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Frithjof Schuon

Frithjof Schuon (allemand : [ˈfʀiːtˌjoːf ˈʃuːˌɔn]), Ă©galement connu sous le nom de ÄȘsā NĆ«r ad-DÄ«n, nĂ© le Ă  BĂąle et mort le Ă  Bloomington (Indiana), États-Unis, est un mĂ©taphysicien et Ă©sotĂ©riste suisse d'ascendance allemande, appartenant Ă  l'Ă©cole de pensĂ©e pĂ©rennialiste. Il est l’auteur de nombreux ouvrages sur le phĂ©nomĂšne religieux, la mĂ©taphysique, la spiritualitĂ© et l'art. Il est aussi artiste peintre et poĂšte.

Frithjof Schuon
Frithjof Schuon vers 1980.
Naissance
DĂ©cĂšs
Nationalité
Allemand (1907-1920)
Français (1920-1950)
Suisse (1950-1998)
École/tradition
Principaux intĂ©rĂȘts
Métaphysique, ésotérisme, philosophie, spiritualité, religion, art
ƒuvres principales
De l'unité transcendante des religions
L’Ɠil du cƓur
Comprendre l'islam
Logique et transcendance
L'ésotérisme comme principe et comme voie
Forme et substance dans les religions
Influencé par
A influencé
signature de Frithjof Schuon
Signature

InspirĂ© par Platon et l'AdvaĂŻta vĂ©danta — « non-dualisme » — hindou, tel que l'a exposĂ© notamment Adi Shankara, Schuon fut Ă©galement marquĂ© par la pensĂ©e de MaĂźtre Eckhart et de GrĂ©goire Palamas pour le christianisme, et par celle d'Ibn Arabi et d'Ahmad al-Alawi pour l'islam soufi, ainsi que par les traditions spirituelles nord-amĂ©rindiennes.

Analyste du patrimoine religieux et spirituel des peuples, il exprime sa conviction en un principe absolu dont émane l'univers et considÚre que toutes les révélations divines, malgré leurs différences formelles, possÚdent une dimension ésotérique commune, donc essentielle, primordiale et universelle, que rappelle le titre de son premier ouvrage en français, De l'unité transcendante des religions. En dépit de ce caractÚre universel, qui concerne la doctrine, Schuon prÎne une pratique spirituelle fondée sur une religion orthodoxe.

Avec René Guénon et Ananda Coomaraswamy, Schuon fait partie des principaux représentants de la philosophia perennis au XXe siÚcle et partage leur critique du monde moderne. Il a rédigé la majeure partie de ses essais en français, consacrant ses derniÚres années à la composition de quelque trois mille poésies dans sa langue natale, l'allemand. Ses articles ont été rassemblés en une vingtaine de titres, traduits dans plusieurs langues. Maßtre spirituel, il est le fondateur de la tariqa Maryamiyya.

Biographie

BĂąle (1907-1920)

Frithjof Schuon, nĂ© en Ă  BĂąle, est le cadet des deux fils de Paul Schuon, violoniste d’origine allemande et de tradition luthĂ©rienne — devenu catholique[1] — et de Margarete Boehler, Alsacienne de langue française[2]. Enfant prĂ©coce, il s’intĂ©resse Ă  l’art ainsi qu'aux religions, notamment celles du Proche-Orient et de l'Inde. Il lit ou se fait lire le Veda, la Bhagavad-GÄ«tā, le Coran, Platon, Goethe, Emerson[1] - [3] - [4]. Par son caractĂšre et ses intĂ©rĂȘts il attire l’attention et le respect de ses professeurs et camarades d’école[5], dont Titus Burckhardt, le futur mĂ©taphysicien et spĂ©cialiste de l’art traditionnel, qui deviendra l’ami de toute une vie[6].

Mulhouse et Paris (1920-1940)

Son pĂšre meurt en et sa mĂšre dĂ©cide de s'installer avec ses fils Ă  Mulhouse, sa ville natale, dans un environnement catholique et de langue française[7]. Schuon reçoit la nationalitĂ© française comme consĂ©quence du traitĂ© de Versailles[8]. Un an plus tard, il se fait baptiser catholique[9]. En 1923, alors que son frĂšre entre au sĂ©minaire et deviendra moine trappiste, Schuon quitte les Ă©tudes pour subvenir aux besoins de sa famille et travaille comme dessinateur textile[9]. C'est alors qu'il dĂ©couvre les Ă©crits de RenĂ© GuĂ©non, qui sont pour lui une confirmation de son propre refus de la civilisation occidentale moderne, en mĂȘme temps qu’une clarification de sa perception des principes mĂ©taphysiques et de leurs applications[10]. Schuon dira plus tard de GuĂ©non qu’il Ă©tait « le thĂ©oricien profond et puissant de tout ce qu’il aimait »[11]. Il se plonge alors dans l’univers de la Bhagavad-GÄ«tā et du Vedānta ; « sans pouvoir ĂȘtre hindou au sens littĂ©ral », Ă©crira-t-il, cet appel de l'Inde l’absorbe pendant une dizaine d’annĂ©es[9].

Paris, 1930.

À l'Ăąge de 22 ans, aprĂšs 18 mois de service militaire Ă  Besançon, Schuon s’installe Ă  Paris. Il reprend son mĂ©tier de dessinateur textile, fait la connaissance des orientalistes Louis Massignon et Émile Dermenghem, et apprend l’arabe[12]. En , il achĂšve son premier livre : Leitgedanken zur Urbesinnung, qui paraĂźtra en français sous le titre MĂ©ditation primordiale : la conception du vrai[13]. Il reconnaĂźt la validitĂ© de toutes les voies spirituelles rĂ©vĂ©lĂ©es, et n’a pas d’attachement Ă  une confession particuliĂšre. Son dĂ©sir de trouver un maĂźtre spirituel et d’ĂȘtre initiĂ© dans une voie Ă©sotĂ©rique, associĂ© Ă  son souhait de quitter un Occident aux valeurs contraires aux siennes, aboutissent Ă  la dĂ©cision de se rendre Ă  Marseille, port de partance pour l'Orient[14]. Coup sur coup, il y fait la connaissance de deux hommes, tous deux disciples du cheikh Ahmad al-Alawi, un maĂźtre soufi de Mostaganem, en AlgĂ©rie. Schuon voit dans ces rencontres le signe de son destin et s'embarque pour l'AlgĂ©rie[15]. À Mostaganem, il entre en islam et au terme de quatre mois passĂ©s dans la zaouĂŻa du Sheikh, celui-ci lui confĂšre l’initiation et le nom de ÄȘsā NĆ«r ad-DÄ«n. Au dĂ©but de 1933, sous la pression des autoritĂ©s coloniales, il rentre en Europe[16] - [17].

Schuon ne considĂšre pas son affiliation Ă  l'islam comme une conversion, puisqu'il ne renie pas le christianisme ― ni quelqu'autre religion ; dans chaque rĂ©vĂ©lation, il voit l'expression d'une seule et mĂȘme vĂ©ritĂ© sous des formes diffĂ©rentes. Mais pour lui, dans la perspective guĂ©nonienne qui est alors la sienne, le christianisme occidental ne semble plus offrir la possibilitĂ© de suivre une « voie de la connaissance » sous la direction d'un maĂźtre spirituel, alors qu'une telle voie demeure prĂ©sente dans le cadre du soufisme, l'Ă©sotĂ©risme islamique[18].

Avec René Guénon, Le Caire, 1938.

Lors d'un second voyage Ă  Mostaganem, en , Adda ben TounĂšs, le successeur du Sheikh al-AlawÄ«, mort entretemps, lui remet une ijāza (certificat)[Note 1]. Bien que ce document ne mentionne pas le mot « moqaddem », Schuon Ă©crira dans ses MĂ©moires que cette fonction lui fut attribuĂ©e, ce que confirmeront plus tard, selon Mark J. Sedgwick, certains membres de la tariqa Alawiyya, alors que d'autres, toujours selon lui, le contesteront[19]. « Revenu en Europe, Schuon est, Ă  la suite d'une expĂ©rience spirituelle, investi — selon Patrick Ringgenberg — d'une fonction de maĂźtre spirituel (de cheikh) en [20] - [Note 2]. »

Il reprend son mĂ©tier de dessinateur textile et fonde la premiĂšre tariqa europĂ©enne Ă  BĂąle puis Ă  Lausanne et Ă  Amiens[21]. Les diffĂ©rences de perspectives entre Schuon et la confrĂ©rie Alawiyya de Mostaganem, privĂ©e de son fondateur, le conduisent Ă  prendre progressivement son indĂ©pendance[22] - [Note 3]. En 1938, il se rend en Égypte pour y rencontrer GuĂ©non, avec qui il est en correspondance depuis sept ans[23].

En 1939, il s'embarque pour l'Inde avec deux disciples, faisant une longue escale au Caire, oĂč il revoit GuĂ©non. Peu aprĂšs son arrivĂ©e Ă  Bombay, la Seconde Guerre mondiale Ă©clate, l'obligeant Ă  retourner en Europe. Dix mois aprĂšs son enrĂŽlement dans l’armĂ©e française, il est fait prisonnier par les nazis. Ceux-ci projettent d’incorporer tous les dĂ©tenus d’origine alsacienne dans l’armĂ©e allemande pour combattre sur le front russe. Schuon s’évade, franchit le Jura de nuit pour gagner la Suisse, y est dĂ©tenu deux semaines avant de se voir accorder une autorisation de sĂ©jour ()[10] - [24].

Lausanne (1941-1980)

Il s’établit Ă  Lausanne, oĂč il poursuit sa contribution aux Études traditionnelles[25] initiĂ©e en , et en publie De l'UnitĂ© transcendante des religions chez Gallimard dans la collection Tradition crĂ©Ă©e par Luc Benoist et Jean Paulhan ; la vingtaine d'ouvrages qui suivront seront Ă©galement Ă©crits en français. En , aprĂšs son mariage avec Catherine Feer, fille d'un diplomate suisse, il s’installe Ă  Pully, dans la banlieue lausannoise, oĂč il poursuit son Ɠuvre[26]. Il obtient la nationalitĂ© suisse[8].

Catherine Schuon dans les Alpes.

Schuon noue des liens d’amitiĂ© ou Ă©pistolaires avec des personnes de diffĂ©rentes traditions, ainsi qu'avec des chercheurs et des universitaires : RenĂ© GuĂ©non, Titus Burckhardt, Martin Lings, Seyyed Hossein Nasr, William Stoddart, Jean Borella, Marco Pallis, Huston Smith, William Chittick et bien d'autres[27] - [28] - [29] ; plusieurs d'entre eux deviendront ses disciples[30]. Il correspond avec le chamane sioux Black Elk[31], entretient des rapports avec Swami Ramdas, le mĂ©tropolite Antoine Bloom de Souroge, le 68e Shankaracharya de Kanchipuram, l'archimandrite Sophrony, Shin'ichi Hisamatsu et d'autres dignitaires du bouddhisme japonais et tibĂ©tain[32] - [33].

