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Aung San Suu Kyi

Daw Aung San Suu Kyi (en birman : ဥေဏငá€șဆနá€șá€žá€…á€Żá€€á€Œá€Šá€ș / , MLCTS : aung hcan: cu. krany, prononcĂ© : /Ă ÊŠÉŽ sÊ°ĂĄÉŽ sáč” tɕì/), nĂ©e le Ă  Rangoun, est une femme d'État birmane. Figure de l'opposition non violente Ă  la dictature militaire de son pays, laurĂ©ate du prix Nobel de la paix en 1991, elle est de facto chef du gouvernement de 2016 Ă  2021.

Aung San Suu Kyi
Illustration.
Aung San Suu Kyi en 2013.
Fonctions
Présidente de la Ligue nationale pour la démocratie[alpha 1]
En fonction depuis le
(34 ans, 9 mois et 9 jours)
Président Aung Gyi
Tin Oo
Aung Shwe
Prédécesseur Parti créé
ConseillĂšre spĂ©ciale de l'État
(chef du gouvernement, de facto)
Porte-parole de la Présidence
–
(4 ans, 9 mois et 26 jours)
Président Htin Kyaw
Myint Swe (intérim)
Win Myint
Prédécesseur Fonction créée
Thein Sein (indirectement, Premier ministre)
Successeur Fonction supprimée
Min Aung Hlaing (indirectement, Premier ministre)
Ministre des Affaires Ă©trangĂšres
Ministre de la Présidence
–
(4 ans, 10 mois et 2 jours)
Président Htin Kyaw
Myint Swe (intérim)
Win Myint
Prédécesseur Wunna Maung Lwin (Affaires étrangÚres)
Successeur Wunna Maung Lwin (Affaires Ă©trangĂšres)
Ministre de l'Éducation, de l'Énergie et de l'ÉlectricitĂ©
–
(7 jours)
Président Htin Kyaw
PrĂ©dĂ©cesseur Khin San Yi (Éducation)
Zeya Aung (Énergie)
Khin Maung Soe (ÉlectricitĂ©)
Successeur Myo Thein Gyi (Éducation)
Pe Zin Tun (Énergie et ÉlectricitĂ©)
Députée
–
(3 ans, 10 mois et 28 jours)
Élection 1er avril 2012
Circonscription Kawhmu
Prédécesseur Soe Tint
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Rangoun (Inde britannique)
Nationalité Birmane
Parti politique LND
PĂšre Aung San
MĂšre Khin Kyi
Conjoint Michael Aris (1972-1999)
DiplÎmée de Université de Delhi
St Hugh's College, Oxford
École des Ă©tudes orientales et africaines, Londres
Distinctions Prix Nobel de la paix (1991)
Religion Bouddhisme theravāda

Signature de Aung San Suu Kyi

Aung San Suu Kyi
Chefs du gouvernement birman

Elle est la fille du partisan de l'indépendance birmane Aung San, qui est assassiné alors qu'elle a deux ans. En 1988, elle cofonde et devient secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), un parti politique opposé à la junte militaire au pouvoir. En 1990, le gouvernement militaire annule les élections législatives, remportées par la LND, et place Aung San Suu Kyi en résidence surveillée. Durant son enfermement, celle-ci bénéficie d'un important soutien international et se voit attribuer le prix Nobel de la paix. Elle est libérée en 2010.

Élue dĂ©putĂ©e Ă  l'issue des Ă©lections partielles de 2012, elle mĂšne son parti Ă  la victoire aux lĂ©gislatives de 2015, organisĂ©es plus librement que les prĂ©cĂ©dentes. L'annĂ©e suivante, alors qu'une disposition constitutionnelle l'empĂȘche de devenir prĂ©sidente de la RĂ©publique, elle est nommĂ©e ministre des Affaires Ă©trangĂšres, conseillĂšre spĂ©ciale de l'État et porte-parole de la PrĂ©sidence, sa position Ă©tant celle d'un chef de gouvernement de facto.

Bien que la Birmanie ait entamĂ© une transition dĂ©mocratique, le gouvernement auquel elle participe doit composer avec une armĂ©e toujours trĂšs puissante, notamment en raison de la Constitution de 2008, ce qui la contraint Ă  faire des compromis. Elle fait Ă©galement l'objet de critiques dans le monde en raison de son attitude durant les exactions de l'armĂ©e envers les Rohingya, groupe ethnique de confession musulmane, dĂ©fendant son pays devant les instances internationales et rĂ©cusant l’accusation de gĂ©nocide.

En , quelques mois aprĂšs des Ă©lections ayant renforcĂ© sa majoritĂ© au Parlement, elle est renversĂ©e par un coup d'État militaire, tout comme d’autres dirigeants Ă©lus et nombre de ses partisans. Alors qu’elle se voit Ă  nouveau assignĂ©e Ă  rĂ©sidence, des manifestations d’envergure sont rĂ©primĂ©es par l’armĂ©e (plus d'un millier de civils tuĂ©s). Elle est dans le mĂȘme temps condamnĂ©e Ă  plusieurs annĂ©es d’emprisonnement[1].

Situation personnelle

Aung San Suu Kyi est la fille du général Aung San, qui a négocié l'indépendance de la Birmanie, et de son épouse, Khin Kyi. Son nom est composé du patronyme (Aung San) de son pÚre et des prénoms de sa grand-mÚre maternelle (Suu) et de sa mÚre (Kyi).

Le , presque six mois avant l'indĂ©pendance, son pĂšre est assassinĂ©, avec les membres de son cabinet, par un rival politique, U Saw. AprĂšs la disparition de Aung San, son Ă©pouse et ses trois enfants vivent Ă  Rangoun, Ă  l'Ă©poque capitale du pays. Aung San Lin, un des deux frĂšres de Suu Kyi, meurt accidentellement alors qu’elle avait huit ans.

Sa mĂšre commence Ă  s'engager dans les milieux sociaux et publics, gagne peu Ă  peu une certaine importance dans le paysage politique du gouvernement des annĂ©es 1950 et 1960 puis est nommĂ©e ambassadrice de la Birmanie en 1960 Ă  Delhi, en Inde[2]. Suu Kyi Ă©tudie Ă  l’École anglaise catholique de Birmanie puis rejoint sa mĂšre en Inde afin de terminer ses Ă©tudes secondaires au Lady Shri Ram College for Women (en) Ă  New Delhi en 1964[3].

Suu Kyi part ensuite pour la Grande-Bretagne, oĂč elle suit un cursus de philosophie, politique et Ă©conomie au St Hugh's College d'Oxford de 1964 Ă  1968.

