Maruja Mallo
Maruja Mallo[1] (Ă lâĂ©tat civil Ana MarĂa GĂłmez GonzĂĄlez, Viveiro, province de Lugo, 1902 - Madrid, 1995) est une peintre, dessinatrice, illustratrice et enseignante espagnole.
Naissance | |
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DĂ©cĂšs | |
Nom de naissance |
Ana MarĂa GĂłmez GonzĂĄlez |
Nationalité | |
Activités |
Enseignante (à partir de ), peintre, artiste graphique, sculptrice, décoratrice de théùtre, artiste |
Formation |
Académie royale des beaux-arts de San Fernando (à partir de ) Académie libre des arts (d) (à partir de ) Escuela de Artes y Oficios de Avilés (d) |
Mouvements |
Ăcole de Vallecas (depuis ), surrĂ©alisme, GĂ©nĂ©ration de 27, Las Sinsombrero |
Fratrie |
Cristino Mallo (d) |
Les jeunes annĂ©es de Maruja Mallo furent marquĂ©es par son appartenance Ă une famille nombreuse et par les continuels changements de rĂ©sidence de la famille, circonstances contribuant Ă forger son caractĂšre indĂ©pendant, sociable et universel. Elle suivit une formation artistique, dâabord Ă AvilĂ©s, dans les Asturies, puis Ă Madrid, oĂč elle entra en contact avec les artistes, Ă©crivains et cinĂ©astes dâavant-garde de la GĂ©nĂ©ration dite de 27 (DalĂ, Buñuel, GarcĂa Lorca, entre autres). Ayant bientĂŽt rejoint les rangs de ce mouvement (et aussi de sa section fĂ©minine, Las Sinsombrero), elle joua un important rĂŽle catalyseur au sein de lâavant-garde espagnole[2]. Dans la dĂ©cennie 1920, elle collabora comme illustratrice Ă de nombreuses publications littĂ©raires, dont notamment Revista de Occidente, que dirigeait Ortega y Gasset ; celui-ci organisa pour elle en 1928, dans les salons de la revue, sa premiĂšre vĂ©ritable exposition, intitulĂ©e Verbenas y Estampas, sĂ©rie de tableaux relevant du rĂ©alisme magique thĂ©orisĂ© par Franz Roh. Lors dâun sĂ©jour Ă Paris en 1932, elle frĂ©quenta le groupe surrĂ©aliste et exposa une collection de tableaux intitulĂ©e Cloacas y Campanarios, qui impressionna Breton. De retour en Espagne, elle assuma, parallĂšlement Ă son travail artistique, des fonctions dâenseignante, et sâengagea aux cĂŽtĂ©s de la jeune RĂ©publique espagnole, en particulier dans les Missions pĂ©dagogiques, ce qui la ramena dans sa Galice natale. Ă lâĂ©clatement de la Guerre civile, elle sâenfuit au Portugal, oĂč elle fut recueillie par son amie Gabriela Mistral, puis sâembarqua vers Buenos Aires pour un exil de 25 ans. En Argentine, elle sâintĂ©gra dans le milieu intellectuel local, par des expositions, des confĂ©rences et des contributions comme illustratrice. Tandis quâelle voyageait beaucoup et que des expositions de ses Ćuvres se succĂ©daient Ă Paris, au BrĂ©sil et Ă New York, son art Ă©volua du constructivisme (qui dĂ©jĂ en Espagne avait fait suite Ă sa pĂ©riode surrĂ©aliste), avec ses ordonnances gĂ©omĂ©triques, vers une peinture plus colorĂ©e et plus lumineuse, sous lâemprise dâun plus grand engagement social et du besoin de mettre lâĂȘtre humain au centre de lâinspiration. Toujours en Argentine, elle aida Ă rĂ©aliser la scĂ©nographie de quelques piĂšces dâAlfonso Reyes et exĂ©cuta une commande de peinture murale dans un cinĂ©ma (dĂ©moli depuis lors) de Buenos Aires. Elle quitta dĂ©finitivement lâAmĂ©rique en 1965 et, ayant Ă©lu domicile Ă Madrid, tenta dây reconstruire une notoriĂ©tĂ©.
La carriĂšre artistique de Maruja Mallo sâest dĂ©ployĂ©e en plusieurs Ă©tapes, incarnĂ©e chacune par une sĂ©rie dâĆuvres ou par une exposition, et sous-tendue par une doctrine. On distingue ainsi principalement : la pĂ©riode du rĂ©alisme magique (exposition Verbenas y Estampas de 1928, tableaux foisonnants et rutilants, composition sur le mode du collage, avec des pointes de satire sociale) ; sa pĂ©riode surrĂ©aliste (sĂ©rie Cloacas y Campanarios de 1932, objet dâune exposition Ă Paris, caractĂ©risĂ©e par son monochromatisme, une esthĂ©tique du sordide et de la marginalitĂ©, dĂ©cors de banlieue) ; sa pĂ©riode constructiviste (sĂ©rie Architectures minĂ©rales et vĂ©gĂ©tales, dĂ©but des annĂ©es 1930, abstractions Ă partir dâĂ©lĂ©ments naturels visant Ă apprĂ©hender lâordre gĂ©omĂ©trique interne de la nature, palette restreinte, pĂ©riode se prolongeant par la sĂ©rie Constructions rurales, 1933, clichĂ©s architectoniques de fruits et fossiles, au caractĂšre constructiviste marquĂ©) ; et un retour au figuratif (fin de la dĂ©cennie 1930, sĂ©ries La religiĂłn del trabajo et Cabezas de mujer, se focalisant Ă nouveau sur la figure humaine, en lâespĂšce les travailleurs de la mer et de la terre ou Ă©pures de visages de femme, se signalant par leur intensitĂ© poĂ©tique et un registre Ă©pique, marquant un certain retour au rĂ©alisme magique, mais maintien de la composition rigoureuse selon des principes constructivistes et classiques, ordonnances harmoniques et configuration symĂ©trique, crĂ©ant une impression hĂ©raldique). Ă signaler enfin une pĂ©riode dite cosmique aprĂšs son retour en Espagne dans les annĂ©es 1960.
Biographie
Jeunes années
Maruja Mallo Ă©tait la quatriĂšme enfant de la fratrie de quatorze enfants quâeurent les Ă©poux GĂłmez-GonzĂĄlez. Le pĂšre, Justo GĂłmez Mallo, fonctionnaire des douanes, Ă©tait dâorigine madrilĂšne, et la mĂšre, MarĂa del Pilar GonzĂĄlez Lorenzo, Ă©tait dâascendance galicienne. Maruja, de mĂȘme que son frĂšre cadet, le sculpteur Cristino Mallo (nĂ© Ă Tuy en 1905), utilisera comme nom d'artiste le deuxiĂšme patronyme paternel.
Aussi lâenfance de Maruja Mallo fut-elle marquĂ©e par son appartenance Ă une famille nombreuse et par les continuels changements de rĂ©sidence au grĂ© des mutations du pĂšre. Il est probable que ces circonstances aient contribuĂ© Ă dĂ©terminer son caractĂšre indĂ©pendant, sociable et universel[3]. Cependant, aprĂšs la naissance du frĂšre Cristino, la famille sâĂ©tablit durablement Ă AvilĂ©s, dans les Asturies, de 1913 Ă 1922. Câest lĂ quâelle commença Ă manifester ses dons artistiques en copiant des illustrations et des gravures dans les principales revues de lâĂ©poque, ce qui finit par attirer lâattention de son pĂšre. Celui-ci, voulant lui donner une formation artistique, la fit inscrire Ă lâĂcole des arts et mĂ©tiers dâAvilĂ©s, en mĂȘme temps quâil lui payait des cours particuliers. Câest aussi dans cette ville quâeut lieu sa premiĂšre apparition en public, Ă la IIe Exposition dâart avilĂ©sien, avec quatorze Ćuvres de sa main[4] - [5]. Elle se lia dâamitiĂ© avec le peintre avilĂ©sien Luis BayĂłn, lequel sâinscrira plusieurs annĂ©es plus tard Ă lâAcadĂ©mie royale des beaux-arts Saint-Ferdinand Ă Madrid, avant de quitter lâEspagne Ă destination de Paris.
En 1922, Ă lâĂąge de vingt ans, et Ă lâoccasion dâun nouveau dĂ©mĂ©nagement de la famille, cette fois vers Madrid, Maruja Mallo sâinscrivit elle aussi Ă lâacadĂ©mie San Fernando (comme le fera Ă son tour son frĂšre Cristino Ă partir de 1923), oĂč elle poursuivit ses Ă©tudes jusquâen 1926, tout en frĂ©quentant Ă©galement, de 1924 Ă 1926, en compagnie de Salvador DalĂ et de JosĂ© Moreno Villa, les cours de dessin Ă lâAcadĂ©mie libre de Julio MoisĂ©s[3] - [5] â Ă noter du reste quâelle fut la seule femme Ă rĂ©ussir en 1922 le sĂ©vĂšre examen dâentrĂ©e Ă lâacadĂ©mie San Fernando, institution trĂšs majoritairement masculine[4]. Dans la capitale espagnole, son frĂšre Justo, chimiste de profession, lâintroduisit dans les cercles de jeunes Ă©tudiants et intellectuels qui se rĂ©unissaient au Gran CafĂ© de Oriente, oĂč il lui sera donnĂ© dâĂȘtre la commensale de Rafael Barradas et de Salvador DalĂ. Par leur intermĂ©diaire[3], elle entra en contact avec les artistes, Ă©crivains et cinĂ©astes de la GĂ©nĂ©ration de 27, notamment JosĂ© BergamĂn, Alberto SĂĄnchez, BenjamĂn Palencia, Francisco Bores, Luis Felipe Vivanco, Concha MĂ©ndez, Ernesto GimĂ©nez Caballero, Gregorio Prieto, Federico GarcĂa Lorca, Margarita Manso, Luis Buñuel, MarĂa Zambrano et lâĂ©crivain Rafael Alberti, avec qui elle eut une liaison, qui dura jusquâĂ ce quâil fasse la rencontre de MarĂa Teresa LeĂłn. Maruja Mallo rejoignit ce mouvement, plus spĂ©cialement le groupe fĂ©minin de la GĂ©nĂ©ration de 27 connu sous le nom de Las Sinsombrero (littĂ©r. les Sans-chapeau[6]), oĂč elle lia amitiĂ© en particulier avec Concha MĂ©ndez et Josefina Carabias. DalĂ la qualifiera de « mi ange, mi crustacĂ© »[7] - [4].
