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Bataille de Mayi

La bataille de Mayi (马邑äč‹æˆ°) est un embuscade organisĂ©e par la dynastie Han contre le Chanyu des Xiongnu, qui finit par avorter. Elle marque la fin de la paix de jure entre les Han et les Xiongnu et pousse la Cour des Han Ă  mettre l'accent sur l'usage de la cavalerie et Ă  dĂ©buter une politique agressive basĂ©e sur la multiplication des offensives militaires.

Bataille de Mayi
Informations générales
Date Juin 133 av. J.-C.
Lieu Shuozhou, Shanxi
Issue Bataille avortée à la suite du repli des Xiongnu avant le début des combats
Belligérants
XiongnuDynastie Han
Commandants
Chanyu JunchenHan Wudi
Wang Hui
Han Anguo
Li Xi
Li Guang
Gongsun He
Forces en présence
100 000 cavaliers270 000 fantassins Ă  Mayi, 30 000 fantassins Ă  Dai
Pertes
AucuneAucune, à part la capture d’une sentinelle d'un petit avant-poste

Guerre Han–Xiongnu

Batailles

Contexte

Avant la bataille de Mayi, il y avait dĂ©jĂ  eu deux affrontements importants entre les Chinois et les Xiongnu. Pendant la pĂ©riode des Royaumes combattants, le gĂ©nĂ©ral Li Mu de l’État de Zhao a vaincu les Xiongnu en attirant leurs troupes au cƓur du territoire de Zhao pour leur y tendre une embuscade. En employant une tactique similaire, le gĂ©nĂ©ral Meng Tian de la dynastie Qin repousse les Xiongnu Ă  plus de 750 km vers le nord et fait construire la premiĂšre grande muraille pour se prĂ©munir contre les futures attaques.

En 200 av. J.-C., le Chanyu[1] Modu inflige une humiliante dĂ©faite Ă  l’empereur Han Gaozu, lors de la bataille de Baideng. Se retrouvant en position de faiblesse militaire, les Han sont forcĂ©s de faire appel Ă  la diplomatie pour apaiser la situation et calmer l’hostilitĂ© des Xiongnu. Finalement, les deux parties font la paix et signent les accords Heqin, qui sont officiellement un systĂšme d'alliance scellĂ© par des mariages et des dons pĂ©riodiques. En thĂ©orie, Chinois et Xiongnu sont sur un pied d'Ă©galitĂ© dans le cadre de ces accords. En pratique, les Han sont en position de faiblesse face aux Xiongnu et les "dons" sont en rĂ©alitĂ© un tribut que les premiers versent aux seconds. Enfin, malgrĂ© ces accords, les zones frontaliĂšres sont rĂ©guliĂšrement ravagĂ©es par des raids des Xiongnu.

Soixante-dix ans aprĂšs Baideng, la dynastie des Han a gagnĂ© en puissance militaire. Au dĂ©but de son rĂšgne, l'Empereur Han Wudi maintient une politique visant Ă  prĂ©server la paix et respecte les accords Heqin. Mais une faction pro-guerre gagne en puissance au sein de la Cour et veut frapper un grand coup contre les Xiongnu. Le plan est de reproduire la stratĂ©gie utilisĂ©e par Li Mu et Meng Tian en attirant la cavalerie Xiongnu Ă  l'intĂ©rieur du territoire chinois, sur un terrain oĂč l’armĂ©e chinoise, composĂ©e presque entiĂšrement de fantassins et de chars, aurait l'avantage.

L'embuscade

En 133 av. J.-C., sur la suggestion de son ministre Wang Hui, l'empereur Wudi envoie son armĂ©e tendre un piĂšge au Chanyu des Xiongnu prĂšs de la ville de Mayi. Un puissant commerçant local/contrebandier, nommĂ© Nie Wengyi (è¶çżćŁč)[2], fait croire au Chanyu Junchen qu’il a tuĂ© le magistrat local et qu’il est disposĂ© Ă  offrir la ville aux Xiongnu. Le plan consiste Ă  attirer l'armĂ©e ennemie en l'incitant Ă  marcher sur Mayi, pour qu’une armĂ©e Han forte de 300 000 soldats, cachĂ©s dans la rĂ©gion, puisse leur tendre une embuscade.

