AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Chamois

Rupicapra rupicapra

Rupicapra rupicapra
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Chamois

EspĂšce

Rupicapra rupicapra
(Linnaeus, 1758)[1]

Sous-espÚces de rang inférieur

  • Rupicapra rupicapra asiatica
  • Rupicapra rupicapra caucasica
  • Rupicapra rupicapra balcanica[2]
  • Rupicapra rupicapra carpatica
  • Rupicapra rupicapra rupicapra[3]
  • Rupicapra rupicapra tatrica

Statut de conservation UICN

( LC )
LC : Préoccupation mineure

Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
Carte des populations en 2008,
hors Argentine et Nouvelle-ZĂ©lande.

Le chamois (Rupicapra rupicapra) est une espĂšce de mammifĂšres de la famille des BovidĂ©s et de la sous-famille des CaprinĂ©s. Les six sous-espĂšces reconnues vivent dans les zones rocheuses, les forĂȘts et pĂąturages de montagnes, depuis les Alpes jusqu'Ă  l'Anatolie, l'AzerbaĂŻdjan et la GĂ©orgie, en passant par les Vosges, le Jura, le Massif central[4], les Balkans et les Carpates. Il existe Ă©galement une population introduite en Nouvelle-ZĂ©lande. En 2021, on compte 543 370 chamois en vie.

L'isard, une espĂšce voisine appartenant au mĂȘme genre Rupicapra, vit dans les PyrĂ©nĂ©es, la cordillĂšre Cantabrique et les Apennins italiens.

Description

Morphologie

Caractéristiques
♀ ♂
Masse 38
25
68
30
kg
Longueur 110 Ă  135 cm
Hauteur 70 Ă  80 cm
Queue 10 Ă  15 cm
Cornes 15 Ă  32 cm
Robe chamois
Saison des amours oct à déc
Gestation 170 jours
Petit(s) 1 / an
Poids Ă  la naissance 2 Ă  2.7 kg
Sevrage 3 Ă  5 mois
MaturitĂ© sexuelle 1Âœ ans
Durée de vie 14 à 25 ans
Une chĂšvre et son cabri.
Un chamois vers Altenfelden en Autriche.

Ce sont les plus petits reprĂ©sentants des caprinĂ©s (comprenant les mouflons et bouquetins). Ils mesurent en gĂ©nĂ©ral pour les mĂąles adultes entre 125 et 135 centimĂštres du museau Ă  la queue, entre 70 et 80 centimĂštres de haut au garrot. Il a des cornes d'environ 27 centimĂštres pour le mĂąle. Le poids est compris entre 22 et 40 kilogrammes. Les femelles leur sont presque toujours infĂ©rieures en poids et en taille. Les animaux ont un poids maximum en automne, alors qu’ils ont accumulĂ© des rĂ©serves durant l’étĂ©. À la fin de l’hiver, le poids des chamois peut diminuer de moitiĂ©, et au dĂ©but du printemps ils Ă©puisent leurs rĂ©serves.

Longévité et espérance de vie

Les chamois peuvent vivre jusqu’à 25 ans, mais peu dĂ©passent 15 ou 16 ans. À partir de 10 ans commence la sĂ©nescence ou vieillesse. Leur poids diminue et cela jusqu'Ă  leur mort. Les poils ne sont plus autant colorĂ©s, ils arborent une teinte grisĂątre. Alors augmente Ă©galement le taux de mortalitĂ© qui croĂźt encore entre 14 et 15 ans. Le facteur le plus dĂ©terminant est l’usure des dents, car il conditionne la prise de nourriture, ainsi peu d’animaux peuvent dĂ©passer 21-22 ans. Comme chez les humains, les femelles ont une plus grande espĂ©rance de vie. Les cabris ont entre 50 et 70 % de chance de survie en hiver et environ 90 % en Ă©tĂ©.

Cornes

Les chamois se distinguent aisĂ©ment par leurs petites cornes d’un noir Ă©bĂšne qui contrairement aux cervidĂ©s sont conservĂ©es en permanence jusqu’à la fin de leur vie. De plus les femelles et les mĂąles les ont dĂšs le plus jeune Ăąge. Les cornes poussent dĂšs la naissance, elles sont visibles dĂšs le deuxiĂšme mois. L’accroissement de la gaine est maximum lors de la deuxiĂšme annĂ©e de vie. DĂšs la sixiĂšme annĂ©e, les cornes ne poussent plus que de 1 Ă  3 millimĂštres par an. Elles mesurent environ 15 centimĂštres pour 70 grammes (Ă©tuis seulement – contre 3 Ă  6 kilogrammes pour le bouquetin) mĂąles et femelles confondus. Elles poussent tout d’abord verticalement, puis, elles s’inflĂ©chissent vers l’arriĂšre pour former le crochet. Les cornes sont composĂ©es de deux Ă©lĂ©ments principaux : l’étui cornĂ© et la cheville osseuse. Cette derniĂšre fait partie de l’os frontal. C’est elle qui est responsable de la croissance des cornes grĂące Ă  un tissu chorio-Ă©pidermique. L’étui cornĂ© ou gaine quant Ă  lui est composĂ© de cellules Ă©pidermiques mortes et kĂ©ratinisĂ©es (substance riche en soufre et fondamentale des poils, ongles, plumes, et cornes). Sur l’étui cornĂ©, nous pouvons distinguer deux types de reliefs : des annelures de parures (rarement sur tout le tour), et des anneaux d’ñges (tour complet et plus marquĂ©). Les annelures de parures sont des protubĂ©rances plus ou moins marquĂ©es, Ă  ne pas confondre avec les anneaux d’ñge qui sont dus Ă  un arrĂȘt hivernal de la croissance des cornes. L’arrĂȘt de la kĂ©ratogenĂšse est due Ă  une nourriture moins abondante et moins riche en minĂ©raux.

Glandes rétrocornales

C’est une des particularitĂ©s du chamois, elles sont prĂ©sentes chez les deux sexes Ă  l’arriĂšre des cornes ; elles sont de la taille d’une noisette. Chez les mĂąles, elles grossissent dĂšs septembre et au moment du rut elles sĂ©crĂ©teront une odeur trĂšs forte qui servira Ă  marquer leur territoire. Les animaux en imprĂšgnent les plantes et les rochers. Il semble Ă©galement que l’odeur des glandes excite la femelle pour favoriser l’accouplement : c’est pourquoi elles sont appelĂ©es glandes de rut. Les mĂąles aiment souvent lĂ©cher celles des femelles.

Dents

Formule dentaire
mùchoire supérieure
3 3 0 0 0 0 3 3
3 3 0 4 4 0 3 3
mùchoire inférieure
Total : 32

Les chamois comme les hommes ont une dentition de lait et une dĂ©finitive. Elle comprend 32 dents dĂšs le 45e mois (20 dents de lait) : incisives, 12 prĂ©molaires et 12 molaires, le maxillaire supĂ©rieur Ă©tant toujours dĂ©pourvu d’incisives.

