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Histoire des indiennes de coton en Europe

L'histoire des indiennes de coton en Europe reflète l'ouverture aux produits nouveaux, importés d'Orient au XVIe siècle notamment via Marseille, puis copiés dans la Suisse et l'Alsace protestantes au siècle suivant, d'abord à la main et ensuite grâce aux premiers procédés d'impression sur textile.

Toile de Jouy tendue sur un fauteuil.

Cette mécanisation et le goût du public pour des étoffes légères, gaies et colorées sont les présages de la révolution industrielle qui démarre vers la fin du XVIIIe siècle dans la région de Manchester avec les premiers entrepreneurs du coton britannique.

Cet événement majeur est précédée par une pré-révolution industrielle, en Suisse, puis en Alsace et en France, où les indiennes de coton permettent de créer des réseaux, de tester des technologies et d'accumuler des capitaux.

Naissent ainsi de grandes entreprises comme la Fabrique-Neuve de Cortaillod, DMC et la Manufacture Oberkampf dès le XVIIIe siècle.

La mode des "Indiennes" en Europe

Jugement en date du condamnant à l'incarcération Isabelle Champiron pour le commerce des toiles des Indes ("Indiennes").

À partir de 1660 l'Europe s'enthousiasma pour les textiles indiens. Leur usage dans l'ameublement et l'habillement s'imposa dans les milieux aisés et les "Indiennes" constituèrent jusqu'aux trois-quarts des marchandises en provenance de l'Inde. La raison de leur succès tient avant tout à la matière première dont ils étaient faits : le coton, jusque-là quasi inconnu en Europe, dont la finesse, la légèreté, le lavage aisé et le caractère hygiénique assurèrent le triomphe.

La deuxième raison du succès des "Indiennes" résidait dans l'emploi des techniques de peinture et surtout d'impression sur étoffe, dont l'Europe ignorait jusque-là le principe de fixation. Délicieusement exotiques, elles étaient peintes avec deux couleurs dominantes, le rouge, tiré de la racine de garance et le bleu, extrait de l'indigotier.

La folie pour les "Indiennes" fut telle en France qu'une prohibition en interdit le port, la vente et la fabrication entre 1686 et 1759. Le port de ces vêtements pouvait être puni de la peine des galères et leur vente pouvait conduire à la pendaison ; mais une contrebande active, alimentée en partie par les marins de la Compagnie des Indes approvisionna un marché clandestin et les "Indiennes" furent portées par toutes les élégantes, de la favorite du roi à la demoiselle de province.

La Compagnie des Indes fut autorisée à poursuivre son commerce des cotons blancs dans le royaume. Elle put continuer celui des cotons colorés et imprimés à la seule condition de les réexporter hors de France. C'est le marché africain qui lui fournit son débouché[1].

Origine et ouverture à l'Orient : le rôle des Arméniens de Marseille

Indienne, musée du textile de Wesserling, Alsace.

La communauté arménienne de Marseille, par ses liens avec l'Orient, est la première à importer des Indiennes et à initier des artisans locaux à leur reproduction, avec des peintures colorées.

Leur prĂ©sence amène Jean-Baptiste Colbert Ă  crĂ©er en 1669 le port franc de Marseille oĂą des ArmĂ©niens dits les chofelins[2], ruinĂ©s par la chute de Candie, après l'Ă©chec de l'expĂ©dition de Candie, s’installent Ă  sa demande, pour apprendre aux « maĂ®tres cartiers Â» marseillais Ă  peindre les cotonnades de façon diffĂ©rente : ils maĂ®trisent la technique des « indiennes de Masulipatnam Â», appelĂ©e aussi Machilipatnam[3].

Dès 1664, Colbert crée la Compagnie des Indes orientales. De Pondichéry et Calcutta, huit à dix vaisseaux chargés de tissus arrivent annuellement à Lorient. Une lettre de Colbert du , adressée au Parlement de Provence, lui demande de donner protection aux marchands arméniens[2].

La grande époque du colbertisme s'achève ensuite et, dès 1672, Colbert entre en demi-disgrâce. Le commerce des indiennes se développe alors plutôt côté néerlandais et anglais.

Le développement de l'impression en Suisse puis en Alsace

Fabrique d'indiennes de Mrs. Gros Davillier Roman & Cie à Wesserling (du côté du couchant) : lithographie de Godefroy Engelmann, de la série Manufactures du Haut-Rhin, réalisée entre 1822 et 1825.

