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Expansion planétaire de l'Homme moderne

L'expansion planĂ©taire de l'Homme moderne dĂ©crit la diffusion de l'Homme moderne Ă  travers toute la planĂšte, aprĂšs sa sortie d'Afrique il y a environ 55 000 ans. Il n'a fallu que quelques milliers d'annĂ©es Ă  l'Homme moderne pour atteindre l'Australie vers l'Est et l'Europe vers le Nord, et un peu plus de temps pour atteindre l'AmĂ©rique puis les iles du Pacifique. Cette description s'appuie sur la thĂ©orie de l'origine africaine de l'Homme moderne.

Expansion des hommes modernes (ùges exprimés en milliers d'années AP)

DĂ©finition

Les vestiges fossiles dĂ©couverts Ă  ce jour donnent Ă  Homo sapiens une origine africaine. Les donnĂ©es gĂ©nĂ©tiques rĂ©guliĂšrement publiĂ©es depuis 1987 indiquent que l'Homme moderne a Ă©mergĂ© en Afrique. La distinction terminologique entre l'espĂšce Homo sapiens, identifiĂ©e par ses fossiles Ă  partir de 300 000 ans, et l'Homme moderne, concept correspondant Ă  l'humanitĂ© actuelle et dĂ©fini Ă  ce jour par la seule gĂ©nĂ©tique, est rĂ©guliĂšrement mise en avant par Jean-Jacques Hublin dans ses interventions, qui lui permettent notamment de souligner que l'Homme ne devient progressivement moderne, aussi bien anatomiquement que cognitivement, qu'il y a moins de 100 000 ans[1].

Des groupes d'Homo sapiens sont vraisemblablement sortis d'Afrique Ă  plusieurs reprises entre 220 000 et 60 000 ans avant le prĂ©sent (AP)[2]. On en trouve des vestiges fossiles en IsraĂ«l datĂ©s de 185 000 ans[3], en IndonĂ©sie et en Chine datĂ©s respectivement de 68 000 et 110 000 ans, et peut-ĂȘtre mĂȘme en GrĂšce ĂągĂ©s de 210 000 ans[4] - [5]. Toutefois, selon les donnĂ©es gĂ©nĂ©tiques, l'humanitĂ© non africaine actuelle serait entiĂšrement issue de la derniĂšre sortie d'Afrique intervenue il y a seulement 55 000 ans[6], sortie qui aurait gĂ©nĂ©tiquement effacĂ© les sorties prĂ©cĂ©dentes. Le prĂ©sent article traite de l'expansion planĂ©taire consĂ©cutive Ă  cette ultime sortie d'Afrique, que l'on peut lire dans le gĂ©nome des populations actuelles, et non des expansions antĂ©rieures, qui n'auraient laissĂ© que des traces fossiles.

L'extension de l'Homme moderne à toute la planÚte se serait faite par micro-déplacements[7], de l'ordre d'une vingtaine de kilomÚtres par génération, déplacements qui, en l'espace de quelques centaines de générations, suffiraient à expliquer le peuplement de l'ensemble de l'Eurasie à partir de l'Afrique, sans qu'il y ait de migration au sens strict, à savoir un mouvement conscient et volontaire d'un ensemble de personnes d'un point à un autre dans un but donné[8].

À sa sortie d'Afrique, puis au cours de son expansion en Europe et en Asie, l'Homme moderne a rencontrĂ© d'autres espĂšces humaines, qui s'Ă©taient dĂ©veloppĂ©es localement pendant plusieurs centaines de milliers d'annĂ©es : l'Homme de NĂ©andertal, l'Homme de Denisova, l'Homme de FlorĂšs, l'Homme de Callao, et peut-ĂȘtre les derniers reprĂ©sentants d'Homo erectus en Asie du Sud-Est. Plusieurs Ă©pisodes d'hybridation se sont produits, hybridation dont les traces se lisent dans le gĂ©nome de l'humanitĂ© actuelle. Cependant, l'hĂ©ritage gĂ©nĂ©tique de ces espĂšces dans notre gĂ©nome demeure marginal, et les confrontations entre groupes ont vraisemblablement Ă©tĂ© nombreuses. Les espĂšces humaines locales ont finalement toutes disparu, probablement sous la pression exercĂ©e par l'Homme moderne[9] - [1].

Génétique des populations

Deux parties du génome humain d'accÚs plus simple ont longtemps été seules exploitées pour déchiffrer l'histoire de l'Homme moderne. L'une est l'ADN mitochondrial et l'autre le chromosome Y. Ce sont les deux seules parties du génome qui ne se recombinent pas au moment de la fécondation. L'ADN mitochondrial et le chromosome Y sont transmis respectivement le long des lignées féminine et masculine.

