Histoire de la Gendarmerie nationale (France)
La Gendarmerie nationale[1] est une des plus anciennes institutions françaises. Elle est l'hĂ©ritiĂšre de la MarĂ©chaussĂ©e, corps de militaires chargĂ© de la police et de la justice aux armĂ©es depuis le Moyen Ăge, qui est progressivement devenu une force de police compĂ©tente pour l'ensemble de la population sur la quasi-totalitĂ© du territoire français[2]. Elle conserve des attributions de justice extraordinaire (dite « prĂ©vĂŽtale ») jusqu'Ă la RĂ©volution.
En 1720, la Maréchaussée est symboliquement placée sous l'autorité administrative de la Gendarmerie de France, corps de cavalerie lourde assimilé à la maison militaire du roi qui est dissous le . En 1791, elle prend le nom de Gendarmerie nationale.
Force armée instituée pour veiller à l'exécution des lois[3], chargée principalement de la sécurité dans les zones rurales et périurbaines, elle est déployée sur tous les territoires de métropole et d'outre mer. Au XXIe siÚcle, sa zone de responsabilité couvre 95 % du territoire national et 55 % de la population française. La Gendarmerie nationale est également engagée aux cÎtés des armées françaises depuis les guerres de la Révolution.
Fortement implantée dans les territoires grùce à un maillage étroit, réalisé à partir de brigades identiques, elle se transforme à partir du XXe siÚcle en se dotant d'unités spécialisées dans de nombreux domaines : maintien de l'ordre, police judiciaire, police scientifique, protection des mineurs, lutte contre les formes modernes de criminalité, sécurité-protection, intervention, aviation, police de la route et secours en montagne ou en mer, tout en restant solidement implantée dans les territoires ruraux et périurbains. Elle se féminise à partir de 1972[4].
Depuis 2009, la Gendarmerie nationale est rattachée pour emploi au ministÚre de l'Intérieur aux cÎtés de la Police nationale, laquelle est chargée de la sécurité des zones urbaines. Elle passe sous l'autorité budgétaire et opérationnelle de ce ministÚre tout en conservant son statut militaire. La Gendarmerie, qui fait partie des Forces armées, reste toutefois partiellement sous tutelle du ministÚre des Armées, notamment en ce qui concerne la formation initiale, la gestion des ressources humaines, la discipline, les gendarmeries spécialisées, le département Gendarmerie du service historique de la Défense et la gestion des opérations extérieures[1].
Le musée de la Gendarmerie nationale, qui présente l'histoire de l'institution depuis l'époque de la Maréchaussée jusqu'à nos jours, est situé à Melun (Seine-et-Marne).
Maréchaussée et Gendarmerie
Si la Gendarmerie est l'héritiÚre directe de la Maréchaussée, elle s'en distingue par une notion fondamentale : alors que la Maréchaussée, institution de l'Ancien Régime, est à la fois une juridiction extraordinaire et son propre corps d'exécution, la Gendarmerie, issue de la Révolution et de l'application du principe de la séparation des pouvoirs, abandonne tout rÎle judiciaire pour se consacrer aux missions de Police et de Défense[5].
La Maréchaussée
Fin du Moyen Ăge
Au Moyen Ăge et dans une moindre mesure, jusqu'Ă la fin de l'Ancien RĂ©gime, les fonctions de Police et de Justice sont Ă©troitement liĂ©es[6]. Les rois, les seigneurs et les hauts dignitaires rendent la justice. Ainsi, la justice aux armĂ©es fait partie des attributions du connĂ©table, qui a succĂ©dĂ© au SĂ©nĂ©chal en 1191 comme chef des armĂ©es, et des marĂ©chaux qui sont ses lieutenants. ConnĂ©table et marĂ©chaux dĂ©lĂšguent leurs pouvoir Ă leurs prĂ©vĂŽts (du latin praepositus, « prĂ©posĂ© »), dâoĂč le nom de prĂ©vĂŽtĂ©.
