Chamois
Rupicapra rupicapra
Sous-espÚces de rang inférieur
hors Argentine et Nouvelle-ZĂ©lande.
Le chamois (Rupicapra rupicapra) est une espĂšce de mammifĂšres de la famille des BovidĂ©s et de la sous-famille des CaprinĂ©s. Les six sous-espĂšces reconnues vivent dans les zones rocheuses, les forĂȘts et pĂąturages de montagnes, depuis les Alpes jusqu'Ă l'Anatolie, l'AzerbaĂŻdjan et la GĂ©orgie, en passant par les Vosges, le Jura, le Massif central[4], les Balkans et les Carpates. Il existe Ă©galement une population introduite en Nouvelle-ZĂ©lande. En 2021, on compte 543 370 chamois en vie.
L'isard, une espĂšce voisine appartenant au mĂȘme genre Rupicapra, vit dans les PyrĂ©nĂ©es, la cordillĂšre Cantabrique et les Apennins italiens.
Description
Morphologie
Caractéristiques | |||
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â | â | ||
Masse | 38 25 | 68 30 |
kg |
Longueur | 110 Ă 135 | cm | |
Hauteur | 70 Ă 80 | cm | |
Queue | 10 Ă 15 | cm | |
Cornes | 15 Ă 32 | cm | |
Robe | chamois | ||
Saison des amours | oct à déc | ||
Gestation | 170 | jours | |
Petit(s) | 1 | / an | |
Poids Ă la naissance | 2 Ă 2.7 | kg | |
Sevrage | 3 Ă 5 | mois | |
MaturitĂ© sexuelle | 1Âœ | ans | |
Durée de vie | 14 à 25 | ans |
Ce sont les plus petits reprĂ©sentants des caprinĂ©s (comprenant les mouflons et bouquetins). Ils mesurent en gĂ©nĂ©ral pour les mĂąles adultes entre 125 et 135 centimĂštres du museau Ă la queue, entre 70 et 80 centimĂštres de haut au garrot. Il a des cornes d'environ 27 centimĂštres pour le mĂąle. Le poids est compris entre 22 et 40 kilogrammes. Les femelles leur sont presque toujours infĂ©rieures en poids et en taille. Les animaux ont un poids maximum en automne, alors quâils ont accumulĂ© des rĂ©serves durant lâĂ©tĂ©. Ă la fin de lâhiver, le poids des chamois peut diminuer de moitiĂ©, et au dĂ©but du printemps ils Ă©puisent leurs rĂ©serves.
Longévité et espérance de vie
Les chamois peuvent vivre jusquâĂ 25 ans, mais peu dĂ©passent 15 ou 16 ans. Ă partir de 10 ans commence la sĂ©nescence ou vieillesse. Leur poids diminue et cela jusqu'Ă leur mort. Les poils ne sont plus autant colorĂ©s, ils arborent une teinte grisĂątre. Alors augmente Ă©galement le taux de mortalitĂ© qui croĂźt encore entre 14 et 15 ans. Le facteur le plus dĂ©terminant est lâusure des dents, car il conditionne la prise de nourriture, ainsi peu dâanimaux peuvent dĂ©passer 21-22 ans. Comme chez les humains, les femelles ont une plus grande espĂ©rance de vie. Les cabris ont entre 50 et 70 % de chance de survie en hiver et environ 90 % en Ă©tĂ©.
Cornes
Les chamois se distinguent aisĂ©ment par leurs petites cornes dâun noir Ă©bĂšne qui contrairement aux cervidĂ©s sont conservĂ©es en permanence jusquâĂ la fin de leur vie. De plus les femelles et les mĂąles les ont dĂšs le plus jeune Ăąge. Les cornes poussent dĂšs la naissance, elles sont visibles dĂšs le deuxiĂšme mois. Lâaccroissement de la gaine est maximum lors de la deuxiĂšme annĂ©e de vie. DĂšs la sixiĂšme annĂ©e, les cornes ne poussent plus que de 1 Ă 3 millimĂštres par an. Elles mesurent environ 15 centimĂštres pour 70 grammes (Ă©tuis seulement â contre 3 Ă 6 kilogrammes pour le bouquetin) mĂąles et femelles confondus. Elles poussent tout dâabord verticalement, puis, elles sâinflĂ©chissent vers lâarriĂšre pour former le crochet. Les cornes sont composĂ©es de deux Ă©lĂ©ments principaux : lâĂ©tui cornĂ© et la cheville osseuse. Cette derniĂšre fait partie de lâos frontal. Câest elle qui est responsable de la croissance des cornes grĂące Ă un tissu chorio-Ă©pidermique. LâĂ©tui cornĂ© ou gaine quant Ă lui est composĂ© de cellules Ă©pidermiques mortes et kĂ©ratinisĂ©es (substance riche en soufre et fondamentale des poils, ongles, plumes, et cornes). Sur lâĂ©tui cornĂ©, nous pouvons distinguer deux types de reliefs : des annelures de parures (rarement sur tout le tour), et des anneaux dâĂąges (tour complet et plus marquĂ©). Les annelures de parures sont des protubĂ©rances plus ou moins marquĂ©es, Ă ne pas confondre avec les anneaux dâĂąge qui sont dus Ă un arrĂȘt hivernal de la croissance des cornes. LâarrĂȘt de la kĂ©ratogenĂšse est due Ă une nourriture moins abondante et moins riche en minĂ©raux.
Glandes rétrocornales
Câest une des particularitĂ©s du chamois, elles sont prĂ©sentes chez les deux sexes Ă lâarriĂšre des cornes ; elles sont de la taille dâune noisette. Chez les mĂąles, elles grossissent dĂšs septembre et au moment du rut elles sĂ©crĂ©teront une odeur trĂšs forte qui servira Ă marquer leur territoire. Les animaux en imprĂšgnent les plantes et les rochers. Il semble Ă©galement que lâodeur des glandes excite la femelle pour favoriser lâaccouplement : câest pourquoi elles sont appelĂ©es glandes de rut. Les mĂąles aiment souvent lĂ©cher celles des femelles.
Dents
Formule dentaire | |||||||
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mùchoire supérieure | |||||||
3 | 3 | 0 | 0 | 0 | 0 | 3 | 3 |
3 | 3 | 0 | 4 | 4 | 0 | 3 | 3 |
mùchoire inférieure | |||||||
Total : 32 | |||||||
Les chamois comme les hommes ont une dentition de lait et une dĂ©finitive. Elle comprend 32 dents dĂšs le 45e mois (20 dents de lait) : 8 incisives, 12 prĂ©molaires et 12 molaires, le maxillaire supĂ©rieur Ă©tant toujours dĂ©pourvu dâincisives.
