Mélanésie
La Mélanésie (littéralement « îles noires », du grec ancien : μέλας / mélas, « noir » et νῆσος / nễsos, « île ») est l'un des trois grands groupes « traditionnels » d'îles de l'océan Pacifique qui, ensemble, forment l'Océanie. Ce regroupement géographique est aujourd'hui contesté par une partie des géographes, mais il reste très couramment employé, y compris par les pays concernés.
Découpage géopolitique
Historique des subdivisions
Après l'avoir exploré à deux reprises, Jules Dumont d'Urville proposait, en 1831 à la Société de géographie (Paris), une nouvelle organisation du Pacifique en quatre parties :
- la Polynésie (« les nombreuses îles »),
- la Mélanésie (« les îles noires »),
- la Micronésie (« les petites îles ») et
- la Malaisie qui sera plus tard retirée du continent océanien
« Les Mélanésiens offrent une couleur de peau fort variable, dans toutes les nuances du chocolat clair. (…) Les cheveux sont ondulés ou frisés, jamais crépus. (…) Les nez sont souvent aussi fins, aquilins qu'aplatis ou proéminents. (…) La Mélanésie n'a cessé de recevoir des apports constants venus d'un peu partout. » (Jean Guiart, 2008:92)
La Mélanésie traditionnelle
La Mélanésie traditionnelle forme un arc situé au nord et nord-est de l'Australie[1] et au sud de la Micronésie. Sont considérés comme en faisant partie, les États ou territoires suivants[2] :
- les Fidji ;
- la Nouvelle-Calédonie (collectivité d'outre-mer sui generis française) ou « Kanaky » ;
- les Îles Salomon ;
- le Vanuatu ;
- la Nouvelle-Guinée, divisée en 2 parties :
- la Papouasie-Nouvelle-Guinée et sa région autonome de Bougainville ;
- la Nouvelle-Guinée occidentale, faisant partie de l'Indonésie et divisée à son tour en deux provinces Papouasie et Papouasie occidentale.
Ces États ou provinces ne constituent pas un ensemble politique homogène.
Le mot « mélanésien » est employé en linguistique dans l'expression « langues méso-mélanésiennes », qui désigne un sous-groupe de la branche océanienne des langues austronésiennes, parlées en Papouasie-Nouvelle-Guinée et dans les îles Salomon.
De nos jours
Ce regroupement est aujourd'hui contesté[3] par une partie des géographes et les océanistes. Benoît Antheaume et Joël Bonnemaison écrivent ainsi : « il n'y a sans doute pas de coupures profondes, culturelles et même ethniques, entre les sociétés mélanésiennes, polynésiennes et micronésiennes qui, de long temps, se sont nourries de multiples contacts. » (Atlas des îles et États du Pacifique Sud)[4]. Dans le grand public et dans les ouvrages de vulgarisation, cependant, cette nomenclature est couramment adoptée.
En archéologie
En archéologie, le terme de Mélanésie est vague. Pawley & Green (1974) ont proposé d'y distinguer les concepts d'Océanie proche et d'Océanie éloignée.
Notes
- Pour Dumont d'Urville, l'Australie et la Tasmanie faisaient partie de la Mélanésie.
- « Différence entre la Polynésie, la Mélanésie et la Micronésie / La géographie », sur La différence entre des objets et des termes similaires. (consulté le )
- Voir entre autres, cette source du CREDO par Anne Piazza ou cet article de Serge Tcherkézoff , tous deux membres de la Société des Océanistes.
- Benoît Antheaume, Atlas des îles et états du Pacifique Sud, Montpellier Paris, GIP RECLUS PUBLISUD, (ISBN 2-86600-417-5 et 978-2866004170, BNF 37663084)
Références
- (en) Andrew Pawley et Roger Green, « Dating the Dispersal of the Oceanic Languages », Oceanic Linguistics, vol. 12 « Papers of the First International Conference on Comparative Austronesian Linguistics, 1974 », nos 1/2, , p. 1-67 (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- Serge Tcherkézoff, Polynésie/Mélanésie. L'invention française des races et des régions de l'Océanie (XVIe-XIXe siècles), Papeete, Au vent des îles, 2009, (ISBN 978-2-9156-5452-3)
- Jean Guiart, Return to Paradise. Les dossiers oubliés : le fardeau de l'homme blanc, Le Rocher-à-la-Voile, Nouméa 2011,
- Tibor Bodrogi, Colonization and religious movements in Melanesia, 1951, Acta Ethnologica Academiae ScientiarumHunagariae, Budapest,