Jnana yoga
Le jnana yoga (devanÄgarÄ« : à€à„à€à€Ÿà€šà€Żà„à€ ; IAST : jñÄnayoga), yoga de la connaissance[n 1], est une forme de yoga de la non dualitĂ© qui remonte au Veda et surtout aux Upanishad majeures dites vedanta ou conclusion du Veda[n 2]. Il aurait Ă©tĂ© Ă l'origine enseignĂ© de maniĂšre mythique par Krishna dans la Bhagavad-GÄ«tÄ[1]. Ce yoga Ă©nonce que l'absolu (brahman) est le soi (Ätman) vĂ©ritable. Sa mĂ©thode principale est lâinvestigation du soi par le retour Ă la source de nos pensĂ©es, le mental, jusqu'Ă la pensĂ©e du je origine de la MÄyÄ. C'est l'une des voies (mÄrga) de rĂ©alisation ou de libĂ©ration (moksha) avec le karma yoga, bhakti yoga et raja yoga.
Présentation
Le jñÄnin, en se basant sur la doctrine philosophique de l'AdvaĂŻta, cherche Ă sortir de l'illusion (maya) et de l'ignorance (avidya) grĂące Ă la discrimination (viveka) qui lui permet d'Ă©lever son niveau de conscience pour ultimement se fondre en Brahman. Il doit donc se dĂ©tacher (vairagya) de ce qui l'empĂȘche de trouver l'unitĂ©. Il ne doit rien accepter sans en avoir eu la preuve par sa propre intelligence, et ne peut invoquer ni espĂ©rer aucune aide divine. C'est donc un yoga trĂšs « aride » qui est rĂ©servĂ© Ă un petit nombre[2].
Les deux voies
Deux voies peuvent ĂȘtre suivies :
- celle de l'affirmation : « le jnĂąnin sâoriente vers une recherche de la TotalitĂ©, en faisant entrer progressivement toute la multiplicitĂ© dans le sein de lâunitĂ©. Devant chaque objet, il affirme "câest Cela" (iti, iti), "cela aussi est Brahman". Mais en mĂȘme temps il cherche naturellement Ă voir dans chaque objet ce qui est son essence. Et ainsi il arrive progressivement Ă la conception du vrai comme Existence (sat) â Conscience (chit) â BĂ©atitude (Ăąnanda) absolue, SachchidĂąnanda. »[2]
- celle de la nĂ©gation : « Elle consiste surtout Ă travailler sur la conception que lâon se fait de soi-mĂȘme et Ă poser sans cesse la question : "Qui suis-je ?" [Ätma vicÄra] Le yogin sâaperçoit alors que gĂ©nĂ©ralement lâhomme sâassimile Ă son corps physique (deha buddhi) [...] ; le premier pas consiste donc Ă se dĂ©barrasser de cette idĂ©e erronĂ©e. »[2] Se rĂ©pĂ©ter sans cesse : « Je ne suis pas le corps, je ne suis pas lâesprit, je ne suis pas la pensĂ©e, je ne suis mĂȘme pas la conscience ; je suis lâAtman[1]. » Il faut en dĂ©finitive se dĂ©faire progressivement de l'ego, « que tout sâen aille jusquâĂ ce que nous atteignions ce qui ne peut ĂȘtre niĂ© ou rejetĂ©, câest-Ă -dire le vĂ©ritable "je". Ce "je" est le tĂ©moin de lâunivers, il est inchangeable, Ă©ternel, infini. »[1]
Les quatre moyens
Les quatre moyens ou qualifications (sÄdhana-catuáčŁáčaya) requis dans la discipline du jñÄna yoga sont [3] :
- Viveka (la discrimination) est la capacité de discerner le réel de l'irréel ;
- VairÄgya (le dĂ©tachement) est la capacitĂ© de se dĂ©tacher des dĂ©sirs et des choses du monde ;
- Shad-sampat ou áčŁaáčsampad (les six vertus) concerne la tranquillitĂ© mentale (sama), la maĂźtrise de soi (dama), la capacitĂ© de rester Ă©quanime devant les difficultĂ©s existentielles (uparati), l'endurance (titiksha), la foi (shraddha) et l'attention juste de l'esprit (samadhana).