Leurs juridictions, d'abord ambulatoires, fusionneront sous François Ier et s'établiront à Paris sous le nom de tribunal de la Connétablie et Maréchaussée de France, avec son siÚge à la table de marbre du Palais de justice de Paris[7]. Les prévÎts nommés par le connétable et les maréchaux rendent également la justice aux armées dans des tribunaux prévÎtaux. Les corps d'exécution de ces différentes juridictions sont la compagnie de la Connétablie et les compagnies de la Maréchaussée, qui sont composées d'« archers » (ils étaient appelés « sergents » avant 1501).
Initialement chargée de réprimer les méfaits commis par les soldats et les déserteurs, mais également par les mercenaires qui, pendant et aprÚs la guerre de Cent Ans, forment des bandes de pillards (les Grandes compagnies), la Maréchaussée va progressivement se sédentariser. Ainsi, elle ne se contente plus de suivre les armées en campagne mais, aprÚs l'apparition des compagnies d'ordonnance, qui ont été créées par l' Ordonnance du 26 mai 1445, sous Charles VII (roi de France) et sous l'autorité d'Arthur III de Bretagne, connétable de Richemont, compagnies qui sont la premiÚre forme d'armée permanente soldée, elle commence à s'implanter durablement sur le territoire sous Louis XII[8].
Sous François Ier
Par une décision royale de François Ier en 1536, les missions de la Maréchaussée sont étendues à la police des personnes ne relevant pas des juridictions locales ordinaires : vagabonds, étrangers non domiciliés, vols avec armes, vols sur les grands chemins[9].
à partir de cette époque, la Maréchaussée est chargée de constater et de poursuivre les cas prévÎtaux (c'est-à -dire relevant de la justice prévÎtale), mais elle intervient en fait dans de nombreuses affaires relevant des tribunaux ordinaires. Les prévÎts ont désormais une résidence fixe.
Sous Louis XIII
AprÚs la suppression de la connétablie en 1626, la Connétablie et Maréchaussée est placée sous les ordres des maréchaux de France.
Sous Louis XIV
Selon l'ordonnance criminelle dite de 1670, une partie des crimes, qualifiés de « cas royaux », sont recherchés par la Maréchaussée mais jugés par une chambre criminelle du Parlement, tandis que les autres, qualifiés de « cas prévÎtaux », sont jugés en premiÚre et derniÚre instance par les cours prévÎtales provinciales des maréchaux.
Organisation territoriale au XVIIIe siĂšcle
Cependant, la Maréchaussée souffre de nombreuses imperfections (implantation irréguliÚre, manque de contrÎle, faiblesse des effectifs) aggravées par la vénalité[10] des charges et la faiblesse des gages qui justifient une série de réformes, conduites entre 1720 et 1778[11].
Ainsi, une sĂ©rie d'Ă©dits, d'ordonnances et de rĂšglements â 1720, 1731, 1768, 1769, 1778 â vise Ă la rendre plus efficace et plus prĂ©sente dans les campagnes, Ă une Ă©poque oĂč le vagabondage fait l'objet d'une rĂ©pression accrue, tout en renforçant son caractĂšre militaire.
L'Ă©dit de mars 1720[12] rĂ©organise profondĂ©ment la MarĂ©chaussĂ©e et accentue son caractĂšre territorial. Il crĂ©e dans chacun des trente-six gouvernements ou provinces un tribunal prĂ©vĂŽtal et une compagnie de marĂ©chaussĂ©e. Ă la tĂȘte de ceux-ci, le secrĂ©taire d'Ătat Ă la Guerre place un prĂ©vĂŽt gĂ©nĂ©ral, rĂ©sidant au chef-lieu de la province, et qui peut ĂȘtre mis Ă la disposition de l'intendant. Les prĂ©vĂŽtĂ©s sont divisĂ©es en lieutenances â un lieutenant Ă©tant Ă©tabli dans chaque ville dotĂ©e d'un prĂ©sidial â, elles-mĂȘmes divisĂ©es en brigades â de quatre Ă cinq hommes â rĂ©parties le long des grandes routes. Chaque brigade doit surveiller une dizaine de kilomĂštres de route de part et d'autre de son siĂšge[13]. L'« arrondissement » ou « district » d'une brigade comprend Ă©galement plusieurs dizaines de paroisses rurales plus ou moins Ă©loignĂ©es. Ă partir de 1760, les « archers » des prĂ©vĂŽts sont appelĂ©s « cavaliers ».