Entre et , Schuon se rend au Maroc Ă  une dizaine de reprises ainsi que dans plusieurs pays europĂ©ens, jusqu'en GrĂšce et en Turquie[34]. En , Schuon et son Ă©pouse se rendent Ă  Paris pour assister Ă  une sĂ©rie de reprĂ©sentations de danses nord-amĂ©rindiennes et se lient d’amitiĂ© avec Thomas Yellowtail, futur homme mĂ©decine et futur chef de la danse du Soleil des Crows.

Avec Thomas Yellowtail, Lausanne, 1954.

En , le couple visite l’Exposition universelle de Bruxelles oĂč soixante Sioux mettent en scĂšne l’Ouest amĂ©ricain ; d’autres amitiĂ©s se nouent, et c’est ainsi qu’en , puis en , Ă  l’invitation de leurs amis Indiens, les Schuon se rendent aux États-Unis oĂč ils sont tĂ©moins de nombreux aspects de leurs traditions sacrĂ©es. Lors du premier voyage, Frithjof et Catherine Schuon sont adoptĂ©s dans la famille du chef sioux James Red Cloud, petit-fils de Chef Red Cloud et, quelques semaines plus tard, officiellement reçus dans la tribu sioux lors du festival amĂ©rindien de Sheridan (Wyoming)[35]. Les Ă©tudes de Schuon sur les traditions et les rites des Indiens des Plaines, tout comme ses peintures, tĂ©moignent de son profond attachement Ă  un peuple[36] oĂč, malgrĂ© son dĂ©clin, « il s’est maintenu quelque chose de primordial et de pur »[37].

Tout au long de sa vie, Schuon a tĂ©moignĂ© d'une dĂ©votion particuliĂšre pour la figure de Marie, qu’il a notamment exprimĂ©e dans son Ɠuvre doctrinale, poĂ©tique et picturale. Son lien Ă  la mĂšre de JĂ©sus, dans laquelle il voit le symbole de la FĂ©minitĂ© divine, a Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par James Cutsinger, qui relate les deux Ă©pisodes de 1965 oĂč Schuon dit avoir fait l'expĂ©rience d'une grĂące mariale particuliĂšre[38]. C’est ainsi que vers 1969, en l’honneur de Marie — Maryam en arabe —, Schuon donne le nom de Maryamiyya Ă  sa tariqa soufie (Shādhiliyya-Darqāwiyya-ÊżAlawiyya-Maryamiyya)[39].

Les annĂ©es 1970 voient paraĂźtre quatre ouvrages considĂ©rĂ©s comme particuliĂšrement importants par ses biographes, composĂ©s essentiellement d’articles parus dans les Études traditionnelles :

  • Logique et transcendance, qui traite notamment de la philosophie moderne, des preuves de Dieu, de l’émanationnisme et du crĂ©ationnisme, de l’intellect et du sentiment, des qualifications pour la voie spirituelle, de l’amour de Dieu, de la rĂ©alisation spirituelle, du maĂźtre spirituel, de la beautĂ©, de l’intelligence, de la certitude.
  • Forme et substance dans les religions : la vĂ©ritĂ© et la prĂ©sence divine, les religions, les degrĂ©s de la rĂ©alitĂ©, ātmā et māyā, le Coran et le ProphĂšte, la Vierge Marie, les deux natures du Christ, la femme dans le bouddhisme, le mal et la volontĂ© divine, le paradis et l’enfer, les textes sacrĂ©s, la dialectique spirituelle.
  • L'Ă©sotĂ©risme comme principe et comme voie : l’exotĂ©risme et l’ésotĂ©risme, le voile universel, les dimensions hypostatiques du Principe, la triple nature de l'homme, les vertus, le sentiment, la sincĂ©ritĂ©, la sexualitĂ©, les Ă©preuves, la rĂ©alisation spirituelle, la beautĂ©, l’art, l’importance des formes, les reliques, les apparitions cĂ©lestes, la Danse du soleil, l’intĂ©rioritĂ© spirituelle dans le soufisme.
  • Soufisme, voile et quintessence[40].

Bloomington, Indiana (1980-1998)

En , accompagnĂ© de son Ă©pouse et de quelques disciples, Schuon s’installe Ă  Bloomington, dans l'Indiana, aux États-Unis, oĂč un groupe dĂ©jĂ  constituĂ© les accueille[41]. Durant les premiĂšres annĂ©es en AmĂ©rique, il poursuit son Ɠuvre Ă©crite, publiant notamment Christianisme/Islam, Du Divin Ă  l'humain, Sur les traces de la religion pĂ©renne, RĂ©sumĂ© de mĂ©taphysique intĂ©grale, Racines de la condition humaine.

Bloomington vers 1990.

Selon Mark J. Sedgwick et Patrick Ringgenberg, la communautĂ© de Bloomington — nouveau siĂšge de la tariqa — s'Ă©loigne alors de plus en plus de la tradition musulmane soufie pour pratiquer « une forme d'universalisme » incluant des danses traditionnelles amĂ©rindiennes[42] - [43]. En 1991, un ancien disciple en conflit avec Schuon et la tariqa accuse celle-ci d’avoir introduit dans ses activitĂ©s des « assemblĂ©es primordiales » oĂč se serait pratiquĂ©e la nuditĂ© en prĂ©sence de mineures. Cette accusation, qui amĂšne Schuon Ă  comparaĂźtre devant le grand jury, se solde par un non-lieu[44] - [45] et les excuses publiques du procureur[46]. Ces Ă©vĂ©nements ont suscitĂ© des doutes et des remises en question chez certains disciples et lecteurs[47]. D’autres sources biographiques[48] - [49] - [50] font mention non pas d’assemblĂ©es primordiales ni de nuditĂ©, mais bien de participations occasionnelles Ă  des danses indiennes, lesquelles n’auraient nullement interfĂ©rĂ© avec la voie soufie car ne comportant aucun rite[51].

Schuon continue Ă  correspondre et Ă  recevoir disciples, universitaires et lecteurs. Au cours des toutes derniĂšres annĂ©es de sa vie, il compose plus de trois mille poĂ©sies qu’il qualifie de « didactiques » (Sinngedichte ou Lehrgedichte), associant doctrine, conseils spirituels et souvenirs. Ces poĂ©sies, comme celles de jeunesse, sont rĂ©digĂ©es dans sa langue maternelle, l'allemand, et font suite Ă  une sĂ©rie Ă©crite en arabe et une autre en anglais[52]. Testament versifiĂ©, elles synthĂ©tisent son message philosophique et spirituel[53], qui s’articule autour de quatre Ă©lĂ©ments clĂ©s : "la vĂ©ritĂ©, la priĂšre, la vertu, la beautĂ©"[54]. Moins de deux mois avant son dĂ©cĂšs, survenu Ă  Bloomington le 5 mai 1998 Ă  l’ñge de 90 ans, Frithjof Schuon Ă©crit ses derniers vers[55] :

Fichier audio
F. Schuon récite sa derniÚre poésie (1998)
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Ich wollte dieses Buch schon lang beschließen –
Ich konnte nicht; ich musste weiter dichten.
Doch diesmal legt sich meine Feder nieder,
Denn es gibt andres Sinnen, andre Pflichten;
Wie dem auch sei, was wir auch mögen tun:
Lasst uns dem Ruf des Höchsten Folge leisten –
Lasst uns in Gottes tiefem Frieden ruhn.
Das Weltrad VII, CXXX

Depuis longtemps je voulais clore ce livre –
Je ne le pouvais ; je devais continuer Ă  composer.
Mais cette fois, ma plume se pose,
Car il y a d'autres préoccupations, d'autres devoirs ;
Quoi qu'il en soit, quoi que nous voulions faire :
Conformons-nous à l'appel du Trùs-Haut –
Reposons-nous dans la profonde Paix de Dieu.
La roue cosmique VII, CXXX[56]


Apparition de la Femme Bisonne blanche, détail d'une peinture à l'huile
de F. Schuon, 1959.
PriĂšre au Grand Esprit,
peinture Ă  l'huile
de F. Schuon, 1963.

Aspects essentiels de son Ɠuvre

Pour Seyyed Hossein Nasr, Frithjof Schuon est « Ă  la fois mĂ©taphysicien, thĂ©ologien, philosophe traditionnel et logicien », versĂ© en « religion comparĂ©e » et en « science de l’homme et de la sociĂ©tĂ© », interprĂšte des « arts et des civilisations traditionnelles, [...] guide spirituel et critique du monde moderne [...] en ses aspects pratiques [et] dans ses dimensions philosophiques et scientifiques »[57].

Dans ses Ă©crits, Schuon aborde principalement les domaines de « la mĂ©taphysique essentielle, donc universelle, avec ses ramifications cosmologiques et anthropologiques ; la spiritualitĂ© dans le sens le plus large ; l’éthique et l’esthĂ©tique intrinsĂšques ; les principes et les phĂ©nomĂšnes traditionnels ; les religions et leurs Ă©sotĂ©rismes ; l’art sacrĂ© »[58]. Il dĂ©crit la mĂ©taphysique « pure » comme Ă©tant Ă  la fois 1) « essentielle », c’est-Ă -dire « indĂ©pendante de toute formulation religieuse », 2) « primordiale », car elle est « la vĂ©ritĂ© qui existait avant tout formalisme dogmatique » et 3) « universelle », en tant qu’elle « englobe tout symbolisme intrinsĂšquement orthodoxe » et « peut par consĂ©quent se combiner avec tout langage religieux »[59].

Fondements

Frithjof Schuon s'est profondĂ©ment intĂ©ressĂ© dĂšs son arrivĂ©e Ă  Paris en 1923 Ă  la Bhagavad-Gita et Ă  l'advaita vedānta[60]. Dans une lettre de 1982, il Ă©crit : « pendant prĂšs de 10 ans j'ai Ă©tĂ© complĂštement fascinĂ© par l'hindouisme [...] je ne vivais pas d'autre religion que celle du VedĂąnta et de la Bhagavad Gita ; cela a Ă©tĂ© ma premiĂšre expĂ©rience de la religio perennis »[9] - [61]. Bien que, selon Harry Oldmeadow, une grande partie de son travail ait Ă©tĂ© dĂ©volue aux monothĂ©ismes abrahamiques et Ă  leurs Ă©sotĂ©rismes, ses exposĂ©s mĂ©taphysiques sont enracinĂ©s dans l'advaita vedānta dĂ©veloppĂ© par Adi Shankara[62]. Frithjof Schuon estime que la doctrine de l'advaita vedānta « se trouve Ă©galement, sous une forme ou sous une autre, mĂȘme si parfois sporadiquement, dans les Ă©sotĂ©rismes sapientiels de toutes les grandes religions »[63]. Il considĂšre l'advaita vedānta comme « l'expression doctrinale la plus directe » de ce qu'il appelle tantĂŽt la sophia perennis[63] ou philosophia perennis[64], tantĂŽt l'essence de la rĂ©alitĂ© spirituelle[65] et tantĂŽt la gnose[64]. En particulier, il relĂšve dans l'advaita vedānta les notions d'ātman, de māyā et de tat tvam asi (en)[Note 4] - [63]. Il considĂšre en outre que la « perspective de Shankara est une des expressions les plus adĂ©quates possibles de la philosophia perennis »[66]. « L'inĂ©branlable conviction » de ce dernier que « Brahman est la seule rĂ©alitĂ© et que l'univers est illusoire »[67], constitue selon Mark Perry un « axe » de la pensĂ©e de Schuon[68].

