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Bataille de Handschuhsheim

La bataille de Handschuhsheim se dĂ©roule le Ă  Handschuhsheim, village mitoyen et alors indĂ©pendant de Heidelberg, dans le Bade-Wurtemberg. Elle voit la dĂ©faite de 12 000 soldats de l’armĂ©e française sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Georges Joseph Dufour face aux forces autrichiennes, constituĂ©es de 8 000 hommes menĂ©es par Peter Quasdanovich. Une charge dĂ©vastatrice de la cavalerie autrichienne engendre des pertes Ă©normes dans les rangs français. Cette bataille fait partie des guerres de la Coalition, Ă©pisodes des guerres de la RĂ©volution française.

Bataille de Handschuhsheim
Description de cette image, également commentée ci-après
La bataille de Handschuhsheim,
aqua-tinta de Friedrich Rottman,
Kurpfälzisches Museum, Heidelberg.
Informations générales
Date 24 septembre 1795
Lieu Handschuhsheim en Bade-Wurtemberg
Issue Victoire autrichienne
Forces en présence
30 000 hommes6 000 hommes
Pertes
1 500 hommes187 hommes

Première Coalition

Batailles

CoordonnĂ©es 50° 20′ 07″ nord, 8° 45′ 18″ est
GĂ©olocalisation sur la carte : Allemagne
(Voir situation sur carte : Allemagne)
Bataille de Handschuhsheim
GĂ©olocalisation sur la carte : Hesse
(Voir situation sur carte : Hesse)
Bataille de Handschuhsheim

Au début de 1795, après les paix signées avec une grande partie de ses ennemis, la France ne se trouve plus opposée qu’à l’Autriche et à la Grande-Bretagne. En septembre, le gouvernement français ordonne aux armées de Jean-Charles Pichegru et de Jean-Baptiste Jourdan attaquer l’armée autrichienne dans la vallée du Rhin. Les armées françaises comptent rapidement quelques succès, s’emparent de deux cités et passent le fleuve en force. Pichegru envoie deux de ses divisions s’emparer des réserves de ravitaillement ennemies, mais ces troupes sont repoussées à Handschuhsheim dans un combat sanglant. Le commandant des troupes autrichiennes, François Sébastien de Croix de Clerfayt, se tourne alors vers les forces de Jourdan et les repousse de l’autre côté du Rhin. Les Autrichiens remportent ensuite les batailles de Mayence, de Pfeddersheim (en) et de Mannheim.

Contexte

Le , l'armée française du général de division Jean-Charles Pichegru s’empare d’Amsterdam et fonde la République batave sur les ruines des Provinces-Unies. Les armées de la Première République s’avancent victorieuses jusqu’à la rive ouest du Rhin. Le royaume de Prusse tente, en soutenant l’Empire russe dans la constitution de la république des Deux Nations, de quitter la Première Coalition. La Prusse, l’électorat de Saxe, le landgraviat de Hesse-Cassel, l’électorat de Brunswick-Lunebourg et l’Espagne choisissent d’établir la paix avec la France. Seuls le royaume de Grande-Bretagne et la monarchie autrichienne continuent la guerre. Le Directoire relâche son contrôle sur les prix et bientôt les coûts des produits alimentaires et des vêtements s’envolent, déclenchant des émeutes à Paris en avril et mai ; des groupes d’émeutiers envahissent la Convention nationale. Le Directoire fait alors machine arrière. Le Pichegru réprime une révolte au faubourg Saint-Antoine ; neuf des meneurs des émeutes se suicident ou sont exécutés[1].

Le , KlĂ©ber, Ă  la tĂŞte de 35 600 hommes, s’empare de Maastricht, dĂ©fendue par une garnison de près de 8 000 soldats austro-nĂ©erlandais. Les forces françaises comprennent les divisions des gĂ©nĂ©raux Bernadotte, Richard, Duhesme et Friant. En Ă©change de leur reddition et de la remise de 344 pièces d’artillerie et de 31 de leurs couleurs, le prince de Hesse-Kassel et ses hommes peuvent se replier. Les pertes françaises durant le siège s’élèvent Ă  300 hommes contre 500 Ă  leurs opposants[2].

Kléber se dirige alors vers Mayence. Faute de grosses pièces d'artillerie pour mener un siège en règle, le général français instaure un blocus de la ville le et se prolonge jusqu'à l'été suivant[3]. L'armée autrichienne, sous les ordres de François Sébastien de Croix de Clerfayt — bientôt nommé Generalfeldmarschall le [4] — et de Dagobert Sigmund von Wurmser, occupe alors la rive est du Rhin[3].