Pelage

La fourrure du chamois se compose de deux sortes de poils : les poils plus Ă©pais et longs de jarre et le duvet. Les poils de jarre (2 Ă  10 centimĂštres) forment l’essentiel du pelage, vient ensuite prĂšs du corps le duvet qui forme une couche laineuse protĂ©geant l’animal contre le froid en hiver. Les marques faciales sont caractĂ©ristiques : tĂȘte et gorge blanchĂątres, bande longitudinale d'un noir brun foncĂ© entre la base des cornes et le museau. Sur l’échine, les chamois mĂąles portent une criniĂšre, communĂ©ment appelĂ©e « barbe », qui peut mesurer jusqu’à 30 centimĂštres lors du rut, alors qu’en Ă©tĂ© elle ne fait plus que 5 Ă  7 centimĂštres. GrĂące Ă  un muscle horripilateur, les poils de la criniĂšre peuvent se dresser verticalement. La couleur du pelage varie selon les saisons : plus foncĂ© en hiver que lors de la saison chaude (avec une raie dorsale brun foncĂ© en Ă©tĂ©), il correspondrait Ă  un besoin d’économie d’énergie, le pelage noir permettant de mieux profiter de l’énergie du rayonnement solaire. AprĂšs la mue de printemps, le pelage devient beige sale puis gris beige[5].

Il existe Ă©galement des cas de mĂ©lanisme et d’albinisme qui prĂ©sentent des animaux noirs ou blancs tout au long de l’annĂ©e.

Sens

La vue du chamois lui permet de distinguer un mouvement Ă  prĂšs d’un demi-kilomĂštre dans la pĂ©nombre, mais cet animal Ă©prouve des difficultĂ©s Ă  identifier des objets immobiles mĂȘme proches de lui. Son ouĂŻe est habituĂ©e aux bruits liĂ©s aux activitĂ©s humaines. Les chamois font par contre trĂšs attention Ă  tout bruit insolite, et pour repĂ©rer s’il y a danger ou non, ils utilisent leur sens le plus dĂ©veloppĂ© : l’odorat. Ce sens leur permet de confirmer, par vent favorable, la prĂ©sence d’intrus Ă  plus de 500 mĂštres.

Sabots

Les sabots sont constituĂ©s de deux doigts de pied latĂ©raux Ă©quipĂ©s d’une partie cornĂ©e, les onglons nettement sĂ©parĂ©s l’un de l’autre et orientables. Pouvant s’écarter pour mieux adhĂ©rer aux rochers, ils forment une pince dont l'extrĂ©mitĂ© tendre assure la tenue sur des prises minuscules. La sole plantaire et le talon caoutchouteux adhĂšrent parfaitement Ă  la roche lisse et glissante. Le pied des chamois comporte Ă©galement une cloison interdigitale aux fibres conjonctives recouverte de poils qui lui Ă©vite de trop s’enfoncer dans la neige et qui fait office de raquettes[6].

CƓur et poumons

Cet animal est tout Ă  fait adaptĂ© Ă  son milieu comme le montre bien son cƓur trĂšs volumineux. En effet, il pĂšse de 300 Ă  350 grammes pour 30 Ă  50 kilogrammes – le cƓur de l’homme fait environ 250 grammes pour 60 Ă  80 kilogrammes – de plus, le sang contient plus de 12 Ă  13 millions de globules rouges par millilitre : quatre Ă  cinq fois plus que l’homme. Les poumons des chamois sont Ă©galement trĂšs grands. Ces particularitĂ©s du chamois font qu’il peut aisĂ©ment gravir et descendre 600 mĂštres en quelques minutes.

Position demi fléchie

Le chamois, contrairement Ă  d’autres animaux, a une position demi flĂ©chie, ce qui lui procure une dĂ©tente spectaculaire et une puissance remarquable. Les os forment des angles fermĂ©s qui font office de ressort lors d’un saut.

BĂ©zoard

Le bĂ©zoard est une sorte de boule contenue dans certains estomacs de chamois. C'est un lĂ©ger conglomĂ©rat de taille moyenne variant de la taille d'une noisette Ă  celle d'un Ɠuf de poule. Le bĂ©zoard est constituĂ© de fibres, de dĂ©bris vĂ©gĂ©taux et de poils de lĂ©chage liĂ©s par la rĂ©sine ingĂ©rĂ©e en mĂȘme temps que l'Ă©corce des conifĂšres et tous matĂ©riaux non dissous par les sucs digestifs. Cette boule peut aussi contenir de la silice et des sels minĂ©raux. Elle finira par devenir lisse et brillante, brun foncĂ© et dĂ©gagera une forte odeur musquĂ©e. Tous les chamois peuvent avoir cela mais cela ne les gĂȘne pas en gĂ©nĂ©ral. Un bĂ©zoard trop volumineux peut provoquer la mort en bloquant le transit intestinal, mais cela se produit rarement. Autrefois on utilisait les bĂ©zoards comme porte-bonheur, et ils Ă©taient aussi censĂ©s guĂ©rir certains maux et supprimer les vertiges (puisque le chamois n'est pas sujet au vertige...).

Distinction des sexes

Allure

Le dimorphisme sexuel est peu marquĂ© chez les chamois. En effet les individus des deux sexes portent des cornes presque semblables et n’ont pas de grandes diffĂ©rences morphologiques. Il est cependant possible de les reconnaĂźtre : le bouc a un cou plus massif, et a une silhouette plutĂŽt triangulaire. La chĂšvre quant Ă  elle paraĂźt plus fine et a une tĂȘte plus allongĂ©e.

Pelage

DÚs la quatriÚme année, les mùles ont, lors de la période de rut, un long pinceau pénien prolongeant le fourreau de la verge. La criniÚre permet aisément de repérer un mùle en hiver.

Cornes

L’angle formĂ© par le crochet permet dans presque tous les cas de distinguer un mĂąle d’une femelle : le crochet ouvert est le signe distinctif des femelles (plus de 45°). Le diamĂštre des cornes est Ă©galement plus fort Ă  la base chez le mĂąle[7].

Attitude

Lors du rut, il n’est pas rare que deux mĂąles se poursuivent sur plusieurs kilomĂštres. De plus, les chamois mĂąles ont une posture d’intimidation : de profil, corps tendu, tĂȘte haute et oreilles obliques. Il est Ă©galement possible d’observer les chamois lorsqu’il urinent ; cela permet de dire avec certitude leur sexe : les femelles urinent en arriĂšre des postĂ©rieurs alors que le mĂąle le fait entre ses quatre pattes.

