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Cho Oyu

Le Cho Oyu est un sommet culminant Ă  8 188 mètres d'altitude, Ă  la frontière entre le Tibet, en Chine, et le NĂ©pal, dans l'Himalaya. Il constitue le sixième plus haut sommet au monde. Sa première ascension a Ă©tĂ© rĂ©ussie le , un an et demi après celle de l'Everest situĂ© Ă  moins de trente kilomètres, par Herbert Tichy, Josef Jöchler et Pasang Dawa Lama. L'itinĂ©raire qu'ils ont gravi, se terminant sur la face nord-ouest et peu technique, est devenu la voie normale empruntĂ©e par la quasi-totalitĂ© des alpinistes, malgrĂ© une grande diversitĂ© de voies ouvertes dans la seconde moitiĂ© du XXe siècle. Les versants nord et sud font respectivement partie de la rĂ©serve naturelle du Qomolangma et du parc national de Sagarmatha.

Cho Oyu
Vue du Cho Oyu.
Vue du Cho Oyu.
GĂ©ographie
Altitude 8 188 m
Massif Mahalangur Himal (Himalaya)
CoordonnĂ©es 28° 05′ 38″ nord, 86° 39′ 40″ est
Administration
Pays Drapeau du NĂ©pal NĂ©pal
Drapeau de la RĂ©publique populaire de Chine Chine
Province
RĂ©gion autonome
Koshi
Tibet
District
Ville-préfecture
Solukhumbu
Shigatsé
Ascension
Première par Herbert Tichy, Josef Jöchler et Pasang Dawa Lama
Voie la plus facile arĂŞte ouest puis face nord-ouest
GĂ©ologie
Type Pic pyramidal
GĂ©olocalisation sur la carte : NĂ©pal
(Voir situation sur carte : NĂ©pal)
Cho Oyu
GĂ©olocalisation sur la carte : Chine
(Voir situation sur carte : Chine)
Cho Oyu
Géolocalisation sur la carte : région autonome du Tibet
(Voir situation sur carte : région autonome du Tibet)
Cho Oyu

Toponymie

L'étymologie du Cho Oyu est souvent expliquée par les mots tibétains chomo signifiant « déesse » et yu « turquoise » ; le nom proviendrait de la lumière qu'il renvoie vers le Tibet en fin d'après-midi. Toutefois, cette explication, bien que la plus répandue, est incertaine[1] - [2].

Herbert Tichy rapporte d'un lama de Namche Bazar la traduction de « tête puissante ». Heinrich Harrer suppose l'appellation Cho-i-u, c'est-à-dire « tête de dieu ». Sur des cartes anciennes, sa prononciation était phonétiquement proche de Cho Uyu. Une traduction tibétaine alternative, « dieu chauve », coïncide avec la version de Harrer et avec une légende selon laquelle le dieu chauve Cho Oyu aurait tourné le dos à la déesse Chomolungma parce qu'elle aurait refusé leur mariage[1] - [2].

GĂ©ographie

Vue depuis le col Cho La, dans la zone du Cho Oyu, en direction de l'est.

Le Cho Oyu est situĂ© Ă  la frontière entre le Sud-Ouest de la Chine et le Nord-Est du NĂ©pal, respectivement entre la ville-prĂ©fecture de ShigatsĂ© dans la rĂ©gion autonome du Tibet, au nord-ouest, et le district de Solukhumbu dans la province de Koshi, au sud-est. Il se trouve Ă  environ 140 kilomètres Ă  l'est-nord-est de Katmandou, 250 kilomètres au sud-ouest de la ville de ShigatsĂ© et 480 kilomètres Ă  l'ouest-sud-ouest de Lhassa. Le Nangpa La est un important col non routier s'Ă©levant entre les deux pays Ă  5 716 mètres d'altitude, Ă  7,5 kilomètres Ă  l'ouest. Le Cho Oyu s'Ă©lève Ă  8 188 mètres d'altitude dans le Mahalangur Himal, un massif de l'Himalaya[3] - [4], ce qui en fait le sixième plus haut sommet au monde[3] - [1]. Sa hauteur de culminance par rapport Ă  l'Everest, plus proche sommet de plus de 8 000 mètres Ă  28 kilomètres Ă  l'est-sud-est, est d'environ 2 340 mètres[3] - [4].

