Art du relief rupestre dans l'Antiquité iranienne
Lâart du relief rupestre est pratiquĂ© par plusieurs civilisations au cours de l'AntiquitĂ© iranienne depuis la fin du IIIe millĂ©naire av. J.-C. jusquâau VIIe siĂšcle de notre Ăšre. LâIran, avec 90 panneaux connus en 2007 et rĂ©partis principalement dans les provinces de Fars, du Kurdistan, et du Khouzestan, compte la plus grande concentration moyen-orientale de reliefs rupestres antiques. Cette profusion sâexplique par lâabondance du matĂ©riel rocheux dans lâOuest de lâIran. Elle procĂšde Ă©galement du fait que sâinspirant de ses prĂ©dĂ©cesseurs tant pour le choix des thĂšmes que pour celui des sites, chaque nouvel empire marque son avĂšnement par la rĂ©alisation de nouveaux panneaux et fait ainsi Ă©voluer lâart. Bien que typiquement iranienne, cette forme dâart reprĂ©sentatif est constamment influencĂ©e par lâextĂ©rieur. Elle sâexprime particuliĂšrement sur des sites sacrĂ©s, Ă proximitĂ© de lâeau ou des routes commerciales antiques. DĂšs le VIIe siĂšcle, les voyageurs occidentaux font mention de cet art original. Leur description s'affine Ă partir du XIVe siĂšcle, et ils font l'objet de recherches scientifiques Ă partir du XIXe siĂšcle. Les premiers reliefs sont des scĂšnes dâinvestiture divine et de victoire sculptĂ©es par les Lullubis. La civilisation Ă©lamite rĂ©alise par la suite de grandes scĂšnes religieuses et sacrĂ©es, Ă Izeh, puis les Assyriens commĂ©morent leurs victoires militaires sur lâĂlam. Sous lâimpulsion de Darius le Grand, les AchĂ©mĂ©nides font du relief rupestre un art royal officiel Ă vocation principalement funĂ©raire. Il sert ainsi la cĂ©lĂ©bration de la royautĂ© et de lâempire, Ă Behistun, Naqsh-e Rostam, et PersĂ©polis. Lâart sâhellĂ©nise avec les SĂ©leucides, et lâinfluence grecque perdure sous les Parthes. Lâart se provincialise alors, et reste confinĂ© Ă lâusage de dynasties locales. Prenant la forme dâimages figĂ©es, plates et frontales, il perd son caractĂšre sacrĂ© pour prendre une tournure profane. Ă partir du IIIe siĂšcle de notre Ăšre, lâavĂšnement de lâempire sassanide marque lâapogĂ©e du relief rupestre. Ă lâinstar des AchĂ©mĂ©nides auxquels ils sâidentifient, les Sassanides en font un art de cour, mais qui sâinspire principalement de lâiconographie parthe. Les premiers souverains font rĂ©aliser des scĂšnes dâaudiences, dâinvestitures, ou de victoires. Le caractĂšre reste profane, le divin nâest alors mis en scĂšne que pour lĂ©gitimer la royautĂ©. Plusieurs Ă©coles artistiques sâexpriment, utilisant des techniques permettant des rĂ©alisations de plus en plus complexes. Le dĂ©tail devient trĂšs soignĂ©, et la sculpture est de plus en plus dĂ©tachĂ©e du plan rocheux. Sous Bahram II, de nouveaux sites sont sculptĂ©s tandis que les thĂšmes sâouvrent aux images de chasse et aux scĂšnes familiales. Lâart rupestre tombe en dĂ©suĂ©tude pendant 2 siĂšcles, alors que lâempire pĂ©riclite. Il faut attendre une nouvelle expansion et le rĂšgne de Khosro II pour revoir encore une fois lâart du relief sâexprimer pour la derniĂšre fois Ă Taq-e bostan. La finition des sculptures y est alors la plus perfectionnĂ©e. La conquĂȘte musulmane de la Perse met un terme Ă lâantiquitĂ© perse, et aucun relief nâest sculptĂ© pendant 12 siĂšcles. Au dĂ©but du XIXe siĂšcle de notre Ăšre, alors que commence de lâĂšre moderne, les souverains Qajars font resurgir lâart antique du passĂ©, et lâon voit les reliefs se dissĂ©miner en Iran. Lâimagerie royale et les guerriers gĂ©ants des reliefs imprĂšgnent fortement la culture du pays dans laquelle ils constituent la base de rĂ©cits poĂ©tiques et Ă©piques. Elle, est Ă©galement Ă la base de l'iconographie chevaleresque mĂ©diĂ©vale europĂ©enne.
Caractéristiques générales
Un art typique du plateau iranien
Plusieurs empires puissants ont vu le jour sur le plateau iranien dans lâAntiquitĂ©. Certains monarques cherchant Ă exprimer leur puissance et Ă affirmer leur pouvoir sur des supports pĂ©rennes. Utilisant pour cela le matĂ©riel rocheux dur particuliĂšrement commun en Iran, ils font rĂ©aliser des fresques sculptĂ©es Ă mĂȘme la pierre. Les mĂȘmes lieux sont souvent utilisĂ©s par plusieurs empires successifs, crĂ©ant ainsi de fait une continuitĂ© dans lâespace en plus de la continuitĂ© observĂ©e dans le temps. LâIran, comptait 87 panneaux connus en 1984, dont la quasi-totalitĂ© se trouve dans les provinces de l'Ouest du pays: Fars, Khouzestan, et Kermanshah. Depuis, trois autres reliefs ont Ă©tĂ© dĂ©couverts, auxquels s'ajoute un unique relief hors de l'Iran actuel, en Afghanistan. Ils constituent ainsi la plus grande concentration moyen-orientale de reliefs rupestres antiques. Ces Ă©lĂ©ments confĂšrent Ă cette pratique les caractĂšres dâun art typiquement iranien[1] - [2].
Un art millénaire
Les premiers reliefs, attribuĂ©s aux Lullubis, sont rĂ©alisĂ©s dĂšs le dĂ©but du IIe millĂ©naire av. J.-C.. Lâart rupestre Ă©lamite inspire ceux dĂ©veloppĂ©s par les empires suivants, au point que des panneaux rupestres Ă©lamites, achĂ©mĂ©nides, sĂ©leucides, parthes, puis sassanides soient sculptĂ©s sur les mĂȘmes lieux. Le caractĂšre sacrĂ© de ces sites reste ainsi pĂ©renne, comme Ă Naqsh-e Rostam, Behistun, ou Izeh. Le principe de reprĂ©sentation dâaudiences assises sur un trĂŽne, les tenues vestimentaires, ou lâusage de plusieurs registres inspireront les reliefs achĂ©mĂ©nides[3].
AprĂšs sâĂȘtre affranchis de la domination Parthe, et afin de lĂ©gitimer leur dynastie, les Sassanides cherchent Ă incarner une continuitĂ© avec la dynastie AchĂ©mĂ©nide, fondatrice du premier empire perse. ArdachĂźr Ier est ainsi prĂ©sentĂ© par la tradition iranienne comme un descendant des AchĂ©mĂ©nides, et la lĂ©gende quâil inspire fait Ă©cho Ă celle de Cyrus le Grand. De plus, les Sassanides se heurtent frĂ©quemment Ă lâexpansion romaine et chrĂ©tienne, au cours des quatre siĂšcles de leur rĂšgne. En parallĂšle avec la codification, lâorganisation, puis lâĂ©tablissement du zoroastrisme comme religion dâĂtat, lâaffirmation identitaire est utilisĂ©e comme lien fĂ©dĂ©rateur. Les Sassanides cherchent alors Ă dĂ©velopper et ranimer les traditions iraniennes que les Ă©poques parthe et sĂ©leucide nâont pas Ă©teintes. Câest donc logiquement que les rois sassanides reprennent Ă leur compte lâart du relief rupestre, et en rĂ©utilisent les sites les plus emblĂ©matiques. Au cours de la premiĂšre partie de leur rĂšgne, cet art est portĂ© Ă son apogĂ©e, et 38 panneaux sont ainsi sculptĂ©s en Iran, dont 30 dans la seule province de Fars, berceau de la dynastie[4] - [5].
Les premiers rois sassanides font quasiment tous exĂ©cuter des fresques, Ă lâexception principale dâArdachĂźr II (les rĂšgnes dâHormizd Ier et Bahram III ont Ă©tĂ© trop brefs pour faire rĂ©aliser des panneaux). Les premiers siĂšcles voient ainsi lâessentiel des reliefs sassanides ĂȘtre rĂ©alisĂ©s. AprĂšs cette pĂ©riode faste, lâart semble tomber en dĂ©suĂ©tude pendant deux siĂšcles, au cours desquels plus aucun panneau nâest rĂ©alisĂ©. Il faut attendre Khosro II, dernier souverain sassanide dâimportance, pour que des fresques soient rĂ©alisĂ©es pour la derniĂšre fois, Ă Taq-e Bostan. La tradition millĂ©naire du relief rupestre ne survit pas Ă la fin de lâempire Sassanide. La conquĂȘte islamique de la Perse, au VIIe siĂšcle de notre Ăšre, et lâavĂšnement du Moyen Ăge perse mettent fin Ă cet art antique[4].
Un art ouvert aux influences extérieures
Bien que typiques, et Ă lâinstar de la plupart des autres arts dĂ©veloppĂ©s sur le plateau iranien, les reliefs rupestres intĂšgrent des influences non iraniennes au fil de lâhistoire et de lâĂ©volution des empires. Ainsi, lâart dĂ©veloppĂ© au cours des pĂ©riodes proto, palĂ©o, mĂ©dio, et nĂ©o-Ă©lamites subit des influences variĂ©es, au grĂ© du dĂ©placement des frontiĂšres gĂ©opolitiques faisant passer lâĂlam tantĂŽt sous influence mĂ©sopotamienne, tantĂŽt sous influence iranienne. Lâart rupestre Ă©lamite nâĂ©chappe pas Ă ces tendances, mais possĂšde des caractĂšres qui lui sont tout Ă fait propres, au premier rang desquels, lâimportance constante donnĂ©e Ă la religion[6] - [3].
Les tombeaux rupestres achĂ©mĂ©nides constituent des reprĂ©sentations fidĂšles des palais royaux. Les reliefs trĂšs dĂ©taillĂ©s tĂ©moignent du style architectural de lâarchitecture perse, original car combinant et synthĂ©tisant des influences artistiques provenant de tout lâempire. Colonnades ioniennes, corniches de portes Ă©gyptiennes, protomĂ©s animaux dâinspiration assyrienne et mĂ©sopotamienne marquent donc Ă©galement les reliefs de cette Ă©poque[7].
Lâinfluence hellĂ©nistique se fait sentir Ă partir de lâarrivĂ©e d'Alexandre le Grand, et des SĂ©leucides. Elle se retrouve en partie dans lâart parthe au travers dâinscriptions grecques, de la prĂ©sence de symboles tels que les victoires ailĂ©es, ou de reprĂ©sentations syncrĂ©tiques dâHĂ©raclĂšs/VĂ©rĂ©thragna. Elle persiste par la suite durant lâĂ©poque sassanide, au travers notamment des reprĂ©sentations sous forme humaine de divinitĂ©s telles quâAhuramazda et Anahita. Lâinfluence romaine sur lâart sassanide est Ă©galement perceptible dĂšs le rĂšgne de Shapur Ier, portĂ©e par les lĂ©gionnaires faits prisonniers. Le relief sassanide de Rag-e Bibi comporte des Ă©lĂ©ments picturaux en provenance d'Inde (manguier, rhinocĂ©ros), tandis que d'autres reliefs attestent d'influences artistiques venant de l'Occident: Rome, puis surtout Byzance. On observe ainsi que des feuilles d'acanthe ornent le grand iwan de Taq-e Bostan, tĂ©moins d'Ă©changes iconographiques lors du rĂšgne de Khosro II[1] - [3] - [8] - [9] - [10] - [11].
Des localisations Ă©lectives, une signification obscure
Ă lâexception des reliefs parthes ĂlymĂ©ens, les sculptures se trouvent dans leur majoritĂ© Ă proximitĂ© des routes antiques, sur les flancs montagneux des Zagros. La situation des reliefs est toutefois hĂ©tĂ©roclite, et leur accessibilitĂ© est variable. Les reliefs sont en effet rĂ©alisĂ©s tantĂŽt Ă proximitĂ© de zones habitĂ©es, tantĂŽt dans des zones trĂšs isolĂ©es, ou parfois mĂȘme situĂ©s trĂšs en hauteur. Ils peuvent ĂȘtre situĂ©s prĂšs dâĂ©lĂ©ments sacrĂ©s (les reliefs sassanides ont pour caractĂ©ristique commune dâĂȘtre quasiment tous sculptĂ©s prĂšs de sources ou de riviĂšres) sans pour autant avoir des thĂšmes spirituels. Cette variabilitĂ© dans les localisations, leur choix mĂȘme, lâabsence Ă©ventuelle de lien entre site et thĂšme sont autant dâĂ©lĂ©ments qui posent la question de la population Ă laquelle ces reliefs sâadressent, donc du message quâils vĂ©hiculent. En lâabsence de rĂ©ponse claire Ă cette question, il est peu aisĂ© de comprendre leur signification malgrĂ© la relative simplicitĂ© des thĂšmes abordĂ©s (rituels, hommages, audience, investiture, combats)[2] - [1].
Les scĂšnes reprĂ©sentĂ©es ne prĂ©sentent pas de caractĂšre attachĂ© Ă la rĂ©alitĂ©, et ne constituent pas des tĂ©moignages de faits historiques. Le relief de Darius Ă Behistun, prĂ©sente ainsi la version officielle de son accession au trĂŽne, et a pour but d'aider Ă la lĂ©gitimer. Si de nombreuses scĂšnes sassanides Ă©voquent des faits rĂ©els comme des couronnements ou des victoires contre les Romains, leur mode de reprĂ©sentation tient plus de lâĂ©vocation fictive et symbolique que du tĂ©moignage historique. Ce sont ainsi des dieux qui couronnent les rois et non des officiels, ou ce sont plusieurs empereurs romains diffĂ©rents qui sont reprĂ©sentĂ©s vaincus en mĂȘme temps[4] - [11].
Historique des découvertes
PremiĂšres visites du XIVe au XVIIIe siĂšcle : le temps des voyageurs
La connaissance occidentale des reliefs rupestres en Iran est ancienne. De nombreux voyageurs visitant les monuments tels que Persépolis ou Naqsh-e Rostam ont au cours des siÚcles signalé, décrit, voire dessiné des panneaux rupestres[12] - [13]:
- La premiÚre mention européenne de relief rupestre iranien se trouve dans les notes du vénitien Odoric de Pordenone, moine franciscain de passage vers Cathay ayant visité Naqsh-e Rostam en 1318.