Philosophie pérenne

Schuon distingue comme René Guénon la pensée métaphysique de la pensée philosophique[69], en considérant que la seconde « au sens humaniste, rationalisant et donc courant du mot, est avant tout de la logique » et que la premiÚre est caractérisée par l'intuition intellectuelle, comprise en tant que « prise de conscience directe de la vérité »[70]. Dans la préface de L'Unité transcendante des religions, il précise que « la philosophie procÚde de la raison, faculté tout individuelle », alors que la métaphysique procÚde d'une « intuition intellectuelle » qui, en tant qu'elle est « directe et non discursive », est une « participation directe et active à la Connaissance divine », qui « émane de Dieu et non du sujet raisonnant »[71].

Tout en considĂ©rant le rationalisme comme limitĂ©, Schuon estime que « le mot « philosophe » n’a pour le moins rien de limitatif en soi », que « pour Platon la philosophie est la connaissance de l’immuable et des IdĂ©es », et considĂšre comme un « abus de langage » le fait de rĂ©server le terme de philosophe aux « raisonneurs antiques et modernes » et de sous-entendre que « la norme de l’esprit est le raisonnement pur et simple »[72]. Sous rĂ©serve de cette prĂ©caution sĂ©mantique, il recourt Ă  plusieurs reprises, comme le relĂšve Patrick Ringgenberg, Ă  la notion de « philosophia perennis » Ă  propos de ce que d'autres auteurs appellent la philosophie Ă©ternelle[73] - [Note 5]. Rappelant que l'expression est apparue chez Agostino Steuco[Note 6], Schuon prĂ©cise que :

« Le mot philosophia suggĂšre Ă  tort ou Ă  raison une Ă©laboration mentale plutĂŽt que la sagesse et ne convient donc pas exactement Ă  ce que nous entendons. La religio est ce qui « relie » au Ciel et engage l’homme entier ; quant au mot traditio, il se rĂ©fĂšre Ă  une rĂ©alitĂ© plus extĂ©rieure, parfois fragmentaire, et suggĂšre du reste une rĂ©trospective : une religion naissante « relie » au Ciel dĂšs la premiĂšre rĂ©vĂ©lation, mais ne devient une « tradition » — ou comporte « des traditions » — que deux ou trois gĂ©nĂ©rations plus tard[74]. »

Patrick Ringgenberg voit dans ce texte l'expression d'une distanciation de Schuon Ă  l'Ă©gard de la notion guĂ©nonienne de tradition primordiale : « De fait, si Schuon reprend de GuĂ©non l’idĂ©e d’une tradition primordiale, origine anhistorique des traditions manifestĂ©es dans l’histoire, il lui reproche en mĂȘme temps de n’avoir qu’une fonction limitĂ©e, en quelque sorte cosmique et cyclique. Or, Schuon s’intĂ©resse bien plus Ă  comprendre la racine des religions en Dieu, que de retracer leur filiation terrestre Ă  partir d’une tradition primordiale »[75] ; « alors que GuĂ©non faisait de la tradition primordiale la source aujourd'hui cachĂ©e et inexprimable des traditions historiques, Schuon tend Ă  faire de la religio perennis une doctrine et une spiritualitĂ© prĂ©cises et « utilisables »[76].

Dans un texte de 1982, Sur les traces de la religion pérenne, Schuon associe les trois notions de philosophie (philosophia), de sagesse (sophia) et de religion (religio) pérennes pour montrer « leur concordance et l'unité de réalité qu'elles désignent »[77] :

« Le terme de philosophia perennis [...] dĂ©signe la science des principes ontologiques fondamentaux et universels ; science immuable comme ces principes mĂȘmes, et primordiale du fait mĂȘme de son universalitĂ© et de son infaillibilitĂ©. Nous utiliserions volontiers le terme de sophia perennis pour indiquer qu'il ne s’agit pas de « philosophie » au sens courant et approximatif du mot – lequel suggĂšre de simples constructions mentales, surgies de l’ignorance, du doute et des conjectures, voire du goĂ»t de la nouveautĂ© et de l’originalitĂ© –, ou encore nous pourrions user du terme de religio perennis en nous rĂ©fĂ©rant alors au cĂŽtĂ© opĂ©ratif de cette sagesse, donc Ă  son aspect mystique ou initiatique[78]. »

MĂ©taphysique

Pour Schuon, « la mĂ©taphysique n'entend fournir dialectiquement que des points de repĂšre ; [...] elle offre – et c'est toute sa raison d'ĂȘtre – un systĂšme de clefs parfaitement suffisant, moyennant un langage qui ne peut ĂȘtre autre qu'indicatif et elliptique »[79].

À la suite de Shankara, Schuon rappelle que « la distinction principale en mĂ©taphysique [
] est celle entre Ātmā et Māyā, [
], l'Absolu et le Relatif », distinction que l'on retrouve notamment chez Platon dans la GrĂšce antique, MaĂźtre Eckhart et GrĂ©goire Palamas dans le christianisme et Ibn Arabi dans l’islam[80] - [81].

Le mot sanscrit ātmā dĂ©signe le principe suprĂȘme, la « RĂ©alitĂ© absolue », le « Sur-Être » ou « Non-Être », la divinitĂ© impersonnelle. Māyā dĂ©signe le relatif, participant de l'Absolu, qui « Ă  la fois le voile et le rĂ©vĂšle[82] » et qui comporte plusieurs degrĂ©s dont le plus Ă©levĂ© – māyā in divinis – correspond Ă  l’« Être », Ă  l’« Esprit incrĂ©Ă© », au « Dieu personnel », qui est l'interlocuteur Ă  qui l'homme peut s'adresser et que Schuon qualifie de « relativement absolu »[80]. Il rappelle que la distinction « Sur-Être/Être » ne s’applique qu’en mĂ©taphysique et jamais dans le rapport opĂ©ratif de l’homme avec Dieu[83].

Les degrĂ©s subordonnĂ©s suivants – Schuon en identifie trois conformĂ©ment Ă  la doctrine soufie des cinq prĂ©sences divines – constituent la manifestation, premiĂšrement la manifestation supra-formelle (esprit, intellect, logos crĂ©Ă©s, paradis, anges), ensuite la manifestation formelle, d’abord subtile ou animique, puis grossiĂšre ou matĂ©rielle (le monde visible)[84].

Chez l'homme (le microcosme), ces cinq degrĂ©s correspondent, en sens inverse : 1) au corps et Ă  l’ñme sensorielle et mortelle, 2) Ă  l’ñme supra-sensorielle, immortelle, 3) Ă  l’esprit (ou intellect) crĂ©Ă©, 4) Ă  l’esprit (ou intellect) incrĂ©Ă©, 5) au Soi absolu et infini[84] - [85]. Dans un article sur Schuon, Tage Lindbom prĂ©cise que la prĂ©sence en l’homme, « fait Ă  l'image de Dieu », des trois degrĂ©s supĂ©rieurs donne Ă  comprendre la possibilitĂ© d'une connaissance qui transcende les limitations de la subjectivitĂ© et qui permet donc de « voir les choses telles qu'elles sont », c'est-Ă -dire objectivement — c’est la gnose[86].

Pour Schuon, « le contenu de la Doctrine universelle et primordiale est le suivant, exprimé en termes védantins : « Brahma [ātmā] est la Réalité ; le monde est l'apparence ; l'ùme n'est pas différente de Brahma » (Brahma satyam jagan mithyā jīvo brahmaiva nāparah). Ce sont là les trois grandes thÚses de la métaphysique intégrale : une positive, une négative, une unitive »[87].

ÉsotĂ©risme

Schéma adapté de l'introduction de Huston Smith à la version anglaise de l'ouvrage de F. Schuon De l'unité transcendante des religions.

La plupart des religions comportent une dimension exotĂ©rique et une dimension Ă©sotĂ©rique[88] - [89]. Cet Ă©sotĂ©risme religieux est qualifiĂ© de « relatif » par Schuon, pour le diffĂ©rencier de l’ésotĂ©risme « absolu » ou « quintessentiel » qui, lui, n'est ni limitĂ©, ni totalement exprimĂ© par une forme religieuse ou une Ă©cole thĂ©ologique particuliĂšres[90] - [91].

Pour Schuon, la mĂ©taphysique intĂ©grale – qui part de la distinction entre ĂątmĂą et mĂąyĂą (l'absolu et le relatif)[80] – est la substance mĂȘme du pur Ă©sotĂ©risme[92]. À la doctrine mĂ©taphysique doit se joindre une mĂ©thode de rĂ©alisation[93] car, comme le souligne Patrick Laude,

« La perspective Ă©sotĂ©rique n'est pas rĂ©ductible Ă  une comprĂ©hension conceptuelle puisqu'elle est essentiellement une conformitĂ© intellective et « existentielle » Ă  la RĂ©alitĂ©, ou une assimilation spirituelle et morale de la nature des choses. Comme l'a souvent rappelĂ© Frithjof Schuon, connaĂźtre c'est ĂȘtre. L'Ă©sotĂ©risme vĂ©cu est, en son sommet, la sagesse en laquelle ĂȘtre et connaĂźtre coĂŻncident[94]. »

Il y a donc continuitĂ© entre l’exotĂ©risme et l’ésotĂ©risme lorsque celui-ci apparaĂźt comme la dimension intĂ©rieure de celui-lĂ  et en adopte par consĂ©quent le « langage », et il y a discontinuitĂ© lorsque l’ésotĂ©risme transcende toute religion[95] : c’est la religio perennis, l’ésotĂ©risme intemporel, essentiel, primordial, universel[27]. Elle constitue « l’unitĂ© transcendante des religions » et s’appuie, mĂ©thodiquement, sur une des rĂ©vĂ©lations tout en ayant pour objet la VĂ©ritĂ© une, commune Ă  chacune d'elles[96].

Soufisme

Pour Schuon, le soufisme (tasawwuf en arabe) — « la moelle de l’islam » — est essentiellement « la sincĂ©ritĂ© de la foi ». « Sur le plan de la doctrine », cette sincĂ©ritĂ© relĂšve d'une « vision intellectuelle » qui tire de l’idĂ©e de l'unitĂ© « les consĂ©quences les plus rigoureuses ; l’aboutissement en est, non seulement l’idĂ©e du monde-nĂ©ant, mais aussi celle de l’IdentitĂ© suprĂȘme »[97]. Patrick Laude souligne la distinction faite par Schuon entre un soufisme « quintessentiel », purement Ă©sotĂ©rique, et un soufisme « moyen » qui, tout en tendant vers l’ésotĂ©risme, reste tributaire de la mentalitĂ© exotĂ©rique, d’oĂč une propension Ă  « l’intensification des actes pieux, [Ă ] l’extĂ©riorisation Ă©motionnelle, [au] zĂšle obĂ©dientiel » et Ă  l’accentuation « excessive des scrupules formels et [de] la crainte de Dieu »[98]. Pour Laude, « la dĂ©finition schuonienne la plus prĂ©cise et succincte » du soufisme quintessentiel — comme de toute autre spiritualitĂ© dans sa dimension essentielle — est « la dyade doctrinale fondamentale de Schuon, Ă  savoir le discernement entre l’Absolu et le relatif, et la mĂ©thode correspondante de concentration exclusive sur l’Absolu »[99].