Ironiquement, le plan Ă©choue car l’appĂąt utilisĂ© par les Han est trop attrayant. Dans un premier temps, le Chanyu mord Ă  l'hameçon et organise un raid sur Mayi. En chemin, il aperçoit des champs et des pĂąturages avec de nombreuses tĂȘtes de bĂ©tail, mais aucun Ă©leveur. Sentant que la situation est de plus en plus suspecte, il ordonne Ă  ses hommes de stopper leur avance et envoie des Ă©claireurs explorer la rĂ©gion. Ceux-ci capturent un soldat Han dans un avant-poste local, qui divulgue l’ensemble du plan Ă  Junchen. ChoquĂ© par la nouvelle, le Chanyu Junchen se reprend et se replie rapidement, avant que les troupes des Han n'arrivent. À ce stade des opĂ©rations, l'armĂ©e chinoise est encore dispersĂ©e et incapable de se regrouper Ă  temps pour pouvoir prendre de vitesse les Xiongnu. Wang Hui, le commandant en chef de cette opĂ©ration, n'a alors que 30 000 hommes sous son commandement direct; ce qui est totalement insuffisant pour arrĂȘter le repli des Xiongnu vers la steppe ou les vaincre. Wang hĂ©site et finit par donner l'ordre Ă  ses troupes de ne pas poursuivre les fuyards. Finalement, en consĂ©quence, le plan Ă©choue et aucun des deux camps n'a subi de perte.

Conséquences

AprĂšs son retour Ă  la Cour impĂ©riale, les ennemis politiques de Wang Hui le blĂąment pour l’échec du plan et sa rĂ©ticence Ă  poursuivre l’armĂ©e Xiongnu. EmprisonnĂ© en attendant son procĂšs, Wang soudoie Tian Fen, qui est Ă  la fois le Chancelier et l'oncle de l’empereur Wudi, dans l'espoir d'obtenir une libĂ©ration conditionnelle. Il agit en vain, car l'empereur Wudi la lui refuse malgrĂ© l'intervention de son oncle. De dĂ©sespoir, Wang se suicide dans sa cellule.

MĂȘme si les affrontements militaires frontaliers entre Han et Xiongnu se poursuivent depuis des dĂ©cennies, c'est bien cette "bataille" qui met fin Ă  la paix de jure entre les deux parties. L’organisation de cette embuscade rĂ©vĂšle aux Xiongnu la position belliciste de la dynastie Han et l'abandon des accords Heqin par la Chine n'en est qu'une confirmation. Durant les annĂ©es qui suivent cette "bataille", les Xiongnu intensifient le nombre de leurs raids frontaliers, ce qui ne fait que renforcer la faction pro-guerre de la Cour de Han en lui donnant plus d’arguments.

Un autre rĂ©sultat de cette bataille est que l'empereur Wudi comprend Ă  quel point il est difficile pour l’infanterie des Han de prendre l'avantage sur la cavalerie de Xiongnu, qui est bien plus mobile. Cela conduit Ă  un changement de la stratĂ©gie des Han et accĂ©lĂšre le dĂ©veloppement d’une cavalerie chinoise efficace. Lors des campagnes ultĂ©rieures, la dynastie Han passe d’une position dĂ©fensive Ă  une stratĂ©gie offensive et rĂ©ussit Ă  lancer des expĂ©ditions militaires au cƓur du territoire des Xiongnu.

L’échec de l’opĂ©ration de Mayi incite Ă©galement Wudi Ă  reconsidĂ©rer ses choix en termes de commandants militaires. Déçu par l’inefficacitĂ© des gĂ©nĂ©raux existants, il tourne son regard vers les nouvelles gĂ©nĂ©rations et les jeunes espoirs militaires, capables d’organiser une guerre basĂ©e sur des offensive anti-cavalerie. C'est ainsi qu’apparaĂźt une nouvelle gĂ©nĂ©ration de tacticiens qui connaĂźtront gloire et victoires, comme Wei Qing et Huo Qubing, pendant que les membres de la vieille garde, comme Li Guang, commencent Ă  tomber en disgrĂące.

Notes

  1. Le Chanyu est le chef suprĂȘme des Xiongnu, l'Ă©quivalent pour eux de ce qu'est l'empereur pour les Chinois. C'est Modu, le vainqueur de la bataille de Baideng, qui a crĂ©Ă© ce titre aprĂšs avoir rĂ©uni les tribus Xiongnu en une fĂ©dĂ©ration qu'il dirige.
  2. Il est Ă©galement connu sous le nom de Nie Yi (聶ćŁč)

Bibliographie

  • Ban Gu et al., Hanshu. Beijing: Zhonghua Shuju, 1962 (ISBN 7-101-00305-2)
  • Sima Guang, comp. Zizhi Tongjian. Beijing: Zhonghua Shuju, 1956 (ISBN 7-101-00183-1)
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