L'ordonnance du 25 fĂ©vrier 1768 crĂ©e 200 brigades supplĂ©mentaires et rĂ©organise leur implantation, afin de parvenir Ă un maillage du territoire plus fin et plus rationnel. Cependant, en 1779, la MarĂ©chaussĂ©e ne compte pas plus de 3 300 hommes rĂ©partis en 34 compagnies â soit une par gĂ©nĂ©ralitĂ©, Corse comprise, plus une pour Paris et l'Ăle-de-France, et une autre assurant la sĂ©curitĂ© du roi dans ses dĂ©placements â et 800 brigades pour l'ensemble du Royaume.
Le service de la Maréchaussée à la fin de l'Ancien Régime
Les hommes de la MarĂ©chaussĂ©e sont obligatoirement d'anciens militaires. L'ordonnance de 1778 les oblige Ă souscrire un engagement dâune durĂ©e de seize ans. Par ailleurs, ce texte assimile la hiĂ©rarchie de la MarĂ©chaussĂ©e Ă celle de la cavalerie, qui se substitue Ă celle hĂ©ritĂ©e du Moyen Ăge : le marĂ©chal des logis remplace l'exempt, et le cavalier l'archer. Une brigade, commandĂ©e par un marĂ©chal des logis ou un brigadier, compte quatre hommes, le chef de brigade compris. Chaque brigade doit avoir des contacts hebdomadaires avec ses voisines en un lieu ou un autre, et des tournĂ©es de deux cavaliers doivent ĂȘtre effectuĂ©es chaque jour. La marĂ©chaussĂ©e doit surveiller tout particuliĂšrement les rassemblements : foires et marchĂ©s, fĂȘtes locales, etc.
PrévÎts des maréchaux célÚbres
- Le Gallois de FougiĂšres, prĂ©vĂŽt des marĂ©chaux, tuĂ© Ă la bataille d'Azincourt en 1415. Il est aujourdâhui honorĂ© par la Gendarmerie nationale, comme Ă©tant le premier gendarme mort au combat.
- Tristan Lhermitte, seigneur du Moulin et du Bouchet, grand prévÎt des maréchaux du roi Louis XI.
- Jean Dax, seigneur d'Axat, de Leuc, de La Serpent et autres places, conseiller, grand chambellan du roi Charles VIII et grand prévÎt des maréchaux de France dans le royaume de Sicile, tué au siÚge de Gaëte en l'armée du roi Charles VIII lors de la premiÚre guerre d'Italie, en [14] - [15], quelques jours avant l'entrée solennelle du roi Charles VIII à Naples, .
- Louis de Chandieu, grand prévÎt des maréchaux de France du roi François Ier.
- Nicolas Rapin, grand prévÎt des maréchaux et poÚte, mort en 1609.
- Jean de Lannion, lieutenant du prévÎt des maréchaux de Bretagne, sauva la ville de Lannion de l'attaque de brigands en 1634.
La Gendarmerie nationale
Au début de la Révolution française, par la loi du 16 février 1791 de l'assemblée constituante, la Maréchaussée prend le nom de « Gendarmerie nationale ».
La RĂ©volution et l'Empire
La loi du marque la vĂ©ritable naissance de la Gendarmerie telle qu'elle fonctionne actuellement. La loi du 28 germinal an VI () prĂ©cise que « le corps de la Gendarmerie nationale est une force instituĂ©e pour assurer dans l'intĂ©rieur de la RĂ©publique le maintien de l'ordre et l'exĂ©cution des lois ». LâArmĂ©e est organisĂ©e en 25 divisions, 50 escadrons, 100 compagnies et 2 000 brigades. Les missions de la Gendarmerie sont de deux ordres :
- les missions de police administrative, destinĂ©es Ă prĂ©venir les troubles (surveillance gĂ©nĂ©rale, lutte contre le vagabondage, missions d'assistance, escorte des convois, maintien de l'ordre lors des marchĂ©s, foires, fĂȘtes et rassemblements divers) ;
- les missions de police judiciaire, destinĂ©es Ă rĂ©primer les faits n'ayant pu ĂȘtre empĂȘchĂ©s (constatation des crimes et dĂ©lits, Ă©tablissement de procĂšs-verbaux, rĂ©ception des plaintes et des tĂ©moignages, arrestation des criminels).
