Diclofénac
Le diclofénac est un dérivé arylacétique, produit qui entre dans la classe des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et qui est largement diffusé dans la pharmacopée mondiale sous diverses appellations.
Diclofénac | |
Identification | |
---|---|
Nom UICPA | acide 2-[2-(2,6-dichlorophenyl)aminophényl]éthanoïque |
No CAS | |
No ECHA | 100.035.755 |
No CE | 239-348-5 |
Code ATC | D11 , M01 , M02 , S01 |
PubChem | 3033 |
SMILES | |
InChI | |
Apparence | Solide |
Propriétés chimiques | |
Formule | C14H11Cl2NO2 [IsomĂšres] |
Masse molaire[1] | 296,149 ± 0,017 g/mol C 56,78 %, H 3,74 %, Cl 23,94 %, N 4,73 %, O 10,8 %, |
pKa | 4.15 [2] |
Propriétés physiques | |
T° fusion | 283 à 285 °C |
Solubilité | 2,37 mg·l-1 (eau, 25 °C)[2] |
Ăcotoxicologie | |
DL50 | 6.11 ± 2.48 mg/L (D. rerio embryo) (144h)[3] |
LogP | 4,51 [2] |
Données pharmacocinétiques | |
Biodisponibilité | 100 % |
Demi-vie dâĂ©lim. | 1 Ă 2 heures |
Excrétion |
biliaire 99 % |
Considérations thérapeutiques | |
Voie dâadministration | Orale, injectable (IM), rectale ou application cutanĂ©e |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
Au Canada, aux Ătats-Unis, en GrĂšce et au Royaume-Uni, il est commercialisĂ© sous le nom de Pennsaid, un produit dĂ©veloppĂ© par la compagnie canadienne Nuvo Research. En France, au Canada et aux Ătats-Unis, il est aussi commercialisĂ© sous le nom Voltaren (ou VoltarĂšne) par GlaxoSmithKline.
Il a Ă©tĂ© trĂšs utilisĂ© en mĂ©decine vĂ©tĂ©rinaire, mais suscite des controverses en raison de sa rĂ©manence environnementale, Ă partir des cadavres d'animaux d'Ă©levage (de vaches en particulier[4]). Il a ainsi intoxiquĂ© de nombreux vautours et animaux nĂ©crophages, conduisant certaines espĂšces au bord de la disparition[5] - [6] - [7] au Pakistan notamment[8] et sur tout le sous-continent indien[9] - [10] â cas de l'extinction des vautours en Inde â oĂč les vautours jouent un rĂŽle sanitaire important en Ă©liminant rapidement les cadavres.
Présentation
- Topique cutané acide
- Comprimé
- Granulés solubles
- Forme injectable (intramusculaire)
- Suppositoire
- Timbre transdermique ou patch
Indications
Anti-inflammatoires, antirhumatismaux non stéroïdiens (code ATC : M01AB05). Le diclofénac est un anti-inflammatoire non stéroïdien dérivé de l'acide phénylacétique du groupe des acides arylcarboxyliques. Il est prescrit en cas de douleurs liées à des inflammations articulaires, à de l'arthrose ou en cas de sciatique. Il possÚde les propriétés suivantes :
- activité antalgique ;
- activité antipyrétique ;
- activité anti-inflammatoire ;
- inhibition de courte durée des fonctions plaquettaires.
L'ensemble de ces propriétés est lié à une inhibition de la synthÚse des prostaglandines.
Effets secondaires
Ils sont essentiellement digestifs et sont communs aux autres anti-inflammatoires non stéroïdiens. La prise de diclofénac augmente le risque de survenue de maladies cardiovasculaires et d'insuffisance cardiaque[11]. Ainsi, le risque d'incident cardiovasculaire de personnes qui commencent leur traitement à base de diclofénac augmente de 50 % par rapport à celles qui ne prennent rien[12].