- Les mĂȘmes reliefs sont ensuite Ă©galement signalĂ©s en 1474 par Josaphat Barbaro envoyĂ© par la RĂ©publique de Venise auprĂšs de la cour dâUzun Hasan.
- Le relief de Behistun est dĂ©crit en 1598 par lâAnglais Anthony Shirley, puis en 1614 par le Romain Pietro Della Valle, qui visite Ă©galement Naqsh-e Rostam.
- Au XVIIe siĂšcle, Jean Chardin, Guillaume-Joseph Grelot, et Jean-Baptiste Tavernier visitent et dessinent Taq-e Bostan en 1668, Barm-e Dilak, Naqsh-e Rostam, et Behistun.
- Le médecin allemand Engelbert Kaempfer découvre Sarab-e Bahram au cours de son voyage de 1683 à 1688. Il livre également des dessins de Barm-e Dilak et Naqsh-e Rostam.
- En 1704, le Hollandais Cornelis de Bruijn observe et dessine Naqsh-e Rostam.
- En 1705, le géographe allemand Carsten Niebuhr relÚve les reliefs de Naqsh-e Rajab.
Missions archéologiques : le temps des scientifiques
Ă partir du XIXe siĂšcle, un nombre de plus en plus important de reliefs est dĂ©couvert, localisĂ©s dans des zones et rĂ©gions isolĂ©es, et de vĂ©ritables missions scientifiques se dĂ©veloppent au XXe siĂšcle, dont la mĂ©ticulositĂ© permet Ă©galement la mise au jour de nouveaux panneaux sur des sites dĂ©jĂ connus. Datation et attribution des reliefs se dĂ©veloppent et sâaffinent, prenant en compte dâautres Ă©lĂ©ments iconographiques fournis par lâĂ©tude numismatique des monnaies issues de lâĂ©poque, ou les inscriptions parfois prĂ©sentes sur les sites[12] - [14].
- En 1809, lâAnglais James Morier dĂ©couvrant la ville Sassanide de Bishapour, en dĂ©crit les six reliefs de la gorge de Tang-e Showgan. Il dĂ©couvre Ă©galement le relief de Rayy.
- En 1811, Sir William Ouseley relĂšve le relief de Darabgird
- Robert Ker Porter étudie plusieurs reliefs et découvre celui de Salmas en 1819.
- Henry Rawlinson étudie plusieurs inscriptions royales cunéiformes dont celle de Behistun. Il découvre les reliefs de Dukkan-e Daud et Sarpol-e Zahab en 1836.
- En 1841 et 1842, le baron Clément Auguste de Bode découvre le relief de Tang-e Sarvak, et Austen Henry Layard celui de Tang-e Butan Shimbar ainsi que les reliefs élamites d'Izeh.
- Dans le mĂȘme temps, le peintre EugĂšne Flandin et l'architecte Pascal Coste, attachĂ©s Ă l'ambassade de France, visitent, Ă©tudient, et relĂšvent plusieurs ruines et monuments en Perse. Ils analysent notamment les reliefs de Salmas et de la rĂ©gion de Firuzabad.
- De 1884 Ă 1886, Jane et Marcel Dieulafoy, effectuent les premiers travaux photographiques de reliefs. Leur mission est reprise Ă partir de 1893 par Jacques de Morgan, qui Ă©tudie Sakavand et Sarpol-e Zahab.
- Ernst Herzfeld ayant livrĂ© la premiĂšre publication scientifique sur des reliefs rupestres quâil Ă©tudie de 1897 Ă 1900, est considĂ©rĂ© comme le pionnier de lâĂ©tude scientifique de lâart rupestre antique moyen-oriental. Il dĂ©couvre en 1924 les reliefs de Kurangun, Guyum, et Sar Mashhad.
- Entre 1950 et 1978, quinze autres reliefs sont dĂ©couverts par Roman Ghirshman (Naqsh-e Rostam), relief dâHĂ©raclĂšs Ă Behistun); Ali Akbar Sarfaraz (Uramanat, Sarab-e Qandil); Walther Hinz (Kul-e Farah VI, Hung-e Yar-e Aliwand, Hung-e Kamalwand); Louis Vanden Berghe (Hung-e Nowruzi, Kuh-e Taraz, Kuh-e Tina, Shikaft-e Gulgul, relief dâAnahita Ă Daragbird); Guiseppe Zander (PersĂ©polis-Naqsh-e Rostam), Gerd Gropp (Naqsh-e Rustam); Michael Roaf (2 reliefs Ă Naqsh-e Rostam); Richard Frye (Gardanah Gavlimash); M. Golvari (Ravansar).
- Une campagne de recherche est lancĂ©e Ă partir de 1988, qui aboutit au signalement en 1999 de la dĂ©couverte de deux reliefs rupestres parthes par Jafar Mehr Kian Ă Shirinow et Sheivand. Cela confirme lâidĂ©e admise par Vanden Berghe quâil reste probablement dâautres panneaux inconnus en Iran, situĂ©s dans des zones isolĂ©es ou difficiles dâaccĂšs.
Ăpoques prĂ©-sassanides
Reliefs lullubis
Les Lullubis Ă©taient une tribu de nomades Ă©tablis au IIIe et IIe millĂ©naires av. J.-C. dans les montagnes du Nord-Ouest de lâIran, au Sud du Kurdistan. Leur existence est principalement connue par des inscriptions ou reliefs mĂ©sopotamiens mentionnant des combats les ayant opposĂ©s aux Assyriens et au Babyloniens. Ils laissent les reliefs de Sarpol-e Zahab, prĂšs de la ville de Qasr-e Chirin, dans la province de Kermanshah[15] - [16].
Il sâagit dâune sĂ©rie de quatre panneaux numĂ©rotĂ©s de I Ă IV, qui dĂ©taillent des scĂšnes de victoire : un monarque pose le pied sur un ennemi terrassĂ©. Trois des panneaux (I,II,III) reprĂ©sentent Ă©galement la dĂ©esse Ishtar prĂ©sentant lâanneau de pouvoir au souverain. Le premier relief, est contemporain de la pĂ©riode dâUr III. Plus important que les autres, il prĂ©sente Ă©galement des captifs nus mains liĂ©es dans le dos, dont deux sont agenouillĂ©s et amenĂ©s par la dĂ©esse au moyen dâune laisse passĂ©e par des anneaux nasaux. Le monarque, identifiĂ© comme Ă©tant Anubanini, est armĂ© dâune hache et dâun arc. Le style Ă©voque des influences Ă©lamites et mĂ©sopotamiennes : la dĂ©esse porte une tiare Ă cornes, les sujets sont reprĂ©sentĂ©s de profil pour la tĂȘte et le bas du corps, de face pour le tronc. Des inscriptions en Akkadien sont prĂ©sentes sur les reliefs I et IV[15].
Les reliefs de Sarpol-e Zahab pourraient faire lâobjet dâune demande de classement par lâUNESCO, jointe Ă la demande de classement de Behistun en raison des parentĂ©s stylistiques prĂ©sentĂ©es par le relief I avec le relief achĂ©mĂ©nide de Darius Ier dont il pourrait avoir constituĂ© une source dâinspiration[17].
Reliefs Ă©lamites
Au cours dâune histoire longue de 2500 ans, la civilisation Ă©lamite occupe le Nord-Ouest et lâOuest du plateau iranien, ainsi que les plaines voisines de la MĂ©sopotamie. Les reliefs Ă©lamites ont une thĂ©matique exclusivement religieuse. Ils montrent en effet des fidĂšles en priĂšre ou en recueillement, reprĂ©sentĂ©s en rangĂ©es. Les scĂšnes composent des tableaux d'offrandes ou de sacrifices. Les multiples figures divines sont frĂ©quemment reprĂ©sentĂ©es assises sur un serpent. Cet animal est important dans le panthĂ©on Ă©lamite, car il est liĂ© aux sources de la vie Ă©manant de la terre. La frĂ©quence des reprĂ©sentations fĂ©minines caractĂ©rise Ă©galement les reliefs rupestres Ă©lamites : sous les formes de divinitĂ©s, ou de reines. Les reliefs sassanides comptent avec les Ă©lamites, les seuls panneaux qui montrent des figures de reines ou de familles aux cĂŽtĂ©s du souverain[3] - [18] - [19]
Quatorze panneaux sont rĂ©pertoriĂ©s en Iran, dont douze sont concentrĂ©s dans les environs de lâancienne capitale Ă©lamite dâAyapir, proche de lâactuelle Izeh), au Khuzestan. Les reliefs sont situĂ©s sur les sites dâHung-e Nowruzi, Shah Savar, Kul-e Farah, et Eshkaft-e Salman. Hung-e Nowruzi, et Shah Savar sont les deux plus anciens. La parentĂ© de leurs reprĂ©sentations de fidĂšles debout adorant un dieu assis avec des figures de sceaux cylindres permet de les dater du XXe au XVIIIe siĂšcle av. J.-C. La gorge de Kul-e Farah concentre six panneaux datant de la pĂ©riode nĂ©o-Ă©lamite, au VIIIe au VIIe siĂšcle av. J.-C. Ils Ă©voquent des scĂšnes dâoffrandes ou dâimmolation dâanimaux en prĂ©sence de rois, de dignitaires, ou de longues rangĂ©es de fidĂšles. Les reliefs abordent Ă©galement la thĂ©matique musicale, certains sujets Ă©tant reprĂ©sentĂ©s avec des harpes mĂ©sopotamiennes. La gorge dâEshkaft-e Salman comporte quatre panneaux datant de la mĂȘme Ă©poque, dont deux prĂ©sentent la particularitĂ© dâĂȘtre sculptĂ©s dans une grotte, Ă©galement connue sous le nom de Temple de Tarisha. Le roi Hanni y est montrĂ© avec sa famille et des dignitaires priant vers la source de la caverne reprĂ©sentant la divinitĂ©. La construction dâun hĂŽtel dans les abords directs des reliefs dâIzeh provoque une polĂ©mique judiciaire du fait des dĂ©gradations subies incluant des jets de peinture, et de lâincompatibilitĂ© avec une inscription du site Ă lâUNESCO. De nombreuses dĂ©gradations sont Ă©galement liĂ©es Ă la pratique de graffitis gravĂ©s. Un programme de documentation, restauration et de sauvegarde est en cours de lancement. Certaines parties des reliefs ont mĂȘme Ă©tĂ© prĂ©levĂ©es pour ĂȘtre protĂ©gĂ©es et Ă©ventuellement exposĂ©es sous verre[3] - [20] - [21] - [22] - [23] - [19].
Les deux autres reliefs Ă©lamites connus se trouvent dans la rĂ©gion de Fars, Ă Kurangun, et Naqsh-e Rostam. Le relief de Kurangun date du XVIIe siĂšcle av. J.-C. Il montre une scĂšne centrale dans un cadre rectangulaire, qui laisse apparaĂźtre un couple divin entourĂ© de dignitaires debout. Le dieu est assis sur un trĂŽne constituĂ© par un serpent lovĂ©, il lĂšve un gobelet fumant dont les vapeurs se diffusent en haut de la scĂšne. Des processions de fidĂšles sur plusieurs registres descendants se superposent de part et dâautre du registre central, dont le style et lâhabillement diffĂšrent radicalement des sujets prĂ©cĂ©dents, constituent un ajout ultĂ©rieur datant du VIIIe ou du VIIe siĂšcle av. J.-C. Le relief de Naqsh-e Rostam est une dĂ©clinaison de celui de Kurangun, dont il ne reste que des reliquats. La majeure partie du panneau Ă©lamite a en effet Ă©tĂ© dĂ©truite ultĂ©rieurement par lâajout dâun relief sassanide reprĂ©sentant une scĂšne dâaudience de Bahram II. Les traces de deux divinitĂ©s assises sur un trĂŽne de serpent en compagnie dâun fidĂšle debout peuvent nĂ©anmoins encore ĂȘtre distinguĂ©es, appartenant au panneau original qui date du XVIIe siĂšcle av. J.-C. Des ajouts ont Ă©galement Ă©tĂ© faits au VIIe siĂšcle av. J.-C. : personnage princier Ă droite de la scĂšne et une reine Ă gauche dont ne subsiste que la tĂȘte[18] - [3] - [24] - [19]
Reliefs assyriens
Ă partir du IXe siĂšcle av. J.-C., lâAssyrie mĂšne plusieurs expĂ©ditions militaires dans lâOuest de lâIran. La prĂ©sence assyrienne laisse des traces archĂ©ologiques sous la forme de stĂšles inscrites, mais est Ă©galement concrĂ©tisĂ©e par deux reliefs rupestres. Le premier est situĂ© Ă Shikaft-e Gulgul au Luristan, date du VIIe siĂšcle av. J.-C. et reprĂ©sente le roi Assarhaddon entourĂ© de symboles divins. Le souverain est coiffĂ© d'une tiare assyrienne, vĂȘtu d'une tunique ne laissant que les pieds apparaĂźtre, et porte des boucles d'oreilles. Il est armĂ© d'une Ă©pĂ©e portĂ©e Ă la ceinture, et d'une massue tenue de la main gauche. Le bras droit est dĂ©gradĂ©, et semble porter Ă la bouche un objet. De part et d'autre du roi, sont reprĂ©sentĂ©s des symboles divins, qui consistent Ă gauche en une lune pleine, sept planĂštes, et un disque solaire symbolisant Ishtar. Ă la droite du monarque, un disque ailĂ© et une tiare Ă corne sont identifiĂ©s comme des symboles de Shamash et d'Assur. Une inscription dĂ©gradĂ©e est Ă©galement visible. Le second, se trouve Ă Uramanat, prĂšs de Tang-e Var, au Kurdistan. Il reprĂ©sente le roi Sargon II tenant une massue, et comporte une inscription dont la transcription rĂ©cente a permis dâidentifier le souverain. Elle consiste en une liste des combats et des victoires, dont les termes tĂ©moignent de la violence des campagnes menĂ©es, thĂ©matique Ă©galement rencontrĂ©e sur dâautres reliefs assyriens tels celui de Ninive relatant la destruction de Suse (Ălam) par Assurbanipal ou sur la stĂšle dite « des vautours » au Louvre[25] - [26] - [27].
Reliefs achéménides
Ă lâinstar de lâart achĂ©mĂ©nide, lâart du relief rupestre du premier empire perse est essentiellement un art de cour. Ă la diffĂ©rence des Ă©poques prĂ©cĂ©dentes, les reliefs achĂ©mĂ©nides (hormis celui de Behistun) ont alors une vocation essentiellement funĂ©raire, et ornent surtout les façades des tombes royales situĂ©es sur les sites sacrĂ©s de PersĂ©polis et Naqsh-e Rostam en Fars [28].
