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Corrida en Amérique latine

La corrida en AmĂ©rique latine s'est implantĂ©e dans les pays oĂą l'empreinte espagnole a Ă©tĂ© la plus ancienne et la plus forte[1]. Au Mexique, oĂą elle a Ă©tĂ© interdite une seule fois Ă  partir de 1867[2] jusqu'aux annĂ©es 1880[3], se trouvent les plus grandes arènes du monde Ă  Mexico avec 50 000 places[4], elle a continuĂ© Ă  se dĂ©velopper au Venezuela malgrĂ© l'interdiction de 1894. Elle est aussi restĂ©e très populaire au PĂ©rou avec la feria de Lima et les Arènes d'Acho, en Colombie avec les ferias de Manizales, Cali, Carthagène des Indes et Bogota, en Équateur avec les ferias de Quito et Riobamba[5].

Lois concernant la tauromachie (y compris la corrida) dans le monde.
  • Interdiction nationale de la tauromachie
  • Interdiction nationale de la tauromachie, mais certaines traditions locales dĂ©signĂ©es exemptĂ©es
  • Quelques interdictions infranationales sur la tauromachie
  • Tauromachie sans mise Ă  mort dans l'arène lĂ©gale (corrida portugaise, ou 'sans sang')
  • Tauromachie avec mise Ă  mort dans l'arène lĂ©gale (corrida espagnole)
  • Pas de donnĂ©es
  • Les frontières des Ă©tats d'AmĂ©rique latine n'ayant pas cessĂ© de varier depuis le XVIe siècle, tout comme les lois autorisant ou interdisant la corrida, la disparition ou le maintien de la tauromachie sur ce continent dĂ©pendent, selon Jean-Baptiste Maudet : « de deux temps forts de la mondialisation occidentale : l’impĂ©rialisme ibĂ©rique, contemporain de la colonisation de l’AmĂ©rique Ă  partir du XVIe siècle, et l’impĂ©rialisme amĂ©ricain, plus ou moins dĂ©guisĂ©, qui s’affirme dès le milieu du XIXe siècle[6]. » Par impĂ©rialisme ibĂ©rique, il faut entendre les pays colonisĂ©s par le Portugal et l'Espagne. En particulier pour le Portugal, il faut citer le BrĂ©sil, qui n'a interdit que très tardivement les courses de taureaux (le ), oĂą elles ont continuĂ© Ă  avoir lieu jusqu'en 1960 malgrĂ© l'interdiction[7].

    La plupart des pays où la corrida est pratiquée possèdent des écoles taurines pour la formation complète de jeunes toreros. Il en existe même aux États-Unis, dans les états limitrophes du Mexique, notamment en Californie où la plus célèbre est la California Academy of Tauromaquia de San Diego[8].

    Au Mexique

    Arènes de Mexico, les plus grandes du monde.
    Entrée des arènes de Mexico.
    Naturelle de Jose Pedro Rodriguez Zavala dans les arènes de Mexico.

    Implantée par les conquistadors le , la corrida a connu le succès dès la première forme de fiesta brava, organisée avec du bétail importé d'Espagne. Les spectacles taurins, très populaires, y ont été renouvelés dès l'année suivante, dans le quartier de l'actuelle cathédrale de Mexico. Puis l'engouement a grandi, obligeant les autorités à construire d'autres plazas : plaza du Volador, de Volados, de Los Pelos, aux formes variables[9]. À partir du XVIIIe siècle, les architectes Iniesta Bejarano et Francisco Antonio de Guerrero y Torres ont adopté des formes quadrangulaires, puis octogonales répandues dans d'autres villes (Aguascalientes, Pátzcuaro, Veracruz), jusqu'à ce que l'évolution de la corrida (nécessité d'un callejón et de burladeros) rende plus logique la forme circulaire vers la fin du XIXe siècle-début du XXe[9].

    La caractĂ©ristique de ces arènes est leur capacitĂ© Ă  accueillir un très grand nombre de spectateurs : de 26 000 places en 1907, la Plaza Monumental de Mexico pouvait recevoir 46 500 personnes en 1994[10], 50 000 en 2003[4]. En 2010, elle a toujours la mĂŞme capacitĂ©[11]. Dans les plus grandes villes comme Aguascalientes ou Guadalajara, les plazas ont une capacitĂ© d'environ 20 000 spectateurs tout comme celles de Tijuana[12], qui a pour vocation d'attirer les touristes des États-Unis[1].

