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Hafnia

Hafnia est un genre de bacilles Gram négatifs de la famille des Hafniaceae dont il est le genre type. Son nom fait référence à Hafnia, nom médiéval de la ville de Copenhague.

Les Hafnia sont des bactéries de la flore digestive humaine et animale, également présentes dans l'environnement. Hafnia est souvent confondue avec Salmonella dont les caractÚres biochimiques sont voisins, mais l'action lytique de bactériophages spécifiques permet de les distinguer.

La principale espÚce connue, Hafnia alvei, est une bactérie commensale du tractus gastro-intestinal humain et normalement non pathogÚne. Elle est utilisée comme ferment lactique par l'industrie laitiÚre, et plus récemment comme un probiotique (inclus dans un produit de complément alimentaire pour la régulation de l'appétit et la perte de poids).

Historique

Le genre Hafnia est l'un des 3 genres qui constituent en 2022 la famille des Hafniaceae, de l'ordre des Enterobacterales.

Bien que décrit par le biologiste danois Vagn MÞller dÚs 1954[1], la légitimité de ce groupe a été constamment remise en question au cours des deux décennies suivantes, souvent désignées par des synonymes tels que Enterobacter alvei, Enterobacter aerogenes subsp. hafniae et Enterobacter hafniae mais, la bactérie est surtout référencée dans la littérature par son nom actuel, Hafnia alvei[2].

En 1977, une étude a conclu qu'à la fin de la fabrication du camembert, Hafnia alvei demeure l'espÚce dominante. Hafnia alvei est une souche psychrotrophique, qui peut se développer à basse température, ce qui signifie qu'elle ne cesse pas de croßtre au cours de la phase de stockage de fromage contrairement à E. coli[3].

En 1983, la famille des EntĂ©robactĂ©ries a Ă©tĂ© dĂ©couverte dans le camembert fraĂźchement produit[4] : 51% des EntĂ©robactĂ©ries ont Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©es comme Ă©tant des souches Hafnia alvei contre seulement 9% rĂ©pertoriĂ©es comme Escherichia coli. Ces auteurs ont Ă©galement montrĂ© qu'Hafnia alvei peut ĂȘtre trouvĂ©e Ă  une concentration Ă©levĂ©e dans le fromage (jusqu'Ă  107 UFC/g), dans le lait cru et les fromages au lait pasteurisĂ©.

Quelques années plus tard, en 1987, Hafnia alvei a été identifiée par une équipe espagnole dans du lait cru de brebis et représentait 6,5 % du total des Enterobacteriaceae[5].

En 1987, des scientifiques amĂ©ricains Ă©tudiant les Brassicaceae y ont trouvĂ© Hafnia alvei. En analysant la microflore du chou frisĂ© fraĂźchement rĂ©coltĂ©, ils croyaient que l’origine d'Hafnia alvei Ă©tait une contamination du sol[6].

En 2004, des scientifiques mexicains ont isolé Hafnia alvei (parmi d'autres bactéries telles que Lactobacillus acidophilus ou plantarum) de Pulque, une boisson traditionnelle fabriquée à base de maguey fermenté (également connu sous le nom d'agave)[7].

En 2014, une étude collaborative sur l'affinage du fromage, entre un laboratoire de l'INRA et une université italienne, a identifié H. alvei dans le lait cru utilisé pour faire le fromage traditionnel Caciocavallo Pugliese[8].

Hafnia alvei est également présent dans les aliments fermentés autres que les produits laitiers. Il a été identifié ces derniÚres années dans de nombreux plats traditionnels autour de la planÚte.

En 2014, Hafnia alvei a été identifié dans l'aakhone, un plat traditionnel de l'Inde du Nord à base de farine de soja fermenté[9].