Premier relief rupestre achĂ©mĂ©nide, le relief de Behistun, est unique en son genre, par sa thĂ©matique autant que par sa localisation hors de Fars. SituĂ© en hauteur (60m), sur une falaise abrupte de mĂ©die, il domine une route antique reliant Babylone Ă Ecbatane. Le relief commĂ©more lâaccession au trĂŽne de Darius Ier aprĂšs sa victoire sur une conjuration en -522. Darius y est reprĂ©sentĂ© armĂ© dâun arc. Il lĂšve le bras droit et piĂ©tine le mage Smerdis qui l'implore. La forteresse abritant Smerdis sâĂ©talait au sommet de la falaise, ce qui pourrait expliquer le choix d'un site aussi Ă©levĂ© par Darius au lieu d'un emplacement en contrebas plus proche des passages. Le monarque est vĂȘtu dâune tunique et porte une couronne crĂ©nelĂ©e typiques. Deux Ă©cuyers le suivent : IntaphernĂšs et Gobryas, armĂ©s respectivement dâun arc et dâune lance. Le relief montre Ă©galement le dĂ©filĂ© face au monarque de neuf prisonniers aux mains liĂ©es dans le dos, attachĂ©s encordĂ©s par le cou. Les huit premiers sont des nobles conjurĂ©s, et le dernier, est un roi scythe dĂ©fait en -519 par Darius, ajoutĂ© secondairement au relief initial. Une reprĂ©sentation dâAhuramazda est situĂ©e en haut de la scĂšne. Une inscription trilingue est gravĂ©e au-dessus des personnages et en dessous du tableau. Elle occupe une grande place du fait de lâimportance du texte. Le texte lui-mĂȘme est une dĂ©claration de Darius, Ă©crit en Vieux-persan, en Ălamite, et en Akkadien. Le roi relate en un long rĂ©cit son accession au trĂŽne face Ă lâusurpateur Smerdis de Perse, les guerres victorieuses qui ont suivi, et la rĂ©pression de la rĂ©bellion. Remarquable par la qualitĂ© de sa rĂ©alisation, ce relief sâinspire de celui dâAnubanini Ă Sarpol-e Zahab, dont il reprend certaines des caractĂ©ristiques iconographiques : souverain piĂ©tinant lâennemi vaincu, prisonniers encordĂ©s et reprĂ©sentĂ©s Ă une Ă©chelle infĂ©rieure Ă celle du monarque, victoire sous les auspices dâune divinitĂ©[29] - [28] - [30] - [31].
Hormis Cyrus II et son fils, Cambyse II, tous les rois achĂ©mĂ©nides ont eu des sĂ©pultures monumentales rupestres creusĂ©es dans les flancs de montagnes sacrĂ©es. Quatre tombes royales se trouvent Ă Naqsh-e Rostam (Darius Ier, XerxĂšs Ier, ArtaxerxĂšs Ier, et Darius II), et trois Ă PersĂ©polis (ArtaxerxĂšs II, ArtaxerxĂšs III, et Darius III). Les façades des tombes sont toutes rĂ©alisĂ©es suivant un modĂšle invariant, cruciforme Ă trois registres. Le registre mĂ©dian consiste en une reprĂ©sentation des palais perses achĂ©mĂ©nides. Des colonnes ioniennes Ă chapiteaux de protomĂ©s animaux soutiennent un plafond de poutres. Elles entourent une porte centrale surmontĂ©e dâune gorge Ă©gyptienne qui ouvre sur la chambre funĂ©raire. Le registre supĂ©rieur reprend un canon de lâart sculptural achĂ©mĂ©nide visible sur les reliefs et les escaliers de PersĂ©polis. Il montre des personnages issus des nations assujetties et cĂ©lĂšbre la diversitĂ© des peuples de lâempire sur lesquels sâaffirme la royautĂ©. Ces sujets soutiennent un podium sur lequel est montĂ©e une estrade Ă gradins (parfois un lit dâapparat) au sommet de laquelle le monarque armĂ© dâun arc, et main droite levĂ©e, procĂšde Ă un rituel religieux devant un autel du feu. La scĂšne est entourĂ©e latĂ©ralement de gardes immortels, et est surmontĂ©e dâune reprĂ©sentation dâAhuramazda. Le registre infĂ©rieur est vierge[29] - [28] - [7].
- Tombe dâArtaxerxĂšs Ier Ă Naqsh-e Rostam
- Tombes de Darius Ier (gauche) et XerxĂšs Ier (droite) Ă Naqsh-e Rostam
- Tombe dâArtaxerxĂšs II Ă PersĂ©polis
- Tombe dâArtaxerxĂšs III Ă PersĂ©polis
Un autel dédié au culte du feu sculpté dans un rocher du Kuh-e Rahmat se trouve entre Persépolis et Naqsh-e Rajab. Bien que ne portant aucune scÚne, il est néanmoins considéré comme un relief rupestre par Louis Vanden Berghe[32].
Reliefs post-achéménides et séleucide
Les reliefs post-achĂ©mĂ©nides, Ă©galement appelĂ©s « achĂ©mĂ©nides tardifs », correspondent Ă des panneaux rupestres dont la date dâexĂ©cution est controversĂ©e. Initialement attribuĂ©s aux MĂšdes du fait de leur localisation, ces reliefs ont Ă©tĂ© plus probablement sculptĂ©s aux IVe et IIIe siĂšcles av. J.-C., Ă la fin de la pĂ©riode achĂ©mĂ©nide, ou au dĂ©but de lâĂšre sĂ©leucide.
LâautoritĂ© des SĂ©leucides sâexerçait en rĂ©alitĂ© plutĂŽt en Syrie, en haute MĂ©sopotamie, et en Asie mineure. Elle ne sâĂ©tendait que dans la partie Ouest de lâIran, aux villes situĂ©es sur les routes principales. Plusieurs provinces ainsi que la plupart des campagnes Ă©chappaient donc au pouvoir grec. Ces reliefs tirent leur nom de leur facture qui est achĂ©mĂ©nide, et ne comporte aucune trace dâinfluence hellĂ©nistique. leur exĂ©cution est techniquement fruste, attestant dâun caractĂšre « provincial » qui les diffĂ©rencie clairement de lâart officiel royal achĂ©mĂ©nide en vigueur depuis Darius Ier jusquâĂ la chute du premier empire perse. Il sâagit de cinq panneaux dont les quatre premiers (Sakavand, Dukkan-e Daud, Ravansar, Qizkapan) ont en commun d'ĂȘtre situĂ©s sur le territoire antique du Kurdistan, dans les provinces du Lorestan, de Kermanshah, et au Kurdistan irakien). Ils ont Ă©galement une thĂ©matique religieuse[1] - [33] - [34] - [35].
Le relief de Sakavand est proche de Behistun, mais se situe au Lorestan. Il sâagit dâun relief, surplombant la tombe centrale dâun groupe de trois ostothĂšques creusĂ©es dans la roche. Il semble avoir Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en deux temps : un premier personnage dâ1,87 m nu-tĂȘte et vĂȘtu dâune longue robe est reprĂ©sentĂ© en priĂšre bras levĂ©s Ă gauche, puis un ensemble a Ă©tĂ© ajoutĂ© par la suite, Ă demi-Ă©chelle du relief initial, qui montre un second personnage Ă©galement en priĂšre devant un autel et un brĂ»le-encens. Le relief de Dukkan-e Daud, Ă©galement appelĂ© Kil-e Daud, se trouve Ă proximitĂ© de Sarpol-e Zahab, donc des reliefs lullubis. Il orne Ă©galement une tombe rupestre et reprĂ©sente un prĂȘtre main droite levĂ©e en signe de rituel zoroastrien qui tient de la main gauche un faisceau de rameaux sacrĂ©s. Le figurant est vĂȘtu dâune robe, et est coiffĂ© dâun Bashlik. Le relief de Ravansar, situĂ© dans la Province de Kermanshah consiste en une scĂšne dâoffrande par un fidĂšle. Celui de Qizkapan est situĂ© dans le Kurdistan irakien. Il a d'abord Ă©tĂ© attribuĂ© aux pĂ©riodes sĂ©leucide ou parthe, et montre une scĂšne d'offrande surmontant une tombe rupestre. Deux sujets richement vĂȘtus se font face de part et d'autre d'un autel, ayant chacun le bras droit levĂ© et tenant un arc de la main gauche. La scĂšne, encadrĂ©e par des colonnes, prĂ©sente Ă©galement des symboles divins. Un dernier relief (Gardanah Gavlimash) est par contre situĂ© en Fars, il ne reprĂ©sente quâun archer[1] - [28] - [36] - [35] - [37] - [38].
Sous les SĂ©leucides, un syncrĂ©tisme religieux sâopĂšre en parallĂšle avec lâhellĂ©nisation. Zeus est assimilĂ© Ă Ahuramazda, ArtĂ©mis Ă Anahita, et HĂ©raclĂšs Ă Verethragna. Le culte dâHĂ©raclĂšs se rĂ©pand en Iran, rendu trĂšs populaire par lâimage de puissance associĂ©e Ă la divinitĂ©. Le culte est Ă©galement facilitĂ© par la parentĂ© spirituelle du culte du hĂ©ros divinisĂ©, et de la tradition iranienne de dĂ©ification des roi-hĂ©ros. Il nâest donc pas Ă©tonnant de trouver en Iran un relief rupestre dĂ©diĂ© Ă HĂ©raclĂšs, situĂ© de plus Ă Behistun, dans un lieu hautement symbolique. Le relief, image typiquement grecque, est sculptĂ© au pied de la falaise. Il reprĂ©sente HĂ©raclĂšs nu, reposant sur une peau de lion, une coupe Ă la main, au pied dâun olivier. Les armes du hĂ©ros sont Ă proximitĂ© immĂ©diate : arc et carquois suspendus Ă lâarbre, massue posĂ©e Ă ses pieds. Une inscription en grec rĂ©vĂšle la date de rĂ©alisation de la statue (-148), qui est rĂ©alisĂ©e en lâhonneur du gouverneur sĂ©leucide de la satrapie. LâexĂ©cution de la statue est techniquement fruste, ce qui tĂ©moigne de sa rĂ©alisation probablement iranienne et confirme son caractĂšre provincial. Une controverse existe cependant concernant la figure lĂ©onine sur laquelle repose HĂ©raclĂšs. En effet, le relief est taillĂ© au voisinage immĂ©diat du bord de la porte dâentrĂ©e de lâancienne forteresse mĂšde, ce qui pose la question de lâorigine du lion. certains ont ainsi Ă©voquĂ© que l'animal fasse partie intĂ©grante et dĂ©corative de cette porte dâĂ©poque mĂšde. Cette hypothĂšse suppose lâajout ultĂ©rieur dâHĂ©raclĂšs sur un relief prĂ©existant. Lâabsence de lion controlatĂ©ral plaide toutefois pour distinguer lâensemble de la structure de la porte et suppose l'origine Ă©galement sĂ©leucide du fauve[34] - [36] - [31] - [39].
Reliefs parthes
Plusieurs reliefs rupestres datant de lâĂ©poque parthe ont Ă©tĂ© retrouvĂ©s en Iran, principalement regroupĂ©s dans deux zones: la province de Kermanshah qui correspond au Sud du territoire antique du Kurdistan d'une part, et le Nord-Est du Khouzestan qui correspond au territoire de lâantique ĂlymaĂŻde d'autre part. C'est en ĂlymaĂŻde que cette forme de sculpture est florissante aux IVe et IIIe siĂšcles de notre Ăšre. La rĂ©gion bĂ©nĂ©ficiant alors dâune certaine autonomie, il sây dĂ©veloppe une vĂ©ritable Ă©cole dont lâart est caractĂ©ristique. Les reliefs peu modelĂ©s dans lâĂ©paisseur se dĂ©tachent Ă peine de la surface du roc. La facture qui en rĂ©sulte est donc trĂšs reconnaissable : plate et rudimentaire. Seuls les animaux sont reprĂ©sentĂ©s de profil. Les personnages sont figĂ©s, adynamiques. Ils sont reprĂ©sentĂ©s strictement de face, parfaitement symĂ©triques. Leurs traits sont assez stĂ©rĂ©otypĂ©s. Les barbes, moustaches et chevelures sont profus, et les yeux rendus peu expressifs par une large ouverture palpĂ©brale ne regardent jamais lâaction mais fixent le spectateur. Le rendu des vĂȘtements est Ă©galement typique : longues robes plissĂ©es, longs manteaux, et pantalons amples. Les scĂšnes frontales, statiques, et linĂ©aires dĂ©clinent des thĂšmes novateurs par rapport aux Ă©poques prĂ©cĂ©dentes. Si les panneaux dĂ©clinent en effet des scĂšnes officielles comme celles des reliefs achĂ©mĂ©nides, celles-ci sont souvent profanes. il s'agit en effet de passages de pouvoir, d'audiences, de chasses, ou enfin de combats et victoires. Si les scĂšnes cultuelles existent dans lâart rupestre parthe, elles sont proportionnellement moins nombreuses que pour les reliefs des Ă©poques prĂ©cĂ©dentes. Leur interprĂ©tation est plus difficile, ce qui fait considĂ©rer cet art comme non religieux malgrĂ© quelques reprĂ©sentations divines. Câest Ă©galement Ă la pĂ©riode parthe quâapparaissent les premiĂšres reprĂ©sentations Ă©questres. Les reliefs parthes inspirent ceux postĂ©rieurs des Sassanides qui en reprennent et dĂ©veloppent les thĂšmes[40] - [14] - [1] - [35] - [41]
Reliefs du Kurdistan antique
Il s'agit de 7 reliefs, dont 3 sont situĂ©s Ă proximitĂ© de Cizre en Turquie, et 4 en Iran sur la route antique reliant Qasr-e Chirin Ă Hamadan, via Kermanshah. Les sites choisis (Sarpol-e Zahab, Behistun) Ă©taient dĂ©jĂ connus pour abriter des reliefs datant dâĂ©poques antĂ©rieures.
- Relief parthe de Sar-e Pol par Pascal Coste
Le relief de Sarpol-e Zahab, date du Ier siĂšcle av. J.-C. et est sculptĂ© sous le relief lullubi dâAnubanini. Il montre une scĂšne Ă©questre dont la signification est incertaine. Il sâagit en effet au moins dâun hommage, et peut-ĂȘtre dâune investiture : un homme debout tend Ă un cavalier ce qui pourrait ĂȘtre un anneau de pouvoir. Une inscription au-dessus des personnages permet dâidentifier les rois arsacides GotarzĂšs Ier ou GotarzĂšs II. Lâintersection du rebord supĂ©rieur du panneau permet Ă lâartiste de sculpter la coiffe du monarque dont la hauteur, amplifiĂ©e par la situation Ă cheval, dĂ©passe celle du relief. Cette technique est par la suite reprise, et couramment appliquĂ©e par les Sassanides. Ce relief a Ă©galement pu inspirer celui d'ArdachĂźr Ier, Ă Salmas[40].