    Comme dans toute l'Amérique latine, les taureaux du Mexique[13] sont plus petits et plus mobiles que leurs cousins espagnols et permettent aux matadors un plus grand nombre de passes. Toute alternative prise en Europe doit être confirmée dans les arènes de Mexico.

    Le Mexique a aussi attirĂ© un certain nombre de toreros yankees, tel le texan Harper B. Lee[14] au dĂ©but du XXe siècle, citĂ© dans toutes les encyclopĂ©dies de « Bullfighting in USA Â»[15]. Il avait reçu l'alternative Ă  Monterrey, mais il dĂ©plorait de n'ĂŞtre pas reconnu au Mexique mĂŞme oĂą pourtant il avait fait des Ă©mules en la personne de John Fulton[16]. Il y a encore David Renk qui enseigne maintenant la tauromachie Ă  la Santa Maria Bullfighting School de La Gloria, au Texas[17], Raquel Martinez, une californienne qui a reçu l'alternative Ă  Tijuana en 1981 les californiens Denis Borba (1986)[18] et Robert Ryan[19], ainsi que des clubs taurins dissĂ©minĂ©s de Los Angeles Ă  New York, et qui se retrouvent dans la « National Association of Taurine Clubs of America »[20] - [21] fondĂ© en 1963 et dont l'activitĂ© principale consiste en des rĂ©unions devant des vidĂ©os de corrida, des confĂ©rences, des bourses au livre. Leur bibliothèque, la Taurine Bibliophile of America, compte 1 500 titres en langue anglaise. Le torero « yankee Â» Sidney Franklin est sans doute celui qui a laissĂ© le plus de trace dans l'histoire de la tauromachie amĂ©ricaine[22].

    Des écrivains ont utilisé la corrida comme scène de fond pour dénoncer les conditions du sous prolétariat au Mexique. Carlos Fuentes dans son roman La Plus Limpide Région (1958) met en scène les pelados (les pauvres) qui sèment la pagaille dans leur coin d'arène à Mexico et plus tard l'anthropologue Oscar Lewis dans son étude Los hijos de Sánchez (1961), à la fois témoignage et roman, revient sur le sujet. Les deux ont soulevé l'indignation des autorités. Le livre d'Oscar Lewis a même été interdit.

    Les toreros mexicains les plus cĂ©lèbres des deux cĂ´tĂ©s de l'Atlantique sont Carlos Arruza, Armillita Chico[23], Pepe Ortiz[24] Ă  qui on attribue l'invention de la passe de muleta appelĂ©e « manoletina Â»[25], Alberto Balderas, Carnicerito de MĂ©jico, Eloy Cavazos, Luis Freg et Rodolfo Gaona, inventeur de la « gaonera Â»[26] - [27] - [28].

    Au Venezuela

    Arènes monumentales de Pueblo Nuevo Venezuela en 2007.
    Vue extérieure des arènes de Pueblo Nuevo en 2007.

    Beaucoup moins bien accueillie au Venezuela, la corrida des conquistadors importĂ©e pour la première fois le , a mis du temps Ă  s'implanter. On perçoit le dĂ©but d'un engouement pour les fĂŞtes de taureaux Ă  Caracas vers 1796[29], date de la construction des premières arènes, puis dans d'autres villes jusqu'en 1894, date Ă  laquelle l'interdiction de mise Ă  mort des taureaux, et de piques, sous l'impulsion d'association protectrices d'animaux donne un coup d'arrĂŞt Ă  la passion taurine. Ce qui n'a pas empĂŞchĂ© la poursuite de corridas dès 1918 et la construction Ă  Valencia d'une Plaza Arenas de 25 000 places, Ă  San CristĂłbal une monumentale de taille Ă©gale Ă  la prĂ©cĂ©dente inaugurĂ©e en 1967, Ă  Maracaibo une arène de 15 000 places en 1972 enfin Ă  Barquisimeto l'arène qui datait de 1946 fut remplacĂ©e par une nouvelle structure[30]. L'Arène de San CristĂłbal, restructurĂ©e en 1995 pour un public de 15 Ă  17 000 personnes continue d'accueillir des corridas très rĂ©gulièrement comme le montrent les cartels de septembre 2010[31], en alternance avec des manifestations sportives.