Pelage
La fourrure du chamois se compose de deux sortes de poils : les poils plus Ă©pais et longs de jarre et le duvet. Les poils de jarre (2 Ă 10 centimĂštres) forment lâessentiel du pelage, vient ensuite prĂšs du corps le duvet qui forme une couche laineuse protĂ©geant lâanimal contre le froid en hiver. Les marques faciales sont caractĂ©ristiques : tĂȘte et gorge blanchĂątres, bande longitudinale d'un noir brun foncĂ© entre la base des cornes et le museau. Sur lâĂ©chine, les chamois mĂąles portent une criniĂšre, communĂ©ment appelĂ©e « barbe », qui peut mesurer jusquâĂ 30 centimĂštres lors du rut, alors quâen Ă©tĂ© elle ne fait plus que 5 Ă 7 centimĂštres. GrĂące Ă un muscle horripilateur, les poils de la criniĂšre peuvent se dresser verticalement. La couleur du pelage varie selon les saisons : plus foncĂ© en hiver que lors de la saison chaude (avec une raie dorsale brun foncĂ© en Ă©tĂ©), il correspondrait Ă un besoin dâĂ©conomie dâĂ©nergie, le pelage noir permettant de mieux profiter de lâĂ©nergie du rayonnement solaire. AprĂšs la mue de printemps, le pelage devient beige sale puis gris beige[5].
Il existe Ă©galement des cas de mĂ©lanisme et dâalbinisme qui prĂ©sentent des animaux noirs ou blancs tout au long de lâannĂ©e.
Sens
La vue du chamois lui permet de distinguer un mouvement Ă prĂšs dâun demi-kilomĂštre dans la pĂ©nombre, mais cet animal Ă©prouve des difficultĂ©s Ă identifier des objets immobiles mĂȘme proches de lui. Son ouĂŻe est habituĂ©e aux bruits liĂ©s aux activitĂ©s humaines. Les chamois font par contre trĂšs attention Ă tout bruit insolite, et pour repĂ©rer sâil y a danger ou non, ils utilisent leur sens le plus dĂ©veloppĂ© : lâodorat. Ce sens leur permet de confirmer, par vent favorable, la prĂ©sence dâintrus Ă plus de 500 mĂštres.
Sabots
Les sabots sont constituĂ©s de deux doigts de pied latĂ©raux Ă©quipĂ©s dâune partie cornĂ©e, les onglons nettement sĂ©parĂ©s lâun de lâautre et orientables. Pouvant sâĂ©carter pour mieux adhĂ©rer aux rochers, ils forment une pince dont l'extrĂ©mitĂ© tendre assure la tenue sur des prises minuscules. La sole plantaire et le talon caoutchouteux adhĂšrent parfaitement Ă la roche lisse et glissante. Le pied des chamois comporte Ă©galement une cloison interdigitale aux fibres conjonctives recouverte de poils qui lui Ă©vite de trop sâenfoncer dans la neige et qui fait office de raquettes[6].
CĆur et poumons
Cet animal est tout Ă fait adaptĂ© Ă son milieu comme le montre bien son cĆur trĂšs volumineux. En effet, il pĂšse de 300 Ă 350 grammes pour 30 Ă 50 kilogrammes â le cĆur de lâhomme fait environ 250 grammes pour 60 Ă 80 kilogrammes â de plus, le sang contient plus de 12 Ă 13 millions de globules rouges par millilitre : quatre Ă cinq fois plus que lâhomme. Les poumons des chamois sont Ă©galement trĂšs grands. Ces particularitĂ©s du chamois font quâil peut aisĂ©ment gravir et descendre 600 mĂštres en quelques minutes.
Position demi fléchie
Le chamois, contrairement Ă dâautres animaux, a une position demi flĂ©chie, ce qui lui procure une dĂ©tente spectaculaire et une puissance remarquable. Les os forment des angles fermĂ©s qui font office de ressort lors dâun saut.
BĂ©zoard
Le bĂ©zoard est une sorte de boule contenue dans certains estomacs de chamois. C'est un lĂ©ger conglomĂ©rat de taille moyenne variant de la taille d'une noisette Ă celle d'un Ćuf de poule. Le bĂ©zoard est constituĂ© de fibres, de dĂ©bris vĂ©gĂ©taux et de poils de lĂ©chage liĂ©s par la rĂ©sine ingĂ©rĂ©e en mĂȘme temps que l'Ă©corce des conifĂšres et tous matĂ©riaux non dissous par les sucs digestifs. Cette boule peut aussi contenir de la silice et des sels minĂ©raux. Elle finira par devenir lisse et brillante, brun foncĂ© et dĂ©gagera une forte odeur musquĂ©e. Tous les chamois peuvent avoir cela mais cela ne les gĂȘne pas en gĂ©nĂ©ral. Un bĂ©zoard trop volumineux peut provoquer la mort en bloquant le transit intestinal, mais cela se produit rarement. Autrefois on utilisait les bĂ©zoards comme porte-bonheur, et ils Ă©taient aussi censĂ©s guĂ©rir certains maux et supprimer les vertiges (puisque le chamois n'est pas sujet au vertige...).
Distinction des sexes
Allure
Le dimorphisme sexuel est peu marquĂ© chez les chamois. En effet les individus des deux sexes portent des cornes presque semblables et nâont pas de grandes diffĂ©rences morphologiques. Il est cependant possible de les reconnaĂźtre : le bouc a un cou plus massif, et a une silhouette plutĂŽt triangulaire. La chĂšvre quant Ă elle paraĂźt plus fine et a une tĂȘte plus allongĂ©e.
Pelage
DÚs la quatriÚme année, les mùles ont, lors de la période de rut, un long pinceau pénien prolongeant le fourreau de la verge. La criniÚre permet aisément de repérer un mùle en hiver.
Cornes
Lâangle formĂ© par le crochet permet dans presque tous les cas de distinguer un mĂąle dâune femelle : le crochet ouvert est le signe distinctif des femelles (plus de 45°). Le diamĂštre des cornes est Ă©galement plus fort Ă la base chez le mĂąle[7].
Attitude
Lors du rut, il nâest pas rare que deux mĂąles se poursuivent sur plusieurs kilomĂštres. De plus, les chamois mĂąles ont une posture dâintimidation : de profil, corps tendu, tĂȘte haute et oreilles obliques. Il est Ă©galement possible dâobserver les chamois lorsquâil urinent ; cela permet de dire avec certitude leur sexe : les femelles urinent en arriĂšre des postĂ©rieurs alors que le mĂąle le fait entre ses quatre pattes.
