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Groupe militaire de haute montagne

Le Groupe militaire de haute montagne (GMHM) est composé d'une dizaine d'hommes, officiers, sous-officiers, et engagés volontaires de l'armée de terre française. Il constitue l'équipe de pointe de l'alpinisme et des expéditions lointaines de l'armée de terre[1].

Groupe militaire de haute montagne
Image illustrative de l’article Groupe militaire de haute montagne

Création Septembre 1976 par le général Laurens
Pays France
Type Experts montagne et grand froid de l'Armée de Terre
Rôle Trois missions : rayonnement, formation, expérimentation
Effectif 11
Fait partie de Armée de terre, 27e division alpine, École militaire de haute montagne
Surnom Le Groupe

Leurs missions consistent en la maîtrise des conditions physiques et climatiques extrêmes, la recherche et l'expérimentation, la formation au profit des troupes de montagne ainsi que la représentation à l'étranger.

Historique

Les armées ont toujours été pionnières dans le domaine de l'exploration et de l'aventure et particulièrement dans le domaine de la montagne. En effet c'est le capitaine Clerc du 159e bataillon d'infanterie alpine de Briançon qui importe le ski dans les armées en 1902, créant la première école de ski française. Plus tard l'École militaire de haute montagne (EMHM)[2] qui s'installe à Chamonix en 1932 est la première école nationale à délivrer l'enseignement de l'alpinisme[3].

Dans les annĂ©es 1970 le gĂ©nĂ©ral Laurens, commandant la toute nouvelle 27e division alpine et passionnĂ© par la montagne, comprenant que l'alpinisme de haut niveau demande du temps et des moyens, envisage de crĂ©er une structure adaptĂ©e avec « une Ă©lite d'alpinistes militaires capables de rivaliser avec les meilleurs dans le but de rĂ©aliser de grandes ascensions sur les massifs du monde entier ». Il confie alors cette mission au capitaine Jean Claude Marmier dĂ©jĂ  cĂ©lèbre pour ses premières (voie des Plaques en face Nord-Ouest de l'Ailefroide) et ses hivernales (Ă©peron Croz avec Georges NominĂ© en 1971)[3].

La sélection a lieu en septembre 1976. Le dernier jour alors qu'ils sont au refuge d'Argentière, le capitaine Marmier donne rendez-vous aux stagiaires le lendemain au refuge du Couvercle. Libre à eux de choisir une voie dans les faces Nord du Triolet, des Courtes, des Droites ou de la Verte. À l'issue de ce stage le GMHM est officiellement créé ; son effectif est alors fixé à dix[3].

Au cours de l'entraînement, le capitaine Marmier mène la vie rude à son équipe pour lui transmettre ses connaissances[3].

1976-1981 : entraînement et aguerrissement dans l'arc alpin

Durant cette période, le Groupe parcourt l'arc alpin pour perfectionner les savoir-faire de base du montagnard. Rien n'est laissé au hasard, il faut faire des alpinistes polyvalents et performants dans tous les domaines avant d'envisager des expéditions plus lointaines. Beaucoup d'ascensions sont des premières ou des répétitions (les Drus face ouest directissime, Eiger voie John Harlin)[3].

1981-1986 : début des expéditions lointaines

Le Groupe mène dĂ©jĂ  une première expĂ©dition en 1978 dans le massif de l'Apostolens au Groenland. Mais c'est en 1981 que dĂ©bute vraiment cette pĂ©riode d'alpinisme d'expĂ©dition. La première en Himalaya sur l'Everest par le versant tibĂ©tain quasiment inconnu n'est pas couronnĂ©e de succès, mĂŞme s'ils montent Ă  8 400 m, avec un objectif jugĂ© sans doute trop Ă©levĂ©. Mais le Groupe fait ses armes et les annĂ©es suivantes voient de nombreuses rĂ©ussites, en terre de Baffin, au Thalay Sagar, en Alaska, au Kamet, Ă  la face sud du Gyachung Kang[3].

1986-1993 : expérimentation de la troisième dimension

En 1986, Jean Claude Marmier quitte le commandement du Groupe, pour prendre plus tard la prĂ©sidence du Groupe de haute montagne puis de la FFME. Pour l'heure c'est le capitaine Alain Estève qui le remplace, il connaĂ®t bien le Groupe puisqu'il y est entrĂ© dès sa crĂ©ation. Il est Ă  l'origine d'aventures inĂ©dites et originales. Le GMHM expĂ©rimente le parapente, le deltaplane et la chute libre : dĂ©collage du sommet du mont Blanc Ă  trois sous un deltaplane, vol Ă  six sous un double parapente depuis le dĂ´me du GoĂ»ter, etc. Mais les expĂ©ditions ne s'arrĂŞtent pas pour autant. En 1984, le Groupe rĂ©alise son premier plus de « 8 000 », le Lhotse Shar. Un record mondial de vitesse Ă  l'Aconcagua est Ă©galement Ă  mettre Ă  son actif en 1992[3].

1993-1999 : le challenge des trois pĂ´les

En 1993, Ă  la suite de l'ascension de l'Everest (3e et 4e Français sans oxygène) et du Lhotse (première française), Alain Estève propose de poursuivre par l'exploration des deux pĂ´les[4]. En 1996, le pĂ´le Nord est atteint après 970 kilomètres en autonomie complète. Le pĂ´le Sud est atteint en 1999 après 1 350 kilomètres de raid, toutefois sans le commandant Estève victime d'une chute mortelle en Norvège entre-temps. C'est donc une première mondiale pour le sergent-chef Cayrol, l'adjudant-chef Bernard et lieutenant de Choudens qui atteignent les « trois pĂ´les Â»[3].

