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Histoire du Haut-Altaï

L'histoire du Haut-Altaï, région de Sibérie méridionale et sujet de la Russie en tant que république de l'Altaï, commence avec des peuplements préhistoriques. La région, qui fut longtemps connue comme le Haut-Altaï, d'après les montagnes de l'Altaï, fut peuplée par des peuples paléo-Sibériens depuis le Paléolithique supérieur, mais son histoire reste floue à cause du manque de sources. Peuplée par les Scythes dès le VIIIe siècle av. J.-C., de nombreux royaumes mongols puis Turcs se sont ensuite succédé sur ce territoire montagneux. Des conquêtes de Gengis Khan jusqu'au XVIIIe siècle, le Haut-Altaï fut sous la domination d'empires mongols. Mais avec la déroute du Khanat dzoungar face à la dynastie Qing lors des guerres Dzoungar-Qing, les chefs de tribus décidèrent de rejoindre l'empire russe, annexation faite le 21 juin 1756 ( dans le calendrier grégorien). Elle est ainsi la seule région sibérienne à ne pas avoir été colonisée par la Russie avant d'en avoir fait partie, et elle possède le statut de république depuis le .

Préhistoire

Genre Homo

Grotte d'Oust-Kan.

Les vallées de la république de l'Altaï sont habitées par le genre Homo depuis environ 1,5 million d'années, quand des hommes de Néandertal venus d'Asie de l'Est et du Sud-Est ont atteint le territoire de l'Altaï. L'une des traces de ces peuples primitifs est le site Oulalinsky à Gorno-Altaïsk, dont l'origine est datée entre 300 000 ans et 1,5 millions d'années selon les estimations. Ces hommes vivaient principalement dans des grottes, fréquentes dans la région, mais aussi en plaine. Ils utilisaient divers outils en pierre, et leurs occupations étaient principalement la chasse et la cueillette. Il y a environ 300 000 ans les vallées de l'Oursoul et de l'Anouï étaient peuplés, comme l'attestes des sites de Denivosa ou bien la grotte d'Oust-Kan, grotte qui dominait la vallée de la Tcharych à 52 mètres d'altitude au-dessus de la vallée. À cette époque là, le climat était assez chaud, et la faune dans les forêts était importante. La grotte d'Oust-Kan, tout comme d'autres de la région faisait partie de la culture moustérienne, et pétroglyphes, outils et autres artéfacts ont été retrouvés. Cependant, ces grottes étaient principalement des abris, et leurs vies étaient nomades. Il y a environ 40 000, l'Altaï était peuplé par des hommes de Néandertal et de Denisova.

Âge du Bronze

Pendant l'âge de bronze, soit vers le IVe millénaire av. J.-C. et le IIIe millénaire av. J.-C., une nouvelle culture s'est installée dans la région de l'Altaï, la culture d'Afanasievo, principalement sur dans des vallées fluviales comme celles de la Biia et de la Katoun. Ils se sont installés sur des sites comme ceux des actuels villages d'Elo, ou encore en montagne à Balyktouyoul. Ces populations vivaient souvent de l'élevage de leur bétail, et s'installaient aussi près de pâturages. Parmi les sites archéologiques de cette culture, on retrouve la mine de Vladimirovka (raïon d'Oust-Kan) qui était exploité pour son cuivre au IIIe millénaire av. J.-C., et qui est la plus ancienne mine découverte en Sibérie. Ils ont aussi laissés de nombreux kourganes avec des fosses funéraires à l'intérieur, contenant bijoux, céramiques ou outils.

Pétroglyphes de la culture de Karakol.

Mais vers le milieu de ce millénaire, cette culture a été remplacé par la culture de Karakol (en), avec des vestiges retrouvé à Karakol, Ozernoïe (raïon de Maïma) ou encore à Bech-Ozek. Ils ont laissés de nombreux kourganes, ornés de pétroglyphes d'animaux et de créatures mythiques. Ils ont aussi laissés des pétroglyphes d'humains, de guerriers, de chasseurs, et vers la fin de l'âge de bronze des chars ont commencé à être dessiné, e qui atteste la présence de la culture d'Andronovo.

Tumulus pazyryk à Balyktouyoul.

Au Ier millénaire av. J.-C., des tribus nomades Scythes appartenant à la culture Pazyryk s'installent dans l'Altaï, aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C.. L'origine de ces tribus, composé de chasseurs cueilleurs, est inconnue, mais les traces qu'ils ont laissés à travers toute la république de l'Altaï sont biens visibles. Leurs œuvres sont composés de pétroglyphes, représentant cerfs, animaux fantastiques, aigles, panthères de neiges. Mais ils ont aussi laissés de nombreux tumulus, de toutes tailles, souvent réservés à la noblesse tribale, et dont l'intérieur est riche en différents artéfacts, dont des matériaux organiques conservés grâce au pergélisol. Parmi les tumulus laissés, on en retrouve à Bolchoï Oulagan, à Balyktouyoul, à Katanda, à Chibe, à Kouraï, à Tuyekta ou encore vers Oust-Koksa.

Ces scythes exploitaient l'or, chassaient pour la fourrure des animaux, et ils faisaient de l'élevage, principalement de chevaux et de moutons. Ce mode de vie se voit sur les pétroglyphes laissés, comme ceux du site de Kalbak-Tash. Mais leur trace la plus importante est celle d'une jeune femme noble pazyryk embaumée, retrouvé en 1993 sur le plateau de l'Oukok avec sa sépulture. Quelque menhirs ont aussi été retrouvés dans la région[ar 1]. Au Ve siècle av. J.-C., les Pazyryk entrèrent en contact avec les Samoyèdes vivant dans le sud de la Sibérie dont les plaines de l'Ob. Ils échangèrent plats ou céramiques, et cohabitèrent un temps pacifiquement. Mais la situation dégénéra rapidement, les Samoyèdes attaquant les contreforts nord-est de l'Altaï, en incendiant les villages et en assimilant les peuples à leur culture. Cette invasion, ou conflit, ce serait passé en -455 avant J.-C., comme l'atteste des vestiges d'habitations carbonisées, ou bien aux alentours de ces années.