La participation de la 32e division de gendarmerie à cheval à la bataille de Hondschoote le consacre la qualité de soldats de ses membres qui inscrivent cette premiÚre victoire au drapeau de la Gendarmerie[16].
Le Consulat et l'Empire voient la Gendarmerie se renforcer de façon significative. Celle-ci est, pour la premiÚre fois, placée sous l'autorité d'une inspection générale de la Gendarmerie, indépendante du ministÚre de la Guerre et dirigée par un premier inspecteur général en la personne du maréchal Bon Adrien Jeannot de Moncey, nommé en 1801. Ses effectifs sont augmentés. Son rÎle est essentiel dans la lutte contre le brigandage et l'insoumission. Elle participe à de nombreuses batailles, notamment dans le cadre de la guerre d'Espagne. Ses actions d'éclat ont fait l'objet d'inscriptions sur ses emblÚmes.
Le XIXe siĂšcle
Durant tout le Premier Empire, la Gendarmerie, en manque d'effectifs et mal formĂ©e, impose difficilement son autoritĂ©[17]. Elle est notamment chargĂ©e de s'opposer Ă des coutumes (droit d'usage dans les forĂȘts, droits de chasse rĂ©duits, restriction des charivaris), de mettre en Ćuvre la conscription, ce qui la rend particuliĂšrement impopulaire en milieu rural et entraĂźne une « gendarmophobie des campagnes »[18] : 3 725 rĂ©bellions, qui se concentrent dans le Midi, l'Ouest, le Nord et l'Alsace, sont recensĂ©es entre 1800 et 1859[17].
ĂpurĂ©e sous la Restauration, la Gendarmerie est rĂ©organisĂ©e par l'ordonnance du , en 24 lĂ©gions divisĂ©es en compagnies[19]. La monarchie de Juillet lui confie de nombreuses missions politiques (comme l'arrestation de la duchesse de Berry en 1832) et s'attache Ă la revaloriser. La Gendarmerie se heurte nĂ©anmoins Ă deux critiques venant de camps distincts : les critiques libĂ©rales, qui dĂ©noncent les abus de pouvoir, et les critiques venant des campagnes, qui dĂ©fendent les traditions menacĂ©es (celles, par exemple, attaquĂ©es par le nouveau Code forestier de 1827, qui conduit, en AriĂšge, Ă la guerre des Demoiselles, de 1829 Ă 1832)[17].
Ă partir de 1835, ses effectifs augmentent ainsi que sa rĂ©putation[17]. La gendarmerie d'Afrique[1], crĂ©Ă©e l'annĂ©e prĂ©cĂ©dente, accompagne la conquĂȘte de l'AlgĂ©rie. La loi de 1850 fixe ensuite l'objectif d'une brigade par canton, entĂ©rinant une dynamique enclenchĂ©e depuis une dĂ©cennie[17]. Ainsi, en 1851, on compte 16 500 gendarmes â dont 11 800 Ă cheval â rĂ©partis dans plus de 3 000 brigades .
Gendarmes maures
Dans Paris, le maintien de l'ordre était notamment assuré par la garde municipale de Paris à partir de 1802, puis la gendarmerie impériale de Paris, instituée en 1813 puis devenue gendarmerie royale de Paris. Son héritiÚre, la garde municipale de Paris, fut transformée en Garde républicaine en 1849.
La Gendarmerie contribue Ă la rĂ©ussite du coup d'Ătat du 2 dĂ©cembre 1851. Elle est ensuite rĂ©organisĂ©e, par le dĂ©cret du . Ă la fin du Second Empire, elle est constituĂ©e par la gendarmerie[1] dĂ©partementale â soit 19 400 hommes rĂ©partis en 3 600 brigades et 25 lĂ©gions â, la lĂ©gion d'Afrique, la gendarmerie coloniale, l'escadron de gendarmerie d'Ă©lite, la garde de Paris et la compagnie des gendarmes vĂ©tĂ©rans. Au total, la Gendarmerie impĂ©riale compte 24 000 hommes . En outre, des unitĂ©s prĂ©vĂŽtales sont constituĂ©es pour exercer la police militaire au sein des armĂ©es, et des gendarmes participent Ă de nombreux combats, notamment pendant la guerre de CrimĂ©e. La prĂ©sence de la Gendarmerie est renforcĂ©e dans les colonies, par exemple en Indochine.