    La corrida continue à être pratiquée au Venezuela malgré les interdictions, mais son développement est freiné par le manque de bétail adéquat. Les vaches d'origine, importées au XVIe siècle par les conquistadors, ont transité par l'île de Hispañola(divisée ensuite en deux pays : Haïti et la République dominicaine), puis par l'île Margarita[32], ce qui a produit du bétail créole incapable de donner naissance à une véritable caste. D'autre part, certains éleveurs touchés par la révolution bolivarienne et par la réforme agraire de Hugo Chávez ont réduit leur activité[30].

    Une des ferias les plus importantes se déroule à Mérida : la Feria del sol

    Arènes de Mérida.

    Cuba

    « Le cas de Cuba, colonie espagnole jusqu'à la fin du XIXe siècle est presque une caricature. Les corridas n'y furent abolies qu'au début du XXe siècle sous l'occupation des États-Unis. Mais déjà, à cette époque, elles avaient perdu leur enracinement populaire en réaction contre le pouvoir colonial espagnol, toujours plus oppressif. Elles étaient anti-populaires et anti-patriotiques, tandis que le spectacle populaire et patriotique, contre l'Espagne, était le baseball américain, que même Fidel Castro n'a pas essayé de supprimer. Castro a interdit le Coca-Cola à Cuba, mais il s'est bien gardé de toucher au base ball. Lui-même y joue. »

    — Antonio Caballero[33].

    L'implantation de la corrida dans la plus grande partie des Antilles a suivi à peu près la même ligne historique que dans les autres pays d'Amériques latine. Implantée entre 1512 et 1515 (date de la première corrida[34]), elle n'a connu qu'un succès relatif, avec un apogée vers la fin du XIXe siècle due à l'arrivée de figuras espagnoles comme Luis Mazzantini le ou Guerrita l'année suivante. Les corridas furent très suivies de 1890 à 1894 dans les plazas de La Havane, Santiago de Cuba ou Cárdenas[35]. Mais les spectacles taurins disparurent à mesure que les patriotes cubains prenaient le maquis (février 1895). Puis, avec la guerre des États-Unis contre l'Espagne qui se termina par la victoire des premiers, les corridas furent interdites le , par le général John R. Brooke qui prit le commandement de l'île. Interdiction confirmée par le général Leonard Wood, son successeur, le [36].

    PĂ©rou

    Entrée des arènes d'Acho.

    On connaĂ®t mal l'histoire de l'implantation de la tauromachie au PĂ©rou. Il paraĂ®t vraisemblable qu'elle a suivi Ă  peu près la mĂŞme « ligne Â» que son implantation dans les autres pays d'AmĂ©rique latine d'influence espagnole[37].

    Selon Gilbert Lacroix, les premiers spectacles taurins auraient eu lieu dans ce pays en 1538[38]. Un musée taurin a d'ailleurs été construit dans les arènes d'Acho en 1962 pour célébrer les 200 ans de la construction de la plaza édifiée en 1762.

    En 1993, Bartolomé Bennassar notait : « On peut constater que dans les Andes centrales, même dans les bourgs les plus perdus des sierras péruviennes, le spectacle taurin jouit d'une grande popularité »[1]. Le nombre de nouvelles arènes construites dans des villes de faible importance dans la Région de Huánuco (Andes centrales), énumérées ci-dessous, en sont encore la preuve :

    • Arènes de Baños Huánuco, dĂ©partement de Huánuco inaugurĂ©e le [39].
    • Arène de Rondas, inaugurĂ©e le avec une capacitĂ© de 5 000 places[40].
    • Une autre arène est en construction Ă  Pachas dĂ©partement de Huánuco, avec une capacitĂ© de 10 000 places[41].

    Enfin la feria la plus importante dans la région de Huánuco est celle qui se déroule le 28 juillet à l'occasion de la Fiesta Patria (fête de l'Indépendance du Pérou) dans la ville de Huánuco [42]

    Au Pérou, la tauromachie a inspiré un artisanat très actif sur le thème de la représentation du taureau.