Le site de Behistun, abrite les trois autres reliefs, numĂ©rotĂ©s I, II, et III. Behistun I, en contrebas du relief de Darius Ier, est une scĂšne dâaudience du roi Mithridate II, en compagnie de quatre dignitaires. La reprĂ©sentation de profil traduit la persistance de conventions achĂ©mĂ©nides, tandis que la prĂ©sence dâune victoire ailĂ©e ainsi que dâune inscription grecque montre la persistance de lâinfluence hellĂ©nistique. Le relief date du IIe siĂšcle av. J.-C., et est trĂšs dĂ©gradĂ©. Il a Ă©galement Ă©tĂ© amputĂ© en plein panneau par une niche taillĂ©e au XVIIIe siĂšcle, qui abrite une inscription en persan dĂ©diĂ©e à « Hadji Ali Khan, gouverneur de la province ». Le constat de cette incongruitĂ© provoque lâindignation dâEugĂšne Flandin. Visitant le site au XIXe siĂšcle, il parle de « main sacrilĂšge », et dâ« amputation ». Behistun II, est attenant au premier, et montre une scĂšne Ă©questre de guerre. Le roi GotarzĂšs II armĂ© dâune lance et suivi de deux autres cavaliers armĂ©s dĂ©sarçonne un ennemi. Le relief datĂ© du Ier siĂšcle comporte aussi une inscription grecque, ainsi que des reprĂ©sentations de NikĂ©. Behistun III est taillĂ© sur un rocher isolĂ© et montre une scĂšne rituelle. Plus tardif (Ier ou IIe siĂšcle), c'est la premiĂšre reprĂ©sentation figurĂ©e de face. Il met en scĂšne un noble arsacide dĂ©nommĂ© VologĂšse et deux dignitaires qui sacrifient devant un autel[40] - [42] - [1].
Les reliefs turcs sont situĂ©s aux environs de la ville de Cizre, Ă proximitĂ© des berges du Tigre, et ont Ă©tĂ© dĂ©crits pour la premiĂšre fois par Austen Henry Layard. Ils ont fait l'objet de peu d'Ă©tudes descriptives[43]. L'un se trouve sur un aplomb rocheux dans la gorge de Finik, qui montre au sein d'un cadre grossier, deux personnages reprĂ©sentĂ©s debout de face, aux vĂȘtement typiquement parthe. la main droite du personnage de droite semble posĂ©e sur l'Ă©paule de son mentor, dont la main droite est Ă©galement levĂ©e, rĂ©alisant une posture classique de l'iconographie rupestre Parthe. Les restes d'une inscription trĂšs endommagĂ©e y sont encore distinguĂ©s. Il ne reste plus qu'un des 2 reliefs de Kasr Ghelli, qui malgrĂ© l'Ă©rosion montre encore un cavalier sculptĂ© dans un cadre Ă©galement grossier. Un effondrement est responsable de la disparition du 2e relief, qui initialement situĂ© sous le relief au cavalier, n'est connu que part les Ă©crits et dessins d'Austen Henry Layard. Le relief montrait un personnage aux mains jointes reprĂ©sentĂ© Ă©galement de face debout[44].
Reliefs élyméens
Sans doute sculptĂ©s Ă lâinitiative de princes locaux, ils consistent en 12 panneaux rĂ©partis sur 9 sites: Hung-e Yar-e Aliwand, Hung-e Kamalwand, Hung-e Nowruzi, Tang-e Butan Shimbar, Kuh-e Tina, Kuh-e Taraz, Tang-e Sarvak, Shirinow, et Sheivand. Contrairement aux autres reliefs dâIran, situĂ©s aux abords des grands axes, les reliefs ElymĂ©ens sont parfois trĂšs Ă©loignĂ©s des centres urbains[40] - [14].
Le site de Hung-e Nowruzi prĂ©sentait dĂ©jĂ un panneau Ă©lamite. Il abrite le plus ancien relief parthe qui date de -139/-138, et montre une scĂšne dont la signification est controversĂ©e. La plupart en font un hommage rendu Ă Mithridate Ier, roi ayant conquis lâĂlymaĂŻde. Le roi est reprĂ©sentĂ© en cavalier suivi dâun page, lâhommage serait rendu par un vassal et 3 dignitaires. Le vassal est reprĂ©sentĂ© main droite levĂ©e, comme son voisin direct. Les 2 autres dignitaires ont les bras croisĂ©s. Toutefois, la taille relativement plus importante du personnage central, comme sa position par rapport aux autres, font Ă©voquer une scĂšne dâinvestiture dâun souverain local en prĂ©sence de Mithridate. Deux oiseaux portant chacun un anneau (symbole de pouvoir), volent lâun en direction du monarque et lâautre dans celle du vassal. Les vĂȘtements portĂ©s par les personnages sont caractĂ©ristiques des Parthes. Ce relief est exceptionnel car le roi est reprĂ©sentĂ© de profil, fait unique pour un relief ĂlymĂ©en. Son visage est dĂ©taillĂ©, ce qui permet son identification par comparaison avec ses effigies frappĂ©es sur des monnaies, ainsi que la datation du relief. Le relief de Hung-e Yar-e Aliwand prĂ©sente une scĂšne dâinvestiture : un personnage princier remet un anneau Ă un vassal. Le relief de Hung-e Kamalwand Ă©voque celui de Sarpol-e Zahab : un cavalier royal armĂ© dâune lance, identifiĂ© par une inscription en AramĂ©en comme un des rois PhraatĂšs, reçoit lâhommage dâun dignitaire portant une cruche[40] - [1].
Le relief de Tang-e Butan Shimbar montre la persistance dâinfluences grecques. Il consiste en effet en un grand panneau de cinq registres. Les 4 premiers sont sĂ©parĂ©s par des autels et figurent l'hommage de dignitaires Ă HĂ©raclĂšs/Verethragna. Un cinquiĂšme est situĂ© plus bas, qui montre trois autres personnages Ă une Ă©chelle plus petite. Des inscriptions suggĂšrent que les diffĂ©rentes scĂšnes ont Ă©tĂ© sculptĂ©es Ă des Ă©poques diffĂ©rentes. Le relief de Kuh-e Tina consiste en une scĂšne oisive montrant un homme allongĂ© sur un lit tenant un diadĂšme et une coupe, derriĂšre lequel est assis un second sujet qui semble lâĂ©venter. Le relief de Kuh-e Taraz est trĂšs dĂ©gradĂ©, presque illisible. Un sujet debout tend une main vers un autre assis[40].
Le site de Tang-e Sarvak est situĂ© Ă 50 km au Nord-Ouest de Behbahan. Câest le plus riche, prĂ©sentant des reliefs parfois composĂ©e de plusieurs registres, sculptĂ©s sur des rochers numĂ©rotĂ©s de I Ă IV et distants parfois de centaines de mĂštres. Le rocher I est dĂ©corĂ© sur deux faces. Lâune montre une scĂšne dâoffrande Ă HĂ©raclĂšs/Verethragna par un prince dĂ©nommĂ© Vorod (parfois identifiĂ© Ă OrodĂšs IV) et un prĂȘtre, lâautre montre deux sujets debout. Le rocher II est sculptĂ© sur deux faces. La premiĂšre montre Vorod Ă©tendu sur un lit tenant un anneau de pouvoir, en compagnie de vassaux et de notables sur deux registres superposĂ©s. Lâautre, est plus complexe, montrant 7 inscriptions et des scĂšnes sans rapport entre elles, rĂ©parties sur 3 registres. Le registre supĂ©rieur montre Ă gauche une scĂšne dâoffrande princiĂšre devant un autel et Ă droite, une composition Ă©voquant une audience tenue par un prince et un vizir assis en compagnie de 7 dignitaires debout. Ces personnages font l'objet de controverses, identifiĂ©s parfois comme des guerriers, des nobles, des dieux, voire comme des dĂ©esses. Le registre mĂ©dian montre Ă gauche une sĂ©rie composĂ©e de 2 enfants et 4 adultes debout, et Ă droite, une scĂšne de chasse Ă©questre Ă lâours. Le registre infĂ©rieur, montre un homme Ă©touffant un lion. Le rocher III porte une scĂšne de combat Ă©questre opposant un prince Ă un adversaire, en prĂ©sence de 2 soldats et dâun autre ennemi mort. Le rocher IV est sculptĂ© sur deux faces, montrant pour lâune deux dignitaires, et pour lâautre un sujet oisif tenant une coupe[40] - [35] - [45] - [46] - [47].
Le relief de Shirinow est Ă©galement situĂ© au Nord de Behbehan, sur une route de transhumance nomade bakhtiare. Il montre 3 personnages de face, lâun Ă gauche armĂ© dâune lance, est assis sur un trĂŽne. Un autre, semble lever le bras droit vers le personnage assis, tandis que le personnage de droite, est reprĂ©sentĂ© croisant les bras. Il semble sâagir dâune scĂšne dâinvestiture, mais lâanalyse est rendue difficile par le fait que le panneau est trĂšs dĂ©gradĂ©. Il est en effet rĂ©guliĂšrement utilisĂ© comme cible de jets de pierres par des nomades, souhaitant ainsi conjurer le mauvais sort. Les contours des personnages sont rehaussĂ©s dâun trait au charbon de bois facilitant la visĂ©e. Le relief de Sheivand est taillĂ© dans un rocher isolĂ© qui domine la cascade dâun affluent de la riviĂšre Karoun. Il comporte 2 registres. Le registre supĂ©rieur est profane. Il montre un attelage tractĂ© par 2 bĆufs guidĂ©s par un Ă©cuyer, et sur lequel s'Ă©tend un personnage de haut rang qui tient une coupe. Le registre infĂ©rieur, est par contre cultuel : Ă lâavant-plan se tient un prĂȘtre qui tient une coupe et tend un flacon vers un brĂ»le-parfum, tandis qu'un autre personnage se tient dans une attitude similaire Ă lâarriĂšre-plan[14].
Reliefs sassanides
Ă lâexception des reliefs de Taq-e Bostan, Salmas, ou Rag-i Bibi, lâĂ©norme majoritĂ© des panneaux sassanides est concentrĂ©e en Fars, dâoĂč la dynastie est originaire. Les reliefs sassanides sont rĂ©alisĂ©s avec une maĂźtrise technique beaucoup plus accomplie que ceux des Ă©poques prĂ©cĂ©dentes. Le relief n'est sculptĂ© dans le volume qu'aprĂšs un premier temps d'Ă©galisation de la surface. Cette mise Ă niveau est rĂ©alisĂ©e dĂšs le troisiĂšme relief du rĂšgne d'ArdachĂźr Ier, par creusement d'un encadrement. Un gigantesque cadre vide destinĂ© Ă abriter un relief ordonnĂ© par Khosro II Ă Behistun, et d'autres cadres de dimensions plus modestes Ă naqsh-e Rostam tĂ©moignent ainsi de ce temps prĂ©paratoire[48] - [49] - [50].
LâĂ©tude artistique de plusieurs reliefs de la province de Fars datant de rĂšgnes diffĂ©rents a permis de mieux apprĂ©hender leur conception et dâen dĂ©gager plusieurs caractĂ©ristiques. Leur exĂ©cution semble obĂ©ir Ă des rĂšgles et conventions prĂ©cises, dont certaines sont issues de traditions artistiques anciennes tandis que dâautres sont associĂ©es plus clairement Ă lâĂšre sassanide, et dont on peut nĂ©anmoins constater des Ă©volutions avec le temps. La phase de sculpture Ă Ă©chelle du relief suivrait une phase prĂ©paratoire au moyen de schĂ©mas ou de dessins Ă rĂ©alisĂ©s Ă lâavance Ă Ă©chelle rĂ©duite. De tels dessins ont trĂšs probablement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s Ă lâaide de grilles, dont les proportions sont ensuite reportĂ©es sur les parois rocheuses au moyen de marquages. La plupart des reliefs sont ainsi rĂ©alisĂ©s dans un cadre rectangulaire dont les proportions sont trĂšs proches de celles dâun rectangle dâor, correspondant ainsi Ă des dimensions « idĂ©ales ». Les proportions des sujets composant la scĂšne, permettent la subdivision du panneau en 16, 18, ou 21 bandes Ă©quivalentes selon les repĂšres considĂ©rĂ©s ou le panneau. Certains des reliefs sont organisĂ©s de façon strictement symĂ©trique autour dâune ligne mĂ©diane, passant alors constamment au centre du sujet de la scĂšne : roi pour une scĂšne dâaudience comme Sarab-e Bahram, ou anneau de pouvoir pour une scĂšne dâinvestiture comme Naqsh-e Rostam I. Le positionnement des sujets est Ă©galement rĂ©alisĂ© selon des lignes parallĂšles, et qui rĂ©alisent des angles extrĂȘmement prĂ©cis et reproductibles avec la ligne mĂ©diane du relief. Ă chaque type de figure, correspondent Ă©galement des proportions prĂ©cises et invariantes. Par exemple, les proportions des chevaux sont identiques sur tous les reliefs : leur hauteur totale est constamment le double de la hauteur du ventre au sol. De tels Ă©lĂ©ments ont permis de catĂ©goriser les reliefs en au moins 3 groupes dĂ©finis par des caractĂ©ristiques communes. Ils ont Ă©galement permis lâidentification dâau moins 2 Ă©coles artistiques diffĂ©rentes qui ont nĂ©anmoins travaillĂ© sur des pĂ©riodes concomitantes[51].
La conception des reliefs intĂšgre le fait dâun spectateur situĂ© en contrebas du relief, en reprĂ©sentant les parties supĂ©rieures des personnages (torses, tĂȘtes) plus larges, afin que lâĆil nu ait lâillusion de proportions gardĂ©es. Suivant les conventions orientales des reprĂ©sentations sculpturales en relief, les proportions des figures royales sont augmentĂ©es par rapport Ă celles des autres personnages, ce qui permet ainsi au roi de dominer ses sujets. Cette domination est accentuĂ©e par le positionnement du roi Ă lâavant-plan, ou au centre. Les reliefs montrent souvent le roi recevoir lâhommage de ses sujets, la manifestation de la soumission prend alors la forme dâun geste typique de la dynastie : les sujets prĂ©sentent une attitude de respect au roi, main fermĂ©e Ă hauteur du visage, index en haut, recourbĂ© et dirigĂ© vers le monarque. Les techniques de finition font appel au ciselage, au polissage de la pierre. Des enduits sont appliquĂ©s sur certains dâentre eux, posant la question de lâutilisation possible de pigments et de fresques polychromes. Le relief rĂ©cemment dĂ©couvert Ă Rag-e Bibi semble confirmer cette hypothĂšse, car il prĂ©sente outre des traces de pigments, les stigmates d'Ă©lĂ©ments dĂ©coratifs tels que stucs ou d'objets emboĂźtĂ©s. l'utilisation dâenduits nâest cependant pas propre aux Sassanides, des traces de bitume ont en effet dĂ©jĂ Ă©tĂ© relevĂ©es sur des reliefs Ă©lamites, qui a pu ĂȘtre utilisĂ© pour graver des dĂ©tails[12] - [1] - [52] - [9] - [10].