Les débuts de la TroisiÚme République sont surtout marqués par la question du maintien de l'ordre, la Gendarmerie étant fortement mobilisée lors des grÚves et des inventaires des biens du clergé. Elle est de nouveau réorganisée par le décret du .
Le XXe siĂšcle
Lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, les gendarmes ne sont pas constituĂ©s en formations combattantes mĂȘme si plusieurs centaines d'entre eux sont prĂ©sents sur le front dans des unitĂ©s d'infanterie. La gendarmerie prĂ©vĂŽtale a en revanche un rĂŽle essentiel dans le maintien de l'ordre au sein des armĂ©es et la poursuite des dĂ©serteurs[20]. Sur les 17 000 gendarmes qui se relayeront sur le front, environ 900 sont tuĂ©s.
L'entre-deux-guerres reprĂ©sente une pĂ©riode essentielle dans l'histoire de l'institution : crĂ©ation d'une Ăcole des officiers de la Gendarmerie nationale (1918) et d'une direction de la Gendarmerie (1920), naissance des pelotons mobiles de gendarmerie[1] spĂ©cifiquement destinĂ©s aux opĂ©rations de maintien de l'ordre (devenus la garde rĂ©publicaine mobile en 1926, rebaptisĂ©e gendarmerie mobile en 1954).
Il s'agit également d'une période au cours de laquelle l'institution s'adapte à l'avÚnement de l'automobile, la gendarmerie obtient ses premiers véhicules motorisés au lendemain de la Grande guerre, mais elle ne disposait en 1927, dans toute la France que de 427 automobiles et motocyclettes[21]. Si elle profite de cette innovation technologique, la gendarmerie doit aussi l'encadrer, les contrÎles de vitesse se développent ainsi ; ne disposant pas d'appareils fiables pour mesurer les vitesses des véhicules, les gendarmes devaient se contenter de chronométrer le temps de trajet des véhicules entre deux bornes, afin de calculer leur vitesse[21].
- Arrestation d'une femme le par des gendarmes.
- Deux gendarmes encadrant la tueuse Jeanne Weber en 1908.
- Gendarmes en side-car au chĂąteau de Versailles en 1920.
L'obligation du port de la moustache en vigueur depuis 1841 est aboli en 1933[22]. Au moment de l'invasion de 1940, des gendarmes combattent sous les couleurs de l'arme.
En 1941, un monument national est édifié à Versailles, Place de la Loi, pour rendre hommage à la Gendarmerie nationale.
Le RĂ©gime de Vichy place la gendarmerie sous l'autoritĂ© du chef du gouvernement et lui impose de suivre la politique collaborationniste : arrestation des juifs, recherche des rĂ©fractaires au Service du travail obligatoire, garde des camps d'internement, opĂ©rations de police, lutte contre les rĂ©sistants⊠Si la majoritĂ© des gendarmes obĂ©issent (seulement 20 % des officiers seront sanctionnĂ©s et 15 % mis Ă la retraite d'office lors de l'Ă©puration Ă la LibĂ©ration en France), d'autres s'engagent dans la RĂ©sistance et participent Ă la LibĂ©ration. Ainsi, de nombreux cas sont reconnus oĂč des gendarmes, disciplinĂ©s dans le cadre de leur service, jouent double-jeu en prĂ©venant ceux qu'ils doivent arrĂȘter ou animant des rĂ©seaux de l'ombre (le rĂ©seau saint-Jacques, La VĂ©ritĂ© française). Alors qu'en 1939, la gendarmerie compte 54 000 hommes, 12 000 entrent en rĂ©sistance passive ou active. Le nombre de gendarmes tuĂ©s pendant la Seconde Guerre mondiale est estimĂ© Ă prĂšs de 2000 (hors criminalitĂ© de droit commun) :
- au moins 540 morts au combat en service commandé (la grande majorité durant la bataille de France) ;
- au moins 800 exécutés ou morts en déportation à la suite d'arrestations pour actes de résistance ;
- au moins 350 tués au combat dans les rangs de la Résistance à la Libération ;
- au moins 275 gendarmes tués par la Résistance, lors d'affrontements ou lors d'assassinats ciblés.