ADN mitochondrial

Un des modĂšles d'expansion reposant sur l'ADN mitochondrial.

Les populations eurasiatiques appartiennent pour la plupart aux macro-haplogroupes M et N, qui descendent de l'haplogroupe est-africain L3.

De l'Arabie à l'Inde, la fréquence de l'haplogroupe M augmente vers l'est : dans l'Inde de l'est, l'haplogroupe M surpasse en nombre l'haplogroupe N par un ratio de 3 à 1. Cependant, plus on va vers l'Asie de l'Est, plus l'haplogroupe N réapparait en tant que lignage dominant. L'haplogroupe M est prédominant en Asie du Sud-Est mais parmi les AborigÚnes d'Australie, l'haplogroupe N réapparait comme le lignage le plus commun[10].

ADN-Y

L'haplogroupe F est apparu il y a environ 45 000 ans, en Afrique du Nord (dans ce cas il montrerait une seconde vague de migration hors d'Afrique) ou en Asie du Sud. Plus de 90 % des hommes nĂ©s ailleurs qu'en Afrique descendent en ligne masculine du premier porteur de l'haplogroupe F.

ADN autosomal

L'ADN autosomal est la partie non sexuĂ©e du gĂ©nome, qui est transmise par les deux parents et se recombine Ă  chaque gĂ©nĂ©ration. Elle reprĂ©sente l'essentiel du gĂ©nome (22 paires de chromosomes sur 23). En juin 2009, une analyse des donnĂ©es sur les gĂ©nomes SNP de l'International HapMap Project (Phase II) et du CEPH Human Genome Diversity Panel samples a Ă©tĂ© publiĂ©e[11]. Ces modĂšles furent prĂ©levĂ©s sur 1 138 individus qui n'Ă©taient pas liĂ©s[11]. Avant cette analyse, les gĂ©nĂ©ticiens de population s'attendaient Ă  trouver des diffĂ©rences importantes entre les groupes ethniques, avec des allĂšles partagĂ©s entre ces groupes mais diffĂ©rents ou n'existant pas dans les autres groupes[12]. Au lieu de cela, l'Ă©tude de 53 populations Ă  partir des donnĂ©es des HapMap et CEPH a rĂ©vĂ©lĂ© que les groupes de population Ă©tudiĂ©s comprenaient seulement trois groupes gĂ©nĂ©tiques : les Africains, les Eurasiens (qui incluent les natifs d'Europe et du Moyen-Orient, jusqu'Ă  l'ouest de l'actuel Pakistan), et les Asiatiques de l'Est, qui incluent les natifs d'Asie orientale, d'Asie du Sud, des AmĂ©riques et d'OcĂ©anie[12]. L'Ă©tude a montrĂ© que la plupart des diffĂ©rences des groupes ethniques pouvaient ĂȘtre attribuĂ©es Ă  la dĂ©rive gĂ©nĂ©tique, et que les populations africaines modernes ont une plus grande diversitĂ© gĂ©nĂ©tique que les deux autres groupes gĂ©nĂ©tiques[12] - [13]. Ce dernier point s'explique aisĂ©ment quand on considĂšre que la diversitĂ© gĂ©nĂ©tique des Eurasiens n'a dĂ©marrĂ© qu'aprĂšs la sortie d'Afrique, alors que celle des Africains a pu s'accumuler sur une pĂ©riode plus longue.

Sortie d'Afrique

La traversée de la mer Rouge

L'Homme moderne sort d'Afrique il y a environ 55 000 ans[6] - [14]. L'ADN mitochondrial semble indiquer qu'un groupe de porteurs de l'haplogroupe L3 aurait migrĂ© d'Afrique orientale vers la pĂ©ninsule arabique[15].

Certains chercheurs pensent que seules quelques personnes ont quittĂ© l'Afrique dans le cadre d'une unique migration et qu'elles ont peuplĂ© le reste du monde. Seul un petit groupe de prĂšs de 150 personnes aurait franchi la mer Rouge. C'est pourquoi, de tous les lignages prĂ©sents en Afrique, seules les filles d'un seul lignage, L3, sont prĂ©sentes hors d'Afrique. S'il y avait eu plusieurs migrations, on trouverait plus d'un lignage africain hors d'Afrique. Les filles du L3, les lignages M et N, sont peu frĂ©quentes en Afrique subsaharienne (l'haplogroupe M1 est trĂšs ancien et diversifiĂ© en Afrique du Nord et en Afrique du Nord-Est) et semblent y ĂȘtre arrivĂ©es rĂ©cemment. Une explication possible est que ces mutations se sont produites en Afrique de l'Est peu avant l'exode et, par effet fondateur, sont devenues les haplogroupes dominants aprĂšs la sortie d'Afrique. Les mutations ont aussi pu se produire peu aprĂšs la sortie d'Afrique.