Peu de reliefs sassanides comportent une inscription. Nâayant pas forcĂ©ment de rapport avec la scĂšne, et Ă©tant dâune portĂ©e limitĂ©e, elle semble avoir un rĂŽle secondaire dans la fonction reprĂ©sentative du relief. De plus, elle rĂ©sulte d'un ajout postĂ©rieur Ă la rĂ©alisation du panneau. PrĂ©sente, elle est alors souvent bi ou trilingue (grec, parthe, pehlevi), et correspond Ă une phrase type connaissant peu de variantes dont voici une version prĂ©sente Ă Naqsh-e Rajab I[4]:
- Ceci est le portait du fidĂšle d'Ahuramazda, le dieu Shapur, roi des rois de l'Iran et de l'Aniran, d'origine divine, fils du fidĂšle d'Ahuramazda, le dieu ArdachĂźr, roi des rois de l'Iran, d'origine divine, le petit-fils du dieu Babak, le roi.
Si de telles phrases permettent de mettre un nom sur le monarque reprĂ©sentĂ©, l'attribution des reliefs sassanides comme l'identification des personnages repose surtout sur l'analyse comparative des morphologies (coiffures, barbes) et des attributs royaux (couronnes spĂ©cifiques Ă chaque souverain) avec d'autres reprĂ©sentations iconographiques d'Ă©poque prĂ©sentes sur les monnaies ou piĂšces d'orfĂšvreries de cour. Certains des thĂšmes iconographiques des reliefs se retrouvent en effet Ă©galement sur des vases, plats, assiettes, voire tissus sassanides qui sont parvenus jusqu'Ă nous. De plus, l'examen des armoiries sur les parures de chevaux et les coiffes peut Ă©galement ĂȘtre utile quand des symboles sont prĂ©sents (anneau ceint de deux rubans pour ArdachĂźr Ier, ciseaux pour le mage Kartir, etc.). La connaissance historique des guerres opposant Perses et Romains, ainsi que des textes comme ceux de la Ka'ba-ye Zartosht Ă Naqsh-e Rostam, permet Ă©galement d'identifier les empereurs romains prĂ©sents sur les reliefs de Shapur. Lâidentification de certaines figures reste nĂ©anmoins sujette Ă controverses, bien quâil sâagisse de personnages clefs comme des rois, des empereurs romains, ou mĂȘme des divinitĂ©s[53] - [4] - [54].
Reliefs dâArdachĂźr Ier
ArdachĂźr 1er, est le fondateur de la dynastie Sassanide. Ancien vassal des Parthes en Fars, il se rĂ©volte, dĂ©fait son suzerain Artaban V en Susiane. Il conquiert ensuite CtĂ©siphon oĂč il se fait couronner roi. Peu aprĂšs, il Ă©tend ses conquĂȘtes au Nord, notamment vers lâArmĂ©nie et lâAzerbaĂŻdjan, et Ă lâEst, vers les territoires actuels de lâAfghanistan, du Pakistan, et du Pendjab. Les cinq reliefs quâil laisse, sont encore fortement imprĂ©gnĂ©s de lâiconographie parthe, bien quâexĂ©cutĂ©s avec plus de finesse. Ils consacrent lâimage de cette conquĂȘte, de la fondation de lâempire, et de lâavĂšnement de la nouvelle dynastie.
- Firouzabad II: investiture Ă pied d'ArdachĂźr Ier
- La "chevauchée fantastique" de Firouzabad I par EugÚne Flandin
Firouzabad I, dit relief de la victoire sur Artaban V, est situĂ© sur une hauteur de la gorge menant Ă la ville, donc peu accessible. Plus ancien des reliefs sassanides, il montre un combat Ă©questre volontiers qualifiĂ© de "chevauchĂ©e fantastique", qui se dĂ©compose en 3 scĂšnes Ă©talĂ©es sur un panneau long de prĂšs de 20m. Le contraste entre ce panneau montrant une chevauchĂ©e Ă©pique toute en mouvement avec lâimmobilisme des reliefs parthes est frappant. Dâavant en arriĂšre, ArdachĂźr, cheveux attachĂ©s en couette, chevauche une monture cuirassĂ©e et dĂ©sarçonne Artaban. Ă sa suite, un cavalier pouvant ĂȘtre son fils, Shapur Ier, tue un ennemi de sa lance. Suit un combat au corps Ă corps entre un page imberbe qui enserre un ennemi. Le panneau est dĂ©gradĂ©, mais laisse nĂ©anmoins apparaĂźtre une reprĂ©sentation des chevaux trĂšs soignĂ©e et dĂ©taillĂ©e jusque dans les harnachements et les armoiries des chevaliers. De mĂȘme, on peut Ă©galement distinguer le dĂ©tail des vĂȘtements et cĂŽtes de mailles. Ce relief est la seule image dâun roi sassanide non coiffĂ© du korymbos[48] - [1] - [55] - [49].
Firouzabad II, dit relief dâinvestiture Ă pied, est situĂ© en pleine gorge quelques mĂštres au-dessus dâune riviĂšre. ComposĂ© Ă la suite du couronnement dâArdachĂźr, il prĂ©sente en 2 scĂšnes sans encadrement : dâune part un groupe de 4 dignitaires, dâautre part, le passage du farshiang (anneau de pouvoir, ou encore cydaris) au roi par Ahuramazda. ReprĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois sous forme humaine, le dieu, est habillĂ© dâune façon similaire au roi, dont il se distingue par la forme de la couronne, lâabsence de korymbos et dâarme. Ces caractĂ©ristiques restent constantes pour les reliefs ultĂ©rieurs. La facture du relief reste proche de celle des reliefs parthes : peu dĂ©collĂ©e de la surface, elle reste relativement plane et prĂ©sente peu de volume. L'exĂ©cution est encore fruste : les vĂȘtements paraissent Ă©triquĂ©s, leur drapĂ© est inexistant en comparaison d'autres reliefs[48] - [49].
Naqsh-e Rajab III, est le second des trois reliefs dâinvestiture dâArdachĂźr. D'exĂ©cution moins plate, il compte 8 personnages, placĂ©s de façon quasi symĂ©trique et isocĂ©phalique. Au centre, le roi reçoit lâanneau de pouvoir des mains dâAhuramazda qui lui fait face. Le dieu porte une couronne crĂ©nelĂ©e typique, et tient dans sa main gauche le barsom. Le roi tient sa main gauche devant sa bouche, en signe de respect au dieu, index demi-flĂ©chi en haut et en avant. Lâanneau est ornĂ© de deux rubans, qui rĂ©alise ainsi les armoiries du roi dĂ©jĂ visibles sur son cheval Ă Firouzabad I. Deux petits personnages se font face entre le roi et le dieu : un enfant qui pourrait ĂȘtre Bahram Ier, fils de Shapur Ier et petit-fils dâArdachĂźr Ier, et un personnage barbu et nu, tenant une massue, probablement HĂ©raclĂšs. DerriĂšre le roi, Un page, et Shapur encore prince. Ă la droite du panneau, derriĂšre le dieu, deux femmes sont sculptĂ©es, semblant ne pas prendre part Ă la scĂšne, Ă laquelle elles tournent le dos et dont elles semblent sĂ©parĂ©es par une colonne ou les pans dâun baldaquin. Sâagissant probablement de lâĂ©pouse du roi accompagnĂ©e dâune servante, cette reprĂ©sentation met en scĂšne des femmes pour la premiĂšre fois depuis les reliefs Ălamites[48] - [56] - [49].
Naqsh-e Rostam I, dit relief dâinvestiture Ă©questre, est la plus importante des scĂšnes dâaccession au pouvoir dâArdachĂźr. Son placement dans un lieu sacrĂ© oĂč Ă©tait dĂ©jĂ prĂ©sent un relief Ă©lamite, et des tombes royales achĂ©mĂ©nides, pourrait correspondre Ă la volontĂ© du roi de placer son avĂšnement sous le patronage des vieilles dynasties iraniennes. Toutefois, le fait que le panneau est situĂ© Ă distance peut faire discuter cette interprĂ©tation. La scĂšne marque un tournant dans la qualitĂ© de la reprĂ©sentation de lâinvestiture dont elle met au point les canons qui inspirent les souverains suivants, y compris sur le mĂȘme site. Dans une iconographie respectant une disposition symĂ©trique, dieu et roi se font face Ă cheval. Sous les sabots des montures gisent les corps dâennemis vaincus (en lâoccurrence Artaban V), et dâAhriman, divinitĂ© du mal. Comme pour le roi, la couronne du dieu est ceinte dâun ruban dont les pans retombent sur le dos, et les cheveux Ă©mergent en boucles qui pendent sur les Ă©paules. Par contre, la barbe du dieu est carrĂ©e, celle du roi est nouĂ©e. La main gauche du monarque est toujours ramenĂ©e devant sa bouche. Les officiels disparaissent de la scĂšne, en dehors du page qui Ă©vente le roi par lâarriĂšre. LâexĂ©cution est soignĂ©e, la qualitĂ© du polissage de la roche est proche de celle de la ronde-bosse achĂ©mĂ©nide. Le relief prend plus de volume, et le drapĂ© des vĂȘtements se fait ample, prenant des proportions moins Ă©triquĂ©es et tendues quâauparavant. Le [48] - [56] - [54] - [49]
Le relief de Salmas est lâunique relief sassanide en Azerbaidjan occidental. RĂ©alisĂ© aprĂšs les conquĂȘtes caucasiennes, il montre ArdachĂźr et son fils Shapur Ă cheval, recevant lâhommage dâun roi et dâun officiel armĂ©niens vaincus. Le relief semble inspirĂ© du relief Parthe de Sarpol-e Zahab[48].
Reliefs de Shapur Ier
Shapur Ier, fils et successeur dâArdachĂźr figure dĂ©jĂ sur plusieurs des reliefs de son pĂšre quâil supplĂ©e. Son rĂšgne, est marquĂ© sur le plan militaire par lâextension de lâempire vers lâEst (Peshawar, empire kouchan) et au Nord (Transcaucasie), et surtout par de multiples confrontations victorieuses avec Rome. Lâempereur Gordien III y perd la vie, Philippe l'Arabe, y est contraint de cĂ©der lâArmĂ©nie, et ValĂ©rien y est fait prisonnier jusquâĂ la fin de ses jours. Outre la continuitĂ© stylistique avec les canons des scĂšnes dâinvestiture Ă©laborĂ©s sous ArdashĂźr, les reliefs de Shapur sont marquĂ©s par la rĂ©manence des cĂ©lĂ©brations de ces victoires sur Rome. 7 reliefs lui sont authentiquement attribuĂ©s[53] - [11].
- Naqsh-e Rajab I: parade Ă cheval de Shapur Ier
- Naqsh-e Rajab IV: investiture Ă©questre de Shapur Ier
Naqsh-e Rajab I et IV, respectivement "parade Ă cheval", et "investiture Ă©questre de Shapur", sont les deux premiers reliefs laissĂ©s par ce roi. Ils se font face, sur les berges opposĂ©es de lâanfractuositĂ© au fond de laquelle se trouve lâinvestiture Ă pied dâArdashir. La parade montre une scĂšne majestueuse de procession royale. Le monarque fait avancer son cheval au pas cadencĂ©, et est suivi de 9 personnages rĂ©partis en 3 groupes. Les personnages dâarriĂšre-plan et ceux de la fin de procession sont prĂ©sentĂ©s en buste, tandis que ceux de lâavant-plan sont prĂ©sentĂ©s intĂ©gralement, crĂ©ant ainsi un effet de perspective. Les coiffes et emblĂšmes permettent lâidentification de dignitaires et de membres de la famille royale. 3 sujets joignent les mains sur le pommeau de leur Ă©pĂ©e piquĂ©e verticalement au sol. Cette attitude nouvelle contraste avec celle issue des reliefs parthes qui montrait des personnages tenant lâĂ©pĂ©e par le manche, portĂ©e Ă la hanche par un baudrier. Reprise par les successeurs de Shapur, elle marque les pĂ©riodes suivantes. Une inscription trilingue est lisible qui comporte le dernier texte grec connu en Iran. La scĂšne dâinvestiture Ă cheval se distingue de celle dâArdachĂźr Ă Naqsh-e Rostam par lâabsence dâennemis foulĂ©s sous les sabots des chevaux, par lâinversion des dispositions du roi et du dieu, ou lâabsence dâĂ©cuyer. Les proportions entre chevaux et personnages semblent mieux respectĂ©es, et la scĂšne tout en restant statique, voit apparaĂźtre un mouvement aĂ©rien qui emporte rubans, plis de vĂȘtements, ou manteaux. Une telle Ă©volution vers la dynamique iconographique est possiblement la marque dâune influence artistique romaine[53] - [57] - [11] - [49].
Les 5 reliefs de Naqsh-e Rostam VI, Darabgird, et Bishapour I, II, et III, consacrent les 3 victoires de Shapur sur les Romains. ReprĂ©sentant chacun au moins 2 des empereurs vaincus, ils ne sont pas exĂ©cutĂ©s au fur et Ă mesure des victoires, quâils reprĂ©sentent de façon symbolique et intemporelle. Le roi y est toujours montrĂ© Ă cheval, les empereurs romains Ă©tant gĂ©nĂ©ralement debout (Philippe), agenouillĂ© et implorant (ValĂ©rien), gisant sous les sabots du cheval (Gordien). Ă Naqsh-e Rostam, Shapur tient les bras de Philippe de la main gauche. Les mains du Romain sont cachĂ©es par ses manches, selon une coutume remontant aux AchĂ©mĂ©nides et signant la soumission. Un personnage se tient derriĂšre le roi, identifiĂ© comme Ă©tant le prĂȘtre Kartir, qui lui tĂ©moigne son respect en recourbant lâindex. Cet ajout postĂ©rieur au relief initial comporte une inscription. Le relief de Darabgird prĂ©sente dâimportantes variations par rapport au prĂ©cĂ©dent : au lieu de tenir les mains de Philippe, Shapur lui pose la sienne sur la tĂȘte, et le corps de Gordien est reprĂ©sentĂ© pour la premiĂšre fois. De plus, la scĂšne comporte de nombreux autres personnages : 18 soldats perses sur 4 rangs dâune part et 24 prisonniers romains dâautre part fixent la scĂšne, et enfin un dignitaire perse amĂšne 2 chevaux. Outre le thĂšme de la victoire militaire, le relief porte Ă©galement un Ă©vocation de lâavĂšnement dâArdashir, dont câest la couronne qui coiffe Shapur. Cet hommage pourrait trouver sa raison en le fait que câest Ă Darabgird que le fondateur de la dynastie avait amorcĂ© sa prise de pouvoir[53] - [57] - [49].