Reconnaissance de l’ñge

Taille des cornes

La taille des cornes permet de dĂ©terminer l’ñge des Ă©terlous et Ă©terles de la premiĂšre annĂ©e jusqu’à leur quatriĂšme anniversaire. Il faut distinguer deux pĂ©riodes : mai Ă  aoĂ»t et septembre Ă  avril. Dans la premiĂšre, les chevreaux de la premiĂšre annĂ©e n’ont pas de cornes visibles, ceux de deux ans ont leurs cornes jusqu’au milieu des oreilles, les chamois de trois ans les ont aussi hautes que les oreilles et dĂšs trois ans les cornes dĂ©passent largement les oreilles. Dans la seconde pĂ©riode de septembre Ă  avril, 1re annĂ©e : cornes courtes et peu recourbĂ©es, 2e annĂ©e : cornes lĂ©gĂšrement au-dessous des oreilles, mais les crochets sont bien visibles. Le mĂąle est alors appelĂ© Ă©terlou, et la femelle Ă©terle. Les chamois de 3e annĂ©e portent leurs cornes plus hautes que les oreilles.

Anneaux d’ñge

Les anneaux d’ñge, comme leur nom l’indique, permettent de calculer l’ñge de l’animal Ă  condition de possĂ©der ses cornes. Il suffit de compter les anneaux. Toutefois, le premier anneau n’est pas visible tout le temps, il est situĂ© dans la courbure du crochet. La croissance des cornes est plus rapide les premiĂšres annĂ©es, cela se remarque par l’espace entre les anneaux, alors que les derniers proches de la base sont de plus en plus resserrĂ©s.

Dents

L’étude des dents permet Ă©galement de distinguer l’ñge du sujet, mais il faut cependant toujours avoir Ă  l’esprit que ce calcul ne tient pas compte d’une naissance tardive et des diffĂ©rences entre chaque individu, c’est pourquoi cette mĂ©thode est moins fiable. De plus, elle ne peut plus ĂȘtre appliquĂ©e Ă  des animaux de plus de 45 mois, car ils possĂšdent tous leurs dents dĂ©finitives.

Pelage

DĂšs 6 Ă  8 ans, les mĂąles arborent une criniĂšre (poil de jarre). Et lors de la sĂ©nescence, la couleur change pour devenir de plus en plus grise. Au-delĂ  de 5 ans ils ont un pinceau pĂ©nien, qui correspond Ă  de longs poils de plus de 10 cm situĂ©s au niveau de leur sexe.

RĂ©gime alimentaire

Préférences

Ils aiment les plantes herbacĂ©es qu’ils trouvent dans leurs biotopes. GrĂące Ă  un Ă©talement de la germination dans le temps, la nourriture est disponible longtemps. Elle est trĂšs riche en matiĂšres nutritives, de plus ils ne consomment parfois qu’une partie de la plante. Ils mangent principalement les graminĂ©es et les fleurs telles les iris, les jonquilles, et les gentianes. En Ă©tĂ©, les lĂ©gumineuses (trĂšfles des Alpes) constituent le plat principal des chamois. D. grandiflorum est nommĂ© par les Allemands Gemsengras ou « herbe Ă  chamois ». Quelquefois, ils peuvent aussi manger du feuillage, des arbustes, voire des baies.

Nourriture

Leur nourriture est disponible en forĂȘt, ou sur les versants escarpĂ©s et ils n'hĂ©sitent pas Ă  descendre Ă  la limite des neiges en hiver. Il leur faut parfois gratter la neige pour libĂ©rer quelques herbes. GenĂ©vrier, serpolet, bruyĂšre, houx, if et lierres sont les mets des chamois en hiver. En cas de pĂ©nurie, il y a encore le rhododendron trĂšs rĂȘche et coriace, ou mĂȘme l’écorce des arbres.

Sel

Comme tous les ruminants, les chamois ont une nĂ©cessitĂ© physiologique de manger du sel (principalement au printemps). Ils le trouvent dans des salines naturelles, mais ne dĂ©daignent pas les pierres Ă  sel des bergers. Le sel peut attĂ©nuer les troubles dus au changement rapide de rĂ©gime alimentaire au printemps ou peut-ĂȘtre pallie-t-il une carence en sels minĂ©raux Ă  la suite de l’hiver.

Eau

Les chamois ne boivent presque jamais d’eau. Ils la trouvent en grande quantitĂ© dans les plantes qu’ils ingurgitent. Quelquefois Ă  la fin des poursuites du rut ou en Ă©tĂ© par grande chaleur, les boucs mangent de la neige. Les chamois Ă©vitent d’instinct les zones exposĂ©es au soleil, ce qui rĂ©duit les pertes en eau, et leur permet de trouver leurs plantes prĂ©fĂ©rĂ©es.

Biotope et aire de répartition

GĂ©ographie des sous-espĂšces

Carte de répartition de l'espÚce.

Il existe 6 sous-espĂšces de chamois. Ces sous-espĂšces aux populations de tailles un peu diffĂ©rentes, peuplent des habitats assez variĂ©s, mais gĂ©nĂ©ralement rocheux et montagneux.

On trouve des chamois en Europe, en particulier dans les Alpes, le Jura, les Vosges, dans les Balkans, les Carpates, les SudÚtes, dans le Caucase et en Anatolie orientale. D'une maniÚre plus générale, leur habitat est compris entre le 50e et le 37e degré de latitude Nord.

On trouve ainsi :

  • Rupicapra rupicapra asiatica, Lyddeker, 1908 — le chamois turc vit dans le nord-est de l'Anatolie (Turquie) ;
  • Rupicapra rupicapra caucasica, Lyddeker, 1910 — le chamois du Caucase vit dans les monts du Caucase, de la mer Noire Ă  la mer Caspienne, et se rĂ©partit au sein d'une longue bande qui suit la frontiĂšre russe, entre le sud de la Russie, le nord de la GĂ©orgie et le nord de l'AzerbaĂŻdjan ;
  • Rupicapra rupicapra balcanica, Bolkay, 1925 — le chamois des Balkans vit en Albanie, autour de 11 montagnes grecques, et dans 4 massifs montagneux en Bulgarie ;
  • Rupicapra rupicapra carpatica, Couturier, 1938 — le chamois des Carpates vit dans les Carpates et dans les Alpes de Transylvanie ;
  • Rupicapra rupicapra rupicapra, Linnaeus, 1758 (Alpes) — le chamois alpin vit dans les Alpes. C'est la sous-espĂšce de trĂšs loin la plus abondante ;
  • Rupicapra rupicapra tatrica, Blahout, 1971 (Tatras) — le chamois des Tatras vit dans une petite rĂ©gion du nord de la Slovaquie et en Pologne.

Le chamois de la Chartreuse a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une sous-espĂšce R. r. cartusiana aujourd’hui rattachĂ©e au chamois alpin.