Hafnia a Ă©galement Ă©tĂ© identifiĂ©e dans les graines de cafĂ© fermentĂ©e d'Éthiopie et dans l'Ohio aux États-Unis[10]. Des chercheurs amĂ©ricains ont Ă©tudiĂ© le microbiome des graines de cafĂ© et identifiĂ© Hafnia alvei parmi de nombreuses autres souches et espĂšces, dont 13 espĂšces d'Enterobacteriales[11]. Cette Ă©tude a mis en Ă©vidence que la richesse du microbiome des graines Ă©tait liĂ© au processus de fermentation ainsi qu'Ă  la qualitĂ© du cafĂ©. La famille de bactĂ©ries la plus frĂ©quemment identifiĂ©e Ă©tait celle des Enterobacteriales contenant Hafnia alvei. Cette famille est souvent trouvĂ©e dans les milieux humides et riches en Ă©lĂ©ments nutritifs similaires Ă  celles du cafĂ©. Ainsi, cette bactĂ©rie pourrait jouer un rĂŽle essentiel dans la fermentation.

Hafnia alvei a Ă©galement Ă©tĂ© identifiĂ© dans le Kimchi commercial, un repas traditionnel corĂ©en Ă  base de chou asiatique, de radis, d'Ă©pices et de fruits de mer fermentĂ©s et salĂ©s. Les scientifiques suggĂšrent que la source d‘Hafnia dans ce cas est les fruits de mer fermentĂ©s[12].

Enfin, Hafnia alvei a Ă©galement Ă©tĂ© isolĂ© Ă  partir de produits issus de la viande, en particulier du bƓuf rĂ©frigĂ©rĂ©, en raison de la prĂ©sence d' Hafnia alvei sur les bovins abattus. Il peut ĂȘtre trouvĂ© aux cĂŽtĂ©s de E. Coli dans le chorizo, une saucisse espagnole semi-sĂšche et fermentĂ©e[7]. Les saucisses fermentĂ©es fabriquĂ©es en Espagne contiendraient Ă©galement la souche Hafnia alvei, responsable de la production d'histamine, essentielle au mĂ»rissement[13].

Souche commensale

La plupart des textes de rĂ©fĂ©rences en microbiologie listent les mammifĂšres, les oiseaux, les reptiles, les poissons, le sol, l'eau, les eaux usĂ©es et les aliments comme sources Ă  partir desquelles les bactĂ©ries Hafnia alvei peuvent ĂȘtre rĂ©cupĂ©rĂ©es.

Les voies gastro-intestinales des animaux, et en particulier des mammifĂšres, semblent ĂȘtre un habitat Ă©cologique trĂšs commun pour ces bactĂ©ries. Des Ă©tudes de palĂ©omicrobiologie ont permis d'identifier H. alvei provenant d'Ă©chantillons de masse intestinale et de sĂ©diments prĂ©levĂ©s sur des restes de mammouths vieux de 12 000 ans dans le Michigan et l'Ohio. Dans une Ă©tude portant sur 642 mammifĂšres australiens, Gordon et FitzGibbon[14] ont trouvĂ© qu' H. alvei Ă©tait la troisiĂšme espĂšce entĂ©rique la plus communĂ©ment identifiĂ©e, aprĂšs Escherichia coli et E. cloacae.

Des Hafniae ont Ă©galement Ă©tĂ© retrouvĂ©s sporadiquement dans les Ă©chantillons de fumier d'animaux de meute prĂ©levĂ©s dans les sentiers des parcs nationaux aux États-Unis et dans 7% des grizzlis et ours noirs testĂ©s[15].

Parmi les espĂšces aviaires, H. alvei a Ă©tĂ© frĂ©quemment isolĂ© chez les oiseaux de proie, y compris les faucons, les hiboux et les vautours d'Inde; mĂȘme chez les accenteurs alpins de haute altitude qui n'ont pratiquement aucun contact avec les humains, l'Hafnia a Ă©tĂ© isolĂ©e Ă  des frĂ©quences allant de 3% Ă  16%[16].

Les autres sources d' H. alvei comprennent les reptiles (serpents et scinques), les invertébrés, les insectes, les poissons et les chauves-souris.

RĂŽle dans la maturation du fromage

Selon plusieurs publications, Hafnia alvei est présente en tant qu'espÚce dominante durant la maturation du fromage au lait cru[8] - [17].

