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Federico Silva Muñoz

Federico Silva Muñoz (Benavente (province de Zamora), 1923 - Madrid, 1997) Ă©tait un juriste, professeur d'universitĂ©, homme politique, administrateur d’entreprise, acadĂ©micien et auteur espagnol.

Federico Silva Muñoz
Illustration.
Federico Silva Muñoz (debout Ă  droite) prononçant un discours lors de l’inauguration d’un pont sur l’Èbre Ă  la hauteur du bourg de Buñuel, en Navarre, le .
Fonctions
Ministre des Travaux publics
–
(4 ans, 9 mois et 7 jours)
Premier ministre Francisco Franco
Prédécesseur Jorge Vigón Suero-Díaz
Successeur Gonzalo FernĂĄndez de la Mora y Mon
Procurateur (député) aux
Cortes espagnoles
–
LĂ©gislature 7e, 8e, 9e & 10e lĂ©gislature de l'État espagnol
Député aux Cortes générales
–
Élection Élections gĂ©nĂ©rales espagnoles de 1977
Circonscription Province de Pontevedra
Premier ministre Adolfo SuĂĄrez
Groupe politique Alliance populaire
Biographie
Nom de naissance Federico Silva Muñoz
Surnom Ministre Efficacité
Date de naissance ,
Lieu de naissance Benavente (province de Zamora
Date de décÚs
Lieu de décÚs Madrid
Nature du décÚs Naturelle
Sépulture Cathédrale de la Almudena (Madrid)
Nationalité Drapeau de l'Espagne Espagne
Parti politique ADE, AP, DDE
Conjoint Rosario de Lapuerta Quintero
Enfants Rosario Silva de Lapuerta
Marta Silva de Lapuerta
DiplÎmé de Université complutense de Madrid
Profession Avocat
Avocat de l’État
Professeur d'université
Administrateur de société

Titulaire d’un doctorat en droit, il entra comme juriste dans la haute fonction publique, tout en menant parallĂšlement une carriĂšre d’enseignant universitaire. SociĂ©taire de l’association catholique laĂŻque ACNdP, et par lĂ  partisan du corporatisme et d’un État fort, il contribua pourtant en 1964 Ă  faire Ă©chec Ă  un projet promu par la Phalange et tendant au totalitarisme. NommĂ© Ă  la tĂȘte du ministĂšre des Travaux publics, il mit en Ɠuvre avec grande Ă©nergie de 1965 Ă  1970 quantitĂ© de projets d’infrastructure, dans les domaines routier, ferroviaire, hydraulique et portuaire. AprĂšs la Transition dĂ©mocratique, il se prĂ©senta aux Ă©lecteurs sous diffĂ©rentes Ă©tiquettes conservatrices, et rĂ©ussit Ă  se faire Ă©lire dĂ©putĂ©. Rejetant la nouvelle constitution, qu’il jugeait devoir amener le dĂ©mantĂšlement de l’Espagne, il se retira de la politique aprĂšs son adoption par rĂ©fĂ©rendum en 1978, mais cofonda nĂ©anmoins un nouveau parti en 1979, qui disparut Ă  son tour en 1983. Silva Muñoz allait se consacrer dĂ©sormais Ă  ses activitĂ©s d’acadĂ©micien et d’intellectuel et continuer Ă  remplir des fonctions d’administrateur d’entreprise.