La sous-espĂšce rupicapra a Ă©tĂ© introduite en Nouvelle-ZĂ©lande et en Argentine. En Nouvelle-ZĂ©lande, au dĂ©but du XXe siĂšcle, la population est passĂ©e de 10 chamois importĂ©s Ă  plus de 12 000 individus et l'on a actuellement recours Ă  des abattages massifs pour limiter leur prolifĂ©ration. En Suisse, la population de chamois compte 97 000 individus. Le nombre total de chamois est estimĂ© en 2021 Ă  543 370 individus, dont environ 18 000 vivent en Nouvelle-ZĂ©lande, les autres en Europe ou pays proches (AzerbaĂŻdjan, GĂ©orgie, Turquie). Ce nombre est stable ces derniĂšres annĂ©es aprĂšs avoir connu une augmentation importante dans les annĂ©es 1970. Cependant, certaines sous-espĂšces, isolĂ©es, sont plus en difficultĂ©[8].

Altitude

Chamois au Schneeberg.

On croit souvent que les chamois se cantonnent Ă  la haute montagne, ce qui est faux. Dans les Alpes, ils sont en fait repoussĂ©s par l'homme Ă  l'Ă©tage alpin. L'altitude qu'ils affectionnent le plus est la zone des forĂȘts et la partie infĂ©rieure des zones pastorales, entre 800 et 2 300 mĂštres. Plus haut, ils sont limitĂ©s par la prĂ©sence plus rare des pelouses alpines, inexistantes au-dessus de 3 000 mĂštres : il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'herbivores. L'absence d'herbe ne les empĂȘche pas d'effectuer des incursions Ă  haute altitude : on en a repĂ©rĂ© Ă  plus de 4 750 mĂštres, juste sous le sommet du mont Blanc. Vers le bas, ils sont limitĂ©s principalement par l'homme et ses constructions. En l'absence de celui-ci, il peut s'Ă©tablir Ă  des altitudes extrĂȘmement basses, comme dans le Jura, dans les Vosges du Sud ou le plateau suisse, jusque vers 600 mĂštres.

Relief

Bien plus que l'altitude, c'est le relief qui conditionne l'Ă©tablissement du chamois. Partout oĂč il est prĂ©sent, on remarque un relief plus ou moins accidentĂ©. Il n'y a aucun exemple de chamois vivant en terrain plat ou dĂ©pourvu de zones rocheuses. Bien qu'il puissent utiliser leur cornes pour se dĂ©fendre, les chamois prĂ©fĂšrent de loin la fuite. Leur rapiditĂ© et leur agilitĂ© sur le rocher n'ont en effet que peu d'Ă©gal. Ils se sont parfaitement adaptĂ©s Ă  la rocaille, aux falaises et terrains escarpĂ©s : la configuration de leurs membres et de leur sabots, la puissance de leur cƓur, la quantitĂ© de globules rouges de leur sang, leur capacitĂ© pulmonaire en tĂ©moignent. Aussi cherchent-ils un relief accidentĂ© pour assurer leur sĂ©curitĂ©. De plus, l'herbe d'altitude est de meilleure qualitĂ© : elle peut contenir jusqu'Ă  50 % de protĂ©ines et 100 % de phosphore de plus qu'en plaine.

Climat

Le chamois peut vivre dans une grande diversitĂ© de climats, avec des moyennes de tempĂ©ratures hivernales de −10 °C et des maximums estivaux de 25 °C ; les prĂ©cipitations s'Ă©chelonnent de moins de 1 000 Ă  plus de 3 000 millimĂštres annuels. Des populations de Nouvelle-ZĂ©lande peuvent essuyer des pointes de 8 500 millimĂštres par an dans certains secteurs.

Les chamois sont trĂšs bien protĂ©gĂ©s du froid par leur naseaux velus, leur queue courte qui limitent en hiver une perte trop importante d’énergie et leur Ă©paisse fourrure hivernale : une tempĂ©rature de −25 °C les laisse parfaitement indiffĂ©rents[9].

En revanche, on observe qu'ils frĂ©quentent les ubacs et autres zones relativement ombragĂ©es. On pourrait en dĂ©duire qu'ils n'aiment pas la chaleur. Mais en fait, ce comportement sert Ă  limiter les pertes d'eau. Ils ne boivent en effet qu'exceptionnellement, se contentant de l'eau de rosĂ©e dĂ©posĂ©e sur l'herbe, ou d’un peu de neige. Des analyses alimentaires tendent Ă  confirmer cette hypothĂšse. Si tempĂ©rature et prĂ©cipitations ne semblent pas gĂȘner le chamois outre mesure, il en va autrement de la neige, surtout si elle est abondante, car elle les contraint Ă  des efforts accrus alors que la nourriture se fait rare. Bien que le climat ne soit pas dĂ©terminant dans l'installation dans une rĂ©gion, il influence fortement ses habitudes et sa maniĂšre d'utiliser l'espace.

ForĂȘts

Un chamois en forĂȘt
Un autre chamois, vers Aletschwald (de) en Suisse.

Tous les habitats de chamois, sans exceptions, comprennent au moins un secteur forestier, qui leur offre gĂźte, couvert et protection. Contrairement Ă  une idĂ©e reçue, certains chamois vivent toute l'annĂ©e dans la forĂȘt (populations sylvicoles), contrairement aux populations rupicoles, qui passent leur Ă©tĂ©s et automnes plus haut que celle-ci.

Mode de vie

Cycle de vie au cours des saisons

Chevreau dans le parc national de la Vanoise.
  • Au printemps les chamois commencent Ă  quitter la forĂȘt qui les a protĂ©gĂ©s pendant l'hiver, et repartent plus haut en quĂȘte des premiĂšres touffes d'herbe. C'est aussi vers cette Ă©poque qu'a lieu la mue printaniĂšre, qu'ils garderont un peu plus de 3 mois. Des lambeaux de toison pendent encore, donnant l'impression qu'ils sont atteints d'une maladie. On peut trouver des lieux semĂ©s de poils, oĂč se sont grattĂ©s les chamois : cette mue leur donne des dĂ©mangeaisons.
  • À la fin mai - dĂ©but juin a lieu la mise Ă  bas. AprĂšs moins d'une heure, les chevreaux peuvent se lever, et aprĂšs une Ă  deux semaines ils intĂšgrent la harde, parfaitement capables de la suivre. C'est aussi Ă  cette Ă©poque que sont sevrĂ©s les Ă©terles et Ă©terlous de l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente.
  • En Ă©tĂ©, les chamois bĂ©nĂ©ficient d'une nourriture abondante, et ils en profitent pour constituer des rĂ©serves de graisse qui leur permettront de passer l'hiver.
  • Vers la fin de l'Ă©tĂ©, dĂ©but de l’automne a lieu la seconde mue, peu spectaculaire : ils perdent leur pelage d'Ă©tĂ©, et de nouveaux poils poussent, assombrissant progressivement le pelage d'Ă©tĂ©; puis de nouveaux poils poussent, plus longs et Ă©pais, rendant le pelage presque noir, offrant ainsi une protection excellente contre le froid. Ce pelage est portĂ© pendant presque huit mois (septembre - avril).
  • La pĂ©riode du rut a lieu en automne.
  • En hiver, la nourriture est rare, et la mortalitĂ© est maximale, par ailleurs, elle est corrĂ©lĂ©e avec l'Ă©paisseur de la couche de neige. Les chamois sont rĂ©duits Ă  manger les arbustes, et les quelques herbes qui dĂ©passent du manteau neigeux.