    Le taureau a également inspiré des peintres de ce pays, même ceux qui en sont partis comme Albert Lynch, né à Lima en 1851, établi à Paris où il a exposé au salon de 1890, qui a peint plusieurs scènes de genre sur le thème de la corrida, avec « un agencement toujours décoratif, et une élégance très fin de siècle, où apparaissent des femmes un peu rigides »[43] ; ou encore Daniel Hernández (1856-1932), qui est retourné dans son pays après avoir visité la France et surtout l'Espagne[44].

    Les toreros pĂ©ruviens les plus connus sont « El Sargento Â» et la rejoneadora Conchita CintrĂłn[45]. La feria principale se dĂ©roule Ă  Lima fin octobre[46], ou en novembre[47].

    D'autre part, des mesures de protection de la corrida ont été prises le par le tribunal constitutionnel du Pérou : « ...qui a déclaré la corrida « bien culturel immatériel » en précisant, contre les thèses nationalistes qui la nient pour son origine hispanique, qu’elle faisait partie de « la diversité culturelle du Pérou ». Ce classement la met hors de portée de toute initiative législative visant à l’interdire[48]. »

    Colombie

    Le matador bolivien Luis BolĂ­var.
    FĂŞte des fleurs Ă  MedellĂ­n.
    Arène de Bogota la nuit.

    La Colombie est non seulement un pays de corrida, mais aussi des Corralejas, fêtes populaires au cours desquelles on torée dans la même arène plusieurs novillos à la fois. C'est une adaptation des très sérieuses corridas espagnoles, dans un pays qui multiplie les fêtes, et les carnavals : carnaval de Carthagène des Indes pour la chandeleur, carnaval des fleurs à Medellín[49].

    Les correlajas

    Les correlajas sont plus rurales et plus festives que les corridas, mais elles sont aussi plus dangereuses car elles ramènent aux Jeux taurins des villageois en Europe (« capeas »). Il n'est pas rare de voir des gens piétinés, encornés, voire tués. Les banderilleros risquent beaucoup pour planter leurs banderilles, opérant souvent en couple, homme et femme, allant parfois dans les gradins, quémander un billet pour leurs exploits auprès du tout puissant éleveur[50].

    La fête peut durer trois ou quatre jours avec une quarantaine de taureaux lâchés dans l'après-midi. Les picadors font aussi partie du spectacle. Ils harcèlent l'animal avec leurs piques au sortir du toril. Les corralajas semblent s'être développées aux alentours de 1850, selon les récits de Luis Striffler qui parcourut la région en tant que membre d'une commission scientifique[50].

    Corridas

    Elles sont particulièrement impressionnantes grâce à la race de bétail utilisé dans les grandes arènes. Issus de l'élevage du marquis de Valdehoyos, les animaux sont un mélange de taureaux sauvages du nord de la Colombie, croisés avec des taureaux importés d'Éthiopie. Les taureaux sauvages du nord de la Colombie sont eux-mêmes issus d'un croisement entre des bêtes de race zébu et holstein. On les appelle criollos[51].

    Selon Fernando Botero, qui a vécu une douloureuse expérience dans une école de tauromachie :

    « il n'y avait pas beaucoup d'options pour se sortir de la pauvreté en Colombie. Les jeunes pouvaient devenir boxeur, footballeur ou encore matador[52]. »

    À Medellín, son premier contact avec les taureaux de lidia se fait sur instance de son oncle qui l'inscrit dans une école de tauromachie. Cet univers l'effraie, mais va l'inspirer par la suite : ses premiers dessins et peintures auront pour thème la corrida, en particulier dans les années1980[53].

    Les matadors les plus célèbres dans ce pays comme en Europe sont César Rincón, Pepe Cáceres, Luis Bolívar, la vedette étant sans conteste Rincón qui a su réveiller une Europe endormie en affrontant des taureaux durs dont il a réussi à tirer de splendides faenas, alors que les matadors européens « expédiaient » souvent ce genre d'animal le plus rapidement possible. Il a entraîné derrière lui une génération de toreros courageux comme Enrique Ponce.

    Les ferias les plus importantes se déroulent à Carthagène des Indes à la mi-janvier, à Manizales vers le 13 janvier, à Cali fin décembre - début janvier[46].

    Feria de Manizales, Colombie : le paseo.

    .

    Pas de suppression des corridas

    En juillet 2010, le journal El Mundo América signalait que « la Cour constitutionnelle [de Colombie] analysait une demande contre une règle excluant plusieurs spectacles taurins de la liste des traitements cruels à l'égard des animaux » (« La Corte Constitucional analiza una demanda contra una norma que excluye varios espectáculos taurinos de la lista de tratos crueles contra los animales »)[54].

    La cour a finalement repoussé cette remise en cause de la constitutionnalité de l'article 7 de la loi de 1989, qui crée une exception en faveur de la corrida, dans le dispositif de protection des animaux contre la maltraitance. La décision de la Cour s'accompagne cependant de cinq restrictions à son application[55] - [56] - [57]. Le vice-président de la Cour constitutionnelle, Juan Carlos Henao, a admis que l'objectif était d'envoyer un message à la société pour qu'elle s'efforce d'éliminer la célébration de ce genre d'évènements, tout en reconnaissant « que le principe de diversité culturelle prévaut et oblige à maintenir une exception établie dans la loi »[56].

    Selon les termes du président de la cour constitutionnelle, Humberto Sierra Porto[58], rapportés par un journal équatorien, « la corrida est une tradition enracinée et respectable[59].» Ce même journal équatorien annonce le « les corridas de toro ont été déclarées conformes à la constitution[59]. », tout en soulignant que la corrida ne sera autorisée que dans les territoires où elle est une « tradition prouvée et ininterrompue[59] ».

    En outre, le journal El Mundo América rappelle que le 22 novembre 2005, la cour avait débouté une plaignante qui, au nom de la défense des droits des animaux, demandait que les articles de la loi présentant les spectacles taurins comme une expression artistique de l'être humain, soient déclarés inconstitutionnels et qu'on ferme les écoles taurines. La cour avait repoussé les arguments de la plaignante en déclarant constitutionnelle la fiesta brava en considérant le spectacle taurin comme « patrimoine intangible »[60] - [54].

    Cependant, le 10 juin 2020, le Conseil [municipal] de Bogota interdit de blesser ou tuer les taureaux à la corrida[61]. Cette décision interdit de fait la plupart des formes de corridas dans la capitale colombienne[61].

    Équateur

    Les premiers taureaux de race navarraise ont été importés dès le XVIe siècle par les jésuites. Les élevages étaient alors composés de vaches créoles peu aptes à la corrida classique. Ce n'est que dans les années 1970 que les ganaderos équatoriens ont pu constituer des élevages de toros bravos en important du bétail de l'encastes Vistahermosa et de la ganadería Juan Pedro Domecq[62].

    Les ferias les plus importantes sont Quito (JesĂşs del Gran Poder), qui se tient dans la semaine du 15 novembre, dans des arènes qui comptent entre 15 000 et 20 000 places[46], et Guayaquil (15 000 places[63]). Les plus modestes se tiennent dans les arènes de Ambato (11 000 places), Riobamba (11 000 places[63] - [64]), Cuenca (8 000 places[65]), Ibarra, en tout 22 arènes[65].

    Autres pays de tradition taurine

    zĂ©bus du Costa Rica utilisĂ©s pour les « moñaroha de toro Â» au Paraguay.
    Panamá

    Ce pays n'a jamais abandonné la corrida qui a toujours été un évènement fort prisé, tout comme en Colombie dont il faisait partie jusqu'en 1903. L'activité taurine a subi des hauts et de bas liés aux soubresauts historiques et économiques du pays. Elle connait un renouveau, avec des nombreux spectacles taurins[66]. De petites arènes ont été inaugurées en mars 2009 à David dans la province de Chiriqui[66].

    Costa Rica
    Arène de la ville de Palmares Costa Rica

    La corrida fait partie des fêtes dans ce pays, la plus importante manifestation tauromachique ayant lieu en mars à San José de Costa Rica et à Nicoya (Fête de la Yeguita) en décembre. Cette dernière comprend des processions, corridas, feux d’artifice, concerts, ainsi que des rodéos et des courses de chevaux[67].

