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Les Drus

Les Drus constituent deux pics d'une montagne des Alpes de Haute-Savoie, situés dans le massif du Mont-Blanc.

Les Drus
Le petit Dru vu de la Mer de Glace, avril 2013
Le petit Dru vu de la Mer de Glace, avril 2013
GĂ©ographie
Altitude 3 754 m, Grand Dru[1]
Massif Massif du Mont-Blanc (Alpes)
CoordonnĂ©es 45° 55′ 58″ nord, 6° 57′ 23″ est[1]
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
DĂ©partement Haute-Savoie
Ascension
Première par Clinton Thomas Dent et James Walker Hartley, avec Alexandre Burgener et Kaspar Maurer
Voie la plus facile depuis le refuge de la Charpoua
GĂ©ologie
Type pic pyramidal
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Les Drus
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Savoie
(Voir situation sur carte : Haute-Savoie)
Les Drus

Les Drus comprennent deux sommets assez individualisés :

  • le Grand Dru (3 754 m, point culminant) ;
  • le Petit Dru (3 730 m), qui domine le Montenvers, possĂ©dant une paroi granitique de 1 000 m de haut, l'une des parois les plus raides des Alpes (pente moyenne supĂ©rieure Ă  75°[2]).

Toponymie

Les noms des montagnes font partie des couches les plus anciennes des toponymes. La plupart du temps ils sont d'origine celte ou indo-européenne. Pour les Celtes, la totalité du monde était symboliquement représentée par un arbre[3]. Dans la langue gauloise, le mot le plus courant pour désigner cet arbre est dru. Les druides étaient ceux qui avaient « la connaissance de l'arbre »[3] - [4] (dru, « arbre ou chêne », et uides, « savoir »).

Histoire

Carte topographique des Drus.

Historique des ascensions

  • 1878 : première ascension du Grand Dru par Clinton Thomas Dent, James Walker Hartley, Alexandre Burgener et K. Maurer, le 12 septembre
  • 1879 : première ascension du Petit Dru par Jean Charlet-Straton, Prosper Payot et FrĂ©dĂ©ric Folliguet, le 29 aoĂ»t
  • 1887 : François Simond, Émile Rey et Henri Dunod effectuent la première traversĂ©e du Grand au Petit Dru Ă  l'aide de longues cordes maintenues du haut et en empruntant plutĂ´t le versant Nord, le 31 aoĂ»t
  • 1913 : le 4 septembre, une caravane d'alpinistes tente de hisser sur le Petit Dru une statue mĂ©tallique, reproduction de la Vierge de Lourdes, en aluminium creux, mesurant presque un mètre de haut et pesant treize kilos. Le temps exĂ©crable les oblige Ă  disposer la statue Ă  quelque 3 000 mètres dans une anfractuositĂ© du rocher. C'est seulement après la guerre, le , que la statue est finalement hissĂ©e au sommet et scellĂ©e[5]
  • 1935 : première ascension de la face nord par Pierre Allain et Raymond Leininger, le 1er aoĂ»t
  • 1938 : première traversĂ©e hivernale des Drus par Armand Charlet et Camille Devouassoux, le 25 fĂ©vrier
  • 1938 : première de la face sud-est du Grand Dru par Laurent Grivel avec M. et Mme A. Frova, le 16 aoĂ»t
  • 1952 : pilier sud du Grand Dru par AndrĂ© Contamine et Michel Bastien
  • 1961 : première hivernale du Pilier Bonatti par Robert Guillaume et Antoine Vieille
  • 1964 : première hivernale de la face nord du Petit Dru par Georges Payot, Yvon Masino et GĂ©rard Devouassoux
  • 1967 : directissime sur la face nord, en hiver, par Yannick Seigneur, Michel Feuillerade, Jean-Paul Paris et Claude Jager[6]
  • 1969 : première solitaire de la face nord du Grand Dru par JoĂ«l Coqueugniot
  • 1971 : ascension solo de la voie directe Hemming-Robbins par Jean-Claude Droyer
  • 1974 : première ascension et première hivernale du couloir nord-est des Drus par Walter Cecchinel et Claude Jager, du 28 au 31 dĂ©cembre
  • 1976 : première ascension hivernale de la face nord du col des Drus par Walter Cecchinel et D. Stolzenberg
  • Face nord des Drus et sa « niche ».
    Face nord des Drus et sa « niche ».
  • Le petit et le grand Dru versant Charpoua (Sud).
    Le petit et le grand Dru versant Charpoua (Sud).
  • L'aiguille Verte versant Nant-Blanc (centre) et les Drus (Ă  droite).
    L'aiguille Verte versant Nant-Blanc (centre) et les Drus (Ă  droite).
  • Les Drus, tels qu'ils apparaissent durant l'ascension de la petite aiguille Verte vers le milieu de l'Ă©tĂ© 2003 ; entre le petit et le grand Dru, le couloir nord des Drus.
    Les Drus, tels qu'ils apparaissent durant l'ascension de la petite aiguille Verte vers le milieu de l'été 2003 ; entre le petit et le grand Dru, le couloir nord des Drus.
  • TraversĂ©e dans la voie Contamine en face Sud des Drus. Au second plan, la dent du Requin et en fond de tableau, le mont Blanc.
    Traversée dans la voie Contamine en face Sud des Drus. Au second plan, la dent du Requin et en fond de tableau, le mont Blanc.