Horaire journalier

Les chamois sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©s comme des animaux diurnes, mais on pense aujourd’hui qu’ils peuvent aussi ĂȘtre actifs de nuit. Il est cependant difficile de les observer dans l’obscuritĂ©. Ils passent prĂšs de la moitiĂ© de leur temps Ă  se nourrir. Un quart du temps est consacrĂ© au repos, durant lequel s’effectue la rumination. Ils consacrent Ă©galement un certain temps aux dĂ©placements. Le reste de la journĂ©e ils surveillent les environs et entretiennent les relations sociales, et les jeunes jouent. Leur journĂ©e consiste en une alternance de phases d’activitĂ© et de repos, de durĂ©es variables. Les membres d’une harde ne s’adonnent que rarement tous en mĂȘme temps Ă  une activitĂ©, mais on peut observer une tendance sur la harde.

Les saisons influent sur ce rythme. En Ă©tĂ© et automne, les chamois ont tendance Ă  s’alimenter en dĂ©but et fin de journĂ©e, typiquement de 6 h Ă  12 h et de 14 h Ă  18 h, encadrant ainsi une phase de repos. C’est Ă  cette pĂ©riode qu’ils passent le moins de temps Ă  s’alimenter, et on pense qu’ils se nourrissent aussi la nuit. En hiver, ils se nourrissent gĂ©nĂ©ralement trois fois. Au printemps, amaigris, ils se nourrissent presque tout le jour.

Ceci est valable pour les cabris, les Ă©terles et les femelles et partiellement pour les Ă©terlous. Les mĂąles adultes, au printemps et surtout en automne, lors du rut, passent Ă©normĂ©ment de temps dans les interactions sociales et l’observation, au dĂ©triment de l’alimentation.

Composition des hardes

Femelles et chevreaux dans le parc national de la Vanoise.

Les chamois se regroupent par bandes appelĂ©es hardes. Une harde se compose en premier lieu du mĂąle appelĂ© bouc, vivant en solitaire de juin Ă  octobre. Durant la pĂ©riode des amours – le rut – dĂšs le mois d’octobre, il se met dans tous ses Ă©tats et devient trĂšs agressif envers les autres chamois. Il peut aller jusqu’à charger un homme en le confondant avec un chamois, l’évitant lorsqu’il se rend compte de sa mĂ©prise.

Dans le groupe, on trouve Ă©galement la femelle, appelĂ©e chĂšvre. Au mois de juin, elle quitte la harde pour aller s’isoler sur d’étroites falaises herbeuses et mettre au monde un cabri qu’elle Ă©lĂšvera jusqu’à l’ñge d’un an.

Le cabri est aussi appelĂ© chevreau. Il ne quitte jamais sa mĂšre et lorsque cela se produit, la chĂšvre le rappelle auprĂšs d’elle par un bĂȘlement sourd et rauque. Si c’est lui qui la perd, il Ă©met un chuintement bĂȘlĂ© auquel elle rĂ©pond. Les cabris sont trĂšs joueurs, ils se poursuivent, font des cabrioles, glissent sur les nĂ©vĂ©s. AprĂšs 20 jours, des bosses annoncent l’arrivĂ©e des cornes. Un cabri ne peut se passer de sa mĂšre qu’aprĂšs quatre mois, sinon il risque la mort, Ă  moins de se faire adopter par une autre femelle. Mais, l’adoption est un phĂ©nomĂšne trĂšs rare chez les chamois.

L’éterlou qui est un chevreau mĂąle d’une annĂ©e vit encore avec sa mĂšre, tout comme l’éterle, la femelle d’un an.

La derniĂšre bĂȘte composant la harde est la brĂ©haigne, celle-ci est une vieille femelle stĂ©rile.

Vie de harde

Elle peut ĂȘtre constituĂ©e d’une centaine de chamois mais Ă©galement de quelques tĂȘtes. Sa composition ne change pas de juillet Ă  octobre oĂč l’on trouve des mĂšres escortĂ©es de leur chevreau, leur Ă©terle ou Ă©terlou, ainsi que des femelles stĂ©riles, des jeunes boucs et parfois de vieux boucs. Les boucs adultes ont quittĂ© la harde et vivent en solitaires ou par groupe de deux ou trois du printemps au mois d’octobre quand dĂ©bute la saison des amours.

C’est la vieille femelle stĂ©rile, la brĂ©haigne, qui mĂšne le groupe. Dans les couloirs d’avalanches ou les passages dĂ©licats, c’est elle qui passe la premiĂšre et les autres suivent un par un. Étant stĂ©rile, la perte est moins grave en cas d’accident.

Lorsque la chĂšvre met bas, vers le premier juin, elle chasse l’éterlou qui l’accompagne depuis sa naissance et s’isole Ă  son tour de la harde. L’étĂ© suivant, le petit est dĂ©brouillard mais il se joindra tout de mĂȘme Ă  la harde avec sa mĂšre.

La harde est trĂšs bien organisĂ©e, c’est pour cela que lors d’une attaque l’ordre est maintenu. Elle peut changer de direction avec la prĂ©cision impeccable d’un escadron.

Relations intra-spécifique

PĂ©riode des amours

Il est possible que le rut soit dĂ©clenchĂ© par le raccourcissement de la durĂ©e du jour. Cette rĂ©duction photopĂ©riode provoquerait une stimulation hormonale qui engendrerait la formation de spermatozoĂŻdes chez le mĂąle et d’ovules chez la femelle.

Le rut a lieu dĂšs la fin du mois d’octobre et jusqu’au mois de dĂ©cembre. Les boucs, isolĂ©s durant la belle saison, rejoignent les femelles. À cette Ă©poque, ils frottent leurs cornes contre les arbres, buissons et rochers, afin de marquer leur territoire d’une forte odeur musquĂ©e, provenant d’un liquide contenu dans deux glandes hormonales, situĂ©es Ă  la base de leurs cornes. Cette odeur permet d’alerter les femelles mais aussi de mettre en garde les autres concurrents.

Les femelles ne provoquent jamais les mĂąles. Elles restent entre elles avec leur petit. Ce qui change de leurs habitudes est le fait d’uriner plus frĂ©quemment et de laisser une odeur qui permettra au mĂąle de savoir quel est leur degrĂ© de rĂ©ceptivitĂ©.

Combats entre mĂąles

Les mĂąles adultes sont trĂšs vigilants durant cette pĂ©riode, ils observent l’attitude de leurs congĂ©nĂšres, mangent Ă  la sauvette et sont de plus en plus agressifs.

Pour marquer leur territoire, ils utilisent leurs glandes rĂ©trocornales ou alors, ils s’aspergent de leur urine en secouant leur flanc avec vigueur.