En juin 1926, la dĂ©putation provinciale de Lugo lui accorda une bourse dâĂ©tudes de peinture, qui sera rehaussĂ©e dans les annĂ©es suivantes. En 1927, elle passa une saison Ă Tenerife, oĂč elle peignit quelques-uns de ses premiers tableaux conservĂ©s, comme La Femme Ă la chĂšvre (La mujer de la cabra)[3], Ćuvre reprĂ©sentative de cette pĂ©riode, et oĂč sont Ă©voquĂ©s le ciel et la lumiĂšre des Ăźles Canaries[4].
DĂ©buts dans la carriĂšre artistique et premiĂšres expositions
Ă lâĂ©tĂ© 1927, son frĂšre Cristino et elle eurent une exposition Ă la Feria de Muestras de GijĂłn, la premiĂšre en date de Maruja Mallo, oĂč elle exposa une sĂ©rie de peintures Ă lâhuile ainsi quâun ensemble dâestampes aux thĂšmes variĂ©s (Verbenas, El mago, Elementos de deporte, La isleña, soit : FĂȘtes nocturnes, le Mage, ĂlĂ©ments de sport et la Canarienne), que lâon peut considĂ©rer comme une rĂ©pĂ©tition gĂ©nĂ©rale de lâexposition de lâannĂ©e suivante Ă Madrid[4].
En 1927, annĂ©e oĂč dĂ©cĂ©da sa mĂšre, Maruja Mallo sâinvestit activement dans la premiĂšre Ă©cole de Vallecas, mouvement plastico-poĂ©tique animĂ© par le sculpteur Alberto SĂĄnchez PĂ©rez et le peintre BenjamĂn Palencia[8], Ă©cole qui fut avant tout un style et une attitude, dont lâobjectif Ă©tait de concilier avant-garde et identitĂ© espagnole[4].
Dans la décennie 1920, elle collabora à de nombreuses publications littéraires, dont notamment Revista de Occidente, La Gaceta Literaria, Almanaque Literario, Meseta, Silbo, Alfar, la revue cubaine Avance etc., et réalisa le frontispice de plusieurs livres[9].
JosĂ© Ortega y Gasset, qui connaissait ses tableaux, organisa pour elle en 1928, dans les salons de la revue Revista de Occidente, sa premiĂšre vĂ©ritable exposition, intitulĂ©e Verbenas y Estampas, qui connut un grand succĂšs et devint un Ă©vĂ©nement culturel Ă Madrid. Y Ă©taient exposĂ©es dix peintures Ă lâhuile reprĂ©sentant des villages inondĂ©s de soleil, des toreros et des manolas (femmes du peuple en tenue traditionnelle), ainsi que des estampes en couleur figurant des machines, des Ă©vĂ©nements sportifs et des cinĂ©mas du dĂ©but du siĂšcle. Ă cette Ă©poque, la peinture de Maruja Mallo suivait la ligne de la Nouvelle ObjectivitĂ© ou du rĂ©alisme magique, tel que thĂ©orisĂ©s par Franz Roh dans un livre de mĂȘme titre paru en 1925[5].
En 1929, elle rĂ©alisa ses cĂ©lĂšbres Figuras de Guiñol (Figures de Guignol) et ColorĂn Colorete, au total 22 dessins et vignettes renvoyant Ă des thĂšmes populaires et figurant des personnages imaginaires crĂ©Ă©s par le peuple, archĂ©types incarnant chacun telle qualitĂ© physique, intellectuelle ou morale. En septembre 1929 se tint au casino de San SebastiĂĄn lâExposition dâarchitectures et peintures modernes, avec des Ćuvres de Francisco Cossio, de Juan Gris, de Manuel Ăngeles Ortiz, de Joan MirĂł, de Francisco Bores, dâAlfonso Ponce de LeĂłn et de Maruja Mallo, mais aussi avec des confĂ©rences de Moreno Villa et un rĂ©cital de Rafael Alberti. En automne de la mĂȘme annĂ©e, elle participa avec DalĂ, GarcĂa Lorca, VĂĄzquez DĂaz, Marino Antequera et NicolĂĄs RodrĂguez Blanco Ă lâExposition rĂ©gionale dâart moderne organisĂ©e par le Syndicat dâinitiative national dans la Casa de los Tiros de Grenade[9]. Elle prit part, aux cĂŽtĂ©s de Pepe Caballero, Ă la farce Retablillo de don CristĂłbal, projet thĂ©Ăątral gracieux mais irrĂ©vĂ©rencieux de GarcĂa Lorca[10].
Collaboration avec Alberti et séjour à Paris
Maruja Mallo collabora intensĂ©ment avec Alberti jusquâen 1931 ; de ce travail en commun attestent les dĂ©cors du drame Santa Casilda (1930) et La pĂĄjara Pinta (publiĂ© en 1932) et portent tĂ©moignage des livres dâAlberti comme Yo era un tonto y lo que he visto me ha hecho dos tontos (de 1929) et Sermones y moradas (de 1930), illustrĂ©s par Maruja Mallo. Dans ces mĂȘmes annĂ©es, elle peignit la sĂ©rie Cloacas y Campanarios (littĂ©r. Cloaques et Clochers), selon les prĂ©ceptes de lâĂ©cole de Vallecas dont les chefs de file Ă©taient Alberto SĂĄnchez, BenjamĂn Palencia, Gregorio Prieto, Arturo Souto, RodrĂguez Luna et Eduardo Vicente, et Ă laquelle elle appartenait[5].
En 1932, elle obtint une bourse de la Junta de AmpliaciĂłn de Estudios (Commission dâextension des Ă©tudes, en abrĂ©gĂ© JAE) pour un sĂ©jour Ă Paris, oĂč elle fit connaissance avec RenĂ© Magritte, Max Ernst, Joan MirĂł et Giorgio De Chirico et participa aux rĂ©unions autour dâAndrĂ© Breton et de Paul Ăluard. Sa premiĂšre exposition Ă Paris se tint Ă la galerie Pierre Loeb en 1932, laquelle exposition marqua le dĂ©but de sa pĂ©riode surrĂ©aliste ; son art sâĂ©tait en effet radicalement transformĂ© entre-temps, et avait atteint une grande maĂźtrise, Ă telle enseigne quâAndrĂ© Breton lui-mĂȘme fit acquisition en 1932 du tableau intitulĂ© EspantapĂĄjaros (littĂ©r. Ăpouvantail), Ćuvre crĂ©Ă©e en 1929, peuplĂ©e de spectres, et considĂ©rĂ©e aujourdâhui comme lâune des Ćuvres majeures du surrĂ©alisme. Une amitiĂ© se noua bientĂŽt entre Maruja Mallo et AndrĂ© Breton, et de lĂ entre elle et Jean Cassou ; en outre Breton la mit en contact avec Picasso, Joan MirĂł, Louis Aragon, Jean Arp, RenĂ© Magritte et avec le collectif Abstraction-CrĂ©ation, dont faisait partie JoaquĂn Torres GarcĂa[5].
Retour Ă Madrid
Maruja Mallo sâen revint Ă Madrid en 1933, sans desserrer ses liens avec lâavant-garde et en continuant Ă participer Ă des expositions internationales : Ă Copenhague, dans la galerie Charlottenborg, en septembre 1932, pour la Sociedad de Artistas IbĂ©ricos (SAI), association oĂč elle sâĂ©tait mise Ă jouer un rĂŽle actif ; ensuite dans la galerie Flechtheim Ă Berlin, en dĂ©cembre 1933, puis encore en fĂ©vrier 1936 ; et Ă nouveau Paris[11]. Ă ce moment, elle avait acquis une notoriĂ©tĂ© telle que le gouvernement français fut portĂ© Ă lui acheter un de ses tableaux en vue de lâexposer au MusĂ©e national d'Art moderne.
Commença alors une pĂ©riode de son parcours artistique oĂč son intĂ©rĂȘt allait dĂ©sormais se porter sur lâordre gĂ©omĂ©trique interne de la nature. Elle rejoignit le Grupo de Arte Constructivo dirigĂ© par lâUruguayen JoaquĂn Torres GarcĂa, tandis quâun tournant trĂšs marquĂ© sâopĂ©rait dans son Ćuvre : dĂ©laissant les traditions festives dâantan, elle se tournait Ă prĂ©sent vers le monstrueux et le scatologique, et montrait une attitude agressive et destructrice, mais Ă laquelle succĂ©dera bientĂŽt un dĂ©sir dâĂ©dification dâun monde neuf, lâartiste portant maintenant son attention vers la nature et la « religion du travail », aux travaux de la mer et de la terre. Câest ainsi que naquit sa sĂ©rie Naturalezas Vivas (Natures vivantes), sous lâinfluence notamment de lâartiste et essayiste roumain Matila Ghyka. De ces influences surgiront de nouveaux postulats, qui se rĂ©percuteront sur sa trajectoire artistique ultĂ©rieure et auxquels donneront forme les Ă©bauches de ses cĂ©ramiques, ses portraits bidimensionnels (câest-Ă -dire de face et de profil, en juxtaposition) et les natures mortes quâelle produira pendant son exil[11].