Des Xiongnu aux Mongols

Domination Xiongnu

Au IIIe siècle av J.-C., l'union des Xiongnu, une confédération de tribus mongols, possibles ascendants des Huns, conquit la région vers 209 avant J.-C., avec Modu Chanyu comme chef. Cette conquête provoque le départ massif de population pazyryks, qui fuient l'avancée des troupes. Ces peuples migrant s'établirent dans l'Asie centrale et dans le sud de la Sibérie occidentale, sur les terres des Samoyèdes, et les peuples indo-iraniens disparurent ainsi de la région. En même temps, des populations, outre les Xiongnu, se sont installés dans l'Altaï. La population la plus importante étaient les Dinglings (en), venant de la vallée du Ienisseï et de culture de Tagar[1], qui furent défaits en 203 ou 202 av J.-C., et devinrent des sujets des Xiongnu. Les Xiongnu déplacèrent cette population vers le bassin de l'Ob, dont les vallées de l'Altaï. Ces conquêtes des Xiongnu furent autorisés grâce à l'instabilité en Chine, leur ennemi, avec la guerre Chu-Han, et les victoires gagnées sur les Yuezhi.

L'Altaï, avec ces changements ethniques rentrent alors dans la culture Boulan-Koba, et elle le restera jusqu'au milieu du Ier millénaire. La culture fut nommée d'après le nom d'un site funéraire de cette culture dans le raïon d'Ongoudaï, et elle laisse tout comme ses prédécesseuses des kourganes et des pétroglyphes, avec au total plus de 40 sites archéologiques dénombrés. La population vivaient dans des des villages, sur les territoires actuels de la rivière Youstyd, à Bertek sur l'Oukok, à Maïma, vers le lac Koutcherla, et surtout danns le raïon d'Ongoudaï. Leurs cimetières ont aussi été retrouvés au Bely-Bom, passage étroit de la voie de la Tchouïa, à Tchender, à Oust-Edigan ou aussi dans la steppe d'Ouïmon[ar 1]. La guerre pendant cette époque était courante, et les hommes, mort souvent de guerres, étaient enterrés avec leurs armes. La principale activité à cette époque était l'agriculture, avec des cultures de blé, d'orge et de mil. Ils vivaient aussi de l'élevage d'animaux, de la chasse, de la cueillette et de l'artisanat, avec des arcs, ceintures, flèches, instruments musicaux, sacs ou des selles. La métallurgie était pratiqué, principalement avec le fer.

L'Asie en l'an 1.

Cette culture se divisa en trois périodes, dont la première est celle d'Oust-Edigan, qui dura du IIe siècle av. J.-C. au Ier siècle, et qui vit un essor dans un premier temps, grâce à l'épanouissement de la confédération. Cet épanouissement est dû à un un traité de paix avec la dynastie Han en 198 av. J.-C., à la victoire finale des Xiongnu sur les Yuezhi en -123, mais l'essor est ralenti lorsque la guerre Han-Xiongnu éclate en 133 av. J.-C., avec la bataille avortée de Mayi, où les Xiongnu fuient. La stabilité revient en 53 av. J.-C., quand Hu Hanye, chanyu, décide de devenir vassal de la Chine. Mais cette stabilité n'est pas de longue durée, son frère Zhizhi se révolte, ce qui conduit en -36 à la bataille de Zhizhi au Kazakhstan, où les Hans sortent vainqueurs. La stabilité devient même à nouveau un essor pendant al courte période de la dynastie Xin en Chine, où le pays est plongée dans une guerre civile.

Celle période finit en l'an 48, quand la confédération éclate sur fond de querelles d'héritier du trône. Le nouvel État qui en prend la place est celui des Xiongnu du Nord, et la nouvelle période qui s'établit dans l'Altaï est celle du Bely-Bom. Les populations sont alors prises dans un État en déclin, avec deux grandes batilles perdues ; en 73 et en 89. La première, la bataille de Yiwulu (en), dans le Xianjang, entraîne la perte de celui-ci au profit de la Chine. La seconde est la bataille des monts Altai, qui opposent les Xiongnu du Nord aux Han avec leurs allié ; les Xiongnu du Sud. La bataille se solde par 13 000 troupes du Nord tuées, et 200 000 redditions de la part de 81 tribus. La région n'est cependant pas prise par les Hans, et la confédération du Nord continue encore d'exister, avec à sa tête le Chanyu du Nord (en), qui règne depuis 88. Mais en 91, Dou Xian (en), le général victorieux de la seconde bataille, part avec ses troupes pour capturer les Xiongnu du Nord qui ne sont pas rendus en 89, dont le chanyu du Nord, et les inflige une défaite importante, le chanyu du nord fuyant. Un autre chanyu succède entre 91 et 93 à la tête de confédération, mais il est tué par les Xianbei lors d'une bataille[2].

Succession d'empires

La confédération est alors désintégrée, et ce sont les Xianbei qui fondent leur confédération sur les ruines de l'ancienne. Ils incorporent alors cent mille Xiongnu dans leurs rangs. Pendant ce nouvel État, la culture Boulan-Koba continue, et ils, les Xianbei, ont laissé des traces avec leurs nombreuses armes comme les flèches. La culture Boulan-Koba s'éteint avec l'arrivée des Ruanruan au pouvoir du IVe au VIe siècle[2].

En 552, Khaganat turc s'établit en partie sur les terres de l'Altaï, et ils diffusent l'alphabet de l'Orkhon, servant à écrire leur langue, ascendante de la langue turque moderne. Ensuite, différents pays vont se succéder sur les ruines de ce Khaganat. De la moitié du VIIIe siècle jusqu'à la moitié du IXe siècle, c'est le Khaganat ouïgour qui domine ces terres, puis le Khaganat kirghize du Ienisseï au Xe siècle à partir des ruines de l'ancien Khagant.