Reconnaissance de lâĂąge
Taille des cornes
La taille des cornes permet de dĂ©terminer lâĂąge des Ă©terlous et Ă©terles de la premiĂšre annĂ©e jusquâĂ leur quatriĂšme anniversaire. Il faut distinguer deux pĂ©riodes : mai Ă aoĂ»t et septembre Ă avril. Dans la premiĂšre, les chevreaux de la premiĂšre annĂ©e nâont pas de cornes visibles, ceux de deux ans ont leurs cornes jusquâau milieu des oreilles, les chamois de trois ans les ont aussi hautes que les oreilles et dĂšs trois ans les cornes dĂ©passent largement les oreilles. Dans la seconde pĂ©riode de septembre Ă avril, 1re annĂ©e : cornes courtes et peu recourbĂ©es, 2e annĂ©e : cornes lĂ©gĂšrement au-dessous des oreilles, mais les crochets sont bien visibles. Le mĂąle est alors appelĂ© Ă©terlou, et la femelle Ă©terle. Les chamois de 3e annĂ©e portent leurs cornes plus hautes que les oreilles.
Anneaux dâĂąge
Les anneaux dâĂąge, comme leur nom lâindique, permettent de calculer lâĂąge de lâanimal Ă condition de possĂ©der ses cornes. Il suffit de compter les anneaux. Toutefois, le premier anneau nâest pas visible tout le temps, il est situĂ© dans la courbure du crochet. La croissance des cornes est plus rapide les premiĂšres annĂ©es, cela se remarque par lâespace entre les anneaux, alors que les derniers proches de la base sont de plus en plus resserrĂ©s.
Dents
LâĂ©tude des dents permet Ă©galement de distinguer lâĂąge du sujet, mais il faut cependant toujours avoir Ă lâesprit que ce calcul ne tient pas compte dâune naissance tardive et des diffĂ©rences entre chaque individu, câest pourquoi cette mĂ©thode est moins fiable. De plus, elle ne peut plus ĂȘtre appliquĂ©e Ă des animaux de plus de 45 mois, car ils possĂšdent tous leurs dents dĂ©finitives.
Pelage
DÚs 6 à 8 ans, les mùles arborent une criniÚre (poil de jarre). Et lors de la sénescence, la couleur change pour devenir de plus en plus grise. Au-delà de 5 ans ils ont un pinceau pénien, qui correspond à de longs poils de plus de 10 cm situés au niveau de leur sexe.
RĂ©gime alimentaire
Préférences
Ils aiment les plantes herbacĂ©es quâils trouvent dans leurs biotopes. GrĂące Ă un Ă©talement de la germination dans le temps, la nourriture est disponible longtemps. Elle est trĂšs riche en matiĂšres nutritives, de plus ils ne consomment parfois quâune partie de la plante. Ils mangent principalement les graminĂ©es et les fleurs telles les iris, les jonquilles, et les gentianes. En Ă©tĂ©, les lĂ©gumineuses (trĂšfles des Alpes) constituent le plat principal des chamois. D. grandiflorum est nommĂ© par les Allemands Gemsengras ou « herbe Ă chamois ». Quelquefois, ils peuvent aussi manger du feuillage, des arbustes, voire des baies.
Nourriture
Leur nourriture est disponible en forĂȘt, ou sur les versants escarpĂ©s et ils n'hĂ©sitent pas Ă descendre Ă la limite des neiges en hiver. Il leur faut parfois gratter la neige pour libĂ©rer quelques herbes. GenĂ©vrier, serpolet, bruyĂšre, houx, if et lierres sont les mets des chamois en hiver. En cas de pĂ©nurie, il y a encore le rhododendron trĂšs rĂȘche et coriace, ou mĂȘme lâĂ©corce des arbres.
Sel
Comme tous les ruminants, les chamois ont une nĂ©cessitĂ© physiologique de manger du sel (principalement au printemps). Ils le trouvent dans des salines naturelles, mais ne dĂ©daignent pas les pierres Ă sel des bergers. Le sel peut attĂ©nuer les troubles dus au changement rapide de rĂ©gime alimentaire au printemps ou peut-ĂȘtre pallie-t-il une carence en sels minĂ©raux Ă la suite de lâhiver.
Eau
Les chamois ne boivent presque jamais dâeau. Ils la trouvent en grande quantitĂ© dans les plantes quâils ingurgitent. Quelquefois Ă la fin des poursuites du rut ou en Ă©tĂ© par grande chaleur, les boucs mangent de la neige. Les chamois Ă©vitent dâinstinct les zones exposĂ©es au soleil, ce qui rĂ©duit les pertes en eau, et leur permet de trouver leurs plantes prĂ©fĂ©rĂ©es.
Biotope et aire de répartition
GĂ©ographie des sous-espĂšces
Il existe 6 sous-espÚces de chamois. Ces sous-espÚces aux populations de tailles un peu différentes, peuplent des habitats assez variés, mais généralement rocheux et montagneux.
On trouve des chamois en Europe, en particulier dans les Alpes, le Jura, les Vosges, dans les Balkans, les Carpates, les SudÚtes, dans le Caucase et en Anatolie orientale. D'une maniÚre plus générale, leur habitat est compris entre le 50e et le 37e degré de latitude Nord.
On trouve ainsi :
- Rupicapra rupicapra asiatica, Lyddeker, 1908 â le chamois turc vit dans le nord-est de l'Anatolie (Turquie) ;
- Rupicapra rupicapra caucasica, Lyddeker, 1910 â le chamois du Caucase vit dans les monts du Caucase, de la mer Noire Ă la mer Caspienne, et se rĂ©partit au sein d'une longue bande qui suit la frontiĂšre russe, entre le sud de la Russie, le nord de la GĂ©orgie et le nord de l'AzerbaĂŻdjan ;
- Rupicapra rupicapra balcanica, Bolkay, 1925 â le chamois des Balkans vit en Albanie, autour de 11 montagnes grecques, et dans 4 massifs montagneux en Bulgarie ;
- Rupicapra rupicapra carpatica, Couturier, 1938 â le chamois des Carpates vit dans les Carpates et dans les Alpes de Transylvanie ;
- Rupicapra rupicapra rupicapra, Linnaeus, 1758 (Alpes) â le chamois alpin vit dans les Alpes. C'est la sous-espĂšce de trĂšs loin la plus abondante ;
- Rupicapra rupicapra tatrica, Blahout, 1971 (Tatras) â le chamois des Tatras vit dans une petite rĂ©gion du nord de la Slovaquie et en Pologne.
Le chamois de la Chartreuse a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme une sous-espĂšce R. r. cartusiana aujourdâhui rattachĂ©e au chamois alpin.
La sous-espÚce rupicapra a été introduite en Nouvelle-Zélande et en Argentine. En Nouvelle-Zélande, au début du XXe siÚcle, la population est passée de 10 chamois importés à plus de 12 000 individus et l'on a actuellement recours à des abattages massifs pour limiter leur prolifération. En Suisse, la population de chamois compte 97 000 individus. Le nombre total de chamois est estimé en 2021 à 543 370 individus, dont environ 18 000 vivent en Nouvelle-Zélande, les autres en Europe ou pays proches (Azerbaïdjan, Géorgie, Turquie). Ce nombre est stable ces derniÚres années aprÚs avoir connu une augmentation importante dans les années 1970. Cependant, certaines sous-espÚces, isolées, sont plus en difficulté[8].