L'édit du prohibe l'entrée en France des toiles de coton, tout comme leur fabrication. Il vise à protéger les tisseurs de soie, laine, lin et chanvre. Mais de nombreux négociants et artisans huguenots, persécutés pour leur religion protestante dès le début des années 1680, s'exilent en Suisse, principalement à Genève puis Neuchâtel.

Les réfugiés huguenots Daniel Vasserot et Antoine Fazy, venus du Queyras, dans les Alpes françaises, créent ainsi à Genève les trois premières usines d'indiennes, entre 1690 et 1710. Il les écoulent en contrebande en France et en Angleterre où elles sont prohibées.

Les techniques d'impression sur bois gravĂ© essaiment ensuite vers Neuchâtel, avec d'autres Ă©migrĂ©s huguenots, et Glaris puis dans toute la Suisse. Le succès des indienneries suisses crĂ©Ă© une dynamique Ă©conomique suisse avec la crĂ©ation de banques comme celle de Jacques-Louis de Pourtalès en 1743[4] et la multiplication d'ateliers dans l'horlogerie artisanale ou prĂ©-industrielle. Ainsi, vers 1785, environ 20 000 personnes travaillaient dans l'horlogerie Ă  Genève, produisent 85000 montres par an, et 50000 montres Ă©taient produites dans le Jura neuchâtelois[5] avec les horlogers Jean Romilly, Henri-Louis Jaquet-Droz, Abraham Louis Perrelet, Jean-François Bautte. Des artisans rĂ©putĂ©s comme Daniel Jeanrichard[6] (1672-1741) et Antoine Tavan[7] s'y installent.

La fabrication d'indiennes gagne Mulhouse, alors ville alliée aux cantons suisses, en 1746. Samuel Ryhiner, créateur d'une indiennerie dès 1716 à Bâle, a épousé une fille de Mulhouse, qui devient la première capitale européenne du coton, avant Manchester. La ville compte quinze manufactures d'indiennes dès 1768 et contrôle deux-tiers de la production de l'ensemble France-Alsace dès 1786.

Alors que Bâle devient le centre d'expertise des indiennes bleues grâce Ă  l'indigo importĂ© des Antilles, la ville alsacienne voisine d'Haguenau devient la capitale de la garance, qui sert Ă  teindre les indiennes en rouge. La croissance de la population d’Alsace peut ĂŞtre en partie expliquĂ©e par ce dĂ©veloppement technique : le nombre d'habitants progresse de 170 % en 82 ans, passant de 257 000 habitants en 1697 Ă  670 000 en 1789.

Une production complexe, clandestine, installée en France par des Suisses

Toute l'Alsace ne fait pas encore partie de la France et les Suisses décident d'aller plus à l'ouest, sur le royaume de France, pour y trouver de nouveaux marchés.

Il faut attendre 1759 pour que des arrêts du Conseil d'État légalisent les indiennes. Ce sont des protestants suisses qui organisent les quatre principales implantations en France, illégalement en 1746 à Marseille, 1754 à Nantes et 1756, près de Bolbec et Rouen en Normandie. Puis légalement, en région parisienne, où en 1760 la toile de Jouy est implantée par des élèves du Bâlois Samuel Ryhiner.

La fabrication d'indiennes est en effet un procédé industriel complexe pour l'époque, qui nécessite une réflexion et une gestion serrée du processus, avec de multiples étapes, dont le lavage à plusieurs reprises des toiles.

La Normandie devient un grand centre de production et la France bientôt un pays de la culture de coton brut, qui s'implante à côté de celle du sucre dans la colonie de Saint-Domingue à partir de 1740, pour approvisionner les fabriques. Moins rentable que le sucre, le coton trouve cependant vite un marché en forte croissance, en particulier lorsque les britanniques vont mécaniser leur industrie textile par une série d'inventions, ce qui dope la demande de coton brut.

Une influence sur la révolution industrielle britannique

Si les historiens s'accordent à dire que la révolution industrielle fut l'œuvre des premiers entrepreneurs du coton britannique, les fabriques suisses, alsaciennes et françaises ont créé en quelques décennies une habitude de consommation chez une partie de la population en Europe.