En 1969, ĂągĂ©e de 24 ans, elle part pour New York et entame un second cycle d'Ă©tudes supĂ©rieures, qu'elle abandonne aprĂšs quelques semaines. Elle est hĂ©bergĂ©e pendant trois ans par sa compatriote Ma Than E, en poste au siĂšge de l'Organisation des Nations unies, oĂč Suu Kyi devient secrĂ©taire-assistante du comitĂ© des questions administratives et budgĂ©taires[4].

En 1972, elle se marie Ă  Michael Aris, un jeune homme rencontrĂ© Ă  Oxford alors qu’il Ă©tudiait les civilisations tibĂ©taines. En 1973, Suu Kyi donne naissance Ă  son premier enfant, Alexander, Ă  Londres. En 1977, elle a un second enfant, Kim, nĂ© Ă  Oxford. Suu Kyi vit alors entre le Royaume-Uni et le Bhoutan, pays oĂč habite son mari, car il fait Ă  cette Ă©poque une Ă©tude sur l’Himalaya et le Tibet. Aris est mort le jour de son 53e anniversaire, le 27 mars 1999, des suites d'un cancer de la prostate. Depuis que sa femme avait Ă©tĂ© placĂ©e pour la premiĂšre fois en rĂ©sidence surveillĂ©e en 1989, il n'avait pu la voir que cinq fois, et pour la derniĂšre, Ă  NoĂ«l 1995.

Outre le birman, Aung San Suu Kyi parle couramment l'anglais et pourrait pratiquer le français qu'elle a appris sur cassettes audio durant ses années d'isolement[5].

En 1985, elle s'inscrit Ă  l'École des Ă©tudes orientales et africaines de Londres pour prĂ©parer un master en philosophie, mais en 1988 elle abandonne cette formation universitaire pour aller au chevet de sa mĂšre, malade en Birmanie.

Parcours politique

DĂ©buts

En 1988, Aung San Suu Kyi retourne vivre en Birmanie afin de s’occuper de sa mĂšre, vieillissante. Cette annĂ©e-lĂ , le gĂ©nĂ©ral Ne Win, chef du parti socialiste au pouvoir, perd peu Ă  peu le contrĂŽle du pays. Des manifestations pro-dĂ©mocratiques Ă©clatent. Elles sont violemment rĂ©primĂ©es par l’armĂ©e. Une nouvelle junte militaire, le Conseil d'État pour la restauration de la Loi et de l'Ordre, prend le pouvoir le 18 septembre 1988.

Fortement influencée par la philosophie non violente du Mahatma Gandhi, Suu Kyi entre en politique. Sa premiÚre intervention publique a lieu le , à la pagode Shwedagon. En septembre 1988, avec les anciens généraux Aung Gyi et Tin Oo, elle annonce la création d'un nouveau parti, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), qui appelle à des réformes démocratiques[6]. Les cofondateurs s'attribuent les postes de président, vice-président, et secrétaire général (pour Aung San Suu Kyi), et encouragent la grÚve générale qui dure depuis un mois[7].

Placement en résidence surveillée

Le , elle est arrĂȘtĂ©e par le gouvernement militaire, avec son bras droit, Tin Oo, pour trouble Ă  l'ordre public[8]. Elle reste assignĂ©e Ă  rĂ©sidence pendant six ans[8].

Élections de 1990 et consĂ©quences

Sous la pression populaire, la junte militaire organise des élections générales le . Le scrutin est trÚs largement remporté par le parti de Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie, qui obtient 58,7 % des voix et 392 des 492 siÚges de l'assemblée, contre 21 % des voix et dix siÚges pour le parti soutenant le pouvoir militaire[9].

Manifestation au siĂšge de l'ONU Ă  New York, le .

Les députés élus ne sont pas autorisés à siéger. Le , la junte militaire annonce que la formation d'un gouvernement ne pourra se faire qu'aprÚs un long processus d'élaboration d'une constitution, laquelle devra recevoir l'agrément des militaires, puis un aval référendaire. Le , le congrÚs de la LND, en l'absence des dirigeants Suu Kyi et Tin Oo, placés en résidences surveillées, refuse ce programme[10]. Une répression s'ensuit.

Suu Kyi reçoit le prix Sakharov et le prix Rafto, puis le prix Nobel de la paix l'année suivante, en 1991.

L'un de ses discours les plus connus, Libérez-nous de la peur (Freedom from Fear[11]), commence ainsi :

« Ce n’est pas le pouvoir qui corrompt, mais la peur : la peur de perdre le pouvoir pour ceux qui l’exercent, et la peur des matraques pour ceux que le pouvoir opprime
 »

« Dans sa forme la plus insidieuse, la peur prend le masque du bon sens, voire de la sagesse, en condamnant comme insensĂ©s, imprudents, inefficaces ou inutiles les petits gestes quotidiens de courage qui aident Ă  prĂ©server respect de soi et dignitĂ© humaine. (...) Dans un systĂšme qui dĂ©nie l’existence des droits humains fondamentaux, la peur tend Ă  faire partie de l’ordre des choses. Mais aucune machinerie d’État, fĂ»t-elle la plus Ă©crasante, ne peut empĂȘcher le courage de ressurgir encore et toujours, car la peur n’est pas l’élĂ©ment naturel de l’homme civilisĂ©[12]. »

En juillet 1995, elle est libĂ©rĂ©e de sa dĂ©tention surveillĂ©e. Cependant, il lui est interdit de quitter Rangoon afin de rendre visite Ă  sa famille, au Royaume-Uni, sous peine de se voir refuser le droit de revenir en Birmanie[8]. En 1997, son mari, Michael Aris, atteint du cancer de la prostate, se voit refuser le droit de rendre visite Ă  sa femme par le gouvernement[8]. Aung San Suu Kyi ne revoit jamais son mari avant sa mort, en 1999 ; autorisĂ©e par la junte Ă  quitter le pays, l'opposante prĂ©fĂšre ne pas se rendre aux obsĂšques de son Ă©poux par peur de ne pouvoir ĂȘtre autorisĂ©e Ă  rentrer en Birmanie[8]. Elle est par ailleurs toujours sĂ©parĂ©e de ses enfants, qui vivent au Royaume-Uni.

En 1996, en arrĂȘtant un proche qui meurt en prison (affaire Nichols), la junte cherche Ă  intimider Aung San Suu Kyi mais provoque un processus de sanctions internationales.

Elle se voit refuser le droit de rencontrer les membres de son parti plusieurs fois. En septembre 2000, elle est mise une fois de plus en maison d’arrĂȘt. Le , aprĂšs une nĂ©gociation secrĂšte entre les Nations unies et la junte militaire, elle est libĂ©rĂ©e.