D'autres chercheurs ont proposé un modÚle de dispersion double selon lequel il y aurait eu deux sorties d'Afrique, dont l'une par la mer Rouge, qui se serait dirigée vers l'Inde en traversant les régions cÎtiÚres (la route de la CÎte), et qui serait représentée par l'Haplogroupe M. La seconde impliquerait un autre groupe, porteur de l'haplogroupe N, qui aurait suivi le Nil à partir de l'Afrique de l'Est, se dirigeant vers le nord et gagnant le Levant à travers le Sinaï. Puis, ce groupe se serait séparé dans plusieurs directions, certains allant en Europe et d'autres se dirigeant vers l'est, en Asie[16]. Cette hypothÚse tente d'expliquer pourquoi l'haplogroupe N est prédominant en Europe et pourquoi l'haplogroupe M y est absent. Cependant, une population de pionniers européens qui, initialement, possédait à la fois les haplogroupes M et N pourrait avoir perdu l'haplogroupe M en raison d'une dérive génétique accélérée par un éventuel goulet d'étranglement de population.

Les preuves d'une migration vers l'est par la cĂŽte d'Arabie ont pu ĂȘtre en partie dĂ©truites par la montĂ©e du niveau de la mer pendant l'HolocĂšne[17] - [18].

Une calotte crĂąnienne fossile d'Homo sapiens, notĂ©e Manot 1, dĂ©couverte en 2008 dans la grotte de Manot, en GalilĂ©e occidentale (IsraĂ«l), publiĂ©e en 2015 avec une datation de 54 700 ans +/- 5 500 ans avant le prĂ©sent, est le plus ancien fossile de morphologie moderne trouvĂ© Ă  ce jour au Levant. Sa datation semble indiquer un probable contact des hommes modernes avec les populations nĂ©andertaliennes contemporaines du Levant, reprĂ©sentĂ©es par les fossiles nĂ©andertaliens de la grotte de KĂ©bara, datĂ©s d'environ 60 000 ans, et de la grotte d'Amud, datĂ©s d'environ 55 000 ans. Selon les Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques, cette pĂ©riode correspond Ă  l'Ă©poque estimĂ©e de l'hybridation des NĂ©andertaliens avec les hommes modernes, juste aprĂšs leur sortie d'Afrique. Cette dĂ©couverte tend Ă  appuyer la thĂ©orie d'une derniĂšre sortie d'Afrique par le Levant plutĂŽt que par la mer Rouge[19].

Hybridation avec NĂ©andertal

Les Ă©tudes gĂ©nĂ©tiques publiĂ©es depuis 2010 montrent une hybridation des hommes modernes non africains avec l'Homme de NĂ©andertal, qui aurait eu lieu au Proche-Orient juste aprĂšs leur sortie d’Afrique.

Le séquençage de l'ADN nucléaire néandertalien est effectué depuis 2010 par les équipes de l'Institut Max-Planck de Leipzig dirigées par Svante PÀÀbo[20]. La comparaison avec l'ADN de l'humanité actuelle montre que 1,8 % en moyenne du génome d'un non-africain actuel sont d'origine néandertalienne. Les populations non-africaines ayant sans aucune exception une part de gÚnes néandertaliens, et ce dans des proportions trÚs proches, on en conclut que l'hybridation avec Néandertal s'est produite juste aprÚs la derniÚre sortie d'Afrique.

En 2014, l'Ă©tude du gĂ©nome d'un fĂ©mur d'Homo sapiens, dĂ©couvert Ă  Ust-Ishim, en SibĂ©rie occidentale, et datĂ© d'environ 45 000 ans avant le prĂ©sent, confirme l'hybridation avec NĂ©andertal et permet d'estimer qu'elle aurait eu lieu environ 10 000 ans plus tĂŽt, c'est-Ă -dire il y a environ 55 000 ans[6].

Diffusion australe

Représentation du modÚle de migration cÎtiÚre, avec indication du développement ultérieur de trois haplogroupes mitochondriaux à partir de trois populations centrées respectivement sur le Proche-Orient, l'Inde et l'Asie orientale

Il y a environ 55 000 ans, l'Homme moderne se rĂ©pand du Moyen-Orient vers l'Asie du Sud en suivant plus ou moins la route cĂŽtiĂšre. Un peu plus tard, d'autres poursuivent vers l'Australie, qu'Homo sapiens a trouvĂ©e vierge de toute population humaine.