Le Directoire donne alors l'ordre à Pichegru, à la tête de l'armée de Rhin-et-Moselle, et à Jourdan, commandant l'armée de Sambre-et-Meuse, de traverser le Rhin ; Pichegru, selon les plans, doit attaquer en tout point entre Mannheim et Strasbourg, alors que Jourdan doit se diriger plus au nord, à proximité de Düsseldorf[5]. Jourdan s'engage sur le Rhin au début de septembre et avance vers la principauté de Nassau-Usingen[3]. Au lieu de franchir le fleuve plus au sud, Pichegru fait route vers le nord jusqu'au niveau de Mannheim, tenue par l'ennemi[6].

Le , Pichegru Ă  la tĂŞte de 30 000 hommes s'empare de Mannheim sans avoir tirĂ© un coup de feu. Après nĂ©gociation, le baron von Belderbusch et sa garnison de 9 200 soldats de l'Ă©lectorat de Bavière livrent la ville et 471 pièces d'artillerie, puis battent en retraite. La perte de Mannheim force les Autrichiens Ă  se retirer vers le nord, au-delĂ  du Main. Le lendemain, Ă  DĂĽsseldorf, une autre garnison bavaroise se rend, cette fois-ci au gĂ©nĂ©ral Lefebvre Ă  la tĂŞte de 12 600 soldats. Le comte Hompesch est lui aussi autorisĂ© Ă  quitter les lieux avec ses 2 000 hommes, mais sans ses 168 pièces d'artillerie, Ă  la condition de ne pas reprendre les armes contre les Français avant une annĂ©e[7].

DĂ©roulement

La prise de Mannheim donne Ă  Pichegru une occasion en or de s'emparer de la base principale des approvisionnements de Clerfayt, situĂ©e Ă  Heidelberg ; l'armĂ©e de ce dernier s'est Ă©loignĂ©e trop au nord pour protĂ©ger ces rĂ©serves, alors que celle de Wurmser est encore en phase de mobilisation. Pichegru fait l'erreur de n'envoyer que deux divisions pour s'emparer d'Heidelberg. Pire encore, les forces françaises sont rĂ©parties en deux corps, sĂ©parĂ©s par le Neckar. La 6e division du gĂ©nĂ©ral Ambert se dĂ©place sur la rive gauche, au sud de la rivière alors que la 7e division de Dufour se trouve sur la rive nord[6]. Cette division rassemble 12 000 soldats français rĂ©partis en deux divisions sous les ordres de Louis-Joseph Cavrois et de Pierre Vidalot du Sirat. De mĂŞme les forces d'Ambert sont divisĂ©es en brigades sous les ordres de Louis Nicolas Davout et d'Antoine Joseph Bertrand. En dehors de ces indications de commandement, l’ordre de bataille des armĂ©es françaises n’est pas connu avec exactitude[7].

Du cĂ´tĂ© autrichien, le Feldmarschall-Leutnant Peter Quasdanovich dĂ©fend Heidelberg avec près de 8 000 soldats[7]. Il poste la brigade de Adam Bajalics von Bajahaza Ă  Handschuhsheim, sur la rive nord du Neckar, celle de Michael von Fröhlich (en) sur la rive sud Ă  Kirchheim et celle d’Andreas Karaczay plus au sud Ă  Wiesloch. Le , les Français bousculent leurs adversaires, mais Quasdanovich regroupe rapidement ses forces sur la rive nord contre la division isolĂ©e de Dufour[N 1].

L'infanterie de Quasdanovich est composée de deux bataillons rassemblant des soldats du 3e régiment d’infanterie Archduke Charles, du 20e régiment d’infanterie Kaunitz, du 28e régiment d’infanterie Wartensleben et du régiment des Slavonier Grenzers (en), ainsi que d’un bataillon issu du 45e régiment d’infanterie Lattermann et du régiment d’infanterie Warasdiner Grenz. La cavalerie autrichienne est alors sous le commandement de Johann von Klenau[7], tout frais promu Oberst le [9]. Elle comprend six escadrons du 4e régiment cuirassier Hohenzollern et du 44e régiment hussard Szekler, quatre escadrons du régiment de dragons allemand — une unité d’émigrés — et trois escadrons du 3e régiment de dragons Kaiser[7].

Alors que les troupes de Dufour sont Ă  dĂ©couvert, elles sont chargĂ©es par les cavaliers de von Klenau. Les Autrichiens dĂ©font d’abord six escadrons français de chasseurs Ă  cheval puis se tournent vers l’infanterie. La division de Dufour est dĂ©cimĂ©e[7]. Nombre de soldats français battent en retraite et traversent le cours d’eau pour rejoindre la rive sud et les troupes d’Ambert[6]. Dufour est blessĂ© et capturĂ©, Vidalot du Sirat est blessĂ© et au moins 1 000 soldats français sont tuĂ©s. Les Autrichiens capturent près de 500 hommes et s’emparent de huit canons et de neuf caissons d’artillerie. Ils dĂ©plorent 35 tuĂ©s, 150 blessĂ©s et deux disparus[N 2].