Cette demande donne un coup d'accélérateur à la culture du coton, qui gagne les plantations du Nouveau-Monde en 1740. Le terrain est prêt pour cette révolution industrielle, dont l'Europe continentale profite finalement moins que les britanniques, qui s'imposent sur le marché mondial dès les années 1780 grâce à des innovations techniques.

La phase de mécanisation industrielle

Les traits spĂ©cifiques Ă  l'indiennage s'estompent très progressivement au XIXe siècle lorsque se gĂ©nĂ©ralisent peu Ă  peu les grandes usines mĂ©canisĂ©es, Ă©quipĂ©es de machines coĂ»teuses, dans plusieurs pays d'Europe. L'historien Serge Chassagne a mis en lumière une mutation sociale, le profil des patrons changeant alors progressivement, pour laisser place Ă  des hĂ©ritiers[8]. L'historien dĂ©limite Ă  « 1760 Ă  1785 », ce qu'il appelle le « temps des indiennes Â», sous forme de proto-fabriques. Il distingue une deuxième Ă©poque, de 1785 Ă  1815, marquĂ©e par les guerres napolĂ©oniennes et les rĂ©volutions (amĂ©ricaine, française, haĂŻtienne), au cours de laquelle les producteurs s'Ă©quipent progressivement en machines anglaises Ă  filer et au cours de laquelle le tissage reste dispersĂ©. Après 1815, le maintien de tarifs douaniers protectionnistes et le retour de la paix donnent aux industriels la visibilitĂ© suffisante pour investir dans la mĂ©canisation du tissage comme dans celle du filage.

ConsidĂ©rĂ© comme un « manuel d'archĂ©ologie industrielle », le livre dĂ©crit l'Ă©volution de la mĂ©canisation « qui dĂ©buta par les petites machines Ă  bras », puis passa par les Mule-jenny, cardes, machines Ă  retordre de Jacques de Vaucanson (1709-1782), calandres des indienneurs, machines Ă  bras d'Ă©grenage. Il cite les principaux industriels anglais du coton de la deuxième pĂ©riode comme Ă©tant Holker, Milne, McLeod, Flint, Foxlow et White. En France, elle voit apparaĂ®tre Jean-Pierre Duport (1749-1820) et Louis Alexis Jumel, respectivement fondateurs de la Manufacture de coton d'Annecy et de la Manufacture de coton de Cluses. Cette deuxième pĂ©riode voit l'Ă©mergence des hommes « issus du nĂ©goce » et la troisième, après 1815, la montĂ©e en puissance des hĂ©ritiers, en raison du capital nĂ©cessaire, 34 % des industriels cotonniers Ă©tablis entre 1815 et 1840 Ă©tant eux-mĂŞmes fils d'industriels[9]. CĂ´tĂ© administration française, Philibert Trudaine de Montigny (1733-1777) a encouragĂ© la diffusion des machines anglaises alors que Jean-Antoine Chaptal (1756-1832) a eu tendance Ă  sous-estimer la concurrence britannique[10].