Formation, parcours professionnel et vie privée

NĂ© en 1923 Ă  Benavente, petite ville de la province de Zamora[1], Federico Silva Muñoz s’affilia de bonne heure, dĂšs 1945, Ă  l’Association catholique nationale de propagandistes (AsociaciĂłn CatĂłlica Nacional de Propagandistas, ACNdP), dont il devait plus tard devenir secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, puis vice-prĂ©sident[2] - [3]. En 1945, il obtint un doctorat en droit Ă  l’universitĂ© de Madrid, avec une thĂšse rĂ©digĂ©e sous la direction de JosĂ© Larraz et rĂ©compensĂ©e par le prix extraordinaire de l’universitĂ© complutense en 1947, puis fut nommĂ© professeur d’économie politique Ă  la facultĂ© de droit de la mĂȘme universitĂ©. En 1952, il entra sur concours dans le Corps des avocats de l’État et, simultanĂ©ment, dans celui des Letrados (experts) du Conseil d’État. Il exerça Ă  partir de 1961 comme procurateur (=dĂ©putĂ©) aux Cortes franquistes et prĂ©sida la Compañía Arrendataria del Monopolio de PetrĂłleos (littĂ©r. Compagnie adjudicataire du monopole des pĂ©troles, mieux connu sous son acronyme CAMPSA). En 1976, lors de la Transition dĂ©mocratique, il fut le fondateur et premier prĂ©sident du parti Alianza Popular (actuel Partido Popular) et siĂ©gea de 1977 Ă  1979 comme dĂ©putĂ© aux Cortes pour la province de Zamora[3].

Il contracta mariage avec Rosario de Lapuerta Quintero (1930-2012), avec qui il eut neuf enfants[3], parmi lesquels Rosario, avocate gĂ©nĂ©rale de l’État, et Marta, avocate gĂ©nĂ©rale de l’État et directrice du Service juridique de l’État[4]. DĂ©cĂ©dĂ© Ă  Madrid le , Silva Muñoz fut inhumĂ© dans la crypte nĂ©o-romane de la cathĂ©drale de la Almudena de la capitale.

ActivitĂ© au sein de l’Association catholique de propagandistes

Silva Muñoz s’affilia Ă  l’Association catholique nationale de propagandistes (ACNdP) Ă  l’automne 1945, se signalant bientĂŽt comme un membre fort actif dans les milieux catholiques, et se mit, Ă  la suite d’une conversation avec Fernando MartĂ­n-SĂĄnchez, alors prĂ©sident de l’Association, Ă  frĂ©quenter les dĂ©nommĂ©s Cercles d’étude (sĂ©ances de formation thĂ©orique et pratique) de l’ACNdP, jusqu’à ce qu’il soit dĂ©cidĂ© dans les premiers mois de 1946 de mettre en place des Cercles d’études rĂ©servĂ©s aux seules jeunes sociĂ©taires, dans un premier temps seulement Ă  Madrid sous la direction de MartĂ­n-SĂĄnchez[5]. Il est Ă  souligner que dans l’immĂ©diat aprĂšs-guerre civile, en particulier depuis la disparition de la ConfĂ©dĂ©ration nationale des Ă©tudiants catholiques, l’une des pĂ©piniĂšres naturelles de propagandistas, l’Association peinait fortement Ă  intĂ©grer de nouveaux jeunes, ce qui ne laissait de prĂ©occuper son prĂ©sident[6].

Nombre de ces jeunes sociĂ©taires se dĂ©claraient certes favorables Ă  un État corporatif et fort, mais prĂŽnaient en mĂȘme temps un État qui admettrait d’autres mouvements n’adhĂ©rant pas intĂ©gralement au monolithisme idĂ©ologique en matiĂšre de relations entre Église et État. À la premiĂšre rĂ©union du Cercle d’études pour jeunes tenue Ă  Madrid en , Silva Muñoz en fut nommĂ© secrĂ©taire[7] et devait commenter plus tard dans ses mĂ©moires : « le Cercle de Jeunes a Ă©tĂ© une Ă©cole inestimable de prĂ©paration Ă  la vie publique sous toutes ses modalitĂ©s » et « une tentative de formation d’une classe politique pour le futur de l’Espagne »[8]. Aussi, lors de l’assemblĂ©e des SecrĂ©taires en , Silva Muñoz insista-t-il sur la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er d’autres Cercles de jeunes, et de lĂ , sur l’opportunitĂ© de fonder une section Jeunes au sein de l’ACNdP. Quand ce fut chose faite, c’est logiquement Silva Muñoz lui-mĂȘme qui en fut dĂ©signĂ© prĂ©sident. Les Jeunes allaient ensuite disposer d’un espace en pages intĂ©rieures du BoletĂ­n de la ACNdP, oĂč ils avaient le loisir de rendre compte de leurs activitĂ©s et aspirations, tant spirituelles que politiques[9].

Opposition Ă  la Phalange

Silva Muñoz allait jouer un certain rĂŽle politique en 1964, lorsque le phalangiste JosĂ© SolĂ­s Ruiz, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Mouvement, tenta de faire passer certains appendices de la loi sur les associations de famille (Ley de Asociaciones de Familia). Le dĂ©bat portait sur la mise en place des voies organiques de participation politique telles que prĂ©vues dans la loi sur les principes du Mouvement national (Ley de Principios del Movimiento Nacional), dont notamment l’élection de procurateurs (=dĂ©putĂ©s aux Cortes) au titre de chef de famille. La manƓuvre conçue par le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du Mouvement consistait Ă  canaliser et articuler la participation familiale dans le seul cadre des organisations du Mouvement lui-mĂȘme prĂ©sentes dans chaque municipalitĂ©. Sur ce point, Silva Muñoz s’exprima comme suit dans ses mĂ©moires[10] :

« Du point de vue de l’Église catholique, cela impliquait une nĂ©gation du caractĂšre naturel et suprapolitique de la famille ; et du point de vue politique, c’était, ainsi que je l’ai dĂ©jĂ  signalĂ©, une tentative dĂ©guisĂ©e de contrĂŽler les futures et d’ores et dĂ©jĂ  prĂ©visibles Ă©lections de procurateurs familiaux, car il est particuliĂšrement important de souligner que l’on voulait, du moins dans le projet, attribuer Ă  ces associations la facultĂ© exclusive de prĂ©senter des candidats. »

Un groupe de prĂ©lats confia Ă  Silva Muñoz le soin de rĂ©diger une note Ă  l’intention du prĂ©sident des Cortes, Esteban Bilbao[11], note dans laquelle les signataires indiquaient ne pas croire qu’avec la proposition de SolĂ­s « on se conformerait aux principes du droit naturel, lesquels garantissent que la famille soit constituĂ©e en cellule sociale de base, tant de la sociĂ©tĂ© civile que de l’Église, et [estimaient] aussi [que ladite proposition] ne favorise pas l’unitĂ© des Espagnols ». Selon ce qu’affirme Silva Muñoz dans ses mĂ©moires, Bilbao « reçut la note avec une vive satisfaction et il ne fallut que peu heures ensuite pour qu’elle se retrouve aux mains de Franco. On ne reparla plus de ce maudit projet »[12].

En 1965, le ministre de l’Information Manuel Fraga parvint Ă  faire passer en conseil des ministres une loi sur la presse, qui desserrait la censure a priori, mais vis-Ă -vis de laquelle Franco et Carrero Blanco se montraient fort rĂ©ticents. Silva Muñoz (et avec lui LĂłpez RodĂł) eut Ă  cƓur d’épauler Fraga dans ses tentatives, finalement fructueuses, d’emporter l’adhĂ©sion dĂ©cisive du Caudillo[13]. En 1967, alors que les phalangistes de la vieille garde (SolĂ­s, Muñoz Grandes, Nieto AntĂșnez) mettaient tous leurs efforts Ă  maintenir telles quelles les anciennes modalitĂ©s du pouvoir franquiste, notamment en essayant de ralentir la mise en application de la loi organique de 1967, Silva Muñoz, avec Ă  ses cĂŽtĂ©s Carrero Blanco et LĂłpez RodĂł, s’affairaient Ă  convaincre Franco de limiter le pouvoir du Mouvement et de remiser dĂ©finitivement le systĂšme Ă  parti unique[14].

En , aprĂšs que le conseil de guerre de Burgos eut condamnĂ© Ă  mort six militants de l’ETA, Silva Muñoz figurait parmi les ministres en exercice qui plaidaient la grĂące et dont l’action (couplĂ©e Ă  une campagne internationale) rĂ©ussit Ă  l’obtenir[15].

CarriĂšre d’enseignant et d’acadĂ©micien

Silva Muñoz exerça comme professeur d’économie politique Ă  la facultĂ© de droit de l’universitĂ© de Madrid, comme directeur du cursus de sociologie Ă  l’universitĂ© internationale MenĂ©ndez Pelayo de Santander, comme enseignant Ă  l’Escuela de Estudios Tributarios (École de science fiscale), et comme professeur Ă  l’universitĂ© Santa MarĂ­a de la RĂĄbida, Ă  Huelva.

Membre de l’AsociaciĂłn CatĂłlica de Propagandistas (ACNdP), il fut aussi prĂ©sident des patronages du Colegio Mayor Universitario San Pablo et du Centre d’études universitaires (CEU, fondĂ© par l’ACNdP), et siĂ©gea au Conseil supĂ©rieur de l’enseignement de l’Église. Il intervint comme membre de la Commission permanente de l’Institut d’études politiques (Instituto de Estudios PolĂ­ticos) de Madrid, comme membre de diffĂ©rentes Commissions du Plan de dĂ©veloppement, comme vice-prĂ©sident de la TroisiĂšme Section de la Politique fiscale et de crĂ©dit de la Chambre officielle de commerce de Madrid, et comme membre du ComitĂ© de gestion de l’Escuela de CiudadanĂ­a Cristiana (École de citoyennetĂ© chrĂ©tienne).

Silva Muñoz Ă©tait sociĂ©taire de l’AcadĂ©mie royale des sciences morales et politiques[3], membre correspondant de l’AcadĂ©mie royale de jurisprudence et de lĂ©gislation, et membre attitrĂ© de la l’AcadĂ©mie royale San Dionisio des sciences, arts et lettres de Jerez de la Frontera[16].

À la tĂȘte du ministĂšre des Travaux publics (1965-1970)

Dans les annĂ©es 1960, Silva Muñoz contribua Ă  Ă©laborer et Ă  mettre Ă  exĂ©cution les Plans de dĂ©veloppement du gouvernement, avant d’ĂȘtre appelĂ© en 1965 Ă  prendre la tĂȘte du ministĂšre des Travaux publics, oĂč il dĂ©ploya Ă  ce titre un dynamisme tel qu’il fut surnommĂ© « ministre EfficacitĂ© » (ministro Eficacia)[3]. En effet, il mit en Ɠuvre un vaste programme de construction d’équipements (autoroutes, barrages, liaisons ferroviaires, etc.), au point de transformer substantiellement l’Espagne du point de vue de ses infrastructures. Il s’appliqua Ă  rĂ©aliser le plan Red de Itinerarios AsfĂĄlticos (littĂ©r. RĂ©seau d’itinĂ©raires asphaltĂ©s, ou REDIA), destinĂ© Ă  faciliter le trafic automobile, alors en forte croissance, par l’uniformisation du rĂ©seau routier espagnol, en prescrivant notamment que l’ensemble des routes disposent d’une chaussĂ©e de sept mĂštres de largeur et de deux mĂštres et demi d’accotement, qu’il soit remĂ©diĂ© aux virages dangereux et aux dĂ©clivitĂ©s trop importantes, et que des voies lentes soient amĂ©nagĂ©es Ă  l’usage des poids lourds[3].

Silva Muñoz, aprĂšs avoir agrĂ©Ă© le Plan d’autoroutes nationales d’Espagne (PANE), accomplit les dĂ©marches administratives nĂ©cessaires Ă  sa mise en Ɠuvre (par financements privĂ©s), en attribuant les adjudications et en mettant en marche la construction des premiĂšres autoroutes espagnoles, Ă  savoir : les tronçons Barcelone-La Junquera et Montgat-MatarĂł, adjugĂ©s le ; la liaison autoroutiĂšre Barcelone-Tarragone le , par voie de dĂ©cret ; le tronçon Behobia-Bilbao le , par dĂ©cret ; l’autoroute SĂ©ville-Cadix le , Ă©galement par dĂ©cret ; et enfin la liaison Villalba-Adanero, en ce compris le deuxiĂšme tunnel de Guadarrama, concĂ©dĂ© le .

Dans le domaine des infrastructures ferroviaires, Silva Muñoz acheva la liaison directe Madrid-Burgos, mit en service le quai d’embarquement de ce qui est aujourd’hui la gare de Madrid-ChamartĂ­n-Clara Campoamor, et donna ordre de rĂ©nover une grande partie du rĂ©seau ferrĂ©, par la pose de rails de 54 kg/m autorisant des vitesses plus Ă©levĂ©es. En 1969, il rĂ©ussit, grĂące au train Talgo, le raccordement de la Renfe au systĂšme ferroviaire Ă  Ă©cartement europĂ©en[3].

En matiĂšre d’ouvrages hydrauliques, il lança, au terme de longues et ardues dĂ©marches administratives, les travaux du canal de dĂ©rivation (trasvase) Tage-Segura, grĂące auquel put ĂȘtre crĂ©Ă©e une zone d’irrigation dans les campagnes autour de Murcie et d’Alicante et de dĂ©velopper une agriculture moderne. Ce projet constitue la premiĂšre phase d’une politique subsĂ©quente de trasvases destinĂ©s Ă  corriger les dĂ©sĂ©quilibres hydrauliques sur le territoire espagnol[3].

D’autre part, s’attachant Ă  rĂ©soudre le problĂšme de l’approvisionnement en eau potable de Madrid, Silva Muñoz dĂ©cida la construction du barrage d’El Atazar, l’ouvrage d’art le plus important du complexe hydraulique dit Canal de Isabel II, dont la construction fut adjugĂ©e le et achevĂ©e le . GrĂące Ă  cet ouvrage, conçu en forme de voĂ»te, la capacitĂ© du barrage s’accrut de 240 %, passant de 223,4 Ă  549,5 hm2[3].

En ce qui concerne les Ă©quipements portuaires, Silva Muñoz fit amĂ©nager le port de Bilbao et rĂ©solut le problĂšme du gabarit du port d’Isla Cristina (dans la province de Huelva, sur la frontiĂšre portugaise) en permettant la mise en Ɠuvre d’un projet de construction de digues le long de chacune des berges de l’estuaire rĂ­a Carreras, Ă  l’effet d’éviter l’accumulation de sĂ©diments qui en rĂ©duisaient la capacitĂ©.

Tardofranquisme et Transition démocratique

Lors du remaniement ministĂ©riel d’, dĂ©cidĂ© dans le sillage de l’affaire Matesa, Franco refusa d’attribuer le portefeuille des Affaires Ă©trangĂšres Ă  Silva Muñoz (lui prĂ©fĂ©rant pour ce poste LĂłpez-Bravo), seul point sur lequel le Caudillo s’écarta de la proposition de remaniement faite par Carrero Blanco[17]. Alors que le gouvernement se trouvait de plus en plus confrontĂ© au mĂ©contentement des travailleurs (avec un nouveau record du nombre de grĂšves en 1970) et Ă  des conflits dans les universitĂ©s, Silva Muñoz, quoique reconduit aux Travaux publics, fut l’un des rares ministres franquistes Ă  prĂ©senter leur dĂ©mission en 1970[18]. Il alla occuper ensuite la prĂ©sidence de la compagnie pĂ©troliĂšre CAMPSA, fonction qu’il combina de 1970 Ă  1975 avec la vice-prĂ©sidence de Butano, entreprise de distribution de butane et de propane.

Lors de la Transition dĂ©mocratique, il composa, aux cĂŽtĂ©s d’Adolfo SuĂĄrez (qui sera choisi par le roi Juan Carlos) et Gregorio LĂłpez-Bravo, le trio de candidats aspirant Ă  remplacer le premier ministre Carlos Arias Navarro Ă  la suite de la dĂ©mission de celui-ci. En sa qualitĂ© de dirigeant du parti dĂ©mocrate-chrĂ©tien Action dĂ©mocratique espagnole (ADE), il fut appelĂ© Ă  cofonder la fĂ©dĂ©ration de partis Alliance populaire (figurant ainsi parmi les « Sept Magnifiques », c’est-Ă -dire les sept artisans de ladite alliance de partis), fĂ©dĂ©ration Ă  la prĂ©sidence de laquelle il fut nommĂ© Ă  l’occasion de son premier congrĂšs en mars 1977[19].

Fort critique vis-Ă -vis du texte constitutionnel portĂ© par Manuel Fraga, considĂ©rant en particulier que les autonomies rĂ©gionales auraient pour effet de dĂ©mantibuler l’État espagnol, Silva Muñoz appela Ă  voter non au rĂ©fĂ©rendum constitutionnel espagnol de 1978[2], et, bien qu’élu dĂ©putĂ© aux Cortes en 1977, il prit la dĂ©cision, au lendemain de l’adoption de cette nouvelle constitution, de se retirer de la politique[3]. Tout comme Gonzalo FernĂĄndez de la Mora, il se retira Ă©galement, lui et son organisation, de la fĂ©dĂ©ration Alliance populaire[20]. Estimant qu’il n'y avait pas d’« adĂ©quation entre la droite sociologique rĂ©elle et sa reprĂ©sentation au Parlement »[21], il se mit Ă  la tĂȘte de la Droite dĂ©mocratique espagnole (DDE), formation politique qui se prĂ©senta en 1979 avec une dĂ©claration de principes Ă  mi-chemin entre Fuerza Nueva et Alliance populaire, mais qui allait se dissoudre en 1983[22] - [23].

Il fut le crĂ©ateur en 1980 de la Fondation Balmes, dont il cofonda avec Gonzalo FernĂĄndez de la Mora la revue RazĂłn Española (littĂ©r. Raison espagnole)[24]. En 1983, il siĂ©gea au conseil d’administration de La Editorial CatĂłlica[3].

Son dernier poste d’importance fut celui de membre du conseil d’administration de la firme Banesto — banque dans laquelle il Ă©tait entrĂ© en sa qualitĂ© de lettrĂ© (en espagnol letrado, =expert) du Conseil d’État —, occupant ce poste jusqu’à l’arrivĂ©e de Mario Conde dans la banque en , date Ă  laquelle il prit congĂ© du conseil d’administration de ladite entitĂ© bancaire[2].

DĂ©corations

Parmi ses nombreuses dĂ©corations mĂ©ritent plus particuliĂšrement mention : la mĂ©daille française du MĂ©rite, dĂ©cernĂ©e en rĂ©compense pour le raccordement du Talgo au rĂ©seau ferroviaire français[3] ; la mĂ©daille d’or Ă  titre extraordinaire de la DĂ©putation de Barcelone ; la mĂ©daille d’or de la ville de Madrid ; la mĂ©daille d’or de San SebastiĂĄn[25] ; la mĂ©daille d’or de la ville d’Huelva ; et la Grand-Croix de Charles III.

Bibliographie

Écrits de Silva Muñoz

  • La transiciĂłn inacabada, Barcelone, Planeta, coll. « Textos », , 222 p. (ISBN 978-8432006234).
  • Memorias polĂ­ticas, Barcelone, Planeta, coll. « Espejo de España », , 464 p. (ISBN 978-8408002208)[26].

Notes et références

  1. (es) Marta Silva de Lapuerta, « Federico Silva Muñoz », Abogados del Estado, Madrid, AsociaciĂłn de Abogados del Estado, no 10,‎ , p. 26 (lire en ligne [archive du ]).
  2. (es) « NecrologĂ­a. Federico Silva muñoz, ex ministro franquista y fundador de Alianza Popular », El PaĂ­s, Madrid, Ediciones El PaĂ­s,‎ (lire en ligne).
  3. (es) José Luis Gutiérrez García, « Federico Silva Muñoz », sur Diccionario biogråfico español, Madrid, Real Academia de la Historia, (consulté le ).
  4. (es) Esteban Urreiztieta et Eduardo Inda, « Álvaro Lapuerta, ex tesorero del PP, en estado grave tras caerse en su domicilio », El Mundo, Madrid, Unidad Editorial InformaciĂłn General S.L.U.,‎ (lire en ligne).
  5. (es) Cristina Barreiro Gordillo, La presidencia de Fernando MartĂ­n-SĂĄnchez JuliĂĄ (1935-1953), vol. 3, Madrid, CEU-Ediciones, , 365 p. (ISBN 978-84-92456-67-3, lire en ligne), p. 224 (tome III de Historia de la AsociaciĂłn CatĂłlica de Propagandistas)
  6. C. Barreiro Gordillo (2010), p. 223.
  7. C. Barreiro Gordillo (2010), p. 224.
  8. F. Silva Muñoz (1993), p. 34 et 38.
  9. C. Barreiro Gordillo (2010), p. 225.
  10. (es) Antonio MartĂ­n Puerta, « La AsociaciĂłn CatĂłlica Nacional de Propagandistas durante la fase central del rĂ©gimen de Franco », Hispania Sacra, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Scientifiques (CSIC), vol. 67, no 135,‎ , p. 329 (ISSN 1988-4265, DOI 10.3989/hs.2015.009, lire en ligne, consultĂ© le ).
  11. A. MartĂ­n Puerta (2015), p. 329.
  12. A. Martín Puerta (2015), p. 330. Les passages cités se trouvent dans F. Silva Muñoz (1993), p. 91-93.
  13. Bartolomé Bennassar, Franco, Paris, Perrin, coll. « Tempus », (1re éd. 1995) (ISBN 978-2-262-01895-5), p. 223-224.
  14. Andrée Bachoud, Franco, ou la réussite d'un homme ordinaire, Paris, Fayard, , 530 p. (ISBN 978-2213027838), p. 399.
  15. B. Bennassar (1995), p. 249.
  16. (es) « Semblanza biogrĂĄfica de los nuevos ministros », ABC, Madrid,‎ , p. 39-40 (lire en ligne)
  17. A. Bachoud (1997), p. 413.
  18. (es) Stanley G. Payne et JesĂșs Palacios, Franco. Una biografĂ­a personal y polĂ­tica, Barcelone, Espasa, , 813 p. (ISBN 978-84-670-0992-7), p. 554.
  19. (es) Jorge GonzĂĄlez Castillejos, « GestaciĂłn y desarrollo de Alianza Popular en la provincia de Ciudad Real durante los años de la TransiciĂłn (1976-1982) », Cuadernos de Estudios Manchegos, Ciudad Real, no 39,‎ , p. 125 (ISSN 0526-2623, lire en ligne)
  20. (es) Richard GĂŒnther et Roger Blough, « Conflicto religioso y consenso en España. Historia de dos Constituciones », Revista de estudios polĂ­ticos, Madrid, Centro de Estudios Constitucionales, no 14,‎ , p. 81-82 (ISSN 0048-7694, lire en ligne).
  21. (es) Pilar Urbano, « Hoy presentaciĂłn de Derecha DemocrĂĄtica Española », ABC, Madrid,‎ , p. 8 (lire en ligne)
  22. (es) « Acto de constituciĂłn », El PeriĂłdico,‎ , p. 12 (lire en ligne).
  23. (es) Mercedes VĂĄzquez de Prada, « JosĂ© MarĂ­a Valiente Soriano: Una semblanza polĂ­tica », Memoria y CivilizaciĂłn, Pampelune, UniversitĂ© de Navarre, no 15,‎ , p. 265 (ISSN 1139-0107, lire en ligne).
  24. (es) Luis SĂĄnchez de MovellĂĄn de la Riva, « RazĂłn Española sigue en vanguardia », El Diario Montañés, Santander, Editorial Cantabria Interactiva S.L.,‎ (lire en ligne).
  25. La Vanguardia Española, 2 mai 1972.
  26. (es) JosĂ© Manuel Cuenca Toribio, « 93-3667 SILVA MUÑOZ, F.: Memorias polĂ­ticas.- Ed. Planeta.- Barcelona, 1993.-462 p. (22 x 14,5) », Índice HistĂłrico Español, Barcelone, Publicacions Universitat de Barcelona, vol. 31, no 100,‎ (ISSN 0537-3522, lire en ligne).

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