Schuon considĂšre que « tout le soufisme [...] peut tenir en ces quatre mots : Haqq, Qalb, Dhikr, Faqr : « VĂ©ritĂ© », « CƓur », « Souvenir », « PauvretĂ© » »[100].

  • al-haqq (la vĂ©ritĂ©, la rĂ©alitĂ©) « coĂŻncide avec la shahādah, le double tĂ©moignage »[100] (« lā ilāha illā Llāh, Muhammadun rasĆ«lu Llāh : il n’y a pas de dieu si ce n’est Dieu, Mohammed est l’envoyĂ© de Dieu »)[101], qui Ă©nonce « la VĂ©ritĂ© mĂ©taphysique, cosmologique, mystique et eschatologique »[100]. RĂ©sumant Schuon, Laude relĂšve que le premier tĂ©moignage signifie thĂ©ologiquement ou exotĂ©riquement qu’il n’y a qu’un Dieu et, mĂ©taphysiquement, qu’il est la seule rĂ©alitĂ©[102]. Cette seconde acception — celle des soufis — signifie pour Schuon non seulement « que Dieu seul est rĂ©el, Ă  l’encontre du monde qui, Ă©tant contingent, est illusoire », mais aussi « qu’aucune existence ne peut se situer en dehors de Dieu : que tout ce qui existe « n’est autre que Lui », sans quoi le monde n’existerait pas »[103]. Ce deuxiĂšme sens, prĂ©cise Laude, ressort Ă©galement du second tĂ©moignage, qui, Ă©sotĂ©riquement, Ă©nonce le rapport unitif entre « le conditionnĂ© et l’InconditionnĂ©, le relatif et l’Absolu »[104].
  • al-qalb (le cƓur) « est le centre existentiel et intellectuel » de l'ĂȘtre humain[105], « le siĂšge de la prĂ©sence divine et partant de la certitude mĂ©taphysique »[106], et aussi, plus communĂ©ment, le siĂšge de la foi[107]. « Il reprĂ©sente l’Intellect sous le double rapport de la connaissance et de l’amour »[108] et « dĂ©bouche, grĂące au prodige de l’immanence, sur le divin Soi et sur l’infinitude Ă  la fois extinctive et unitive du connaissable, donc du RĂ©el »[109]. Ainsi la vĂ©ritĂ© (al-haqq) « doit ĂȘtre acceptĂ©e, non par la pensĂ©e seulement, mais avec le CƓur, donc avec tout ce que nous sommes »[100].
  • al-dhikr (le souvenir, la mention, l’invocation), pour Schuon, « est l’actualisation, au moyen de la parole sacramentelle, de [la] foi ou de [la] gnose » qui siĂšge dans le cƓur[100]. Bien que le mot dhikr embrasse toute pratique dirigĂ©e vers Dieu, Harry Oldmeadow souligne que Schuon, lorsqu’il s'agit de soufisme, utilise toujours ce terme dans son acception la plus Ă©levĂ©e : l’invocation du nom « Allāh »[110]. Laude rapporte que ce rite — soumis Ă  autorisation —[111] est considĂ©rĂ© par Schuon, conformĂ©ment Ă  la tradition soufie, « comme la pratique centrale du tasawwuf »[112]. À la question : « pourquoi invoquer ? », Schuon rĂ©pond : « la raison la plus profonde serait sans doute : « parce que j’existe », car l’Existence est d’une certaine maniĂšre la Parole de Dieu par laquelle Il se nomme Lui-mĂȘme. Dieu prononce son Nom pour se manifester — pour « crĂ©er » — en direction du « nĂ©ant », et l’ĂȘtre relatif prononce ce Nom pour « ĂȘtre », c’est-Ă -dire pour « redevenir ce qu’il est », en direction de la RĂ©alitĂ© »[113]. « Le suprĂȘme Nom », quelle que soit la voie spirituelle pratiquĂ©e, « est Ă  la fois VĂ©ritĂ© mĂ©taphysique et PrĂ©sence salvatrice »[114].
  • al-faqr (la pauvretĂ© spirituelle) est « la simplicitĂ© et la puretĂ© de l’ñme », qui permettent l'actualisation de la foi ou de la gnose « en lui confĂ©rant la sincĂ©ritĂ© sans laquelle aucun acte n'est valide »[100]. Commentant l’Ɠuvre schuonienne, Laude dĂ©finit al-faqr comme Ă©tant « l’humilitĂ© en tant qu’absence de tout Ă©gocentrisme et le vide pour Dieu »[115]. Schuon voit dans cette attitude de « sainte pauvretĂ© » ou d’« effacement », « la vertu spirituelle par excellence », attitude qui implique « le dĂ©tachement, la sobriĂ©tĂ©, la patience, le contentement », « la rĂ©signation Ă  la VolontĂ© de Dieu et la confiance en sa MisĂ©ricorde », et qui est « comme une anticipation de l'extinction en Dieu »[116] - [117] - [118].

Voie spirituelle

Selon Schuon, « l'homme est un pont entre la Terre et le Ciel »[119] ; d'autre part, « la notion de l’Absolu et l’amour de Dieu constituent l’essence mĂȘme de [sa] subjectivitĂ© ― cette subjectivitĂ© qui est une preuve et de [son] immortalitĂ© et de Dieu, et qui est proprement une thĂ©ophanie »[120] - [Note 7]. D'aprĂšs Ali Lakhani, directeur de la revue Sacred Web, « le sens de la vie n'est rien d'autre, pour Schuon, que la quĂȘte de [...] Dieu, [...] de la VĂ©ritĂ© qui rĂ©side en chacun de nous ; [...] c'est le retour Ă  la conscience cardiaque de la PrĂ©sence divine »[121].

Schuon rappelle que la vie spirituelle comporte trois voies fondamentales, qui correspondent Ă  autant de tempĂ©raments humains : 1) la voie de l'action, des Ɠuvres, de l'ascĂ©tisme, de la crainte (le karma-mārga ou karma-yoga de l'hindouisme) ; 2) la voie de l'amour, de la dĂ©votion (bhakti-mārga) ; et 3) la voie de la gnose, de la contemplation unitive (jñāna-mārga) ; dans le soufisme : makhāfah, mahabbah, ma`rifah. Les deux premiĂšres sont dualistes et exotĂ©riques[Note 8], et se basent sur la rĂ©vĂ©lation, alors que la voie de la connaissance est moniste et Ă©sotĂ©rique, et se fonde sur l'intellection[122] soutenue par la rĂ©vĂ©lation[123]. De mĂȘme que la voie d'amour ne peut se passer de l'action et de la crainte rĂ©vĂ©rencielle, de mĂȘme la voie Ă©sotĂ©rique ou mĂ©taphysique ne peut exclure les deux autres modes[122].

D'aprĂšs Schuon, la voie Ă©sotĂ©rique — celle de la connaissance ou de la gnose — est prĂ©sente au cƓur de toutes les grandes religions. Elle consiste essentiellement dans : 1) le discernement entre le RĂ©el et l'illusoire, ātmā et māyā, nirvāna et samsāra, l'Absolu et le relatif ou Dieu et le monde ; 2) la concentration sur le RĂ©el, et 3) la moralitĂ© intrinsĂšque, la vertu[124] - [125]. Ce discernement resterait purement thĂ©orique en l’absence de la concentration sur le RĂ©el par les rites et la priĂšre[126] - [127] — c’est-Ă -dire sans un lien effectif avec Dieu, le « Souverain Bien »[126], fondĂ© sur une piĂ©tĂ© authentique — et aussi en l’absence d’un dĂ©tachement suffisant Ă  l’égard du monde et de l’égo[128]. Schuon souligne que cette voie vers Dieu « comporte toujours une inversion : de l’extĂ©rioritĂ© il faut passer Ă  l’intĂ©rioritĂ©, de la multiplicitĂ© Ă  l’unitĂ©, de la dispersion Ă  la concentration, de l’égoĂŻsme au dĂ©tachement, de la passion Ă  la sĂ©rĂ©nitĂ© »[129].

Schuon considĂšre que la mĂ©thode de toute voie spirituelle se fonde sur les rites exotĂ©riques et Ă©sotĂ©riques de la religion pratiquĂ©e, et d’aucune autre[130]. La priĂšre en est l’élĂ©ment central, car sans elle le cƓur ne peut assimiler ou rĂ©aliser ce que le mental aura pu saisir[131]. Schuon rappelle les trois modes de priĂšre : la priĂšre personnelle dans laquelle l’orant s’ouvre spontanĂ©ment et informellement Ă  Dieu ; la priĂšre canonique, impersonnelle, prescrite par sa tradition ; et la priĂšre invocatoire ou priĂšre du cƓur (japa, dhikr)[132] - [133], qui « est dĂ©jĂ  une mort et une rencontre avec Dieu ; elle est dĂ©jĂ  quelque chose du paradis et mĂȘme, dans sa quintessence mystĂ©rieuse et « incrĂ©Ă©e », quelque chose de Dieu »[134]. Cette forme d’oraison est l’invocation d’un nom divin, d’une formule sacrĂ©e, d’un mantra ; elle concilie la transcendance et l’immanence de la vĂ©ritĂ©[135], car si d’une part celle-ci dĂ©passe infiniment l'humain[136], le gnostique sait, affirme Schuon, qu’elle est Ă©galement « inscrite dans la substance mĂȘme de son esprit »[137]. Dieu est Ă  la fois le plus haut et le plus profond[138] et la connaissance qu’un ĂȘtre « rĂ©alisĂ© » peut avoir de Lui est en rĂ©alitĂ© la connaissance que Dieu a de lui-mĂȘme Ă  travers cet ĂȘtre[94].

Vertus

Schuon insiste dans ses Ă©crits sur le fait que les deux exigences que sont la doctrine et la mĂ©thode resteraient inopĂ©rantes sans un troisiĂšme Ă©lĂ©ment, la vertu[139], car la voie spirituelle doit nĂ©cessairement intĂ©grer les trois facultĂ©s humaines fondamentales que sont l’intelligence (doctrine, vĂ©ritĂ©, discernement), la volontĂ© (mĂ©thode, priĂšre, concentration) et l’ñme (caractĂšre, vertu, conformitĂ© morale)[124]. La vertu est en effet, pour lui, « la forme initiale de l'union spirituelle ; sans elle, notre connaĂźtre et notre vouloir ne nous servent Ă  rien. »[140] Avoir une vertu, selon Schuon, « c'est avant tout ne pas avoir le dĂ©faut qui lui est contraire, car Dieu nous a crĂ©Ă©s vertueux, Il nous a crĂ©Ă©s Ă  son image, les dĂ©fauts sont surajoutĂ©s »[141]. Mais en rĂ©alitĂ© ce n'est pas nous, prĂ©cise-t-il, « qui possĂ©dons la vertu, c’est la vertu qui nous possĂšde » ; elle est « un rayon de la BeautĂ© divine, Ă  laquelle nous participons par notre nature ou par notre volontĂ©, facilement ou difficilement, mais toujours par la grĂące de Dieu »[141].

