Federico Silva Muñoz
Federico Silva Muñoz (Benavente (province de Zamora), 1923 - Madrid, 1997) Ă©tait un juriste, professeur d'universitĂ©, homme politique, administrateur dâentreprise, acadĂ©micien et auteur espagnol.
Federico Silva Muñoz | |
Federico Silva Muñoz (debout Ă droite) prononçant un discours lors de lâinauguration dâun pont sur lâĂbre Ă la hauteur du bourg de Buñuel, en Navarre, le . | |
Fonctions | |
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Ministre des Travaux publics | |
â (4 ans, 9 mois et 7 jours) |
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Premier ministre | Francisco Franco |
PrĂ©dĂ©cesseur | Jorge VigĂłn Suero-DĂaz |
Successeur | Gonzalo FernĂĄndez de la Mora y Mon |
Procurateur (député) aux Cortes espagnoles | |
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LĂ©gislature | 7e, 8e, 9e & 10e lĂ©gislature de l'Ătat espagnol |
Député aux Cortes générales | |
â | |
Ălection | Ălections gĂ©nĂ©rales espagnoles de 1977 |
Circonscription | Province de Pontevedra |
Premier ministre | Adolfo SuĂĄrez |
Groupe politique | Alliance populaire |
Biographie | |
Nom de naissance | Federico Silva Muñoz |
Surnom | Ministre Efficacité |
Date de naissance | , |
Lieu de naissance | Benavente (province de Zamora |
Date de décÚs | |
Lieu de décÚs | Madrid |
Nature du décÚs | Naturelle |
Sépulture | Cathédrale de la Almudena (Madrid) |
Nationalité | Espagne |
Parti politique | ADE, AP, DDE |
Conjoint | Rosario de Lapuerta Quintero |
Enfants | Rosario Silva de Lapuerta Marta Silva de Lapuerta |
DiplÎmé de | Université complutense de Madrid |
Profession | Avocat Avocat de lâĂtat Professeur d'universitĂ© Administrateur de sociĂ©tĂ© |
Titulaire dâun doctorat en droit, il entra comme juriste dans la haute fonction publique, tout en menant parallĂšlement une carriĂšre dâenseignant universitaire. SociĂ©taire de lâassociation catholique laĂŻque ACNdP, et par lĂ partisan du corporatisme et dâun Ătat fort, il contribua pourtant en 1964 Ă faire Ă©chec Ă un projet promu par la Phalange et tendant au totalitarisme. NommĂ© Ă la tĂȘte du ministĂšre des Travaux publics, il mit en Ćuvre avec grande Ă©nergie de 1965 Ă 1970 quantitĂ© de projets dâinfrastructure, dans les domaines routier, ferroviaire, hydraulique et portuaire. AprĂšs la Transition dĂ©mocratique, il se prĂ©senta aux Ă©lecteurs sous diffĂ©rentes Ă©tiquettes conservatrices, et rĂ©ussit Ă se faire Ă©lire dĂ©putĂ©. Rejetant la nouvelle constitution, quâil jugeait devoir amener le dĂ©mantĂšlement de lâEspagne, il se retira de la politique aprĂšs son adoption par rĂ©fĂ©rendum en 1978, mais cofonda nĂ©anmoins un nouveau parti en 1979, qui disparut Ă son tour en 1983. Silva Muñoz allait se consacrer dĂ©sormais Ă ses activitĂ©s dâacadĂ©micien et dâintellectuel et continuer Ă remplir des fonctions dâadministrateur dâentreprise.