Quatre gendarmes ont reçu la Croix de la Libération, 360 la Médaille de la Résistance, 351 ont intégré l'Ordre de la Légion d'Honneur, 1060 ont reçu la Médaille Militaire, 4852 la Croix de Guerre 39-45 avec citation et 18 ont été reconnus Justes parmi les Nations[23].
AprÚs la guerre, la Gendarmerie combat en Indochine et en Algérie (plus de 1200 gendarmes tués) puis s'engage dans la coopération avec les anciennes colonies. Par la suite, elle continue à intervenir aux cÎtés des forces armées françaises sur les théùtres d'opérations extérieures, notamment en Afrique et au Proche-Orient.
La diversité croissante des missions qui lui sont confiées conduit à la naissance de gendarmeries spécialisées : la gendarmerie de l'air, la gendarmerie de l'armement, la gendarmerie des transports aériens et la gendarmerie de la sécurité des armements nucléaires[24].
L'implantation territoriale, qui était essentiellement basée sur un maillage réalisé à partir de brigades identiques, évolue : les moyens sont modernisés et de nouvelles unités voient le jour dans de nombreux domaines (police judiciaire, lutte contre les formes modernes de délinquance, protection des mineurs, intervention, aviation, secours en montage et en mer, etc.).
Les évolutions de la société conduisent la Gendarmerie à parfaire la formation et à diversifier le recrutement de son personnel, qui se féminise à partir de 1972[25]. à partir de 1971[26], elle s'ouvre aux appelés du contingent puis, aprÚs la disparition du service militaire, aux gendarmes auxiliaires, maintenant désignés gendarmes adjoints volontaires (GAV).
Le XXIe siĂšcle
Lors de sa campagne pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2002, Jacques Chirac prĂ©voit le rattachement des forces de gendarmerie au ministĂšre de l'IntĂ©rieur pour leurs missions de sĂ©curitĂ© intĂ©rieure. Les brigades sont rĂ©organisĂ©es en communautĂ©s de brigades ou en brigades territoriales autonomes (BTA) au champ d'action plus large. La Loi d'orientation et de programmation pour la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure attribue la dĂ©finition des orientations nationales des politiques de sĂ©curitĂ© au ministĂšre de l'IntĂ©rieur et lui donne autoritĂ© sur la Gendarmerie pour la mise en Ćuvre de ces orientations. La mĂȘme loi participe Ă©galement Ă une nouvelle rĂ©partition des forces de gendarmerie et de police en France dans le cadre de la police d'agglomĂ©ration. Toutefois, la direction gĂ©nĂ©rale de la Gendarmerie nationale reste au ministĂšre de la DĂ©fense.
à partir de 2007, le nouveau président Nicolas Sarkozy décide d'amplifier le rapprochement. à partir du , les budgets de la gendarmerie (programme 152) et de la police (programme 167) sont gérés par le ministÚre de l'Intérieur. La loi du puis une série de décrets consacrent le nouveau rattachement de la Gendarmerie nationale tout en laissant subsister des liens avec le ministÚre de la Défense.
La direction gĂ©nĂ©rale de la Gendarmerie nationale est installĂ©e depuis Ă Issy-les-Moulineaux, au 4 rue Claude Bernard[27]. Son siĂšge Ă©tait auparavant situĂ© rue Saint-Didier dans le 16e arrondissement de Paris. Cependant, lâexpansion au fil des ans avait rendu nĂ©cessaire un dĂ©ploiement sur d'autres sites rĂ©partis sur la capitale et la proche banlieue ; Malakoff, Issy-les-Moulineaux, Pontoise, Rosny-sous-Bois, Maisons-Alfort, Arcueil, Ivry-sur-Seine.