La face Ouest des Drus

Pierre Allain, lors de l'ascension de la face Nord des Drus, estima qu'il serait sans doute impossible de gravir un jour le versant Ouest. Pourtant, dès 1952, le défi est relevé par A. Dagory, Guido Magnone, Lucien Bérardini et M. Lainé, en deux assauts successifs (1er au puis 17 au ). Cette tentative exige l'emploi intensif des techniques de l'escalade artificielle. Dès lors, un nouvel épisode de l'histoire des Drus commence.

Du 17 au , l’Italien Walter Bonatti escalade, seul, le pilier Sud-Ouest avec cinq bivouacs dans la face. Cette ascension est considérée comme un des plus grands exploits de l'histoire de l'alpinisme. En 2001 Jean-Christophe Lafaille ouvre une nouvelle voie en solitaire par la technique de l'escalade artificielle.

Sept ans après Walter Bonatti, Gary Hemming et Royal Robbins, deux grimpeurs venus des États-Unis, inaugurent une très importante variante menant directement de la base de la face au bloc coincé, dans la moitié supérieure, où elle rejoint la voie de 1952. Ouverte du 24 au , cette voie est baptisée la directe américaine et devint par la suite une grande classique. Ce n’est pas le cas de l'autre directe, toujours américaine, tracée en plein centre de la face par le même Royal Robbins, accompagné cette fois de John Harlin (10 au ). Extrêmement difficile, tant dans le domaine de l'escalade artificielle que de l'escalade libre, cette directissime américaine fut relativement peu répétée.

L'alpiniste René Desmaison s'est tout particulièrement illustré dans l'histoire de la face Ouest des Drus :

  • quatrième ascension de la voie originale, avec Jean Couzy (23-) ;
  • première ascension hivernale, toujours avec Jean Couzy, du 10 au , une des premières grandes entreprises tentĂ©es en cette saison ;
  • première ascension solitaire, enfin, les 28-, toujours par la voie classique.

Les années soixante-dix, et surtout quatre-vingts, sont marquées par une autre approche : peu importe que le tracé de la voie ouverte soit justifié par des critères géométriques, les ouvreurs se préoccupent désormais et avant tout de la qualité intrinsèque de l'escalade inaugurée.

La plus étrange est sans conteste la voie « Thomas Gross ». L'alpiniste passe une cinquantaine de jours dans la face Ouest des Drus, en plusieurs fois, afin de forcer coûte que coûte le passage. On raconte qu'il emporta sa guitare avec lui afin de se distraire aux bivouacs. Son itinéraire remontait la partie droite de la face. Il l'ouvrit du au , après l'avoir tenté en juin et septembre 1974 ainsi que du 10 au .

D'autres « lignes » viennent s'ajouter Ă  celles-ci. Ainsi, les frères RĂ©my (suisses) s'adjugent-ils les « strapontins du paradis » (1980), et Nicolas Schenkel et B. Wietlisbach la « voie des Genevois » (1981). L'annĂ©e suivante, une « directissime française » est tracĂ©e Ă  droite de sa version amĂ©ricaine par des cordĂ©es de l'École militaire de haute montagne. Christophe Profit participe Ă  cette entreprise avec Michel Bruel, HervĂ© Sachetat et Hubert Giot, ouvrant un itinĂ©raire remarquable car Ă  la fois direct et nouveau sur 600 des 1 000 mètres de dĂ©nivelĂ© de la face ().

Michel Piola, auteur de plusieurs centaines de voies nouvelles dans les Alpes, et Pierre-Alain Steiner tracent en 1984 et 1986 une remarquable ligne dans la partie gauche de la face, baptisée « passage cardiaque ».

En 1991, Catherine Destivelle entre dans l'histoire de l'alpinisme en traçant seule un itinéraire de haute difficulté et qui prit son nom, à droite de la voie Thomas Gross. Un peu plus tard, deux autres voies sont ouvertes par des solistes : Jean-Christophe Lafaille et Marc Batard.

Les éboulements ont effacé la plupart de ces itinéraires, à l'exception de ceux situés le plus à gauche de la paroi. Cela permet à terme une nouvelle génération de voies. Cependant, les alpinistes devront attendre plusieurs décennies avant que la roche ne se stabilise, même si certains audacieux comme Valery Babanov et Yuri Koshelenko se sont lancés quelques mois après l'éboulement de 1997 dans la zone critique pour tracer au plus vite une voie nouvelle et qui s'avéra éphémère (« Léna », début 1998).

