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Dent de Crolles

La dent de Crolles est un sommet du dĂ©partement français de l'Isère s'Ă©levant Ă  2 062 mètres d'altitude dans le massif de la Chartreuse, dans les Alpes. Elle domine Ă  l'est la ville de Crolles et la vallĂ©e du GrĂ©sivaudan, Ă  moins d'une heure de Grenoble. Elle est constituĂ©e de calcaire et parcourue par un important rĂ©seau karstique, qui attire la curiositĂ© de Henri Ferrand dès le tournant du XIXe au XXe siècle ; son exploration en fait la cavitĂ© naturelle la plus profonde connue au monde de 1944 Ă  1953. Il est recherchĂ© des spĂ©lĂ©ologues, avec de nombreuses traversĂ©es souterraines possibles. La source du Guiers Mort, sur le versant septentrional de la montagne, est l'exsurgence de ce rĂ©seau. L'ascension de la montagne, gĂ©nĂ©ralement effectuĂ©e depuis le col du Coq, ne prĂ©sente pas de difficultĂ© en randonnĂ©e pĂ©destre. Depuis les annĂ©es 1920, le nombre de voies d'escalade s'est considĂ©rablement accru.

Dent de Crolles
Vue de la dent de Crolles depuis la montée vers le col du Coq, au sud.
Vue de la dent de Crolles depuis la montée vers le col du Coq, au sud.
GĂ©ographie
Altitude 2 062 m[1]
Massif Massif de la Chartreuse (Alpes)
CoordonnĂ©es 45° 18′ 29″ nord, 5° 51′ 19″ est[1]
Administration
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Auvergne-RhĂ´ne-Alpes
Département Isère
Ascension
Voie la plus facile Depuis le col du Coq
GĂ©ologie
Roches Calcaire
Type Val synclinal perché
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Dent de Crolles
Géolocalisation sur la carte : Isère
(Voir situation sur carte : Isère)
Dent de Crolles

La montagne fait partie du parc naturel régional de Chartreuse, d'une zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique et son plateau sommital se situe en limite méridionale de la réserve naturelle nationale des Hauts de Chartreuse classée Natura 2000. Le chamois, dans les parties abruptes au-dessus de la limite des arbres, et le lynx sont notamment présents.

Toponymie

Le nom Crolles est issu du bas latin crotalare qui a donné crollar en vieux provençal et signifie « crouler »[2], ou d'une variante latine corotulare qui a donné « croller »[3] - [4], ce qui peut être interprété comme une zone d'éboulement, d'écroulement[2] - [3]. Le qualificatif de « dent » est couramment utilisé pour désigner une roche pointue se dressant sur une crête[5].

Si le village de Crolles figure sur la carte de Cassini, le nom de la montagne n'y est pas mentionné[1]. Sur les cartes d'État-Major du XVIIIe siècle, il est appelé Petit Som[1] - [5], du latin summus « point le plus haut »[5] - [6], nom qui est resté pour un sommet secondaire du Grand Som.

GĂ©ographie

Situation

Carte topographique.
Carte topographique de la dent de Crolles.

La dent de Crolles est située dans le Sud-Est de la France, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et le département de l'Isère, à la jonction des territoires des communes de Saint-Pierre-de-Chartreuse au nord, de Saint-Pancrasse au sud-ouest et de Saint-Hilaire. Elle se trouve à trois kilomètres au nord-ouest de Crolles, dix-sept kilomètres au nord-est de Grenoble et à cent kilomètres au sud-est de Lyon. Elle fait partie du massif préalpin de la Chartreuse.

Elle est prolongĂ©e au nord-est, sur la bordure orientale du massif[7], par les rochers de Bellefont (1 975 m) et le Grand Manti (1 818 m), jusqu'au mont Granier (1 933 m). Elle domine la Scia (1 791 m) au nord, le roc d'Arguille (1 768 m) au nord-ouest, et le bec Charvet (1 738 m) au sud-ouest. Au sud-est s'Ă©tend la large vallĂ©e du GrĂ©sivaudan[1].