Altitude
On croit souvent que les chamois se cantonnent Ă la haute montagne, ce qui est faux. Dans les Alpes, ils sont en fait repoussĂ©s par l'homme Ă l'Ă©tage alpin. L'altitude qu'ils affectionnent le plus est la zone des forĂȘts et la partie infĂ©rieure des zones pastorales, entre 800 et 2 300 mĂštres. Plus haut, ils sont limitĂ©s par la prĂ©sence plus rare des pelouses alpines, inexistantes au-dessus de 3 000 mĂštres : il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'herbivores. L'absence d'herbe ne les empĂȘche pas d'effectuer des incursions Ă haute altitude : on en a repĂ©rĂ© Ă plus de 4 750 mĂštres, juste sous le sommet du mont Blanc. Vers le bas, ils sont limitĂ©s principalement par l'homme et ses constructions. En l'absence de celui-ci, il peut s'Ă©tablir Ă des altitudes extrĂȘmement basses, comme dans le Jura, dans les Vosges du Sud ou le plateau suisse, jusque vers 600 mĂštres.
Relief
Bien plus que l'altitude, c'est le relief qui conditionne l'Ă©tablissement du chamois. Partout oĂč il est prĂ©sent, on remarque un relief plus ou moins accidentĂ©. Il n'y a aucun exemple de chamois vivant en terrain plat ou dĂ©pourvu de zones rocheuses. Bien qu'il puissent utiliser leur cornes pour se dĂ©fendre, les chamois prĂ©fĂšrent de loin la fuite. Leur rapiditĂ© et leur agilitĂ© sur le rocher n'ont en effet que peu d'Ă©gal. Ils se sont parfaitement adaptĂ©s Ă la rocaille, aux falaises et terrains escarpĂ©s : la configuration de leurs membres et de leur sabots, la puissance de leur cĆur, la quantitĂ© de globules rouges de leur sang, leur capacitĂ© pulmonaire en tĂ©moignent. Aussi cherchent-ils un relief accidentĂ© pour assurer leur sĂ©curitĂ©. De plus, l'herbe d'altitude est de meilleure qualitĂ© : elle peut contenir jusqu'Ă 50 % de protĂ©ines et 100 % de phosphore de plus qu'en plaine.
Climat
Le chamois peut vivre dans une grande diversitĂ© de climats, avec des moyennes de tempĂ©ratures hivernales de â10 °C et des maximums estivaux de 25 °C ; les prĂ©cipitations s'Ă©chelonnent de moins de 1 000 Ă plus de 3 000 millimĂštres annuels. Des populations de Nouvelle-ZĂ©lande peuvent essuyer des pointes de 8 500 millimĂštres par an dans certains secteurs.
Les chamois sont trĂšs bien protĂ©gĂ©s du froid par leur naseaux velus, leur queue courte qui limitent en hiver une perte trop importante dâĂ©nergie et leur Ă©paisse fourrure hivernale : une tempĂ©rature de â25 °C les laisse parfaitement indiffĂ©rents[9].
En revanche, on observe qu'ils frĂ©quentent les ubacs et autres zones relativement ombragĂ©es. On pourrait en dĂ©duire qu'ils n'aiment pas la chaleur. Mais en fait, ce comportement sert Ă limiter les pertes d'eau. Ils ne boivent en effet qu'exceptionnellement, se contentant de l'eau de rosĂ©e dĂ©posĂ©e sur l'herbe, ou dâun peu de neige. Des analyses alimentaires tendent Ă confirmer cette hypothĂšse. Si tempĂ©rature et prĂ©cipitations ne semblent pas gĂȘner le chamois outre mesure, il en va autrement de la neige, surtout si elle est abondante, car elle les contraint Ă des efforts accrus alors que la nourriture se fait rare. Bien que le climat ne soit pas dĂ©terminant dans l'installation dans une rĂ©gion, il influence fortement ses habitudes et sa maniĂšre d'utiliser l'espace.
ForĂȘts
Tous les habitats de chamois, sans exceptions, comprennent au moins un secteur forestier, qui leur offre gĂźte, couvert et protection. Contrairement Ă une idĂ©e reçue, certains chamois vivent toute l'annĂ©e dans la forĂȘt (populations sylvicoles), contrairement aux populations rupicoles, qui passent leur Ă©tĂ©s et automnes plus haut que celle-ci.
Mode de vie
Cycle de vie au cours des saisons
- Au printemps les chamois commencent Ă quitter la forĂȘt qui les a protĂ©gĂ©s pendant l'hiver, et repartent plus haut en quĂȘte des premiĂšres touffes d'herbe. C'est aussi vers cette Ă©poque qu'a lieu la mue printaniĂšre, qu'ils garderont un peu plus de 3 mois. Des lambeaux de toison pendent encore, donnant l'impression qu'ils sont atteints d'une maladie. On peut trouver des lieux semĂ©s de poils, oĂč se sont grattĂ©s les chamois : cette mue leur donne des dĂ©mangeaisons.
- à la fin mai - début juin a lieu la mise à bas. AprÚs moins d'une heure, les chevreaux peuvent se lever, et aprÚs une à deux semaines ils intÚgrent la harde, parfaitement capables de la suivre. C'est aussi à cette époque que sont sevrés les éterles et éterlous de l'année précédente.
- En été, les chamois bénéficient d'une nourriture abondante, et ils en profitent pour constituer des réserves de graisse qui leur permettront de passer l'hiver.
- Vers la fin de l'Ă©tĂ©, dĂ©but de lâautomne a lieu la seconde mue, peu spectaculaire : ils perdent leur pelage d'Ă©tĂ©, et de nouveaux poils poussent, assombrissant progressivement le pelage d'Ă©tĂ©; puis de nouveaux poils poussent, plus longs et Ă©pais, rendant le pelage presque noir, offrant ainsi une protection excellente contre le froid. Ce pelage est portĂ© pendant presque huit mois (septembre - avril).
- La période du rut a lieu en automne.
- En hiver, la nourriture est rare, et la mortalité est maximale, par ailleurs, elle est corrélée avec l'épaisseur de la couche de neige. Les chamois sont réduits à manger les arbustes, et les quelques herbes qui dépassent du manteau neigeux.
Horaire journalier
Les chamois sont gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ©s comme des animaux diurnes, mais on pense aujourdâhui quâils peuvent aussi ĂȘtre actifs de nuit. Il est cependant difficile de les observer dans lâobscuritĂ©. Ils passent prĂšs de la moitiĂ© de leur temps Ă se nourrir. Un quart du temps est consacrĂ© au repos, durant lequel sâeffectue la rumination. Ils consacrent Ă©galement un certain temps aux dĂ©placements. Le reste de la journĂ©e ils surveillent les environs et entretiennent les relations sociales, et les jeunes jouent. Leur journĂ©e consiste en une alternance de phases dâactivitĂ© et de repos, de durĂ©es variables. Les membres dâune harde ne sâadonnent que rarement tous en mĂȘme temps Ă une activitĂ©, mais on peut observer une tendance sur la harde.