Histoire

Le Cho Oyu est exploré pour la première fois en 1921, depuis le Tibet, par la Royal Geographical Society à l'occasion de la mission de repérage financée par le Mount Everest Committee vers l'Everest. Fin juin, Wheeler, Heron se rendent en direction du glacier Gyabrag, rejoints par Howard-Bury qui pousse jusqu'au Nangpa La. Leur photographie du versant nord-ouest est un élément précieux pour la future ascension de 1954[5].

En 1952, dans le cadre de la prĂ©paration de la première ascension de l'Everest depuis le NĂ©pal, Edmund Hillary, Eric Shipton et George Lowe effectuent une première reconnaissance de la face nord-ouest du Cho Oyu en traversant illĂ©galement la frontière. Ils atteignent 6 800 mètres d'altitude mais renoncent sans vĂ©ritablement insister, focalisĂ©s sur leur vĂ©ritable objectif[6].

En 1954, une expĂ©dition autrichienne menĂ©e par Herbert Tichy est lancĂ©e avec un minimum de matĂ©riel et de porteurs. Ils franchissent la frontière vers le Tibet et Ă©tablissent un premier camp au pied de l'arĂŞte nord-ouest le . Après avoir Ă©tabli le camp IV Ă  7 000 mètres, ils doivent redescendre dans la vallĂ©e, en raison d'une tempĂŞte. Le , le porteur indien Pasang Dawa Lama doit retourner en toute hâte Ă  Namche Bazar, en raison de l'appauvrissement des rĂ©serves, pendant que Tichy soigne ses gelures[7]. Entre-temps, le Suisse Raymond Lambert et la Française Claude Kogan, de l'expĂ©dition Gaurisankar, effectuent une tentative, qui vaut Ă  cette dernière, alpiniste et Ă©crivaine rĂ©putĂ©e, le titre de « femme la plus haute du monde »[8]. Ils rejoignent les Autrichiens le et proposent une ascension conjointe mais, devant le manque d'enthousiasme de ces derniers, ils renoncent deux jours plus tard. Le , Tichy, Josef Jöchler, Adjiba et Gyalsen effectuent, malgrĂ© leur manque de provisions, une nouvelle tentative. Pasang les rejoint au camp III le et ils rejoignent le camp IV. Le lendemain, Tichy, Jöchler et Pasang se lèvent Ă  six heures et atteignent finalement le sommet Ă  quinze heures. Il s'agit du plus haut sommet atteint sans oxygène artificiel Ă  l'Ă©poque, record conservĂ© jusqu'en 1978 avec l'ascension de l'Everest par Peter Habeler et Reinhold Messner[7].

En 1958, Pasang Dawa Lama réédite son ascension avec Sonam Gyatso, au cours d'une expédition entièrement indienne[1]. Le premier mort est à déplorer[1] - [9].

L'expĂ©dition fĂ©minine internationale de 1959 au NĂ©pal, partie Ă  la conquĂŞte du Cho Oyu, Ă©choue Ă  7 700 mètres d'altitude Ă  cause d'une avalanche qui coĂ»te la vie Ă  Claude Kogan, Claudine van der Straten et deux porteurs[7] - [9].

Ainsi, Ă  part une expĂ©dition allemande menĂ©e par R. Rott en 1964, dont le succès est remis en doute Ă  cause de photographies peu plausibles[1], et au cours de laquelle F. Stammberger abandonne A. Thurmayr et G. Huber qui meurent d'Ă©puisement au camp IV Ă  7 600 mètres[9], le sommet n'est plus gravi avant la fin des annĂ©es 1970[1].