États mongols

Ancien emplacement du fort de Yaloman datant du moyen-âge.

Au XIIIe siècle; l'Empire mongol prend ces terres, puis après l'effondrement de cet empire, la dynastie Yuan récupère les terres altaïques, puis elle change de nom pour devenir la dynastie Yuan du Nord. Progressivement pendant le XIVe siècle, les Quatre oïrats prennent possession des terres. Ces 4 familles mongoles domine l'Altaï jusqu'au XVIe siècle, quand certaines tribus qui la compose migrent vers le Tibet, créant le Khanat qoshot, ainsi que vers le nord de la Caspienne, en créant le Khanat kalmouk. Les peuples et tribus qui restent fondent en 1634 le Khanat dzoungar, mais rapidement, la Principauté des Télenguites (ru) cherchent à s'imposer dans l'Altaï, que ce soit dans la plaine mais aussi dans les montagnes. Diverses guerres opposent les deux États, et en 1703, la Khanat dzoungar chasse les Télenguites (soit près de 20 000 personnes) des vallées de l'Altaï, qui doivent eux se replier dans la plaine de l'Ob, dans la région des villes actuelles de Biïsk, Barnaoul ou encore Novossibirsk. La principauté subsiste alors que dans les plaines. Mais très vite, le Khanat la Principauté s'unissent face à l'Empire russe, qui cherche à s'accroître en Sibérie. Ainsi en 1710 par exemple, la forteresse russe de Bikatoun (aujourd'hui la ville de Biïsk) est ravagée par les deux alliés, et des raids sont commis sur les caravanes russes qui se dirigent vers l'ouest.

Intégration à l'Empire russe

Et depuis 1688, des guerres font rage entre le Khanat Dzoungar et l'empire Qing, mettant en péril l'État Dzoungar. La première guerre, de 1688 à 1697 est une défaite cuisante pour le Khanat, avec la perte de territoires en Mongolie, la deuxième guerre, de 1715 à 1739 permet la récupération de la plupart des terres perdues, avec des prises importantes et stratégiques comme la prise de Lhassa en 1717. Cependant, les hostilités entre les deux états reprennent entre 1755 et 1759. Cette dernière guerre est une cuisante défaite pour le Khanat, qui est conquis, et qui subit d'énormes pertes, avec entre 420 000 et 480 000 morts, soit entre 70 % et 80 % de la population du Khanat. Sentant le vent tourné, les zaïsans de l'Altaï, des chefs de tribus mongols importants et ayant un fort pouvoir, qui contrôle dans les faits la région décide en janvier 1756 d'intégrer volontairement l'Empire russe en 1756 afin de ne pas être conquis par l'empire Qing, et ainsi d'éviter d'énormes pertes. Ces zaïsans sont au nombre de 13, et demande explicitement l'admission, la citoyenneté et la protection. Le 3 mai 1756 ( dans le calendrier grégorien), le conseil des zaïsans confirment la demande, et le 24 mai 1776 ( dans le calendrier grégorien), l'état-major de Sibérie fixe les conditions de l'intégration des dzoungars au sein de la Russie[ar 2].

Ces zaïsans ont fait un appel à la population, leur demandant d'être pacifique envers les Russes et qu'ils, les Zaïsans, se rangeront aux côtés des Russes si des Altaïens se révoltent : « 1756 du mois moyen d'été du 19e jour, les Zaïsans Ourkhaïev Ombin, frère de Monkhogin, fils de Khazagi, Ombin, le fils de Bolot et de Telengoutov, le zaïsan Khotoukov, frère de Khoudaïgounov, fils de Mamout et de Bouroutov, le zaïsan Nokhoydov, fils de Gendyouchko, selon cette lettre à la grande impératrice de toute la Russie, l'entrée de la citoyenneté avec tous nos oulous, avec des femmes et des enfants dans l'enfantement éternel, et à la demande de la grande impératrice, où il sera ordonné, il s'y installeront, et devant les commandants russes, quels ordres seront faites, elles seront exécutées de toutes les manières, et dans tous les cas, ne faites de reproches à personne et, selon leurs coutumes, ne montrez aucune injure ni méchanceté aux Russes. Si, en violant cela, nous causons des contradictions ou des actes déshonorants, alors la grande impératrice, dans ses propres droits, daigne d'agir avec nous. En gage d'onago, nos nobles zaïsans ont prêté serment devant Bourkhany et ont signé[3]. »

L'Altaï russe

Le territoire[n 1] devient ainsi en 1756 une partie de l'Empire russe le 21 juin 1756, lorsque les zaïsans se réunissent dans la forteresse de Biïsk afin de se soumettre au pouvoir Russe. En septembre suivant, d'autres zaïsans en font de même. En octobre dans la forteresse d'Oust-Kamenogorsk, d'autres zaïsans prêtent allégeance, et à la fin 1756, on compte ainsi 5530 personnes devenus sujets de l'Impératrice sur le territoire incorporé. À l'été 1757, 7011 personnes sont devenus sujets selon le gouverneur d'Orenbourg.

Le territoire actuel de la république de l'Altaï, tout comme le reste de l'Altaï devenu russe est alors intégré à l'ouïezd de Kouzntesk (ru), au sein du Gouvernement de Sibérie. Cette adhésion a permis à la Russie de s'implanter en Asie centrale avec la position stratégique qu'a l'Altaï.

Le 20 mai 1757, un décret demande l'enregistrement de la composition ethnique des Altaïens et de tous les réfugiés dzougariens, dont ceux qui sont allées jusqu'en Kalmoukie. Beaucoup de réfugiés quittant l'Altaï iront d'ailleurs en Kalmoukie.

Pendant la fin des années 1750, des Russes ont été envoyés dans le territoire de l'Altaï afin de convaincre les Altaïens restant dans les montagnes, dont des zaïsans, de passer à la citoyenneté russe, ce qui est une réussite.