Les saisons influent sur ce rythme. En Ă©tĂ© et automne, les chamois ont tendance Ă sâalimenter en dĂ©but et fin de journĂ©e, typiquement de 6 h Ă 12 h et de 14 h Ă 18 h, encadrant ainsi une phase de repos. Câest Ă cette pĂ©riode quâils passent le moins de temps Ă sâalimenter, et on pense quâils se nourrissent aussi la nuit. En hiver, ils se nourrissent gĂ©nĂ©ralement trois fois. Au printemps, amaigris, ils se nourrissent presque tout le jour.
Ceci est valable pour les cabris, les Ă©terles et les femelles et partiellement pour les Ă©terlous. Les mĂąles adultes, au printemps et surtout en automne, lors du rut, passent Ă©normĂ©ment de temps dans les interactions sociales et lâobservation, au dĂ©triment de lâalimentation.
Composition des hardes
Les chamois se regroupent par bandes appelĂ©es hardes. Une harde se compose en premier lieu du mĂąle appelĂ© bouc, vivant en solitaire de juin Ă octobre. Durant la pĂ©riode des amours â le rut â dĂšs le mois dâoctobre, il se met dans tous ses Ă©tats et devient trĂšs agressif envers les autres chamois. Il peut aller jusquâĂ charger un homme en le confondant avec un chamois, lâĂ©vitant lorsquâil se rend compte de sa mĂ©prise.
Dans le groupe, on trouve Ă©galement la femelle, appelĂ©e chĂšvre. Au mois de juin, elle quitte la harde pour aller sâisoler sur dâĂ©troites falaises herbeuses et mettre au monde un cabri quâelle Ă©lĂšvera jusquâĂ lâĂąge dâun an.
Le cabri est aussi appelĂ© chevreau. Il ne quitte jamais sa mĂšre et lorsque cela se produit, la chĂšvre le rappelle auprĂšs dâelle par un bĂȘlement sourd et rauque. Si câest lui qui la perd, il Ă©met un chuintement bĂȘlĂ© auquel elle rĂ©pond. Les cabris sont trĂšs joueurs, ils se poursuivent, font des cabrioles, glissent sur les nĂ©vĂ©s. AprĂšs 20 jours, des bosses annoncent lâarrivĂ©e des cornes. Un cabri ne peut se passer de sa mĂšre quâaprĂšs quatre mois, sinon il risque la mort, Ă moins de se faire adopter par une autre femelle. Mais, lâadoption est un phĂ©nomĂšne trĂšs rare chez les chamois.
LâĂ©terlou qui est un chevreau mĂąle dâune annĂ©e vit encore avec sa mĂšre, tout comme lâĂ©terle, la femelle dâun an.
La derniĂšre bĂȘte composant la harde est la brĂ©haigne, celle-ci est une vieille femelle stĂ©rile.
Vie de harde
Elle peut ĂȘtre constituĂ©e dâune centaine de chamois mais Ă©galement de quelques tĂȘtes. Sa composition ne change pas de juillet Ă octobre oĂč lâon trouve des mĂšres escortĂ©es de leur chevreau, leur Ă©terle ou Ă©terlou, ainsi que des femelles stĂ©riles, des jeunes boucs et parfois de vieux boucs. Les boucs adultes ont quittĂ© la harde et vivent en solitaires ou par groupe de deux ou trois du printemps au mois dâoctobre quand dĂ©bute la saison des amours.
Câest la vieille femelle stĂ©rile, la brĂ©haigne, qui mĂšne le groupe. Dans les couloirs dâavalanches ou les passages dĂ©licats, câest elle qui passe la premiĂšre et les autres suivent un par un. Ătant stĂ©rile, la perte est moins grave en cas dâaccident.
Lorsque la chĂšvre met bas, vers le premier juin, elle chasse lâĂ©terlou qui lâaccompagne depuis sa naissance et sâisole Ă son tour de la harde. LâĂ©tĂ© suivant, le petit est dĂ©brouillard mais il se joindra tout de mĂȘme Ă la harde avec sa mĂšre.
La harde est trĂšs bien organisĂ©e, câest pour cela que lors dâune attaque lâordre est maintenu. Elle peut changer de direction avec la prĂ©cision impeccable dâun escadron.
Relations intra-spécifique
PĂ©riode des amours
Il est possible que le rut soit dĂ©clenchĂ© par le raccourcissement de la durĂ©e du jour. Cette rĂ©duction photopĂ©riode provoquerait une stimulation hormonale qui engendrerait la formation de spermatozoĂŻdes chez le mĂąle et dâovules chez la femelle.
Le rut a lieu dĂšs la fin du mois dâoctobre et jusquâau mois de dĂ©cembre. Les boucs, isolĂ©s durant la belle saison, rejoignent les femelles. Ă cette Ă©poque, ils frottent leurs cornes contre les arbres, buissons et rochers, afin de marquer leur territoire dâune forte odeur musquĂ©e, provenant dâun liquide contenu dans deux glandes hormonales, situĂ©es Ă la base de leurs cornes. Cette odeur permet dâalerter les femelles mais aussi de mettre en garde les autres concurrents.
Les femelles ne provoquent jamais les mĂąles. Elles restent entre elles avec leur petit. Ce qui change de leurs habitudes est le fait dâuriner plus frĂ©quemment et de laisser une odeur qui permettra au mĂąle de savoir quel est leur degrĂ© de rĂ©ceptivitĂ©.
Combats entre mĂąles
Les mĂąles adultes sont trĂšs vigilants durant cette pĂ©riode, ils observent lâattitude de leurs congĂ©nĂšres, mangent Ă la sauvette et sont de plus en plus agressifs.
Pour marquer leur territoire, ils utilisent leurs glandes rĂ©trocornales ou alors, ils sâaspergent de leur urine en secouant leur flanc avec vigueur.
Si un jeune mĂąle arrive vers lui, le bouc adulte se contente de lâattendre sur place ou avance gentiment en hĂ©rissant sa barbe, marque les vĂ©gĂ©taux quâil rencontre, puis le jeune sâenfuit. Avant la fuite, il se sera soumis par son Ă©tat qui se reconnaĂźt facilement : il flĂ©chit les membres, baisse la tĂȘte, sâapproche latĂ©ralement du dominant jusquâĂ le toucher de son museau. Il arrive mĂȘme quâil se mette Ă uriner comme une femelle.
Lorsque deux adultes de mĂȘme stature se rencontrent, ils se battent. Ils se lancent dans des poursuites infernales, sâentrechoquent les cornes et parfois mĂȘme se frappent sous le ventre pour se pousser dans le vide.