Le groupe qui a traversĂ© la Mer Rouge aurait voyagĂ© le long de la cĂŽte de l'Arabie et de la Perse jusqu'Ă  atteindre l'Inde. Celle-ci semble ĂȘtre le premier lieu majeur d'expansion dĂ©mographique. L'haplogroupe M est trouvĂ© frĂ©quemment le long des rĂ©gions des cĂŽtes sud du Pakistan et de l'Inde et il possĂšde sa plus grande diversitĂ© en Inde, montrant que c'est ici que les mutations se sont passĂ©es[21] - [22]. 60 % de la population indienne appartient Ă  l'haplogroupe M. Le peuple indigĂšne des Îles Andaman appartient Ă©galement au lignage M. On pense que les Andamanais possĂšdent les gĂšnes des premiers habitants de l'Asie en raison de leur long isolement de l'Asie continentale. On trouve les traces de la route cĂŽtiĂšre des premiers colons d'Asie, de l'Inde jusqu'en Papouasie-Nouvelle-GuinĂ©e.

Puisque l'haplogroupe M est Ă©galement trouvĂ© frĂ©quemment dans les hautes terres de la Nouvelle-GuinĂ©e, et que les Andamanais et les habitants de la Nouvelle-GuinĂ©e ont une peau sombre et des cheveux de type africain, certains scientifiques pensent que ceux-ci font tous partie de la mĂȘme vague migratoire ayant franchi la Mer Rouge il y a environ 55 000 ans. Les recherches de Harding et al. (2000, p. 1355) montrent que, au moins en raison de la couleur de la peau sombre, le fond de l'haplotype MC1R des Papous-NĂ©o GuinĂ©ens (un des nombreux gĂšnes impliquĂ©s dans la production de mĂ©lanine) est le mĂȘme que celui des Africains (Ă  l'exception d'une seule mutation silencieuse). Ainsi, bien que ces groupes asiatiques soient gĂ©nĂ©tiquement distincts des Africains, la sĂ©lection de la couleur de peau sombre a sĂ»rement continuĂ© (au moins pour le MC1R) aprĂšs l'exode. Les migrants originels venus d'Afrique ressemblaient probablement aux Africains actuels (au moins s'agissant de la couleur de la peau), ce qui expliquerait que les restes de ce phĂ©notype soient trouvĂ©s chez les Andamanais et les NĂ©o-GuinĂ©ens. D'autres suggĂšrent que leur ressemblance physique pourrait rĂ©sulter d'une convergence Ă©volutive[23] - [24].

Hybridation avec Denisova

Plusieurs Ă©tudes publiĂ©es depuis 2010, basĂ©es sur le sĂ©quençage de l'ADN nuclĂ©aire extrait d'une phalange et de dents dĂ©nisoviennes trouvĂ©es dans la grotte de Denisova, en SibĂ©rie, montrent que l'Homme de Denisova a contribuĂ© Ă  hauteur de 2 Ă  4 % au gĂ©nome des MĂ©lanĂ©siens et AborigĂšnes d'Australie actuels. Le gĂ©nome des Asiatiques d'ExtrĂȘme-Orient montre Ă©galement des gĂšnes dĂ©nisoviens, mais dans une proportion beaucoup plus faible d'environ 0,2 %. L'Homme de Denisova aurait Ă©tĂ© relativement rĂ©pandu en Asie Ă  la fin du PlĂ©istocĂšne[25].

Peuplement de l'Australie

Les premiers Homo sapiens sont peut-ĂȘtre arrivĂ©s en Australie il y a environ 65 000 ans. Durant la derniĂšre glaciation, le niveau de la mer Ă©tait beaucoup plus bas qu'aujourd'hui. La cĂŽte australienne se situait Ă  environ 100 km de Timor. L'Australie et la Nouvelle-GuinĂ©e formaient un seul continent, appelĂ© Sahul, et Ă©taient reliĂ©es par un isthme situĂ© au niveau de la mer d'Arafura, du golfe de Carpentarie et du dĂ©troit de TorrĂšs. Des hommes auraient naviguĂ© sur de moyennes distances Ă  partir des iles de l'actuelle IndonĂ©sie pour atteindre le Sahul. Puis, par voie terrestre, ils se seraient dispersĂ©s sur l'ensemble du continent.

Les fouilles archĂ©ologiques montrent des traces d'occupation humaine en amont de la Swan River, en Australie-Occidentale, il y a environ 40 000 ans. Il semble que la Tasmanie, elle aussi accessible par voie terrestre Ă  l'Ă©poque, ait Ă©tĂ© atteinte vers 30 000 ans avant le prĂ©sent.