Aung San Suu Kyi entourée de ses partisans, en août 2011.

Mais, le , son convoi est attaquĂ© dans le village de Depayin par un groupe paramilitaire payĂ© par la junte au pouvoir. Beaucoup de ses partisans sont tuĂ©s ou blessĂ©s durant cette embuscade. Suu Kyi rĂ©ussit Ă  s’échapper grĂące Ă  son chauffeur Ko Kyaw Soe Lin, mais est arrĂȘtĂ©e un peu plus tard. Elle est alors Ă  nouveau emprisonnĂ©e Ă  la prison d'Insein Ă  Rangoon. Elle est ensuite transfĂ©rĂ©e en maison d’arrĂȘt en septembre 2003 Ă  cause de ses problĂšmes de santĂ© et d’une hystĂ©rectomie.

En mars 2004, Razali Ismail, un envoyĂ© spĂ©cial des Nations unies, rencontre Aung San Suu Kyi. Ismail a dĂ©missionnĂ© de son poste l’annĂ©e suivante, en partie parce qu’il s’est vu refuser l’entrĂ©e en Birmanie par la suite. Le , Ibrahim Gambari, un autre envoyĂ© spĂ©cial des Nations unies a pu rencontrer Suu Kyi, la premiĂšre visite Ă©trangĂšre depuis 2004[13].

De façon rĂ©guliĂšre, la junte militaire birmane prolonge l'assignation Ă  rĂ©sidence de la chef de l’opposition en vertu de la loi de 1975 de la protection de l’État, qui permet d’emprisonner des « Ă©lĂ©ments destructeurs » de l'État pendant cinq ans sans jugement[14].

Le , Suu Kyi passe son 61e anniversaire en maison d'arrĂȘt, sa ligne tĂ©lĂ©phonique est coupĂ©e, son courrier filtrĂ© et elle n'a pas accĂšs aux soins mĂ©dicaux qu'elle dĂ©sire. Des manifestations sont organisĂ©es devant les ambassades birmanes. Le , un appel est lancĂ© par une cinquantaine d'anciens dirigeants du monde entier pour la libĂ©ration d'Aung San Suu Kyi.

Soutiens internationaux

Manifestation pour la mise en liberté d'Aung San Suu Kyi, le .

Aung San Suu Kyi dispose d’un soutien assez important au Royaume-Uni et aux États-Unis, via la campagne pour une Birmanie libre (Free Burma Campaign).

En , le film Rangoon, de John Boorman, Ă©voque certains Ă©vĂšnements autour d'elle.

En , le groupe rock irlandais U2 a crĂ©Ă© la chanson Walk On, dĂ©diĂ©e Ă  Aung San Suu Kyi. Walk On est interdite en Birmanie. D’autres groupes et artistes comme Coldplay, R.E.M., Wayne Shorter, Jane Birkin, Jim Carrey ou Damien Rice ont publiquement soutenu Suu Kyi.

Elle a reçu le prix « Free Your Mind (en) » (LibÚre ton esprit) par les MTV Europe Music Awards en .

En , plusieurs tentatives de pressions diplomatiques ont eu lieu de la part des États-Unis[15], des Nations unies et de plusieurs pays afin de libĂ©rer Suu Kyi.

Le Conseil de Paris l'a faite citoyenne d'honneur de la Ville de Paris en (cette citoyennetĂ© lui Ă©tant par la suite retirĂ©e en , en raison de son silence lors de la crise des Rohingyas[16]). Le , plusieurs manifestations ont eu lieu devant les ambassades birmanes partout dans le monde Ă  l’occasion du soixantiĂšme anniversaire de Suu Kyi.

Le magazine amĂ©ricain New Statesman Ă©lit en Suu Kyi « Hero of our time » (« hĂ©roĂŻne de notre temps »)[17]. La mĂȘme annĂ©e, elle est classĂ©e comme la 47e femme la plus puissante au monde par le magazine Forbes. En , elle est classĂ©e 19e[18].

En Belgique, l'universitĂ© libre de Bruxelles et l'universitĂ© catholique de Louvain (UCL, en 1998) lui ont dĂ©cernĂ© le titre de docteur honoris causa. Une pĂ©tition, soutenue notamment par le 14e dalaĂŻ-lama, a Ă©tĂ© lancĂ©e en NorvĂšge en [19]. Il a rencontrĂ© la laurĂ©ate du prix Nobel de la paix une premiĂšre fois le Ă  Londres[20] et une seconde fois en RĂ©publique tchĂšque Ă  Prague le , en privĂ© en marge du 17e Forum 2000, une confĂ©rence internationale[21] - [22]. Il lui Ă©crit une lettre en oĂč il a dit ĂȘtre « profondĂ©ment attristĂ© » et rester « trĂšs prĂ©occupĂ©s » par les violences infligĂ©es aux musulmans en Birmanie[23]. Le , il l'appelle Ă  nouveau Ă  agir en tant que prix Nobel de la paix, remarquant qu'il ne « suffit pas » d’envisager d'aider les Rohingyas, remarquant un manque de compassion altruiste[24] - [25]. Le , il Ă©crit Ă  nouveau Ă  Aung San Suu Kyi l'appelant Ă  trouver une solution pacifique Ă  la crise des Rohingyas[26]. Le , dix-huit personnalitĂ©s parmi lesquelles des politiciens, des artistes et douze prix Nobel, ont adressĂ©e aux pays membres du Conseil de sĂ©curitĂ© de l’Organisation des Nations-Unies une lettre afin d’évaluer la situation dans l’État d’Arakan.

Le , une lettre signée d'une cinquantaine d'anciens dirigeants du monde entier (dont Bill Clinton, Jimmy Carter et Jacques Delors) appelle la Birmanie à libérer Aung San Suu Kyi[27].

InitiĂ© par l'association Info Birmanie, un dialogue entre Aung San Suu Kyi et StĂ©phane Hessel a Ă©tĂ© enregistrĂ© en par RFI, un Ă©vĂšnement que Hessel attendait depuis 12 ans[28].

Manifestations de 2007

Le , l'opposante birmane, assignée à résidence depuis 2003, est exceptionnellement sortie briÚvement en pleurs de sa maison à Rangoun pour saluer des moines bouddhistes qui manifestent contre la junte militaire, pour la cinquiÚme journée consécutive.

Aung San Suu Kyi avec Hillary Clinton et Barack Obama.

Le , Aung San Suu Kyi est enfermée à la prison d'Insein[29]. L'assignation à résidence expire le 27 mai 2007, mais est reconduite sans autre forme de procÚs pour un an, et l'est de nouveau le 27 mai 2008, totalisant ainsi sept ans d'assignation à résidence forcée[30].