Attitude de la femelle et du mĂąle
Quand le bouc est Ă plusieurs mĂštres de la femelle, il a une attitude dominatrice. Il essaie de se rendre le plus imposant possible en se redressant sur ses pattes avant, la tĂȘte en arriĂšre, la criniĂšre hĂ©rissĂ©e, tambourinant des pattes avant.
La femelle est le plus souvent effrayĂ©e et sâenfuit au galop, le bouc la poursuit. Le plus souvent celle-ci est accompagnĂ©e de son chevreau qui pleurera de ne pas rĂ©ussir Ă les suivre. Ce comportement va gĂȘner le mĂąle qui menacera le petit pour quâil parte. La mĂšre rejoint alors son petit et le mĂąle devra recommencer son approche.
Pour arriver Ă accoupler la chĂšvre, le mĂąle la poursuit parfois jusquâĂ son Ă©puisement, alors elle ne pourra plus le refuser. Dans des cas extrĂȘmes, ils se mettent Ă deux lâun lâempĂȘchant de sâenfuir et lâautre lâaccouplant.
DĂšs que celle-ci a acceptĂ©, le mĂąle abandonne son attitude dominatrice et devient soumis : tĂȘte baissĂ©e, criniĂšre aplatie, menton levĂ©, queue parfois relevĂ©e. Il avance Ă pas saccadĂ©s en faisant deux pas rapides puis un net arrĂȘt, il lĂšve le cou et la patteâŠet recommence jusquâĂ ce quâelle soit convaincue. On reconnaĂźt lâacceptation de la femelle lorsquâelle sâaccroupit en penchant la tĂȘte en avant. Il arrive que certaines soient totalement dĂ©sintĂ©ressĂ©es et continuent Ă brouter durant le coĂŻt.
CoĂŻt
Lâacte sexuel dure 4 Ă 6 secondes. Il arrive que plusieurs mĂąles s'accouplent avec la mĂȘme femelle et ceux-ci procĂšdent Ă plusieurs saillies sur la mĂȘme chĂšvre. Les mĂąles sont polygames. La maturitĂ© sexuelle des chamois est atteinte Ă partir de 18 mois pour les deux sexes, mais les mĂąles n'accĂšdent gĂ©nĂ©ralement au rut qu'Ă 3 ou 4 ans. AprĂšs la pĂ©riode de rut, les mĂąles sont gĂ©nĂ©ralement trĂšs fatiguĂ©s et retournent Ă leur solitude, dormant beaucoup. Si lâhiver est prĂ©coce et trop rude, il arrive Ă certains boucs de mourir dâĂ©puisement. Les mĂąles dominants qui ont plus de succĂšs peuvent perdre jusquâĂ 25 % de leur poids habituel entre le dĂ©but novembre et la fin dĂ©cembre.
Gestation et mise bas
Le temps de gestation est de 24 Ă 25 semaines, environ 170 jours, et la mise bas a lieu en fin mai, dĂ©but juin. La femelle nâa quâun chevreau Ă la fois, les jumeaux sont rares. Ă cette Ă©poque, la mĂšre se sĂ©pare de son chevreau de lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente. Pour cette sĂ©paration, elle doit parfois employer ses cornes car il ne comprend pas pourquoi son dĂ©part est dĂ©sirĂ©. La femelle libĂ©rĂ©e sâisole pour mettre bas.
Nouveau-né
La mise bas est trĂšs rapide. DĂšs que cela est fait, la mĂšre allaite et lĂšche le nouveau-nĂ© jusquâĂ ce quâil soit complĂštement sec. Le nouveau-nĂ© s'appelle le cabri. GĂ©nĂ©ralement elle recherche un endroit difficile dâaccĂšs pour assurer sa tranquillitĂ©. Mais il arrive que lâaccouchement se dĂ©clare prĂ©maturĂ©ment, dans ce cas lĂ , elle risque de mettre bas dans un endroit trĂšs dĂ©gagĂ© ce qui peut ĂȘtre un danger pour le chevreau vis-Ă -vis des prĂ©dateurs.
à sa naissance, le jeune chamois mesure environ 50 cm de longueur et 35 cm au garrot ; son poids est de 2 à 2,7 kg. AprÚs quelques heures, il est déjà capable de se tenir debout. Une semaine aprÚs, les deux rejoignent le troupeau. Assez rapidement le petit se met à jouer avec les autres de la harde.
Le lait est extrĂȘmement nourrissant et permet au nouveau-nĂ© de prendre une centaine de grammes par jour en moyenne. AprĂšs deux mois il pĂšse entre 9 et 10 kilogrammes et broute dĂ©jĂ . Ă partir de 3 mois, la mĂšre ne voudra plus lâallaiter, mais il sera complĂštement sevrĂ© Ă la pĂ©riode du rut qui suivra. Il aura alors atteint la moitiĂ© du poids dâun adulte. Les orphelins ne sont jamais adoptĂ©s par une femelle ayant dĂ©jĂ un petit et il est rare quâune femelle adopte un chevreau. La plupart du temps, ceux-ci sont condamnĂ©s Ă disparaĂźtre.
Relations interspécifiques
Bonne cohabitation
- Chamois / moutons petits troupeaux locaux ou transhumants bien conduits et mis en enclos la nuit et petits troupeaux de vaches laitiĂšres :
Lâentente est relativement bonne et le chamois, sans pĂąturer Ă leur cĂŽtĂ©, bĂ©nĂ©ficiera de zones d'alpage non surpĂąturĂ©es.
- Chamois / chevreuils et marmottes :
Ils vivent en bonne harmonie, ils sâalertent mutuellement en cas de danger. Le chevreuil, bien que plus forestier, donne un bref aboiement et la marmotte un coup de sifflet.
- Chamois / bouquetins :
Ils cohabitent assez facilement sur un mĂȘme massif. Cependant ils n'ont pas tout Ă fait les mĂȘmes besoins : au printemps les petites hardes de bouquetins recherchent l'herbe nouvelle des fonds de vallĂ©es, ce qui les pousse Ă s'approcher trĂšs prĂšs des hommes et des cultures contrairement aux chamois. En plein Ă©tĂ© comme au cĆur de l'hiver, au moment du rut, le bouquetin se contente de l'herbe rase et de lichen des crĂȘtes les plus escarpĂ©es. Lâharmonie ne peut pas ĂȘtre mauvaise. Dans la nature, il n'y a pas de rĂ©el combat, mais il est dĂ©jĂ arrivĂ© que des rixes Ă©clatent en parc animalier.
Mauvaise cohabitation
- Chamois / moutons petits ou grands troupeaux locaux ou transhumants d'ovins livrĂ©s Ă eux-mĂȘmes
- De tels troupeaux sont trĂšs dĂ©rangeants. De mĂȘme la concurrence alimentaire est trĂšs dommageable pour le chamois sur ses quartiers d'hivernage. Ces troupeaux sont Ă l'origine de la transmission de maladies telles que la kĂ©ratoconjonctivite infectieuse, le piĂ©tin, la gale sarcoptique ou la brucellose.