Effets indésirables possibles
- Accident thrombotique artériel
- Infarctus aigu du myocarde
- Accident vasculaire cérébral
- Flatulence
- Stomatite ulcérative
- Douleur abdominale
- Méléna
- HématémÚse
- Leucopénie
- Agranulocytose
- Thrombopénie
- Purpura thrombopénique
- Aplasie médullaire
- Anémie hémolytique
- Choc anaphylactique
- RĂ©action anaphylactoĂŻde
- Bronchospasme
- Pneumopathie d'hypersensibilité
- Vascularite
- Purpura allergique
- Hypotension
- Insomnie
- Irritabilité
- Céphalée
- Ătourdissement
- Vertige
- Somnolence
- Paresthésie
- Convulsions
- Tremblement
- MĂ©ningite aseptique
- Bourdonnement d'oreille
- Asthénie
- Vision trouble
- Diplopie
- Insuffisance cardiaque
- ĆdĂšme
- Hypertension artérielle
- Nausée
- Vomissement
- Diarrhée
- Dyspepsie
- Anorexie
- Crampe abdominale
- Douleur Ă©pigastrique
- Ăructation
- UlcÚre gastroduodénal
- Perforation digestive
- HĂ©morragie digestive
- Rectite
- Colite hémorragique
- Exacerbation de rectocolite hémorragique
- Exacerbation de maladie de Crohn
- Exacerbation de colite ulcéreuse
- Pancréatite
- Constipation
- Irritation locale
- Anite
- ĂlĂ©vation des transaminases
- HĂ©patite
- IctĂšre
- HĂ©patite fulminante
- Ăruption cutanĂ©e
- Urticaire
- Syndrome de Stevens-Johnson
- Syndrome de Lyell
- Dermatose bulleuse
- Eczéma
- Alopécie
- RĂ©action de photosensibilisation
- Rétention hydrosodée
- Hyperkaliémie
- Insuffisance rĂ©nale aigĂŒe
- NĂ©phrite interstitielle
- NĂ©crose tubulaire aigĂŒe
- Syndrome néphrotique
- NĂ©crose papillaire
Contre-indications
- Au-delà de cinq mois de grossesse révolus.
- Antécédents d'allergie ou d'asthme déclenchés par la prise de diclofénac ou de substances d'activité proche, telles qu'autres AINS, aspirine.
- Hypersensibilité à l'un des excipients.
- UlcÚre gastroduodénal en évolution.
- Insuffisance hépatocellulaire sévÚre.
- Insuffisance rénale sévÚre.
- Insuffisance cardiaque sévÚre non contrÎlée.
- Enfant de moins de 16 kg, en raison du dosage inadapté de ce médicament.
- Antécédents de rectites ou de rectorragies (contre-indication liée à la voie d'administration) : suppositoires à 25 mg et à 100 mg.
- Troubles de l'hémostase ou traitement anticoagulant en cours ; contre-indication liée à la voie intramusculaire (solution injectable à 25 mg·ml-1).
En France, l'Agence nationale de sĂ©curitĂ© du mĂ©dicament et des produits de santĂ© (ANSM) indique le 22 aoĂ»t 2013 que les Ă©valuations menĂ©es en 2012-2013 par le ComitĂ© des mĂ©dicaments Ă usage humain (CHMP) contre-indiquent le diclofĂ©nac « chez les patients atteints dâinsuffisance cardiaque avĂ©rĂ©e, de cardiopathie ischĂ©mique, dâartĂ©riopathie pĂ©riphĂ©rique et/ou de maladie vasculaire cĂ©rĂ©brale » et recommande que le traitement ne soit instaurĂ© qu'« aprĂšs une Ă©valuation du rapport bĂ©nĂ©fice/risque chez les patients prĂ©sentant des facteurs de risque cardiovasculaires (hypertension artĂ©rielle, hyperlipidĂ©mie, diabĂšte sucrĂ© et tabagisme)[13] - [14]. »
MĂ©tabolisme
Le diclofénac est métabolisé rapidement et pratiquement totalement, essentiellement au niveau du foie. L'excrétion est à la fois urinaire et fécale. La demi-vie d'élimination plasmatique du diclofénac inchangé se situe autour de 1 à 2 heures. La clairance plasmatique totale est d'environ 263 ml·min-1.
Médecine vétérinaire et écotoxicologie
Le diclofĂ©nac Ă©tait largement utilisĂ© pour le bĂ©tail en Asie du Sud dans les annĂ©es 1990 ; son emploi a menĂ© plusieurs espĂšces de vautours Ă la quasi-extinction comme le cas de l'extinction des vautours en Inde[5], ce qui a secondairement provoquĂ© de graves problĂšmes sanitaires (prolifĂ©ration des chiens errants et Ă©pidĂ©mie de rageâŠ). Le diclofĂ©nac a aussi presque fait disparaitre le vautour de lâespĂšce Gyps en Asie du Sud[15].
L'ONU, via le PNUE a encadrĂ© la signature d'un MĂ©morandum dâEntente sur la conservation des oiseaux de proie migrateurs dâAfrique et dâEurasie, qui « souligne le nombre important de rapaces migrateurs dâAfrique-Eurasie ayant un statut de conservation dĂ©favorable au niveau rĂ©gional et/ou mondial rĂ©sultant de lâempoisonnement qui, dans certains cas, est liĂ© au braconnage dâespĂšces menacĂ©es telles les Ă©lĂ©phants et les rhinocĂ©ros ».
Et un Groupe de travail sur les vautours a Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour prĂ©parer un Plan dâaction Vautours relatif Ă la conservation des 15 espĂšces de vautours migratrices du âvieux mondeâ en vue du rĂ©tablissement d'un Ă©tat de conservation favorable pour ces espĂšces avant 2029 (plan adoptĂ© par la RĂ©solution 12.10)[16].
Parmi les mesures visant Ă essayer de freiner en Asie la rĂ©gression des vautours figurent des « restaurants pour vautours » qui sont des aires de nourrissage oĂč les administrations et les Ă©leveurs peuvent venir dĂ©poser les cadavres jugĂ©s assez « sains » pour les nourrir Ă moindre risque[17]. Un problĂšme similaire existe en Afrique[18]. Les vautours fauves et percnoptĂšres pyrĂ©nĂ©ens sont Ă©galement menacĂ©s par ce mĂ©dicament utilisĂ© en Espagne[19].
Teneurs maximales en résidus
Des rĂ©sidus peuvent ĂȘtre prĂ©sents dans la viande ou le lait. L'EMAE a pour l'Europe mis Ă jour ses recommandations en fĂ©vrier 2009 pour les bovins et porcs[20] :
- chez les bovins, les rĂ©sidus de diclofĂ©nac ne devraient pas dĂ©passer 5 ÎŒg/kg dans le muscle, 5 ÎŒg/kg dans le gras, 5 ÎŒg/kg dans le foie, 10 ÎŒg/kg dans le rein, 0,1 ÎŒg/kg dans le lait ;
- chez le porc, les rĂ©sidus de diclofĂ©nac ne devraient pas dĂ©passer 5 ÎŒg/kg dans le muscle, 1 ÎŒg/kg dans le gras et/ou la peau, 5 ÎŒg/kg dans le foie, 10 ÎŒg/kg dans le rein.
Ătymologie
Le nom « diclofénac » est dérive de son nom chimique : acide 2-(2,6-dichloranilino) phénylacétique. Il a d'abord été synthétisé par Alfred Sallmann et Rudolf Pfister, introduit sous le nom de Voltaren par Ciba-Geigy (aujourd'hui Novartis) en 1973[21].
Notes et références
- Masse molaire calculĂ©e dâaprĂšs « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) « Diclofénac », sur ChemIDplus, consulté le 3 septembre 2009
- Praskova, Eva & Voslarova, Eva & Siroka, Z & Plhalova, Lucie & Macova, S & MarĆĄĂĄlek, Petr & Pistekova, V & Svobodova, Z. (2011). "[Assessment of diclofenac LC50 reference values in juvenile and embryonic stages of the zebrafish (Danio rerio)]". Polish journal of veterinary sciences. 14. 545-9. 10.2478/v10181-011-0081-0.
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- https://www.cms.int/sites/default/files/document/cms_cop13_res.11.15_rev.cop13_f.pdf
- (en) Martin Gilbert, Richard T. Watson, Shakeel Ahmed, Muhamad Asim et Jeff A. Johnson, « Vulture restaurants and their role in reducing diclofenac exposure in Asian vultures », Bird Conservation International, vol. 17, no 1,â , p. 63-77 (ISSN 0959-2709, e-ISSN 1474-0001, DOI 10.1017/S0959270906000621, lire en ligne).
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- Summary opinionâof the committee for medicinal products for veterinary use on the establishment of maximum residue limits, DiclofĂ©nac, EMEA
- (en) Altman, Roy, Bosch, Bill, Brune, Kay, Patrignani, Paola et Young, Clarence, « Advances in NSAID Development: Evolution of Diclofenac Products Using Pharmaceutical Technology », Drugs, vol. 75, no 8,â , p. 859â877 (DOI 10.1007/s40265-015-0392-z, lire en ligne, consultĂ© le )
Annexes
Articles connexes
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- Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Diclofénac