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Cordillère Darwin

La cordillère Darwin (en espagnol : cordillera Darwin) ou cordillère fuégienne occidentale, est une chaîne de montagnes située au Chili, sur une péninsule à l’ouest de la grande île de la Terre de Feu. Elle représente le cordon montagneux le plus austral de la cordillère des Andes. Jusqu’en 2011, la cordillère Darwin était l'une des dernières terrae incognitae de la planète.

Cordillère Darwin
La cordillère Darwin, orientée est-ouest, se situe au sud-ouest de la grande île de la Terre de Feu
La cordillère Darwin, orientée est-ouest, se situe au sud-ouest de la grande île de la Terre de Feu
GĂ©ographie
Altitude 2 469 m, Mont Shipton
Massif Andes fuégiennes (Andes)
Longueur 170 km
Largeur 60 km
Superficie 10 200 km2
Administration
Pays Drapeau du Chili Chili
RĂ©gion Magallanes et Antarctique chilien

Toponymie

La cordillère Darwin est baptisée ainsi en 1832 par son découvreur, Robert FitzRoy, le capitaine du navire HMS Beagle, en hommage au naturaliste Charles Darwin qui séjournait à son bord.

GĂ©ographie

Situation

La cordillère vue du ciel

Elle est situĂ©e entre 54°15' et 54°50' de latitude sud et 69°15' et 71°30' de longitude ouest. C'est une bande de terre de 60 kilomètres de large pour 170 km de long principalement occupĂ©e par un champ glaciaire de plus de 2 300 km2 soit environ la mĂŞme superficie que l'ensemble des glaciers des Alpes. Son point culminant est le mont Shipton, dont l’altitude est de 2 469 m[1].

Elle est entourée de mer : longée au nord par le canal Almirantazgo — relié au détroit de Magellan —, au sud par le canal Beagle, elle se termine à l’ouest par le canal Cockburn et l’océan Pacifique. Seule sa partie Est est reliée à la terre, proche de la frontière avec l’Argentine. Les villes les plus proches sont Ushuaïa, en Argentine ainsi que Puerto Williams et Porvenir, au Chili. Cependant il est impossible de se rendre dans les montagnes depuis cette ville par voie terrestre, en raison d’un terrain particulièrement difficile et de problèmes frontaliers. Les navires et les voiliers sont les plus adaptés pour son accès. La cordillère Darwin fait partie du parc national Alberto de Agostini.

Principaux sommets

Principaux glaciers

Climat

Un sous-bois Ă  Caleta Beaulieu

La cordillère Darwin présente l'un des climats les plus extrêmes du globe. De caractère extrêmement changeant et violent (alternance de pluie, neige, vent, et périodes de calme), le climat de la cordillère rend son accession particulièrement difficile. Les précipitations y sont quasi continues sur toute l'année et ont créé d'immenses glaciers se jetant dans les fjords, comme la baie España et dans les canaux entourant la cordillère (le canal de Beagle et le canal Almirantazgo). La vitesse d'avancée de ces glaciers sont parmi les plus fortes du globe et rendent le terrain de la cordillère particulièrement changeant. Les coups de vent peuvent être redoutables et arriver de manière totalement imprévue et sans signe avant-coureur (ce vent appelé williwaw peut atteindre 250 km/h).

Ce climat particulier a fait se développer une végétation adaptée au climat rude de la cordillère (arbustes rachitiques, arbres recouverts de mousses).

Histoire

Après la découverte du détroit de Magellan en 1520 et du canal de Beagle en 1830, le premier véritable explorateur terrestre de cette cordillère, au début XXe siècle est le Père Alberto María De Agostini. Il s’est cependant cantonné aux parties le plus accessibles, à l’est et à l’ouest, comme le feront la plupart des explorateurs après lui. Une soixantaine d'expéditions seront menées entre 1950 et nos jours, à 95 % dans les parties est et ouest de cette chaîne de montagnes. Les sommets les plus tentés sont les monts Sarmiento, Francés, Bove et Roncagli. Cependant, le taux de réussite de ces expéditions est très faible.

En 1961, l'alpiniste anglais Eric Shipton, accompagnĂ© de trois Chiliens, gravit le sommet le plus Ă©levĂ©, le mont Shipton (2 469 m). Ă€ la suite d'une expĂ©dition nĂ©ozĂ©alandaise en 1970, le sommet a Ă©tĂ© nommĂ© mont Shipton par l'Institut gĂ©ographique militaire chilien pour Ă©viter la confusion avec le mont Darwin, visible depuis le canal de Beagle[1].