Engagement républicain
En 1932, engagĂ©e aux cĂŽtĂ©s de la RĂ©publique espagnole, Maruja Mallo assuma une triple fonction dâenseignante : comme professeure de dessin Ă lâInstitut dâArĂ©valo (oĂč elle devint titulaire de la chaire de dessin), Ă lâInstituto-Escuela de Madrid, et Ă lâĂcole de cĂ©ramique de Madrid, Ă lâintention de laquelle elle crĂ©a une sĂ©rie de plats (aujourdâhui disparus)[5] â Ă noter quâelle avait auparavant Ă©tudiĂ© les mathĂ©matiques et la gĂ©omĂ©trie, en vue dâemployer ces connaissances dans lâart de la cĂ©ramique.
Elle fit la rencontre de lâĂ©crivain Miguel HernĂĄndez, avec qui elle commença une liaison. Ensemble, ils conçurent le drame Los hijos de la piedra (littĂ©r. Les Fils de la pierre), inspirĂ© des Ă©vĂ©nements de Casas Viejas et des Asturies de 1934 ; et câest Ă lâinfluence de Maruja Mallo que lâon doit les quatre compositions que le poĂšte tira de El rayo que no cesa (littĂ©r. lâĂclair qui ne cesse pas), sous le titre de Imagen de tu huella[5].
En 1934, elle se remit Ă frayer avec Pablo Neruda, quâelle avait connu Ă Paris. Au cours de lâannĂ©e 1935, elle prĂ©para la scĂ©nographie et les figurines de lâopĂ©ra de Rodolfo Halffter, Clavileño, qui cependant, en raison du dĂ©clenchement de la Guerre civile, ne sera jamais reprĂ©sentĂ©e[3]. Ă partir de 1936 commença sa pĂ©riode constructive, tandis quâelle continuait dâexposer avec les peintres surrĂ©alistes Ă Londres et Ă Barcelone. Elle participa comme enseignante aux Missions pĂ©dagogiques, projet parrainĂ© par le gouvernement rĂ©publicain, ce qui la ramena dans sa terre natale, la Galice, oĂč la Guerre civile la surprendra peu de mois plus tard. En mai 1936, sa troisiĂšme exposition individuelle, organisĂ©e par ADLAN, groupe dâartistes catalan, se tint au Centro de Estudios e InformaciĂłn de la ConstrucciĂłn, Carrera de San JerĂłnimo, Ă Madrid, avec la sĂ©rie des seize tableaux de Cloacas y Campanarios, la sĂ©rie de douze Ćuvres des Arquitecturas minerales y vegetales, et treize dessins de Construcciones rurales, que la LibrerĂa Clan publiera en 1949 sous forme dâouvrage, avec une prĂ©face de Jean Cassou. Elle mit sur pied vers la mĂȘme Ă©poque, avec Ăngel Planells, une exposition surrĂ©aliste internationale dans les New Burlington Galleries de Londres[5].
En Galice, sa rĂ©gion natale, elle se mit Ă crĂ©er ses tableaux de la sĂ©rie Agua (Eau), qui mettaient en images les messages de la mer (titre dâune future sĂ©rie), sous forme de filets de pĂȘche et de poissons, avec emploi de minĂ©raux, en teintes argentĂ©es et bleu[12].
Ă lâĂ©clatement de la guerre civile espagnole en 1936, Maruja Mallo sâenfuit au Portugal, oĂč elle fut recueillie par Gabriela Mistral, qui Ă©tait alors ambassadrice du Chili au Portugal. La totalitĂ© de son Ćuvre cĂ©ramique de cette pĂ©riode sera dĂ©truite durant la guerre civile. Peu aprĂšs, son amie Gabriela Mistral lâaida Ă se transporter Ă Buenos Aires, oĂč elle avait Ă©tĂ© invitĂ©e par une association locale, lâAsociaciĂłn de Amigos del Arte, Ă venir prononcer Ă Montevideo, puis Ă Buenos Aires, une sĂ©rie de confĂ©rences portant sur la thĂ©matique populaire dans les arts plastiques espagnols, sĂ©rie intitulĂ©e « Proceso histĂłrico de la forma en las artes plĂĄsticas » â amorce de son long exil en Argentine qui, Ă compter de 1937, allait se prolonger sur 25 ans[5] - [12].
Exil en Argentine
LâArgentine, et lâAmĂ©rique en gĂ©nĂ©ral, fut pour Maruja Mallo une grande rĂ©vĂ©lation. Elle se mit Ă remplir ses Ćuvres de couleurs en accentuant leur cĂŽtĂ© onirique, cosmique et Ă©sotĂ©rique. Tout en continuant de peindre, et donnant parallĂšlement des cours, elle cultiva ses amitiĂ©s, entre autres avec Pablo Neruda, et sâintĂ©gra dans le milieu intellectuel argentin, entretint des contacts avec RamĂłn GĂłmez de la Serna, Oliverio Girondo, Angel Garma, MarĂa Rosa Oliver etc., et mena une vie sociale fort active, prononçant des confĂ©rences et montant des expositions. BĂ©nĂ©ficiant dâune prompte reconnaissance, elle collabora Ă la cĂ©lĂšbre revue dâavant-garde Sur, Ă laquelle contribuait Ă©galement Jorge Luis Borges, conçut des objets de dĂ©coration pour la maison Compte, et travailla comme illustratrice pour la revue AtlĂĄntida, appartenant au groupe dâĂ©diteurs de Constancio Vigil, avec qui elle restera en relation dâamitiĂ© jusquâĂ la mort de celui-ci en 1954[13].
Voyageant beaucoup, partageant sa vie entre lâUruguay et Buenos Aires, elle ne cessa nĂ©anmoins de dessiner et de peindre. En mĂȘme temps, des expositions de ses Ćuvres se succĂ©daient Ă Paris, au BrĂ©sil et Ă New York. Ses premiĂšres Ćuvres produites en Argentine, continuations de la voie inaugurĂ©e avec Sorpresa del trigo (littĂ©r. Surprise du froment), furent Arquitectura humana, Canto de espigas (littĂ©r. Chant des Ă©pis) et Mensaje del mar (littĂ©r. Message de la mer)[5]. Son style pictural Ă©volua du constructivisme vers une peinture plus originale, plus claire et plus lumineuse, sous lâemprise dâun plus grand engagement social et du besoin de mettre lâĂȘtre humain au centre de lâinspiration. Câest ainsi quâelle mit en chantier sa prĂ©cieuse sĂ©rie Marine, harmonies lunaires en teintes argentĂ©es et grises, suivie de la sĂ©rie Terrestre, oĂč un autre thĂšme de cette Ă©poque, le soleil, trouvera Ă sâexprimer, par des harmonies cette fois solaires, en coloris ocres et dorĂ©s, et enfin de la sĂ©rie des MĂĄscaras (littĂ©r. Masques), pour laquelle Maruja Mallo sâĂ©tait directement inspirĂ©e des cultes syncrĂ©tiques des AmĂ©riques[5] - [13].
En aoĂ»t 1937, Maruja Mallo envoya au journal La Vanguardia de Barcelone un texte intitulĂ© « Relato veraz de la realidad de Galicia » (littĂ©r. RĂ©cit vĂ©ridique de la rĂ©alitĂ© de Galice), oĂč elle livra un long rĂ©cit des faits auxquels elle avait assistĂ© durant la Guerre civile en Galice et une chronique de la tragĂ©die qui avait dĂ©solĂ© sa patrie, et oĂč elle exposa les raisons de son exil volontaire[13].
En 1938, Alfonso Reyes, ami de Maruja Mallo et alors ambassadeur du Mexique en Argentine, sollicita sa collaboration pour la mise en scĂšne de son Ćuvre thĂ©Ăątrale Cantata en la tumba de Federico GarcĂa Lorca, avec une musique du compositeur Jaume Pahissa et la collaboration spĂ©ciale de lâactrice Margarita Xirgu, amie de GarcĂa Lorca. La piĂšce eut sa premiĂšre le au thĂ©Ăątre Smart de Buenos Aires et fut un motif de grande satisfaction pour Maruja Mallo[13]. Elle restera aux cĂŽtĂ©s de Reyes jusquâen 1938, date oĂč il sâen retourna au Mexique.
En 1939, elle se rendit Ă Santiago du Chili pour y prononcer un cycle de confĂ©rences, ce quâelle mit Ă profit pour visiter ValparaĂso. Le Museo del Dibujo y la IlustraciĂłn de Buenos Aires acquit dâelle pour ses collections deux temperas sur papier, figurant des animaux mi rĂ©els, mi fantastiques. Ă lâĂąge de 37 ans, elle fit paraĂźtre le livre Lo popular en la plĂĄstica española a travĂ©s de mi obra (littĂ©r. lâĂlĂ©ment populaire dans la plastique espagnole Ă lâexemple de mon Ćuvre, 1939), et commença Ă peindre plus particuliĂšrement des portraits de femmes, dont le style apparaĂźt prĂ©curseur du pop art amĂ©ricain. En 1940, elle entreprit un nouveau voyage Ă Montevideo et visita les plages atlantiques de Punta del Este et de Punta Ballena.