Chronologie de la pénétration en Europe et de la création de fabriques

  • 1558 : l’essor de la soie, concurrente du coton, crĂ©Ă© une demande pour les textiles plus fins que le drap et le lin. Le protestant cĂ©venol Olivier de Serres fait du domaine du Pradel une ferme modèle, introduit garance et soie en 1575[11].
  • 1580 : les premières indiennes Ă  Marseille, importĂ©es par des ArmĂ©niens, apparaissent dans un inventaire après dĂ©cès[12].
  • 1593 : Olivier de Serres va travailler chez François Traucat, jardinier Ă  Montpellier qui fait planter plus de 4 millions de mĂ»riers[13]
  • 1602 : Henri IV dĂ©crète que chaque village doit avoir une magnanerie (ver Ă  soie).
  • 1648 : Marseille crĂ©Ă© le premier atelier d’indiennes, peut-ĂŞtre avec dĂ©jĂ  de la gravure sur bois (archives Bouches-du-RhĂ´ne)[12].
  • 1660 : les artisans huguenots sont chassĂ©s du conseil municipal de Marseille, leur rĂ©volte est matĂ©e.
  • 1664 : Colbert crĂ©Ă©e la Compagnie des Indes orientales par intĂ©rĂŞt pour les indiennes de coton. De PondichĂ©ry et Calcutta, 8 Ă  10 vaisseaux chargĂ©s de tissus arrivent annuellement Ă  Lorient[14] mais Ă©chec de la tentative d'implantation d'impressions.
  • 1667 : Colbert interdit l’importation de textile britannique.
  • 1669 : Colbert crĂ©Ă© le port franc de Marseille, les ArmĂ©niens s’installent Ă  sa demande, pour apprendre aux Marseillais Ă  peindre les cotonnades et les approvisionner[12].
  • 1670 : l’Angleterre puis les Pays-Bas (1678) installent leurs premières (modestes) manufactures d’indiennes[15].
  • 1672 : madame de SĂ©vignĂ© ramène Ă  sa fille une indienne après un sĂ©jour en Provence.
  • 1678 : l’Angleterre interdit l’importation de textiles français.
  • 1681 : plusieurs ateliers de soyeux ferment leurs portes Ă  Lyon[16].
  • 1683 : des commerçants anglais vont en Inde pour adapter les toiles Ă  la demande de leur clients.
  • : rĂ©vocation de l'Ă©dit de Nantes. Le temple de Saint-VĂ©ran, dans le Queyras, est dĂ©truit, l’imprimeur de cotonnades par bois gravĂ© Daniel Vasserot et son neveu Daniel Fazy doivent fuir Ă  Genève.
  • 1686 : Ă©dit du prohibant l'importation d'indiennes, ainsi que la fabrication et la commercialisation en France de toiles de coton les imitant[17]. En 70 ans, de 1686 Ă  1756, deux Ă©dits et quatre-vingt arrĂŞts du Conseil d'État reflèteront le conflit juridique entourant cet Ă©dit.
  • 1686 : Ă  Berlin trois impressions « Ă  la main » sont crĂ©Ă©es par des rĂ©fugiĂ©s huguenots, Étienne Dutitre, de Sedan, Jacob Lafosse, de Metz, Jean Durand, de Montpellier[16].
  • 1688 : le commerçant Jacques Deluze (Jacques de Luze) huguenot originaire de Chalais en Saintonge, s'installe Ă  Neuchâtel puis Genève.
  • 1690 : une manufacture d'indienne imprimĂ©es est crĂ©Ă©e Ă  Genève par Daniel Vasserot[18].
  • 1691 : les rĂ©fugiĂ©s italiens Vaudois Ă  Genève organisent la Glorieuse rentrĂ©e, vers leurs vallĂ©es, avec le feu vert du duc de Savoie et le soutien du premier ministre hollandais Guillaume d'Orange.
  • 1701 : Daniel Vasserot fonde une deuxième usine Ă  Genève.
  • 1706 : Daniel Vasserot en fonde une troisième avec Antoine Fazy son neveu. Son fils Jean Vasserot, nĂ© avant 1690, deviendra banquier Ă  Amsterdam oĂą il meurt en 1724[19].
  • 1710 : Antoine Fazy crĂ©Ă© la manufacture des Pâquis, qui sera reprise par son second fils, Jean-Salomon. Genève compte quatre usines d’indiennes, toutes de la famille Vasserot et Fazy (une rue de la ville porte leur nom).
  • 1713 : la banque Mallet est fondĂ©e par Isaac Mallet (1684-1779), protestant genevois.