- Chamois / chiens errants et surtout chiens de berger mal éduqués ou chiens de chasse
- Les chiens les poursuivent jusquâĂ ce quâils quittent leur domaine mais cela nâest quâune fuite momentanĂ©e.
- Ses prédateurs
- Le lynx et le loup chassent le chamois adulte mais lâaigle royal, les grands corbeaux, lâours brun ainsi que le renard roux sâattaquent aux petits cabris ou aux sujets affaiblis. Lorsque le chamois est alertĂ© et paniquĂ©, il avance par bonds.
- Relations forestiers - paysans - chasseurs - promeneurs
- Le chamois Ă©prouve de la circonspection et de la timiditĂ© dans ses rapports avec les humains surtout sur les territoires chassĂ©s. Il sera plus tolĂ©rant envers l'Homme Ă partir du moment oĂč celui-ci reste confinĂ© sur les sentiers.
Le chamois ne discerne pas le promeneur, le bûcheron, du berger ou du porteur de fusil. Seule la façon de se déplacer et les itinéraires des uns et des autres lui permettent de faire la différence. Un chasseur marchant sur un sentier connu et trÚs fréquenté de longue date sera moins redouté qu'un seul et inoffensif touriste escaladant un versant.
Contrairement aux idĂ©es reçues, il n'arrive pas Ă discerner une pierre qui tombe naturellement d'une pierre dĂ©tachĂ©e par une personne. Par contre il sait intuitivement qu'il y a des lieux (couloirs, ravins), des heures et des saisons oĂč ces chutes sont naturelles. En dehors de ces cas il rĂ©agit par la mĂ©fiance.
Le chamois n'est pas gĂȘnĂ© par la piste olfactive ou les empreintes dâun homme, pour la simple raison qu'il ne se dĂ©place pas sur les mĂȘmes traces et sentiers que lui. Il a ses propres itinĂ©raires souvent trĂšs raides et face Ă la pente et non en courbe de niveau.
Les activitĂ©s liĂ©es au ski et les survols d'hĂ©licoptĂšre peuvent ĂȘtre trĂšs dĂ©rangeantes pour le chamois. De mĂȘme que le parapente dont l'ombre au sol peut se confondre avec celle de lâaigle royal.
Les hommes nâont pratiquement rien Ă reprocher aux chamois si ce nâest de manger les bourgeons, les pousses et lâĂ©corce de certaines plantes ou arbres. Au contraire, ils ne sont pas responsables de surpĂąturages ni de lâĂ©rosion des sols.
Causes de mortalité
Hiver
Lâhiver est la pĂ©riode la plus rude pour les chamois. Les mĂąles sortent du rut, et ont donc durement ponctionnĂ© leurs rĂ©serves. Les femelles doivent dĂ©velopper leur futur cabri, alors que la nourriture se fait rare et peu Ă©nergĂ©tique.
De plus, les abondantes chutes de neige cachent lâherbe, forçant les animaux Ă de pĂ©nibles dĂ©blayages sâils veulent trouver de la nourriture. La neige provoque Ă©galement des avalanches, que les chamois ne parviennent pas toujours Ă Ă©viter. La mortalitĂ© hivernale est dâailleurs Ă©troitement corrĂ©lĂ©e avec la hauteur de neige. Les jeunes de lâannĂ©e y sont particuliĂšrement sensibles, et beaucoup ne survivent pas Ă leur premier hiver.
Maladies
Les chamois sont rĂ©guliĂšrement affectĂ©s par des parasites, quâils soient internes â strongles ou tĂ©nias â ou externes âpoux, tiques. Ils sont rarement mortels en eux-mĂȘmes, mais affaiblissent lâanimal et le rendent plus sensible aux maladies.
Celles-ci sont gĂ©nĂ©ralement peu spectaculaires, ne tuant que les animaux affaiblis en fin dâhiver ou au printemps. Mais il peut arriver quâelles dĂ©gĂ©nĂšrent en violentes Ă©pizooties, telles la bronchopneumonie ou la gale scarcoptique. Toutefois, la kĂ©ratoconjonctivite est la plus connue. Elle affecte lâĆil, en lâinflammant, lâulcĂ©rant et pouvant conduire au percement de celui-ci. La contagion est rĂ©putĂ©e surtout se propager lors du rut automnal et en Ă©tĂ© (oĂč les insectes vecteurs se posent sur les yeux gonflĂ©s et purulents des animaux malades). Les animaux se dĂ©placent avec peine ; les aveugles se laissent approcher de prĂšs, et parfois tombent des rochers. JusquâĂ 95 % des individus peuvent ĂȘtre affectĂ©s, mais le taux de mortalitĂ© ne dĂ©passe pas 20 %, ce qui nâempĂȘche pas quâil faille plus de 10 ans pour que la population retrouve son effectif initial. Une variante trĂšs contagieuse et virulente de kĂ©ratoconjonctivite affecte les chamois du Sud de la France et dâune vallĂ©e suisse (depuis aoĂ»t 2007 dans le Mercantour oĂč aucun cas n'avait Ă©tĂ© observĂ© depuis 1920). Des scientifiques ont observĂ© des animaux ayant dĂ©veloppĂ© une seconde infection alors qu'ils devraient ĂȘtre immunisĂ©s Ă la suite de la premiĂšre, ce qui laisse envisager que lâagent infectieux responsable de cette kĂ©ratoconjonctivite ait pu muter, ce qui est d'autant plus plausible que cette Ă©pizootie pourrait venir dâun troupeau ovin mal soignĂ© dans le Viso italien.
La maladie des abcÚs du chamois est signalée en IsÚre en 2004[10].
Aigle royal
Lâaigle royal est lâun des plus grands prĂ©dateurs du chamois. Il attaque rarement les adultes, lesquels savent se dĂ©fendre avec leur cornes, mais sâils se trouvent en position dĂ©licate, il nâhĂ©site pas Ă les prĂ©cipiter dans le vide. Les handicapĂ©s, les blessĂ©s ou ceux en mauvaise santĂ© sont plus frĂ©quemment attaquĂ©s, tandis que les nouveau-nĂ©s sont des proies de luxe. Lâaigle nâhĂ©site pas Ă sây attaquer, mĂȘme si le petit cabri a un poids Ă la limite de sa capacitĂ© de transport (3 Ă 6 kilogrammes), ce qui peut le contraindre Ă se poser et Ă peut-ĂȘtre laisser Ă©chapper sa proie. Beaucoup dâattaques se soldent par des Ă©checs, et donc lâimpact de ce prĂ©dateur sur les populations est mal connu.
Renard
Le renard peut Ă©galement poser problĂšme aux chamois affaiblis, malades, ou aux nouveau-nĂ©s. Les chamois en bonne santĂ© ne sont que peu inquiĂ©tĂ©s par cet animal, et peuvent mĂȘme le chasser sâil sâapproche trop prĂšs.
