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Annapurna I

L'Annapurna I, en sanskrit, nĂ©palais et nepalbhasha अन्नपूर्णा, AnnapĹ«rṇa, autrefois Morshiadi, est un sommet du NĂ©pal, point culminant de l'Annapurna, un massif de l'Himalaya, avec 8 091 mètres d'altitude. C'est le dixième plus haut sommet du monde.

Annapurna I
Face Sud de l'Annapurna I.
Face Sud de l'Annapurna I.
GĂ©ographie
Altitude 8 091 m, Annapurna I Principal
Massif Annapurna (Himalaya)
CoordonnĂ©es 28° 35′ 46″ nord, 83° 49′ 13″ est
Administration
Pays Drapeau du NĂ©pal NĂ©pal
Province Gandaki Pradesh
Districts Myagdi, Kaski
Ascension
Première par Maurice Herzog et Louis Lachenal
GĂ©olocalisation sur la carte : NĂ©pal
(Voir situation sur carte : NĂ©pal)
Annapurna I

GĂ©ographie

L'Annapurna I est composĂ© d'un sommet principal culminant Ă  8 091 mètres d'altitude et de deux antĂ©cimes : l'Annapurna I Central Ă  8 051 mètres et l'Annapurna I Est Ă  8 010 mètres.

Premières ascensions

L'Annapurna I est le premier sommet de plus de 8 000 mètres Ă  avoir Ă©tĂ© gravi. Des altitudes plus Ă©levĂ©es — 8 500 m — ont Ă©tĂ© atteintes dans les annĂ©es 1920 sur l'Everest, mais aucune ne correspondait Ă  un sommet. Cet exploit est rĂ©alisĂ© par une expĂ©dition française le 3 juin 1950, et est entrĂ© dans les annales de l'alpinisme car c'est en outre le seul 8 000 Ă  avoir Ă©tĂ© gravi dès la première tentative, les alpinistes ne bĂ©nĂ©ficiant d'aucune expĂ©rience passĂ©e d'autres expĂ©ditions. Autre fait remarquable quoique jamais relevĂ©, dix membres de l'expĂ©dition sont arrivĂ©s au dernier camp avant le sommet, Ă  7 500 mètres d'altitude[1].

Sur la base des chiffres arrĂŞtĂ©s Ă  , c'est Ă  la fois le « 8 000 » ayant Ă©tĂ© conquis le moins de fois — 191 ascensions rĂ©ussies contre 5 656 Ă  l'Everest — et le plus dangereux de tous avec le plus fort taux de mortalitĂ© — 32 % contre 26 % au K2 et 4 % Ă  l'Everest, le sommet le plus sĂ»r Ă©tant le Cho Oyu avec 1,4 % de morts pour 3 138 ascensions[2] - [3].

Sommet principal

Le , Louis Lachenal et Maurice Herzog atteignent le sommet par la face Nord, avec une expédition comprenant Lionel Terray, Gaston Rébuffat, Marcel Ichac (cinéaste et le seul à avoir une expérience himalayenne grâce à l'expédition de 1936 au Karakoram), Jean Couzy, Marcel Schatz, Jacques Oudot (médecin) et Francis de Noyelle (diplomate assurant la coordination avec les autorités locales).

Cette victoire est la première conquĂŞte de l'un des quatorze sommets de plus de 8 000 mètres du globe. Cette expĂ©dition constituait aussi la première entrĂ©e d'EuropĂ©ens dans la rĂ©gion du NĂ©pal central, car le pays ne s'est ouvert au monde qu'en 1950. Ses membres ont donc Ă©tĂ© amenĂ©s Ă  redessiner la carte du massif de l'Annapurna. La victoire française Ă  l'Annapurna I en 1950 a eu un retentissement considĂ©rable dans le monde et particulièrement en France. Ses vainqueurs sont devenus de vĂ©ritables hĂ©ros nationaux et cette victoire — le premier « 8 000 » gravi par l'homme — est devenu un phĂ©nomène de sociĂ©tĂ©.