Si un jeune mĂąle arrive vers lui, le bouc adulte se contente de l’attendre sur place ou avance gentiment en hĂ©rissant sa barbe, marque les vĂ©gĂ©taux qu’il rencontre, puis le jeune s’enfuit. Avant la fuite, il se sera soumis par son Ă©tat qui se reconnaĂźt facilement : il flĂ©chit les membres, baisse la tĂȘte, s’approche latĂ©ralement du dominant jusqu’à le toucher de son museau. Il arrive mĂȘme qu’il se mette Ă  uriner comme une femelle.

Lorsque deux adultes de mĂȘme stature se rencontrent, ils se battent. Ils se lancent dans des poursuites infernales, s’entrechoquent les cornes et parfois mĂȘme se frappent sous le ventre pour se pousser dans le vide.

Attitude de la femelle et du mĂąle

Une mĂšre avec son chevreau dans le parc national du Grand-Paradis.

Quand le bouc est Ă  plusieurs mĂštres de la femelle, il a une attitude dominatrice. Il essaie de se rendre le plus imposant possible en se redressant sur ses pattes avant, la tĂȘte en arriĂšre, la criniĂšre hĂ©rissĂ©e, tambourinant des pattes avant.

La femelle est le plus souvent effrayĂ©e et s’enfuit au galop, le bouc la poursuit. Le plus souvent celle-ci est accompagnĂ©e de son chevreau qui pleurera de ne pas rĂ©ussir Ă  les suivre. Ce comportement va gĂȘner le mĂąle qui menacera le petit pour qu’il parte. La mĂšre rejoint alors son petit et le mĂąle devra recommencer son approche.

Pour arriver Ă  accoupler la chĂšvre, le mĂąle la poursuit parfois jusqu’à son Ă©puisement, alors elle ne pourra plus le refuser. Dans des cas extrĂȘmes, ils se mettent Ă  deux l’un l’empĂȘchant de s’enfuir et l’autre l’accouplant.

DĂšs que celle-ci a acceptĂ©, le mĂąle abandonne son attitude dominatrice et devient soumis : tĂȘte baissĂ©e, criniĂšre aplatie, menton levĂ©, queue parfois relevĂ©e. Il avance Ă  pas saccadĂ©s en faisant deux pas rapides puis un net arrĂȘt, il lĂšve le cou et la patte
et recommence jusqu’à ce qu’elle soit convaincue. On reconnaĂźt l’acceptation de la femelle lorsqu’elle s’accroupit en penchant la tĂȘte en avant. Il arrive que certaines soient totalement dĂ©sintĂ©ressĂ©es et continuent Ă  brouter durant le coĂŻt.

CoĂŻt

L’acte sexuel dure 4 Ă  6 secondes. Il arrive que plusieurs mĂąles s'accouplent avec la mĂȘme femelle et ceux-ci procĂšdent Ă  plusieurs saillies sur la mĂȘme chĂšvre. Les mĂąles sont polygames. La maturitĂ© sexuelle des chamois est atteinte Ă  partir de 18 mois pour les deux sexes, mais les mĂąles n'accĂšdent gĂ©nĂ©ralement au rut qu'Ă  3 ou 4 ans. AprĂšs la pĂ©riode de rut, les mĂąles sont gĂ©nĂ©ralement trĂšs fatiguĂ©s et retournent Ă  leur solitude, dormant beaucoup. Si l’hiver est prĂ©coce et trop rude, il arrive Ă  certains boucs de mourir d’épuisement. Les mĂąles dominants qui ont plus de succĂšs peuvent perdre jusqu’à 25 % de leur poids habituel entre le dĂ©but novembre et la fin dĂ©cembre.

Gestation et mise bas

Femelle et chevreau dans le parc national de la Vanoise.

Le temps de gestation est de 24 Ă  25 semaines, environ 170 jours, et la mise bas a lieu en fin mai, dĂ©but juin. La femelle n’a qu’un chevreau Ă  la fois, les jumeaux sont rares. À cette Ă©poque, la mĂšre se sĂ©pare de son chevreau de l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente. Pour cette sĂ©paration, elle doit parfois employer ses cornes car il ne comprend pas pourquoi son dĂ©part est dĂ©sirĂ©. La femelle libĂ©rĂ©e s’isole pour mettre bas.

Nouveau-né

La mise bas est trĂšs rapide. DĂšs que cela est fait, la mĂšre allaite et lĂšche le nouveau-nĂ© jusqu’à ce qu’il soit complĂštement sec. Le nouveau-nĂ© s'appelle le cabri. GĂ©nĂ©ralement elle recherche un endroit difficile d’accĂšs pour assurer sa tranquillitĂ©. Mais il arrive que l’accouchement se dĂ©clare prĂ©maturĂ©ment, dans ce cas lĂ , elle risque de mettre bas dans un endroit trĂšs dĂ©gagĂ© ce qui peut ĂȘtre un danger pour le chevreau vis-Ă -vis des prĂ©dateurs.

À sa naissance, le jeune chamois mesure environ 50 cm de longueur et 35 cm au garrot ; son poids est de 2 Ă  2,7 kg. AprĂšs quelques heures, il est dĂ©jĂ  capable de se tenir debout. Une semaine aprĂšs, les deux rejoignent le troupeau. Assez rapidement le petit se met Ă  jouer avec les autres de la harde.

Le lait est extrĂȘmement nourrissant et permet au nouveau-nĂ© de prendre une centaine de grammes par jour en moyenne. AprĂšs deux mois il pĂšse entre 9 et 10 kilogrammes et broute dĂ©jĂ . À partir de 3 mois, la mĂšre ne voudra plus l’allaiter, mais il sera complĂštement sevrĂ© Ă  la pĂ©riode du rut qui suivra. Il aura alors atteint la moitiĂ© du poids d’un adulte. Les orphelins ne sont jamais adoptĂ©s par une femelle ayant dĂ©jĂ  un petit et il est rare qu’une femelle adopte un chevreau. La plupart du temps, ceux-ci sont condamnĂ©s Ă  disparaĂźtre.

Relations interspécifiques

Bonne cohabitation

  • Chamois / moutons petits troupeaux locaux ou transhumants bien conduits et mis en enclos la nuit et petits troupeaux de vaches laitiĂšres :

L’entente est relativement bonne et le chamois, sans pĂąturer Ă  leur cĂŽtĂ©, bĂ©nĂ©ficiera de zones d'alpage non surpĂąturĂ©es.

Ils vivent en bonne harmonie, ils s’alertent mutuellement en cas de danger. Le chevreuil, bien que plus forestier, donne un bref aboiement et la marmotte un coup de sifflet.