2000-2004 : le retour Ă  la montagne

Après cette période tournée vers les raids polaires, coûteuse en temps et en moyens, il a fallu trouver de nouveaux objectifs. Il a été décidé de revenir vers l'alpinisme et vers la haute altitude. En 2001 c'est l'ouverture d'une voie en terre de Baffin sur le pic Alain Estève et la deuxième ascension du mont Ross aux îles Kerguelen, 25 ans après l'expédition de la FFME[3].

En 2002, le Groupe rĂ©alise plusieurs ouvertures dans le massif de Garhwal en Inde (Arwa Tower, Arwa Spire, Arwa Crest) ainsi que l'ascension du Minya Konka (7 556 m) en Chine. L'accident qui coĂ»te la vie au lieutenant Renard et au capitaine de Choudens au Shishapangma, en 2003, met fin Ă  cette pĂ©riode. Ă€ partir de 2005, c'est donc une nouvelle pĂ©riode qui commence avec le challenge des 7[3].

2005-2010 : le challenge des 7 continents

« 7 alpinismes, 7 continents » : le Groupe s'est fixé pour objectif d'illustrer les différentes pratiques actuelle de l'alpinisme (découpé en 7 disciplines) à l'occasion d'expéditions aux quatre coin du monde. C'est dans le cadre de ce projet que le GMHM part au Mali en janvier 2005 pour ouvrir 7 voies (escalade libre) sur la Main de Fatma et le mont Hombori, puis en Patagonie chilienne, à l'automne de cette même année, dans le massif du San Lorenzo, où le Groupe ouvre une voie sur le Hombro-Norte (escalade mixte)[5].

2011 : traversée de la cordillère de Darwin

C'est le projet exploratoire des dernières années ; le GMHM doit se remettre en question afin de pouvoir se confronter à la difficulté de cette traversée. C'est grâce à la dynamique de groupe ainsi qu'à une préparation minutieuse que cette expédition un peu hors du commun a pu réussir. Cette traversée est une première mondiale qui a donné un film largement récompensé dans les festivals : Sur le fil de Darwin[6].

2012 : Kamet

6 mois après le retour de Darwin, le groupe avec une Ă©quipe de 4 alpinistes, part en Inde pour renouer avec le Kamet. En effet, le groupe avait dĂ©jĂ  ouvert une voie en style himalayen du temps de Jean-Claude Marmier. Premier retour depuis quelques annĂ©es vers la haute altitude, la voie ouverte, « Spicy game », est un succès et fait l'objet d'une nomination aux Piolets d'or[7]. Ce retour Ă  la haute altitude a un objectif : tenter de gravir un 8 000 m en style alpin avant d'ouvrir une voie sur l'un de ces 14 sommets[3].

2013-2014 : Shishapangma

Le Groupe retourne ainsi au Shishapangma, théâtre du drame qui a Ă©branlĂ© le groupe dix ans plus tĂ´t. NĂ©anmoins, 2013 n'est pas la bonne annĂ©e, trop de divergences de motivation au sein de l'Ă©quipe et surtout des conditions mĂ©tĂ©o dantesques (plus de deux mètres de neige sont tombĂ©s en une journĂ©e) contraignent le Groupe Ă  battre en retraite. C'est au printemps suivant qu'une Ă©quipe de quatre alpinistes repart vers cette montagne. Cette fois-ci est la bonne, l'Ă©quipe rĂ©pète en style alpin la voie Scott Mac Intyre (1982) en face Sud. C'est la première fois que le Groupe parvient Ă  gravir un 8 000 m en style alpin[8].

2015 : face Sud de l'Annapurna

Fort de l'expĂ©rience accumulĂ©e durant ce cycle de haute altitude, le Groupe se remet Ă  nouveau en question en essayant un nouveau protocole d'entraĂ®nement pour un projet d'ampleur : ouvrir une voie en style alpin dans la face sud de l'Annapurna. Après un an d'entraĂ®nement intense et de sacrifices pour l'Ă©quipe Annapurna, la montagne et une mĂ©tĂ©o trop chaude ne leur permettent pas de pouvoir s'exprimer dans cette immense face de presque 3 000 m de haut. S'ensuit alors une phase de remise en question qui dĂ©bouche sur des aspirations diffĂ©rentes au sein du Groupe. C'est pourquoi plusieurs dĂ©parts diffĂ©rents en expĂ©dition voient le jour en 2016[3].

Notes et références

  1. Groupe militaire de haute montagne, Alpine Mag.
  2. Ministère des Armées - L'armée de Terre, « École militaire de haute montagne », sur www.defense.gouv.fr, (consulté le )
  3. « Historique : 30 ans d'expéditions », sur Groupe militaire de haute montagne (consulté le )
  4. Le Groupe militaire de haute montagne (GMHM), Inflexions, no 3, 2006/2, DOI 10.3917/infle.003.0027, pages 27 Ă  31.
  5. Alpinisme: les 7 défis du "commando des cimes", La Dépêche, 31 décembre 2008.
  6. Patrick Filleux, Exploit du GMHM au Chili: "Nous avons toujours été sur le fil de Darwin", L'Express, 9 octobre 2011.
  7. Le Groupe Militaire de Haute Montagne (GMHM) remporte un Piolet d’or pour l’ascension du Kamet !, 31 mai 2013
  8. Franck Grassaud, Himalaya. Le Shishapangma gravi par la face Sud par le Groupe Militaire de Haute Montagne de Chamonix, France 3 Auvergne-RhĂ´ne-Alpes, 16 mai 2014.

Voir aussi

Articles connexes

Lien externe

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