Le , les Autrichiens Eduard Koblmüller et Alois Furtner ouvrent une deuxième voie vers le sommet par la très difficile face sud-est, sans autorisation, dans des conditions météorologiques extrêmement compliquées[1] - [10] - [11]. En 1983, Reinhold Messner réussit en style alpin, en compagnie de l'Italien Hans Kammerlander et de l'Allemand Michel Dacher, une variante sur le versant sud-ouest[1] - [11].

En 1984, les Tchécoslovaques Komarkova et Sterbova réussissent la première ascension féminine par l'itinéraire Messner[1].

En a lieu la première ascension hivernale, qui plus est par une nouvelle voie dans le pilier sud-est, par l'expĂ©dition polonaise menĂ©e par Jerzy Kukuczka. Maciej Berbeka et Maciej Pawlowski parviennent au sommet le 12, suivis le 15 de Zygmunt Heinrich et Jerzy Kukuczka, lequel rĂ©ussit sa seconde ascension d'un 8 000 cet hiver-lĂ  après le Dhaulagiri[1] - [11] - [12]. Cette voie est rĂ©pĂ©tĂ©e en 1993 par Jean-Christophe Lafaille en solitaire et sans oxygène. Le mĂŞme hiver, Jaromir Stejskal et Dusan Beck rĂ©ussissent la première ascension hivernale d'un 8 000 en style alpin[1].

Le , Ryszard Gajewski et Maciej Pawlowski ouvrent une nouvelle voie dans le pilier ouest, en terminant par la face nord-ouest, suivis début mai par Piotr Konopka, Marek Danielak et Andrzej Osika[11] - [12]. L'intégrale de l'arête ouest est réussie le par l'Italien, Marco Bianchi, les Polonais Krysztof Wielicki et Piotr Pustelnik et le Portugais Joao Garcia[11] - [12].

En 1988, l'Espagnol Fernando Garrido rĂ©ussit par la voie normale la première ascension hivernale en solitaire d'un 8 000[1]. En septembre de la mĂŞme annĂ©e, la Française VĂ©ronique PĂ©rillat gravit le sommet puis rĂ©alise avec un monoski la première descente fĂ©minine d'un 8 000 avec un engin de glisse. En novembre, les Slovènes Iztok Tomazin, puis Viktor Grošelj, JoĹľe Rozman, chef de l'expĂ©dition, Radivoj Nadvesnik et Marko Prezelj ouvrent la face nord par deux voies lĂ©gèrement diffĂ©rentes, depuis le glacier Palung[1] - [11] - [12].

En 1990, le Polonais Wojciech Kurtyka et les Suisses Erhard Loretan et Jean Troillet ouvrent une nouvelle voie dans la face sud-ouest[1] - [11] - [12].

En 1991, l'expédition russe menée par Sergei Efimov permet à Sergei Bogomolov, Valeri Pershin, Ivan Plotnikov, Evgeni Vinogradski et Alexandr Yakovenko d'ouvrir la voie de l'arête est[11] - [12].

Le a lieu la première ascension fĂ©minine hivernale d'un 8 000, qui plus est sans oxygène artificiel, par la Suissesse Marianne Chapuisat avec une expĂ©dition argentino-espagnole[1].

Le est réalisée l'arête nord depuis le Palung La par l'Espagnol Óscar Cadiach et l'Autrichien Sebastian Ruckensteiner[11] - [12]. Finalement, la dernière grande voie est ouverte le par les Kazakhs Denis Urubko et Boris Dedechko dans la face sud depuis le glacier Lungsampa[11] - [12] ; les difficultés annoncées sont : M6 en dry-tooling, 6b en escalade et A2/A3 pour l'escalade artificielle[13].