L’humilitĂ©, la charitĂ© et la vĂ©racitĂ©, c’est-Ă -dire l’effacement de l’égo, le don de soi et l’attachement Ă  la vĂ©ritĂ© sont, pour Schuon, des vertus essentielles, qui correspondent en outre aux trois Ă©tapes de la voie spirituelle : purification, Ă©panouissement et union[142]. Le sens de notre petitesse, le sens du sacrĂ© et la piĂ©tĂ© sont des conditions indispensables Ă  l'Ă©closion des vertus[143]. RĂ©sumant l'auteur, le professeur James Cutsinger relĂšve que la vertu parfaite coĂŻncide avec les vĂ©ritĂ©s mĂ©taphysiques, qu'elle rĂ©alise ces vĂ©ritĂ©s existentiellement[144]. Autrement dit, comme le souligne Schuon, « il faut la vĂ©ritĂ© pour la perfection de la vertu, comme il faut la vertu pour la perfection de la vĂ©ritĂ©[145].

Beauté

Bien que Schuon considĂšre que les fondements de toute voie spirituelle sont la vĂ©ritĂ©, la priĂšre et la vertu, il insiste Ă©galement sur l’importance d’un quatriĂšme Ă©lĂ©ment : la beautĂ©[146]. Pour lui, « L'intĂ©riorisation de la beautĂ© prĂ©suppose la noblesse de l'Ăąme et en mĂȘme temps la produit »[147]. Sa fonction « est d’actualiser dans la crĂ©ature intelligente et sensible le ressouvenir des essences, et d’ouvrir ainsi la voie vers la nuit lumineuse de l’Essence une et infinie. »[148].

À la conscience de la beautĂ© divine doivent correspondre non seulement la beautĂ© intĂ©rieure, c'est-Ă -dire les vertus, mais Ă©galement le sens de la beautĂ© extĂ©rieure, que ce soit dans la contemplation de la nature[149] ou dans la sensibilitĂ© artistique[150], sans oublier le rĂŽle intĂ©riorisant, chez soi, d’une ambiance traditionnelle faite de beautĂ© et de sĂ©rĂ©nitĂ©, Ă©trangĂšre aux caprices de la modernitĂ©[151]. « La beautĂ©, quel que puisse ĂȘtre l’usage qu’en fait l’homme, appartient fondamentalement Ă  son CrĂ©ateur, qui par elle projette dans l’apparence quelque chose de son ĂȘtre »[148]. Pour Schuon, ces considĂ©rations trouvent leur source et leur justification dans la nature « thĂ©omorphe » de l’ĂȘtre humain[152].

Critique du modernisme

RĂ©sumant la pensĂ©e de Schuon, Seyyed Hossein Nasr rappelle que c’est en Europe, Ă  la Renaissance, que s’ébauche la vision « moderniste » — ou rĂ©ductrice — de la condition humaine et de l’univers, avant qu'elle n’affecte quelques siĂšcles plus tard les autres continents[153]. Pour Schuon, cette vision, qui rĂ©duit l’homme de plus en plus Ă  ses aspects rationnel et animal au dĂ©triment de sa dimension spirituelle et du but de la vie[153], influence autant la philosophie que la religion, la science ou l’art[154].

Schuon considÚre que les principales failles du modernisme sont le rationalisme, qui nie la possibilité d'une connaissance suprarationelle, le matérialisme, selon lequel seule la matiÚre donne un sens à la vie, le psychologisme, qui réduit le spirituel et l'intellectuel au psychique[155], le scepticisme, le relativisme, l'existentialisme, l'individualisme, le progressisme, l'évolutionnisme, le scientisme, l'empirisme, sans oublier l'agnosticisme et l'athéisme[156] - [157].

Comme le rapporte Nasr, la science moderne, selon Schuon, ignore totalement les degrĂ©s du « RĂ©el », les rythmes du cosmos, la nature qualitative du temps, le lien intĂ©rieur de la matiĂšre avec les Ă©tats subtils et bien d'autres rĂ©alitĂ©s[158]. MalgrĂ© l'ampleur de ses dĂ©couvertes sur le plan physique, Schuon reproche Ă  cette science d'ĂȘtre « un rationalisme totalitaire qui Ă©limine et la RĂ©vĂ©lation et l’Intellect, et un matĂ©rialisme totalitaire qui ignore la relativitĂ© mĂ©taphysique — et partant l’impermanence — de la matiĂšre et du monde[159] ; elle ignore que le suprasensible — qui est au-delĂ  de l’espace et du temps — est le principe concret du monde et qu’il est aussi, par consĂ©quent, Ă  l’origine de cette coagulation contingente et changeante que nous appelons « matiĂšre » »[160]. Ainsi, toujours selon Schuon, l'erreur du scientisme est de « vouloir rendre compte de la rĂ©alitĂ© sans le secours de cette science initiale qu'est la mĂ©taphysique » ; il ignore « que seule la science de l'Absolu donne sens et discipline Ă  la science du relatif »[161]. Cette conception de l'univers qui ignore autant le principe de « l'Ă©manation crĂ©atrice » que celui de la « hiĂ©rarchie des mondes invisibles » a engendrĂ© « cet enfant le plus typique de l'esprit moderne », la thĂ©orie de l'Ă©volution des espĂšces, avec son corollaire : l'illusion d'un progrĂšs qualitatif de l'humanitĂ©[162] - [Note 9].

Pour Schuon, il n'y a en dĂ©finitive que deux possibilitĂ©s : « civilisation intĂ©grale, spirituelle, impliquant abus et superstitions, et civilisation fragmentaire, matĂ©rialiste, progressiste, impliquant – trĂšs provisoirement – certains avantages terrestres, mais excluant ce qui constitue la raison suffisante et la fin derniĂšre de toute existence humaine.»[163]. Avec les autres pĂ©rennialistes, Schuon pense que l'humanitĂ© actuelle se situe dans la phase finale du kali yuga, l'« Ăąge sombre » de la cosmogonie hindoue[164].

Art sacré

Dans une perspective analogue Ă  celles d’Ananda Coomaraswamy et de Titus Burckhardt[165], Frithjof Schuon rappelle que « l’art sacrĂ© est d’abord la forme visible et audible de la RĂ©vĂ©lation, puis son revĂȘtement liturgique indispensable »[166]. Cet art communique des « vĂ©ritĂ©s spirituelles d'une part et une prĂ©sence cĂ©leste d'autre part »[167]. James Cutsinger souligne que, pour Schuon, un art est sacrĂ© « non par l’intention personnelle de l’artiste, mais par le contenu, le symbolisme et le style, donc par des Ă©lĂ©ments objectifs », qui doivent respecter les rĂšgles canoniques propres Ă  la religion de l'artiste[168] - [169]. Celui-ci, selon Martyn Amugen citant Schuon, doit ĂȘtre « sanctifiĂ© ou en Ă©tat de grĂące » car le langage du sacrĂ© « ne saurait Ă©maner du simple goĂ»t profane, ni mĂȘme du gĂ©nie, mais doit essentiellement procĂ©der de la tradition »[170], qui « ne saurait ĂȘtre remplacĂ©e, et encore [...] moins surpassĂ©e, par les ressources de l'humain »[171]. C’est ainsi que les peintres d'icĂŽnes, par exemple, « Ă©taient des moines qui, avant de se mettre au travail, se prĂ©paraient par le jeĂ»ne, la priĂšre, la confession et la communion »[172] - [173], afin de mater les deux Ă©cueils qui guettent tout artiste : « une virtuositĂ© s'exerçant vers l'extĂ©rieur et la superficialitĂ©, et un conventionnalisme sans intelligence et sans Ăąme »[174].

Couverture d'une anthologie illustrée des écrits de Schuon sur l'art : Art from the Sacred to the Profane, East and West.

Se faisant l'Ă©cho de la pensĂ©e schuonienne, Cutsinger relĂšve que les diffĂ©rentes formes d’art sacrĂ© ont pour objet la « transmission d’intuitions intellectuelles », confĂ©rant ainsi « une aide directe Ă  la spiritualitĂ© », et il note que cet art communique Ă  la fois des « vĂ©ritĂ©s mĂ©taphysiques, des valeurs archĂ©typiques, des faits historiques, des Ă©tats spirituels et des attitudes psychologiques »[175].

Évoquant la transition du Moyen Âge – avec ses arts byzantin, roman et gothique primitif[176] – vers la Renaissance, Schuon remarque que « l’art chrĂ©tien, qui Ă©tait un art sacrĂ©, symbolique, spirituel » cĂ©da devant l'avĂšnement de l’art nĂ©o-antique, Ă  caractĂšre naturaliste et sentimental, qui ne rĂ©pondait « plus qu'aux aspirations psychiques collectives »[177] - [178]. Ayant rompu avec la tradition, rapporte Amugen se rĂ©fĂ©rant Ă  Schuon, l'art devint « humain, individualiste, donc arbitraire [...], signes infaillibles d’une dĂ©chĂ©ance »[179], et toute volontĂ© de restauration de son caractĂšre sacrĂ© doit nĂ©cessairement passer par l’abandon du relativisme individualiste pour remonter aux sources, qui se situent dans l’intemporel et dans l’immuable[180].

Nudité sacrée

Auteur d’une Ă©tude sur la dĂ©iformitĂ© de l’ĂȘtre humain dans l’Ɠuvre schuonienne, Timothy Scott relĂšve ce commentaire initial de Schuon : « La distinction entre l'Absolu et l'Infini Ă©nonce les deux aspects fondamentaux du RĂ©el, celui d'essentialitĂ© et celui de potentialitĂ© ; c'est lĂ  la prĂ©figuration principielle la plus Ă©levĂ©e des pĂŽles masculin et fĂ©minin »[181]. Schuon voit dans le corps humain un « message de verticalitĂ© ascendante et unitive [
] ; en mode rigoureux, transcendant, objectif, abstrait, rationnel et mathĂ©matique » chez l’homme, « et en mode doux, immanent, concret, Ă©motionnel et musical » chez la femme[182]. La beautĂ© de la femme, comme le souligne Patrick Laude, « joue un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans l'alchimie spirituelle qui se dĂ©gage de l'Ɠuvre et de la personnalitĂ© spirituelle de Schuon ». Ce rĂŽle rĂ©pond aux « plus hautes expressions du soufisme gnostique », comme en tĂ©moignent « Ibn ArabÄ« et RĆ«zbehān parmi bien d'autres »[183].

RĂ©sumant Schuon, Scott rappelle que la nuditĂ© reprĂ©sente la norme — l’homme primordial Ă©tait nu, les peuples primitifs le sont Ă©galement —[184] et qu'elle « symbolise l’ésotĂ©risme quintessentiel [
], la VĂ©ritĂ© non voilĂ©e »[185], le vĂȘtement ordinaire reprĂ©sentant alors l’exotĂ©risme[184]. Dans sa biographie de Schuon, aprĂšs avoir relevĂ© les convergences de vues qui unissent Schuon, RĆ«zbehān, Omar Khayyam et Henry Corbin Ă  propos de la portĂ©e spirituelle de la nuditĂ©, Jean-Baptiste Aymard cite cet extrait d'une lettre de Schuon : « Étant donnĂ© la dĂ©gĂ©nĂ©rescence spirituelle de l'humanitĂ©, le plus haut degrĂ© possible de beautĂ©, lequel appartient au corps humain, ne saurait jouer de rĂŽle dans la piĂ©tĂ© ordinaire ; mais cette thĂ©ophanie peut ĂȘtre un support dans la spiritualitĂ© Ă©sotĂ©rique, ce que montre l'art sacrĂ© des hindous et des bouddhistes. La nuditĂ© signifie l'intĂ©rioritĂ©, l'essentialitĂ©, la primordialitĂ© et par consĂ©quent l’universalitĂ© [
] ; le corps est la forme de l'Essence et ainsi l'essence de la forme »[186].