Simon Yates a effectuĂ© cinq expĂ©ditions dans lesquelles il a rĂ©alisĂ© la première du mont Ada (2 100 m), des monts Ionara I (2 340 m) et II (2 070 m) — il nomme ces sommets en l'honneur aux voiliers Ada et Ionara qui le mènent au pied des sommets Ă  partir du canal Beagle — et la troisième rĂ©ussite de l'ascension du mont Frances (2 200 m)[2].

La première traversée de la zone centrale, jusqu'alors inexplorée, a été réalisée en solitaire par l'explorateur franco-suisse Christian Clot en automne 2006, après plusieurs tentatives infructueuses, qu'il raconte dans le livre Ultima Cordillera, au cœur des tempêtes[3].

Cette zone reste majoritairement inexplorée et ne comporte que très peu de cartes (cartes de navigation ou des terrains au demeurant peu fiables). Les zones les plus souvent explorées se situent sur les extrémités Est et Ouest de la chaîne montagneuse.

Cependant, en 2008, une expédition canadienne, Darwin Range Traverse composée de Keri Medig, Steve Ogle et Dean Wagner, tente la traversée de la cordillère. Les mauvaises conditions climatiques et la difficulté du terrain font échouer leur objectif[4].

En septembre 2009, l'expĂ©dition française Un rĂŞve de Darwin dirigĂ©e par Yvan Estienne ne parvient pas Ă  atteindre son objectif de traverser d'est en ouest la cordillère après de nombreuses tentatives durant 45 jours et malgrĂ© un groupe composĂ© de 10 guides de haute-montagne[5]. Cependant, certains sommets vierges sont atteints comme celui qu'ils nomment mont Karine Ruby (1 200 m) en hommage Ă  la snowboardeuse française morte accidentellement en montagne en mai 2009[6].

Pour la première fois, le , une expĂ©dition Sur le fil de Darwin menĂ©e par le capitaine Lionel Albrieux et composĂ©e de cinq alpinistes — Lionel Albrieux, Sebastien Bohin, Didier Jourdain, Sebastien Ratel et Francois Savary — appartenant au Groupe militaire de haute montagne (GMHM) de l'armĂ©e française basĂ© Ă  Chamonix ainsi qu’un alpiniste civil Dimitri Munoz, a traversĂ© intĂ©gralement la cordillère de Darwin d’ouest en est soit 150 km et ce en totale autonomie. Partis du versant occidental de la chaĂ®ne montagneuse le 6 septembre, leur pĂ©riple s'achève sur les rives du canal de Beagle et a donc durĂ© 28 jours[7]. La prĂ©paration des alpinistes du GMHM n'a pas Ă©tĂ© nĂ©gligĂ©e. Le groupe s'est organisĂ© en fonction de paramètres dĂ©terminĂ©s, comme la durĂ©e de l'expĂ©dition — 35 jours Ă©taient initialement prĂ©vus. Les charges Ă  porter ont Ă©tĂ© optimisĂ©es, au gramme près, chacun transportant tout de mĂŞme sur son dos et son traineau 75 kg de matĂ©riel, nourriture comprise. Leurs smartphones leur ont servi de GPS.

Notes et références

  1. (es) Rodolfo J. Iturraspe, Glaciares de Tierra del Fuego, Buenos Aires, Editorial Dunken, , 184 p. (ISBN 978-987-02-5004-3, OCLC 858068890, lire en ligne), p. 148
  2. « Simon Yates » publié sur le site heason.net
  3. (en) John Harlin, American Alpine Journal, Extrait du livre sur Google livres
  4. French Succesfully Traverse Cordillera Darwin sur le site alpinist.com. Consulté le 20 avril 2013.
  5. « L'expédition "Un rêve de Darwin" n'y arrive pas » sur le site de rtl.fr
  6. « Compte rendu Darwin 2 / Équipe alpinistes - Pia »
  7. « Exploit historique des alpinistes de l'armée française en cordillère Darwin », dépêche de l'AFP.

Annexes

Bibliographie

  • Christian Clot, Ultima Cordillera, la dernière terre Inconnue, Ă©ditions Arthaud, 2007
  • (es) Patagonia Sur, Tierra del Fuego, Costa a Costa, Mapa 1 : 1 800 000, JLM Mapas Punta Arenas, Chile
  • (es) Carte Marine de Instituto Hidrográfico de la Armada de Chile, Boca Oriental del Estrecho de Magallanes A Islas Diego Ramirez, 1:50000, 1986-2009
  • (en) Patagonian & Fuegian Channels : Chilean fjords cruise chart, Buenos Aires, Zagier & Urruty Publications, (ISBN 1-879568-96-9)

Articles connexes

Liens externes

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