En 1760 et 1761, l'Empire russe souhaite mettre une ligne de défense au sein du territoire montagneux, via la construction de diverses installations militaires, dont des forts. Mais à cause, selon « les obstcales naturels »[n 2], le plan échoue. En parallèle, et jusque dans les années 1790, la Chine des Qing souhaite l'intégration du territoire dans son Empire. Le 1er avril 1791, le chef du Sénat dirigeant demande que soit prévenue toute revendication territoriale, et qu'en cas de résolution pacifique impossible, l'action militaire devra être employé. Face à ce ton employé par la Russie, les Qing arrêtent de clamer le territoire. En 1763, le Sénat applique le Iassak à la région.

Le 26 février 1804, le Gouvernement de Tomsk est formé et il occupe alors le territoire actuel de la république de l'Altaï.

Le 22 juillet 1822, une réforme d'ampleur concernant l'administration, approuvé par Alexandre Ier, s'applique à la Sibérie, y compris à l'Altaï. Cette réforme est appliqué différemment selon que les peuples des régions sont sédentaires, nomades ou bien vagabonds.

Pour les Altaïens, ils sont classifiés comme nomades, ce qui leur permet de garder leur droit coutumier. Ils sont aussi exemptés de toute conscription, et bénéficient de la liberté de culte. Dans les faits, ils avaient déjà ces droits auparavant, mais rien dans la lois légiférait ceci. Les Altaïens gardent ainsi leurs zaïsans et leurs Soulgans (ru), des assemblées populaires qui régissent la propriété privé, les domaines de chasses, la collecte des impôts mais aussi qui fait la justice.

À partir de 1834, la région fait partie de l'Okroug minier de l'Altaï, mais qui est cependant subordonnée au gouvernement de Tomsk.

En juillet 1862, à Tchougoutchak, s'entame une série de négociations afin de limiter la frontière entre l'Empire russe et la dynastie Qing (qui possède alors la Mongolie), qui résulte en la signature d'un traité (en) le 25 septembre 1864.

Avec la dissolution en 1896 de l'okroug, le territoire refait partie directement du gouvernement de Tomsk.

Pendant ce temps, la population de l'Altaï croit de plus de 10 fois[n 3] au cours du siècle, et de plus en plus de Russes arrivent dans la région, ainsi que des descendants de ceux qui avaient immigrés vers l'ouest lors de l'adhésion. Dans l'Altaï, l'élevage et l'agriculture connaissent un renouveau, et les Altaïens se sédentarisent. 46 % des Altaïens possédaient en 1897 des champs.

En 1897, le territoire actuel de la république de l'Altaï compte 587 localités, dont 210 villages ou villes et 377 hameaux ou campements. La population est alors répartis à 45 % dans les villages et villes, le reste étant dans les toute petites localités. Alors qu'en 1832, les Altaïens vivaient quasi exclusivement dans des yourtes, seulement 89 % d'entre eux y vivaient encore dedans, les constructions en pierres et briques commençant à se répandre à travers la région.

Gorno-Altaïsk au début du XXe siècle.

Le 31 mai 1899, une loi agraire crée un cadastre dans la république de l'Altaï, et les Altaïens possèdent alors désormais leurs propriétés privés.

En 1912, le territoire compte 630 établissements humains, répartis en 263 collectivités locales.

Le 17 juin 1917, la Gouvernement de l'Altaï est formé, récupérant le territoire[ar 2].

Prise de l'Altaï par les Blancs

Le , au sein du Gouvernement de l'Altaï, l'ouïezd de Gorno-Altaïsk est formé, avec la volonté de créer à terme une république indépendante bourkhaniste pour les Oïrats sur le territoire de la R, ce qui est soutenu par l'assemblée du gouvernement de Tomsk qui donne le droit à l'autodétermination, ainsi que par Grigori Potanine.

La guerre civile commence dans la république de l'Altaï avec la révolte de la Légion tchécoslovaque en mai 1918, qui est en grande partie soutenue par la population locale, insatisfaite des politiques des bolchéviques à l'échelle nationale. En parallèle dans la région, des détachements de l'Armée rouge se forme à travers la région, avec comme plus grand détachement celui de Chebalino, comptant 260 personnes, et dirigé par un certain Pletnev. Les détachements sont dirigés par le Soviet de Biïsk. Ces partisans s'opposent aux Armées Blanches qui contrôlent la région en grande partie, et le , ils prennent d'ailleurs Chebalino. Pendant l'été 1918, ces deux armées s'opposent sur les rives de la Tchoumych.

Mais Biïsk tombent aux mains d'Alexandre Koltchak le , et les détachements dont celui de Chebalino sont encerclés, sans approvisionnements d'armes et de munitions. Le à Oulala, l'ouïezd de Gorno-Altaïsk devient le Gouvernement de Karakorum (en), toujours avec le même objectif indépendantiste. Le président du conseil de village, conseil formé au printemps, est forcé de se cacher à cause de la prise de Biïsk, même si les soviétiques ne sont pas encore chassés de l'Altaï. Début juillet au col Seminsky, le détachement de Pletnev décide que lutter sous forme de guérilla sera plus facile, et les Blancs reprennent Chebalino.

Face aux détachements communistes qui émergent dans l'Altaï, le Gouvernement provisoire de la Sibérie autonome décide de les réprimer afin que l'Altaï ne tombe pas aux mains des rouges. Le , un capitaine d'état-major blanc, D. Satunin arrive à Gorno-Altaïsk, malgré quelque rebellions au sein de ses rangs, certains ne voulant pas être subordonnés à ce capitaine mais à un autre. Les soviétiques sont alors chassés de la ville, et des exécutions extrajudiciaires sont commises envers les sympathisants des bolchéviques. Le gouvernement de Sibérie demande alors à Satunin de rendre les armes, et de laisser le gouvernement de Karakorum s'en charger[ar 3].