Préparation

L'expĂ©dition de 1950 est vĂ©cue comme la poursuite, et la revanche, de l'expĂ©dition française de 1936 au Karakoram. « Après l’échec de l’expĂ©dition de 1936 au Hidden Peak (8 068 mètres) dans le massif du Karakoram, dĂ» Ă  l’arrivĂ©e très prĂ©maturĂ©e de la mousson, Lucien Devies ne veut pas laisser le champ libre aux Britanniques et aux Allemands, auteurs chacun d’une trentaine d’expĂ©ditions dans l’Himalaya. »[4]

Il apparaĂ®t que Lucien Devies, patron de la FĂ©dĂ©ration française de la montagne (FFM), aurait voulu « un 8 000 Ă  tout prix[5]. »

Expédition

Comme il s'agit de la première incursion d'EuropĂ©ens dans le NĂ©pal central, la première tâche de l'expĂ©dition est d'explorer le terrain et de corriger les cartes existantes. Les explorateurs passent de longues semaines Ă  essayer de trouver les sommets Ă  conquĂ©rir, Ă  trouver le moyen d'y accĂ©der et Ă  jauger, sur les diffĂ©rentes faces, les difficultĂ©s Ă  surmonter. Tout cela exige des journĂ©es entières de reconnaissance par groupes de deux ou trois alpinistes, ce qui nĂ©cessite de gravir de « petits » sommets de 5 000 ou 6 000 mètres. Marcel Ichac trouve la voie vers le massif Ă  conquĂ©rir et baptise une vallĂ©e imprĂ©vue « VallĂ©e cachĂ©e » (en anglais Hidden Valley).

Vient ensuite le choix de l'objectif : le Dhaulagiri, l'Annapurna I ou un autre sommet ? Le choix se porte finalement sur l'Annapurna I, jugé plus accessible que le Dhaulagiri.

Commence ensuite l'assaut de la montagne proprement dit. C'est en général là que commence le travail pour les alpinistes actuels, au pied de voies bien balisées ou étudiées à l'avance. À ce moment, les membres de l'expédition de 1950 ont, pour leur part, déjà des milliers de mètres de dénivelé et nombre de premières dans les jambes. Et pourtant, malgré la fatigue et l'absence d'oxygène, le sommet de l'Annapurna I est conquis par Maurice Herzog et Louis Lachenal, le 3 juin 1950. L'opposition entre la conception de Maurice Herzog — le pari mystique et patriotique de l'alpiniste amateur — et celle de Louis Lachenal — la responsabilité et la prudence de l'alpiniste professionnel — se cristallise à l'approche du sommet.

Au cours de la descente, Herzog et Lachenal ont de nombreux doigts et orteils gelés et doivent subir des amputations. Au cours de la longue marche du retour — un mois de course-poursuite contre la mousson à travers la montagne, la forêt, les rizières d'un pays, le Népal, au niveau de vie médiéval, les blessés étant portés à dos d'homme — le chirurgien Jacques Oudot les soigne (et sauve une phalange à chaque doigt de Herzog) grâce à ses instruments professionnels (une première dans l'himalayisme).

Phénomène de société

« En France, la nouvelle est annoncée le 26 juin par Le Figaro. Le lendemain, l’ensemble de la presse reprend l’information. Le 17 juillet, le groupe arrive à l’aéroport d’Orly. Puis, le 19 août, un numéro spécial de Paris Match paraît. La photo de Lionel Terray, portant son compagnon Louis Lachenal dans ses bras, à la descente de l’avion, fait le tour du monde[6]. »

Le « phénomène Annapurna » est porté par sa médiatisation. Grâce à ses recettes, les projets des organismes de la montagne parviennent à financer plusieurs expéditions françaises dans les années qui suivent.

La médiatisation sera en particulier portée par :

  • le livre (best-seller) de Maurice Herzog Annapurna, premier 8 000 (1951) ;
  • le film de Marcel Ichac Victoire sur l'Annapurna ;
  • les reportages dans Paris-Match[7] ;
  • ultĂ©rieurement, un timbre Ă©mis en 2000.

Polémique

Le cinquantenaire de l'expédition victorieuse sur l'Annapurna I a donné lieu, vers 2000, à deux publications affirmant donner un nouveau point de vue : une nouvelle version des mémoires de Lachenal et la diffusion d'un film sur Canal+, Une affaire de cordée. Les principaux points soulevés ont été les suivants :

  • la diffĂ©rence de sensibilitĂ© entre les deux vainqueurs, Herzog et Lachenal, Ă  l'approche du sommet ;
  • le contrat, signĂ© par tous les membres de l'expĂ©dition avant le dĂ©part, en vertu duquel ils abandonnaient Ă  la FĂ©dĂ©ration française de la montagne (FFM) tous leurs droits de publication de souvenirs de l'expĂ©dition pendant cinq ans. Ce type de contrat Ă©tait en rĂ©alitĂ© courant Ă  l'Ă©poque Ă  la demande des bailleurs de fonds des expĂ©ditions (journaux, maisons d'Ă©dition). Celui de l'Annapurna a Ă©tĂ© exigĂ© par la maison d'Ă©dition Arthaud[8] ;
  • la personnalisation par les mĂ©dias de la victoire autour de la personne de Maurice Herzog, chef de l'expĂ©dition, au dĂ©triment en particulier de Louis Lachenal, lui aussi parvenu au sommet.

