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Homme de Ust-Ishim

L’Homme d' Ust'-Ishim est le nom donnĂ© Ă  un fossile d’Homo sapiens trouvĂ© en 2008 près d'Ust'-Ishim, dans la province d'Omsk, en SibĂ©rie occidentale. DatĂ© de 45 000 ans, il s'agit de l'un des premiers Hommes modernes connus en SibĂ©rie[1]. Ce fossile se distingue par la prĂ©servation de son ADN, ce qui a permis en 2014 le sĂ©quençage complet de son gĂ©nome, ainsi devenu le plus ancien gĂ©nome humain moderne sĂ©quencĂ© Ă  ce jour[1].

Homme de Ust'-Ishim
CoordonnĂ©es 57° 44′ 38″ nord, 71° 12′ 00″ est
Pays Drapeau de la Russie Russie
Région Sibérie occidentale
Oblast Omsk
Vallée Irtych
Localité voisine Ust'-Ishim
DatĂ© de 45 000 ans AP
Période géologique Pléistocène supérieur
Époque géologique Paléolithique supérieur
DĂ©couvert le 2008
DĂ©couvreur(s) Nikolai Peristov
Particularités Plus ancien Homo sapiens séquencé
Sexe masculin
Identifié à Homo sapiens
GĂ©olocalisation sur la carte : Russie
(Voir situation sur carte : Russie)
Homme de Ust'-Ishim
GĂ©olocalisation sur la carte : oblast d'Omsk
(Voir situation sur carte : oblast d'Omsk)
Homme de Ust'-Ishim
GĂ©olocalisation sur la carte : Kazakhstan
(Voir situation sur carte : Kazakhstan)
Homme de Ust'-Ishim

DĂ©couverte

Le fossile a été découvert en 2008[2], dépassant d'une rive de la rivière Irtych. Il consiste en un seul ossement, le fémur gauche d'un Homo sapiens de sexe masculin. L'auteur de la découverte est Nikolai Peristov, un sculpteur russe spécialisé dans la sculpture d'ivoire de mammouth[1]. Peristov montra le fossile à un enquêteur en médecine légale qui lui suggéra qu'il pourrait s'agir d'un fossile humain[1]. Le fossile a été nommé d'après le district Ust'-Ishim (en) en Sibérie où il a été découvert[1].

Datation

La datation par le carbone 14 a permis d'Ă©valuer l'âge du fossile Ă  45 000 ans, ce qui en fait le plus ancien fossile d’Homo sapiens connu en SibĂ©rie[1].

Séquençage du génome

Le fossile a été examiné par les chercheurs de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste, situé à Leipzig en Allemagne. Ils ont découvert de l'ADN intact et ont réussi en 2014 à séquencer le génome complet de l'homme d' Ust'-Ishim avec des résultats d'une grande qualité[1]. Bien que des génomes de Néandertaliens plus anciens aient déjà été séquencés, il s'agit du plus ancien génome d'Homme moderne séquencé à ce jour[3].

Eurasiens

L'examen du gĂ©nome sĂ©quencĂ© montre que l'Homme d' Ust'-Ishim s'apparente autant au garçon de Mal'ta, un enfant de quatre ans qui vĂ©cut il y a 24 000 ans le long de la rivière BolchaĂŻa BelaĂŻa, près d'Irkoutsk en SibĂ©rie centrale[4], qu'au chasseur-cueilleur qui vivait Ă  La Braña (en), en Espagne, il y a environ 8 000 ans[3] - [5] - [6]. Cette Ă©gale parentĂ© montre que l'Homme d' Ust'-Ishim appartenait Ă  une population antĂ©rieure Ă  la sĂ©paration entre eurasiens occidentaux (europoĂŻdes) et eurasiens orientaux (mongoloĂŻdes), ou plus vraisemblablement Ă  une population collatĂ©rale ayant divergĂ© du tronc commun avant cette sĂ©paration et n'ayant pas laissĂ© de descendants actuels[2].

Peuplement asiatique

L'Homme d' Ust'-Ishim n'appartient apparemment pas aux deux flux majeurs de peuplement de l'Asie : le premier le long de la côte sud, dont seraient issues les populations Onge des îles Andaman, les Mélanésiens et les aborigènes d'Australie, et le second vers l'Asie du Nord qui aurait donné naissance aux peuples actuels d'Extrême-Orient. L'Homme d' Ust'-Ishim représente vraisemblablement une autre migration vers le continent asiatique qui n'aurait pas donné de descendants parmi les populations humaines actuelles[7].