Fuite ratée de Piotr Soukhov

Détachement de Piotr Soukhov

En été, alors que la Sibérie est quasi entièrement aux mains des blancs, une unité rouge se replie de Barnaoul. Cette unité est menée par le commandant Piotr Fedorovitch Soukhov (ru). Le , l'unité, de 2000 personnes, se retrouve à Altaïskoïe (dans le kraï de l'Altaï aujourd'hui). À ce moment-là, les blancs pensaient qu'ils iraient vers Omsk, mais Soukhov, bien informé, apprend qu'Omsk est entrain de tomber aux mains des blancs, et doit donc se retirer vers le sud, afin de rejoindre l'Armée du Turkestan (en) en Mongolie, en traversant l'Altaï.

Mais leur avance est semée d'embûches tout au long du chemin, et cause une impopularité forte envers les communistes chez la population locale. Ils doivent en effet voler des provisions, chevaux et charrettes aux paysans par la force afin de mener à bien leur fuite. Le 2 août, les « Soukhovites » arrivent à Telejikha (en)(kraï de l'Altaï aujourd'hui), et subissement une importante défaite face au général Volkov (ru), qui avait été envoyés par le Gouvernement de Sibérie afin de les éliminer. Sur les 2000 Soukhovistes, 400 seulement arrivent à fuir, le reste étant fait prisonnier, et pour 59 d'entre eux, morts. Ils avaient d'ailleurs déjà perdus 17 hommes à Solonechnoïe (en). Les Soukhovistes restant continuent leur fuite vers le sud, mais sont constamment harcelés par les blancs. À Topolny (ru) (kraï de l'Altaï aujourd'hui), ils perdent 40 personnes, et une fois la frontière moderne entre le kraï de l'Altaï et la République passées, ils en perdent 17 autres à Tchyorni Anouï (en). Ils continuent vers le sud, en évitant la vallée de l'Anouï, mais dans le village reculé de Karakol (en), une embuscade leur fait perdre 9 hommes, et en passant par Oust-Kan, c'est 12 de plus[n 4].

Le 9 août, ils arrivent à Oust-Koksa, il y a alors que 253 rouges, et il ne reste alors plus que 60 verstes (64 km) jusqu'au village de Katanda (en), dernier village sur leur chemin avant d'emprunter les monts Katoun vers la Mongolie. Mais sur ces 64 kilomètres, ils doivent éviter de passer à travers la steppe d'Ouïmon, et contournent par des montagnes. Le 10 août, ils arrivent à Katanda, et prennent de fait le village. Des éclaireurs partent vers la suite du chemin et dans les alentours, en incluant le village de Tioungour, et notent aucune présence ennemie. Mais dans l'après-midi, non loin de Tiougour, deux embuscades les prennent d'assaut, puis au cours des jours suivant, le détachement de Volkov et les paysans prennent les Soukhovistes petits groupes par petits groupes, et le 12, Soukohv est assassiné. Tous sauf un des 253 rouges sont tués, et la plupart sont d'abord interrogés puis enterrés, dont dans une fosse commune à Tioungour avec 144 corps dont Soukhov, ce qui en fait la plus grande fosse commune de Sibérie occidentale[ar 3].

Prise par les Rouges de l'Altaï

En septembre 1919, alors que l'Altaï est entièrement aux mains des Blancs, les mouvements rouges réapparaissent dans la région. À Tchyorni Anouï, une brigade est formée (le 1er régiment), et absorbe des volontaires de nombreuses régions dont de la steppe d'Ouïmon. Le commandant de la brigade I. Tretyak est sous la menace du capitaine d'état-major blanc Alexandre Kaigorodov (ru), et décide alors de rejoindre la steppe d'Ouïmon. Sur le chemin de Tchorny Anouï à la steppe, ils rencontrent à Oust-Kan la brigade blanche, et les rouges en sortent victorieux. Quand ils s'installent dans la steppe, ils comptent alors plus de 2000 volontaires.

À Abaï (ru), près d'Oust-Koksa, un autre détachement est formé de 600 personnes (le 3e régiment). Et Ladkin, le commissaire de ce détachement, reçoit l'ordre de mobiliser toute la population masculine de la steppe d'Ouïmon âgée d'entre 18 et 45 ans. En octobre, le détachement est rassemblé avec la brigade de Tretyak en une seule brigade. En parallèle, des mouvements partisans émergent à Tchoïa, à Papsaul et Ynyrga, des villages proches de la ville de Gorno-Altaïsk.

Mais tous ces mouvements partisans, qui était représenté par des riches, des agriculteurs, des éleveurs, des marchands et d'autres classes sociales a entraîné une lutte pour le contrôle de ces mouvements, à la fois dans les domaines militaires et civil. L'opposition était surtout quant aux valeurs démocratiques, avec un front pro-démocratie (mencheviks) et un front contre celle-ci (bolcheviks). Dans le domaine militaire cependant, c'était surtout les bolcheviks qui étaient aux commandes.

La Katoun à Inya.

Peu importe ces divisions, les partisans cherchent à prendre le pouvoir dans une région blanche. Leur plan est de s'emparer de la route de la Tchouïa, corridor stratégique de transport, le seul d'ailleurs, pour toute la république de l'Altaï. Le 3e régiment était missionné de descendre la Katoun depuis la steppe, et de prendre le village d'Inya (ru), tandis que les 1er et 2e régiments devaient marcher jusqu'à Touyekta (en), bien plus au nord, et ainsi prendre en étau les soldats de l'Armée Blanche stationnés à Ongoudaï. Les insurgés ont un allié de taille, la géographie, bloquer un seul village sur la route, c'est bloquer toute la route car il n'y a aucune alternative et la vallée passe dans des vallées étroites.

Alors que les révoltes émergent, Koltchak cherchent à éteindre la rébellion, et les Blancs rassemblent ainsi des forces à Biïsk et des escouades à Smolenskoïe (ru), préparées à la hâte. Le chef Blanc de Biïsk, le lieutenant-colonel Khmelevsky forme et arme des escouades dans les villages de Chebalino, repris depuis, ainsi qu'à Ongoudaï et Koch-Agatch. De plus, le 2 octobre, des soldats biélorusses stationnés à Biïsk est envoyé dans la région, et une centaine de division du gouvernement de l'Altaï, armés avec une importante artillerie arrivent aussi. Chebalino devient le quartier général de Khmelevsky, et il ordonne le 10 octobre de prendre la steppe d'Ouïmon, bastion de la révolte.

