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Accotement

Un accotement est la partie d'une route située entre la limite de la chaussée, au sens géométrique, et le début du talus de remblai ou de déblai, ou en d'autres termes la zone s'étendant de la limite de la chaussée à la limite de la plate-forme[1].

Les accotements, stabilisés ou non, ne font pas partie de la chaussée mais des dépendances routières.

Accotement enherbé sur une route du Danemark
Accotement avec bande dérasée (stabilisée) très étroite en Pologne

Terminologie

En synthèse, les termes suivants sont apparentés au terme accotement :

  • accotement stabilisĂ© : partie ou totalitĂ© de l’accotement dont la structure a Ă©tĂ© renforcĂ©e pour permettre de supporter la charge occasionnelle d'un vĂ©hicule. Ce terme dĂ©signe Ă©galement au QuĂ©bec Ă  la fois la bande dĂ©rasĂ©e et la bande d'arrĂŞt d'urgence[2] ;
  • accotement enherbĂ© : tout accotement qui n’a pas Ă©tĂ© revĂŞtu, qu’il soit stabilisĂ© ou non. Une structure stabilisĂ©e non revĂŞtue s’enherbe en effet très rapidement et donne l’illusion d’un accotement non stabilisĂ© ;
  • accotement revĂŞtu : tout partie d’accotement qui a reçu un revĂŞtement d'Ă©tanchĂ©itĂ© : revĂŞtement bitumineux de type enrobĂ©s ou enduit gravillonnĂ©, ou bien bĂ©ton ;
  • accotement meuble : tout accotement ou partie d’accotement dont la portance est insuffisante pour supporter la charge d’un vĂ©hicule Ă  l’arrĂŞt. Un accotement stabilisĂ© enherbĂ© n’est par dĂ©finition pas meuble. De mĂŞme un accotement non stabilisĂ© mais qui s’est consolidĂ© dans le temps, comme ceux de nombreuses anciennes routes rurales, peut très bien ne pas ĂŞtre meuble ;
  • bande d’arrĂŞt : ce terme est souvent donnĂ© pour bande dĂ©rasĂ©e ;
  • accotement dĂ©nivelĂ© : accotement dont le niveau d’arase est supĂ©rieur ou infĂ©rieur au niveau de la chaussĂ©e. Une trop grande dĂ©nivellation peut ĂŞtre dangereuse ;
  • zone d'immobilisation : ce terme dĂ©signe, en Belgique, la bande dĂ©rasĂ©e[3].

Structure des accotements

Routes de rase campagne Ă  faible trafic

Accotement de rase-campagne sans partie stabilisée

Sur les routes de rase campagne supportant un faible trafic et de conception ancienne, l’accotement n’est en général ni revêtu, ni stabilisé. Sa structure est constituée de matériaux de remblais non issus de carrière et revêtus de terre végétale. Ce type d’accotement est enherbé, sans pour autant qu’il ait été engazonné lors de sa création, l’herbe poussant naturellement.

Bien qu’il ne soit pas stabilisé, ce type d’accotement peut malgré tout supporter l’arrêt d’un véhicule léger qui s’y arrêterait en urgence. Pour les routes anciennes, les matériaux constitutifs se consolident en effet souvent avec le temps et acquièrent une certaine portance permettant de supporter la charge d’un véhicule léger, voire lourd.

Si ces accotements contiennent trop de matériaux argileux, la consolidation ne peut pas s’effectuer et les accotements restent meubles, particulièrement en cas de pluie. Devant de tels accotements, le gestionnaire de la voirie doit informer l’usager de la voirie avec un panneau de signalisation temporaire indiquant le caractère meuble de l’accotement et donc le danger qu’il y aurait à procéder à une manœuvre d’arrêt dessus.

Routes Ă  moyen et fort trafic

Accotement de rase-campagne sans partie stabilisée

Sur les routes à moyens et fort trafic, une partie de l’accotement est stabilisée, c’est-à-dire renforcée pour pouvoir supporter des charges occasionnelles lourdes roulantes ou à l’arrêt. Cette bande est communément appelée accotement stabilisé et, sur le plan technique, bande dérasée.

Sur le plan technique, l’accotement comprend ainsi en général deux parties :

  • la bande dĂ©rasĂ©e, est souvent appelĂ©e accotement stabilisĂ© ou bande d’arrĂŞt et quelquefois bande d’arrĂŞt d’urgence (improprement car ce terme est usuellement rĂ©servĂ© aux bandes dĂ©rasĂ©es sur autoroutes). Elle a une structure similaire Ă  celle de la chaussĂ©e et permet de supporter un vĂ©hicule procĂ©dant Ă  une manĹ“uvre d’évitement ou bien Ă  un arrĂŞt d’urgence. La bande dĂ©rasĂ©e peut ĂŞtre stabilisĂ©e ou revĂŞtue. Sur les routes Ă  chaussĂ©es sĂ©parĂ©es, on distingue bande dĂ©rasĂ©e de droite et bande dĂ©rasĂ©e de gauche ;
  • la berme, qui est constituĂ©e de matĂ©riaux terreux et n’a pas la cohĂ©sion ni la portance suffisante pour supporter un vĂ©hicule.