Formation, parcours professionnel et vie privée
NĂ© en 1923 Ă Benavente, petite ville de la province de Zamora[1], Federico Silva Muñoz sâaffilia de bonne heure, dĂšs 1945, Ă lâAssociation catholique nationale de propagandistes (AsociaciĂłn CatĂłlica Nacional de Propagandistas, ACNdP), dont il devait plus tard devenir secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, puis vice-prĂ©sident[2] - [3]. En 1945, il obtint un doctorat en droit Ă lâuniversitĂ© de Madrid, avec une thĂšse rĂ©digĂ©e sous la direction de JosĂ© Larraz et rĂ©compensĂ©e par le prix extraordinaire de lâuniversitĂ© complutense en 1947, puis fut nommĂ© professeur dâĂ©conomie politique Ă la facultĂ© de droit de la mĂȘme universitĂ©. En 1952, il entra sur concours dans le Corps des avocats de lâĂtat et, simultanĂ©ment, dans celui des Letrados (experts) du Conseil dâĂtat. Il exerça Ă partir de 1961 comme procurateur (=dĂ©putĂ©) aux Cortes franquistes et prĂ©sida la CompañĂa Arrendataria del Monopolio de PetrĂłleos (littĂ©r. Compagnie adjudicataire du monopole des pĂ©troles, mieux connu sous son acronyme CAMPSA). En 1976, lors de la Transition dĂ©mocratique, il fut le fondateur et premier prĂ©sident du parti Alianza Popular (actuel Partido Popular) et siĂ©gea de 1977 Ă 1979 comme dĂ©putĂ© aux Cortes pour la province de Zamora[3].
Il contracta mariage avec Rosario de Lapuerta Quintero (1930-2012), avec qui il eut neuf enfants[3], parmi lesquels Rosario, avocate gĂ©nĂ©rale de lâĂtat, et Marta, avocate gĂ©nĂ©rale de lâĂtat et directrice du Service juridique de lâĂtat[4]. DĂ©cĂ©dĂ© Ă Madrid le , Silva Muñoz fut inhumĂ© dans la crypte nĂ©o-romane de la cathĂ©drale de la Almudena de la capitale.
ActivitĂ© au sein de lâAssociation catholique de propagandistes
Silva Muñoz sâaffilia Ă lâAssociation catholique nationale de propagandistes (ACNdP) Ă lâautomne 1945, se signalant bientĂŽt comme un membre fort actif dans les milieux catholiques, et se mit, Ă la suite dâune conversation avec Fernando MartĂn-SĂĄnchez, alors prĂ©sident de lâAssociation, Ă frĂ©quenter les dĂ©nommĂ©s Cercles dâĂ©tude (sĂ©ances de formation thĂ©orique et pratique) de lâACNdP, jusquâĂ ce quâil soit dĂ©cidĂ© dans les premiers mois de 1946 de mettre en place des Cercles dâĂ©tudes rĂ©servĂ©s aux seules jeunes sociĂ©taires, dans un premier temps seulement Ă Madrid sous la direction de MartĂn-SĂĄnchez[5]. Il est Ă souligner que dans lâimmĂ©diat aprĂšs-guerre civile, en particulier depuis la disparition de la ConfĂ©dĂ©ration nationale des Ă©tudiants catholiques, lâune des pĂ©piniĂšres naturelles de propagandistas, lâAssociation peinait fortement Ă intĂ©grer de nouveaux jeunes, ce qui ne laissait de prĂ©occuper son prĂ©sident[6].
Nombre de ces jeunes sociĂ©taires se dĂ©claraient certes favorables Ă un Ătat corporatif et fort, mais prĂŽnaient en mĂȘme temps un Ătat qui admettrait dâautres mouvements nâadhĂ©rant pas intĂ©gralement au monolithisme idĂ©ologique en matiĂšre de relations entre Ăglise et Ătat. Ă la premiĂšre rĂ©union du Cercle dâĂ©tudes pour jeunes tenue Ă Madrid en , Silva Muñoz en fut nommĂ© secrĂ©taire[7] et devait commenter plus tard dans ses mĂ©moires : « le Cercle de Jeunes a Ă©tĂ© une Ă©cole inestimable de prĂ©paration Ă la vie publique sous toutes ses modalitĂ©s » et « une tentative de formation dâune classe politique pour le futur de lâEspagne »[8]. Aussi, lors de lâassemblĂ©e des SecrĂ©taires en , Silva Muñoz insista-t-il sur la nĂ©cessitĂ© de crĂ©er dâautres Cercles de jeunes, et de lĂ , sur lâopportunitĂ© de fonder une section Jeunes au sein de lâACNdP. Quand ce fut chose faite, câest logiquement Silva Muñoz lui-mĂȘme qui en fut dĂ©signĂ© prĂ©sident. Les Jeunes allaient ensuite disposer dâun espace en pages intĂ©rieures du BoletĂn de la ACNdP, oĂč ils avaient le loisir de rendre compte de leurs activitĂ©s et aspirations, tant spirituelles que politiques[9].