1300 soldats blancs prennent d'abord les sentiers et chemins menant à la steppe, mais les régiments encore stationnés dans la steppe vainquirent plusieurs détachements blancs. La bataille d'Oust-Kan se solde par un échec pour les Blancs. Khmelevsky, vaincu, fuit vers Altaïskoïe. Les rouges prennent les vallées de la Tcharych et de l'Anouï au sein de la région.

Le , alors que Biïsk est tombé il y a 11 jours, Gorno-Altaïsk tombent aux mains des soviétiques, puis dans les jours suivant, Tchemal est pris. Le 50e bataillon du 1er régiment soviétique de Biïsk est alors formé dans ces villes, afin de vaincre les armées blanches encore présentes dans la région.

Le , le village de Topoutchaïa (en), au nord de Touyekta, est pris par les rouges, et la route de la Tchouïa est alors bloquée. Les armées blanches sont alors coupées en deux, et les armées au sud de Touyekta (dont à Ongoudaï et Koch-Agatch) décident de se retirer vers la Mongolie[ar 3].

Retraite de Kaigorodov

Alexandre Kaigorodov.

L'Armée rouge, à partir de fin décembre, commence sa conquête total de la région, alors que les Blancs se retirent. Fin décembre, lors d'une bataille à Iodro (en), le commandant blanc Satunin est mortellement blessé, et un colonel, Elatchitch devient le chef des Blancs de la région, avec dans ses rangs un certain Alexandre Petrovitch Kaigorodov (en). Kaigorodov est un ancien soldat tsariste, qui a participé à la première guerre mondiale, et qui est né à Abaï. Il était né de père russe et de mère Altaïenne, il connaissait donc bien la région, et était populaire au sein de la région, en particulier chez les paysans.

Cette division fuyante subit néanmoins de nombreuses défaites les mois suivants, et souffre du manque de nourriture et d'une épidémie de typhus au sein de ses rangs. Elatchitch en souffre d'ailleurs, ce qui fait que Kaigorodov est de facto le chef des troupes. Le 7 avril 1920, alors que les Blancs sont fortement affaiblis, ils subissent une défaite importante au niveau de la rivière Aigoulak (ru), dans la vallée de la Tchouïa. Cette défaite entraîne le même jour la perte de Tchibit. Après cette défaite, Kaigorodov commence des négociations pour la reddition de ses troupes, en souhaitant qu'ils puissent avoir une retraite en Mongolie. Alors que les négociations se passent, les Blancs continuent à subir des défaites. Le 10 avril, Oulagan et le Katou-Iaryk sont pris, le 12 c'est la vallée du Tchoulychmann.

Entre-temps, sur les 2400 à 2700 gardes blancs de fin mars, de nombreux sont défaits dans des villages au cours du mois, et seulement 600 à 700 s'enfuissent vers la Mongolie, sous les ordres de Kaigorodov. Le 11 avril, alors que les rouges cherchent à retrouver ceux qui se replient en Mongolie, le village de Koch-Agatch est pris, puis le 14 avril, c'est au tour de Tachanta. Le 19 avril, les troupes de Kaigorodov (les 600 à 700 restants) franchissent la frontière avec la Mongolie au niveau du col Dourbet-Daba[ar 3].

Kaigorodov, Mongolie et « Campagne contre la Russie »

Rivière Khovd en Mongolie.

Début 1921, alors que ses troupes et lui sont en errances dans l'ouest désertique de la Mongolie, ils s'établissent finalement dans l'Altaï Mongolien, sur les rives de la rivière Khovd (en). En ce même lieu, d'autres troupes blanches venant de Sibérie qui s'était exilé en Mongolie les rejoigne. C'est Kaigorodov qui prend la tête de tous ces blancs, sous le nom du Sitch de l'Altaï, le sitch étant à la base le centre politique démocratique des Cosaques. Ces troupes disposent d'un nombre important de bétail, afin de ne pas manquer de nourriture. Ces bêtes furent prises lors de raides envers des marchands, et le consulat de Chine à Khovd avait d'ailleurs demander l'arrêt de ces raids.

En été 1921, et particulièrement dès août, alors que les soviétiques occupent désormais entièrement l'Altaï, des révoltes et de la résistance contre eux se forment, avec des réseaux bien organisés. Mais en Mongolie, l'Armée rouge est aussi présente, et des escarmouches ont lieu, ainsi qu'une petite bataille le 9 août, gagné par Kaigorodov.

Le , le « Détachement consolidé de partisans russo-étrangers de la Région du Gorny-Altaï » est formé par Kaigorodov, regroupant Russes, Mongols, Altaïens et autres qui sont du côté des Blancs. C'est alors qu'à la fin de l'été, le , il part avec de détachement dans l'Altaï, dans le but de récupérer la région.

Le 25 septembre, le col Dourbet-Daba est traversé par les troupes, et après être passé par Tachanta, ils se dirigent vers Koch-Agatch. Selon les renseignements de Kaigorodov, il y aurait 500 militaires de l'Armée rouge stationnés dans le village. De plus, il sait que les troupes dorment jusqu'à tard le matin.

Il attaque ainsi Koch-Agatch le 27 à l'aube, mais grâce aux informations de Kazakhs locaux, les rouges sont au courant de l'attaque, qui eux, sont sortis du village afin de les encercler. L'encerclement n'est pas total, et les troupes de Kaigorodov arrivent à s'enfuir, en subissant de lourdes pertes. Ils se retirent alors à Djana-Aoul, village 20 kilomètres au sud. Cette défaite impacte fortement le moral des troupes et du chef de ces troupes, et les officiers du détachement refusent désormais de continuer la campagne, seuls 4 continuent à croire à une sortie victorieuse de la campagne.