  • 1715 : Jean Labram fonde une fabrique d'indiennes avec ses frères, au PrĂ©-Royer, près de Dombresson, dans le Val de Ruz, canton de Neuchâtel, avec la caution de Jacques Deluze, originaire de Saintonge.
  • 1716 : la Suisse alĂ©manique est touchĂ©e grâce Ă  Samuel Ryhiner (1696-1757), fils de la veuve Emmanuel Ryhiner, qui dans les dernières annĂ©es du XVIIe siècle, gĂ©rait Ă  Bâle un commerce de toiles peintes en provenance des Indes. Il Ă©rige en 1716 Ă  Bâle, voisine de Mulhouse, une fabrique d'indiennes après un sĂ©jour aux Pays-Bas. Il y formera Christophe-Philippe Oberkampf (1738-1815), qui sĂ©journe avec son père Ă  Bâle de 1750 Ă  1752 puis entre comme graveur Ă  la manufacture de Samuel Koechlin et Dolfuss Ă  Mulhouse en 1756.
  • 1717 : la Compagnie des Indes orientales obtint de l'empereur Farrukshyar un firman (exemption de droits et taxes).
  • 1717 : la guerre des camisards s'achève. Le CĂ©venol JĂ©rĂ©mie de Pourtalès Ă©migre Ă  Genève.
  • 1720 : Jean-Jacques Deluze s'associe Ă  Jean Labram pour dĂ©placer l'entreprise et l'agrandir, JĂ©rĂ©mie de Pourtalès s'y associe aussi.
  • 1720 : sept usines d’indiennes Ă  Genève[20].
  • 1720 : l'indiennage se rĂ©pand, Ă  Neuchâtel, Bienne, Bâle, en Argovie, Ă  Zurich, en Thurgovie et Ă  Glaris, qui devient un centre cotonnier.
  • 1725 : l’horlogerie et la banque se lancent, les bĂ©nĂ©fices du coton recyclĂ©s[21]. La Suisse aura 460 horlogers en 1752 et 3.500 en 1791[22].
  • 1726 : Jean-Baptiste MeeĂ»s (1672-1734) crĂ©a une industrie de toiles et cotons peints Ă  Bruxelles, elle sera nouvelle source de sa fortune dĂ©jĂ  considĂ©rable[23]
  • 1728 : l'aĂ®nĂ© d'Antoine Fazy, Jean Fazy (1708-1744), fonde la manufacture des Bergues Ă  Saint-Gervais, près de Genève.
  • 1730 : on plante du coton en Louisiane mais sans succès.
  • 1734 : officier, Antoine de Beaulieu espionne PondichĂ©ry pour la Compagnie française des Indes orientales.
  • 1740 : la culture du coton se dĂ©veloppe Ă  Saint-Domingue et Ă  la JamaĂŻque
  • 1744 : le Suisse Jean-Rodolphe Wetter implante une manufacture de toiles imprimĂ©es près de Marseille Ă  Saint-Marcel dans la vallĂ©e de l'Huveaune[24].
  • 1746 : première usine d’indiennes Ă  Mulhouse, par quatre jeunes artisans, ancĂŞtre de la firme DMC, qui ouvre plus de 100 comptoirs de vente et installe en 1807 la première machine Ă  imprimer en douze couleurs.
  • 1750: La Marquise de Pompadour donne protection Ă  une foule d’artisans, dans l'enclos de l'Arsenal, dont des fabricants d’indiennes.
  • 1752 : Claude-Abram Du Pasquier et Jean-Jacques Bovet fondent Ă  Cortaillod, la Fabrique-Neuve de Cortaillod dont les indiennes feront travailler 700 ouvriers Ă  la fin du siècle.
  • 1753 : le gouvernement de la RĂ©publique de Mulhouse autorise les indiennes.
  • 1753 : Jacques-Louis de Pourtalès fonde Ă  Neuchâtel une banque doublĂ©e d’une agence de transports, d’exportations et d’importations avec succursales, comptoirs, entrepĂ´ts dans les principales villes d’Europe, dont Nantes.
  • 1756 : Ă  Castres, Anne Veaute fonde une SociĂ©tĂ© lainière, reprise par son fils Guibal Veaute, qui domine la rĂ©gion[25].
  • 1756: Abraham Frey, un Genevois travaillant pour la marquise de Pompadour, s'installe dans la vallĂ©e de Bondeville, près de Rouen mais se heurte aux artisans. Il doit s'associer avec Abraham Pouchet de Bolbec et attendre 1764 pour exercer seul.
  • 1758 : son cousin Jean-Baptiste Ferey fonde une usine Ă  Nantes, les indiennes de traite iront ainsi aux Antilles.
  • 1758 : Jean-Rodolphe Wetter installe Ă  Orange une nouvelle manufacture plus modeste que son ancien Ă©tablissement marseillais[24]. Jean-Michel Sibillon ouvre une fabrique Ă  Valabre, entre Aix et Gardanne. Il est imitĂ© en 1760 par François Astoin dans le centre d'Aix, Gabriel Pastouret Ă  La Pioline et les frères Gignoux Ă  Roquefavour[26].