Hafnia alvei est une bactérie psychrotrophique, originaire du lait cru et continue de croßtre dans les fromages comme le camembert. La multiplication est un facteur clé dans le processus de fermentation et de maturation du fromage.

La souche Hafnia alvei est répertoriée comme micro-organisme utilisable pour l'alimentation par l'EFFCA (European Food & Feed Cultures Association).

Depuis 1979, des Ă©tudes sur le fromage français ont permis d'identifier des corrĂ©lations entre la croissance d'Hafnia alvei et les paramĂštres chimiques lors de la fabrication du fromage. Plusieurs chercheurs ont estimĂ© que le niveau d' H. alvei atteignait 107 CFU / g Ă  la fin du processus de maturation et ont montrĂ© que la courbe de croissance Ă©tait Ă©troitement liĂ©e Ă  une augmentation du pH. De mĂȘme, Mounier et al. ont mesurĂ© une population en H. alvei d'environ 109 CFU / g dans un modĂšle de fromage Ă  tartiner (fromage Ă  pĂąte molle)[17].

Une étude approfondie des fromages traditionnels consommés depuis des années met en évidence la présence d' Hafnia alvei dans les produits laitiers depuis plus de trente ans.

En conclusion, des taux abondants d' Hafnia alvei peuvent ĂȘtre trouvĂ©s dans le fromage au lait cru et jouent un grand rĂŽle dans l'aromatisation du fromage en raison de son impact sur l'aciditĂ© et de sa capacitĂ© Ă  produire des acides aminĂ©s libres.

L'Hafnia est soit intentionnellement ajoutée pendant le processus de fabrication du fromage, soit déjà présente comme constituant de la microflore du lait. La bactérie contribue au processus de fermentation et à la maturation des fromages. Des études métaboliques ont révélé qu' H. alvei est essentielle au processus de maturation et au développement de la saveur typique du fromage.

En raison de ces propriétés affectant l'acidité et la saveur, H. alvei est utilisé dans la fabrication de plusieurs fromages, tels que le cheddar, le gouda et le camembert, ainsi que dans le Livarot et d'autres fromages au lait cru. H. alvei est également commercialisé dans l'Union Européenne comme culture de maturation pour le camembert à fort arÎme (Aroma-Prox AF 036, fourni par Bioprox SAS, France) ou comme mélange de microorganismes pour la saveur de fromage à pùte molle (Choozit Cheese cultures ARO 21 -HA LYO 10 D, fourni par Danisco, Danemark).

Une étude menée en 2013 sur l'écosystÚme de fromages modÚles a mis en évidence le rÎle d' Hafnia alvei dans l'inhibition de la croissance de la souche O26: H11 de E. coli sans modifier les concentrations de pH ou d'acide lactique. Hafnia alvei produit une petite quantité d'amines biogÚnes telles que la putrescine et la cadavérine, mais celles-ci n'ont pas affecté le niveau global des composés aromatiques volatils[18].

L'intĂ©rĂȘt pour le rĂŽle d' Hafnia alvei dans la fabrication du fromage est toujours croissant. En 2007, un projet de l'Agence Nationale de la Recherche (GRAMME) Ă©value les bĂ©nĂ©fices et les risques de Hafnia alvei dans la production du fromage et Ă©tudie les autres fonctions potentielles pour Ă©largir son application Ă  d'autres produits alimentaires.

Culture

L'hafnia croßt dans des milieux contenant 2 à 5 % de chlorure de sodium, une gamme de pH de 4,9 à 8,25 et des gradients thermiques de 4 à 44 °C[19]; la température optimale pour la croissance a été rapportée à 35 °C[1].

De l'avis général, presque 100 % des souches d'hafnia se développent sur les géloses MacConkey, Hektoen, éosine, bleu de méthylÚne et xylose-lysine-désoxycholate, qui sont tous des milieux sélectifs à modérément sélectifs[19].

