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Édouard-Alfred Martel

Biographie

Édouard-Alfred Martel est né à Pontoise, en Seine-et-Oise le . Enfant d’une famille de juristes, il fait ses études au lycée Condorcet à Paris. Très tôt, il devient passionné de géographie et de sciences naturelles et il remporte en 1877 le premier prix de géographie au concours général. Il est grand lecteur de l’œuvre de Jules Verne.

En 1866, en vacances avec ses parents, il visite les grottes de Gargas dans les Pyrénées. D'autres voyages lui permettent de parcourir l’Allemagne, l’Autriche et l’Italie. En 1879, il visite les grottes d’Adelsberg (grotte de Postojna) en Slovénie, vaste ensemble de cavernes.

En 1886, après avoir terminé son service militaire, il obtient une licence de droit et il devient avocat agréé près le tribunal de commerce de la Seine.

Martel consacre ses loisirs et vacances à voyager à travers la France. Pendant ses déplacements, il effectue des travaux de cartographie. Dès 1883, il s’intéresse aux plateaux déserts des Causses, façonnés par les gorges du Tarn, de la Jonte, de la Dourbie et du Lot.

La maison natale d'Édouard-Alfred Martel, 1 rue de la Forêt Hardelot, au centre ancien de Pontoise.

En juin 1888, il commence sa carrière de spéléologue à Bramabiau (Gard). Il s’engage ainsi avec quelques compagnons dans une cavité rocheuse où s'engouffre un ruisseau connu sous le nom de Bonheur et reparaissant plus loin à l'abîme de Bramabiau. Cette expédition reconnaît deux kilomètres de galeries. Ce même mois de juin, il explore avec la même équipe la grotte de Dargilan en bordure des gorges de la Jonte (Lozère) sur un kilomètre et demi. La spéléologie est née.

En 1889, il publie un recueil d’observations, qu’il intitule Les CĂ©vennes et dans lequel il dĂ©crit cette rĂ©gion et ses beautĂ©s. Il visite Ă©galement le puits de Padirac près de Rocamadour, un abĂ®me vaste et profond qui s'ouvre sur le causse de Gramat. Il y dĂ©couvre une rivière souterraine, Ă  100 mètres de profondeur. Martel et son cousin Gaupillat partent Ă  sa dĂ©couverte avec un canot et explorent deux kilomètres de nouvelles galeries.

En , il épouse Aline de Launay, fille du photographe Alphonse de Launay et sœur de Louis de Launay, professeur de géologie et futur membre de l'Académie des sciences. La collaboration de Louis de Launay apporte une base scientifique à certaines publications de Martel, notamment aux articles de la revue La Nature, dont Martel et de Launay sont successivement rédacteurs en chef.

En 1892, il explore le Tindoul de la Vayssière, près de Rodez (Aveyron).

En 1894, il publie Les AbĂ®mes, un ouvrage dans lequel il dĂ©crit les merveilles du monde souterrain qu’il a dĂ©couvert et visitĂ© pendant les six campagnes qu’il a menĂ©es de 1888 Ă  1893 ; dans cet ouvrage Martel prĂ©sente Ă©galement les dĂ©couvertes d'autres explorateurs auxquelles lui-mĂŞme n'a pas participĂ©[Note 2]. Au cours de cette pĂ©riode, il a visitĂ© et rĂ©pertoriĂ© plus de 230 cavitĂ©s et grottes. Il a reconnu 250 kilomètres de galeries dont il a effectuĂ© des relevĂ©s et tracĂ©s prĂ©cis. Nombre de ces lieux sont signĂ©s de son nom sur les parois[1]. Il narre dans cet ouvrage ces explorations effectuĂ©es en compagnie de Louis Armand, un de ses amis forgeron qui devient plus tard son contremaĂ®tre.

Sculpture de Joseph Malet représentant le buste d'Édouard-Alfred Martel (La Muse, Mostuéjouls, Aveyron).

En 1895, il Ă©largit son champ de recherche et organise des expĂ©ditions en Irlande et en Angleterre. Il dĂ©couvre le lac souterrain des Marble Arch Caves (en) en Irlande du Nord. Dans le Yorkshire, il rĂ©alise la première descente dans le gouffre de Gaping Gill, un puits arrosĂ© de 110 mètres. Cette mĂŞme annĂ©e, il fonde la SociĂ©tĂ© de spĂ©lĂ©ologie et lance un bulletin pĂ©riodique, Spelunca.

En 1896, Il est invité par l'archiduc Louis-Salvador, cousin de l'empereur autrichien François-Joseph. Avec son contremaître et compagnon Louis Armand, il explore le sous-sol de l'île de Majorque. Dans la grotte du Drach près de Porto Christo, il découvre le lac souterrain le plus grand de l'époque.

Allant d’exploits en exploits, il multiplie les explorations. Sa priorité va aux souterrains des Causses. Il explore également les grottes et cavernes des régions calcaires de Savoie, du Jura, de Provence et des Pyrénées. Il a parcouru toute l’Europe, la Belgique, la Dalmatie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro, où il étudie le cours de la Trebišnjica, la plus longue rivière souterraine du monde. Il se rend aussi en Grèce.

En 1897, dixième campagne de fouilles et découverte avec Louis Armand d’un puits naturel sur le causse Méjean en Lozère, qui devient plus tard l’aven Armand.

En 1899, il quitte définitivement la vie professionnelle pour se consacrer uniquement à ses recherches scientifiques.

En 1905, il explore le grand canyon du Verdon toujours avec son contremaître et ami Louis Armand, et quelques autres.

Vers la même époque, il ne veut pas reconnaître l'art pariétal paléolithique (Font de Gaume et Niaux) et se querelle avec l'abbé Henri Breuil, préhistorien déjà célèbre.

En 1906, il est le premier Ă  explorer les gorges de Kakouetta[2].

Il est rédacteur en chef de La Nature de 1905 à 1909, puis se consacre à la Société de géographie dont il a été élu président.

En 1912, il visite pendant trois jours la Mammoth Cave dans le Kentucky[Note 3].

Édouard Alfred Martel décède le à Saint-Thomas-la-Garde, non loin de Montbrison, dans la Loire. Il est inhumé au cimetière de Montmartre à Paris (33 chemin de Massena, D22, L2).

Il a été lauréat de l'Académie des sciences, président de la section d'Hydrologie scientifique du Comité national de géodésie et de géophysique, membre de la Société de géographie et membre de la Société scientifique, historique et archéologique de la Corrèze[3].

Protection de l'eau

Le , il est fortement intoxiquĂ© après l'absorption d'un bouillon de veau au gouffre de Laberrie, Ă  Catus dans le Lot. Un cadavre de veau en dĂ©composition avait polluĂ© l'eau que Martel avait bu Ă  la rĂ©surgence : la source de Graudenc Ă  250 mètres au sud Ă  vol d'oiseau[4]. Il adressa un courrier au PrĂ©fet du Lot au sujet de cet empoisonnement.

En 1894, il démontre dans Les abîmes que « la présence de matière en décomposition au fond d'un gouffre pouvait contaminer une source distante de quelques centaines de mètres, voire plusieurs kilomètres ». Dans ses écrits, il n'a de cesse de dénoncer la pollution des eaux par les cadavres d'animaux. Le , il fait plaider sa cause à la Chambre des députés.

Grâce à l'action conjointe de Martel et du professeur Eugène Fournier, l'article 28 fut introduit dans la loi relative à la santé publique du . Il interdisait le jet de cadavres d'animaux et de détritus putrescibles dans les grottes. Ce texte officiel est plus connu sous le nom de loi Martel. Elle fut par la suite abrogée et remplacée par d'autres textes de loi.

Le , il devint membre titulaire du Conseil supérieur d’hygiène publique de France.

Titres et distinctions

Rayonnement international

D'après Bernard Gèze[6] : « C'est incontestablement Ă  Édouard-Alfred Martel que l'on doit la vĂ©ritable naissance de la SpĂ©lĂ©ologie non seulement en France mais dans le monde entier. Les Russes le reconnaissent comme père de leurs recherches souterraines car il a dĂ©crit des cavernes de Transcaucasie ; les AmĂ©ricains ont officiellement rendu hommage Ă  sa mĂ©moire le jour oĂą, suivant ses directives, ils ont rĂ©ussi Ă  trouver la liaison entre Mammoth-Cave et Flint-Ridge-Cave dans le Kentucky, portant ainsi Ă  près de 500 km les galeries topographiĂ©es dans un seul rĂ©seau karstique ; on a dĂ©nommĂ© des grottes en son honneur jusque dans le Karzt type et des gouffres Martel un peu partout, y compris pour l'un des deux plus gigantesques qui soient connus dans des quartzites (au Venezuela) ; il y a des clubs Martel dans toute l'Europe, mais aussi jusqu'au Japon et Ă  Cuba. Je me permettrai d'ajouter que c'est certainement en souvenir de lui que l'on m'a fait l'honneur de me choisir, en tant que Français, comme premier prĂ©sident de l'Union Internationale de SpĂ©lĂ©ologie, lors de sa fondation Ă  Ljubljana (SlovĂ©nie) en 1965 ».

Ĺ’uvres principales

L'Ĺ“uvre de Martel compte plus de 1 000 publications.

Notes et références

Notes
  1. Certains auteurs placent le lieu du décès à Saint-Thomas-la-Garde où il avait l'habitude de passer ses vacances au château de La Garde, plutôt qu'à Montbrison.
  2. Voir pour exemple page 413 : plan des trous de Sainte-Reine (Meurthe-et-Moselle) par E. Brésillon et Ch. Deschamps communiqué par le Société de géographie de Paris, avec description p. 414 et commentaire du plan et de la notice publiés par ces derniers dans les bulletins de la SGP du 3e trimestre 1890 et 3e trimestre 1891
  3. Il prédit alors le parcours d'une rivière souterraine entre Mammoth Cave et Flint Ridge Cave. Cette rivière ne sera découverte que plusieurs dizaines d'années plus tard.
Références
  1. [Bigot 2011] Jean-Yves Bigot, « Signatures et graffitis anciens des cavités naturelles », Spelunca, no 124,‎ , p. 44-46 (lire en ligne [PDF] sur alpespeleo.fr, consulté en ).
  2. http://www.sainte-engrace.com/tourisme-pays-basque.html
  3. « Martel Édouard-Alfred », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques (C.T.H.S.) (consulté le ).
  4. Édouard-Alfred Martel, Les Abîmes, Paris, Delagrave, , relié (ISBN 2-7348-0533-2), chap. XVI (« Le Causse de Gramat - Les Goules »), p. 339-340
  5. « Base de données Léonore », sur Archives Nationales - République française (consulté le )
  6. Bernard Gèze a été le premier président de l'Union Internationale de Spéléologie lors de sa fondation en 1965. Le texte cité est tiré de : Bernard Gèze (1985) - « Origines et évolution de la Géospéléologie française », sur Comité français d'histoire de la géologie (consulté le ), Travaux du Comité français d'histoire de la géologie, 2e série t. III no 2, Comité français d'histoire de la géologie, Paris, p. 11-25

Voir aussi

Bibliographie

  • Daniel AndrĂ© et al., La plume et les gouffres : correspondance d'Édouard Alfred Martel (1868-1936), Association Édouard Alfred Martel, Meyrueis, 1997, 608 p. ill.
  • Norbert Casteret, Martel, explorateur du monde souterrain, Gallimard, 1943.
  • C. Chabert, M. de Courval, E.-A. Martel, 1859-1938 : bibliographie, impr. Marcelin, Autun, 1971.
  • Collectif, L'homme qui voyageait pour les gouffres (hommage Ă  E.A. Martel), Actes du Colloque de Mende, 17-, Archives dĂ©partementales de la Lozère, 1999, 421 p.
  • Brigitte et Gilles Delluc, Les mĂ©saventures du spĂ©lĂ©ologue Édouard-Alfred Martel avec la prĂ©histoire et l’abbĂ© Henri Breuil, in Bulletin de la SociĂ©tĂ© historique et archĂ©ologique du PĂ©rigord, 1998, 125, p. 627-655
  • Le film ExpĂ©dition dans les tĂ©nèbres de Bernard Kliebhan, 58 minutes, Allemagne, 1994. Producteur Hessischer Rundfunk avec Arte. page E.A.MARTEL sur le site Kliebhan
  • « Les grandes figures disparues de la spĂ©lĂ©ologie française », Spelunca (SpĂ©cial Centenaire de la SpĂ©lĂ©ologie), no 31,‎ , p. 65-69 (lire en ligne [PDF])

Articles connexes

Liens externes

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