste

La Mer de Glace est aussi le point de départ ou d'arrivée d'itinéraires en ski de randonnée (remontée de la Vallée Blanche, pointe Isabella, pointe des Papillons, etc.) ou en ski hors-piste (descente depuis l'aiguille des Grands Montets par le pas de Chèvre, couloir dit « Rectiligne », etc.). Elle se parcourt également à ski en partant de l'arrivée du téléphérique de l'Aiguille du Midi par l'itinéraire de la Vallée Blanche[64]. Si l'enneigement est suffisant, les skieurs arrivant sur le glacier rejoignent le rocher des Mottets qui donne accès au chemin Sortie Vallée Blanche assurant la jonction à ski avec Chamonix[65] ; si l'enneigement n'est pas suffisant pour continuer à ski au-delà de la Mer de Glace, les skieurs peuvent rejoindre le chemin de fer du Montenvers.

Hydroélectricité

La centrale hydroĂ©lectrique des Bois possède au total plus de 3 500 mètres de conduite, dont un puits vertical blindĂ© de pratiquement 300 mètres. Elle produit 115 millions de kWh d'Ă©lectricitĂ© par an, soit la consommation de 50 000 habitants. Le dĂ©bit maximum, en Ă©tĂ©, est de 15 m3 par seconde. L'excĂ©dent est rejetĂ© directement dans l'Arveyron dans la gorge du Mauvais Pas, alors que l'eau turbinĂ©e est menĂ©e par une conduite forcĂ©e et un canal de fuite jusqu'Ă  la rivière aux Bois. MalgrĂ© les pièges Ă  cailloux, le sable charriĂ© provoque une usure telle qu'il est nĂ©cessaire de changer la turbine hydraulique tous les ans[51] - [52] - [53]. Un tĂ©lĂ©phĂ©rique construit par EDF au dĂ©but des annĂ©es 1960 permet d'accĂ©der Ă  l'entrĂ©e de la prise d'eau, sous les rochers des Mottets, Ă  1 415 mètres d'altitude. L'accès Ă  la conduite s'effectue par un kilomètre de galerie large et horizontale puis un escalier raide et Ă©troit de 320 marches. La centrale Ă  proprement parler, vaste salle de 36 mètres de long par 20 mètres de large et 20 mètres de haut, est situĂ©e Ă  500 mètres du bâtiment d'entrĂ©e. Un transformateur fournit l'Ă©lectricitĂ© sous une tension de 63 kilovolts. L'essentiel de la production est rĂ©alisĂ© de mai Ă  octobre, en pĂ©riode de fonte ; la maintenance a lieu prĂ©fĂ©rentiellement en hiver[51] - [52].

Dans la culture

C'est à la Mer de Glace, au chapitre IX du roman Frankenstein ou le Prométhée moderne publié par Mary Shelley en 1818, que Victor rencontre pour la première fois le monstre auquel il a donné vie[66], deux ans après sa création[67]. Victor est interrogé par le monstre sur le sens de sa création et l'origine de la vie[68]. Lors de leur deuxième rencontre, au même lieu, il se voit demander par le monstre de lui créer une compagne, celui-ci promettant de disparaître à tout jamais avec elle vers des contrées inhabitées[69], à la limite du monde[68] ; comprenant que sa créature est condamnée à la solitude, il accepte[70].

Dans la pièce de théâtre d'Eugène Labiche, Le Voyage de monsieur Perrichon (1860), monsieur Perrichon, carrossier très aisé, se retire des affaires et, pour l'occasion, emmène sa femme et sa fille en voyage sur le mont Blanc. Il écrit sur le livre d'or de son hôtel :

« Que l'homme est petit quand on le contemple du haut de la mère de Glace ! »