  • 1759 : Genève et Neuchâtel comptent chacun une dizaine de fabriques, employant au moins 2.500 ouvriers.
  • 1759 : l’indiennage redevient libre dans le royaume de France. Cinq pĂ´les de production se dessinent : Nantes, Paris, Marseille, Lyon, Rouen. Les manufactures s'Ă©lèvent Ă  la hâte, mais manquent d’artisans qualifiĂ©s.
  • 1760 : Christophe-Philippe Oberkampf, d’une famille teinturiers wurtembergeois et le suisse Antoine de Tavannes s’allient pour s'installer Ă  Jouy-en-Josas la Manufacture Oberkampf.
  • 1762 : Abraham Pouchet, aidĂ© du suisse Abraham Frey installe une indiennerie Ă  Bolbec en Normandie, qui devient un centre cotonnier.
  • 1766 : Jean Ryhiner, fils du Bâlois Samuel Ryhiner, rĂ©dige son TraitĂ© sur la fabrication et le commerce des toiles peintes[27].
  • 1780 : la fabrique de toile de Jouy compte 900 ouvriers en et 1100 en 1805[28].
  • 1768 : Mulhouse compte quinze manufactures d'impression. Haguenau est la capitale de la garance. La population de l’Alsace passe de 257 000 habitants en 1697 Ă  670 000 en 1789 (+ 170 % en 82 ans)[29].
  • 1770 : Ă  Genève, pĂ©riode de fièvre scientifique et financière pour essayer de diversifier l’industrie. La SociĂ©tĂ© des arts organise rĂ©gulièrement des cours publics sur l’industrie moderne, qui feront plus tard appel Ă  Jean-Daniel Colladon ou Ă  des professeurs invitĂ©s.
  • 1770 : la manufacture impĂ©riale de laine de Linz a 750 tisserands et 25 000 fileuses dispersĂ©s en Tyrol, en BohĂŞme et en Moravie.
  • 1780 : les manufacturiers suisses assurent 80 Ă  90 % des indiennes produites Ă  Nantes vers l’Afrique[30].
  • 1783 : un Écossais, Thomas Bell, dĂ©pose le brevet d'une machine Ă  imprimer les Ă©toffes, avec un rouleau de cuivre gravĂ© en creux[31]
  • 1785 : la rĂ©gion de Mulhouse compte 29 fabriques qui produisent 346 000 pièces par an soit 64 % de la production totale française.
  • 1786 : signature du traitĂ© Eden-Rayneval qui ouvre la France aux produits britanniques.
  • 1786 : en Alsace, on recense près de 2 000 mĂ©tiers Ă  tisser[32].
  • 1787 : la principautĂ© de Neuchâtel produit 130 000 pièces.
  • 1788 : les lobbyistes de Saint-Domingue crĂ©Ă© Ă  Paris le Club de l'hĂ´tel Massiac.
  • 1788 : Saint-Domingue compte 786 plantations de coton, 3 160 Ă  indigo, 3 117 Ă  cafĂ©, 793 Ă  sucre, 34 Ă  cacao.
  • 1788 : les importations de coton brut s’élèvent Ă  onze millions de livres-poids pour la France et dix-huit millions pour l’Angleterre. Mais la France en rĂ©exporte 35 %, dont la moitiĂ© Ă  destination de l’Angleterre, qui elle ne rĂ©exporte rien (Michel Morineau, professeur Ă  l’universitĂ© de Paris 12).
  • 1788 : Zurich compte 34 000 fileuses, 4 400 mĂ©tiers Ă  mousseline et 2 100 Ă  indiennes.
  • 1788 : krach lainier dans le Languedoc, concurrencĂ© par Leeds et Verviers : la production de drap (tirĂ© de la laine) a chutĂ© de 40 % en 22 ans, pour tomber Ă  62 000.
  • 1790 : l'indiennage helvĂ©tique commence Ă  dĂ©cliner, dans l'absolu et, plus encore, relativement Ă  ses concurrents anglais.
  • 1797 : la première machine Ă  imprimer au rouleau utilisĂ©e en France est mise au point pour la manufacture Oberkampf[31].
  • DĂ©but du XIXe siècle : le chiffre d'affaires des indiennes en Europe est Ă©valuĂ© Ă  700 millions de livres. Un quart de la population suisse vit encore du coton[33].
  • 1830; En Belgique, T. PrĂ©vinaire voit ses fabriques d'indiennes brĂ»ler Ă  Molenbeek-Saint-Jean, ville dont il Ă©tait le bourgmestre. Ceci se passait au dĂ©but de la rĂ©volution belge de 1830.