Topographie

Le sommet s'Ă©lève Ă  2 062 mètres d'altitude[1], ce qui en fait le deuxième du massif de la Chartreuse[8] après Chamechaude (2 082 mètres). Ă€ ses pieds se trouve le plateau des Petites Roches (environ 1 000 mètres) au sud et Ă  l'est, tandis que le col routier du Coq (1 434 mètres) et le col pĂ©destre des Ayes (1 538 mètres) sont Ă  l'ouest[1]. Sur le versant septentrional de ce dernier naĂ®t le ruisseau de la Rajas, un affluent du Guiers Mort dont l'exsurgence jaillit Ă  l'extrĂ©mitĂ© septentrionale de la montagne[1] Ă  1 332 mètres d'altitude[9] et qui se jette dans le RhĂ´ne, alors que sur le versant mĂ©ridional du col naĂ®t le ruisseau des Meunières[1]. Celui-ci est rejoint par le ruisseau de la Gorgette, qui prend sa source dans les falaises occidentales du sommet, pour former le ruisseau de Craponoz[1], un affluent de l'Isère alimentant au passage le lac du Bois de Gramont[1] - [10] - [11]. De mĂŞme, dans les falaises orientales du sommet naissent les ruisseaux des Fangeats, des Terreaux, du Bouchon et de Combemure qui forment le ruisseau de Crolles dont les eaux sont collectĂ©es au sein du canal de la Chantourne[1] - [11].

Soleil de fin d'après-midi d'hiver éclairant un monolithe rocheux, avec un sommet dépassant d'une mer de nuages en arrière-plan.
Vue depuis le pas de l'Œille sur le monolithe éponyme et Chamechaude en arrière-plan au-dessus d'une mer de nuages.

La cime se trouve Ă  l'extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale d'un synclinal perchĂ© lĂ©gèrement inclinĂ© vers le nord[1]. Les falaises occidentales sont parcourues, Ă  une centaine de mètres au nord du sommet, par la brèche du pas de l'Ĺ’ille, nom dĂ©rivĂ© de l'aiguille rocheuse accrochĂ©e Ă  la paroi[8]. Le trou du Glaz s'ouvre Ă©galement dans ces falaises, plus au nord[1], Ă  1 697 mètres d'altitude[9]. Un aven se trouve sur le plateau sommital[1] Ă  1 935 mètres d'altitude[9]. Dans les falaises orientales se trouvent Ă©galement plusieurs grottes dont, du nord au sud, la grotte ou gouffre ThĂ©rèse (1 925 mètres), la grotte Chevalier (1 694 mètres) et la grotte Annette (1 717 mètres)[1] - [9].

GĂ©ologie

Roches de surface érodées parcourues de cannelures.
Vue de lapiaz dans le calcaire urgonien près du sommet.

La dent de Crolles est composée de calcaires reposant sur des roches marneuses. Le plateau et les falaises sommitales constituent un synclinal perché avec un faciès urgonien caractéristique des Préalpes[8] formé par sédimentation marine dans la Téthys alpine au cours du Crétacé inférieur. Il s'agit de l'extrémité méridionale du synclinal oriental de la Chartreuse[12]. L'Urgonien comporte des alternances de couches à orbitolines. La partie inférieure des falaises est faite de calcaire du Barrémien. Elle surplombe les talus marno-calcaires du Hauterivien puis les calcaires du Fontanil correspondant à l'étage du Valanginien. Enfin, la base de la montagne est composée de marnes de Narbonne du Berriasien[8].

Les versants de la montagne sont entrecoupés de failles longitudinales extensives antérieures au plissement et qui ont délimité un graben : la faille de la Gorgette à l'ouest et au nord, la faille du Prayet à l'est. Elles s'amortissent dans les marnes de Narbonne. La faille secondaire du pas de l'Œille coupe l'Urgonien du sud-ouest au nord-est. Le plissement a fait basculer les différents blocs et les a recimentés ; la partie sud-est de la montagne a coulissé d'une quinzaine de mètres vers le bas par rapport au compartiment nord-ouest[8].