Sur des milieux sélectifs les plus inhibiteurs, 25 à 60 % des souches ne poussent pas sur gélose Salmonella-Shigella (SS), tandis que 75 à 100 % des isolats sont inhibés sur un milieu vert brillant. Les souches classiques d'H. alvei sont lactose et saccharose négatives et, en tant que telles, apparaissent comme des colonies non fermentantes sur les milieux d'isolement entérique[2].

Sur les gĂ©loses modĂ©rĂ©ment sĂ©lectives, elles apparaissent gĂ©nĂ©ralement comme de grandes colonies lisses, convexes et translucides de 2 Ă  3 mm de diamĂštre avec un bord entier; certains peuvent prĂ©senter une frontiĂšre irrĂ©guliĂšre[2].

Biologie

Lipopolysaccharides

L'immunochimie des lipopolysaccharides d'Hafnia est extrĂȘmement compliquĂ©e. Tous les lipopolysaccharides d' H. alvei semblent contenir du glucose, de la glucosamine, de l'heptose et de l'acide 3-dĂ©oxyoctulosonique. Certains LPS contiennent Ă©galement d'autres sucres aminĂ©s ou hydrates de carbone tels que le mannose, le galactose, la galactosamine et la mannosamine. La structure oligosaccharidique de base de certaines souches consiste en une structure hexasaccharidique identique composĂ©e de deux rĂ©sidus D-glucose, de trois rĂ©sidus LD-heptose et d'un rĂ©sidu acide 3-dĂ©oxyoctulosonique. Il existe une grande diversitĂ© sĂ©rologique et immunologique dans ce genre, et la recherche continue dans ce domaine[20].

Biotypes

En 1969, Barbe a dĂ©crit deux biotypes d' H. alvei fondĂ©s sur la fermentation du D-arabinose et de la salicine et sur l'hydrolyse de l'esculine et de l'arbutine. L'un des dĂ©fis auxquels sont confrontĂ©s les microbiologistes consiste Ă  essayer de dĂ©velopper des tests biochimiques qui permettraient de distinguer facilement la plupart des souches du groupe 1 (H. alvei sensu stricto) des isolats du groupe 2 (espĂšces non nommĂ©es d'Hafnia). Ces deux groupes peuvent aujourd'hui ĂȘtre distinguĂ©s les uns des autres par une sĂ©rie de tests. Aucun test n'Ă©tant complĂštement discriminatoire. NĂ©anmoins, la mobilitĂ© Ă  24 heures est aujourd'hui le meilleur prĂ©dicteur du groupe (groupe 1, 9% positif, groupe 2, 100% positif)[2].

Avantages pour la santé

Hafnia produit une protĂ©ine appelĂ©e la Caseinolytic Protease B (ClpB) qui s'est avĂ©rĂ©e ĂȘtre un mimĂ©tique de l'hormone α-MSH qui est impliquĂ©e dans la satiĂ©tĂ©[21].

Il a été montré que certaines bactéries Enterobacteriacae, telles que Hafnia alvei, régulent naturellement l'appétit[22].

Plus spĂ©cifiquement, la souche Hafnia alvei HA4597 a Ă©tĂ© administrĂ©e par gavage Ă  deux modĂšles d’obĂ©sitĂ© : un modĂšle de souris mutante obĂšse (souris ob/ob (en)) et un modĂšle de souris obĂšse par sur-alimentation en matiĂšres grasses. Sur ces deux modĂšles, la souche Hafnia alvei a montrĂ© une bonne tolĂ©rance, une rĂ©duction du gain de poids corporel et de la masse grasse dans les deux modĂšles d’obĂ©sitĂ© et une diminution significative de l’apport alimentaire chez les souris ob/ob[23].

Une autre Ă©tude[24] sur les souris mutantes obĂšses (souris ob/ob) a montrĂ© que l’administration de la souche HA4597 produisait une diminution significative (par rapport aux souris non traitĂ©es ou traitĂ©es Ă  l’orlistat) du poids corporel, de la masse grasse et de l’apport alimentaire mais aussi chez les souris traitĂ©e une diminution de la glycĂ©mie, du cholestĂ©rol plasmatique total et de l’alanine aminotransfĂ©rase (ALAT).