Opposition Ă la Phalange
Silva Muñoz allait jouer un certain rĂŽle politique en 1964, lorsque le phalangiste JosĂ© SolĂs Ruiz, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Mouvement, tenta de faire passer certains appendices de la loi sur les associations de famille (Ley de Asociaciones de Familia). Le dĂ©bat portait sur la mise en place des voies organiques de participation politique telles que prĂ©vues dans la loi sur les principes du Mouvement national (Ley de Principios del Movimiento Nacional), dont notamment lâĂ©lection de procurateurs (=dĂ©putĂ©s aux Cortes) au titre de chef de famille. La manĆuvre conçue par le secrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral du Mouvement consistait Ă canaliser et articuler la participation familiale dans le seul cadre des organisations du Mouvement lui-mĂȘme prĂ©sentes dans chaque municipalitĂ©. Sur ce point, Silva Muñoz sâexprima comme suit dans ses mĂ©moires[10] :
« Du point de vue de lâĂglise catholique, cela impliquait une nĂ©gation du caractĂšre naturel et suprapolitique de la famille ; et du point de vue politique, câĂ©tait, ainsi que je lâai dĂ©jĂ signalĂ©, une tentative dĂ©guisĂ©e de contrĂŽler les futures et dâores et dĂ©jĂ prĂ©visibles Ă©lections de procurateurs familiaux, car il est particuliĂšrement important de souligner que lâon voulait, du moins dans le projet, attribuer Ă ces associations la facultĂ© exclusive de prĂ©senter des candidats. »
Un groupe de prĂ©lats confia Ă Silva Muñoz le soin de rĂ©diger une note Ă lâintention du prĂ©sident des Cortes, Esteban Bilbao[11], note dans laquelle les signataires indiquaient ne pas croire quâavec la proposition de SolĂs « on se conformerait aux principes du droit naturel, lesquels garantissent que la famille soit constituĂ©e en cellule sociale de base, tant de la sociĂ©tĂ© civile que de lâĂglise, et [estimaient] aussi [que ladite proposition] ne favorise pas lâunitĂ© des Espagnols ». Selon ce quâaffirme Silva Muñoz dans ses mĂ©moires, Bilbao « reçut la note avec une vive satisfaction et il ne fallut que peu heures ensuite pour quâelle se retrouve aux mains de Franco. On ne reparla plus de ce maudit projet »[12].
En 1965, le ministre de lâInformation Manuel Fraga parvint Ă faire passer en conseil des ministres une loi sur la presse, qui desserrait la censure a priori, mais vis-Ă -vis de laquelle Franco et Carrero Blanco se montraient fort rĂ©ticents. Silva Muñoz (et avec lui LĂłpez RodĂł) eut Ă cĆur dâĂ©pauler Fraga dans ses tentatives, finalement fructueuses, dâemporter lâadhĂ©sion dĂ©cisive du Caudillo[13]. En 1967, alors que les phalangistes de la vieille garde (SolĂs, Muñoz Grandes, Nieto AntĂșnez) mettaient tous leurs efforts Ă maintenir telles quelles les anciennes modalitĂ©s du pouvoir franquiste, notamment en essayant de ralentir la mise en application de la loi organique de 1967, Silva Muñoz, avec Ă ses cĂŽtĂ©s Carrero Blanco et LĂłpez RodĂł, sâaffairaient Ă convaincre Franco de limiter le pouvoir du Mouvement et de remiser dĂ©finitivement le systĂšme Ă parti unique[14].
En , aprĂšs que le conseil de guerre de Burgos eut condamnĂ© Ă mort six militants de lâETA, Silva Muñoz figurait parmi les ministres en exercice qui plaidaient la grĂące et dont lâaction (couplĂ©e Ă une campagne internationale) rĂ©ussit Ă lâobtenir[15].