    Nicaragua

    Au Nicaragua, comme dans beaucoup de petits pays d'AmĂ©rique latine, la tauromachie dĂ©signe l'ensemble des jeux ou s'affrontent l'homme et le taureau[68]. On y pratique surtout les Monta de toros et les rodeo au cours desquels l'animal n'est pas mis Ă  mort. la corrida Ă  l'espagnole n'ayant jamais Ă©tĂ© rĂ©ellement pratiquĂ©e[69] Les traces les plus cĂ©lèbres de tradition taurine sont la fiesta du taureau et du cheval Ă  San Pedro de LĂłvago (dĂ©partement de Chontales)[70] oĂą sont organisĂ©s des sortes de rodeos au cours desquels les cavaliers chevauchent les taureaux. Ces rodeos taurins portent le nom de « corridas de toros Â»[71].

    Guatemala

    On sait qu'il existe des spectacles taurins, avec des bêtes croisées avec des zébus. Mais on a peu de précisions sur la nature de ces spectacles[72] - [73]. S'agit-il de « correlajas » ou de vraies corridas ?

    Bolivie

    Les fêtes du taureau se font sous forme de corridas amateur à El Alto, et à Tiquina en octobre[74]. De vraies corridas ont lieu à Santissima Trinidad pour le festival de la Sainte Trinité[75], des parodies de fête du taureau ont lieu dans le village de Vinto dans l'Altiplano, et la feria de Mizque, dans la province de Cochabamba est une des plus importantes[76]. Des courses de taureaux populaires sont également pratiquées dans l'état de Santa Catarina sous des formes diverses dans le département de Bení en Amazonie bolivienne[77]

    Paraguay

    Il reste des traces corridas de taureaux adaptĂ©es par les GuaranĂ­. Ă€ ParaguarĂ­, il y a encore une arène oĂą ont lieu des « moñaroha de toro Â» (langue GuaranĂ­) pour la fĂŞte patronale de Saint-Thomas, au milieu d'autres rĂ©jouissances : musique, danses, processions religieuses[78]. Le bĂ©tail est constituĂ© de zĂ©bus, les corridas Ă©tant plus proches des correlajas ou des courses landaises l'animal n'est pas mis Ă  mort. Les zĂ©bus sont souvent torĂ©Ă©s par trois ou quatre, avec plusieurs toreros amateurs[79]. Il existe des « moñaroha de toro » dans plusieurs petites villes, avec des arènes rudimentaires (barrières de bois dressĂ©es pour l'occasion), notamment Ă  Nueva Londra[80].

    Brésil
    Belém Brésil

    Bien que la tradition taurine soit considĂ©rĂ©e comme assez faible, son histoire remonte Ă  la conquĂŞte portugaise, sa pratique Ă©tant due Ă  l'importation du bĂ©tail (chevaux, taureaux) par les colonisateurs. Interdites Ă  partir de 1924, les corridas ont subsistĂ© dans ce pays jusqu'en 1960. Les spectacles brĂ©siliens portaient le nom mixte (portugais-espagnol) de « Temporadas de Touradas Tipicas Espanholas Â» (saison de touradas typiques espagnoles), le dernier du genre a eu lieu Ă  BelĂ©m de Pará avec notamment le torero espagnol Juan Bravo[7].

    Une autre forme de jeu taurin se poursuit dans la clandestinitĂ© malgrĂ© une interdiction de 1997 : les « farras de bois Â», d'origine açorienne[81] qui « consistent Ă  lâcher un taureau, jouer avec lui, le harceler jusqu'Ă  Ă©puisement, dans certains cas jusqu'Ă  la mort pour ensuite rĂ©partir la viande entre les participants. Cette pratique est officiellement interdite, mais continue de se dĂ©rouler dans une semi-clandestinitĂ©, l'intervention des forces de l'ordre pour l'empĂŞcher n'Ă©tant pas toujours efficace [82]. ». Les farras ont lieu principalement sur le littoral de l'Ă©tat de Santa Catarina, sur l'ĂŽle de Santa Catarina et Ă  Florianopolis.