— Acte 2, scène 7

Dans Le Port de la Mer de Glace, l'auteur présente, sur le registre comique, l'aventure de compères faisant l'escalade, par des moyens non conventionnels, de la face nord des Drus.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Robert Vivian, « La Mer de Glace », Revue de gĂ©ographie alpine, Association pour la diffusion de la recherche alpine, vol. 57, no 3,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Yves Ballu, Drus, Montenvers et Mer de Glace, Paris, HoĂ«beke, coll. « Sommets », , 141 p., 25 cm (ISBN 978-2-8423-0144-6).
  • AndrĂ© Fournier, Mer de Glace : Montenvers, MontmĂ©lian, La Fontaine de SiloĂ©, coll. « Voyage de l'Ĺ“il », , 62 p., 13 Ă— 17 cm (ISBN 978-2-8420-6256-9).
  • Louis Reynaud, « La Mer de Glace et les glaciers du Mont-Blanc » [PDF], sur ffcam.fr, FĂ©dĂ©ration française des clubs alpins et de montagne (consultĂ© le ), p. 1-26.

Liens externes

Notes et références

  1. Fournier 2005, p. 3-4.
  2. Hélène Zumstein, « Société. Histoire : L'invention de la Mer de glace », sur lecourrier.ch, Le Courrier, (consulté le ).
  3. Fournier 2005, p. 3.
  4. Cartes IGN disponibles sur GĂ©oportail.
  5. Fournier 2005, p. 7-9.
  6. Reynaud 2008, p. 2.
  7. Réseau suisse des observations glaciaires, « Grosser Aletschgletscher, Naters / Ried-Mörel (VS) », sur glaciology.ethz.ch, Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), (consulté le ).
  8. Réseau suisse des observations glaciaires, « Les variations de longueur pour l'année 2015 », sur glaciology.ethz.ch, Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT) (consulté le ).
  9. Réseau suisse des observations glaciaires, « Gornergletscher, Zermatt (VS) », sur glaciology.ethz.ch, Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), (consulté le ).
  10. Réseau suisse des observations glaciaires, « Fieschergletscher, Fieschertal (VS) », sur glaciology.ethz.ch, Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), (consulté le ).
  11. Réseau suisse des observations glaciaires, « Unteraargletscher, Guttannen (BE) », sur glaciology.ethz.ch, Académie suisse des sciences naturelles (SCNAT), (consulté le ).
  12. Vivian 1969, p. 139.
  13. Reynaud 2008, p. 4.
  14. Fournier 2005, p. 11.
  15. Reynaud 2008, p. 11-12.
  16. Reynaud 2008, p. 8.
  17. Reynaud 2008, p. 9.
  18. Reynaud 2008, p. 12-13.
  19. Sylvain Coutterand, François Amelot, « 12 000 ans d'histoire de la Mer de Glace », Nature & patrimoine en pays de Savoie, no 36, mars 2012, pages 35-40.
  20. Fournier 2005, p. 10.
  21. Reynaud 2008, p. 16.
  22. La Mer de Glace sur glaciers-climat.com.
  23. Reynaud 2008, p. 10.
  24. Reynaud 2008, p. 20.
  25. Christian Vincent (photogr. Christian Vincent), Évolution des glaciers des Alpes et changement climatique au cours du 20e siècle (Plaquette de vulgarisation du service d'observation Glacioclim : les glaciers, un observatoire du climat (Alpes, Andes, Antarctique)), Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement (LGGE), , 2 p. (lire en ligne [PDF]).
  26. Claude Dumont (dir. publication, rédacteur en chef), « Mont-blanc : Goûter l'hiver », Panda magazine, Paris, WWF France, no 119 « Tigres entre les griffes des hommes »,‎ , p. 5 (ISSN 0248-8124).
  27. Rolf Heinz et Éric Meyer (dir. publication, rédacteurs en chef), « Voyage au cœur de la Mer de Glace », Geo, Paris, Prisma Media, no 378,‎ , p. 32 (ISSN 0220-8245).