- Bishapour III, autre scĂšne sur le mĂȘme thĂšme
Le premier relief de Bishapour mĂȘle le thĂšme de la victoire et celui de lâinvestiture Ă cheval : le roi et Ahuramazda se font face, leur chevaux piĂ©tinent chacun un gisant : Gordien pour Shapur, et Ahriman pour le dieu. ValĂ©rien est agenouillĂ© au centre de la scĂšne. Le deuxiĂšme relief de Bishapour est dĂ©clinĂ© en 3 scĂšnes : au centre, le roi et les 3 Romains sont reprĂ©sentĂ©s en compagnie de dignitaires et de victoires ailĂ©es. Les deux autres scĂšnes montrent diffĂ©rentes troupes perses : cavalerie perse sur 2 registres dâune part, et infanterie multiethnique dâautre part sur plusieurs rangs. Le troisiĂšme relief reprend lâiconographie et lâorganisation du prĂ©cĂ©dent quâil dĂ©veloppe plus encore : la scĂšne centrale change peu, mais semble se fondre avec les scĂšnes latĂ©rales du fait de limites imprĂ©cises. La cavalerie perse est une nouvelle fois reprĂ©sentĂ©e, mais les personnages y sont multipliĂ©s (73 cavaliers). Tous prĂ©sentent lâindex recourbĂ© au roi en signe de respect. La derniĂšre scĂšne prĂ©sent un dĂ©filĂ© de prisonniers romains et un cortĂšge de soldats perses amenant un butin impressionnant et variĂ© (tissus, vaisselle, armes, chevaux et chars). Bien que le style dâexĂ©cution, lâorganisation et la prĂ©pondĂ©rance du symbolisme sur la rĂ©alitĂ© Ă©voquent avant tout des rĂ©alisations iraniennes, lâinfluence grecque reste encore visible au travers des victoires ailĂ©es, et lâinfluence romaine pourrait expliquer le soin plus important mis Ă lâexĂ©cution des vĂȘtements, le rĂ©alisme plus poussĂ© des corps, des attitudes, et des expressions comme celle de ValĂ©rien qui portent une forte charge Ă©motionnelle[53] - [57] - [11] - [49].
Relief de Bahram Ier
Bahram Ier ne rĂšgne que quelques annĂ©es, et ne laisse quâun relief, situĂ© Ă Bishapour. Il sâagit dâune reprĂ©sentation classique dâinvestiture, qui suit les canons mis au point par ArdachĂźr Ier, et dĂ©jĂ repris par Shapur Ier. Face Ă face Ă©questre symĂ©trique du roi et du dieu, le relief diffĂšre toutefois de ses modĂšles par sa qualitĂ©, et un rendu plus animĂ© de la composition confĂ©rant une forte impression de mouvement. Un ajout est fait secondairement, sous la forme dâun gisant piĂ©tinĂ© par les sabots du cheval royal, et le creusement dâun aqueduc ampute la partie infĂ©rieure de la scĂšne dâune bande Ă©vidĂ©e courant sur toute sa longueur. Outre son intĂ©rĂȘt artistique, le panneau prĂ©sente des particularitĂ©s historiques. Le nom du roi a Ă©tĂ© effacĂ© par martĂšlement, et remplacĂ© par celui de Narseh, un de ses successeurs au trĂŽne. Lâexplication avancĂ©e d'un tel geste, est que Narseh qui aurait en fait dĂ» succĂ©der Ă Shapur, a souhaitĂ© effacer le nom de Bahram Ier, assimilĂ© Ă un usurpateur, sâappropriant ainsi symboliquement son investiture. Narseh semble ĂȘtre Ă©galement le commanditaire de lâajout du gisant, qui pourrait ĂȘtre Bahram III, quâil a dĂ©posĂ© afin dâaccĂ©der au trĂŽne. Dâune scĂšne classique dâinvestiture, le relief Ă©volue alors vers une thĂ©matique de victoire, Ă laquelle Bahram Ier, ayant perdu CtĂ©siphon et la MĂ©sopotamie aux Romains nâaurait pu prĂ©tendre[58] - [49].
Reliefs de Bahram II et de Kartir
Lâart du relief connaĂźt un dĂ©veloppement sans prĂ©cĂ©dent sous le rĂšgne de Bahram II. Le roi fait en effet exĂ©cuter pas moins de 10 panneaux, qui abordent des thĂšmes franchement novateurs comme des reprĂ©sentations dâambassade, des scĂšnes Ă caractĂšre privĂ©, ou des combats contre des fauves. La prĂ©sence de membres de la famille royale est rĂ©manente chez Bahram II. Ă lâopposĂ© de ses prĂ©dĂ©cesseurs, qui ne montraient Ă©ventuellement quâun prince occupant dĂ©jĂ des fonctions auprĂšs du roi comme Shapur Ier, Bahram se fait reprĂ©senter avec plusieurs de ses enfants, et/ou en compagnie de lâune de ses Ă©pouses. La mise en scĂšne des combats connaĂźt Ă©galement des Ă©volutions : leur rĂ©alisation prend plus la forme dâun tournoi de chevalerie que dâune vĂ©ritable action de guerre. Le canon de lâinvestiture divine est absent de cette sĂ©rie, de mĂȘme que les reprĂ©sentations de victoire. Le souverain nâa en effet Ă son actif aucun succĂšs militaire important, ayant mĂȘme essuyĂ© plusieurs dĂ©faites contre Rome. Si Bahram II sâinscrit parfois dans la continuitĂ© en reprenant les sites de Bishapour et Naqsh-e Rostam, il fait preuve Ă©galement dâune volontĂ© de rupture en choisissant 5 nouveaux sites jusquâici vierges de tout relief pour abriter 6 panneaux. Aucun dâeux nâest rĂ©utilisĂ© par ses successeurs[52] - [59] - [49].
- Audience de Bahram II Ă Naqsh-e Rostam
- Combat Ă©questre de Bahram II Ă Naqsh-e Rostam
3 reliefs sont dĂ©diĂ©s Ă Bahram II, Ă Naqsh-e Rostam. Naqsh-e Rostam II est une scĂšne dâaudience royale, dont la facture reste unique parmi les reliefs sassanides. Le relief est sculptĂ© Ă lâemplacement dâun relief Ălamite bien plus ancien, dont il efface la plupart des Ă©lĂ©ments. Le roi est vu debout de face, sur un piĂ©destal. Ses mains tiennent devant lui son Ă©pĂ©e dont la pointe est piquĂ©e au sol. Seul le roi est entiĂšrement reprĂ©sentĂ©. Les autres personnages Ă©tant en partie cachĂ©s par un plan vierge, leurs images sont ainsi sont rĂ©duites aux bustes. Entourant le roi, ils lui rendent hommage en lui prĂ©sentant lâindex courbĂ©. Les coiffes permettent dâidentifier certains des personnages, ou leurs rangs. SituĂ©s Ă la droite du souverain et Ă partir du centre, la reine, deux princes, Kartir, puis un personnage nu-tĂȘte pouvant Ă©galement ĂȘtre un prĂȘtre. La prĂ©sence de lâecclĂ©siastique avec la famille royale, tĂ©moigne de son importance dans lâappareil dâĂtat. 3 dignitaires sont situĂ©s Ă la gauche du monarque. La concavitĂ© du rocher et la taille exagĂ©rĂ©e de lâimage royale permettent un rendu plus dominateur pour le spectateur situĂ© en contrebas. Naqsh âe Rostam III et VII prĂ©sentent chacun un combat Ă©questre de facture similaire. Leur rendu est trĂšs dynamique, accentuant la violence de la scĂšne. Le premier est exĂ©cutĂ© en un seul registre qui montre le roi dont le cheval est lancĂ© au grand galop, terrassant son vis-Ă -vis en lui transperçant le cou avec une lance. La monture du cavalier blessĂ© se cabre sous la violence du choc. On note la prĂ©sence dâun gisant foulĂ© par les sabots de la monture royale, et, Ă lâarriĂšre-plan, effacĂ© derriĂšre le roi, un porte-drapeau Ă cheval. Le second, rĂ©alisĂ© sur deux registres superposĂ©s sĂ©parĂ©s par une fine bande horizontale, prĂ©sente deux scĂšnes similaires dĂ©diĂ©es au roi pour le registre supĂ©rieur, et Ă un prince pour le registre infĂ©rieur. Le relief de Bishapour IV est unique par son thĂšme, qui montre Bahram II recevoir lâambassade dâArabes. Le roi reçoit la dĂ©lĂ©gation en arme et Ă cheval, faisant face Ă 3 bĂ©douins emmenĂ©s par un Perse. Les hommes sont accompagnĂ©s de 2 chevaux et de 2 camĂ©lidĂ©s. Les animaux cachent 3 autres personnages arabes Ă lâarriĂšre-plan. Le style dâexĂ©cution des animaux rend difficile leur identification prĂ©cise. Chameaux pour Vanden Berghe, les animaux signeraient une tribu arabe provenant de lâEst iranien, alors que dromadaires pour Lendering, ils permettraient dâidentifier des Arabes dâAl-Yaman, qui occupaient lâactuel YĂ©men, ou des Banu Qays, alliĂ©s Ă Bahram contre les Romains[52] - [59] - [60].
Le relief de Sarab-e Bahram est encore un relief dâaudience. Il tĂ©moigne dâune nouvelle Ă©volution de lâiconographie royale, montrant pour la premiĂšre fois le roi trĂŽnant. Bahram est donc assis, de face, les mains posĂ©es sur le pommeau de son Ă©pĂ©e piquĂ©e au sol. 4 personnages lâentourent et lui rendent hommage. Les motifs de fleur et de ciseaux prĂ©sents sur les coiffures des deux personnages reprĂ©sentĂ©s Ă la droite du souverain identifient Kartir, et un grand vizir. Le relief de Sarab-e Qandil, est contrairement Ă tous les autres reliefs sassanides, sculptĂ© sur un rocher isolĂ©. De caractĂšre intime, il montre une scĂšne familiale qui voit le roi en prĂ©sence de son fils, Bahram III, et dâArdashir-Anahid, sa sĆur et Ă©pouse. La reine offre au roi une fleur de lotus, tandis que le prince lui tend un anneau. Le dessin des vĂȘtements est soignĂ©, de nombreux plis leur confĂšrent un rendu lĂ©ger. En outre, les formes de la reine sont moulĂ©es par une robe ample. Les Ă©poux royaux sont prĂ©sentĂ©s dĂ©hanchĂ©s, ce qui leur donne une attitude dĂ©tendue[52].
Une scĂšne familiale de facture identique constitue le thĂšme du premier relief de Barm-e Dilak I. Mais contrairement Ă Sarab-e Qandil, câest ici le roi qui offre une fleur de lotus Ă la reine. Les reliefs de Barm-e Dilak II et celui de Guyum prĂ©sentent probablement des scĂšnes identiques dont la signification est peu claire. Dâune finition grossiĂšre, le premier montre le roi et un dignitaire levant tous deux la main droite et se faisant face de part et dâautre dâune bande rocheuse non travaillĂ©e et marquĂ©e dâune crevasse. Le deuxiĂšme est inachevĂ©, ne montrant que le roi debout dans une attitude similaire. Le relief de Sar Mashhad, consiste en un combat de Bahram contre 2 lions, en prĂ©sence de la reine et de 2 dignitaires. Cette scĂšne inĂ©dite ne semble pas ĂȘtre une reprĂ©sentation de chasse, mais plutĂŽt cĂ©lĂ©brer le courage du roi protĂ©geant sa suite dâune attaque de fauves[52] - [61].
- Bahram II combat des lions Ă Sar Mashhad
- ScĂšne familiale de Bahram II Ă Barm-e Dilak
- Audience de Bahram II Ă Barm-e Dilak
- Bahram II Ă Guyum
Le rĂšgne de Bahram II est Ă©galement marquĂ© par lâimportance croissante prise par le clergĂ© zoroastrien dans la conduite des affaires de lâĂtat. Le grand prĂȘtre Kartir devient alors un personnage trĂšs influent et puissant, au point dâĂȘtre Ă©troitement associĂ© aux reprĂ©sentations royales dynastiques sassanides. DĂ©jĂ prĂ©sent sur 3 des reliefs de Bahram II, il se voit confĂ©rer le droit dâĂȘtre ajoutĂ© sur 2 reliefs prĂ©existants consacrĂ©s Ă des rois passĂ©s. Fait unique chez les Sassanides, lâecclĂ©siastique est le seul personnage non royal Ă qui sont consacrĂ©s 2 reliefs. Le relief de Naqsh-e Rajab II est situĂ© Ă la gauche de lâinvestiture Ă pied dâArdachĂźr Ier. Le buste de Kartir effectue le signe dâhommage en direction du roi. Le relief est accompagnĂ© dâune longue inscription en Pehlevi qui Ă©tablit le principe dâun zoroastrisme fait religion officielle, lâexistence de lâenfer et du paradis, et atteste de lâautoritĂ© du prĂȘtre sur le culte. Une reprĂ©sentation Ă©quivalente avec Ă©galement une inscription est Ă©galement sculptĂ©e dans le champ de la scĂšne de victoire de Shapur Ier Ă Naqsh-e Rostam VI, en arriĂšre du roi[52] - [62] - [54].
Relief de Narseh
Si lâon Ă©limine les modifications du relief de Bahram Ier, Narseh ne laisse quâun seul panneau, Ă Naqsh-e Rostam. Il sâagit dâune scĂšne dâinvestiture, qui marque une profonde rupture avec celles des rois prĂ©cĂ©dents, et qui trouve probablement son origine en lâexpansion contemporaine du culte dâAnahita. Narseh Ă©tant investi par la divinitĂ© fĂ©minine, la passation de l'anneau ne se fait plus Ă cheval et renoue avec les investitures Ă pied dâArdachĂźr. La figure divine se distingue dâune reprĂ©sentation de reine par la couronne crĂ©nelĂ©e portĂ©e par Anahita, apparentĂ©e Ă celles dâAhuramazda. Un enfant se tient entre la dĂ©esse et Narseh, qui pourrait ĂȘtre Adhur-Narseh. Hormizd II, fils de Narseh, et pĂšre de lâenfant, se tient derriĂšre le roi. Un autre personnage est inachevĂ©, Ă la gauche du tableau. Ă lâopposĂ©, le modelage des vĂȘtements ne marque aucune rupture stylistique, mais plutĂŽt une exagĂ©ration des tendances prĂ©cĂ©dentes vers lâopulence des boucles et plis[63] - [49].