Lors d'une entrevue publiée en 1996 par la revue américaine The Quest: Philosophy, Science, Religion, The Arts, Schuon développe le caractÚre sacré de la nudité :

« D'une maniĂšre tout Ă  fait gĂ©nĂ©rale, la nuditĂ© exprime et actualise virtuellement un retour Ă  l'essence, Ă  l'origine, Ă  l'archĂ©type, donc Ă  l'Ă©tat cĂ©leste. « Et c'est pour cela que nue, je danse » comme disait, aprĂšs avoir dĂ©couvert le divin Soi en son cƓur, la grande sainte cachemirie Lallā YogishvarÄ«. AssurĂ©ment, il y a dans la nuditĂ© une ambiguĂŻtĂ© de facto Ă  cause de la nature passionnelle de l'humanitĂ© ; mais il y a aussi le don de la contemplativitĂ© qui peut la neutraliser, comme c'est prĂ©cisĂ©ment le cas pour la « nuditĂ© sacrĂ©e ». C'est ainsi qu'il n'y a pas seulement la sĂ©duction des apparences mais aussi la transparence mĂ©taphysique des phĂ©nomĂšnes qui permet de percevoir l'essence archĂ©typale Ă  travers l'expĂ©rience sensorielle. Le saint Ă©vĂȘque Nonnos, quand il vit sainte PĂ©lagie entrer nue dans la fontaine baptismale, rendit grĂące Ă  Dieu de ne pas avoir mis dans la beautĂ© humaine seulement une occasion de chute mais aussi une occasion d'Ă©lĂ©vation vers Dieu[187]. »

Dans un passage publiĂ© de ses MĂ©moires, en grande partie inĂ©dites, Schuon fait remarquer « combien est mĂ©prisable le culte nĂ©o-paĂŻen et athĂ©e du corps et de la nuditĂ©. Ce qui dans la nature est en soi noble, n’est bon pour nous que dans sa fonction de support du surnaturel ; cultivĂ© en dehors de Dieu, cela perd facilement sa noblesse et devient une humiliante niaiserie, comme le prouvent prĂ©cisĂ©ment la bĂȘtise et la laideur du nudisme mondain »[188].

Accueil critique

Dans son compte rendu de l'ouvrage de Schuon De l'unité transcendante des religions, l'islamologue Mohammed Arkoun reproche à Schuon d'avoir une conception romantique de l'islam et de négliger les problÚmes sociaux et matériels qui se posent aux musulmans dans la vie quotidienne. Il dénonce le « conservatisme épistémologique », qui est propre, selon lui, non seulement à Schuon mais à un certain nombre d'« apologÚtes chaleureux » de l'islam en Occident, lesquels sont écrivains, universitaires ou ésotéristes et propagent une vision mythologique de cette religion[189].

Le professeur Harry Oldmeadow souligne que Schuon ne se contente pas d’exposer la philosophia perennis, mais qu’il en dĂ©gage une thĂ©rapie spirituelle adaptĂ©e aux exigences de son Ă©poque[190].

L'universitaire amĂ©ricain Gregory A. Lipton relĂšve dans son texte De-Semitizing Ibn ÊżArabÄ«: Aryanism and the Schuonian Discourse of Religious Authenticity, l’influence que la notion de peuples aryens et sĂ©mites exerce sur le regard nuancĂ© que porte Schuon sur l'Ɠuvre d'Ibn Arabi ainsi que sur le soufisme confrĂ©rique exotĂ©risant (appelĂ© par Schuon « soufisme moyen » ou « ordinaire »)[191].

AprĂšs avoir citĂ© le passage oĂč Schuon considĂšre que « l’univers est tissĂ© non seulement de principes mais aussi d’impondĂ©rables ; aux qualitĂ©s mathĂ©matiques se joignent les qualitĂ©s musicales », l’essayiste et poĂšte Jean BiĂšs estime que « c’est cette mĂȘme plasticitĂ© qui permet Ă  la pensĂ©e de Schuon de se fondre en quelque sorte dans les diffĂ©rentes traditions dont il traite, d’en Ă©pouser les formes, d’en intĂ©grer l’esprit jusqu’à l’osmose, d’en interprĂ©ter les paysages et d’ordonner entre elles de vĂ©ritables cascades de synthĂšses toujours irisĂ©es de beautĂ© »[192].

L’auteur Patrick Ringgenberg, dans une perspective agnostique[193], entend rĂ©futer la thĂšse schuonienne selon laquelle le gnostique, par l’intuition intellectuelle, pourrait « voir les choses telles qu’elles sont », donc objectivement ; et d'ajouter : « On ne peut que constater, chez Schuon comme chez GuĂ©non, une mĂȘme confusion entre la prĂ©tention de leur perspective et une universalitĂ© qui, en rĂ©alitĂ©, se confond avec leurs limites subjectives et culturelles »[194].

L’écrivain Jean Hani (1917-2012) Ă©tablit un lien entre le don artistique et poĂ©tique de Frithjof Schuon, et « la chaleur qui accompagne toutes ses Ă©vocations des rĂ©alitĂ©s et des expĂ©riences d’ordre spirituel », en comparant cette approche Ă  la « froideur » d'Ɠuvres mĂ©taphysiques dĂ©pourvues « d’amour dĂ©votionnel », qui donnent le sentiment que leurs auteurs n’ont pas « pĂ©nĂ©trĂ© vitalement la doctrine »[195]. ParallĂšlement, et Ă  l’encontre du point de vue religieux et de la philosophie moderne, Hani corrobore l’assertion guĂ©nonienne et schuonienne attestant la possibilitĂ© pour l’intellect de connaĂźtre le rĂ©el : « cette connaissance de l'Absolu et de l'Infini constitue le fond mĂȘme de l'Intellect et c'est lui qui permet son objectivitĂ© et son illimitation »[196].

Ouvrages

Essais

  • (de) Leitgedanken zur Urbesinnung, Orell FĂŒssli Verlag, 1935 ; deuxiĂšme Ă©dition Urbesinnung - Das Denken des Eigentlichen (revue et corrigĂ©e), Aurum Verlag, 1989 ; traduit en français sous le titre MĂ©ditation primordiale : la conception du vrai, Les Sept FlĂšches, 2008, 200 p. (ISBN 978-2-9700325-2-6).
  • De quelques aspects de l'islam, Chacornac, 1935, 35 p.
  • De l'unitĂ© transcendante des religions, Gallimard, 1948 ; rĂ©Ă©ditions : Gallimard, 1958 ; Le Seuil, 1979 (revue, corrigĂ©e et augmentĂ©e d'un nouveau chapitre) ; Sulliver, 2000 ; L'Harmattan, 2014, 180 p. (ISBN 978-2-336-33616-9, prĂ©sentation en ligne).
  • L'Ɠil du cƓur, Gallimard, 1950 ; rĂ©Ă©ditions : Dervy-Livres, 1974 (revue et corrigĂ©e) ; L'Âge d'Homme, 1995 ; L'Harmattan, 2017 (augmentĂ©e de trois chapitres), 232 p. (ISBN 978-2-343-13133-7).
  • Perspectives spirituelles et faits humains, Cahiers du Sud, 1953 ; rĂ©Ă©ditions : Maisonneuve et Larose, 1989 ; L'Âge d'Homme, 2003 ; Hozhoni, 2020 (augmentĂ©e de lettres et de manuscrits inĂ©dits), 376 p. (ISBN 978-2-37241-077-9).
  • Sentiers de gnose, La Colombe, 1957 ; rĂ©Ă©ditions : La Place Royale, 1987, 1996 (revue et corrigĂ©e) ; L'Harmattan, 2023, 158 p. (ISBN 978-2-14-033762-8).
  • Castes et races suivi de Principes et critĂšres de l'art universel, Derain, 1957 ; rĂ©Ă©dition : ArchĂš, 1979 (revue et corrigĂ©e), 94 p. (ISBN 978-887252028-4).
  • Les stations de la sagesse, Buchet/Chastel-CorrĂ©a, 1958 ; rĂ©Ă©ditions : Maisonneuve & Larose, 1992 ; L'Harmattan, 2011, 157 p. (ISBN 978-2-296-54668-4, prĂ©sentation en ligne).
  • Images de l'esprit : shinto, bouddhisme, yoga, Flammarion, 1961 ; rĂ©Ă©ditions : Le Courrier du Livre, 1982 ; L'Harmattan, 2021, 136p. (ISBN 978-2-343-22974-4).
  • Comprendre l'islam, Gallimard, ; rĂ©Ă©dition : Le Seuil (coll. Points Sagesses), 1976 et rĂ©impressions, 194 p. (ISBN 978-202004514-8).
  • Regards sur les mondes anciens, Éditions Traditionnelles, 1968 ; rĂ©Ă©ditions : Nataraj, 1997 ; L'Harmattan, 2016, , 152 p. (ISBN 978-2-14-002633-1, prĂ©sentation en ligne).
  • Logique et transcendance, Éditions Traditionnelles, 1970, 1972, 296 p. ; rĂ©Ă©dition : Sulliver, 2007 (ISBN 978-235122011-5).
  • Forme et substance dans les religions, Dervy-Livres, 1975 ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, 2012, 268 p. (ISBN 978-2-296-57014-6, prĂ©sentation en ligne).
  • L'Ă©sotĂ©risme comme principe et comme voie, Dervy-Livres, 1978, 1997, 240 p. (ISBN 978-284454938-9).
  • (de) Von der inneren Einheit der Religionen (traduction par l'auteur de De l'UnitĂ© transcendante des religions), Ansala-Verlag, 1979.
  • Le soufisme, voile et quintessence, Dervy-Livres, 1980, 2007, 211 p. (ISBN 978-2-84454-437-7).
  • Christianisme/Islam : visions d'ƓcumĂ©nisme Ă©sotĂ©rique, ArchĂ©, 1981 ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, 2015, 226 p. (ISBN 978-2-343-06677-6).
  • Du divin Ă  l'humain : tour d’horizon de mĂ©taphysique et d’épistĂ©mologie, Le Courrier du Livre, ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, 2018, 156 p. (ISBN 978-2-343-14889-2).
  • Sur les traces de la religion pĂ©renne, Le Courrier du Livre, 1982 ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, 2022, 106 p. (ISBN 978-2-343-25716-7).
  • Approches du phĂ©nomĂšne religieux, Le Courrier du Livre, ; rĂ©Ă©dition : Hozhoni, 2020, 224 p. (ISBN 978-2-37241-071-7).
  • RĂ©sumĂ© de mĂ©taphysique intĂ©grale, Le Courrier du livre, 1985 ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, 2022, 112 p. (ISBN 978-2-14-030648-8).
  • Avoir un centre, Maisonneuve & Larose, 1988 ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, , 168 p. (ISBN 978-2-296-26562-2, prĂ©sentation en ligne).
  • Racines de la condition humaine, La Table Ronde, ; rĂ©Ă©dition : L'Harmattan, 2020, 130 p. (ISBN 978-2-343-20477-2).
  • Le jeu des masques, L'Âge d'Homme, , 123 p. (ISBN 978-2-8251-0254-1, lire en ligne).
  • La transfiguration de l'homme, L'Âge d'Homme, , 119 p. (ISBN 978-2-8251-0597-9, lire en ligne).