Le rapprochement avec le ministĂšre de l'IntĂ©rieur, amorcĂ© par la (Loi d'orientation et de programmation pour la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure) de 2002, est entĂ©rinĂ© par une loi (du ) puis par une sĂ©rie de dĂ©crets. Cependant, des liens Ă©troits â liĂ©s au statut militaire des gendarmes, Ă leur recrutement et Ă leur emploi dans le domaine militaire â sont conservĂ©s avec le ministĂšre de la DĂ©fense.
Durant cette période les brigades de gendarmerie sont réorganisées en communautés de brigades ou en brigades territoriales autonomes (BTA) au champ d'action plus large.
Entre 2008 et 2012, sous la présidence de Sarkozy ( - ), les effectifs ont été diminués de 950 à 1 300 personnes chaque année dans le cadre de la révision générale des politiques publiques[28]. Cette tendance a été inversée en 2015, avec l'annonce d'au moins 2 200 recrutements en 2016[29].
Un nouveau logotype « imaginé et réalisé en interne »[30] est adopté en 2015.
La Gendarmerie nationale est commandée par le général d'armée Christian Rodriguez depuis le . Il est le septiÚme militaire à assurer cette fonction depuis 1947. Ses prédécesseurs, civils, étaient traditionnellement issus de la magistrature ou du corps préfectoral.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Histoire de la Gendarmerie depuis le Moyen Ăge
- La Maréchaussée en Languedoc-Roussillon depuis le XVe siÚcle
- Article sur l'Almanach Royal de 1750
- La Maréchaussée pendant la guerre de Sept Ans (1756-1763)
- L'organisation de la Maréchaussée en 1784
- Connétablie et Maréchaussée
- Compagnie de Maréchaussée de l'Ile-de-France
- La maréchaussée parisienne de 1667 à 1770 sous les rÚgnes de Louis XIV et Louis XV
Notes et références
- (de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « MarĂ©chaussĂ©e » (voir la liste des auteurs).
- Cet article est partiellement ou en totalité issu de l'article intitulé « Gendarmerie nationale française » (voir la liste des auteurs).
- Le mot « gendarmerie », lorsqu'il dĂ©signe l'organisme dâĂtat Ă caractĂšre unique, e.g. dans les expressions « la Gendarmerie » ou « la Gendarmerie nationale », prend une majuscule comme cela est prĂ©conisĂ© dans l'article sur les WikipĂ©dia:Conventions typographiques, notamment au § Organismes uniques et au § UnitĂ©s militaires ; dans les autres cas, il garde la minuscule, comme pour la « gendarmerie mobile » ou les « forces de gendarmerie ».
- Ă l'exception de certaines grandes villes, qui disposent de milices ou - dans le cas de Paris du Guet royal. Besson (GĂ©nĂ©ral) et RosiĂšre, Pierre, EncyclopĂ©die de la Gendarmerie nationale, tome I, Ăditions SPE Barthelemy Paris 2004. Voir Ă©galement Louis Larrieu, Histoire de la MarĂ©chaussĂ©e et de la Gendarmerie - des origines Ă la quatriĂšme rĂ©publique. Service historique de la Gendarmerie nationale - PhĂ©nix Editions.
- Loi no 2009-971 du relative Ă la gendarmerie, article premier
- La féminisation se fait initialement pour certains emplois administratifs seulement ; l'accÚs aux carriÚres d'officiers et de sous-officiers est ouvert aux femmes en 1983.
- Pascal Brouillet. Au commencement Ă©tait la MarĂ©chaussĂ©e in Histoire et Dictionnaire de la Gendarmerie, sous la Direction de Jean-NoĂ«l Luc et FrĂ©dĂ©ric MĂ©dard. Ăditions Jacob-Duvernet/MinistĂšre de la DĂ©fense. 2013
- Les notions de police et de justice n'ont Ă cette Ă©poque pas la mĂȘme signification que de nos jours. La police fait partie de la justice et en est le corps d'exĂ©cution. De la MarĂ©chaussĂ©e Ă la Gendarmerie - Histoire et Patrimoine. Sous la direction de Pascal Brouillet. Service historique de la Gendarmerie nationale, 2003.