- Mumukshutva (le désir intense de se libérer) est une forte détermination de se libérer de son ignorance, par la connaissance de sa vraie nature.
Ils apparaissent dans le VivekacĆ«ážÄmaáči de Adi Shankara, versets 18-28, et sont considĂ©rĂ©s comme des « entraĂźnements prĂ©paratoires »[4] - [5].
JñÄna yoga et Bhagavad-GÄ«tÄ
Dans la Bhagavad-GÄ«tÄ, Krishna Ă©voque, lors de deux versets [6], la connaissance du corps, la conscience individuelle et la conscience du Tout [7]. Ce sont trois concepts sur lesquels il faut mĂ©diter dans la voie de rĂ©alisation du JñÄna yoga.
« Lesquels sont les plus grands yogins, demande Arjuna, ceux qui Tâadorent avec une attention constante ou ceux qui adorent lâIndiffĂ©renciĂ©, lâAbsolu ?
â Et ShrĂź Krishna rĂ©pond : Ceux qui concentrent leur esprit sur Moi pour Mâadorer [en bhakti yoga] avec une Ă©ternelle constance, ceux qui sont dotĂ©s de la plus haute foi ; ceux-lĂ sont Mes meilleurs fidĂšles, ils sont les plus grands yogins. Ceux qui adorent lâAbsolu, lâIndĂ©finissable, le Non-diffĂ©renciĂ©, lâOmniprĂ©sent, lâInconnaissable, le Tout en tout, lâImmuable et lâĂternel, en maĂźtrisant le jeu de leurs organes et en ayant la conviction dâidentitĂ© avec toute chose, ceux-lĂ aussi [en jñÄna yoga], occupĂ©s Ă faire le bien Ă tous les ĂȘtres, viennent jusquâĂ Moi seul. Mais pour ceux dont lâesprit sâest donnĂ© Ă lâAbsolu non manifestĂ©, la difficultĂ© de la lutte est beaucoup plus grande sur le chemin Ă parcourir. Ce nâest, en vĂ©ritĂ©, quâavec de grandes difficultĂ©s que le sentier de lâAbsolu non manifestĂ© peut ĂȘtre gravi par un ĂȘtre incarnĂ©. Ceux qui, avec une entiĂšre confiance en Moi, Mâont consacrĂ© tout leur travail pour mĂ©diter sur Moi et Mâadorer sans aucun attachement Ă rien dâautre, Je les Ă©lĂšve bientĂŽt au-dessus de lâocĂ©an des naissances et des morts continuelles puisque leur esprit Mâest totalement attachĂ©. »
â Bhagavad-GĂźtĂą, XII, 1-7.
Notes et références
Notes
- Des enseignants célÚbres ont exposé ce yoga : Ramana Maharshi, Jiddu Krishnamurti, Nisargadatta Maharaj, Ramesh Balsekar, Poonja, Adi Shankarùchùrya.
- Ou encore « culmination du Veda » Dictionnaire Héritage du Sanscrit
Références
- Swami Vivekananda, Jnùna-Yoga, éditions Albin Michel, 1972, « Le Yoga de la connaissance ».
- Jean Herbert, Spiritualité hindoue, Albin Michel, , p. 457-465, « Jnùna-Yoga ».
- Qu'est-ce que l'Advaita Vedanta?. Eliot Deutsch, Les Deux Océans, 1980 (pages 117 à 119)
- (en) A. C. Paranjpe, Self and Identity in Modern Psychology and Indian Thought, (lire en ligne).
- Adi Shankara, SuprĂȘme Joyau de Sagesse, traduit par Mohini M. Chatterji (tĂ©lĂ©chargement en pdf).
- Voir Jnana-yoga dans wikipédia en anglais
- Versets 5 et 35, chapitre 13 de la Bhagavad-Gita et