En 1942 parut un ouvrage regroupant des textes de lâartiste, intitulĂ© Maruja Mallo et dotĂ© dâune note dâintroduction de RamĂłn GĂłmez de la Serna[5]. En 1945, elle voyagea vers le Chili, et se rendit Ă Viña del Mar et Ă lâĂźle de PĂąques, en compagnie de son ami Pablo Neruda, en quĂȘte dâinspiration pour rĂ©pondre Ă une commande portant sur une peinture murale Ă rĂ©aliser dans le cinĂ©ma Los Ăngeles de Buenos Aires, qui allait ĂȘtre inaugurĂ© en octobre de cette mĂȘme annĂ©e (mais qui a Ă©tĂ© dĂ©moli depuis lors). Le , elle monta une exposition Ă la galerie Carroll Carstairs de New York, puis en 1949 quitta lâArgentine pour se fixer Ă New York. En , elle exposa Ă la Galerie Silvagni Ă Paris et en 1959 Ă la galerie Bonino de Buenos Aires.
Ă cette Ă©poque, sa peinture avait continuĂ© Ă Ă©voluer, tant sur le plan formel que conceptuel ; Ă la vitalitĂ© qui caractĂ©risait autrefois ses verbenas, Ă la nature festive et ornementale de ses premiĂšres Ćuvres, avait succĂ©dĂ© Ă prĂ©sent une plus grande sĂ©vĂ©ritĂ© dans la composition, les ordonnances gĂ©omĂ©triques sâimposant dĂ©sormais comme une constante dans son Ćuvre plastique[14].
Maruja Mallo avait eu jusque-lĂ en Argentine une vie sociale et culturelle agitĂ©e, mais entre 1945 et 1957, elle mena une existence plus retirĂ©e et discrĂšte, ses apparitions publiques et ses expositions se faisant plus rares, avec de notoires escapades aux Ătats-Unis. Avec lâarrivĂ©e au pouvoir de PerĂłn, elle sâĂ©tait Ă nouveau sentie prisonniĂšre, et dĂ©cida alors de vendre nombre de ses Ćuvres au joaillier Samuel MalĂĄ, qui les exposera dans ses bijouteries de Buenos Aires, du Chili, de Paris et de New York. ParallĂšlement, son Ćuvre aussi traversa une pĂ©riode de silence, que seulement en 1951 sa participation Ă la Ire Biennale hispano-amĂ©ricaine dâart Ă Madrid viendra interrompre[15]. Finalement, en 1962, elle rentra Ă Madrid, au dĂ©part de New York, retrouvant son Espagne natale au bout de 25 ans dâexil.
De retour en Espagne
Maruja Mallo revint une premiĂšre fois Ă Madrid en 1961, Ă lâoccasion dâune rĂ©trospective de son Ćuvre organisĂ©e Ă la galerie MediterrĂĄneo, mais ce ne sera quâen 1965 quâelle quittera dĂ©finitivement lâAmĂ©rique. Celle qui avait Ă©tĂ© lâune des grandes figures du surrĂ©alisme de lâavant-guerre Ă©tait devenue une quasi inconnue dans son pays natal et nây avait plus guĂšre de vie publique ; cependant elle rĂ©ussit Ă se reconstruire une renommĂ©e, et notamment se remit bientĂŽt Ă dessiner le frontispice de la revue Revista de Occidente. Commença alors une nouvelle pĂ©riode de sa trajectoire artistique, que les historiens de lâart ont nommĂ©e sa pĂ©riode « cosmique », et oĂč elle sâemploya Ă recrĂ©er la nature sud-amĂ©ricaine, dans des Ćuvres dont les plus importantes sont : Agol (1969), Geonauta (1975) et Selvatro (1982)[16].
Plus tard encore, en 1979, Ă prĂ©sent ĂągĂ©e de 77 ans, mais ayant conservĂ© ses anciennes fraĂźcheur et vitalitĂ©, elle entama son ultime pĂ©riode picturale, incarnĂ©e par la sĂ©rie Los moradores del vacĂo (littĂ©r. les RĂ©sidents du vide).
Ćuvre
La trajectoire artistique de Maruja Mallo se laisse subdiviser en plusieurs pĂ©riodes distinctes, dont chacune est sous-tendue par telle doctrine artistique particuliĂšre et sâincarne dans telle sĂ©rie dâĆuvres (et souvent dans une exposition affĂ©rente). La succession des pĂ©riodes correspond dans quelques cas Ă un mouvement de va-et-vient entre profusion baroque et sobriĂ©tĂ© hĂ©raldique, entre figuratif humain et constructivisme abstrait, entre statisme et dynamisme, entre monochromatisme et palette gĂ©nĂ©reuse.
PremiĂšre exposition : Verbenas et Estampas
ImpressionnĂ© par lâĆuvre de Maruja Mallo, Ortega y Gasset, fondateur de la prestigieuse revue Revista de Occidente, mit sur pied en 1928 la premiĂšre vĂ©ritable exposition personnelle de lâartiste dans les salons mĂȘmes de la revue. Les tableaux exposĂ©s apparaissent comme des espaces baignĂ©s de lumiĂšre et de couleurs, peuplĂ©s de figures de manolas (type populaire fĂ©minin), de toreros, de prĂȘtres, de rois, de militaires, de bourgeois etc., souvent caricaturĂ©es[17]. Lâexposition comprenait 30 Ćuvres, regroupĂ©es originellement en deux sĂ©ries :
- les Verbenas : quatre peintures Ă lâhuile constituent cette sĂ©rie consacrĂ©e aux fĂȘtes madrilĂšnes, dont fait partie le tableau La Verbena. Au point de vue formel, les Verbenas (la verbena est une fĂȘte populaire nocturne, Ă lâallure de fĂȘte foraine, typique de Madrid) sont conçues comme un assemblage scĂ©nographique de fragments dâimages, Ă la façon de collages, oĂč apparaissent pĂȘle-mĂȘle les traditions populaires, lâancienne sociĂ©tĂ© caduque et la sociĂ©tĂ© nouvelle, les idĂ©aux de lâavenir, et la magie[3]. Dans ces compositions bariolĂ©es, expressions de la vision du monde personnelle de lâartiste, celle-ci peint des scĂšnes baroques, apparemment dĂ©nuĂ©es de toute logique, oĂč les motifs se multiplient, produisant un tourbillon de lignes et de sensations. Sây cĂŽtoient, autour des protagonistes principaux, tous les Ă©lĂ©ments typiques des fĂȘtes populaires Ă Madrid (baraques foraines, tĂȘte de Turc etc.), Ă cĂŽtĂ© dâautres personnages plus Ă©tranges, comme le gĂ©ant cyclopĂ©en, le moine jouissant dâune des attractions, ou la figure aux pieds difformes et Ă la guitare dans le dos qui demande lâaumĂŽne. Dans les Verbenas, lâespace est tout entier saturĂ© de gens et de choses diverses, et imprĂ©gnĂ© dâune atmosphĂšre pleine de surprises magiques et de messages, Ă quoi sâajoute une fine satire, dans laquelle sâexprime le sens critique pointu propre Ă lâartiste. Ces tableaux au chromatisme rutilant prĂ©sentent, en tant quâils donnent forme au sentiment de lâabsurde, une allure indĂ©niablement surrĂ©aliste[17].
- les Estampes : ces tableaux peu colorĂ©s prennent pour motifs les innovations urbaines du dĂ©but du siĂšcle : gratte-ciel, machines, vitesse, cinĂ©ma etc. La sĂ©rie des Estampas se dĂ©compose comme suit : Estampes populaires (sâinscrivant dans la ligne des foires et des fĂȘtes, elles montrent des balcons donnant sur la mer, des tavernes, des Ă©piceries, des passages Ă niveau) ; Estampes sportives (par lesquelles Maruja Mallo rend hommage au sport, phĂ©nomĂšne dĂ©couvert peu avant, dans la dĂ©cennie 1920, symbole moderne de lâidĂ©al physique, du dynamisme et de lâindĂ©pendance fĂ©minine, et qui prolongent les tableaux analogues peints auparavant par Mallo, comme Ciclista de 1927 ou Elementos de deporte de 1927 ; Estampes de machines et de mannequins (Ă©vocations de lâĂ©poque romantique, satires de figures anachroniques : messieurs et dames en crise, dĂ©teintes, sous atmosphĂšre de naphtaline et dâordonnances mĂ©dicales, apparaissant aux balcons de lâopĂ©ra et dans les salons, ou gisant oubliĂ©es dans des villĂ©giatures dâhiver) ; Estampes dâintĂ©rieurs lugubres (peuplĂ©es de messieurs et de dames au corps tronquĂ©, soutenu par des armatures orthopĂ©diques, mais toujours en tenue de cĂ©rĂ©monie, portant postiches, dentiers etc., ou de ces mannequins coutumiers de toutes les villes, Ă©berluĂ©s par le phĂ©nomĂšne de la vitesse, subissant les soubresauts des machines) ; et Estampes cinĂ©matiques (sensations visuelles nĂ©es de lâeffet de simultanĂ©itĂ© que produit le dynamisme de la rue, images figurant des places frappĂ©es de terreur, des ensembles mĂ©caniques reliĂ©s entre eux mais discordants, mettant en scĂšne machines, gratte-ciel, ĂȘtres, enseignes lumineuses, le tout sâentremĂȘlant avec quelques funestes Ă©vĂ©nements tirĂ©s de la vie quotidienne des villes)[18] - [19].