Poésies

  • (de) Sulamith (original allemand), Urs Graf Verlag, 1947.
  • (de) (fr) Sulamite (bilingue original allemand/traduction française), Les Sept FlĂšches, 2022.
  • (de) Tage- und NĂ€chtebuch (original allemand), Urs Graf Verlag, 1947.
  • (en) Road to the Heart (original anglais), World Wisdom Books, 1995.
  • (de) Liebe / Leben / GlĂŒck / Sinn (original allemand), 4 vol., Verlag Herder, 1997.
  • (de) (fr) PoĂ©sies didactiques, vol. 1-10 (bilingue original allemand/traduction française), Les Sept FlĂšches, 2001-2005.

Le compositeur John Tavener est l’auteur des Schuon Lieder (2003, cycle de chansons pour soprano et ensemble) sur des poĂ©sies de Frithjof Schuon[197].

Compilations d'Ă©crits de Frithjof Schuon

  • Les perles du pĂšlerin, Éditions du Seuil, Paris, 1990, 126 p. ; textes rĂ©unis par Thierry BĂ©guelin (ISBN 978-2-02125-265-1).
  • TrĂ©sors du bouddhisme, Nataraj, 1997 ; rediffusion de la premiĂšre Ă©dition : Hozhoni, 2019, 184 p. ; comprend la plupart des textes de Frithjof Schuon sur le bouddhisme (ISBN 978-2-37241-068-7).
  • (en) The Essential Frithjof Schuon, World Wisdom, 2005, 560 p. ; prĂ©face et textes rĂ©unis par Seyyed Hossein Nasr (ISBN 0-941532-92-5).
  • (en) Prayer fashions Man, World Wisdom, 2005, 296 p. ; textes rĂ©unis par James S. Cutsinger (ISBN 0-941532-65-8).
  • (en) Art from the Sacred to the Profane : East and West, World Wisdom, , 140 p. (ISBN 978-1-933316-35-2, prĂ©sentation en ligne) ; textes et illustrations rĂ©unis par Catherine Schuon.
  • Vers l'Essentiel : lettres d'un maĂźtre spirituel, Les Sept FlĂšches, , 240 p. (ISBN 978-2-97003-258-8) ; lettres françaises de Frithjof Schuon rĂ©unies par Thierry BĂ©guelin.
  • De tout cƓur et en l'esprit : choix de lettres d'un maĂźtre spirituel, L'Harmattan, 2015, 240 p. ; lettres allemandes de Frithjof Schuon rĂ©unies et traduites par Ghislain Chetan, prĂ©face de Patrick Laude (ISBN 978-2-34307-753-6).
  • La conscience de l'Absolu : aphorismes et enseignements spirituels, Hozhoni, , 144 p. (ISBN 978-2-37241-020-5) ; textes rĂ©unis par Thierry BĂ©guelin[198].
  • Par "l'amour qui meut le soleil et les autres Ă©toiles" : mĂ©ditations et notes de voyage, Hozhoni, , 134 p. (ISBN 978-2-37241-054-0) ; extraits autobiographiques rĂ©unis et traduits de l'allemand par Ghislain Chetan, prĂ©face de Patrick Laude.
  • La plĂ©nitude de Dieu : christianisme et sagesse pĂ©renne, Hozhoni, 2020, 360 p. ; textes rĂ©unis par James S. Cutsinger, avant-propos d'Antoine Faivre (ISBN 978-2-37241-026-7).
  • Le soleil de plumes : art, symbolisme et philosophie chez les Indiens des plaines, Hozhoni, 2021, 176 p. ; introduction de Thomas Yellowtail (ISBN 978-2-37241-080-9).
  • En route vers l'autre rive : la vieillesse, la mort et les Ă©tats posthumes, L'Harmattan, 2023, 188 p. ; extraits de livres, de lettres et de poĂ©sies compilĂ©s par Ghislain Chetan, prĂ©face de Patrick Laude (ISBN 978-2-14-035452-6).

Notes et références

Notes

  1. Traduction de l’arabe : « Au Nom de Dieu, ClĂ©ment et MisĂ©ricordieux ! Louange Ă  Dieu ! Paix sur Ses serviteurs qu’Il a Ă©lus ! J’atteste, et Dieu est le meilleur tĂ©moin, d’une attestation faite purement pour Lui (litt. « pour Sa noble Face »), que nous avons frĂ©quentĂ© l’ĂȘtre Ă  l’ñme pure, aux vertus excellentes et Ă  la pĂ©nitence sincĂšre, le frĂšre en Dieu SĂźdĂź ‘ÎsĂą NĂ»r al-DĂźn, EuropĂ©en de rĂ©sidence et de naissance, et que celui-ci a Ă©tĂ© rĂ©cemment en relations prolongĂ©es avec nous, ce qui nous a permis de scruter les Ă©tats de l’homme, ses paroles et ses actes, et nous n’en avons vu - et c’est la vĂ©ritĂ© qu’il faut dire - que ce qui tranquillise le croyant et plaĂźt Ă  l’affiliĂ© Ă  Dieu, le Bienveillant, l’InformĂ©, Lui qui Ă©lit pour Lui-mĂȘme qui Il veut et guide vers Lui-mĂȘme qui se repent. Sur la base de ma connaissance de ce frĂšre en Dieu, je l’ai autorisĂ© Ă  diffuser l’appel Ă  l’islam parmi les EuropĂ©ens, en enseignant la parole du tawhĂźd : « Pas de divinitĂ© si ce n’est Dieu, Muhammad est l’envoyĂ© de Dieu », et ce qui en dĂ©coule comme rites religieux obligatoires. Dieu a dit : « Et qui parle mieux que celui qui appelle Ă  Dieu et agit justement et dit : je suis au nombre des musulmans ? » Je lui recommande, comme je me le recommande Ă  moi-mĂȘme, de craindre Dieu en son for intĂ©rieur comme Ă  l’extĂ©rieur, et d’éviter les penchants (maáč­Ämi‘) de l’ñme (nafs), de ne pas suivre ses passions et de s’en remettre Ă  Dieu dans toutes ses affaires : Dieu suffit Ă  qui s’en remet Ă  Lui. Dieu rĂ©alise son ordre. Et Dieu a Ă©crit pour chaque chose son destin.– Cette ijĂąza a Ă©tĂ© Ă©mise par le serviteur de son Seigneur qui obĂ©it Ă  Ses ordres et qui espĂšre Son pardon et qui implore Ses faveurs.– Adda Bin Tounis ».
  2. Selon Schuon, plusieurs de ses proches ont eu cette mĂȘme nuit des songes le concernant, qui tous confirmĂšrent l'acquisition « par le haut » de la nouvelle fonction. Ce fut d'ailleurs aussi le cas pour l’investiture du Cheikh al-AlawĂź, le Cheikh al-BĂ»zĂźdĂź n’ayant pas dĂ©signĂ© de successeur. Jean-Baptiste Aymard, Connaissance des religions, 1999, p. 23 + Martin Lings, Un saint soufi du XXe siĂšcle, Point, 1990, pp. 70sqq.
  3. Comme le fit son propre cheikh, Ahmad al-AlawĂź, Ă  l’égard de la tariqa DarqĂąwĂźyyah. Martin Lings, Un saint soufi du XXe siĂšcle, Point, 1990, p. 95.
  4. tat tvam asi (« tu es cela »), formule résumant la doctrine advaïta , p. 328.
  5. F. Schuon : « La gnose ou la philosophia perennis est le trait d'union entre les diffĂ©rents langages religieux. » (Sentiers de gnose, 1996, p. 27). « Des penseurs du XIXe siĂšcle — un Comte ou un Schopenhauer par exemple — peuvent paraĂźtre vieillots et dĂ©modĂ©s, un peu comme des peintres ou des dramaturges de la mĂȘme Ă©poque ; mais les porte-parole de la philosophia perennis, qu'ils aient Ă©crit il y a deux mille ans ou qu'ils aient vĂ©cu aux confins de la terre, auront toujours la fraĂźcheur et la parfaite « actualitĂ© » que confĂšre la vĂ©ritĂ© exprimĂ©e avec intelligence. » (Perspectives spirituelles et faits humains, 1989, p. 23). « Ce que nous avons en vue, dans ce livre comme dans les prĂ©cĂ©dents, c'est en fin de compte la scientia sacra ou la philosophia perennis, la gnose universelle qui a toujours Ă©tĂ© et qui sera toujours. » (Comprendre l'islam, 1976, p. 7).
  6. « La plupart des ouvrages de rĂ©fĂ©rence attribuent dĂ©sormais l'origine du concept Ă  Steuco. Cependant [dans son ouvrage de 1944], Aldous Huxley attribue toujours l'origine du concept Ă  Leibniz. D'autres crĂ©ditent Steuco, mais ne rĂ©alisent pas que sa conception de la philosophie pĂ©renne est quelque peu diffĂ©rente de celle du XXe siĂšcle ». Traduction libre de la note no 12 : « Most reference works now attribute the origin of the concept to Steuco, Aldous Huxley, op.cit;, vii, however, still attributed the origin of the concept to Leibniz. Others give Steuco credit but do not realize that his conception of perennial philosophy is somewhat different from XXth century notions. » Charles. B. Schmitt, « Perennial philosophy from Agostino Steuco to Leibniz », Journal of the History of Ideas, University of Pennsylvania Press, vol. 27, no 4,‎ , p. 506 (JSTOR 2708338, lire en ligne).
  7. « D'aucuns nous feront observer sans doute que le Bouddhisme prouve que la notion de Dieu n'a rien de fondamental et qu'on peut trĂšs bien s'en passer en mĂ©taphysique et en spiritualitĂ© ; ils auraient raison si les Bouddhistes n'avaient pas l'idĂ©e de l'Absolu ni celle de la transcendance, ou celle de la Justice immanente avec son complĂ©ment de MisĂ©ricorde ; c'est tout ce qu'il faut pour montrer que le Bouddhisme, s'il n'a pas le mot — ou s'il n'a pas notre mot —, a en tout cas la chose. [...] L' « Extinction » ou le « Vide », c'est « Dieu » subjectivĂ© ; « Dieu », c'est le « Vide » objectif. » F. Schuon, Logique et transcendance, 1972, p. 71 + Images de l’esprit, 2021, p. 61.
  8. Plus prĂ©cisĂ©ment, la deuxiĂšme « s’étend de l’exotĂ©risme Ă  l’ésotĂ©risme ». F. Schuon, Approches du phĂ©nomĂšne religieux, 2020, p. 173.
  9. « L'origine de la crĂ©ature n'est pas une substance du genre de la matiĂšre, c'est un archĂ©type parfait et immatĂ©riel : parfait et par consĂ©quent sans nul besoin d'Ă©volution transformante ; immatĂ©riel et par consĂ©quent ayant son origine dans l'Esprit et non dans la matiĂšre. Certes, il y a trajectoire ; celle-ci va, non Ă  partir d'une substance inerte et inconsciente, mais Ă  partir de l'Esprit – matrice de toutes les possibilitĂ©s – au rĂ©sultat terrestre, la crĂ©ature ; rĂ©sultat jailli de l'invisible Ă  un moment cyclique oĂč le monde physique Ă©tait encore beaucoup moins sĂ©parĂ© du monde psychique qu'aux pĂ©riodes plus tardives et plus « durcissantes ». F. Schuon, Du Divin Ă  l’humain, 2018, p. 26.