  28. Maurice Zimmermann, « Oscillations des glaciers de la vallée de Chamonix depuis le XVIe siècle », Annales de géographie, Paris, Armand Colin, no 135,‎ , p. 234 (ISSN 1777-5884, lire en ligne, consulté le ).
  29. Nathalie Cayla, Patrick De Wever (rapporteur), Emmanuel Reynard (rapporteur), Michel Marthaler (examinateur), Dominique Sellier (examinateur), Christian Nicollet (examinateur), Dominique Gasquet (dir. de thèse) et Fabien Hoblea (dir. de thèse), Université Savoie-Mont-Blanc, Le patrimoine géologique de l'arc alpin : De la médiation scientifique à la valorisation géotouristique (thèse de Doctorat de sciences de la terre, de l’univers et de l’environnement), HAL, CCSD, , 306 p. (lire en ligne [PDF]), partie 2, chap. 5.2 (« Naissance et évolution du tourisme alpin »), p. 126.
  30. Édouard-Alfred Martel, La France ignorée, vol. 1 : Sud-Est de la France, Paris, Librairie Delagrave, , 290 p., 2 vol. ; 28 cm (lire en ligne [PDF]), chap. X (« Le pays des lapiaz »), p. 228.
  31. M. Mougin, « Études glaciologiques en Savoie », Études glaciologiques, vol. 3, no 1, 1912, pages 9-11.
  32. Vivian 1969, p. 48-49.
  33. Marie-Thérèse Vercken, « Catalogue des œuvres présentées », dans Marie-Christine Vellozzi, Marie-Thérèse Vercken, Paul Guichonnet, Philippe Joutard et Hugues Lebailly (préf. Ernest Nycollin), Mont-Blanc : conquête de l'imaginaire, Montmelian, La Fontaine de Siloë, coll. « Les Savoisiennes », , 423 p., 39 cm (ISBN 978-2-8420-6206-4), Finale, p. 413-415.
  34. Fournier 2005, p. 9.
  35. Vivian 1969, p. 162-163.
  36. Fournier 2005, p. 4-5.
  37. « Remontées mécaniques - Vallée de Chamonix », Travaux d'élèves de sixième sports-études (ski alpin et escalade), sur chamonicime.fr, site personnel, (consulté le ).
  38. Fournier 2005, p. 5-6.
  39. Paul Guichonnet, « Les glaciers, « rêves des poètes » », dans Marie-Christine Vellozzi, Marie-Thérèse Vercken, Paul Guichonnet, Philippe Joutard et Hugues Lebailly (préf. Ernest Nycollin), Mont-Blanc : conquête de l'imaginaire, op. cit., partie III, p. 242, 244.
  40. Sylvain Jouty, Alpinistes extraordinaires, Paris, Hoëbeke, coll. « Destins de montagne », , 255 p., 24 cm (ISBN 978-2-8423-0345-7, présentation en ligne), chap. 1 (« Marc Théodore Bourrit : Le raté qui a réussi »).
  41. Fournier 2005, p. 6-7.
  42. François-René de Chateaubriand, Œuvres complètes de M. le Vicomte de Chateaubriand, vol. II : Voyages. Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris. Les Natchez, Paris, Lefèvre, , 694 p., 3 vol. ; in-4 (lire en ligne), « Voyage au Mont-Blanc », p. 158 col. 1, 160 col. 1.
  43. Frédérique Rémy, Laurent Testut et Michel Durand-Delga (présentation), « Mais comment s’écoule donc un glacier ? : Aperçu historique », Comptes rendus Geoscience, Paris, Elsevier, vol. 338, no 5,‎ (ISSN 1631-0713, lire en ligne [PDF], consulté le ).
  44. Fournier 2005, p. 12.
  45. Reynaud 2008, p. 7.
  46. Laurent Berne, « TCP de la Mer de Glace : Chamonix-Mont-Blanc - Montenvers (Vallée de Chamonix) », sur remontees-mecaniques.net, site personnel, mis à jour le 11 juin 2016 (consulté le ).
  47. Fournier 2005, p. 13-14.
  48. JosĂ© Banaudo, Jean-Pierre Gide (participation) et Michel Sirop (participation), La Compagnie du Mont-Blanc, Le train de la Mer de Glace : le chemin de fer Chamonix-Montenvers. 100 ans d’histoire, Breil-sur-Roya, Les Éditions du Cabri, coll. « Les trains du Mont-Blanc » (no 3), , 179 p., 32 cm (ISBN 978-2-9146-0337-9).
  49. Fournier 2005, p. 14-15.