Verbenas et Estampas peuvent ĂȘtre vues comme une dĂ©claration dâintention de son projet esthĂ©tique, centrĂ© sur le dĂ©sir de faire la jonction entre la modernitĂ© de son Ă©poque et la tradition populaire espagnole. En effet, Maruja Mallo, si elle avait certes bien assimilĂ© toute la vague de modernitĂ© plastico-sociale de lâavant-garde europĂ©enne, sâattachait en mĂȘme temps Ă la fusionner avec « lo popular », ce terme devant sâentendre comme le substrat culturel authentiquement espagnol, dont le phĂ©nomĂšne madrilĂšne de la verbena peut faire figure de parangon. Il sâagit dâun art nouveau, en rupture avec le rĂ©gionalisme alors dominant, dans la forme autant que dans lâintention, et se prĂ©valant dâune esthĂ©tique nouvelle, proche de lâArt dĂ©co ; tandis quâelle fusionnait les diffĂ©rentes avant-gardes, Maruja Mallo les popularisait, dans un alliage et une perspective utopiques, en accord avec son Ă©poque, qui sâimaginait que le nouvel art et les artistes eussent le pouvoir de changer le monde â façon de procĂ©der thĂ©orisĂ©e dans le concept de rĂ©alisme magique par le critique allemand Franz Roh dans Nach-Expressionismus. Magischer Realismus. Probleme der neuesten europĂ€ischen Malerei, ouvrage diffusĂ© en Espagne en 1927, en traduction espagnole, par la Revista de Occidente[3].
Alors que les Verbenas Ă©voquent un univers populaire dĂ©bordant de vie, les Estampas pourraient ĂȘtre classĂ©es dans le genre de la nature morte, attendu quâils montrent des groupements dâobjets hĂ©tĂ©rogĂšnes qui, thĂ©matiquement, se restreignent aux motifs pouvant se prĂȘter Ă une reprĂ©sentation allĂ©gorique des temps nouveaux et Ă la mise Ă nu de la dĂ©cadence dâune Ă©poque passĂ©e. La contemporanĂ©itĂ© est figurĂ©e ici par la mode, le sport, les vĂ©hicules Ă moteur, les paquebots transatlantiques, les aĂ©roplanes, etc., tandis que le passĂ© est Ă©voquĂ© par le biais de mannequins sans visage, affublĂ©s de toupets et de moustaches. En dĂ©pit du statisme inhĂ©rent au genre de la nature morte, les Estampas sont douĂ©s dâun mouvement vibrant rĂ©sultant de la fragmentation des images, de leur apparent chaos, et de lâeffet dynamique de compositions oĂč la diagonale est un recours actif sans cesse prĂ©sent[3].
Lâexposition de la Revista de Occidente marqua un jalon dans le parcours artistique de Maruja Mallo. Pour elle, qui connaissait nombre de personnalitĂ©s, culturelles ou autres, de lâĂ©poque, comme Miguel de Unamuno, RamĂłn GĂłmez de la Serna, Antonio Machado, Gregorio Marañón, Fernando de los RĂos etc., la Revista de Occidente Ă©tait un « centre oĂč lâon portait haut la banniĂšre de la conscience civique et des nouvelles tendances humanistes â [qui mâa apportĂ© des] amitiĂ©s qui ont perdurĂ© tout au long de ma vie »[3].
Federico GarcĂa Lorca dit Ă propos de Verbenas : « ce sont les tableaux que jâai vus peints avec le plus dâimagination, dâĂ©motion, de sensualitĂ© et de tendresse », et il fut le seul Ă percevoir le message dissimulĂ© dans lâabsence de couleur des Estampas, puisquâil les appela des « annonces nĂ©crologiques ». Lâartiste elle-mĂȘme, amenĂ©e un jour Ă commenter sa propre Ćuvre, dĂ©clara que « les fĂȘtes populaires sont une rĂ©vĂ©lation paĂŻenne et expriment le dĂ©saccord avec lâordre existant »[9]. Ă propos des conceptions artistiques sous-jacentes Ă ses Verbenas et Estampas, elle Ă©crivit encore :
« Ma plastique est un processus qui Ă©volue constamment. Elle est un dĂ©veloppement dynamique dans la forme et dans le contenu. Elle a son origine dans lâart populaire espagnol, qui est la vĂ©ritable tradition de ma patrie. Lâart populaire est la reprĂ©sentation lyrique de la force crĂ©atrice de lâhomme, du pouvoir dâĂ©dification du peuple, qui produit des choses de proportions, de formes et de couleurs inventĂ©es : crĂ©ations magiques aux mesures exactes [...] Ă une humanitĂ© nouvelle correspond un art nouveau. Parce quâune rĂ©volution artistique ne se contente pas seulement de trouvailles techniques. Le vrai sens qui produit un art nouveau et intĂ©gral est, Ă cĂŽtĂ© dâune connaissance scientifique solide et dâun mĂ©tier manuel sĂ»r, lâapport dâune iconographie, pour une religion vivante, pour un nouvel ordre. Lâartiste doit prĂ©parer lâavĂšnement des nouvelles tendances, en donnant forme dĂ©finitive Ă celles de son temps. Lâart est, consciemment ou inconsciemment, de la propagande. Lâart rĂ©volutionnaire est une arme quâemploie une sociĂ©tĂ© consciente contre une sociĂ©tĂ© dĂ©composĂ©e[20]. »
Cloacas y campanarios
En 1932, pendant son sĂ©jour Ă Paris, qui se prolongea sur plusieurs mois, Maruja Mallo exposa Ă la galerie Pierre Loeb, lieu dâexposition attitrĂ© des surrĂ©alistes, 16 peintures Ă lâhuile de la sĂ©rie Cloacas y campanarios (Cloaques et Clochers). Cette exposition reçut les Ă©loges des plasticiens surrĂ©alistes[3], et AndrĂ© Breton, restĂ© admiratif, acquit un de ces tableaux, EspantapĂĄjaros (Ăpouvantail), toile parsemĂ©e de spectres, considĂ©rĂ©e aujourdâhui comme lâune des Ćuvres vedette du mouvement surrĂ©aliste[10].
Sa peinture, qui jusque-lĂ avait Ă©tĂ© dâun coloris intense et dâun puissant dynamisme, tendit Ă prĂ©sent, alors que le degrĂ© de confluence de sa crĂ©ation avec le surrĂ©alisme Ă©tait au plus haut, vers une composition plus sobre. Par suite de ses contacts avec le mouvement, et marquant le dĂ©but de sa pĂ©riode surrĂ©aliste, un changement radical sâĂ©tait opĂ©rĂ© dans son art, lequel Ă©tait passĂ© dâun caractĂšre jovial et ludique Ă une peinture monochromatique, peuplĂ©e de figures fantasmatiques mais aussi de dĂ©chets censĂ©s figurer la marginalitĂ© et le dĂ©racinement social[10]. Dans cette nouvelle esthĂ©tique du sordide sâexprimait le ressentir dâune gĂ©nĂ©ration qui Ă©prouvait une fascination particuliĂšre pour la putrescence, ce dont tĂ©moignent de nombreux spĂ©cimens picturaux, rĂ©alisĂ©s sur des supports divers, parmi lesquels les premiĂšres toiles de DalĂ vouĂ©es Ă cette thĂ©matique, telles que par exemple La miel es mĂĄs dulce que la sangre (littĂ©r. le Miel est plus doux que le sang), de 1927, aujourdâhui en un lieu inconnu, le film Un chien andalou, rĂ©alisĂ© par le mĂȘme en collaboration avec Buñuel, ou la littĂ©rature produite dans ces annĂ©es-lĂ par Miguel HernĂĄndez, Rafael Alberti, Gil Bel ou GarcĂa Lorca lui-mĂȘme[3]. Les promenades quâavaient faites Maruja Mallo avec ses compagnons de lâĂ©cole de Vallecas les avaient conduits dans des paysages misĂ©rables de la banlieue madrilĂšne, oĂč la ville finissait et oĂč commençait la dĂ©perdition et le dĂ©nuement, en syntonisation avec les entrelacs ferroviaires et avec une nature chargĂ©e lĂ -bas dâun intense tellurisme gĂ©ologique. Les membres de ladite Ă©cole sâexprimaient sur la toile au moyen dâune peinture sombre, obtenue en mĂȘlant Ă lâhuile un ensemble de matiĂšres recueillies sur place, telles que cendre, terre, chaux, soufre, etc. Il en rĂ©sulte des paysages lugubres, oĂč pullulent squelettes dâanimaux, lambeaux de tissus, bouts de papier, et prĂ©caires Ă©pouvantails se cabrant au vent et confĂ©rant une apparence de vie Ă un espace de mort : le cimetiĂšre de la grande ville[3].