Références

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  62. Oldmeadow 2010, p. 138, 15 [lire en ligne].
    « While much of Schuon's oeuvre has been devoted to the religious forms of the Abrahamic traditions and to the metaphysical and cosmological doctrines as expressed within the esoteric domains of these traditions, his own metaphysical expositions, like those of Guénon, are rooted in Advaita Vedanta, and this for a very simple reason: "Advaita Vedùnta is the most direct possible expression of gnosis" (Schuon). »
  63. Frithjof Schuon, « The Perennial Philosophy », dans Martin Lings et Clinton Minnaar, The Underlying Religion: An Introduction to the Perennial Philosophy, World Wisdom, (lire en ligne), p. 244.
  64. Oldmeadow 2010, p. 51.
  65. Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains, 1989, p. 127.
    « Le VedĂąnta apparaĂźt, parmi les doctrines explicites, comme l'une des formulations les plus directes possibles de ce qui fait l'essence mĂȘme de notre rĂ©alitĂ© spirituelle. »
  66. Schuon, L'ésotérisme comme principe et comme voie, 1997, p. 21.
    « La perspective de Shankara est l'une des expressions les plus adéquates possibles de la philosophia perennis ou de l'ésotérisme sapientiel. »
  67. ƚaáč…karācārya (trad. Marcel Sauton), Le Plus beau fleuron de la discrimination : Viveka-CĆ«ážÄ-Maáč‡i, J. Maisonneuve, , p. 6.
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    « The world of maya [...] is an ever changing multiplicity, a fugitive tissue of relativities, one which both veils and discloses the Absolute. »
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    « La sophia perennis, dont Schuon s’est voulu le porte-parole est prĂ©sentĂ©e comme un Ă©sotĂ©risme quintessentiel et transhistorique : dĂ©gagĂ© de toute interfĂ©rence avec une perspective exotĂ©rique, libre aussi de la perspective confessionnelle attachĂ©e aux Ă©sotĂ©rismes historiques, il constitue la doctrine suprĂȘme, pĂ©renne et normative, susceptible d’éclairer, de l’intĂ©rieur et dans la lumiĂšre de la VĂ©ritĂ© une, toutes les religions et tous les Ă©sotĂ©rismes de l’humanitĂ©. »
  92. Timothy Scott, « The Elect and the Predestination of Knowledge - 'Esoterism' and 'Exclusivism': A Schuonian Perspective », Esotericism and the Control of Knowledge, (ed. Edward Crangle), The University of Sydney,‎ , page 3 (lire en ligne).
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  118. Schuon, Racines de la condition humaine, 2020, p. 89.
  119. Schuon, Racines de la condition humaine, 2020, p. 56.
  120. Schuon, La conscience de l'Absolu, 2016, p. 114.
  121. Lakhani 2007, p. 10.
    « Reflecting the viewpoint of all traditional teachers, Schuon emphasizes that the meaning of life is nothing less than the quest for the Face of God in the midst of life. It is the quest for the Truth that resides within each of us, for, as Schuon states: “We carry our homeland deep in our heart”. It is the Return to this homeland, to the heart-consciousness of the Divine Presence, which constitutes the very essence of life. »
  122. Schuon, Approches du phénomÚne religieux, 2020, p. 173-175.
  123. Ringgenberg 2010, p. 271.
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  144. Cutsinger 1997, p. 60.
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  146. Lakhani 2007, p. 15.
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  148. Nasr 2005, p. 190.
  149. Nasr, Dossiers H, 2002, p. 176 [lire en ligne].
  150. Laude, Dossiers H, 2002, p. 120 [lire en ligne]
    « Selon Schuon, dans la lignée de la pensée néo-platonicienne et de la conception traditionnelle en général, l'art et la beauté constituent des voies d'accÚs aux archétypes ; ce qui rend compte du fait que l'art ne saurait simplement copier la nature. Il y a dans toute forme d'art authentique une « stylisation » ou une « essentialisation » qui a pour but de dégager la racine qualitative des phénomÚnes. Frithjof Schuon parle de cette alchimie artistique dans les termes d'une sorte de « brûlure par l'essence » [...], analogue au processus de réalisation spirituelle en tant qu'il dégage l'archétype personnel du limon accidentel de l'ego. En ce sens, l'art est une préfiguration de la voie spirituelle. »
  151. Nasr, Connaissance des religions, 1999, p. 125sq.
  152. Scott 2007, p. 1.
  153. Nasr 2005, p. 47.
  154. Nasr 2005, p. 48.
  155. Schuon, L'Ɠil du cƓur, 2017, p. 133.
  156. Schuon, Regards sur les mondes anciens, 2016, p. 31 (relativisme), 66 (individualisme), 129 (athéisme), 138 (évolutionnisme, scientisme).
  157. Nasr 2005, p. 3 (scepticisme), 47 (progressisme), 49 (existentialisme, empirisme, agnosticisme).
  158. Nasr 2005, p. 49 [lire en ligne]
    « Science is totally ignorant of other dimensions of reality, of the rhythms of Cosmos, of the qualitative nature of time, of the inward nexus of matter with the subtle states and many other realities. »
  159. Oldmeadow 2010, p. 214.
  160. Schuon, Regards sur les mondes anciens, 2016, p. 117.
  161. Nasr 2005, p. 507.
  162. Schuon, Forme et substance dans les religions, 2012, p. 73.
  163. Schuon, L'Ɠil du cƓur, 2017, p. 132.
  164. Jean-Louis Michon, « Remarques Ă  propos de la communication faite par le Dr. Mark Sedgwick au SĂ©minaire d’Alexandrie sur la tariqa shadhiliyya », Vincit Omnia Veritas, vol. I,2,‎ , p. 103. (lire en ligne, consultĂ© le ).
    « Chaque « traditionaliste » a appris, en lisant GuĂ©non, Schuon et en frĂ©quentant les ouvrages sur l’histoire des religions, que l’humanitĂ© actuelle est entrĂ©e dans la pĂ©riode finale de l’ñge de fer, le Kali Yuga de l’hindouisme. »
  165. Amugen 2016, p. 8.
  166. Schuon, Comprendre l’islam, 1976, p. 157.
  167. Schuon, L’ésotĂ©risme comme principe et comme voie, 1997, p. 179.
  168. Cutsinger 1997, p. 126.
  169. Amugen 2016, p. 100.
  170. Amugen 2016, p. 99.
  171. Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains, 1989, p. 48.
    « L'Ɠuvre d'art sacrĂ© a un parfum d'infinitĂ©, une empreinte d'absolu. Le talent individuel y est disciplinĂ© ; il se confond avec la fonction crĂ©atrice de la tradition entiĂšre ; celle-ci ne saurait ĂȘtre remplacĂ©e, et encore beaucoup moins surpassĂ©e, par les ressources de l'humain. »
  172. Amugen 2016, p. 84.
  173. Schuon, De l’unitĂ© transcendante des religions, 2014, p. 87.
    « ... il arrivait mĂȘme que l’on mĂ©langeait les couleurs avec de l’eau bĂ©nite et de la poussiĂšre de reliques, ce qui n’eĂ»t pas Ă©tĂ© possible si l’icĂŽne n’avait eu un caractĂšre rĂ©ellement sacramentel. »
  174. Schuon, L’ésotĂ©risme comme principe et comme voie, 1997, p. 181.
  175. Cutsinger 1997, p. 127.
  176. Schuon, Perspectives spirituelles et faits humains, 1989, p. 46.
    « Les arts byzantin, roman, gothique primitif, sont des théologies : ils énoncent Dieu, ou plutÎt, ils le « réalisent » sur un certain plan. »
  177. Schuon, De l’unitĂ© transcendante des religions, 2014, p. 74sq.
    « ...aussi est-il tout ce qu’il y a de plus contraire Ă  la contemplation intellectuelle et ne tient-il compte que de la sentimentalitĂ© ; d’ailleurs, celle-ci se dĂ©grade Ă  mesure qu’elle rĂ©pond aux besoins des foules, pour finir dans la vulgaritĂ© doucereuse et pathĂ©tique. Il est curieux de constater qu’on ne semble jamais s’ĂȘtre rendu compte combien cette barbarie des formes, qui a atteint un certain sommet de fanfaronnade creuse et misĂ©rable avec le style Louis XV, a contribuĂ© – et contribue encore – Ă  Ă©loigner de l’Église bien des Ăąmes, et non des moindres ; celles-ci se trouvent vĂ©ritablement suffoquĂ©es par un entourage qui ne permet plus Ă  leur intelligence de respirer. »
  178. Amugen 2016, p. 71.
  179. Amugen 2016, p. 70.
  180. Amugen 2016, p. 87-88, 114.
  181. Scott 2007, p. 206.
  182. Schuon, Du divin Ă  l'humain, 2018, p. 102-103.
  183. Laude, Dossiers H, 2002, p. 130.
  184. Scott 2007, p. 218.
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  186. Aymard, Dossiers H, 2002, p. 40.
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  189. Mohammed Arkoun, « Schuon (Frithjof), De l'unitĂ© transcendante des religions [compte rendu] », Archives de sciences sociales des religions, vol. 48, no 2,‎ (lire en ligne, consultĂ© le ).
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  192. BiĂšs, Dossiers H, 2002, p. 73.
  193. Stanislas Ibranoff, « Étude critique du livre : DiversitĂ© et unitĂ© des religions chez RenĂ© GuĂ©non et Frithjof Schuon par Patrick Ringgenberg », Cahiers de l'unitĂ©, no 1,‎ (lire en ligne)
    « M. Ringgenberg qui Ă©crivait (.....) que « la dĂ©marche critique et agnostique des Ă©tudes acadĂ©miques » n’est « pas idĂ©ologiquement neutre vis-Ă -vis de l’histoire des phĂ©nomĂšnes religieux et spirituels ». »
  194. Ringgenberg 2010, p. 326.
  195. Hani, Dossiers H, 2002, p. 75 [lire en ligne].
    « Chez Schuon, [...] on sent continuellement la chaleur qui accompagne toutes les évocations des réalités et des expériences d'ordre spirituel. [...] C'est là, aussi, l'un des signes qui relient, d'une certaine façon, cette expérience à celle de l'artiste et du poÚte. »
  196. Hani, Dossiers H, 2002, p. 76sq [lire en ligne].
    « F. Schuon [...] parle du « miracle de l'intelligence », de la « thĂ©ophanie de la conscience » ; ce miracle qui constitue la base mĂȘme de la vie gnostique. »
  197. (en) Bwitherden, « Tavener Schuon Lieder », sur Gramophone (magazine).
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Annexes

Bibliographie

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Articles connexes

Liens externes

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