À partir de 2008, des inquiĂ©tudes s'expriment quant Ă  sa santĂ©[31]. Elle est Ă  nouveau placĂ©e en dĂ©tention le . Selon la secrĂ©taire d'État française Rama Yade, l’arrestation d’Aung San Suu Kyi, accusĂ©e d’activitĂ© subversive Ă  quelques jours de sa libĂ©ration, est un « prĂ©texte manifestement recherchĂ© pour l’écarter du processus Ă©lectoral, d’autant plus que la LND, le parti politique d’Aung San Suu Kyi, est totalement laminĂ© ». L’objectif du rĂ©gime est de « tout mettre en place pour arriver aux Ă©lections lĂ©gislatives de 2010 sans gĂȘne, sans entrave ».

Le , Aung San Suu Kyi est condamnée à dix-huit mois de détention, ce qui la prive de tout moyen de participer à l'élection générale de 2010. L'Union européenne menace la junte birmane de sanctions, et la Malaisie a appelé à une réunion d'urgence de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN)[32]. L'opposante birmane a décidé de faire appel[33].

Son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, boycotte les élections législatives de 2010, les premiÚres depuis la victoire de 1990, et la participation est faible.

Libération

Aung San Suu Kyi en 2011.

Le , la police birmane enlÚve les barriÚres posées devant la résidence d'Aung San Suu Kyi, permettant ainsi sa libération alors qu'elle a passé 15 des 21 derniÚres années en résidence surveillée[34] - [35]. Elle rencontre le président Thein Sein le , et apporte son soutien à l'ouverture engagée par le pouvoir, qui prévoit notamment de libérer de nombreux prisonniers[36].

Parlementaire

Ayant Ă©tĂ© autorisĂ©e Ă  se prĂ©senter aux Ă©lections lĂ©gislatives partielles de 2012, elle a enregistrĂ© sa candidature le 18 janvier 2012. Le , elle remporte trĂšs largement le scrutin et obtient ainsi son premier mandat officiel : celui de dĂ©putĂ©e[37]. Son parti, la Ligue nationale pour la dĂ©mocratie (LND), prĂ©tend avoir remportĂ© au moins 43 siĂšges des 45 siĂšges en jeu et les rĂ©sultats officiels portant sur 40 siĂšges indiquent que tous ceux-ci ont Ă©tĂ© remportĂ©s par la LND. Toutefois, le parti reste trĂšs minoritaire dans la chambre basse qui compte 435 siĂšges, et les prochaines Ă©lections gĂ©nĂ©rales ne sont prĂ©vues que pour 2015.

Refusant de prĂȘter serment sur la Constitution Ă  la date prĂ©vue, le , Aung San Suu Kyi accepte finalement de le faire le [38]. Aung San Suu Kyi siĂšge pour la premiĂšre fois comme dĂ©putĂ©e Ă  la chambre basse du Parlement le 9 juillet 2012.

Pour la premiĂšre fois depuis 28 ans, la nouvelle dĂ©putĂ©e franchit les frontiĂšres de son pays, le , pour un sĂ©jour de six jours en ThaĂŻlande oĂč elle a assistĂ© au Forum Ă©conomique mondial sur l'Asie de l'Est, appelant Ă  une amĂ©lioration de la justice en Birmanie, indispensable Ă  des investissements Ă©trangers bĂ©nĂ©fiques[39]. Elle a aussi rencontrĂ© de nombreux compatriotes dans la rĂ©gion de Bangkok et dans le camp de rĂ©fugiĂ©s de Mae La, oĂč vivent de nombreux Karens[40]. En juin 2012, elle effectue un tour d'Europe qui la conduit en Suisse, en NorvĂšge, en Irlande, en Grande-Bretagne et en France. Son objectif est d'inciter l'Occident Ă  soutenir la Birmanie sur la voie des rĂ©formes politiques et Ă  favoriser son dĂ©veloppement Ă©conomique. Elle est reçue Ă  Londres et Paris[41] avec les honneurs rĂ©servĂ©s aux chefs d'État ; Ă  Oslo elle reçoit, le , plus de vingt ans aprĂšs son attribution, le Prix Nobel de la paix[42]. Évoquant Ă  la BBC les futures Ă©lections, elle se dit prĂȘte Ă  diriger son pays[43].

Le 27 mars 2013, elle assiste à un défilé militaire aux cÎtés des généraux qui dirigent la junte birmane[44]. Certains de ses soutiens, y compris dans le parti Ligue nationale pour la démocratie qu'elle dirige depuis 1988, regrettent cette position et reprochent à la députée de soutenir systématiquement le gouvernement militaire[45].

Remise du Prix Sakharov à Aung San Suu Kyi par Martin Schulz au Parlement européen à Strasbourg le 22 octobre 2013.

La minoritĂ© ethnique Kachin exprime sa mĂ©fiance envers Aung San Suu Kyi dĂšs l'automne 2012, Ă  la suite de la passivitĂ© de celle-ci alors que l'armĂ©e birmane refuse la nĂ©gociation et rĂ©prime les indĂ©pendantistes kachin[46]. En juin 2012, Ă  la suite du meurtre d'une jeune bouddhiste, des violences inter-ethniques Ă©clatent entre les communautĂ©s musulmane (Rohingyas) et bouddhiste de l'État d'Arakan. Des bouddhistes tiennent alors des discours haineux Ă  l'encontre des Rohingyas[47]. Aung San Suu Kyi refuse longtemps de rĂ©agir, afin de ne pas « attiser le feu d'un cĂŽtĂ© ou de l'autre »[48]. Human Rights Watch publie, en avril 2013, un rapport accusant les autoritĂ©s birmanes d'avoir amplifiĂ© les troubles et organisĂ©, Ă  partir d'octobre 2012, une « campagne de nettoyage ethnique » contre les musulmans[49]. Dans un entretien postĂ©rieur Ă  cette annonce, Aung San Suu Kyi refuse de condamner les violences contre les musulmans et nie fermement qu'un nettoyage ethnique ait eu lieu en Birmanie[50]. Cette attitude lui vaut des critiques au sein de la presse internationale[51] ou « L'aurĂ©ole ternie d'Aung San Suu Kyi »[52] ; de grands titres de la presse anglo-saxonne se montrent particuliĂšrement cinglants, estimant que son attitude envers ces violences « fait froid dans le dos »[53] et « mĂ©prise les droits humains au nom de la politique »[54].