Maruja Mallo déclara au sujet de cette série :
« Ă ce moment-lĂ , jâĂ©tais intĂ©ressĂ©e par la nature Ă©liminant les immondices, par la terre incendiĂ©e et embourbĂ©e. Les cloaques frappĂ©s par le vent. Les clochers rebattus par les intempĂ©ries. Le monde des choses quâelle [la nature] forme, contre lesquelles je butais frĂ©quemment dans les gares de banlieue, est la base fondamentale du contenu de mon travail de ce moment-lĂ . Sur le sol se lĂšve une aurĂ©ole de dĂ©combres. Dans ces panoramas dĂ©solĂ©s, la prĂ©sence de lâhomme apparaĂźt dans les traces, dans les vĂȘtements, dans les squelettes et dans les morts. Cette prĂ©sence humaine, Ă la rĂ©alitĂ© fantasmique, qui surgit au milieu du tourbillon des dĂ©tritus, sâajoute aux pierres secouĂ©es, aux espaces couverts de cendre, aux surfaces inondĂ©es par la vase, habitĂ©es par les vĂ©gĂ©taux les plus revĂȘches et explorĂ©es par les animaux les plus agressifs. Ă cette nature terrestre, Ă ces campagnes dĂ©faites sâassocient les temples chamboulĂ©s, les images dĂ©truites, les habits ecclĂ©siastiques agonisants, les machines et les armes en ruines[21]. »
Architectures minérales et végétales
Ă son retour Ă Madrid en 1933, Maruja Mallo rĂ©visa une nouvelle fois ses conceptions plastiques, comme l'attestent les vignettes rĂ©alisĂ©es par elle Ă partir dâavril de cette mĂȘme annĂ©e pour figurer sur les couvertures de la Revista de Occidente. Ces Ćuvres dĂ©notent une quĂȘte de synthĂšse, obtenue en portant au jour lâessence gĂ©omĂ©trique et structurelle dâun groupe de fruits de nature diverse â poires, pommes, courges, oranges, cĂ©rĂ©ales, etc.[3]
Maruja Mallo avait fait la connaissance de Miguel HernĂĄndez, qui, arrivĂ© Ă Madrid en 1931, accompagna lâartiste peintre dans ses promenades et randonnĂ©es Ă travers la campagne de Vieille-Castille. Le fruit de ces pĂ©riples sont les sĂ©ries Arquitecturas minerales et Arquitecturas vegetales, oĂč se manifeste lâintĂ©rĂȘt de Maruja Mallo pour la nature, sous les espĂšces ici dâun ensemble dâabstractions Ă partir dâĂ©lĂ©ments naturels, tels que pierres et fossiles (les architectures minĂ©rales) et fruits (les architectures vĂ©gĂ©tales)[11], et oĂč elle sâattachait Ă sonder lâordre gĂ©omĂ©trique interne de la nature. Les Arquitecturas sont des peintures Ă lâhuile exĂ©cutĂ©es Ă la spatule, comportant une palette de couleurs restreinte et oĂč lâartiste sâapplique Ă mettre en Ă©vidence la texture des choses. Le processus de synthĂ©tisation auquel les formes Ă©taient soumises confĂšre aux toiles une allure hĂ©raldique. Du point de vue de la composition, Du point de vue de la composition, Maruja Mallo organisa la surface des tableaux en trois zones se distinguant lâune de lâautre par des teintes monochromes, et que leur texture concourait Ă diffĂ©rencier : le motif principal â vĂ©gĂ©tal ou minĂ©ral â est rendu Ă lâaide de contours noirs appuyĂ©s, et dotĂ© dâun relief simple par un exhaussement oĂč la couleur joue un rĂŽle important ; dans un deuxiĂšme plan, qui fait dĂ©faut dans quelques tableaux, des formes organiques abstraites agissent comme support spatial au motif principal ; ces deux plans enfin se dĂ©tachent sur un fond monochrome qui contraste avec eux, mais toujours au sein de la mĂȘme gamme chromatique[3].
Maruja Mallo nous explique comme suit la genÚse de cette série :
« La nature est ce qui commence Ă mâattirer : dĂ©couvrir un nouvel ordre. Lâordre est lâarchitecture intime de la nature et de lâhomme, la mathĂ©matique vivante du squelette. Dans la nature, limpide et mystĂ©rieuse, spontanĂ©e et construite, dĂ©pourvue de fantasmes anachroniques, jâanalyse la structure des minĂ©raux et des vĂ©gĂ©taux, la diversitĂ© des formes cristallines et biologiques, synthĂ©tisĂ©es en un [ordre] numĂ©rique et gĂ©omĂ©trique, dans un ordre vivant et universel⊠CrĂ©er comme la nature[22]. »
Ailleurs, elle précise :
« La construction dâun tableau ou dâune architecture possĂšde ses lois fixes comme la structure de lâhomme et des planĂštes [...] Jâobserve les constructions rurales, la structure intime des fruits et des Ă©pis, lâarchitecture des minĂ©raux de nos campagnes dâEspagne. Je dĂ©couvre quâun ordre numĂ©rique et gĂ©omĂ©trique rĂ©git toutes ces structures, domine lâunivers. Je cherche lâexpression de cet ordre, de cette harmonie, de lâĂ©quilibre rĂ©gi par le nombre. Je pense alors que le tableau est aussi une crĂ©ation organique [...] Dans la nature, il y a deux canons. Le canon minĂ©ral et celui biologique. Dans les deux, il y a une leçon de gĂ©omĂ©trie, de mathĂ©matiques. De mathĂ©matiques au sens strict dans tel cas, de mathĂ©matique vivante dans tel autre. Lâart grec sâappuie sur cette mathĂ©matique vivante. Les cathĂ©drales en revanche sâappuient sur ces mathĂ©matiques statiques. Ces manifestations, je les appelle art classique⊠Il nây a pas une ligne dans un de mes tableaux qui nâobĂ©isse au tracĂ© directeur, au squelette gĂ©omĂ©trique qui sert dâĂ©chafaudage Ă la reprĂ©sentation du tableau [...] Mes derniĂšres choses sont le rĂ©sultat dâun processus, ce que moi jâappellerais le processus biologique dâun tableau [...] Ces lois qui rĂ©gissent ma peinture lui donnent un caractĂšre universel. Jâaspire Ă ce que les thĂšmes soient eux aussi universels[23]. »
Construcciones rurales
Les Constructions rurales, dessins dâaspect nettement architectonique, ont probablement trouvĂ© leur origine dans le contact de Maruja Mallo avec une esthĂ©tique populaire associĂ©e au monde de la cĂ©ramique et dans le sĂ©jour de lâartiste en milieu rural en Castille Ă partir de 1933. Il sâagit de constructions renvoyant Ă des formes anthropomorphes, zoomorphes et vĂ©gĂ©tales, adoptant un aspect dâarmature Ă forte propension constructiviste. Dâautre part, ces dessins prĂ©sentent Ă©galement un net caractĂšre de mise en scĂšne, dâailleurs effectivement matĂ©rialisĂ©, pour quelques-unes de leurs composantes, dans sa Plastique scĂ©nographique, quâelle montra dans une exposition individuelle tenue en 1936 pour le compte dâADLAN (Amigos de las Artes Nuevas) Ă Madrid. Par ces scĂ©nographies et figurines, en consonance avec les sĂ©ries Arquitecturas minerales, Arquitecturas vegetales et Construcciones rurales, Maruja Mallo cherchait Ă façonner celles-ci selon trois dimensions au moyen de constructions en matiĂšres vĂ©gĂ©tales et en cĂ©ramique se dĂ©coupant sur des arriĂšre-plans en rapport avec les tableaux concernĂ©s[3].
La religiĂłn del trabajo et Cabezas de mujer
Lors de son voyage vers lâexil argentin, le , Ă bord du vapeur postal AlcĂĄntara, naviguant sous pavillon britannique, Maruja Mallo emportait des Ă©bauches de la Religion du travail, sĂ©rie innovante, oĂč elle devait mettre en Ćuvre toutes ses obsessions dâartiste â la nature, lâordre et la vie â, clefs de son style dĂ©finitif. Les tableaux les plus emblĂ©matiques de cette sĂ©rie, dont le thĂšme principal est le travail, sont Sorpresa del trigo, de 1936, amorce de la sĂ©rie, Ćuvre dâune grande intensitĂ© poĂ©tique, et Arquitectura humana, de 1937[12] - [3].
Sorpresa del trigo met en scĂšne les yeux Ă©tonnĂ©s dâune femme en contemplation devant le mystĂšre de trois Ă©pis de froment qui jaillissent de ses doigts, et tenant dans sa main gauche trois semences, lesquelles semblent, en germant, faire naĂźtre un autre tableau de la sĂ©rie, Canto de las Espigas (littĂ©r. Chant des Ă©pis, de 1939). Aux yeux de Maruja Mallo elle-mĂȘme, Sorpresa del trigo Ă©tait son tableau le plus important, son Guernica Ă elle[24].
La sĂ©rie, qui sâinscrit dans lâesthĂ©tique nouvelle adoptĂ©e par elle en Espagne, et inaugurĂ©e avec le tableau Sorpresa del trigo, se compose de sept peintures Ă lâhuile figurant dans un registre Ă©pique et sur un mode hĂ©raldique les travailleurs de la mer et de la terre. Maruja Mallo, ici plus que jamais ailleurs dans son Ćuvre, sâappliqua Ă une composition rigoureuse rĂ©gie selon des principes constructivistes et classiques. La forme se plie Ă des ordonnances harmoniques dĂ©terminĂ©es par le nombre d'or, adoptant une configuration symĂ©trique que seuls viennent altĂ©rer quelques motifs accessoires. Ă lâopposĂ© dâune conception proche de lâabstraction, qui avait Ă©tĂ© celle dâArquitecturas minerales et dâArquitecturas vegetales, la sĂ©rie La religiĂłn del trabajo tend Ă en revenir Ă un art plus figuratif, aux caractĂ©ristiques similaires Ă ses Verbenas, câest-Ă -dire plus apparentĂ© Ă une esthĂ©tique Art dĂ©co imprĂ©gnĂ©e par le rĂ©alisme magique prĂ©valant dans les annĂ©es 1920. Quant aux arriĂšre-plans, Maruja Mallo sut prĂ©server la sobriĂ©tĂ© neutre propre Ă ses Arquitecturas minerales y vegetales, pour en faire des champs uniques monochromes. La sĂ©rie La religiĂłn del trabajo aura son prolongement â quoiquâavec un contenu sensuel plus prononcĂ© â dans une sĂ©rie intitulĂ©e Cabezas de mujer (littĂ©r. TĂȘtes de femme)[3]. Ces portraits « bidimensionnels » (face et profil juxtaposĂ©s), tĂȘtes fĂ©minines rĂ©alisĂ©es entre 1941 et 1951 pendant son sĂ©jour en Argentine, correspondent Ă des images trĂšs structurĂ©es, qui sâappuient sur un dessin prĂ©cis et sur un sens aigu de la forme gĂ©omĂ©trisĂ©e et architecturale, tardive retombĂ©e de son appartenance au Grupo Constructivo de Torres-GarcĂa en 1933. Dans ces visages, dâun caractĂšre plastique stylisĂ©, oĂč prĂ©dominent les rondeurs, les regards hypnotiques sont ce qui frappe dâabord[25].
Naturalezas vivas
Les sĂ©jours rĂ©pĂ©tĂ©s effectuĂ©s par Maruja Mallo sur les plages uruguayennes de Punta del Este et de Punta Ballena, de mĂȘme que sur celle argentine de Mar del Plata entre 1940 et 1944, lui inspireront sa nouvelle sĂ©rie Naturalezas vivas (littĂ©r. Natures vivantes), titre qui, suggĂ©rant un rapport antinomique avec le genre de la nature morte, laisse entrevoir un optimisme et une vitalitĂ© dĂ©libĂ©rĂ©s. Algues, coquillages et fleurs apparaissent sur la toile disposĂ©s selon des arrangements harmoniques et sur un mode hĂ©raldique, en se dĂ©coupant sur des arriĂšre-fonds ondoyants marins ou cĂ©lestes[3].
CinĂ©ma Los Ăngeles de Buenos Aires
Maruja Mallo reçut une commande portant sur trois peintures murales pour le cinĂ©ma Los Ăngeles (aujourdâhui disparu) situĂ© autrefois Avenida Corrientes Ă Buenos Aires[13]. Les Ă©bauches quâelle rĂ©alisa dĂ©notent une rupture avec le statisme qui avait caractĂ©risĂ© les derniĂšres en date de ses sĂ©ries, Ă savoir La religiĂłn del trabajo et Cabezas de mujer. Il sâagit dâune chorĂ©graphie dynamique faisant intervenir des ĂȘtres â sirĂšnes, atlantes et ballerines â qui, davantage quâĂ des anges, feraient songer Ă des ĂȘtres issues de civilisations englouties, certains de ces ĂȘtres prĂ©sentant des traits incaĂŻques ou crĂ©tois. Ces figures volantes, exĂ©cutant une danse harmonique sous-marine, sont disposĂ©es selon des compositions en spirale ou en svastika, engendrant une forte impression de mouvement, accentuĂ©e encore par lâapesanteur et lâabsence de tout arriĂšre-plan apte Ă leur servir de support ; seuls des motifs vĂ©gĂ©taux et animaux, placĂ©s en lisiĂšre de lâĆuvre, dĂ©limitent le cadre de leurs mouvements dĂ©sarticulĂ©s[3].
Los moradores del vacĂo
La sĂ©rie Los moradores del vacĂo (littĂ©r. Les RĂ©sidents du vide) fut lâultime pĂ©riode de Maruja Mallo et met en images une thĂ©matique devenue pour elle obsession. Le monde sidĂ©ral, dâĂ©tranges vaisseaux et des ĂȘtres extraterrestres sont les motifs de ce singulier univers crĂ©atif[3].
Inventaire des principales Ćuvres
- La Verbena (1927)[26]
- La kermesse (1928)[27]
- Canto de las espigas (1929)[26]
- La huella (1929)
- Tierra y excrementos (1932)[26]
- Sorpresa en el trigo (1936)[26]
- Figuras (1937)[26]
- Cabeza de mujer (1941)
- MĂĄscaras (1942)
- SĂ©rie Las naturalezas vivas (1942)
- El racimo de uvas (1944)
- Oro (1951)
- Agol (1969)
- Geonauta (1975)
- Selvatro (1979)[26]
- Concorde (1979)[26]
- MĂĄscara tres-veinte (1979)[26]
- Airagu (1979)[26]
- AcrĂłbatas macro y microcosmos (1981)[26]
- AcrĂłbatas (1981)[26]
- Protozaorios (1981)[26]
- Panteo (1982)[26]
- AcrĂłbata (1982)[26]
- Protoesquema (1982)[26]
- Razas (1982)[26]
- Viajeros del Ă©ter (1982)[26]
Prix et hommages
Prix
Au cours de la décennie 1980, elle se vit proposer plusieurs expositions et décerner divers prix, à savoir :
- la Médaille d'or du mérite des beaux-arts, par le ministÚre espagnol de la Culture, en 1982[28] ;
- le prix des Arts plastiques de Madrid, en 1982 ;
- la Médaille d'or de la Communauté de Madrid, en 1990 ;
- la MĂ©daille de Galice, en 1991.
En 1992, Ă lâoccasion de son 90e anniversaire, une exposition fut organisĂ©e Ă la galerie Guillermo de Osma Ă Madrid, montrant pour la premiĂšre fois des sĂ©ries de tableaux peints par elle pendant son exil aux AmĂ©riques. En 1993 se tint une grande rĂ©trospective Ă Saint-Jacques-de-Compostelle, Ă lâoccasion de lâinauguration du nouveau Centre galicien dâArt contemporain, exposition transfĂ©rĂ©e ensuite vers le musĂ©e des Beaux-Arts de Buenos Aires[5].
Maruja Mallo sâĂ©teignit le Ă Madrid, Ă lâĂąge de 93 ans. Sa dĂ©pouille fut incinĂ©rĂ©e au cimetiĂšre de La Almudena et ses cendres furent dispersĂ©es dans la baie de La Mariña lucense, dans le nord de la Galice[29].
Hommages
Ă Viveiro, sa ville natale, il a Ă©tĂ© envisagĂ© de construire un musĂ©e permanent et un centre dâĂ©tude de son Ćuvre[30]. Une avenue a Ă©tĂ© baptisĂ©e Ă son nom dans le district madrilĂšne dâHortaleza. En outre, on trouve des rues appelĂ©es de son nom dans plusieurs villes dâEspagne, entre autres AlmerĂa[31], Estepona et MĂ©rida[32].
LâĂ©dition 2017 de la JournĂ©e des arts galiciens fut dĂ©diĂ©e Ă Maruja Mallo sur dĂ©cision de la Real Academia Galega de Belas Artes (Ragba)[33].
Citations Ă propos de Maruja Mallo
« Maruja Mallo, entre Verbena et Ăpouvante, toute la beautĂ© du monde peut se loger au-dedans de lâĆil, ses tableaux sont ceux que jâai vus peints avec le plus dâimagination, dâĂ©motion, de sensualitĂ© et de tendresse. »
« Les créations étranges de Maruja Mallo, parmi les plus considérables de la peinture actuelle, [constituent] une révélation poétique et plastique originale ; « Cloacas » et « Campanarios » sont des précurseurs de la vision plastique informaliste. »
â Paul Ăluard
« LâĆuvre de Maruja Mallo a donc bien mĂ©ritĂ© le coup de pouce de la Revista de Occidente. Et elle lâa mĂ©ritĂ© avant tout par la haute qualitĂ© intrinsĂšque de son talent, selon le critĂšre psychologique, indĂ©pendamment des manifestations picturales par quoi ses facultĂ©s sâextĂ©riorisent, car, bien que ces manifestations soient certes de grande valeur et admirables, ce qui vĂ©ritablement importe chez elle, comme chez nâimporte quel artiste moderne, est la pure gĂ©nialitĂ© â lâindice de pure gĂ©nialitĂ©, ce quâelle a Ă nous dire de neuf, plus que la maniĂšre de le dire.
Et Maruja Mallo a du talent dâabord, et ensuite peint. »
â Antonio Espina, La Gaceta Literaria, .
Bibliographie
Ăcrits de Maruja Mallo
- (es) Maruja Mallo, « PlĂĄstica escenogrĂĄfica », Gaceta de Arte, Tenerife,â
- (es) Maruja Mallo, « Entrevista », Mundo Uruguayo, Montevideo,â
- (es) Maruja Mallo, « La ciencia de la medida y otros temas », Nuevo Continente, Buenos Aires, vol. 1,â
- (es) Maruja Mallo, « La plĂĄstica », O.U. Revista de Cultura Moderna, Mexico,â
- (es) Maruja Mallo, « Proceso histĂłrico de la forma en las artes plĂĄsticas », Grafos, La Havane,â
Ouvrages et articles sur Maruja Mallo
- (es) Collectif, Fuera de orden. Mujeres de la Vanguardia Española. Catalogue de lâexposition, Madrid, FundaciĂłn Cultural MAPFRE VIDA,
- (es) Enrique Azcoaga, « La vuelta de Maruja Mallo », ArteguĂa, Madrid,â
- (es) TĂ nia BallĂł, Las sinsombrero : sin ellas, la historia no estĂĄ completa, Barcelone, Intropia Media, (OCLC 974409794)
- (es) JosĂ© Manuel Bonet, « De la verbena a Vallecas: Divagaciones en torno a la primera Maruja Mallo », Arte y Parte, no 82,â , p. 33-36
- (es) JosĂ© Manuel Bonet, « Maruja Mallo, pura y genial paradoja », El PaĂs, Madrid,â
- (es) Bonet Juan Manuel, « Recordando a una gran pintora: Maruja Mallo », Cuadernos Hispanoamericanos, no 671,â
- (es) Francisco Calvo Serraller, « Maruja Mallo, invencible en su sueño », El Pais, Madrid,â
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- (es) Jean Cassou, « Maruja Mallo », Arquitecturas, Madrid, LibrerĂa Clan,â
- (es) Cayetano CĂłrdova Iturburu, « Una inteligencia a la caza de la armonĂa: Maruja Mallo », El Sol, Buenos Aires,â
- (es) Collectif, sous la direction de P. Corredoira, Maruja Mallo, catalogue dâexposition, Saint-Jacques-de-Compostelle, Xunta de Galicia,
- (es) Estrella De Diego, Maruja Mallo, Madrid, FundaciĂłn Mapfre,
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- (es) Consuelo de La Gandara, « Maruja Mallo », Cuadernos Hispanoamericanos, no 310,â
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- (collectif, sous la direction de Fernando Huici mars et de Juan PĂ©rez de Ayala), Maruja Mallo, Madrid, Sociedad Estatal de Conmemoraciones Culturales,
- (en) Shirley Mangini Gonzålez, Maruja Mallo and the Spanish avant-garde, Farnham (Surrey, Royaume-Uni), Ashgate, , 248 p. (ISBN 978-0-7546-6932-6, lire en ligne) (traduction espagnole sous le titre Maruja Mallo y la vanguardia española, éd. Circe, Madrid 2012)
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- (es) Amelia MelĂ©ndez TĂĄboas, « Pintura del Pueblo frente a la tiranĂa: La ReligiĂłn del Trabajo de Maruja Mallo », Revista Universitaria de Historia Militar, vol. 7, no 13,â , p. 216-232 (ISSN 2254-6111, lire en ligne).
- (es) Amelia MelĂ©ndez TĂĄboas, XIV Congreso Internacional Hamaika Bide Elkartea, 10-15 dĂ©cembre 2015 (annales), GEXEL. Universidades de Deusto, MondragĂłn y PaĂs Vasco, coll. « Heterodoxos y Heterodoxias », « El exilio profesional de Maruja Mallo: de viñetista a ilustradora total »
- (es) Collectif, XV Congreso Nacional de Historia del Arte (CEHA). Modelos, intercambios y recepciĂłn artĂstica (de las rutas marĂtimas a la navegaciĂłn en red), vol. 2, Palma, Universitat de les Illes Balears (Edicions UIB), , « FormaciĂłn y primeros trabajos de Maruja Mallo en España (1902-1931) », p. 1619-1628
- (es) Amelia MelĂ©ndez TĂĄboas, Damnatio memoria de Maruja Mallo: hoja olvidada de la historia de España, communication devant lâInternational Conference âOn Marginalization and Other Encountersâ, Texas A&M University, Kingsville, South Texas, 22-24 mars 2007.
- (es) Ellory Schmucker, Maruja Mallo : La realidad femenina dentro del surrealismo en España, Columbia, University of South Carolina,
- (es) Alejandra Val Cubero, « La profesionalizaciĂłn de las mujeres artistas españolas. El caso de Maruja Mallo (1902-1995) y Amalia Avia (1926-2011) », Papers, vol. 98, no 4,â
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- (es) ĂlĂ©ments de biographie de Maruja Mallo
- Article dâIsabel RubĂn VĂĄzquez de Parga
- (es) El salto, Ćuvre de Maruja Mallo de la collection ColecciĂłn FundaciĂłn Caixa Galicia
- Entretien avec Maruja Mallo, par Paloma Chamorro sur RTVE (1979).
- Maruja Mallo dans lâĂ©dition du 14 avril 1980 de lâĂ©mission de la TVE A fondo, avec JoaquĂn Soler Serrano.
- (es) Antonio Garrido Moreno, « Ana MarĂa GĂłmez y GonzĂĄlez (dans Diccionario BiogrĂĄfico Español) », Madrid, Real Academia de la Historia, (consultĂ© le )
Notes et références
- Dans lâhypocoristique Maruja (qui nâest pas un prĂ©nom Ă part entiĂšre), le j se prononce comme la jota espagnole (semblable au ch allemand de Bach), et le u comme un ou. Le l double de Mallo est un l palatal, mais sera prononcĂ© par beaucoup dâhispanophones comme la semi-voyelle y ; prononcer Mallo comme le mot français maillot apparaĂźt donc acceptable, Ă condition toutefois dâavoir soin de placer lâaccent tonique sur la 1re syllabe. API : [ma'ruxa 'maÊo].
- (en) Shirley Mangini, « From the Atlantic to the Pacific: Maruja Mallo in Exile », Studies in 20th and 21st Century Literature, vol. 30,â , p. 86 (DOI 10.4148/2334-4415.1616)
- (es) Antonio Garrido Moreno, « Ana MarĂa GĂłmez y GonzĂĄlez (dans Diccionario BiogrĂĄfico Español) », Madrid, Real Academia de la Historia, (consultĂ© le )
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 2.
- « Maruja Mallo », (version du 29 janvier 2007 sur Internet Archive)
- Maruja Mallo raconta dans un entretien : « Tout le monde portait un chapeau, câĂ©tait quelque chose comme un marqueur de diffĂ©rence sociale. Mais, un beau jour, il nous prit, Ă Federico, Ă DalĂ, Ă Margarita Manso, Ă©tudiante elle aussi, et Ă moi, dâenlever notre chapeau, et quand nous avons traversĂ© la Puerta du Sol, ils nous jetaient des pierres, en nous traitant de tous les noms, comme si nous avions fait une dĂ©couverte, comme Copernic ou GalilĂ©e. Câest pour cela quâils nous insultaient, parce quâils pensaient que se dĂ©pouiller de son chapeau Ă©tait comme une manifestation qui ne convenait pas Ă notre sexe. » (citĂ© par Ana MarĂa PĂ©rez MartĂn, dans Maruja Mallo, pintora de la vanguardia española, communication lors du Xe CongrĂšs virtuel sur lâhistoire des femmes).
- (es) Estrella de Diego, « La vida vanguardista de Maruja Mallo », El Pais,â (ISSN 1134-6582, lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) Collectif, Catålogo de la exposición Forma, palabra y materia en la poética de Vallecas, Alicante, Diputación de Alicante, (ISBN 978-84-96979-82-6)
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 8.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 9.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 12.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 15.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 19.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 20.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 19-20.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 23.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 4.
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 6.
- Cette classification quadripartite de ces estampes sera en fait Ă©tablie par Maruja Mallo lors dâune confĂ©rence quâelle donnera Ă Montevideo plusieurs annĂ©es plus tard, sous le titre « Lo popular en la plĂĄstica española a travĂ©s de mi obra. 1928-1936 », cf. Antonio Garrido Moreno (2018).
- (es) CatĂĄlogo Maruja Mallo, GalerĂa Guillermo de Osma, Madrid, , p. 114. CitĂ© dans (es) Pilar Muñoz LĂłpez, Escritoras y figuras femeninas (literatura en castellano) (ouvrage collectif sous la direction de Mercedes Arriaga FlĂłrez, Ăngeles Cruzado RodrĂguez, Estela GonzĂĄlez de Sande et Mercedes GonzĂĄlez de Sande, SĂ©ville, ArCibel, , « Escritos sobre arte. El manifiesto de la mujer futurista y El manifiesto de la lujuria de Valentine de Saint-Point. Algunos textos teĂłricos de la pintora Maruja Mallo », p. 386.
- (es) Maruja Mallo, El surrealismo en España (ouvrage collectif), Madrid, Cåtedra, , « El surrealismo a través de mi obra », p. 263.
- Cité par Pilar Muñoz López (2009), p. 389.
- CitĂ© dans (es) Cayetano CĂłrdova Iturburu, « Una inteligencia a la caza de la armonĂa: Maruja Mallo », El Sol, Buenos Aires,â .
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 17.
- Amelia Melendez TĂĄboas, Maruja Mallo 1902-1995, ThĂšse de doctorat, 2014, p. 734.
- (es) Paloma Esteban Leal, « Canto de las espigas », Madrid, Museo Reina SofĂa, (consultĂ© le ).
- « Copie archivée » (consulté le )
- (es) « Real Decreto 397/1982, de 26 de febrero, por el que se concede la Medalla al MĂ©rito en las Bellas Artes, en su categorĂa de oro, a don Luis GarcĂa Berlanga », Boletin Oficial del Estado, Madrid, no 55,â , p. 5884 (lire en ligne).
- A. M. PĂ©rez MartĂn (2018), p. 24.
- (es) « Viveiro modifica el Pepri para poder crear el museo de Maruja Mallo en el pazo de Malates », La Voz de Galicia,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- https://www.streetdir.es/ES/Andalucia/Provincia-De-Almeria/Almeria/Strassen/Calle-Maruja-Mallo/
- « Copie archivée » [archive] (consulté le )
- (es) « Maruja Mallo, homenajeada en el DĂa das Artes Galegas de 2017 », La OpiniĂłn de A Coruña,â (lire en ligne, consultĂ© le )