Face Sud du sommet principal

La face Sud de l'Annapurna I a été gravie pour la première fois en 1970 par Don Whillans et Dougal Haston, tous deux membres d'une expédition britannique emmenée par Chris Bonington. Cette expédition a coûté la vie à Ian Clough, victime d'une chute de séracs.

En 1991, la Belge Ingrid Baeyens fut la première femme à conquérir l'Annapurna I par la face Sud.

C'est sur cette même face que Pierre Béghin perdit la vie en octobre 1992 lors de la descente d'une tentative effectuée avec Jean-Christophe Lafaille, qui mit cinq jours à rejoindre le camp de base avec un bras cassé.

Sommet Est

La première ascension de l'Annapurna I par l'arête Est a été réalisée sans oxygène par les alpinistes suisses Erhard Loretan et Norbert Joos qui ont atteint le sommet le 24 octobre 1984 et sont descendus par la face Nord. En 2002, Jean-Christophe Lafaille a fait la première de l'arête Est en aller et retour avec Alberto Iñurrategi, sans oxygène.

Sommet central

La face Sud du sommet central (8 050 m), oĂą Alex McIntyre a trouvĂ© la mort en 1982, est aussi d’une grande difficultĂ©. Elle a Ă©tĂ© gravie pour la première fois en 1984 par les Espagnols Enric Lucas et Nil Bohigas en technique alpine. L’expĂ©dition a durĂ© neuf jours aller-retour[9] - [10].

Face Nord-Ouest du sommet principal

La face Nord-Ouest a Ă©tĂ© gravie sans oxygène pour la première fois en avril 1985 par les alpinistes Reinhold Messner — qui signait lĂ  son 11e sommet Ă  plus de 8 000 mètres — et Hans Kammerlander.

Sommet Est

Le sommet Est de l’Annapurna I a Ă©tĂ© gravi pour la première fois en 1984 par Erhard Loretan et Norbert Joos par l’arĂŞte Sud-Est qui dĂ©bouche sur une antĂ©cime appelĂ©e Roc Noir. Ils ont poursuivi leur ascension en passant sur le sommet Est, sur le sommet central et enfin sur le sommet principal, car ces sommets sont reliĂ©s par une longue arĂŞte. Ils ont passĂ© trois jours sur cette arĂŞte dont l'altitude moyenne est de 8 000 m puis ils sont redescendus par la voie française[9].

Première descente à ski

La première descente à ski a été réalisée en face nord par Andrej et Davo Karnicar en 1995[11].

Notes et références

  1. Christian Greiling, Annapurna 1950, un exploit français sous le feu de la cancel culture, Héliopoles, 2022, p. 100-101.
  2. Physiopathologie des pratiques sportives en haute altitude, par Laurent Grélot, faculté des sciences du sport de Marseille-Gap, université de la Méditerranée (2001), cité dans L'Express, [lire en ligne]
  3. Combien les 8000 sont ils dangereux ?
  4. Michel Raspaud, « La conquête de l’Annapurna », Le Monde, 3-4 juin 1990)
  5. Les Annales du GHM, articles sur le cinquantenaire de l'Annapurna, 2000
  6. Michel Raspaud, in Le Monde, 3-4 juin 1990
  7. Le premier reportage de Marcel Ichac a semble-t-il sauvé l'hebdomadaire de la faillite qui le menaçait. La photo de Maurice Herzog brandissant le drapeau français sur le sommet de l'Annapurna I est resté l'une des « Une » les plus célèbres de Paris-Match.
  8. Greiling, Annapurna 1950, p. 65.
  9. Sylvain Jouty et Hubert Odier, Dictionnaire de la montagne, Arthaud, 44 p.
  10. Un historique de l'alpinisme de 1945 Ă  nos jours dans les montagnes du monde sur le site de la FFCAM
  11. Montagnes Magazine, no 362, janvier 2011, p. 24

Annexes

Articles connexes

Filmographie

Lien externe

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