Ils cohabitent assez facilement sur un mĂȘme massif. Cependant ils n'ont pas tout Ă  fait les mĂȘmes besoins : au printemps les petites hardes de bouquetins recherchent l'herbe nouvelle des fonds de vallĂ©es, ce qui les pousse Ă  s'approcher trĂšs prĂšs des hommes et des cultures contrairement aux chamois. En plein Ă©tĂ© comme au cƓur de l'hiver, au moment du rut, le bouquetin se contente de l'herbe rase et de lichen des crĂȘtes les plus escarpĂ©es. L’harmonie ne peut pas ĂȘtre mauvaise. Dans la nature, il n'y a pas de rĂ©el combat, mais il est dĂ©jĂ  arrivĂ© que des rixes Ă©clatent en parc animalier.

Mauvaise cohabitation

Chamois / moutons petits ou grands troupeaux locaux ou transhumants d'ovins livrĂ©s Ă  eux-mĂȘmes
De tels troupeaux sont trĂšs dĂ©rangeants. De mĂȘme la concurrence alimentaire est trĂšs dommageable pour le chamois sur ses quartiers d'hivernage. Ces troupeaux sont Ă  l'origine de la transmission de maladies telles que la kĂ©ratoconjonctivite infectieuse, le piĂ©tin, la gale sarcoptique ou la brucellose.
Chamois / chiens errants et surtout chiens de berger mal éduqués ou chiens de chasse
Les chiens les poursuivent jusqu’à ce qu’ils quittent leur domaine mais cela n’est qu’une fuite momentanĂ©e.
Ses prédateurs
Le lynx et le loup chassent le chamois adulte mais l’aigle royal, les grands corbeaux, l’ours brun ainsi que le renard roux s’attaquent aux petits cabris ou aux sujets affaiblis. Lorsque le chamois est alertĂ© et paniquĂ©, il avance par bonds.
Relations forestiers - paysans - chasseurs - promeneurs
Le chamois Ă©prouve de la circonspection et de la timiditĂ© dans ses rapports avec les humains surtout sur les territoires chassĂ©s. Il sera plus tolĂ©rant envers l'Homme Ă  partir du moment oĂč celui-ci reste confinĂ© sur les sentiers.
Le chamois ne discerne pas le promeneur, le bûcheron, du berger ou du porteur de fusil. Seule la façon de se déplacer et les itinéraires des uns et des autres lui permettent de faire la différence. Un chasseur marchant sur un sentier connu et trÚs fréquenté de longue date sera moins redouté qu'un seul et inoffensif touriste escaladant un versant.
Contrairement aux idĂ©es reçues, il n'arrive pas Ă  discerner une pierre qui tombe naturellement d'une pierre dĂ©tachĂ©e par une personne. Par contre il sait intuitivement qu'il y a des lieux (couloirs, ravins), des heures et des saisons oĂč ces chutes sont naturelles. En dehors de ces cas il rĂ©agit par la mĂ©fiance.

Le chamois n'est pas gĂȘnĂ© par la piste olfactive ou les empreintes d’un homme, pour la simple raison qu'il ne se dĂ©place pas sur les mĂȘmes traces et sentiers que lui. Il a ses propres itinĂ©raires souvent trĂšs raides et face Ă  la pente et non en courbe de niveau.

Les activitĂ©s liĂ©es au ski et les survols d'hĂ©licoptĂšre peuvent ĂȘtre trĂšs dĂ©rangeantes pour le chamois. De mĂȘme que le parapente dont l'ombre au sol peut se confondre avec celle de l’aigle royal.

Les hommes n’ont pratiquement rien Ă  reprocher aux chamois si ce n’est de manger les bourgeons, les pousses et l’écorce de certaines plantes ou arbres. Au contraire, ils ne sont pas responsables de surpĂąturages ni de l’érosion des sols.

Causes de mortalité

Hiver

L’hiver est la pĂ©riode la plus rude pour les chamois. Les mĂąles sortent du rut, et ont donc durement ponctionnĂ© leurs rĂ©serves. Les femelles doivent dĂ©velopper leur futur cabri, alors que la nourriture se fait rare et peu Ă©nergĂ©tique.

De plus, les abondantes chutes de neige cachent l’herbe, forçant les animaux Ă  de pĂ©nibles dĂ©blayages s’ils veulent trouver de la nourriture. La neige provoque Ă©galement des avalanches, que les chamois ne parviennent pas toujours Ă  Ă©viter. La mortalitĂ© hivernale est d’ailleurs Ă©troitement corrĂ©lĂ©e avec la hauteur de neige. Les jeunes de l’annĂ©e y sont particuliĂšrement sensibles, et beaucoup ne survivent pas Ă  leur premier hiver.

Maladies

Les chamois sont rĂ©guliĂšrement affectĂ©s par des parasites, qu’ils soient internes – strongles ou tĂ©nias – ou externes –poux, tiques. Ils sont rarement mortels en eux-mĂȘmes, mais affaiblissent l’animal et le rendent plus sensible aux maladies.

Celles-ci sont gĂ©nĂ©ralement peu spectaculaires, ne tuant que les animaux affaiblis en fin d’hiver ou au printemps. Mais il peut arriver qu’elles dĂ©gĂ©nĂšrent en violentes Ă©pizooties, telles la bronchopneumonie ou la gale scarcoptique. Toutefois, la kĂ©ratoconjonctivite est la plus connue. Elle affecte l’Ɠil, en l’inflammant, l’ulcĂ©rant et pouvant conduire au percement de celui-ci. La contagion est rĂ©putĂ©e surtout se propager lors du rut automnal et en Ă©tĂ© (oĂč les insectes vecteurs se posent sur les yeux gonflĂ©s et purulents des animaux malades). Les animaux se dĂ©placent avec peine ; les aveugles se laissent approcher de prĂšs, et parfois tombent des rochers. Jusqu’à 95 % des individus peuvent ĂȘtre affectĂ©s, mais le taux de mortalitĂ© ne dĂ©passe pas 20 %, ce qui n’empĂȘche pas qu’il faille plus de 10 ans pour que la population retrouve son effectif initial. Une variante trĂšs contagieuse et virulente de kĂ©ratoconjonctivite affecte les chamois du Sud de la France et d’une vallĂ©e suisse (depuis aoĂ»t 2007 dans le Mercantour oĂč aucun cas n'avait Ă©tĂ© observĂ© depuis 1920). Des scientifiques ont observĂ© des animaux ayant dĂ©veloppĂ© une seconde infection alors qu'ils devraient ĂȘtre immunisĂ©s Ă  la suite de la premiĂšre, ce qui laisse envisager que l’agent infectieux responsable de cette kĂ©ratoconjonctivite ait pu muter, ce qui est d'autant plus plausible que cette Ă©pizootie pourrait venir d’un troupeau ovin mal soignĂ© dans le Viso italien.

La maladie des abcÚs du chamois est signalée en IsÚre en 2004[10].

Aigle royal

L’aigle royal est l’un des plus grands prĂ©dateurs du chamois. Il attaque rarement les adultes, lesquels savent se dĂ©fendre avec leur cornes, mais s’ils se trouvent en position dĂ©licate, il n’hĂ©site pas Ă  les prĂ©cipiter dans le vide. Les handicapĂ©s, les blessĂ©s ou ceux en mauvaise santĂ© sont plus frĂ©quemment attaquĂ©s, tandis que les nouveau-nĂ©s sont des proies de luxe. L’aigle n’hĂ©site pas Ă  s’y attaquer, mĂȘme si le petit cabri a un poids Ă  la limite de sa capacitĂ© de transport (3 Ă  6 kilogrammes), ce qui peut le contraindre Ă  se poser et Ă  peut-ĂȘtre laisser Ă©chapper sa proie. Beaucoup d’attaques se soldent par des Ă©checs, et donc l’impact de ce prĂ©dateur sur les populations est mal connu.

Renard

Le renard peut Ă©galement poser problĂšme aux chamois affaiblis, malades, ou aux nouveau-nĂ©s. Les chamois en bonne santĂ© ne sont que peu inquiĂ©tĂ©s par cet animal, et peuvent mĂȘme le chasser s’il s’approche trop prĂšs.

Ours brun

L’ours brun, dans les rĂ©gions qu’il habite encore, est un grand chasseur de chamois. Cependant, du fait de sa quasi-disparition, il ne menace que rarement des chamois en Europe de l'Ouest.

Loups

Compte tenu de sa densité de population, le chamois est la proie principale du loup dans les Alpes françaises particuliÚrement en hiver jusqu'au début du printemps. Cependant le pourcentage de prélÚvement n'excÚde pas en moyenne 2 %. Contrairement aux idées reçues le chamois échappe le plus souvent aux attaques du prédateur surtout s'il est en possession de tous ses moyens. Avec le bouquetin et à part les plus jeunes, les malades ou les plus vieux, c'est l'ongulé de montagne le moins sensible à la prédation du loup.

Lynx

GrĂące Ă  ses capacitĂ©s de chasseur et Ă  sa vitesse, le lynx peut s’attaquer Ă  des chamois de tous Ăąges et toutes tailles. Cet animal avait presque disparu au cours du siĂšcle dernier, mais il est actuellement rĂ©introduit en Suisse et recolonise naturellement les Alpes françaises principalement en Basse et Haute-Maurienne[11].

Oiseaux

Les corvidĂ©s, tels que le grand corbeau surtout, peuvent harceler Ă  l’occasion des animaux dĂ©jĂ  malades et mourants, espĂ©rant accĂ©lĂ©rer leur chute et leur trĂ©pas.

Chasse

Le chamois Ă©tait trĂšs menacĂ© : les densitĂ©s de populations Ă©taient au plus bas jusque dans les annĂ©es 1960, et l'Ă©tendue de son territoire bien moindre qu’aujourd’hui. Le record mondial de chasse est dĂ©tenu par le prince Auguste de Saxe-Cobourg (Autriche), qui en abattit 3 412 Ă  lui seul. Le braconnage incontrĂŽlĂ© des populations rurales faisait des ravages dans les populations.

Chamois abattu selon un plan de chasse (environs d'Habkern, Berne, Suisse).

Aujourd'hui, grĂące au dĂ©peuplement des zones rurales, Ă  la recolonisation forestiĂšre, Ă  la crĂ©ation de rĂ©serves de chasse, de rĂ©serves naturelles et surtout de vastes parcs nationaux, ainsi qu'Ă  la mise en place de plans de chasse, l’homme en tue moins ; ainsi le chamois prospĂšre de nouveau et s’étend sur de nouveaux territoires quelquefois grĂące Ă  des translocations de populations.

Autres

Les chutes de pierres dans les couloirs peuvent blesser ou tuer le chamois malchanceux. Une patte brisĂ©e ne signifie pas forcĂ©ment la mort, car l’animal peut se montrer parfaitement capable de suivre la harde. Il peut Ă©galement ĂȘtre blessĂ© en chutant, en recevant une balle mal ajustĂ©e, au cours d’un combat, ou en entrant en collision avec des vĂ©hicules. Les malformations et intoxications peuvent Ă©galement survenir, entraĂźnant parfois la mort.

DĂ©placement

Les chamois se déplacent par bonds, et les plus vifs peuvent prendre la fuite à une vitesse maximale de 50 km/h[12].

Nom

Le mot chamois provient d'un nom alpin prĂ©indoeuropĂ©en kamo(r)c* donnant les formes rhĂ©to-romanes kamuoč, cjamorto ou italienne dialectale kamuĆŸu, portugais camurça, allemand GĂ€mse du v.h.a. Gamiza. En gaulois, il prend le nom de camox[13] et le restera en latin mĂ©diĂ©val camox, d'oĂč le français chamois, l'italien camoscio ou l'espagnol gamuza[14].

Calendrier

Le 15e jour du mois de messidor (« des moissons ») du calendrier républicain français est officiellement dénommé « jour du chamois »[15], généralement chaque 3 juillet du calendrier grégorien.

Notes et références

  1. Nommé à l'origine Capra rupicapra par Carl von Linné.
  2. ou olympica

  3. synonymes : alpina, capella, cartusiana, dorcas, europea, faesula, hamulicornis, sylvatica, tragus

  4. La faune en Auvergne
  5. Bernard Collin, Petit dictionnaire de la médecine du gibier, Le gerfaut, , p. 104
  6. M. Couturier, « ParallĂšle anatomique physiologique et Ă©cologique entre le pied du bouquetin (Capra ibex ibex) et celui du chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra) en rapport avec l’adaptation Ă  la montagne des deux espĂšces », Mammalia, vol. XXII, no 1,‎ , p. 76-89
  7. Le Chamois et l'Isard, Office national de la chasse et de la faune sauvage
  8. (en) S.E.H. Ledger, C.A. Rutherford, C. Benham, I.J. Burfield, S. Deinet et al., Wildlife Comeback in Europe: Opportunities and challenges for species recovery. Final report to Rewilding Europe, London, the Zoological Society of London, BirdLife International and the European Bird Census Council, (lire en ligne)
  9. Raymond Campan, Richard Bon et Véronique Barre, Les Ongulés sauvages de France : bilan des recherches récentes, Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, , p. 114
  10. L. Gavet, P. Gibert, « La maladie des abcĂšs et l’état sanitaire du chamois en IsĂšre », Revue faune sauvage (ONCFS), no 261, 2004, pages 35-41.
  11. [PDF] Bulletin d'information du RĂ©seau Lynx, no 13, 2007, page 29
  12. Faune Alpine Le Chamois
  13. Jean-Paul Savignac, Dictionnaire français-gaulois, La Différence, , p. 91
  14. The Oxford Dictionary of English Etymology
  15. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait Ă  la Convention nationale dans la sĂ©ance du 3 du second mois de la seconde annĂ©e de la RĂ©publique Française, p. 28.

Références taxinomiques

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.