Peuplement européen

Les études génétiques montrent que l'ascendance des Européens est constituée principalement de 5 lignées distinctes :

  • les Aurignaciens, arrivĂ©s en Europe de l'Ouest il y a environ 43 000 ans, et repliĂ©s en Espagne pendant le dernier maximum glaciaire, il y a environ 20 000 ans ;
  • les Gravettiens, arrivĂ©s en Europe de l'Ouest il y a environ 31 000 ans ;
  • une population non identifiĂ©e de chasseurs-cueilleurs arrivĂ©s d'Anatolie il y a environ 14 000 ans ;
  • les agriculteurs d'Anatolie, qui se sont Ă©tendus vers l'Europe il y a environ 8 500 ans, par la cĂ´te mĂ©diterranĂ©enne et par la vallĂ©e du Danube ;
  • les nomades des steppes de Russie mĂ©ridionale, qui ont migrĂ© vers l'Europe et l'Asie de l'Est et du Sud il y a environ 5 000 ans[8].

Hybridation avec les NĂ©andertaliens

L'analyse du gĂ©nome humain moderne dans diffĂ©rentes populations actuelles rĂ©vèle que des Homo sapiens sortis d'Afrique se sont hybridĂ©s avec des NĂ©andertaliens entre 37 000 et 86 000 ans avant le prĂ©sent[9]. L'ADN des humains modernes non africains contient en effet entre 1,5 et 2,1 % d'ADN d'origine nĂ©andertalienne[10], dissĂ©minĂ© par petits fragments dans leur gĂ©nome. L'ADN nĂ©andertalien chez l'Homme d' Ust'-Ishim apparait en sĂ©quences plus longues, indiquant que le croisement entre les humains modernes et NĂ©andertal a eu lieu peu de temps avant lui[3]. Le calibrage de l'horloge gĂ©nĂ©tique, consĂ©cutive au sĂ©quençage du gĂ©nome de l'Homme d' Ust'-Ishim, a permis d'estimer la date du croisement entre les deux espèces entre 52 000 et 58 000 ans avant le prĂ©sent[3], ce qui correspond Ă  l'âge estimĂ© de la dernière sortie d'Afrique par Homo sapiens, en prĂ©sumant que les sorties d'Afrique antĂ©rieures d'Homo sapiens n'ont pas laissĂ© de descendance dans la population humaine actuelle.

Aucune hybridation entre les Dénisoviens et l'Homme d' Ust'-Ishim n'a en revanche été mise en évidence, bien que les Dénisoviens soient supposés avoir vécu à la même époque en Asie orientale.

Références

  1. Callaway, Ewen & Nature magazine Scientific American, « 45,000-Year-Old Man's Genome Sequenced », (consulté le )
  2. « Earliest modern human sequenced », sur www.mpg.de (consulté le )
  3. (en) Wade, Lizzie, « Oldest human genome reveals when our ancestors had sex with Neandertals », Science,‎ (lire en ligne)
  4. voir culture de Malta-Buret
  5. (en) Michael Balter, « Ancient DNA Links Native Americans With Europe », Science, vol. 342,‎ , p. 409-410 (ISSN 0036-8075 et 1095-9203, PMID 24159019, DOI 10.1126/science.342.6157.409, lire en ligne, consulté le )
  6. Balter, Michael, « How Farming Reshaped Our Genomes », Science, American Association for the Advancement of Science, (consulté le )
  7. Qiaomei Fu, Heng Li, Priya Moorjani et Flora Jay, « Genome sequence of a 45,000-year-old modern human from western Siberia », Nature, vol. 514,‎ , p. 445-449 (ISSN 1476-4687, PMID 25341783, DOI 10.1038/nature13810, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Gibbons, Ann, « Three-part ancestry for Europeans », Science, American Association for the Advancement of Science,‎ (lire en ligne)
  9. Choi, Charles Q., « Humans Broke Off Neanderthal Sex After Discovering Eurasia », LiveScience, (consulté le )
  10. Choi, Charles Q., « Neanderthal Woman's Genome Reveals Unknown Human Lineage », LiveScience, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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