Dans son livre Aung San Suu Kyi, l'ArmĂ©e et les Rohingyas[55], l'ancien prĂ©sident de l'association Info Birmanie, FrĂ©dĂ©ric Debomy, a racontĂ© la discussion qu'il avait eue avec Aung San Suu Kyi sur la question des Rohingyas le : elle Ă©voquait alors la difficultĂ© Ă  faire Ă©voluer les prĂ©jugĂ©s envers les Rohingyas « en une nuit » et la nĂ©cessitĂ© d'Ă©tablir un État de droit « pour les Rohingyas comme pour les autres » tout en ne se prononçant pas sur leur citoyennetĂ©. L'auteur rappelait qu'elle avait Ă©tĂ© Ă  l'origine d'une commission consultative sur la situation dans l'État d'Arakan prĂ©sidĂ©e par l'ancien secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations unies Kofi Annan et que cette commission avait remis en 2017 des recommandations favorables au rĂ©tablissement des Rohingyas dans leurs droits. Aung San Suu Kyi, aprĂšs avoir engagĂ© son gouvernement Ă  mettre en Ɠuvre la plupart des recommandations de la commission, avait perdu la main sur le dossier, les attaques d'un groupe armĂ© rohingya contre des postes de police ayant eu pour rĂ©ponse les exactions massives de l'armĂ©e birmane contre les civils rohingyas.

SuccÚs aux élections législatives de 2015

Aung San Suu Kyi Ă  la une de Frontier Myanmar en mars 2016.

Son parti remporte les élections législatives de novembre 2015. Aung San Suu Kyi prépare alors une transition démocratique avec le président sortant, Thein Sein[56].

Lors de ces élections, le LND, exclut les musulmans de ses investitures, y compris les députés sortants, ce qui favorise l'élection d'un parlement sans aucun élu musulman pour la premiÚre fois depuis 1948[57].

Impossibilité de briguer la présidence de la République

Aung San Suu Kyi annonce, le , son intention de se prĂ©senter Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2015[58]. Lors de sa dĂ©claration au Forum Ă©conomique mondial sur l'Asie de l'Est, elle rappelle que la constitution birmane ne lui permet pas de se prĂ©senter. En effet, la constitution interdit Ă  un Birman de se prĂ©senter s'il est mariĂ© avec un Ă©tranger : or, son Ă©poux, Michael Aris, Ă©tait de nationalitĂ© britannique. Elle prĂ©cise que pour qu'elle puisse se prĂ©senter Ă  l'Ă©lection, la constitution doit ĂȘtre amendĂ©e[59].

En juin 2014, un comitĂ© parlementaire vote contre une modification de la constitution, qui aurait permis Ă  Aung San Suu Kyi de se prĂ©senter[60]. Fin novembre de la mĂȘme annĂ©e, le prĂ©sident du Parlement exclut toute modification de la Constitution pouvant permettre Ă  Aung San Suu Kyi de se prĂ©senter en 2015 ; un rĂ©fĂ©rendum pourrait ĂȘtre organisĂ© mais son rĂ©sultat ne prendrait effet qu'aprĂšs les Ă©lections[61].

Le Parlement birman Ă©lit, le 15 mars 2016, Htin Kyaw, proche d'Aung San Sui Kyi, Ă  la fonction de prĂ©sident de la RĂ©publique du pays. Celui-ci est le premier chef de l'État Ă©lu dĂ©mocratiquement depuis 1957[62] - [63]. Il entre en fonction le 1er avril 2016[63].

ConseillĂšre spĂ©ciale de l'État

Aung San Suu Kyi avec Boris Johnson, en 2016.

Responsabilités gouvernementales

Ne pouvant pas ĂȘtre prĂ©sidente de la RĂ©publique, Aung San Suu Kyi devient ministre mais cumule autant de pouvoirs qu’elle peut le faire, le prĂ©sident Htin Kyaw Ă©tant considĂ©rĂ© comme un de ses plus fervents partisans[64]. Elle est ainsi ministre des Affaires Ă©trangĂšres et briĂšvement ministre de l'Éducation, de l'ÉlectricitĂ© et de l'Énergie. Elle est Ă©galement ministre de la PrĂ©sidence, un portefeuille qui lui permet de jouir d'un statut de « super-ministre », devenant le numĂ©ro un d'un gouvernement comptant 21 titulaires[65]. MalgrĂ© le poids important de l'ancienne junte, qui pĂšse dans l'appareil d'État, elle est considĂ©rĂ©e comme la dirigeante de la Birmanie de facto[66].

Le , Aung San Suu Kyi renonce Ă  deux ministĂšres au sein du gouvernement, l'Éducation et l'Énergie, qu'elle cumulait au sein d'un super-ministĂšre comprenant aussi les Affaires Ă©trangĂšres et les relations avec la PrĂ©sidence. Elle est nommĂ©e conseillĂšre spĂ©ciale de l'État et porte-parole de la PrĂ©sidence. D'une durĂ©e de cinq ans, ce nouveau poste consiste Ă  faire la liaison entre la PrĂ©sidence et le Parlement, et permet Ă  Aung San Suu Kyi d'avoir accĂšs Ă  l'AssemblĂ©e[67].

Influence persistante de l’armĂ©e

La Constitution de la Birmanie, Ă©crite par l’armĂ©e et adoptĂ©e par rĂ©fĂ©rendum en 2008, attribue aux militaires trois ministĂšres rĂ©galiens (DĂ©fense, IntĂ©rieur et FrontiĂšres) ainsi qu'une minoritĂ© de blocage au Parlement, avec 25 % des siĂšges leur Ă©tant rĂ©servĂ©s. Ces dispositions obligent Aung San Suu Kyi Ă  faire de nombreux compromis politiques[68].

AprĂšs soixante ans de junte militaire, Aung San Suu Kyi se retrouve en difficultĂ© afin de faire redĂ©marrer le pays, la Birmanie manquant d'une classe intellectuelle et de cadres permettant de moderniser l'Ă©conomie[69]. Cependant, jusqu’en 2020 et la pandĂ©mie de Covid-19, elle bĂ©nĂ©ficie notamment de la levĂ©e des sanctions Ă©conomiques internationales, avec une croissance annuelle de 7 % et de nombreux investissements occidentaux[68].

Ses politiques libĂ©rales menacent les conglomĂ©rats de l’armĂ©e, qui se montre ainsi rĂ©ticente Ă  l'ouverture Ă  la concurrence de nombreux secteurs Ă©conomiques[68].