À la suite de la seconde vague d'éboulements (2003-2005), une face à nouveau vierge de tout itinéraire s'offre aux ouvreurs. C'est ainsi que du au , Martial Dumas (guide de Chamonix) et Jean-Yves Fredriksen (guide de haute-montagne français) ouvrent une nouvelle voie dans cette face compacte et verticale. Pendant les huit jours dans la paroi, ils ont dû faire tomber les cailloux en équilibre et recourir à des techniques d'escalade artificielle.

En février 2021, quatre grimpeurs du Groupe militaire de haute montagne ouvrent, en hivernale, une voie nommée BASE dont l'ascension est diffusée en direct pendant quatre jours sur YouTube.

Éboulements

Éboulement aux Drus en septembre 2011

La face ouest des Drus forme une gigantesque face pyramidale haute de plus de mille mètres, qui est affectĂ©e par une intense Ă©rosion qui aboutit Ă  de frĂ©quents Ă©boulements massifs : neuf au total entre 1905 et 2011, pour un volume supĂ©rieur Ă  400 000 m3 de roches Ă©boulĂ©es. Cette Ă©rosion de la base vers le sommet commence probablement avec la fin du petit âge glaciaire, au XVIIIe siècle. Le pilier Bonatti, qui mesurait 500 m de haut, a ainsi disparu[2]. L'Ă©boulement de 2005 reprĂ©sente près des trois quarts du volume Ă©boulĂ© dans ce siècle et demi, les Ă©boulements de 1950 et 1997 reprĂ©sentant moins de 30 000 m3 chacun[2].

Le premier éboulement de la période est provoqué par le tremblement de terre de Chamonix du [2], d’une intensité macrosismique ressentie de VI sur l’échelle MSK[7]. L'éboulement de 1950 intervient pendant la période d'étés très chauds de 1942 à 1943, le changement climatique pouvant être responsable de l'importance et de la fréquence des éboulements[2].

RĂ©cemment, il a connu d'importants Ă©boulements en 1997, 2003, 2005 et 2011, dans lesquels lĂ  aussi le rĂ©chauffement a pu tenir un rĂ´le important. Ceux-ci ont affectĂ© considĂ©rablement la structure de la montagne et fait disparaĂ®tre nombre d'itinĂ©raires d'escalade historiques[8]. Celui de 2005 est provoquĂ© par la combinaison d'un Ă©tĂ© chaud accompagnĂ© de pluies abondantes, sur une paroi dĂ©jĂ  fragilisĂ©e par l'Ă©tĂ© caniculaire de 2003[2]. C'est le plus important de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e : 265 000 m3, les 29 et (le volume annoncĂ© tient compte de toutes les purges et Ă©croulements qui ont suivi jusqu'Ă  la fin septembre)[2]. Les roches Ă©boulĂ©es recouvrent une surface de 90 Ă  95 000 m2, sur une Ă©paisseur de 5 Ă  10 mètres, sur le glacier des Drus[2]. Des Ă©boulements moindres, mais nĂ©anmoins d'un volume total de 10 000 Ă  12 000 m3, surviennent les 10 et [9] - [10] et aussi un de 60 000 m3 le [11].

Littérature

Les Drus sont un lieu important du roman Premier de cordée, de Roger Frison-Roche.

Dans Meurtre au sommet de José Giovanni, l'action se déroule en grande partie aux Drus et à Chamonix, avec la présence de personnalités de l'époque.

Filmographie

L'intrigue du téléfilm de Jacques Ertaud, La Mort d'un guide, réalisé en 1974, se déroule en partie sur la face ouest des Drus.

Annexes

Liens externes

Notes et références

  1. « Carte IGN classique » sur Géoportail.
  2. Ludovic Ravanel et Philip Deline, « La face ouest des Drus (massif du Mont-Blanc) : évolution de l’instabilité d’une paroi rocheuse dans la haute montagne alpine depuis la fin du petit âge glaciaire », Géomorphologie : relief, processus, environnement, 4/2008-2009, p. 261-272.
  3. Xavier Delamarre, Les noms des Gaulois, Les Cent Chemins, (ISBN 978-1-5468-6932-0 et 1-5468-6932-8, OCLC 1023509935, lire en ligne), p 356
  4. Xavier Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise : une approche linguistique du vieux-celtique continental, Éditions Errance, (ISBN 978-2-87772-631-3 et 2-87772-631-2, OCLC 1055598056, lire en ligne), p 149
  5. 1919 - La Vierge des Drus
  6. « 1967 - du 8 au 15 fevrier ---------- Première de la voie des guides en face nord - Yannick Seigneur - Claude Jager - Michel Feuillerade - Jean Paul Paris », sur www.alpinisme.com (consulté le )
  7. BRGM, « fiche 740067 », Sisfrance, consultée le 7 septembre 2012
  8. (en) Joe Simpson, Melting Mountains - How Climate Change is Destroying the World's Most Spectacular Landscapes, 5 novembre 2005
  9. Un nouveau pan des Drus s’effondre, Le Dauphiné libéré
  10. Eboulement Drus 11-09-2011
  11. Éboulement du 30/10/2011 sur tvmountain.com
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