Le 29 septembre au soir, le détachement se divise à jamais, avec ceux qui abandonnent et partent vers la Mongolie vers Khovd, désormais avec le général Sokolnitsky aux commandes, et de l'autre côté les partisans de Kaigorodov, qui partent pour Abaï, village symbolique pour le chef. Pendant 6 mois, alors que les rouges les chassaient, ils ont arrivés à chaque fois à les échapper. En avril 1922, la fin a sonné, Kaigorodov est tué à Katanda la 16 avril lors d'un affrontement avec un des détachements à but spécial (ru). Avec la mort de ce dernier, la guerre civile est terminée dans l'Altaï, le territoire est entièrement aux mains des communistes[ar 3].

Époque soviétique

Le , une fois la guerre civile terminée dans la région, l'oblast autonome Oïrat est créé, de la division en deux de l'ancienne subdivision impériale. Gorno-Altaïsk, alors nommée Oulala, devient la capitale, et le , la région est renommée en oblast autonome d'Oirot (Gorno-Altaïsk s'appelle alors Oirot-Toura), et le , la région devient l'oblast autonome de Gorno-Altaï, alors que la capitale est renommée Gorno-Altaïsk.

Route de la Tchouïa dans les années 1930.

Pendant les années 1920 et 1930 fut construite la route de la Tchouïa, principal axe de transport du territoire.

Collectivisation

Le Haut-Altaï était dans les années 1920 l'une des régions les moins développées de Russie, avec essentiellement de l'agriculture de subsistance. Le pouvoir régional (sibérien) commença à développer la région, en appliquant les idéaux communistes. En 1924, 4 kolkhozes appararurent, et en 1927, il y en avait 29 réunissant 581 fermes, mais réunissant seulement 1,8% des fermes de l'oblast. Les subventions pour ces fermes collectives étaient importantes ; rien que 215 000 roubles y furent alloués pour la seule année 1928.

Cette collectivisation se passa d'abord chez les populations russes, tandis que les Altaïens étaient moins préoccupés, car il n'y avait pas encore d'obligation. En 1928, seulement 31,3% des Altaïens avaient rejoints une ferme collective. Cette intégration au système de kolkhoze des Altaïens qui les rejoignaient était marqué par la sédentarisation de ces peuples qui étaient auparavant nomade.

Le comité Sibkraï du PCUS adopta une résolution le 15 décembre 1929 pour accélérer la collectivisation, de manière souvent forcée, avec une échéance mise au . Mais la collectivisation fut lente, même si la construction de kolkhozes se poursuivait. 10 jours après la résolution, les aïmags d'Oust-Kan, d'Ongoudaï et d'Ouïmon (aujourd'hui d'Oust-Koksa) furent déclarés zones de collectivisation complète, alors que seulement 35,8%, 17,6% et 9% respectivement des fermes étaient collectivisées.

Au début de 1930, l'administration fit des réunions afin de faire rejoindre les exploitants dans les kolkhozes, même si les menaces étaient aussi présentes. Ce fut souvent un succès, à Tchemal en deux mois, le taux de collectivisation passa de 43 à 96%. Dans l'aïmag de Koch-Agatch, il atteignit fin février 1930 81,4%.

Mais le mécontentement était important chez les koulaks et la paysannerie moyenne qui ne voulaient pas la collectivisation. En conséquence, les autorités firent dépossédés en quelque semaines 1166 fermes dans la région. Mais les dépossessions, drastiques, firent monter le mécontentement qui menaçait de se transformer en révolte.

Le , la collectivisation forcée des terres commença dans l'aïmag de Koch-Agatch, mais riches propriétaires, paysannerie moyenne et la population kazakhe de l'aïmag ne voulaient pas en entendre parler. En conséquence, quelques 300 personnes planifièrent une rébellion. Le , la rébellion eut lieue, afin de manifester et de récupérer les bêtes qui avaient été saisies. Pendant l'évènement, le chef du conseil de village de Djana-Aoul fut poignardé à mort. Mais le chef de l'aïmag fut informé la veille de la rébellion, et il put ainsi l'arrêter, à Djana-Aoul ainsi qu'au chef-lieu de Koch-Agatch. Certains parvinrent à s'enfuir vers la Mongolie, d'autres furent envoyés dans les camps et d'autres furent condamnés à mort[4].

Le comité Sibkraï fit alors marche-arrière parmi les dépossessions. Rien que dans l'aïmag d'Oust-Kan, sur 237 fermes saisies, 109 furent rendues aux propriétaires. La restitution des fermes fut une catastrophe politique dans la région; le taux de collectivisation passant de 90% des fermes en février à 10% en avril 1930. Cette chute s'expliquait aussi par l'autorisation des autorités locales que les paysans puissent choisir d'être dans un kolkhoze ou non.

Ce même mois d'avril, des élections furent organisés pour élire les chefs des kolkhozes parmi la population locale. Ce geste permis de faire augmenter le taux de collectivisation à 20,4% début mai, mais stagnant ensuite avec 22,2% au 10 juin. Dans quatre aïmags, la chute du taux de collectivisation se poursuivait, tandis qu'il augmentait un peu dans trois autres. Au cours du restant de 1930, le taux général rechuta, atteignant 14% en décembre.

Le 27 avril 1931, le comité régional de Sibérie occidental du PCUS décida d'éliminer les koulaks, suivant les ordres de Staline. Le comité de l'oblast appliqua la décision des mai, et fin mai, 2% des exploitants de la région furent expulsés, souvent vers l'Extrême-Orient. Parmi les restants dépossédés, certains furent obligés de rejoindre les kolkhozes, et furent souvent privés du droit de vote. Le taux recommença alors à augmenter, avec 49% en décembre 1941. La paysannerie moyenne devenait non négligeable dans les kolkhozes, avec 36% de tous les travailleurs en août 1931. Mais la collectivisation était lente par rapport au reste de la Russie.