Persécution des Rohingya

MalgrĂ© l'arrivĂ©e au pouvoir d'Aung San Suu Kyi, l'armĂ©e conserve un certain pouvoir dans le pays (un quart des siĂšges au Parlement et les ministĂšres clefs), l'affaire des Rohingyas demeurant leur prĂ©rogative. Aung San Suu Kyi doit Ă©galement composer avec le comitĂ© d'État de la Sangha Maha Nayaka[70], celui-ci dĂ©veloppant avec l'armĂ©e un discours identitaire fort. Par ailleurs, depuis son indĂ©pendance en 1948, la Birmanie rĂ©prime ses minoritĂ©s, et avant l'arrivĂ©e d'Aung San Suu Kyi au pouvoir, cela avait peu de rĂ©sonance mĂ©diatique, ce que certains attribuent plus Ă  la religion des victimes, musulmanes et non chrĂ©tiennes ou animistes, plutĂŽt qu'Ă  l'intensitĂ© des violences[69] - [71].

En juillet 2016, l'ONU publie un rapport Ă©voquant de possibles crimes contre l'humanitĂ© commis sous la mandature prĂ©cĂ©dente. Dans la province d'Arakan, la minoritĂ© musulmane des Rohingyas est persĂ©cutĂ©e conjointement par la majoritĂ© bouddhiste et les autoritĂ©s, avec une intensification des violences depuis 2012. De mĂȘme que l'envoyĂ©e spĂ©ciale de l’ONU pour les droits humains en Birmanie Yanghee Lee, le Parlement europĂ©en demande Ă  la nouvelle dirigeante d'intervenir[72] - [73]. Alors qu'Aung San Suu Kyi semble en retrait sur cette question, la communautĂ© internationale espĂšre qu'il s'agit de sa part d'un simple calcul politique pour remporter les Ă©lections de 2015[74] - [75] - [76]. Mais aprĂšs son arrivĂ©e au pouvoir en avril 2016, Aung San Suu Kyi se refuse toujours Ă  utiliser le terme « Rohingya ». En mai, elle tance l'ambassade des États-Unis, puis le secrĂ©taire d'État amĂ©ricain John Kerry, qui ont employĂ© publiquement ce mot, celui par lequel cette minoritĂ© se dĂ©signe elle-mĂȘme[75] - [77]. Le nouveau gouvernement birman, de mĂȘme que les bouddhistes xĂ©nophobes, emploie le mot « Bengalis ». À la demande de Suu Kyi, son homologue français Jean-Marc Ayrault n'emploie pas publiquement le terme usuel en sa prĂ©sence[78].

Pour l'anthropologue spĂ©cialiste de la Birmanie Alexandra de Mersan, le gouvernement d'Aung San Suu Kyi « a tentĂ© de mener une premiĂšre confĂ©rence de rĂ©conciliation nationale, invitant les ethnies, les groupes, les organisations pour discuter. Ce que n'ont jamais fait les militaires. Mais pendant ces discussions, les conflits continuaient Ă  faire rage dans ces États », soulignant Ă©galement que « sa marge de manƓuvre est extrĂȘmement rĂ©duite »[69]. Par ailleurs, l'armĂ©e fait monter la pression sur ce sujet afin de dĂ©montrer l'incapacitĂ© d'Aung San Suu Kyi Ă  le gĂ©rer[79].

En mars 2016, interviewĂ©e par Mishal Husain (BBC), elle s'emporte Ă  la fin de l'entretien en dĂ©clarant : « personne ne m'a dit que je devais ĂȘtre interviewĂ©e par une musulmane »[80] - [81].

À la suite d'une attaque armĂ©e commise par une organisation rohingya ayant tuĂ© neuf policiers, le 9 octobre 2016, une nouvelle vague de rĂ©pression est lancĂ©e. Des ONG, comme Amnesty International et Human Rights Watch, dĂ©noncent des exactions de grande ampleur des forces de sĂ©curitĂ© birmanes : viols, arrestations arbitraires, tortures, exĂ©cutions sommaires, destructions de maisons et de villages, internement forcĂ© dans des camps. La situation est principalement connue par les tĂ©moignages des rĂ©fugiĂ©s et les photos de satellites, car l'accĂšs Ă  la province est globalement interdit, y compris aux travailleurs humanitaires. Dans un premier temps, ces ONG jugent qu'Aung San Suu Kyi est « rĂ©ticente ou se trouve dans l'incapacitĂ© » d'agir[82] - [83]. À l'Ă©tranger, ces exactions sont gĂ©nĂ©ralement qualifiĂ©es de « nettoyage ethnique », souvent de « crimes contre l'humanitĂ© », et parfois de « gĂ©nocide », et Aung San Suu Kyi est accusĂ©e de passivitĂ©[84].

AprĂšs presque deux mois de rĂ©pression, une interview de la dirigeante affirme que le gouvernement « a rĂ©ussi Ă  maintenir la situation sous contrĂŽle et Ă  l'apaiser » tandis que « la communautĂ© internationale [
] ne cesse d'attiser les feux de la rancune »[85]. Le conseiller spĂ©cial de l'ONU pour la Birmanie, Vijay Nambiar, publie un communiquĂ© lui demandant personnellement un changement de cap[86]. De son cĂŽtĂ©, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, haut commissaire aux droits humains, affirme que les positions du gouvernement birman sont « des vues Ă  court-terme, contre-productives et sans cƓur » et ne respectent pas « les obligations des lois internationales des droits humains »[87] - [88]. Le 29 dĂ©cembre 2016, onze laurĂ©ats du prix Nobel de la paix signent, avec d'autres laurĂ©ats du prix Nobel, une lettre ouverte aux Nations unies pour demander l'arrĂȘt du « nettoyage ethnique et des crimes contre l'humanitĂ© ». Ils dressent un parallĂšle avec de prĂ©cĂ©dents gĂ©nocides, expriment leur « frustration » contre Aung San Suu Kyi, et soulignent sa « responsabilitĂ© » dans ces exactions de masse[89] - [90]. Desmond Tutu, qui avait soutenu Suu Kyi lors de son silence sur les Rohingya en 2012-2013, figure parmi les signataires[91].