Carte de l'expansion de l'Homme moderne d'aprÚs la génétique des populations fondée sur l'ADN mitochondrial

La route du Nord

La diffĂ©renciation entre groupes humains est due Ă  leur sĂ©paration gĂ©ographique, favorisant une dĂ©rive gĂ©nĂ©tique propre Ă  chaque groupe. Les populations d'Homo sapiens ayant atteint le centre de l'Eurasie il y a 50 000 ans se sont retrouvĂ©es isolĂ©es par les masses glaciaires de l'Himalaya, de l'Hindou Kouch, ainsi que par les dĂ©serts arides, lors du stade isotopique 3 de la glaciation de WĂŒrm (57 000 Ă  30 000 ans AP). Avec une intense pression climatique, ils ont dĂ» s'adapter, physiquement et culturellement, Ă  des climats froids, tout comme l'avaient fait avant eux les hommes de Denisova en Asie. Ces migrations vers des environnements moins ensoleillĂ©s expliquent la dĂ©pigmentation des populations europĂ©ennes et nord-asiatiques, tandis que les populations restant dans les climats tropicaux d'Asie du Sud ont conservĂ© leur pigmentation les protĂ©geant du soleil, comme les NĂ©gritos des Ăźles Andaman, les Papous ou les AborigĂšnes d'Australie.

Le Japon est atteint il y a 30 Ă  40 000 ans.

Peuplement de l'Europe

« L'Homme de Cro-Magnon », dĂ©couvert en 1868 par Louis Lartet en Dordogne, est le premier fossile d'Homo sapiens identifiĂ© en Europe. Il est datĂ© de 28 000 ans.

Homo sapiens arrive en Europe orientale il y a environ 48 000 ans[26]. Il lui faudra 20 000 ans pour remplacer complĂštement l'Homme de NĂ©andertal, Ă©tabli en Europe depuis 400 000 ans et particuliĂšrement bien adaptĂ© au climat glaciaire. Certains des premiers hommes modernes arrivĂ©s en Europe se croisent avec les NĂ©andertaliens d'Europe, mais leur descendance s'est probablement Ă©teinte, car ces Ă©pisodes d'hybridation n'ont pas laissĂ© de traces dans le gĂ©nome des EuropĂ©ens actuels[27].

Les sites du dĂ©but du PalĂ©olithique supĂ©rieur en Europe centrale montrent diffĂ©rentes industries lithiques dites « de transition Â», plus ou moins intermĂ©diaires entre le MoustĂ©rien des NĂ©andertaliens et l'Aurignacien des hommes modernes, et que les chercheurs hĂ©sitent Ă  attribuer Ă  l'un ou l'autre des deux groupes. Il faut attendre 43 000 ans avant le prĂ©sent (AP) pour que l'Aurignacien apparaisse en Allemagne, et 42 000 ans AP en France[26]. Vers 30 000 ans AP, NĂ©andertal n'occupe plus en Europe de l'Ouest que la pĂ©ninsule IbĂ©rique.

Le territoire des Néandertaliens se serait lentement réduit, la compétition entre les deux groupes n'étant pas toujours à l'avantage de sapiens. Les Néandertaliens étaient en effet plus lourds et plus robustes, et donc physiquement plus forts que les hommes modernes, tout en ayant aussi des capacités cognitives avancées. Probablement avantagés par de meilleures facultés de coopération, les hommes modernes ont remplacé progressivement les Néandertaliens[9], dont les derniers refuges en Europe furent le sud de la péninsule Ibérique et la Crimée.

Peuplement de l'Amérique

L'Ă©poque de l'arrivĂ©e des premiers hommes en AmĂ©rique reste controversĂ©e, entre 40 000 et 20 000 ans avant le prĂ©sent. Les actuels AmĂ©rindiens descendent de populations du Nord-est sibĂ©rien qui ont gagnĂ© l'Alaska en traversant la BĂ©ringie, et se sont ensuite diffusĂ©es jusqu'Ă  l'extrĂȘme Sud de l'AmĂ©rique du Sud.

Peuplement du Pacifique

Vers 1 500 av. J.-C., des groupes austronĂ©siens se dĂ©placent vers les iles orientales de l'IndonĂ©sie, puis, devenus les PolynĂ©siens, ils gagnent l'une aprĂšs l'autre les iles du Pacifique, atteignant finalement la Nouvelle-ZĂ©lande il y a seulement 800 ans.

Références

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Bibliographie

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Classiques

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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