La sédentarisation des Altaïens, en particulier des éleveurs, continua, avec en 1932 1500 exploitants devenus sédentaires dans la région. Dans les aïmags de Koch-Agatch, d'Ongoudaï et d'Oulagan, 44% de la population était sédentaire. Mais la sédentarisation était surtout achevée dans le nord, qui était bien plus influencée par les populations ethniquement Russes.

En 1936, le taux de collectivisation était de 83,8%, et en février 1937, sur les près de 11 000 exploitants Altaïens, 8632 avaient rejoint un kolkhoze, 1608 un sovkhoze, et seulement 732 étaient restés privés. Ces exploitants hors du contrôle de l'État se concentraient dans les aïmags d'Oulagan, d'Ongoudaï de Koch-Agatch où ils menaient soit des modes de vie nomade, soit semi-nomade, soit en suivant la transhumance de leurs troupeaux[ar 4].

De 1945 à la dislocation de l'URSS

Village de Kouraï, 1989.

Peu avant la fin, le , la région devient une république socialiste soviétique autonome, en même temps de proclamer sa souveraineté, et le , elle devient la république socialiste soviétique autonome du Gorno-Altaï. Après la dislocation de l'URSS, la région devient la république du Gorno-Altaï, et le , la république de l'Altaï. Depuis le , la région dispose d'une constitution, d'un drapeau et d'armoiries.

Le 25 octobre 1990 proclame la souveraineté et se transforme en république (RSSA). À partir du 3 juillet 1991 - RSSA du Haut-Altaï.

Depuis 1991 : Fédération de Russie

En mai 1992, le nom de république du Haut-Altaï a été instauré, et depuis le 12 décembre 1993 - la république de l'Altaï.

Annexes

Voir aussi

Notes et références

Notes

  1. Au sens large, c'est-à-dire le territoire du Gouvernement de l'Altaï.
  2. Mots donnés par les autorités d'alors
  3. Période 1797-1897
  4. Et d'autres pertes ont eu lieues pour diverses raisons

Références des archives de la république

  1. (ru) Guide historique et archivistique de Gorny-Altaï (Site officiel des archives d'État de la république de l'Altaï), « Горный Алтай в древности и средневековье » [« LES MONTAGNES DE L'ALTAÏ, DANS L'ANTIQUITÉ ET LE MOYEN AGE »], Données préhistoriques et historiques de la région jusqu'au IIIe siècle avant J.-C., sur visit-altairepublic.ru (consulté le )
  2. (ru) Guide historique et archivistique de Gorny-Altaï (Site officiel des Archives d'État de la république de l'Altaï), « Вхождение Горного Алтая в состав России » [« Adhésion de Gorny-Altaï à la Russie »], sur visit-altairepublic.ru (consulté le )
  3. (ru) Guide historique et archivistique de Gorny-Altaï (Site officiel des Archives d'État de la république de l'Altaï), « Горный Алтай в годы Гражданской войны » [« Les Montagnes de l'Altaï, dans les années de la Guerre Civile »], sur visit-altairepublic.ru (consulté le )
  4. (ru) Guide historique et archivistique de Gorny-Altaï (Site officiel des Archives d'État de la république de l'Altaï), « Коллективизация и раскулачивание в Горном Алтае » [« Collectivisation et dépossession au Haut-Altaï »], sur visit-altairepublic.ru (consulté le )

Autres références

  1. (ru) « НАСЕЛЕНИЕ ГОРНОГО АЛТАЯ В ЭПОХУ РАННЕГО ЖЕЛЕЗНОГО ВЕКА КАКЭТНОКУЛЬТУРНЫЙ ФЕНОМЕН. ПРОИСХОЖДЕНИЕ, ГЕНЕЗИС И ИСТОРИЧЕСКИЕ СУДЬБЫ (ПО ДАННЫМ АРХЕОЛОГИИ, АНТРОПОЛОГИИ, ГЕНЕТИКИ) » [« POPULATION DE GORNY ALTAI AU PREMIER AGE DU FER COMME PHÉNOMÈNE ETHNOCULTUREL. ORIGINE, GENÈSE ET DESTINÉES HISTORIQUES (SELON L'ARCHÉOLOGIE, L'ANTHROPOLOGIE, LA GÉNÉTIQUE) »], sur web.archive.org, (consulté le )
  2. (ru) Ministère des sciences et de l'enseignement supérieur de la fédération de Russie université d'État de l'Altaï - Ministère de la culture du kraï de l'Altaï Bibliothèque scientifique universelle régionale de l'Altaï. - V. Ya. Chichkova, ИСТОРИЯ АЛТАЯ ДРЕВНЕЙШАЯ ЭПОХА, ДРЕВНОСТЬ И СРЕДНЕВЕКОВЬЕ [« HISTOIRE DE L'ALTAI EPOQUE ANTIQUE, ANCIENNE ET MOYEN AGE »], Barnaoul, Kraï de l'Altaï, (lire en ligne), p. 286 - 308
  3. « Элистинский Курьер - Ойрат-алтайцы в калмыцкой истории » [« Oirat-Altaïens dans l'histoire kalmouke »], sur www.ekgazeta.ru (consulté le )
  4. (ru) Shishkina Inna Alexandrovna (Docteure de l'Université financière du gouvernement de la fédération de Russie de la section de Barnaoul), « ВООРУЖЕННОЕ ВОССТАНИЕ КАЗАХОВ 8 МАРТА 1930 Г. В КОШ-АГАЧСКОМ АЙМАКЕ ОЙРАТСКОЙ АВТОНОМНОЙ ОБЛАСТИ » [« RÉBELLION ARMÉE DE KAZAKHS LE 8 MARS 1930 À KOSH-AGACH AIMAG DE LA RÉGION AUTONOME DE L'OIRAT »], УДК 93, Gramota, no N° 8 (46), (ISSN 1997-292X, www.gramota.net/materials/3/2014/8-1/59.html)

Bibliographie

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