Autoroutes

La bande dérasée de droite d’une autoroute dans les pays dont la circulation est à droite, est dimensionnée non seulement pour recevoir un véhicule s’arrêtant, mais aussi pour permettre la circulation des véhicules de secours, d’entretien ou d’exploitation. Elle est alors appelée en Europe francophone bande d'arrêt d'urgence[4].

Au Québec, le terme de bande d’arrêt d’urgence n’est pas employé de manière usuelle. Le terme de accotement stabilisé y est préféré, même dans le cas des autoroutes. Le terme de bande d’arrêt d’urgence est toutefois rencontré dans de nombreuses publications techniques.

Accotement sur autoroute

Largeur de l’accotement

Largeur hors-tout

Sauf circonstances particulières comme les routes en relief difficile ou disposant de peu d’emprise, il est souhaitable que la largeur de l’accotement ne soit pas infĂ©rieure Ă  1,50 m.

Largeur de la bande dérasée

La bande dérasée doit permettre l’arrêt d’un véhicule. Selon le trafic supporté par la voie principale, on peut admettre un empiètement plus ou moins grand sur la chaussée.

Aux États-Unis

On considère que pour s’arrĂŞter dans des conditions sĂ©curisĂ©es sur l’accotement, l’espace entre le vĂ©hicule arrĂŞtĂ© et la bande de roulement doit ĂŞtre au moins de 0,30 m et de manière prĂ©fĂ©rable 0,60 m. Ceci a conduit Ă  adopter des bandes dĂ©rasĂ©es d’une largeur de m lorsque les conditions le permettent. Une largeur de 0,60 m est considĂ©rĂ©e comme un minimum absolu lorsque les conditions d’espace sont insuffisantes et pour les routes Ă  très faible trafic. Une largeur de 1,8 Ă  2,4 m de la bande dĂ©rasĂ©e sera prĂ©fĂ©rĂ©e dans la plupart du temps[5].

Les routes ou autoroutes très circulĂ©es et supportant un important trafic de poids lourds auront de prĂ©fĂ©rence des bandes dĂ©rasĂ©es revĂŞtues d’une largeur minimale de m et de prĂ©fĂ©rence 3,60 m. NĂ©anmoins les bandes dĂ©rasĂ©es d’une largeur supĂ©rieure Ă  m peuvent inciter les automobilistes Ă  les emprunter comme une voie de roulement usuelle[5].

Lorsque l’on veut amĂ©nager une bande cyclable sur l’accotement, une largeur minimale de 1,60 m de la bande dĂ©rasĂ©e est recommandĂ©e[5].

En France

La bande dĂ©rasĂ©e est gĂ©nĂ©ralement de largeur de m (minimum 1,75 m) pour les routes multifonctionnelles (de types R) et de 2,5 m pour les routes de transit (de type T)[n 1].

En France

Elle est constituĂ©e Ă  partir du bord gĂ©omĂ©trique de la chaussĂ©e d’une surlargeur de chaussĂ©e qui porte le marquage en rive, puis d’une partie dĂ©gagĂ©e de tout obstacle, revĂŞtue et apte Ă  accueillir un vĂ©hicule lourd en stationnement. Aucune dĂ©nivellation ne doit exister entre la chaussĂ©e et la B.A.U. Sa largeur est de 2,50 m, ou de 3,00 m lorsque le trafic poids lourd excède 2 000 v/j (deux sens confondus).

Domanialité en France

Les accotements constituent une dépendance de la voie publique dans le sens où, même s’ils ne sont normalement pas affectés à la circulation elle-même, ils y participent[6]. Ainsi les accotements font partie du domaine public.

De ce fait, tous travaux effectués sur accotement en dehors des travaux liés à la route proprement dite doivent faire l’objet d’une demande d’autorisation auprès du gestionnaire de la voie concernée.

Gestion et entretien

Les accotements non revêtus, qu’ils soient stabilisés ou non, s’enherbent voire se boisent rapidement. L’herbe, lorsqu’elle est haute dans les virages ou aux abords d'une intersection peut constituer une gêne voire masquer la visibilité et diminuer la perception qu’ont les usagers de la route et de son environnement. Elle doit donc être coupée régulièrement.

Cette herbe n’est généralement pas ramassée et contribue à nourrir l’accotement dont l’épaisseur augmente dès lors. À partir d’une certaine hauteur, deux inconvénients apparaissent :

  • l'accotement perd sa fonction d’arrĂŞt d’urgence ;
  • l'accotement peut devenir dangereux pour un usager souhaitant s’arrĂŞter, en lui faisant perdre le contrĂ´le de son vĂ©hicule ;
  • l'eau de ruissellement ne s’écoule plus ou mal sur l’accotement et s’écoule le long de la chaussĂ©e, pouvant occasionner des risques d’accidents ;
  • le milieu tend Ă  s'eutrophiser au dĂ©triment de la biodiversitĂ©.