En 2021, les rĂ©sultats d’une Ă©tude clinique de 12 semaines comparant la prise orale de la souche HA45597 et un placebo[25], ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue scientifique Nutrients. Cette Ă©tude prospective, multicentrique, double-aveugle contre placebo et randomisĂ©e chez 236 volontaires en surpoids (IMC entre 25 et 29,9 kg/m2) confirme cliniquement les donnĂ©es prĂ©cliniques. Les deux bras ont suivi un rĂ©gime hypocalorique accompagnĂ© soit du probiotique Hafnia alvei HA4597, soit d’un placebo. Le critĂšre d'Ă©valuation principal portant sur la perte de poids a Ă©tĂ© atteint : il y a une diffĂ©rence statistique significative en faveur du probiotique dans la proportion de sujets ayant perdu au moins 3% de leur poids corporel Ă  12 semaines (57,7% dans le groupe Hafnia contre 41,7% dans le groupe placebo, p=0,028). Parmi les critĂšres secondaires atteints, une augmentation statistiquement significative de la sensation de rassasiement. Par ailleurs, l’effet du probiotique est Ă©galement supĂ©rieur Ă  celui du placebo dans la rĂ©duction du tour de hanche. Seul le Hafnia alvei HA4597 a eu un effet sur le taux de cholestĂ©rol et a induit une rĂ©duction de la glycĂ©mie plus importante que celle observĂ©e avec le placebo. Enfin, la souche Hafnia alvei HA4597 s’est montrĂ©e trĂšs supĂ©rieure au placebo Ă  travers l’évaluation globale des avantages perçus tant par les mĂ©decins investigateurs que par les sujets.

La revue scientifique Nature a rĂ©cemment qualifiĂ© la souche Hafnia alvei HA4597, comme probiotique de prĂ©cision c’est-Ă -dire un probiotique dont la souche et le mĂ©canisme d’action sont parfaitement dĂ©crits et compris[26].

TargEDys, l’entreprise française, qui a dĂ©montrĂ© que la souche Hafnia alvei HA4597 pouvait stimuler la satiĂ©tĂ© via la protĂ©ine ClpB et aider Ă  contrĂŽler naturellement l'appĂ©tit et Ă  perdre du poids, a conduit les Ă©tudes permettant une commercialisation de ce probiotique.

Pathogénicité et sensibilité aux antimicrobiens

Les informations sur la pathogénicité d'Hafnia alvei sont limitées. Bien que ce pathogÚne ait été retrouvé en grand nombre dans les excréments, le liquide articulaire, le sang et l'urine étaient négatifs en culture; le rÎle des hafniae dans la maladie est discutable[2].

Ceci est probablement dĂ» Ă  la faible occurrence de cette espĂšce dans les maladies humaines et au fait qu'il n'y a pas de symptĂŽmes de maladie bien dĂ©finis spĂ©cifiquement associĂ©s Ă  H. alvei. Les informations actuelles concernant la pathogĂ©nicitĂ© d'Hafnia peuvent ĂȘtre examinĂ©es de deux points de vue; les facteurs de virulence potentiellement actifs dans les infections extra-intestinales et ceux restreints principalement Ă  l'intestin. Une Ă©tude mentionne Ă©galement que les souris dans lesquelles sont injectĂ©es par voie intrapĂ©ritonĂ©ale des hafniae n'ont pas succombĂ© Ă  l'infection[2].

H. alvei est un pathogÚne humain rare malgré l'attention accrue de la communauté médicale au cours de la derniÚre décennie en raison de son association possible avec la gastro-entérite.

Il n'y a pas de corrélation claire entre les données épidémiologiques, cliniques et de laboratoire et un rÎle d'Hafnia alvei dans les pathologies intestinales.