Relief de Hormizd II
Ce roi ne laisse quâun seul relief, Ă©galement Ă Naqsh-e Rostam, qui montre une scĂšne de combat Ă©questre Ă©voquant celle du relief voisin de Bahram II. Lâimage est celle dâune charge dont le style dynamique permet un rendu particuliĂšrement violent. Horzmid, est suivi dâun Ă©cuyer portant son Ă©tendard, tous deux lancent leurs chevaux au grand galop contre un adversaire que le souverain dĂ©sarçonne Ă coup de lance. La violence de lâimpact est telle qu'il brise la lance du cavalier et fait basculer lâhomme et sa monture tĂȘte-bĂȘche Ă la verticale. La prĂ©cision de lâexĂ©cution est particuliĂšrement visible dans le dĂ©tail apportĂ© aux armes et aux protections des chevaliers. Lâadversaire qui chute tient encore les rĂȘnes de son cheval dans les mains, accentuant encore le rĂ©alisme de lâaction. Pour certains, il sâagit dâune Ă©vocation de combat car armes et casque de lâennemi vaincu Ă©voquent un officier romain. Pour dâautre en revanche, cette scĂšne ne relate pas un fait historique et procĂšde dâune imagerie de tournoi royal[64] - [49].
Reliefs de Shapur II
Au cours du rĂšgne de Shapur II, la guerre contre Rome reprend Ă lâOuest, et lâempereur Julien est vaincu et tuĂ©. La proclamation du christianisme comme religion officielle de Rome entraĂźne une vague de persĂ©cution fĂ©roce des chrĂ©tiens de Perse, assimilĂ©s Ă des alliĂ©s de Rome. Shapur II mĂšne Ă©galement des campagnes militaires victorieuses Ă lâEst, contre lâEmpire kouchan. Son long rĂšgne est marquĂ© par la violence, et sa rĂ©putation de cruautĂ© reste vivace y compris aprĂšs lâislamisation de la Perse, rapportĂ©e par des historiens arabes. Il laisse 3 reliefs, dont les thĂšmes font Ă©cho Ă ces faits[65].
Le relief de Naqsh-e Rostam V, est situĂ© juste au-dessus de la charge dâHormizd II. TrĂšs dĂ©gradĂ©, il est peu identifiable. Son iconographie consiste en une scĂšne dâhommage imitant celle de Sarab-e Bahram, et montre le roi trĂŽnant assis de face avec des dignitaires. Le relief de Bishapour VI est unique par son thĂšme et sa facture. Le relief est rĂ©alisĂ© dans un style fruste, au volume peu marquĂ©. Sa finition peut avoir Ă©tĂ© volontairement grossiĂšre, le grain permettant lâapplication dâenduits colorĂ©s. Il sâagit dâune scĂšne dramatique de victoire ou de rĂ©pression, marquĂ©e par la reprĂ©sentation unique chez les Sassanides dâactes de cruautĂ© retrouvĂ©s habituellement dans lâiconographie assyrienne. Le panneau est composĂ© de 2 registres superposĂ©s. Le registre supĂ©rieur, montre le roi de face, assis sur son trĂŽne, portant un sceptre dâune main et tenant son Ă©pĂ©e de lâautre. Des dignitaires perses ainsi que des membres de la famille royale lui rendent hommage sur sa droite, tandis quâĂ sa gauche, lui sont prĂ©sentĂ©s des prisonniers amenĂ©s par des soldats. Lâun est soutenu car blessĂ©, tandis quâun autre tourne son visage vers son gardien. Le registre infĂ©rieur montre dâune part des soldats perses en rang, et dâautre part, des soldats prĂ©sentant un butin ainsi que les tĂȘtes de 2 exĂ©cutĂ©s. Lâune des tĂȘtes est encore coiffĂ©e dâun bonnet Ă figure animale, ce qui signe le fait que la personne dĂ©capitĂ©e appartient Ă la famille royale. Un enfant implorant accroche la tunique dâun des soldats. Parfois prĂ©sentĂ©e comme une scĂšne de victoire contre les kouchans, le tableau semble plus souvent associĂ© Ă une scĂšne de rĂ©pression ou de victoire contre des Romains ou chrĂ©tiens. Cette version est renforcĂ©e par la reprĂ©sentation dâune dĂ©capitation dâun membre de la famille royale, car les historiens classiques rapportent que Shapur II a fait exĂ©cuter son neveu pour sâĂȘtre converti au christianisme[65].
- Investiture de Shapur II Ă Taq-e Bostan
- DĂ©tail du gisant de l'empereur Julien
Si les deux premiers reliefs sont situĂ©s en Fars, Shapur II fait Ă©galement sculpter un nouveau panneau plus au Nord, Ă Taq-e Bostan. Le site, proche de lâactuelle Kermanshah, se situe sur le tracĂ© de la route antique qui reliait le plateau iranien Ă la MĂ©sopotamie. Il sâagit dâune scĂšne dâinvestiture divine. Elle montre le roi recevant lâanneau de pouvoir des mains dâAhuramazda, ainsi que le barsum, sorte de sceptre, des mains du dieu Mithra qui sort dâune fleur de lotus. Sous la scĂšne, un gisant portant lâuniforme romain est identifiĂ© comme Ă©tant l'empereur Julien. Contrairement aux prĂ©cĂ©dentes, la sculpture de Taq-e Bostan bĂ©nĂ©ficie dâune finition soigneuse, proche dâune ronde-bosse. Elle se dĂ©tache presque complĂštement du plan, Ă lâexception du gisant dont lâexĂ©cution tient plus de la simple gravure plane[65] - [66].
Relief de Shapur III
SculptĂ© au fond dâune cavitĂ© artificielle prenant la forme dâun iwan, ce relief situĂ© Ă Taq-e Bostan marque lâavĂšnement dâun nouveau style et la rupture dĂ©finitive avec la sculpture Ă flanc de montagne. Shapur III y est reprĂ©sentĂ© en compagnie de son pĂšre Shapur II. ReprĂ©sentĂ©s de face, les deux hommes tournent la tĂȘte lâun vers lâautre et se regardent. Quasi identiques dans leurs vĂȘtements et leur attitude, ils se distinguent nĂ©anmoins par leur couronne et des inscriptions portant mention de leur nom. Outre ce mimĂ©tisme symĂ©trique, la proximitĂ© de lâiwan avec le relief de Shapur II contribue Ă une sacralisation de la relation filiale. Le relief rĂ©pond donc au besoin du roi dâaffirmer la lĂ©gitimitĂ© de son accession au trĂŽne, qui lui avait Ă©tĂ© ravi temporairement par son oncle ArdachĂźr II[67].
Reliefs de Khosro II
Le rĂšgne de Khosro II marque lâapogĂ©e de lâempire sassanide qui connaĂźt sa plus grande expansion territoriale. Une pĂ©riode de paix et dâĂ©change avec Byzance a lieu, au cours de laquelle le christianisme se diffuse. Le luxe de la cour sassanide atteint des sommets, inspirant les Byzantins, et ultĂ©rieurement les califats arabes. Câest dans ce contexte dâopulence importante que lâon assiste au renouveau de la tradition artistique du relief rupestre, abandonnĂ©e depuis 200 ans par les douze prĂ©dĂ©cesseurs de Khosro II[8].
- Vue générale de Taq-e Bostan
- Taq-e Bostan III et IV: Investiture et statue Ă©questre de Khosro II
- Taq-e Bostan V: Chasse aux sangliers
- Taq e bostan VII : Chasse aux cerfs
Le roi reprend le site de Taq-e Bostan, et y fait exĂ©cuter un nouvel iwan au voisinage direct de celui de Shapur III. Par rapport au prĂ©cĂ©dent, lâiwan de Khosro comporte des innovations : sa taille est plus grande et des sculptures ornent parois latĂ©rales et entrĂ©e. Les ornements de lâentrĂ©e consistent en un arc soutenu par 2 panneaux. Lâarc est dĂ©limitĂ© par une corniche en forme de diadĂšme Ă ruban surmontĂ© dâun croissant de lune. Les panneaux tĂ©moignent de la forte influence artistique grĂ©co-romaine Ă l'Ă©poque. ils montrent des arbres de vie aux feuilles dâacanthe stylisĂ©es, surmontĂ©s par des victoires ailĂ©es portant le farshiang. Lâiwan porte 4 scĂšnes. Taq-e Bostan III et IV forment respectivement les registres supĂ©rieur et infĂ©rieur du fond. Il sâagit en haut dâune investiture dont le style Ă©voque celui du relief voisin de Shapur II : le roi au centre est investi par 2 divinitĂ©s, Ahuramazda et Anahita qui lui tendent chacun un diadĂšme. La finition est Ă©galement apparentĂ©e : le relief est quasiment dĂ©tachĂ© de la paroi rocheuse et rigoureusement lissĂ©. Le registre infĂ©rieur montre une scĂšne chevaleresque : le roi comme son cheval portent une cotte de mailles, le souverain pointe une lance vers lâavant et est protĂ©gĂ© dâun casque et dâun bouclier. Taq-e Bostan V occupe la paroi latĂ©rale gauche, et montre les diffĂ©rentes phases dâune scĂšne complexe de chasse aux sangliers. Dans un premier temps, les animaux sont rabattus vers un marais par des Ă©lĂ©phants cornaquĂ©s, puis tirĂ©s Ă lâarc par le roi Ă partir dâune barque. Le roi se distrait ensuite en Ă©coutant des musiciens embarquĂ©s pendant que le fruit de la chasse est hissĂ© Ă dos dâĂ©lĂ©phants. Poissons et oiseaux traversent la scĂšne qui porte Ă©galement de nombreux motifs vĂ©gĂ©taux. La paroi opposĂ©e porte une scĂšne inachevĂ©e de chasse aux cerfs ayant lieu dans un domaine de chasse, et est dĂ©coupĂ©e de façon similaire. La finition de ces scĂšnes est extrĂȘmement Ă©laborĂ©e. Le dĂ©tail des vĂȘtements est minutieux, faisant apparaĂźtre Ă©galement les motifs dĂ©coratifs des tissus. La perspective est utilisĂ©e pour montrer les Ă©lĂ©phants avancer de front, et de nombreux animaux ou vĂ©gĂ©taux sont prĂ©sents sur plusieurs plans, reprĂ©sentĂ©s avec soin. Le relief innove Ă©galement par son caractĂšre narratif, reprenant les phases successives dâune action de chasse[8].
Reliefs non attribuĂ©s ou dâattribution controversĂ©e
Il est malaisĂ© voire impossible dâattribuer plusieurs reliefs indubitablement dâĂ©poque sassanide Ă des rĂšgnes prĂ©cis. Cela sâexplique alors par lâabsence dâinscription, de reprĂ©sentation royale, de couronne ayant un Ă©quivalent numismatique, ou mĂȘme par des dĂ©gradations naturelles ou humaines susceptibles d'avoir effacĂ© des dĂ©tails clefs.
La scĂšne de chasse de Rag-i Bibi, est gĂ©nĂ©ralement attribuĂ©e Ă Shapur Ier, mais sans certitude. SituĂ© Ă Shamarq, en Afghanistan, il sâagit de lâunique relief Sassanide connu hors du plateau iranien. Son existence n'est connue du monde qu'en 2003. Le panneau Ă©tait connu depuis toujours par les habitants de la rĂ©gion qui lui vouaient un culte local, et a Ă©galement fait lâobjet dâun projet de destruction par les talibans. Ayant subi dâimportantes dĂ©gradations dâorigine humaine et/ou sismique, il laisse nĂ©anmoins voir les restes dâune scĂšne de chasse Ă cheval. Au centre, un cavalier royal prĂ©cĂšde 2 autres, et tire Ă lâarc un gros animal identifiĂ© finalement comme un rhinocĂ©ros stylisĂ©. Un autre rhinocĂ©ros agonise devant les sabots de la monture royale. Un personnage dĂ©sarmĂ© se tient debout derriĂšre lâencolure qui pourrait ĂȘtre un souverain kouchan vaincu. Outre le fait dâĂȘtre situĂ© en Afghanistan, Rag-i Bibi est exceptionnel car il prĂ©sente de multiples traces attestant de finitions complexes : stucs, pigments, motifs sculptĂ©s dâencadrement (balustrade) ou dâenvironnement (manguier). Des mortaises tĂ©moignent de lâemboĂźtement dâĂ©lĂ©ments fixĂ©s tels que la corne ou les oreilles dâun rhinocĂ©ros, ou mĂȘme bras et tĂȘtes de personnages. La reprĂ©sentation dâun manguier, et de rhinocĂ©ros, tous deux inconnus dans la rĂ©gion tĂ©moignent de lâinfluence indienne. LâexĂ©cution du relief a dĂ» faire intervenir tant des artistes sassanides que locaux[9] - [10].
Un relief sassanide a été sculpté prÚs de Téhéran, à Rayy, qui a été recouvert par un relief Qajar représentant Fath Ali Shah. Le panneau aurait représenté une scÚne de combat royal contre un ennemi vaincu. Un buste féminin a également été découvert à Darabgird sous le relief de Shapur Ier, et dont aucun élément ne permet la datation. Une représentation d'Anahita est généralement admise, mais certains évoquent une représentation de la premiÚre épouse du roi Narseh. En 1990, le pompage d'un plan d'eau sous les reliefs précédents, dévoile un 3e relief: un roi y poignarde un lion rampant. Une figure apparentée de combat contre un lion cette fois bondissant est également visible prÚs du relief de Narseh à Naqsh-e Rostam[32] - [68].
On attribue Ă Khosro II le cadre vide de Behistun, ainsi que les scĂšnes de chasse ornant les parois latĂ©rales de son iwan Ă Taq-e Bostan. Cependant, aucun Ă©lĂ©ment ne permet dâaffirmer que ces derniĂšres nâaient pu ĂȘtre rajoutĂ©es ultĂ©rieurement par un autre souverain. Les nombreux cadres vides prĂ©sents Ă Naqsh-e Rostam ne peuvent non plus ĂȘtre attribuĂ©s, Khosro II est donc Ă ce jour le dernier souverain de lâantiquitĂ© iranienne qui fait graver des reliefs rupestres avec certitude. La conquĂȘte musulmane de la Perse se dĂ©roule peu aprĂšs la fin de son rĂšgne, et provoque lâĂ©croulement de lâempire sassanide. Lâart du relief rupestre tombe alors dans lâoubli pendant plusieurs siĂšcles, et nâest remis en pratique sur le sol iranien quâaprĂšs 12 siĂšcles, avec lâavĂšnement de la dynastie qajare[8] - [32].