Climat

Le massif de la Chartreuse est soumis Ă  un climat ocĂ©anique montagnard. Il agit comme une barrière face aux vents dominants d'ouest venant de l'ocĂ©an Atlantique et reçoit ainsi une grande quantitĂ© de prĂ©cipitations, avec un pic au dĂ©but du printemps et un autre au dĂ©but de l'automne. Un tiers de ces prĂ©cipitations se produit sous forme de neige. De ce fait, l'Ă©paisseur du manteau neigeux au col de Porte (1 326 m) avoisine un mètre fin fĂ©vrier, mais a atteint des hauteurs record de 200 Ă  230 centimètres pour la mĂŞme pĂ©riode en 1979, 1982 et 1985. Toutefois, l'enneigement moyen, qui a diminuĂ© de moitiĂ© depuis cinquante ans[13], est mesurĂ© Ă  cinquante centimètres en moyenne depuis dix ans au cours de l'hiver. Ainsi, depuis les annĂ©es 2000, la neige se maintient en moyenne 150 jours par an au col de Porte, soit trente jours de moins que dans les annĂ©es 1960 ; la prĂ©sence d'un manteau neigeux supĂ©rieur Ă  un mètre a reculĂ© de quinze jours tous les dix ans en moyenne sur la mĂŞme pĂ©riode. Cette observation coĂŻncide avec une hausse des tempĂ©ratures de 1,4 °C depuis un demi-siècle sur une pĂ©riode du 1er dĂ©cembre au 30 avril[14].

Faune et flore

Huit chamois dans un terrain peu pentu, mi-rocheux mi-herbeux.
Vue d'une harde de chamois Ă  la dent de Crolles.

Parmi les mammifères recensés dans la réserve des Hauts de Chartreuse figurent le chamois, le Lynx boréal et plusieurs espèces de chiroptères : la Barbastelle d'Europe, la Sérotine de Nilsson, l'Oreillard roux, le Murin de Brandt, le Murin de Daubenton, le Murin à moustache, le Murin de Bechstein, le Petit rhinolophe, le Grand rhinolophe[15] - [16]. Les oiseaux présents sont en particulier l'Aigle royal, l'Hirondelle de rochers, le Cassenoix moucheté, le Chocard à bec jaune, le Tétras lyre, qui vit en lisière supérieure de forêt, et le Tichodrome échelette[15] - [16]. Dans les milieux humides vivent la Salamandre tachetée, le Triton alpestre, l'Alyte accoucheur et le Pélodyte ponctué[16]. Les reptiles sont représentés par le Lézard vert, le Lézard des murailles, la Couleuvre verte et jaune, la Coronelle lisse et la Couleuvre d'Esculape[16]. Les invertébrés sont représentés par trois espèces de libellules ou demoiselles, à savoir le Cériagrion délicat, l'Agrion de Mercure et le Cordulégastre bidenté, par l'espèce de papillon hermite, ainsi qu'un coléoptère, la Rosalie des Alpes[15] - [16].

Différents biotopes couvrent la réserve, et en particulier la dent de Crolles : des lisières xérothermophiles, des prairies à Molinie bleue, des hêtraies neutrophiles, des pessières subalpines, des forêts de Pin sylvestre, des tourbières ou encore des tufières[15]. Ils abritent de nombreuses plantes. Parmi elles, la Buxbaumie verte est une espèce de mousse qui fait l'objet d'une étude renforcée[15] - [16]. Les fougères sont représentées par le Polystic à aiguillon, la Cystoptéride des montagnes, le Lycopode des Alpes et l'Ophioglosse des Alpes[16]. Les autres plantes recensées sont l'Aconit anthore, l'Arabette droite, l'Arabette des rochers, l'Arabette à feuilles de serpolet, l'Asperge à feuilles étroites, l'Aster amelle, la Clématite des Alpes, l'Avoine cultivée, l'Avoine soyeuse, le Buplèvre à longues feuilles, la Campanule à larges feuilles, la Carline à feuilles d'acanthe, le Centranthe à feuilles étroites, le Céphalaire des Alpes, la Dorine à feuilles opposées, la Circée des Alpes, le Cirse tubéreux, la Racine de corail, la Crépide rongée, le Cynoglosse d'Allemagne, le Cynoglosse des montagnes, le Sabot de Vénus, l'Orchis de Traunsteiner, le Daphné des Alpes, l'Œillet superbe, l'Épipactis de Müller, l'Épipogon sans feuilles, le Panicaut des Alpes, la Gagée jaune, le Gaillet oblique, la Gentiane d'Allemagne, l'Orchis odorant, l'Épervière de Lawson, le Millepertuis à sous, la Balsamine des bois, l'Inule de Suisse, le Laser odorant, le Laser de Prusse, la Gesse noire, la Listère cordée, la Lunaire vivace, la Minuartie à feuilles capillaires, le Myosotis à petites fleurs, la Bugrane buissonnante, l'Ophrys abeille, l'Orobanche blanche, l'Orobanche du sermontain, la Pédiculaire ascendante, la Grassette à grandes fleurs, la Grassette à éperon étroit, le Pâturin hybride, la Potentille luisante, la Primevère auricule, la Pirole intermédiaire, la Pirole à feuilles rondes, la Renoncule à feuilles de parnassie, la Renoncule de Séguier, l'Orpin rose, la Scorsonère d'Espagne, la Stipe pennée, la Tozzie des Alpes, la Valériane celte, la Valériane des débris, la Pensée du Mont-Cenis et la Gagée de Burnat[16] - [17].