Au-delĂ  d’une certaine hauteur par rapport Ă  la chaussĂ©e (10 cm en gĂ©nĂ©ral), on doit alors procĂ©der :

  • Ă  la rĂ©alisation de saignĂ©es dans l’accotement pour permettre un bon Ă©coulement de l’eau ;
  • Ă  un dĂ©rasement de l’accotement, c’est-Ă -dire Ă  un nivellement de celui-ci et une Ă©vacuation des matĂ©riaux.

Fauchage

Dans les pays tempérés, l’opération se fait en deux temps :

  • un fauchage de sĂ©curitĂ© de fin juin dĂ©but juillet. Il a pour fonction essentielle de rabattre la hauteur des herbes de façon Ă  dĂ©gager la visibilitĂ© dans les courbes et les carrefours ou accès riverains. Il doit donc se rĂ©aliser avant que cette hauteur ne compromette la visibilitĂ© mais suffisamment tard pour qu’une repousse ne contraigne pas Ă  recommencer avant l’automne.
  • un fauchage d’automne, oĂą l’accotement mais aussi les bords de fossĂ©s sont fauchĂ©s.

Dans les pays tropicaux, l’entretien des accotements peut nécessiter jusqu’à 4 passes par an.

Le fauchage raisonné des accotements atténue les effets négatifs de l'entretien sur la biodiversité faunistique et floristique.

DĂ©broussaillage

Pour évacuer les buissons et autres plantes ligneuses qui peuvent pousser en bordure de talus, un débroussaillage est réalisé en hiver.
Ce débroussaillage peut être fait :

  • manuellement, Ă  la faux, ou Ă  la dĂ©broussailleuse Ă  fil,
  • mĂ©caniquement, Ă  l’aide d’un tracteur Ă©quipĂ© d’une Ă©pareuse.

Les produits de débroussaillage doivent être évacués. Le volume des déchets produits peut être réduit grâce à un broyeur.

DĂ©sherbage chimique

Le désherbage chimique a été très pratiqué des années 1980 aux jusqu'au début des années 1990, et il peut encore être envisagé sur certains accotements lorsque certaines plantes persistent (espèces invasives). Ce type d’activité est de plus en plus réglementé quant aux produits à employer pour éviter toute atteinte à l’environnement. Les pesticides utilisés doivent être homologués pour cet usage[7].

DĂ©rasement

Le dérasement d’accotement consiste à remettre à niveau un accotement en enlevant les matériaux excédentaires par rapport au niveau de la chaussée. Il est réalisé soit manuellement, soit mécaniquement à l’aide d’une pelle mécanique ou d’une niveleuse.

DĂ©lignement

Le délignement d’accotement permet de redonner un alignement au bord de chaussée. Comme pour le dérasement, il est réalisé soit manuellement, soit mécaniquement à l’aide d’une pelle mécanique ou d’une niveleuse.

Gestion différentiée

Il s'agit d'une gestion plus attentive à la biodiversité et au contexte écopaysager ou à l'écopotentialité du site, et en particulier à la flore sauvage, aux arthropodes (insectes pollinisateurs notamment), aux oiseaux, mammifères et amphibiens, écotone avec les milieux riverains (notamment quand il s'agit de prairies, landes et boisement, ou de continuités écologiques, tout en veillant à ne pas favoriser les espèces invasives qui profitent souvent des travaux sur les bords de route pour coloniser de nouveaux milieux.
Dans ce cadre une attention est parfois aussi portée à la pollution lumineuse et au phénomène de roadkill que l'on cherche alors à réduire[8].

Notes et références

Notes

  1. Voir la définition de la typologie des routes en France dans « Classification fonctionnelle des routes nationales en France ».

Références

  1. Dictionnaire de l’Entretien routier – Observatoire national de la Route – Ministère de l’Equipement, du Logement, des Transports et du Tourisme – 1996 – France
  2. Entrées pour accotement et bande d'arrêt d'urgence dans le Grand dictionnaire terminologique en ligne.
  3. Définition de « zone d’immobilisation » sur le site de la Direction générale des routes et autoroutes de Belgique.
  4. ICTAAL – Instruction sur les conditions techniques d’aménagement des autoroutes de liaison – Circulaire du 12 décembre 2000 – SETRA
  5. A policy on geometric design of highways and streets, American Association of State Highway and Transportation Officials (AASHTO), 2001
  6. cf Conseil d’État, 31 mars 1989, Cts Paoli - France
  7. Payani M (1989) L'entretien des dépendances vertes : Guide pratique (résumé)
  8. Association Hommes et Territoires, (2011) Gestion des dépendances routières et bordures de champs à l'échelle de la région Centre, Dans le cadre du Grenelle de l’environnement et de la Trame Verte et Bleue, 2011
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