    Bibliographie

    • BartolomĂ© Bennassar, Histoire de la tauromachie : une sociĂ©tĂ© du spectacle, Paris, Desjonqueres, , 212 p. (ISBN 2-904227-73-3)
    • (es) JosĂ© MarĂ­a de CossĂ­o, Los Toros - Tratado tĂ©cnico e histĂłrico, tomo IV, Madrid, Espasa Calpe, S. A.,
    • Jean Ortiz (dir.), Tauromachies en AmĂ©rique latine, Paris, Atlantica, , 160 p. (ISBN 2-84394-723-5)
    • Robert BĂ©rard (dir.), Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, Paris, Bouquins Laffont, , 1056 p. (ISBN 2-221-09246-5)
    • Gerardo Castellano, Panorama historico, ensayo de cronologia cubana desde 1493 hasta 1933, vol. 4, t. IV, La Havane, Ucar, Arcia y Cia, , 1785 p.
    • Fernando Botero, Jean-Marie Tasset et Juan Carlos Botero, Botero : entretien de Fernando Botero avec Juan Carlos Botero, t. IV, Paris, Cercle d'Art, , 180 p. (ISBN 2-7022-0682-4)
    • Paul Casanova et Pierre Dupuy, Dictionnaire tauromachique, Marseille, Jeanne Laffitte, , 180 p. (ISBN 2-86276-043-9)
    • Auguste Lafront, EncyclopĂ©die de la corrida, Paris, Prisma,
    • Jean-Baptiste Maudet, Terres de taureaux : les jeux taurins de l'Europe Ă  l'AmĂ©rique, Madrid, Casa de Velasquez, , 512 p. (ISBN 978-84-96820-37-1 et 84-96820-37-8, lire en ligne), Annexe CD-Rom 112 pages
    • Jean-Baptiste Maudet, Terres de taureaux : Les jeux taurins de l'Europe Ă  l'AmĂ©rique, Madrid, Casa de Velasquez, , 512 p. (ISBN 978-84-96820-37-1 et 84-96820-37-8, lire en ligne), prĂ©face de Jean-Robert Pitte
    • Jean Testas, La Tauromachie, Paris, PUF,
    • VĂ©ronique Flanet et Pierre Veilletet, Le Peuple du toro, Paris, HermĂ©, (ISBN 2-86665-034-4)
    • GĂ©rald Schurr, Les Petits maĂ®tres de la peinture 1820-1920, vol. 7, t. IV, Paris, Ă©ditions de l'amateur, , 189 p. (ISBN 2-85917-009-X)
    • Paul Casanova et Pierre Dupuy, Toreros pour l'histoire, Besançon, La Manufacture, (ISBN 2-7377-0269-0)
    • Claude Popelin, Le Taureau et son combat, Paris, de Fallois, , 116 p. (ISBN 2-87706-177-9)
    • (en) Lyn Sherwood, Yankees in the afternoon, une histoire illustrĂ©e des toreros amĂ©ricains, Jefferson, Caroline du Nord, Mac Farland, (ISBN 2-8666-5034-4)prĂ©face de Barnaby Conrad

    Notes et références

    1. Bennassar 1993, p. 99
    2. José María de Cossío 1971, p. 149
    3. José María de Cossío 1971, p. 154
    4. BĂ©rard 2003, p. 94
    5. Ortiz et al., p. 160
    6. extrait d'une thèse de doctorat de 2007 fin p.3, début p.4
    7. Maudet 2010, p. 161
    8. Ă©cole taurine en Californie
    9. BĂ©rard 2003, p. 93
    10. Ortiz et al., p. 55
    11. Monumental de Mexico
    12. arène de Tijuana capacité
    13. « Élevages en Amérique latine », sur don.miguel.pagesperso-orange.fr (consulté le )
    14. Sherwood 2001, p. 50
    15. Ortiz et al., p. 64
    16. Sherwood 2001, p. 61
    17. (en) Site de la Santa Maria Bullfighting School
    18. Ortiz et al., p. 63
    19. BĂ©rard 2003, p. 844
    20. Ortiz et al., p. 65
    21. site : Taurine clubs in America
    22. BĂ©rard 2003, p. 494
    23. Casanova et Dupuy 1991, p. 100 et 122
    24. Lafront 1950, p. 133
    25. Lafront 1950, p. 159
    26. Testas 1974, p. 97
    27. Casanova et Dupuy 1981, p. 83
    28. Lafront 1950, p. 130
    29. Ortiz et al., p. 83
    30. Ortiz et al., p. 85
    31. Cartels en Amérique du Sud
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