Activités

Ascension

Le Cho Oyu est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme le sommet de plus de 8 000 mètres le moins difficile. Sa voie normale, par l'arĂŞte ouest puis la face nord-ouest, ne comporte pas rĂ©ellement de passage technique et la descente est rĂ©alisable Ă  ski[1]. Il existe de nombreuses autres voies ouvertes dans la seconde moitiĂ© du XXe siècle mais elles sont rarement rĂ©pĂ©tĂ©es[1] - [11]. L'accès Ă  la montagne est aisĂ© et l'ascension peut s'effectuer rapidement, si bien qu'elle est très frĂ©quentĂ©e[1].

Mi-2010, 2 790 alpinistes, incluant les guides, Ă©taient parvenus au sommet[11] - [14], soit le deuxième plus populaire après l'Everest[1], dont 224 femmes[14] ; 1 959 l'Ă©taient sans oxygène[11] - [14] ; une quarantaine Ă©taient dĂ©cĂ©dĂ©s au cours de l'ascension[9] - [14]. Ă€ cette date, 2 722 alpinistes Ă©taient parvenus au sommet par la voie normale[11]. Hormis le NĂ©pal avec 608 alpinistes au sommet, ce sont les États-Unis qui Ă©taient alors en tĂŞte avec 235 alpinistes[14].

Protection environnementale

Le versant nĂ©palais du Cho Oyu est classĂ© depuis le au sein du parc national de Sagarmatha qui s'Ă©tend sur 114 800 hectares, recouvrant une grande partie de la rĂ©gion de Khumbu, au nord-est du pays. 69 % de la superficie du parc se situe au-dessus de 5 000 mètres d'altitude et s'avère pratiquement stĂ©rile. Le parc a Ă©tĂ© inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1979[15].

En outre, le versant tibĂ©tain fait partie depuis 1989 de la rĂ©serve naturelle du Qomolangma qui couvre 33 800 km2[1] - [16] et a Ă©tĂ© dĂ©clarĂ©e rĂ©serve de biosphère de l'UNESCO en 2004[17].

Annexes

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. (en) Cho Oyu: Climbing, Hiking and Mountaineering, summitpost.org.
  2. (de) Richard Sale, John Cleare, Climbing the world's 14 highest mountains: the history of the 8,000-meter peaks, The Mountaineers, 2000, page 102.
  3. (en) Cho Oyu, China/Nepal, peakbagger.com.
  4. (en) Himalaya of Nepal, Bhutan, Sikkim and adjoining region of Tibet - 48 Mountain Summits with Prominence of 1,500 meters or greater.
  5. (de) [PDF] Guenter Seyfferth, Cho Oyu 1921, Die Berge des Himalaya, 9 décembre 2011.
  6. (de) [PDF] Guenter Seyfferth, Cho Oyu 1952, Die Berge des Himalaya, 9 décembre 2011.
  7. (de) [PDF] Guenter Seyfferth, Cho Oyu 1954, Die Berge des Himalaya, 9 décembre 2011.
  8. Marc Semo, « Une femme qui monte », sur www.liberation.fr, (consulté le )
  9. (en) [PDF] Eberhard Jurgalski, Fatalities - Cho Oyu, 8000ers.com, 29 décembre 2009.
  10. (de) [PDF] Guenter Seyfferth, Cho Oyu 1978, Die Berge des Himalaya, 9 décembre 2011.
  11. (en) [PDF] Eberhard Jurgalski, Routes - Cho Oyu, 8000ers.com, 15 juin 2010.
  12. (de) Cho Oyu: Geschichte + Literatur, Die Berge des Himalaya.
  13. La Montagne et l'alpinisme, Club alpin français, no 2, 2010, page 79
  14. (en) [PDF] Eberhard Jurgalski, Nations - Cho Oyu, 8000ers.com, 15 juin 2010.
  15. (en) [PDF] IUCN Review - World Heritage Nomination.
  16. Cai Dan An, Guide touristique du Tibet, China Intercontinental Press, 2003 (ISBN 978-7508503912) (ASIN B0011C35V2), page 46.
  17. 19 nouvelles réserves de biosphère rejoignent le réseau l’homme et la biosphère (MAB) de l’UNESCO, UNESCO.
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