Conséquences

Alors que Jourdan veut concentrer les deux armées françaises près de Mannheim, Pichegru refuse de coopérer[5]. Dans l'attente d’instructions venant de Paris, Jourdan assiège Mayence et Pichegru conserve Mannheim comme base. Très vite, Wurmser se renforce suffisamment pour immobiliser Pichegru et Clerfayt peut dès lors lancer une offensive contre Jourdan. Se déplaçant sur le flanc gauche de Jourdan, les Autrichiens mettent les Français en difficulté. Après avoir été défaite à Höchst (en) les 11 et , l’armée de Jourdan entame une retraite vers le nord. Le , l’armée de Sambre-et-Meuse est de retour sur la rive ouest du Rhin[3].

Wurmser, Ă  la tĂŞte de 17 000 hommes, dĂ©fait les 12 000 soldats de Pichegru Ă  la bataille de Mannheim le . DĂ©plorant 709 tuĂ©s, blessĂ©s ou prisonniers, les Autrichiens tuent près de 1 500 Français, capturent 500 soldats et s’emparent de trois canons et d’un Ă©tendard. Dans cette action, les Autrichiens dĂ©truisent le campement français et assiègent Mannheim[10]. Le Clerfayt attaque par surprise les lignes françaises près de Mayence[3]. Ă€ cette occasion, 27 000 Autrichiens dĂ©font les 33 000 Français de François Ignace Schaal. Les Autrichiens perdent 1 600 hommes alors que les Français dĂ©plorent 4 800 tuĂ©s, blessĂ©s ou disparus, plus de 138 canons et 494 chariots[10]. Clerfayt se dirige alors vers le sud pour affronter l’armĂ©e de Rhin-et-Moselle. Remportant entre autres la bataille de Pfeddersheim (en) le , les Autrichiens poursuivent sans relâche l'armĂ©e de Pichegru vers le sud jusqu’à ce que Mannheim soit complètement isolĂ©e[5]. Le voit la reddition des Français Ă  Mannheim, la garnison française forte de 10 000 hommes se rend aux 25 000 soldats de Wurmser[10].

La loyauté de Pichegru semble poser question. Déçu par la Révolution, il aspire à un régime de monarchie populaire. Pire, depuis 1794, il est en contact avec les émissaires du prince de Condé, cousin du roi et principal dirigeant durant cette période de l’armée des émigrés. Le Directoire, bien que doutant des intentions de Pichegru, ne peut prendre des mesures compte tenu de la stature de héros national que l’intéressé incarne. Il faut attendre le coup d'État du 18 fructidor an V pour que la correspondance de Pichegru soit rendue publique et que ce dernier s’exile vers l’Angleterre. Il revient en France en 1803, aux côtés de Georges Cadoudal ; il est alors arrêté par la police secrète de Napoléon et meurt dans des conditions troublantes dans sa cellule de prison[5].

Notes et références

Notes

  1. Selon Rickard, la bataille a lieu le [6] ; selon Smith et Boycott-Brown, elle prend place le [7] - [8].
  2. Selon Smith, les Français ont perdu 1 000 soldats, mais il ne mentionne pas le nombre de blessĂ©s[7].

Références

  1. Will et Ariel Durant 1975, p. 84-85.
  2. Smith 1998, p. 94-95.
  3. Rickard 2009, Siege of Mainz.
  4. (en) Digby Smith, « Clerfayt de Croix », sur napoleon-series.org (consulté le ).
  5. Rickard 2009, Jean-Charles Pichegru.
  6. Rickard 2009, Combat of Heidelberg.
  7. Smith 1998, p. 104-105.
  8. Boycott-Brown 2001.
  9. (en) Digby Smith, « Johann von Klenau », sur napoleon-series.org (consulté le ).
  10. Smith 1998, p. 107-108.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Will Durant et Ariel Durant, The Age of Napoleon : A History of European Civilization from 1789 to 1815, New York, MJF Books, , 870 p. (ISBN 1-56731-022-2)
  • Nicole Gotteri, Le marĂ©chal Soult, Charenton, Bernard Giovanangeli, , 805 p. (ISBN 2-909034-21-6, BNF 37208305)
  • FrĂ©dĂ©ric Hulot, Le gĂ©nĂ©ral Moreau : adversaire et victime de NapolĂ©on, Paris, Pygmalion, , 235 p. (ISBN 2-85704-722-3, BNF 37658831)
  • (en) Digby Smith, The Greenhill Napoleonic Wars Data Book : Actions and Losses in Personnel, Colours, Standards and Artillery, 1792-1815, Londres, Greenhill Books, , 582 p. (ISBN 1-85367-276-9, BNF 38973152)

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