- Louis Larrieu, Histoire de la Maréchaussée et de la Gendarmerie - Des origines à la quatriÚme république.
- Voir notamment l'ordonnance du de la Ferté-sous-Jouarre.
- Jean-NoĂ«l Luc, Gendarmerie, Ătat et sociĂ©tĂ© au XIXe siĂšcle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002 (ISBN 978-2-85944-449-5), p. 31.
- Les prévÎts et les officiers achÚtent leur office. C'est une marque de dignité, mais aussi un investissement qu'il convient de rentabiliser. De plus les charges sont héréditaires.
- Colonel R. Coulin. Historique et traditions de la Gendarmerie Nationale, 1954.
- Ădit du , prĂ©parĂ© par le SecrĂ©taire dâĂtat Ă la Guerre Le Blanc.
- Georges Carrot, Histoire de la police française, J. Tallandier, , p. 55.
- Louis-Pierre d'Hozier « Armorial général de la France », Firmin-Didot 1738, volume 1, p. 187 lire en ligne
- Claude de Vic, Joseph Vaissete, Ernest Roschach, Histoire générale de Languedoc avec des notes et les piÚces justificatives, 1845, tome 8, page 201, voir ce lien : le départ du roi Charles VIII et de son armée pour la guerre d'Italie début .
- Pascal Brouillet, De la maréchaussée à la Gendarmerie : histoire et patrimoine, Service historique de la Gendarmerie nationale, , p. 49.
- Arnaud-Dominique Houte, La tactique du gendarme, La Vie des idées, . Recension de l'ouvrage d'Aurélien Lignereux, La France rébellionnaire. Les résistances à la Gendarmerie (1800-1859), Rennes, PUR, 2008.
- Jean-NoĂ«l Luc, Gendarmerie, Ătat et sociĂ©tĂ© au XIXe siĂšcle, Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 211.
- Ordonnance du Roi de portant rĂšglement sur le service de la gendarmerie Ă lire sur gallica.bnf
- Louis N. Panel, La Grande Guerre des gendarmes , Paris, Nouveau Monde, , 611 p.
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- Edouard Ebel, « La moustache, câĂ©tait le tic du gendarme », LibĂ©ration,â (lire en ligne)
« Une décision ministérielle du 20 mars 1832 rend le port de la moustache obligatoire pour tous les militaires. Deux mois plus tard, une décision ministérielle précise que la moustache sera portée par l'ensemble des militaires, hormis ceux de la gendarmerie. Cette sentence trÚs mal perçue par l'Arme, est vécue comme une humiliation et soulÚve un véritable tollé. Il faut attendre le ministÚre du maréchal Soult pour que ceux-ci retrouvent, par une décision du 28 janvier 1841, le droit et l'obligation de porter la moustache. Le port de la moustache demeure obligatoire jusqu'en 1933. Tout comme le bicorne, la moustache, à elle seule, a puissamment contribué à fixer l'image des gendarmes dans l'imaginaire collectif des français. »
. - Pierre Accoce, Les Gendarmes dans la résistance, Presses de la Cité, 2001.
- La Gendarmerie maritime, qui fait elle aussi partie de la gendarmerie, est aussi ancienne qu'elle puis qu'une gendarmerie de ports et arsenaux est intĂ©grĂ©e Ă la Gendarmerie nationale dĂšs 1791. Ses racines sont encore plus anciennes : on trouve un parchemin de 1648 autorisant la crĂ©ation de 43 postes d'Archers des prĂ©vĂŽts de la marine. Le gĂ©nĂ©ral Besson cite mĂȘme la prĂ©sence en 1340 d'un des premiers prĂ©vĂŽts et archers de la marine Ă la bataille de l'Ăcluse. Besson (GĂ©nĂ©ral) et Collectif, EncyclopĂ©die de la Gendarmerie Nationale, tome II, Ăditions SPE Barthelemy Paris 2005.
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- La Gendarmerie nationale a un nouveau logo sur le blog opex360 http://www.opex360.com/2015/09/02/la-gendarmerie-nationale-nouveau-logo/#ycoc8ZVfKb1FTPlx.99
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