  50. - (photogr. Jean-Pierre Garel), « Un homme, un lieu – Haute-Savoie : Jean-Marie Claret, l’éclusier de la mer de Glace », sur ledauphine.com, Le Dauphiné libéré, (consulté le ).
  51. - (photogr. Pascal Tournaire), « Recul du glacier de la Mer de Glace (Chamonix) : Déplacement du captage sous-glaciaire de l'aménagement hydroélectrique des Bois », Dossier de presse [PDF], sur energie.edf.com, Électricité de France, (consulté le ).
  52. « Recul du glacier de la Mer de Glace (Chamonix) : Déplacement du captage sous-glaciaire de l'aménagement hydroélectrique des Bois », Dossier de présentation [PDF], sur energie.edf.com, Électricité de France, (consulté le ).
  53. Richard Bellet, « Sous la glace, la lumière… », sur lejdd.fr, Le Journal du dimanche, (consulté le ).
  54. Sciences et Avenir et Agence France-Presse, « À la Mer de Glace, les touristes constatent les effets du réchauffement », sur sciencesetavenir.fr, Sciences et Avenir, (consulté le ).
  55. Ministère de l'Écologie, « Ségolène Royal donne son feu vert pour le projet de réaménagement du site classé du Montenvers », sur developpement-durable.gouv.fr, (consulté le ).
  56. « Mer de Glace et train du Montenvers », sur chamonix.com, Office de tourisme de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc (consulté le ).
  57. Joëlle Bozon, « Sciences – Chamonix (Haute-Savoie) : Un « glaciorium » sur le site du Montenvers », sur ledauphine.com, Le Dauphiné libéré, (consulté le ).
  58. « Musée des Cristaux - Espace Tairraz », sur chamonix.com, Office de tourisme de la vallée de Chamonix-Mont-Blanc (consulté le ).
  59. Émilie Torgemen, « Éboueurs de l'extrême dans la mer de Glace », sur leparisien.fr, Le Parisien, (consulté le ).
  60. « Mer de Glace : École de glace », sur www.camptocamp.org,
  61. « Le Grépon-Mer de Glace », sur www.camptocamp.org,
  62. « Ultra traversée de la Mer de Glace : Fred Degoulet et Benjamin Ribeyre ont réussi ! », sur Alpine Mag, (consulté le )
  63. « Mont-Blanc : le bivouac de la Fourche est tombé », sur Montagnes Magazine (consulté le )
  64. « Les itinéraires de la Vallée Blanche à Chamonix »
  65. Gilles Fleury, « Vallée blanche avec un guide de Chamonix », sur guide-cham.com, site personnel (consulté le ).
  66. Hicham-Stéphane Afeissa, La fin du monde et de l'humanité : Essai de généalogie du discours écologique, Paris, Presses universitaires de France, coll. « L’Écologie en questions », , 400 p., 15 × 21,7 cm (ISBN 978-2-1306-2151-5).
  67. Annie Amartin-Serin, La création défiée : l'homme fabriqué dans la littérature, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Littératures européennes », , 347 p., 22 cm (ISBN 978-2-1304-7950-5).
  68. Pierre Berthomieu, Kenneth Branagh : traînes de feu, rosées de sang, Paris, J.-M. Place, , 270 p., 22 cm (ISBN 978-2-8589-3389-1).
  69. Mary Shelley et Percy Shelley (trad. de l'anglais par Christophe Jaquet, préf. Christophe Jaquet), Frankenstein sur la Mer de glace ou le voyage de Genève à Chamonix (traduction en français de lettres inédites du voyage de 1816), Chamonix, Éditions Guérin, coll. « Petite collection », , 107 p., 17 cm (ISBN 978-2-3522-1016-0).
  70. Jacques Mounier (dir.), Équipe de recherche sur le voyage, Exil et littérature, Grenoble, Éditions littéraires et linguistiques de l'université de Grenoble (ELLUG), coll. « Publications de l'Université des langues et lettres de Grenoble », , 302 p., 21 cm (ISBN 978-2-9027-0948-9), p. 45.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.