Notes et références

  1. Notice d'information du Musée de la Compagnie des Indes
  2. « Colbert et les Arméniens », sur globalarmenianheritage-adic.fr.
  3. Musée de Marseille, Les belles de mai : Deux siècles de mode à Marseille : Collections textiles du Musée du Vieux-Marseille (XVIIIe – XIXe siècles), Marseille, Alors Hors Du Temps, , 187 p. (ISBN 978-2-9517932-1-7, lire en ligne), p. 35.
  4. Hans Bauer et Louis H. Mottet, Les Grandes heures des banquiers suisses.
  5. Markus G. Jud, Lucerne, Suisse, « Histoire de la Suisse: L'industrialisation », sur histoire-suisse.geschichte-schweiz.ch.
  6. « FH - 404 », sur www.fhs.ch.
  7. « Horlogerie Suisse,montres suisses,annuaire horloger,emploi horlogerie,l'actualité des montres suisse, montre de haute-horlogerie », sur Horlogerie Suisse.
  8. "Le coton et ses patrons: France, 1760-1840", par Serge Chassagne.
  9. "Le coton et ses patrons: France, 1760-1840", par Serge Chassagne, page 526.
  10. Christine Agriantoni. Serge Chassagne, Le coton et ses patrons. France, 1760-1840, Histoire & Mesure, 1994, vol. 9, n° 1, pp. 188-191.
  11. vidalbernard@orange.fr, « Institut Olivier de Serres, le site officiel de l'institut. », sur www.olivier-de-serres.org.
  12. http://www.mulhouseum.uha.fr/site/ressources_document.php?docId=990460901&fragmentId=5&pa=1&op=1/0/0/0/0/0/0/0/1/0/0/.
  13. http://nemausensis.ifrance.com/nemausensis/nimes/traucatam.htm.
  14. http://www.mulhouseum.uha.fr/site/ressources_document.php?docId=990460901&fragmentId=4&pa=1&op=1/0/0/0/0/0/0/0/1/0/0/.
  15. Timco, « 18ème siècle », sur musee-impression.com.
  16. http://www.koechlin.net/bk/01_10/bk02_02.htm.
  17. (Emmanuelli 2011, La réponse de l'artisanat et de l'industrie).
  18. http://www.gen-gen.ch/?a=20&p=471&IndID=9100.
  19. « Pages de données », sur huguenots-france.org.
  20. « Indiennes » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne..
  21. Favier René, « Anne-Marie Piuz et Liliane Mottu-Weber, L'économie genevoise de la Réforme à la fin de l'Ancien Régime, XVIe-XVIIIe siècles », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations.
  22. http://www.memo-online.com/article.asp?ID=REG_NEU_MOD_008.
  23. Blaise d'Ostende-à-Arlon, Noblesse belge d'aujourd'hui, suppléments et corrections, Les Cahiers nobles 33, Paris, 1968.
  24. Olivier Raveux, Espaces et technologies dans la France méridionale d'Ancien Régime : l'exemple de l'indiennage marseillais (1648-1793), Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, Tome 116, N°246, 2004. L'industrie textile sous l'Ancien Régime. pp. 155-170
  25. http://pedagogie.ac-toulouse.fr/histgeo/monog/albi/revolindustarn/ind1.htm.
  26. « PĂ©pinière AccĂ©lĂ©rateur de Start-up French Tech Aix - Marseille », sur MARSEILLE INNOVATION (consultĂ© le ).
  27. « http://www.mulhouseum.uha.fr/site/ressources_document.php?docId=990460901&fragmentId=2&pa=1&op=1%2F0%2F0%2F0%2F0%2F0%2F0%2F0%2F1%2F0%2F0%2F »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  28. « Section Histoire », sur www.yrub.com.
  29. http://www.mulhouseum.uha.fr/site/ressources_document.php?docId=990460901&fragmentId=12&pa=1&op=1/0/0/0/0/0/0/0/1/0/0/.
  30. http://www.louverture.ch/material/PRESSE/letemps.html.
  31. http://www.musee-impression.com/musee/visite2.html.
  32. Michel Morineau, « Quodlibet : or brésilien, macroéconomie et croissance économique en France et en Angleterre au XVIIIe siècle », Revue d’histoire moderne et contemporaine, no no48-2,‎ , p. 245–306 (lire en ligne).
  33. « Cotton weaves rich, colourful Swiss history ».

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

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