Dans une étude portant sur 17 isolats d'Hafnia alvei ("Enterobacter hafniae") récupérés par la Mayo Clinic de 1968 à 1970, seuls 5 isolats (29%) ont été jugés cliniquement significatifs. Dans tous ces cas, H. alvei a été identifié comme étant un pathogÚne secondaire (respiratoire: 2, abcÚs: 3). Dans l'ensemble, l'ùge moyen des personnes infectées ou colonisées par H. alvei était de 52,9 ans, avec un ratio hommes / femmes de 1: 1,1[27].

Il est intĂ©ressant de souligner que l'ATCC considĂšre que toutes les souches d'Hafnia alvei appartiennent au niveau de biosĂ©curitĂ© 1[28]. En outre, Richard et coll. ont identifiĂ© la prĂ©sence de 108 cellules viables par gramme de fromage, ce qui suggĂšre une consommation quotidienne de plus de 109 bactĂ©ries par jour (calcul basĂ© sur une portion de 30 g) indiquant le bon profil d'innocuitĂ© d'Hafnia alvei dans la consommation quotidienne.

La sécurité d'Hafnia alvei chez les patients immunocompétents semble trÚs claire et a été démontrée depuis plus de 4 décennies jusqu'à maintenant.

Stock et coll. décrivent une étude dans laquelle 76 isolats d'H. alvei ont été étudiés pour leur sensibilité à 69 antibiotiques ou médicaments. Le schéma général qui ressort de cette étude est que cette bactérie est sensible aux carbapénÚmes, monobactames, chloramphénicol, quinolones, aminosides et antifolates (par exemple triméthoprime-sulfaméthoxazole) et résistante à la pénicilline, l'oxacilline et l'amoxicilline associée à l'acide clavulanique. La sensibilité aux tétracyclines et aux céphalosporines est variable[29].

Une étude espagnole, impliquant des pathogÚnes entériques, a également révélé que 32 souches d'H. alvei étaient universellement sensibles à toutes les quinolones (y compris la gemifloxacine et la grepafloxacine), au céfotaxime, à la gentamicine, au co-trimoxazole et à l'acide naladixique; 78% des souches de cette étude étaient sensibles à la doxycycline. Certaines souches d'H. alvei produisent à la fois des céphalosporinases inductibles de faible niveau (sensibles à la ceftazidime) et une activité céphalosporinase constitutive de haut niveau qui est résistante à la ceftazidime.

Une étude clinique testant la prise de la souche H. Alvei HA4597 chez la personne en surpoids a montré la parfaite innocuité de ce probiotique[25].

Statut réglementaire

Hafnia alvei est une bactérie de qualité alimentaire. Elle ne figure pas dans le catalogue Novel Food de la Commission européenne[30] mais est présente sur la liste danoise des cultures microbiennes autorisées dans les aliments[31].

Hafnia alvei fait partie de la liste publiée par l'IDF (International Dairy Federation) des cultures alimentaires microbiennes démontrant la trÚs bonne sécurité de cette souche dans les produits alimentaires fermentés pour une utilisation mondiale[32]. Elle est aussi classée dans les produits de santé naturels par le NNHPD canadien (Natural and Non-Prescription Health Products Directorate) [33].

La souche H. alvei HA4597 est dĂ©sormais commercialisĂ©e en France en tant que complĂ©ment alimentaire associĂ©e Ă  du Zinc et du Chrome sous les noms EnteroSatys MĂ©tabolisme (TargEDys[34]) et Symbiosys Satylia (Biocodex[35]), ainsi qu’avec du guarana et du Chrome sous le nom de EnteroSatys Gestion du Poids. Elle est Ă©galement distribuĂ©e au Portugal (Symbiosys Satylia), en Italie (Satilia), Croatie (EnteroSatys), Turquie (Satylia), et Allemagne (SymbioLife Satylia).

Liste d'espĂšces

Selon la LPSN (21 octobre 2022) :

  • Hafnia alvei Moeller 1954
  • Hafnia paralvei Huys et al. 2010
  • Hafnia psychrotolerans Gu et al. 2015

Références

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