Histoire

Inscriptions sur la paroi de la galerie d'entrée du Trou du Glaz.
Inscriptions sur la paroi de la galerie d'entrée du Trou du Glaz.

L'exploration des profondeurs de la dent de Crolles dĂ©bute avant 1806[18] et est reprise en 1899 Ă  l'instigation d'Henri Ferrand, prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© des touristes du DauphinĂ©. Il fait alors appel Ă  l'un des prĂ©curseurs de la spĂ©lĂ©ologie en France, Édouard-Alfred Martel, qui explore le trou du Glaz[19]. La mĂŞme annĂ©e, Ferrand publie un ouvrage intitulĂ© La Chartreuse[20]. Dans les annĂ©es 1920, les spĂ©lĂ©ologues parmi lesquels Fernand Petzl et Pierre Chevalier explorent le rĂ©seau souterrain de la montagne et parviennent Ă  faire la jonction entre le trou du Glaz et l'exsurgence du Guiers Mort[19]. Dans le mĂŞme temps, Besse, Flahu et Flick ouvrent une première voie d'escalade dans la paroi orientale, la voie du JB (ou JibĂ©), nom inspirĂ© par le dessin naturel de la roche Ă  cet endroit et donnĂ© plus tard Ă  une grotte Ă  proximitĂ©[19] - [21]. Ils sont suivis par F. Germanaz, J. Jacqueland, A. Reynerie, E. Sibille qui inaugurent la voie des Neuf CheminĂ©es en 1926[22] mais il faut attendre plus de trente ans pour que de nouvelles voies soient ouvertes[19]. Jusque dans la dĂ©cennie 1940, Petzl et Chevalier, en compagnie d'Annette Bouchacourt[9], poussent l'exploration du rĂ©seau Ă  un niveau tel qu'en il devient le plus profond du monde avec 512 mètres[23]. En leur hommage, leurs noms sont donnĂ©s Ă  trois grottes dans la paroi orientale. Deux ans plus tard, la grotte Annette est reliĂ©e (Annette est dĂ©cĂ©dĂ©e en 1944 d'un accident de ski) au trou du Glaz selon une traversĂ©e intĂ©grale sud/nord. En , le dĂ©nivelĂ© nĂ©gatif est portĂ© Ă  603 mètres, entre le gouffre P40 et l'exsurgence du Guiers Mort[9], record mondial conservĂ© jusqu'en 1953[23]. Depuis, de nouvelles explorations ont triplĂ© le dĂ©veloppement du rĂ©seau souterrain, avec dĂ©sormais près de soixante kilomètres, et une profondeur de 673 mètres en 2003[24]. Le puits des Cartusiens rejoint le système en 2007[25]. En 2009 le gouffre Bob Vouay situĂ© presque au sommet est reliĂ© au rĂ©seau[N 1] alors qu'une onzième entrĂ©e a encore Ă©tĂ© dĂ©couverte en 2010[9] - [26].

Randonneurs se pressant autour d'une grande croix et profitant d'un large panorama.
Vue de la croix sommitale avec le mont Blanc en arrière-plan à gauche.

En , la croix sommitale de la dent de Crolles, datant de 1986, est la deuxième d'une longue série à être vandalisée dans le massif de la Chartreuse après celle de la Grande Sure le mois précédent. Une nouvelle croix à double armature métallique blanche est fabriquée avec un ancien pylône électrique ; des lattes en bois y sont fixées[27] - [28]. Elle est hissée par hélicoptère[29] et scellée le par les auteurs de la précédente croix en présence de nombreux randonneurs[27].

Activités

Randonnée

Barres rocheuses dominant une grande pente herbeuse parcourue d'un sentier en zigzag.
Vue des sentiers en amont du col des Ayes, avec le GR 9 qui part sur la gauche Ă  mi-hauteur et le sentier du pas de l'Ĺ’ille plus haut sur la droite.

Il existe deux itinĂ©raires pĂ©destres principaux pour monter au sommet de la dent de Crolles. Tous deux partent de la route montant au col du Coq depuis Saint-Nazaire-les-Eymes, soit depuis le col mĂŞme en suivant le GR 9, soit depuis le dernier lacet quelques centaines de mètres sous le col en remontant un sentier. Ils se rejoignent avant le col des Ayes. Ă€ partir de ce dernier, l'itinĂ©raire remonte le PrĂ©-qui-tue en zigzag vers l'est[1] - [30] - [31]. Environ 200 mètres plus loin, le GR 9 bifurque vers la gauche en direction du trou du Glaz, dans le versant occidental. Peu après, un sentier quitte le GR sur la droite pour remonter le plateau sommital plein sud Ă  travers quelques lapiaz jusqu'Ă  la croix[1] - [30]. Après la bifurcation du GR 9 dans le PrĂ©-qui-tue, le sentier du pas de l'Ĺ’ille se prolonge pour sa part dans la face sud-ouest en passant près du monolithe Ă©ponyme, avec un passage Ă©quipĂ© d'un câble, jusqu'Ă  la brèche. De lĂ , la croix se trouve une centaine de mètres au sud[1] - [31]. Une variante permet de relier directement le GR 9 peu après le trou du Glaz au sentier du pas de l'Ĺ’ille en suivant la sangle de Barrère[30] - [32].

La dent de Crolles peut également être gravie depuis le hameau de Perquelin, à Saint-Pierre-de-Chartreuse, au nord de la montagne. Peu après la fin de la route forestière, il est possible de monter aux sources du Guiers par un sentier à droite ou de monter directement à la combe du Prayet sur la gauche, sous les rochers de Bellefont. Ce sentier finit par déboucher sur le GR 9. Il est possible de quitter celui-ci vers le sud pour longer les crêtes orientales vers le rocher du Midi puis la dent de Crolles, ou un peu plus loin par le sentier du trou du Glaz sur le plateau[1] - [33]. Depuis les sources du Guiers ou directement au sud de Perquelin, plusieurs sentiers mal tracés permettent également de rejoindre le trou du Glaz et la sangle de Barrère[1] - [34].

Depuis l'ex-centre mĂ©dico-chirurgical des Petites-Roches, un sentier mène jusqu'Ă  la cabane du Berger[1] - [35], un abri sommaire Ă  1 500 mètres d'altitude comportant deux couchages sans matelas[36]. De lĂ , une sente se dirige vers le sud-ouest et finit par longer le pied des falaises mĂ©ridionales en passant au pas des Terreaux. Après avoir obliquĂ© vers le nord-ouest, elle rejoint le sentier du pas de l'Ĺ’ille[1] - [35].

Escalade

Montagne enneigée en forme de molaire.
Vue des parois de la dent de Crolles et du rocher du Midi (Ă  droite) en hiver.

Il existe une vingtaine de voies d'escalade en face sud-ouest, une quinzaine en face sud-est et plus de vingt voies dans le rocher du Midi, dans le prolongement nord-est de la paroi[37]. La plupart des voies prĂ©sentent 150 Ă  300 mètres de hauteur ; cinq voies Ă©galent ou dĂ©passent 350 mètres[37] : l’éperon Central ouverte en 1961-1962 par E. Stagni, I. Gambomi, J. Martin, R. Wohlschlag et J. Rod et cotĂ©e 6a Ă  7a[38], Fair-Play ouverte en 2002 par Arnaud Drouet, JĂ©rĂ©my Ponson et Ghislaine Boucherèle et cotĂ©e 6b+[39], La Passion dans l'âme ouverte en 2001 par GaĂ«l Bouquet des Chaux et Benjamin Perrette et cotĂ©e 6b+[40], la voie des TraversĂ©es ouverte en 1965 par S. Gluck, V. Mathias, Y. Morin et A. PĂŞcher et cotĂ©e 5c Ă  6b+[41], situĂ©es toutes quatre dans la face sud-est, et le pilier Sud ouverte en 1961 par M. Bataillou, G. Clerc, S. CoupĂ© et H. Pollet Ă  l'extrĂ©mitĂ© mĂ©ridionale de la montagne et cotĂ©e 5c Ă  6b+[42]. Les difficultĂ©s s'Ă©chelonnent du 4c pour la voie des Neuf CheminĂ©es, la seconde voie ouverte dans la dent de Crolles en 1926[22] au 7a pour l’éperon Central[38], le Y branche de droite ouverte en 1954 par Mme BrĂ©sard et S. CoupĂ©[43] et Excès de zèle ouverte par N. Mariage et T. Peuzin dans la face sud-ouest, voire dans le rocher du Midi au 7b et 7c[37] et mĂŞme une voie 8b pour Carnet d'adresse ouverte en 2002 par P. Mussatto et C. Boudinet[44].

Spéléologie

Entrée sombre d'une grotte.
Vue de l'entrée du trou du Glaz.
Entrée d'une source
Vue de l'intérieur de l'exsurgence du Guiers Mort, sortie des eaux du réseau.

La dent de Crolles compte près de soixante kilomètres de galeries explorĂ©es et, courant 2022, seize entrĂ©es distinctes[45] : l'exsurgence du Guiers Mort[N 2] (1 334 m), le trou du Glaz[N 3] (1 692 m), les grottes Annette[N 4] (1 718 m), Chevalier[N 5] (1 701 m), des Montagnards (1 749 m), la grotte des ExcitĂ©s (1 751 m), l'entrĂ©e des Artistes (1 744 m), le Balcon (1 750 m) et le nid de Choucas (1 890 m), les gouffres ThĂ©rèse[N 6] (1 933 m), P40[N 7] (1 939 m), des Quanta[N 8] (1 937 m), des Cartusiens[N 9] (1 783 m), Bob Vouay[N 10] (2 015 m), Pulpite[N 11] (1 900 m) et une entrĂ©e baptisĂ©e Maxi MĂ©ga Marmotte proche de Chevalier[N 12] (1 679 m) ; la grotte Petzl [N 13](1 688 m) est isolĂ©e du reste du rĂ©seau par une trĂ©mie[9] - [46] - [47]. Cet important rĂ©seau offre plusieurs possibilitĂ©s de traversĂ©es[46] - [47] - [N 14] et lui assurent une importante notoriĂ©tĂ© parmi les spĂ©lĂ©ologues du monde entier[48]. La traversĂ©e entre le trou du Glaz et la grotte Annette est la plus classique et la plus accessible pour les dĂ©butants, avec uniquement six passages en rappel de trente mètres maximum, pour une durĂ©e d'environ six heures[46]. La traversĂ©e entre le P40 et le trou du Glaz offre 249 mètres de dĂ©nivelĂ©, quelques puits arrosĂ©s dans la partie basse et des mĂ©andres relativement Ă©troits qui demandent une bonne technique ; elle peut ĂŞtre enchaĂ®nĂ©e en traversĂ©e jusqu'Ă  l'exsurgence, avec un passage intermĂ©diaire Ă  hauteur du puits P36 un peu plus technique mais dĂ©bouchant sur de vastes galeries fossiles soumises Ă  des courants d'air. Chacun des deux tronçons nĂ©cessite six heures de progression[46]. La plupart des itinĂ©raires souterrains nĂ©cessitent de descendre et parfois remonter des puits[46] - [47].

Plan schĂ©matique du rĂ©seau de la dent de Crolles. Les couleurs correspondent aux diffĂ©rents niveaux, le Guiers Mort Ă©tant le point 0 ; le bleu reprĂ©sente la rivière : niveau 0 Ă  +100 m ; le jaune (le MĂ©tro) le niveau +100 Ă  +140 m ; le rouge (le boulevard des Tritons) le niveau +140 Ă  +200 m ; le vert (Glaz-Annette) le niveau +350 m. Le dĂ©nivelĂ© entre l'entrĂ©e la plus haute, le gouffre Bob Vouay (2 015 m), et la grotte du Guiers Mort est de 681 mètres.

Vol libre

Certains adeptes de parapente et de base-jump[49] utilisent la dent de Crolles comme base de décollage[50].

Protection environnementale

Vue aérienne de la dent de Crolles (à droite) avec Chamechaude au premier plan et le mont Blanc en arrière-plan.

La dent de Crolles est situĂ©e au sein du parc naturel rĂ©gional de Chartreuse, qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă© en 1995 et couvre depuis la rĂ©vision de sa charte en 2008 767 km2[51]. Le sommet fait Ă©galement l'objet d'un classement en zone naturelle d'intĂ©rĂŞt Ă©cologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type I, qui s'Ă©tend sur 5 980 hectares jusqu'au nord du mont Granier[15]. Enfin, au sein de celle-ci[52], sur 4 432 hectares et vingt kilomètres de long, se trouve la rĂ©serve naturelle nationale des Hauts de Chartreuse qui a Ă©tĂ© crĂ©Ă©e en 1997 et dont la gestion est assurĂ©e par le parc naturel rĂ©gional depuis 2001[53]. Elle est reconnue depuis 2002 comme zone Natura 2000[54] destinĂ©e Ă  prĂ©server la biodiversitĂ© et depuis 2013 comme site d'intĂ©rĂŞt communautaire[16].

Dans la culture

Sur un coteau aux couleurs automnales, un village avec un clocher est dominé en arrière-plan par une montagne.
La Dent de Crolles (huile sur carton), Charles Bertier.

La dent de Crolles et le village de Saint-Nazaire-les-Eymes sont représentés sur une toile de 24 × 14,5 cm du peintre paysagiste grenoblois Charles Bertier (1860-1924)[55].

Son sommet enneigé surplombe l'hôtel Olympus et son funiculaire (représenté par le funiculaire de Saint-Hilaire-du-Touvet), dans Les Travaux d'Hercule (titre original : The Labours of Hercules), épisode 4 de la saison 13 de la série consacrée à Hercule Poirot. Dans la fiction, elle se trouve dans les Alpes suisses[56] - [57].

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • La Dent de Crolles et son rĂ©seau souterrain, ComitĂ© dĂ©partemental de spĂ©lĂ©ologie de l'Isère, 1997 (ISBN 2-902670-38-9), 303 p. [lire en ligne]
  • Jean-Marie Couder, La dent de Crolles, la PensĂ©e universelle, 2000 (ISBN 9782214104897), 159 p.

Liens externes

Notes

  1. Fichier:Coupe de la Dent de Crolles au niveau de la Grotte Chevalier.jpg
  2. La grotte du Guiers mort a pour coordonnĂ©es 45° 19′ 33″ N, 5° 51′ 26″ E.
  3. Le trou du Glaz a pour coordonnĂ©es 45° 19′ 02″ N, 5° 51′ 05″ E.
  4. La grotte Annette a pour coordonnĂ©es 45° 18′ 22″ N, 5° 51′ 13″ E.
  5. La grotte Chevalier a pour coordonnĂ©es 45° 18′ 24″ N, 5° 51′ 17″ E.
  6. Le gouffre ThĂ©rèse a pour coordonnĂ©es 45° 19′ 05″ N, 5° 51′ 52″ E.
  7. Le P40 a pour coordonnĂ©es 45° 18′ 45″ N, 5° 51′ 13″ E.
  8. Le gouffre des Quanta a pour coordonnĂ©es 45° 19′ 00″ N, 5° 51′ 52″ E.
  9. Le Puits des Cartusiens a pour coordonnĂ©es 45° 19′ 15″ N, 5° 51′ 42″ E.
  10. Le gouffre Bob Vouay a pour coordonnĂ©es 45° 18′ 35″ N, 5° 51′ 16″ E.
  11. Le gouffre Pulpite IrrĂ©versible a pour coordonnĂ©es 45° 18′ 51″ N, 5° 51′ 21″ E.
  12. La grotte Maxi MĂ©ga Marmotte a pour coordonnĂ©es 45° 18′ 25″ N, 5° 51′ 19″ E.
  13. La grotte Petzl a pour coordonnĂ©es 45° 18′ 34″ N, 5° 51′ 29″ E.
  14. Fichier:La dent de crolles souterraine.2 (2).jpg

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