AprĂšs une nouvelle vague d'exactions de l'armĂ©e qui commence en aoĂ»t 2017, Aung San Suu Kyi sort de son silence le , en accusant la communautĂ© internationale et les mĂ©dias Ă©trangers d'avoir un parti pris pro-rohingya[92]. Lors d'un Ă©change tĂ©lĂ©phonique avec le prĂ©sident turc, Recep Tayyip Erdogan, qui avait fait part de ses inquiĂ©tudes sur le sort de la minoritĂ© musulmane, elle affirme : « Ce genre de fausse information est seulement la partie Ă©mergĂ©e d'un Ă©norme iceberg de dĂ©sinformation crĂ©Ă© pour gĂ©nĂ©rer des problĂšmes entre les diffĂ©rentes communautĂ©s et promouvoir les intĂ©rĂȘts des terroristes »[92]. Elle est cependant soutenue par la Chine, alors que le Premier ministre indien appelle Ă  « l'unitĂ© et Ă  l'intĂ©gritĂ© territoriale » de la Birmanie et partage l'inquiĂ©tude de cette derniĂšre sur « la violence extrĂ©miste » concernant les policiers attaquĂ©s par des Rohingya. Pour le leader rĂ©publicain au SĂ©nat amĂ©ricain Mitch McConnell, « le chemin de la Birmanie vers un gouvernement n'est absolument pas garanti, ni achevĂ©. Attaquer le seul dirigeant politique qui Ɠuvre pour Ă©tendre le champ de la dĂ©mocratie dans le pays pourrait miner cet objectif Ă  long terme »[93] - [66].

Le , Desmond Tutu lui adresse une nouvelle lettre ouverte dans laquelle il Ă©crit notamment « Si le prix politique Ă  payer pour votre accession Ă  la plus haute charge publique du Myanmar est votre silence, alors ce prix est certainement trop Ă©levĂ©[94] ». Le 19 septembre 2017, devant la pression internationale, elle affirme que la Birmanie se prĂ©pare Ă  organiser le rapatriement de 410 000 Rohingyas rĂ©fugiĂ©s au Bengladesh, mais met en doute la rĂ©alitĂ© des persĂ©cutions[95] - [96]. Le mĂȘme jour, Amnesty International critique le discours d'Aung San Suu Kyi, qui selon l'ONG « dĂ©montre qu'elle-mĂȘme et son gouvernement prĂ©fĂšrent fermer les yeux sur les violences. Certains passages n'Ă©taient rien de plus qu'un tissu de mensonges et de faute rejetĂ©e sur les victimes. Des preuves accablantes tĂ©moignent de ce que les forces de sĂ©curitĂ© sont engagĂ©es dans une campagne de nettoyage ethnique »[97].

Alors qu'Aung San Suu Kyi bĂ©nĂ©ficiait jusque-lĂ  d'une aura internationale et d'un statut d'icĂŽne, l'Ă©pisode des Rohingyas participe Ă  ternir son image. En 2017, des distinctions lui sont retirĂ©es en raison de son « inaction ». Ainsi, le conseil municipal d'Oxford lui retire Ă  l'unanimitĂ© son attribution symbolique des clĂ©s de la ville et le St Hugh's College, oĂč Aung San Suu Kyi fut Ă©tudiante, retire son portrait[98]. Le conseil de la ville de Dublin lui retire Ă©galement sa distinction[99].

En raison de son inaction dans la crise des Rohingyas, l'universitĂ© d'Oxford a retirĂ© son portrait de ses murs, l'universitĂ© catholique de Louvain a retirĂ© son nom d'une de ses chaires, et le MusĂ©e de l’Holocauste de Washington a retirĂ© son prix dĂ©cernĂ©e Ă  la dirigeante birmane pour son combat contre la dictature et en faveur des libertĂ©s[100] - [101] - [102] - [103].

En réponse à une question d'Associated Press (AP) à propos d'un éventuel retrait du Prix Nobel pour Aung San Suu Kyi, le président en exercice du Comité Nobel affirme qu'« il est impossible de retirer son prix à un ou une lauréate du Prix Nobel de la Paix »[104]. Le correspondant du Monde en Asie, Bruno Philip, regrette que la fascination dont faisaient auparavant preuve les médias occidentaux à son égard était béate et sans nuance, évacuant la complexité du caractÚre de la femme politique[105]. Elle se voit retirer en 2018 plusieurs de ses distinctions à l'international, notamment sa nationalité honorifique canadienne et sa fonction d'ambassadrice d'Amnesty International[106] - [107].

Le 13 septembre 2018, au sujet de journalistes de Reuters condamnĂ©s pour avoir enquĂȘtĂ© sur les opĂ©rations de l'armĂ©e birmane, et dont la libĂ©ration a Ă©tĂ© rĂ©clamĂ©e par les ONG et l'ONU, elle dĂ©fend leur condamnation, affirmant que ceux-ci peuvent faire appel de la dĂ©cision, le pays Ă©tant un État de droit[108]. Au sujet du cas des Rohingyas, qualifiĂ© de « gĂ©nocide » par les Nations unies, elle affirme que la situation « aurait pu ĂȘtre mieux gĂ©rĂ©e »[108].

Large victoire aux Ă©lections de 2020

Des Ă©lections lĂ©gislatives se tiennent le . Sur les 1 117 siĂšges en jeu, la LND d’Aung San Suu Kyi en remporte 82 % (920 Ă©lus, soit 61 de plus qu’en 2015) alors que le Parti de l'union, de la solidaritĂ© et du dĂ©veloppement de l’ancien gĂ©nĂ©ral Than Htay en obtient seulement 6 % (71 siĂšges, en baisse de 117). L’armĂ©e estime que ces rĂ©sultats sont frauduleux[68].

Coup d'État et arrestation

Le , Ă  la surprise gĂ©nĂ©rale, Aung San Suu Kyi est arrĂȘtĂ©e par l'armĂ©e dans le cadre d'un coup d'État. Le prĂ©sident de la RĂ©publique, Win Myint, membre de son parti, est Ă©galement renversĂ©. L’arrestation de la prĂ©sidente de la LND est justifiĂ©e par la violation d’une obscure rĂšgle commerciale et de prĂ©tendues fraudes lors des derniĂšres Ă©lections lĂ©gislatives, oĂč les trois partis favorables Ă  l’armĂ©e cumulent moins de 20 % des suffrages exprimĂ©s.

Plusieurs autres dirigeants de la LND sont placĂ©s en dĂ©tention dans la foulĂ©e. Le 5 fĂ©vrier, Win Htein, 79 ans, trĂšs proche d’Aung San Suu Kyi, est arrĂȘtĂ©[109]. Au total, l'Association d'assistance aux prisonniers politiques, une ONG basĂ©e Ă  Rangoun, fait Ă©tat de l’arrestation de quelque 150 responsables politiques et militants[110] - [111].

Les militaires instaurent l'Ă©tat d'urgence pour un an et promettent l’organisation d’élections. Une grande partie de la communautĂ© internationale dĂ©nonce le coup d’État et les arrestations, alors que la Chine et la Russie, qui disposent d’un droit de veto au Conseil de sĂ©curitĂ© de l’Organisation des Nations unies (ONU), refusent l’ingĂ©rence dans les affaires intĂ©rieures du pays[111].