CarriĂšre dâenseignant et dâacadĂ©micien
Silva Muñoz exerça comme professeur dâĂ©conomie politique Ă la facultĂ© de droit de lâuniversitĂ© de Madrid, comme directeur du cursus de sociologie Ă lâuniversitĂ© internationale MenĂ©ndez Pelayo de Santander, comme enseignant Ă lâEscuela de Estudios Tributarios (Ăcole de science fiscale), et comme professeur Ă lâuniversitĂ© Santa MarĂa de la RĂĄbida, Ă Huelva.
Membre de lâAsociaciĂłn CatĂłlica de Propagandistas (ACNdP), il fut aussi prĂ©sident des patronages du Colegio Mayor Universitario San Pablo et du Centre dâĂ©tudes universitaires (CEU, fondĂ© par lâACNdP), et siĂ©gea au Conseil supĂ©rieur de lâenseignement de lâĂglise. Il intervint comme membre de la Commission permanente de lâInstitut dâĂ©tudes politiques (Instituto de Estudios PolĂticos) de Madrid, comme membre de diffĂ©rentes Commissions du Plan de dĂ©veloppement, comme vice-prĂ©sident de la TroisiĂšme Section de la Politique fiscale et de crĂ©dit de la Chambre officielle de commerce de Madrid, et comme membre du ComitĂ© de gestion de lâEscuela de CiudadanĂa Cristiana (Ăcole de citoyennetĂ© chrĂ©tienne).
Silva Muñoz Ă©tait sociĂ©taire de lâAcadĂ©mie royale des sciences morales et politiques[3], membre correspondant de lâAcadĂ©mie royale de jurisprudence et de lĂ©gislation, et membre attitrĂ© de la lâAcadĂ©mie royale San Dionisio des sciences, arts et lettres de Jerez de la Frontera[16].
Ă la tĂȘte du ministĂšre des Travaux publics (1965-1970)
Dans les annĂ©es 1960, Silva Muñoz contribua Ă Ă©laborer et Ă mettre Ă exĂ©cution les Plans de dĂ©veloppement du gouvernement, avant dâĂȘtre appelĂ© en 1965 Ă prendre la tĂȘte du ministĂšre des Travaux publics, oĂč il dĂ©ploya Ă ce titre un dynamisme tel quâil fut surnommĂ© « ministre EfficacitĂ© » (ministro Eficacia)[3]. En effet, il mit en Ćuvre un vaste programme de construction dâĂ©quipements (autoroutes, barrages, liaisons ferroviaires, etc.), au point de transformer substantiellement lâEspagne du point de vue de ses infrastructures. Il sâappliqua Ă rĂ©aliser le plan Red de Itinerarios AsfĂĄlticos (littĂ©r. RĂ©seau dâitinĂ©raires asphaltĂ©s, ou REDIA), destinĂ© Ă faciliter le trafic automobile, alors en forte croissance, par lâuniformisation du rĂ©seau routier espagnol, en prescrivant notamment que lâensemble des routes disposent dâune chaussĂ©e de sept mĂštres de largeur et de deux mĂštres et demi dâaccotement, quâil soit remĂ©diĂ© aux virages dangereux et aux dĂ©clivitĂ©s trop importantes, et que des voies lentes soient amĂ©nagĂ©es Ă lâusage des poids lourds[3].
Silva Muñoz, aprĂšs avoir agrĂ©Ă© le Plan dâautoroutes nationales dâEspagne (PANE), accomplit les dĂ©marches administratives nĂ©cessaires Ă sa mise en Ćuvre (par financements privĂ©s), en attribuant les adjudications et en mettant en marche la construction des premiĂšres autoroutes espagnoles, Ă savoir : les tronçons Barcelone-La Junquera et Montgat-MatarĂł, adjugĂ©s le ; la liaison autoroutiĂšre Barcelone-Tarragone le , par voie de dĂ©cret ; le tronçon Behobia-Bilbao le , par dĂ©cret ; lâautoroute SĂ©ville-Cadix le , Ă©galement par dĂ©cret ; et enfin la liaison Villalba-Adanero, en ce compris le deuxiĂšme tunnel de Guadarrama, concĂ©dĂ© le .
Dans le domaine des infrastructures ferroviaires, Silva Muñoz acheva la liaison directe Madrid-Burgos, mit en service le quai dâembarquement de ce qui est aujourdâhui la gare de Madrid-ChamartĂn-Clara Campoamor, et donna ordre de rĂ©nover une grande partie du rĂ©seau ferrĂ©, par la pose de rails de 54 kg/m autorisant des vitesses plus Ă©levĂ©es. En 1969, il rĂ©ussit, grĂące au train Talgo, le raccordement de la Renfe au systĂšme ferroviaire Ă Ă©cartement europĂ©en[3].
En matiĂšre dâouvrages hydrauliques, il lança, au terme de longues et ardues dĂ©marches administratives, les travaux du canal de dĂ©rivation (trasvase) Tage-Segura, grĂące auquel put ĂȘtre crĂ©Ă©e une zone dâirrigation dans les campagnes autour de Murcie et dâAlicante et de dĂ©velopper une agriculture moderne. Ce projet constitue la premiĂšre phase dâune politique subsĂ©quente de trasvases destinĂ©s Ă corriger les dĂ©sĂ©quilibres hydrauliques sur le territoire espagnol[3].
Dâautre part, sâattachant Ă rĂ©soudre le problĂšme de lâapprovisionnement en eau potable de Madrid, Silva Muñoz dĂ©cida la construction du barrage dâEl Atazar, lâouvrage dâart le plus important du complexe hydraulique dit Canal de Isabel II, dont la construction fut adjugĂ©e le et achevĂ©e le . GrĂące Ă cet ouvrage, conçu en forme de voĂ»te, la capacitĂ© du barrage sâaccrut de 240 %, passant de 223,4 Ă 549,5 hm2[3].
En ce qui concerne les Ă©quipements portuaires, Silva Muñoz fit amĂ©nager le port de Bilbao et rĂ©solut le problĂšme du gabarit du port dâIsla Cristina (dans la province de Huelva, sur la frontiĂšre portugaise) en permettant la mise en Ćuvre dâun projet de construction de digues le long de chacune des berges de lâestuaire rĂa Carreras, Ă lâeffet dâĂ©viter lâaccumulation de sĂ©diments qui en rĂ©duisaient la capacitĂ©.
Tardofranquisme et Transition démocratique
Lors du remaniement ministĂ©riel dâ, dĂ©cidĂ© dans le sillage de lâaffaire Matesa, Franco refusa dâattribuer le portefeuille des Affaires Ă©trangĂšres Ă Silva Muñoz (lui prĂ©fĂ©rant pour ce poste LĂłpez-Bravo), seul point sur lequel le Caudillo sâĂ©carta de la proposition de remaniement faite par Carrero Blanco[17]. Alors que le gouvernement se trouvait de plus en plus confrontĂ© au mĂ©contentement des travailleurs (avec un nouveau record du nombre de grĂšves en 1970) et Ă des conflits dans les universitĂ©s, Silva Muñoz, quoique reconduit aux Travaux publics, fut lâun des rares ministres franquistes Ă prĂ©senter leur dĂ©mission en 1970[18]. Il alla occuper ensuite la prĂ©sidence de la compagnie pĂ©troliĂšre CAMPSA, fonction quâil combina de 1970 Ă 1975 avec la vice-prĂ©sidence de Butano, entreprise de distribution de butane et de propane.
Lors de la Transition dĂ©mocratique, il composa, aux cĂŽtĂ©s dâAdolfo SuĂĄrez (qui sera choisi par le roi Juan Carlos) et Gregorio LĂłpez-Bravo, le trio de candidats aspirant Ă remplacer le premier ministre Carlos Arias Navarro Ă la suite de la dĂ©mission de celui-ci. En sa qualitĂ© de dirigeant du parti dĂ©mocrate-chrĂ©tien Action dĂ©mocratique espagnole (ADE), il fut appelĂ© Ă cofonder la fĂ©dĂ©ration de partis Alliance populaire (figurant ainsi parmi les « Sept Magnifiques », câest-Ă -dire les sept artisans de ladite alliance de partis), fĂ©dĂ©ration Ă la prĂ©sidence de laquelle il fut nommĂ© Ă lâoccasion de son premier congrĂšs en mars 1977[19].
Fort critique vis-Ă -vis du texte constitutionnel portĂ© par Manuel Fraga, considĂ©rant en particulier que les autonomies rĂ©gionales auraient pour effet de dĂ©mantibuler lâĂtat espagnol, Silva Muñoz appela Ă voter non au rĂ©fĂ©rendum constitutionnel espagnol de 1978[2], et, bien quâĂ©lu dĂ©putĂ© aux Cortes en 1977, il prit la dĂ©cision, au lendemain de lâadoption de cette nouvelle constitution, de se retirer de la politique[3]. Tout comme Gonzalo FernĂĄndez de la Mora, il se retira Ă©galement, lui et son organisation, de la fĂ©dĂ©ration Alliance populaire[20]. Estimant quâil n'y avait pas dâ« adĂ©quation entre la droite sociologique rĂ©elle et sa reprĂ©sentation au Parlement »[21], il se mit Ă la tĂȘte de la Droite dĂ©mocratique espagnole (DDE), formation politique qui se prĂ©senta en 1979 avec une dĂ©claration de principes Ă mi-chemin entre Fuerza Nueva et Alliance populaire, mais qui allait se dissoudre en 1983[22] - [23].
Il fut le crĂ©ateur en 1980 de la Fondation Balmes, dont il cofonda avec Gonzalo FernĂĄndez de la Mora la revue RazĂłn Española (littĂ©r. Raison espagnole)[24]. En 1983, il siĂ©gea au conseil dâadministration de La Editorial CatĂłlica[3].
Son dernier poste dâimportance fut celui de membre du conseil dâadministration de la firme Banesto â banque dans laquelle il Ă©tait entrĂ© en sa qualitĂ© de lettrĂ© (en espagnol letrado, =expert) du Conseil dâĂtat â, occupant ce poste jusquâĂ lâarrivĂ©e de Mario Conde dans la banque en , date Ă laquelle il prit congĂ© du conseil dâadministration de ladite entitĂ© bancaire[2].
DĂ©corations
Parmi ses nombreuses dĂ©corations mĂ©ritent plus particuliĂšrement mention : la mĂ©daille française du MĂ©rite, dĂ©cernĂ©e en rĂ©compense pour le raccordement du Talgo au rĂ©seau ferroviaire français[3] ; la mĂ©daille dâor Ă titre extraordinaire de la DĂ©putation de Barcelone ; la mĂ©daille dâor de la ville de Madrid ; la mĂ©daille dâor de San SebastiĂĄn[25] ; la mĂ©daille dâor de la ville dâHuelva ; et la Grand-Croix de Charles III.
Bibliographie
Notes et références
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- (es) Cristina Barreiro Gordillo, La presidencia de Fernando MartĂn-SĂĄnchez JuliĂĄ (1935-1953), vol. 3, Madrid, CEU-Ediciones, , 365 p. (ISBN 978-84-92456-67-3, lire en ligne), p. 224 (tome III de Historia de la AsociaciĂłn CatĂłlica de Propagandistas)
- C. Barreiro Gordillo (2010), p. 223.
- C. Barreiro Gordillo (2010), p. 224.
- F. Silva Muñoz (1993), p. 34 et 38.
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- (es) Antonio MartĂn Puerta, « La AsociaciĂłn CatĂłlica Nacional de Propagandistas durante la fase central del rĂ©gimen de Franco », Hispania Sacra, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Scientifiques (CSIC), vol. 67, no 135,â , p. 329 (ISSN 1988-4265, DOI 10.3989/hs.2015.009, lire en ligne, consultĂ© le ).
- A. MartĂn Puerta (2015), p. 329.
- A. MartĂn Puerta (2015), p. 330. Les passages citĂ©s se trouvent dans F. Silva Muñoz (1993), p. 91-93.
- Bartolomé Bennassar, Franco, Paris, Perrin, coll. « Tempus », (1re éd. 1995) (ISBN 978-2-262-01895-5), p. 223-224.
- Andrée Bachoud, Franco, ou la réussite d'un homme ordinaire, Paris, Fayard, , 530 p. (ISBN 978-2213027838), p. 399.
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Liens externes
- (es) JosĂ© Luis GutiĂ©rrez GarcĂa, « Federico Silva Muñoz », sur Diccionario biogrĂĄfico español, Madrid, Real Academia de la Historia, (consultĂ© le ).