Ours brun
Lâours brun, dans les rĂ©gions quâil habite encore, est un grand chasseur de chamois. Cependant, du fait de sa quasi-disparition, il ne menace que rarement des chamois en Europe de l'Ouest.
Loups
Compte tenu de sa densité de population, le chamois est la proie principale du loup dans les Alpes françaises particuliÚrement en hiver jusqu'au début du printemps. Cependant le pourcentage de prélÚvement n'excÚde pas en moyenne 2 %. Contrairement aux idées reçues le chamois échappe le plus souvent aux attaques du prédateur surtout s'il est en possession de tous ses moyens. Avec le bouquetin et à part les plus jeunes, les malades ou les plus vieux, c'est l'ongulé de montagne le moins sensible à la prédation du loup.
Lynx
GrĂące Ă ses capacitĂ©s de chasseur et Ă sa vitesse, le lynx peut sâattaquer Ă des chamois de tous Ăąges et toutes tailles. Cet animal avait presque disparu au cours du siĂšcle dernier, mais il est actuellement rĂ©introduit en Suisse et recolonise naturellement les Alpes françaises principalement en Basse et Haute-Maurienne[11].
Oiseaux
Les corvidĂ©s, tels que le grand corbeau surtout, peuvent harceler Ă lâoccasion des animaux dĂ©jĂ malades et mourants, espĂ©rant accĂ©lĂ©rer leur chute et leur trĂ©pas.
Chasse
Le chamois Ă©tait trĂšs menacĂ© : les densitĂ©s de populations Ă©taient au plus bas jusque dans les annĂ©es 1960, et l'Ă©tendue de son territoire bien moindre quâaujourdâhui. Le record mondial de chasse est dĂ©tenu par le prince Auguste de Saxe-Cobourg (Autriche), qui en abattit 3 412 Ă lui seul. Le braconnage incontrĂŽlĂ© des populations rurales faisait des ravages dans les populations.
Aujourd'hui, grĂące au dĂ©peuplement des zones rurales, Ă la recolonisation forestiĂšre, Ă la crĂ©ation de rĂ©serves de chasse, de rĂ©serves naturelles et surtout de vastes parcs nationaux, ainsi qu'Ă la mise en place de plans de chasse, lâhomme en tue moins ; ainsi le chamois prospĂšre de nouveau et sâĂ©tend sur de nouveaux territoires quelquefois grĂące Ă des translocations de populations.
Autres
Les chutes de pierres dans les couloirs peuvent blesser ou tuer le chamois malchanceux. Une patte brisĂ©e ne signifie pas forcĂ©ment la mort, car lâanimal peut se montrer parfaitement capable de suivre la harde. Il peut Ă©galement ĂȘtre blessĂ© en chutant, en recevant une balle mal ajustĂ©e, au cours dâun combat, ou en entrant en collision avec des vĂ©hicules. Les malformations et intoxications peuvent Ă©galement survenir, entraĂźnant parfois la mort.
DĂ©placement
Les chamois se déplacent par bonds, et les plus vifs peuvent prendre la fuite à une vitesse maximale de 50 km/h[12].
Nom
Le mot chamois provient d'un nom alpin prĂ©indoeuropĂ©en kamo(r)c* donnant les formes rhĂ©to-romanes kamuoÄ, cjamorto ou italienne dialectale kamuĆŸu, portugais camurça, allemand GĂ€mse du v.h.a. Gamiza. En gaulois, il prend le nom de camox[13] et le restera en latin mĂ©diĂ©val camox, d'oĂč le français chamois, l'italien camoscio ou l'espagnol gamuza[14].
Calendrier
Le 15e jour du mois de messidor (« des moissons ») du calendrier républicain français est officiellement dénommé « jour du chamois »[15], généralement chaque 3 juillet du calendrier grégorien.
Notes et références
- Nommé à l'origine Capra rupicapra par Carl von Linné.
- ou olympicaâŠ
- synonymes : alpina, capella, cartusiana, dorcas, europea, faesula, hamulicornis, sylvatica, tragusâŠ
- La faune en Auvergne
- Bernard Collin, Petit dictionnaire de la médecine du gibier, Le gerfaut, , p. 104
- M. Couturier, « ParallĂšle anatomique physiologique et Ă©cologique entre le pied du bouquetin (Capra ibex ibex) et celui du chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra) en rapport avec lâadaptation Ă la montagne des deux espĂšces », Mammalia, vol. XXII, no 1,â , p. 76-89
- Le Chamois et l'Isard, Office national de la chasse et de la faune sauvage
- (en) S.E.H. Ledger, C.A. Rutherford, C. Benham, I.J. Burfield, S. Deinet et al., Wildlife Comeback in Europe: Opportunities and challenges for species recovery. Final report to Rewilding Europe, London, the Zoological Society of London, BirdLife International and the European Bird Census Council, (lire en ligne)
- Raymond Campan, Richard Bon et Véronique Barre, Les Ongulés sauvages de France : bilan des recherches récentes, Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, , p. 114
- L. Gavet, P. Gibert, « La maladie des abcĂšs et lâĂ©tat sanitaire du chamois en IsĂšre », Revue faune sauvage (ONCFS), no 261, 2004, pages 35-41.
- [PDF] Bulletin d'information du RĂ©seau Lynx, no 13, 2007, page 29
- Faune Alpine Le Chamois
- Jean-Paul Savignac, Dictionnaire français-gaulois, La Différence, , p. 91
- The Oxford Dictionary of English Etymology
- Ph. Fr. Na. Fabre d'Ăglantine, Rapport fait Ă la Convention nationale dans la sĂ©ance du 3 du second mois de la seconde annĂ©e de la RĂ©publique Française, p. 28.
Références taxinomiques
- (fr) Référence INPN : Rupicapra rupicapra (Linnaeus, 1758) (TAXREF) (consulté le )
- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Rupicapra rupicapra
- Référence Ultimate Ungulate : Rupicapra rupicapra (en)
- (en) Référence Tree of Life Web Project : Rupicapra rupicapra
- (en) Référence Fauna Europaea : Rupicapra rupicapra (Linnaeus, 1758) (consulté le )
- (fr+en) Référence ITIS : Rupicapra rupicapra (Linnaeus, 1758)
- (en) Référence Animal Diversity Web : Rupicapra rupicapra
- (en) Référence NCBI : Rupicapra rupicapra (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espÚce Rupicapra rupicapra (Linnaeus, 1758) (consulté le )
Voir aussi
Liens externes
Bibliographie
- Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage : Chamois et Isards
- Biologie du Chamois (Rupicapra rupicapra) ; ThÚse de médecine vétérinaire (2001).
- Jean-Pierre et Jan-Chim Jost, Les Chamois, Cabédita, 2005
- ONCFS, Le chamois et l'isard, Ă©dition mise Ă jour (sommaire), 2015