Legs de lâart du relief rupestre
Certaines reprĂ©sentations sassanides telles la figure de roi assis trĂŽnant de face sont reprises par les orfĂšvres de lâempire, et ornent les piĂšces de vaisselle royales. La diffusion de ces piĂšces permet celle de lâiconographie, que lâon retrouve dans lâart byzantin de lâĂ©poque, servant de modĂšle Ă des figures religieuses chrĂ©tiennes Ă type de Christ trĂŽnant, ou dâautres reprĂ©sentations de personnages[65].
Les scĂšnes monumentales de tournois chevaleresques ou de victoires semblent avoir frappĂ© les esprits au point dâĂȘtre Ă lâorigine du nom Naqsh-e Rostam (Images de Rostam), donnĂ© au site sacrĂ© qui abrite les tombes royales achĂ©mĂ©nides et les reliefs sassanides. Ce nom fait rĂ©fĂ©rence au guerrier lĂ©gendaire Rostam, dont les exploits mythiques sont contĂ©s dans le ShĂąh NĂąmeh, Ă©popĂ©e des rois de Ferdowsi. Taq-e Bostan inspire Ă©galement Ă Nizami son roman Khosrow o Shirin, Ă©crit en 1175, qui jouit rapidement d'une popularitĂ© extraordinaire en Iran. Les grottes auraient Ă©tĂ© taillĂ©es de la main mĂȘme de Farhad qui, croyant sa bien-aimĂ©e Shirin morte, s'y suicide, dĂ©sespĂ©rĂ©. Ces ouvrages constituent des fleurons de la littĂ©rature persane classique, et se trouvent ainsi en partie inspirĂ©s par l'iconographie des reliefs rupestres sassanides. La reprĂ©sentation chevaleresque de Khosro II Ă Taq-e Bostan, la charge d'Hormizd II et le tournoi de Bahram II Ă Naqsh-e Rostam sont Ă l'origine de lâimagerie Ă©questre des chevaliers mĂ©diĂ©vaux du monde chrĂ©tien. Les tournois de chevalerie se diffusent en Europe au Moyen Ăge Ă partir de Byzance[64] - [8] - [69] - [70].
- Rostam tuant Esfandyar, miniature du ShĂąh NĂąmeh
Si les motifs sculpturaux achĂ©mĂ©nides inspirent les ornements des maisons et palais de lâĂ©poque Zand, dynastie rĂ©gnant en Fars au XVIIIe siĂšcle, il faut attendre le XIXe siĂšcle et la dynastie qadjare pour voir renaĂźtre les sculptures rupestres en Iran. AprĂšs avoir rĂ©unifiĂ© le pays alors morcelĂ© en pouvoirs locaux, les Qadjars issus des Turcs qizilbashs souhaitent lĂ©gitimer leur domination sur la Perse (Iran). Reprenant alors certains canons artistiques achĂ©mĂ©nides et sassanides, ils Ă©tablissent un lien avec ces dynasties prestigieuses qui forment de puissants identifiants culturels perses. Fath Ali Shah reprend ainsi le site sassanide de Rayy, oĂč il fait rĂ©aliser deux reliefs dont l'un Ă©limine du mĂȘme coup un relief sassanide. Le site de Taq-e Bostan est Ă©galement rĂ©utilisĂ©, par Mouhammad Ali mirza Dawlat Shah, qui se fait reprĂ©senter avec ses deux fils au-dessus de la scĂšne de chasse aux sangliers. De nombreux panneaux fleurissent Ă©galement en Fars, dans les environs de Chiraz, ou de Kazerun. Le relief qadjar le plus rĂ©cent est situĂ© Ă Bandah Burida, au pied du mont Damavand, et date de Nasseredin Shah, Ă la fin du XIXe siĂšcle. Les thĂšmes des reliefs qadjars sont largement inspirĂ©s des reliefs sassanides. Il sâagit essentiellement de scĂšnes de chasse, dâhommage Ă des personnalitĂ©s trĂŽnant ou de scĂšnes dâaudience. Leur rĂ©alisation en diffĂšre cependant notablement car ils sont statiques et peu marquĂ©s dans lâĂ©paisseur, voire plats car peints comme en tĂ©moigne encore celui de Taq-e Bostan qui, protĂ©gĂ© des intempĂ©ries par l'iwan, a gardĂ© certaines de ses couleurs. Lâiconographie rupestre antique inspire Ă©galement les bas-reliefs ornant les maisons et palais de lâĂ©poque, comme au Narenjestan de Chiraz[71] - [72].
- Bas-relief qadjar (Narenjestan, Ă Chiraz)
- Le relief qadjar de Taq-e Bostan
- Relief qadjar de Tang-e Savashi
- Relief qadjar de Pol-e Ob-e Ginah, prĂšs de Kazerun
Annexes
Notes et références
- (fr) Ernie Haerinck Une tradition iranienne ; Lâart des bas-reliefs rupestres, p. 54-60, in Empires Perses d'Alexandre aux Sassanides, Les dossiers dâarchĂ©ologie no 243, mai 1999, Faton.
- Louis Vanden Berghe, p. 11
- Louis Vanden Berghe, p. 23-29
- Louis Vanden Berghe, p. 55-60
- (en) Davood Hermidas Bavand Territorial Challenges and Iranian Identity in the Course of History Iran Chamber 2002 (accédé le 6 octobre 2007)
- (fr) François Vallat Une histoire cinq fois millénaire, p. 16-17, in Suse, derniÚres découvertes, Les dossiers histoire et archéologie no 138, mai 1989, Faton.
- Henri Stierlin, p. 158-161
- Louis Vanden Berghe, p. 93-98
- (en) [PDF] Franz Grenet The rock relief discovered in the village of Shamarq, Baghlan province, Society for the Preservation of Afghanistan's Cultural Heritage 2004 (consulté le 13/11/2007)
- (fr) Franz Grenet, âLe relief sassanide de Rag-I Bibi en Afghanistanâ, in Françoise Demange, p. 39
- (en) Edward J. Keall BĂËAĂPUĂR EncyclopĂŠdia Iranica (accĂ©dĂ© le 23/03/2008)
- Louis Vanden Berghe, p. 13-18
- Robert W. Rogers
- (fr) Jafar Mehr Kian (traduit par Azita Hampartian et RĂ©my Boucharlat), DĂ©couverte de nouveaux bas-reliefs en ĂlymaĂŻde, p. 61, in Empires Perses d'Alexandre aux Sassanides, Les Dossiers dâarchĂ©ologie no 243, mai 1999, Faton.
- Louis Vanden Berghe, p. 19-22
- (en) Ran Zadok, Lulubi EncyclopÊdia Iranica 2005 (accédé le 04/08/2007)
- (en) Mehr News Agency, Anubanini bas-relief should be added to Bisotunâs UNESCO dossier: expert Merhnews.com (accĂ©dĂ© le 04/08/2007)
- (en) Jona Lendering, Naqƥ-i Rustam (1) Livius.org (accédé le 06/08/2007)
- (en) François Vallat, Elizabeth Carter, RK Englund, Mirjo Salvini, Françoise Grillot-Susini, Sylvie Lackenbacher ELAM EncyclopÊdia Iranica (accédé le 23/03/2008)
- (en) CHN Press 2006, Elamite Bas-reliefs of Izeh in Real Jeopardy Cultural Heritage News Agency 2006 (accédé le 06/08/2007)
- (en) CHN Press 2007, Tarisha Lost its Chance for World Registration Cultural Heritage News Agency 2007 (accédé le 06/08/2007)
- (en) CHN Press 2007, Lack of Documentation, Deteriorate Izeh Bas Relief Susceptibility Cultural Heritage News Agency 2007 (accédé le 03/10/2007)
- (en) Raham Asha Ayapir Fravahr.org (accédé le 23/03/2008)
- (en) Edith Porada The art of Elamites Iran Chamber Society (accédé le 27/10/2007)
- Louis Vanden Berghe, p. 30-32
- Louis Vanden Berghe, p. 114-115
- (en) CHN Press 2005, Inscription Shows Sargon Favoring Violence Cultural Heritage News Agency 2005 (accédé le 04/08/2007)
- Louis Vanden Berghe, p. 33-36
- Louis Vanden Berghe, p. 115-116
- (en) Jona Lendering, The Behistun Inscription Livius.org (accédé le 31/08/2007)
- (en) RĂŒdiger Schmitt & Heinz Luschey BĂSOTUĂN EncyclopĂŠdia Iranica, (accĂ©dĂ© le 31/08/2007)
- Louis Vanden Berghe, p. 102-108
- Louis Vanden Berghe, p. 37-38
- Louis Vanden Berghe, p. 39-40
- (fr) RĂ©my Boucharlat, Les sites d'Ă©poque parthe en Iran, in Les Parthes, Les dossiers dâarchĂ©ologie no 271, mars 2002, Faton, p. 54-63
- Louis Vanden Berghe, p. 117-118
- (en) Hubertus Von Gall, DOKKAĂN -E DAĂWUĂD, EncyclopĂŠdia Iranica, (accĂ©dĂ© le 03/10/2007)
- (en) Hubertus Von Gall DEH-E NOW, EncyclopÊdia Iranica, (accédé le 02/08/2008)
- (en) Albert de Jong HERACLES(Gk. HÄraklÄs, Lat. Hercules) EncyclopĂŠdia Iranica (accĂ©dĂ© le 21/03/2008)
- Louis Vanden Berghe, p. 41-53
- (en) Edith Porada The arts of Parthians Iran Chamber Society (accédé le 27/10/2007)
- Regards sur la Perse antique, p. 96
- Marc Nogaret, "Le relief parthe de Finik" in Syria 1984; 61-3: p. 257-266
- Austen Henry Layard, "Discoveries in the ruins of Niniveh and Babylon, with travels in Armenia, Kurdistan and and the desert: being the result of a secund expedition undertaken for the trustees of the British Museum" John Murray, London 1853 p. 54,55
- (en) John F. Hansman ELYMAIS EncyclopÊdia Iranica (accédé le 03/10/2007)
- (en) Ernie Haerinck, Again on Tang-i Sarvak II, NE Side. Goddesses do not have Moustaches and do not wear Trousers, Iranica Antiqua 2003 ; XXXVIII : 1-25.
- (en) Ernie Haerinck Tang-e Sarvak EncyclopÊdia Iranica 2005 (accédé le 21/03/2008)
- Louis Vanden Berghe, p. 61-67
- (en) Asghar Mahmoudabadi A Review of Sassanid Images and Inscriptions Iran Chamber Society (accédé le 23/03/2008)
- (en)Jona Lendering The Behistun Inscription Livius.org (accédé le 23/03/2008)
- (en) Emma Thompson, Composition and Continuity in Sasanian Rock Reliefs, Iranica Antiqua 2008 ; XLIII : 299-358.
- Louis Vanden Berghe, p. 76-84
- Louis Vanden Berghe, p. 68-74
- (en) Georgina Herrmann et Vesta. S. Curtis, Sasanian Rock Reliefs EncyclopÊdia Iranica, (accédé le 31/08/2007)
- Regards sur la Perse antique, p. 156
- Regards sur la Perse antique, p. 164
- Louis Vanden Berghe, p. 128-133
- Louis Vanden Berghe, p. 75
- Louis Vanden Berghe, p. 133-139
- (en) Jona Lendering Bishapur - Relief 4 Livius.org (consulté le 03/02/2008)
- (en) Louis Vanden Berghe, Barm-e Dilak EncyclopÊdia Iranica, (accédé le 31/08/2007)
- (en) Kartirâs inscription at Naqsh-i Rajab, Avesta.org (consultĂ© le 03/02/2008)
- Louis Vanden Berghe, p. 83-84
- Louis Vanden Berghe, p. 85 et 141-142
- Louis Vanden Berghe, p. 86-91
- Louis Vanden Berghe, p. 144-145
- Louis Vanden Berghe, p. 92 et 145
- (en) Georgina Herrmann, Massoud Kheirabadi, Dietrich Huff DAĂRAĂB EncyclopĂŠdia Iranica 2005 (accĂ©dĂ© le 21/03/2008)
- Werner Felix Dutz, p. 48
- Regards sur la Perse antique, p. 176
- Louis Vanden Berghe, p. 99-101
- (en) Maryam Ekhtiar, and Marika Sardar "Nineteenth-Century Iran: Continuity and Revivalism" In Timeline of Art History New York: The Metropolitan Museum of Art, 2000. Metmuseum.org, octobre 2004 (consulté le 06/03/2008)
Bibliographie
- (fr) Louis Vanden Berghe, Reliefs rupestres de lâIran ancien, MusĂ©es royaux dâart et dâhistoire, Bruxelles, 1984, 208pp.
- (fr) Françoise Demange et collectif, Les Perses sassanides. Fastes dâun empire oubliĂ©, Association Paris-MusĂ©es, Paris 2006, 1070pp. (ISBN 978-2879009575)
- (fr) Henri Stierlin, Splendeurs de lâEmpire perse. GrĂŒnd, Paris 2006, 280pp, (ISBN 2-7000-1524-X).
- (fr) Jean Chardin, Voyages de monsieur le Chevalier Chardin en Perse et autres lieux de l'Orient contenant le voyage de Paris à Ispahan, capitale de l'empire de Perse, enrichis d'un grand nombre de belles figures en taille douce, représentant les antiquités et les choses remarquables du païs Ed Jean Louis Delorme, Amsterdam 1711
- (en) Robert W. Rogers, A history of Babylonia and Assyria Vol 1. Jennings and Pye, Cincinati 1900, Eaton and Mains, New York 1900.
- (fr) EugĂšne Flandin et Pascal Coste, Voyage en Perse. Gide et Baudry ed, Paris 1851.
- (fr) Collectif, Regards sur la Perse antique, Le Blanc, Saint-Marcel, Amis de la BibliothĂšque municipale du Blanc et MusĂ©e d'Argentomagus, , 255 p. [dĂ©tail de lâĂ©dition] (ISBN 2-9510242-1-5).
- (fr) Les Parthes, Les dossiers dâarchĂ©ologie no 271, mars 2002, Faton.
- (fr) Empires Perses d'Alexandre aux Sassanides, Les dossiers dâarchĂ©ologie no 243, mai 1999, Faton.
- (en) Werner Felix Dutz, Introducing Persepolis and Archaelogical sites in Fars. Library of Introductions to Persian Art, Japan, Personaly Oriented Ltd 1977, 146pp.
- (en) Werner F. Dutz & Sylvia A. Matheson, Parsa (Persepolis) Archaelogical sites in Fars (I). Yavassoli Publications, Tehran 1998, 144pp, (ISBN 964-306-001-2).
- (en) Werner F. Dutz & Sylvia A. Matheson, From Pasargadae to Darab, