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Dispersion australe

Dans le contexte de la théorie de l'origine africaine de l'homme moderne, le scénario de la dispersion australe[note 1] fait référence aux premières migrations humaines le long des côtes méridionales de l'Asie, qui partent de la péninsule Arabique, traversent le plateau Iranien et l'Inde et arrivent jusqu'au sud-est asiatique (Sundaland) et en Océanie[4].

Représentation du modèle de migration côtière, avec indication du développement ultérieur de trois haplogroupes mitochondriaux à partir de trois populations centrées respectivement sur le Proche-Orient, l'Inde et l'Asie orientale.

Contexte

La thĂ©orie de la route cĂ´tière est d'abord utilisĂ©e pour dĂ©crire le peuplement initial de la pĂ©ninsule Arabique, de l'Inde, du Sud-Est asiatique, de la Nouvelle-GuinĂ©e, de l'Australie[5], de l'OcĂ©anie proche, des cĂ´tes de la Chine et du Japon aux environs de 70 Ă  60 000 ans avant nos jours[6]. « L'expansion des humains modernes en dehors de l'Afrique, en suivant une route cĂ´tière en Asie du Sud-Est, a d'abord Ă©tĂ© contrariĂ©e par une sĂ©rie d'importants et abrupts changements climatiques. Une pĂ©riode de climat et de niveau des mers relativement stable entre 45 et 40 000 ans BP permet de soutenir une expansion cĂ´tière rapide des humains modernes dans une grande partie de l'Asie du Sud-Est, leur permettant d'atteindre les cĂ´tes du nord-est de la Russie et le Japon vers 38-37 000 ans BP[trad 1] - [7] ».

Études génétiques

Le scénario est appuyé par des études sur la présence et la diffusion des haplogroupes M et N du génome mitochondrial, ainsi que sur la distribution des haplogroupes C et D du chromosome Y dans ces régions[8].

« Les variations de l'ADN mitochondrial dans les populations reliques isolĂ©es en Asie du Sud-Est appuient le point de vue selon lequel il n'y eut qu'une seule migration depuis l'Afrique, probablement selon une route cĂ´tière australe, Ă  travers l'Inde et Ă  l'intĂ©rieur de l'Asie du Sud-Est et de l'Australasie. Il y a eu une ramification prĂ©coce, menant finalement Ă  la colonisation du Proche-Orient et de l'Europe, mais la principale dispersion, de l'Inde vers l'Australie, il y a 65 000 ans, a Ă©tĂ© rapide, ne prenant vraisemblablement que quelques milliers d'annĂ©es[trad 2] - [3]. »

« L'haplogroupe D a peut-ĂŞtre accompagnĂ© un autre groupe, le clan cĂ´tier (haplogroupe C), Ă  l'occasion de la première vague majeure de migration en dehors de l'Afrique, il y a environ 50 000 ans. Profitant pleinement des ressources littorales, ces explorateurs intrĂ©pides ont suivi le littoral de l'Afrique Ă  travers le sud de la pĂ©ninsule Arabique, l'Inde, le Sri-Lanka et l'Asie du Sud-Est. Éventuellement, il est possible qu'ils aient fait le voyage plus tard, en suivant les traces du clan cĂ´tier[trad 3] - [9]. »

La thĂ©orie expose que les premiers Homo sapiens, dont certains porteurs de l'haplogroupe mitochondrial L3, probablement semblables aux populations AustraloĂŻdes d'aujourd'hui (et donc appelĂ©s Proto-AustraloĂŻdes), sont arrivĂ©s dans la pĂ©ninsule Arabique il y a environ 70 000 ans, traversant depuis l'Afrique de l'Est via le dĂ©troit de Bab-el-Mandeb. On estime, sur une population de 2 000 Ă  5 000 personnes en Afrique, que seul un petit groupe, probablement composĂ© de 150 Ă  1 000 personnes, a traversĂ© la mer Rouge[10] - [11]. Le groupe aurait voyagĂ© le long de la route cĂ´tière autour de l'Arabie et de la Perse vers l'Inde, relativement rapidement, en quelques milliers d'annĂ©es seulement. Depuis l'Inde, ses membres se seraient rĂ©pandus en Asie du Sud-Est (« Sundaland ») et en OcĂ©anie (« Sahul »).

« La population du Sud-Est asiatique d'avant 6 000 ans Ă©tait largement composĂ©e de groupes de chasseurs-cueilleurs très semblables aux actuels NĂ©gritos […] Ainsi, le chromosome Y et l'ADN mitochrondial donnent une image claire d'un saut cĂ´tier depuis l'Afrique jusqu'au Sud-Est asiatique puis Ă  l'intĂ©rieur de l'Australie […] L'ADN nous donne un aperçu du voyage, qui a presque certainement suivi une route cĂ´tière via l'Inde[trad 4] - [6]. »

Recul de la datation

Plus rĂ©cemment, au dĂ©but des annĂ©es 2000, de nouvelles dĂ©couvertes laissent penser que la route cĂ´tière aurait Ă©tĂ© empruntĂ©e dès 100 000 ans BP[1], quoique « La vĂ©ritable expansion des hommes modernes commence autour de 60 000 BP et s’opère assez rapidement, Ă  la fois vers le nord et vers l’est. TĂ©moin de cette rapide expansion, la prĂ©sence d’hommes modernes en ExtrĂŞme-Orient autour de 60 000 BP[12]. »

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Nommé aussi « route de la côte »[1] ou « route côtière australe »[2] ou encore « peuplement côtier rapide »[3].

Références

  1. Cécile Dumas, « Sortie d'Afrique : une nouvelle route s'ouvre en Arabie », Sciences et Avenir,‎ (lire en ligne)
  2. (en) Mait Metspalu et al., « The Pioneer Settlement of Modern Humans in Asia », dans Human Mitochondrial DNA and the Evolution of Homo sapiens, (lire en ligne), p. 181-199
  3. (en) Vincent Macaulay, « Single, Rapid Coastal Settlement of Asia Revealed by Analysis of Complete Mitochondrial Genomes », Science Magazine, vol. 308, no 5724,‎ , p. 1034–1036 (lire en ligne)
  4. (en) Phillip Endicott, Mait Metspalu et Toomas Kivisild, The Evolution and History of Human Populations in South Asia : Inter-disciplinary Studies in Archaeology, Biological Anthropology, Linguistics and Genetics, Springer Netherlands, (ISBN 978-1-4020-5561-4, présentation en ligne)
  5. Jean-Jacques Hublin et Bernard Seytre, Quand d'autres hommes peuplaient la terre : nouveaux regards sur nos origines, Flammarion, , 270 p. (ISBN 978-2-08-126043-6, lire en ligne), p. 109
  6. (en) Spencer Wells, The Journey of Man : A Genetic Odyssey, Princeton University Press, (ISBN 0-691-11532-X, lire en ligne)
  7. (en) Kevin O. Pope et John E. Terrell, « Environmental setting of human migrations in the circum-Pacific region », Journal of Biogeography, vol. 35, no 1,‎ , p. 1–21 (DOI 10.1111/j.1365-2699.2007.01797.x, lire en ligne)
  8. (en) Marta Mirazón Lahr et al., « Searching for traces of the Southern Dispersal »,
  9. (en) « The Genographic Project: Genetic Markers, Haplogroup D (M174) », National Geographic Magazine,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Lev A. Zhivotovsky, N.A. Rosenberg et M.W. Feldman, « Features of Evolution and Expansion of Modern Humans, Inferred from Genomewide Microsatellite Markers », American Journal of Human Genetics, vol. 72, no 5,‎ , p. 1171–1186 (DOI 10.1086/375120)
  11. Gary Stix, « The Migration History of Humans: DNA Study Traces Human Origins Across the Continents », (consulté le )
  12. Dominique Garcia et Hervé Le Bras, Archéologie des migrations (colloque international « Archéologie des migrations », INRAP & musée national de l’Histoire de l’immigration, 12 et 13 novembre 2015), La Découverte - INRAP, , 363 p., epub (ISBN 978-2-7071-9942-3, lire en ligne), p. 108-109/503

Citations originales

  1. (en) « The expansion of modern humans out of Africa, following a coastal route into southern Asia, was initially thwarted by a series of large and abrupt environmental changes. A period of relatively stable climate and sea level from c. 45,000 yr bp to 40,000 yr bp supported a rapid coastal expansion of modern humans throughout much of Southeast Asia, enabling them to reach the coasts of northeast Russia and Japan by 38,000–37,000 yr bp »
  2. (en) « […] mitochondrial DNA variation in isolated "relict" populations in southeast Asia supports the view that there was only a single dispersal from Africa, most likely via a southern coastal route, through India and onward into southeast Asia and Australasia. There was an early offshoot, leading ultimately to the settlement of the Near East and Europe, but the main dispersal from India to Australia 65,000 years ago was rapid, most likely taking only a few thousand years. »
  3. (en) « Haplogroup D may have accompanied another group, the Coastal Clan (haplogroup C) on the first major wave of migration out of Africa around 50,000 years ago. Taking advantage of the plentiful seaside resources, these intrepid explorers followed the coastline of Africa through the southern Arabian Peninsula, India, Sri Lanka, and Southeast Asia. Alternatively, they may have made the trek at a later time, following in the footsteps of the Coastal Clan. »
  4. (en) « the population of south-east Asia prior to 6000 years ago was composed largely of groups of hunter-gatherers very similar to modern Negritos ... So, both the Y-chromosome and the mtDNA paint a clear picture of a coastal leap from Africa to south-east Asia, and onward to Australia ... DNA has given us a glimpse of the voyage, which almost certainly followed a coastal route via India. »
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