Sophie Boisseau du Rocher, chercheuse associĂ©e au Centre Asie de l’Institut français des relations internationales estime que « L’armĂ©e n’a jamais envisagĂ© une vraie transition politique. Elle voulait encadrer le processus pour en tirer parti. Aung San Suu Kyi a rĂ©ussi Ă  contourner ces contraintes car Ă  l’origine elle n’avait pas de libertĂ© de pouvoir. Elle reprĂ©sente dĂ©sormais un vrai risque [pour les militaires] car avec 82 % des siĂšges Ă  l’AssemblĂ©e, le nouveau gouvernement pourra faire avancer la rĂ©forme constitutionnelle. ». Pour François Robinne, anthropologue et directeur de recherche au CNRS, « ce coup d’État n’est pas une question personnelle, mĂȘme si les Birmans portent Aung San Suu Kyi aux nues : ce coup d’État est une question constitutionnelle. Il y a eu deux Ă©lections rĂ©cemment, en 2015 et 2020. En 2015, le peuple a portĂ© Aung San Suu Kyi au pouvoir. En 2020, c’est un peu diffĂ©rent : le peuple a votĂ© contre le pouvoir militaire. »[112].

Nouvelle pĂ©riode d’emprisonnement

Le 5 fĂ©vrier 2021, quatre jours aprĂšs le coup d’État, la Ligue nationale pour la dĂ©mocratie annonce qu’Aung San Suu Kyi est assignĂ©e Ă  rĂ©sidence Ă  Naypyidaw[111]. Elle n’est pas autorisĂ©e Ă  recevoir des visites, y compris de ses avocats[113]

Pour protester contre le renversement de dirigeants Ă©lus et l’arrestation d’opposants, un mouvement de dĂ©sobĂ©issance civile Ă©clate. D’importantes manifestations se tiennent dans le pays, tandis que des grĂšves d’envergure paralysent l’économie birmane en pleine pandĂ©mie de Covid-19. En parallĂšle, des opposants forment un gouvernement de rĂ©sistance Ă  la junte militaire. En rĂ©action, les autoritĂ©s coupent ou suspendent l’accĂšs aux rĂ©seaux sociaux et rĂ©priment la contestation : dĂ©but , au moins 847 civils, dont des enfants, ont Ă©tĂ© tuĂ©s, tandis que 5 700 personnes ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©es[114] - [68].

Outre le reproche initial de non-respect d’une disposition commerciale, d’autres chefs d’inculpation sont retenus contre Aung San Suu Kyi au fil des mois : mauvaise gestion de « catastrophes naturelles » (en l’occurrence la pandĂ©mie de Covid-19) ; viol d'une loi sur les tĂ©lĂ©communications ; « incitation aux troubles publics » ; « dĂ©tention illĂ©gale de talkie-walkie »[115] - [116]. La junte affirme Ă©galement qu’elle a touchĂ© 550 000 dollars de pots-de-vin d’un homme d’affaires, sans pour autant l’inculper pour corruption[113] - [117]. Son procĂšs commence le [116].

Le , lors d'un procĂšs Ă  huis clos devant un tribunal spĂ©cial de Naypyidaw, elle est condamnĂ©e Ă  quatre ans d’emprisonnement pour incitation aux troubles publics et violation des rĂšgles sanitaires liĂ©es Ă  la Covid-19[118] - [119]. À la suite de protestations au niveau international, sa peine est rĂ©duite Ă  deux ans[120].

Le 30 décembre 2022, à l'issue d'un trÚs long procÚs elle est condamnée à 33 ans de prison, selon certaines sources elle serait en bonne santé et pourrait passer une grande partie de sa peine en résidence surveillée[121].

DĂ©tail des mandats et fonctions

Prix

Aung San Suu Kyi au Forum Ă©conomique mondial pour l'Asie du Sud Est, en 2012.

ƒuvres

Aung San Suu Kyi a Ă©crit plusieurs ouvrages, seule ou en collaboration :

  • Se libĂ©rer de la peur (avec Michael Aris), Des femmes-Antoinette Fouque, 1991 (ISBN 2-7210-0423-9)
  • Nationalisme et littĂ©rature en Birmanie, Éditions Olizane, 1996 (ISBN 2-88086-149-7)
  • La Voix du dĂ©fi, Stock, Paris, 1996, 373 p. (ISBN 9782234045590)
  • Ma Birmanie (avec Alan Clements), Pluriel, Paris, 2012 (nouvelle Ă©dition revue et actualisĂ©e) (ISBN 978-2-8185-0269-3)
  • RĂ©sistances (avec StĂ©phane Hessel et Info Birmanie, sous la direction de FrĂ©dĂ©ric Debomy), Don Quichotte, 2011 (ISBN 2359490427)

Dans la culture

  • Aung San Suu Kyi, Rohingya et extrĂ©mistes bouddhistes, Massot Ă©ditions, 2020, bande dessinĂ©e de FrĂ©dĂ©ric Debomy et BenoĂźt Guillaume, sur son attitude face Ă  l'extrĂ©misme bouddhiste et Ă  la persĂ©cution des Rohingya (voir GĂ©nocide des Rohingya).

Notes et références

Notes

  1. SecrĂ©taire gĂ©nĂ©rale jusqu’au .

Références

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Voir aussi

Bibliographie

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  • Thierry Falise, Aung San Suu Kyi, le jasmin ou la lune, J'ai lu, 2008 (2007), 347 p. (ISBN 978-2-290-00644-3)
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  • Sandie Scozzi, « Du Prix Nobel Ă  l'action politique par la non-Violence : Aung San Suu Kyi », in Inter-Lignes, 2013
  • Christophe Masson, À l'ombre du banian, Ă©d. Baudelaire, 2013 ((ISBN/979-1020301352))
  • Bruno Philip, Aung San Suu Kyi. L'icĂŽne fracassĂ©e, Éditions des Équateurs, 2017, 98 p.
  • FrĂ©dĂ©ric Debomy, Aung San Suu Kyi, l'ArmĂ©e et les Rohingyas, Éditions de l'Atelier, 2018, 160 p.

Filmographie

  • Son pays est une prison, documentaire de François Rosolato, Paris-Barcelone Films, 2004, 77 min (DVD)
  • The Lady, film biographique franco-britannique rĂ©alisĂ© par Luc Besson, produit par Europa Corp, 2011, 127 min

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Curriculum vitae sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs Ă  la remise du prix, dont un document rĂ©digĂ© par la personne laurĂ©ate — le Nobel Lecture — qui dĂ©taille ses apports)
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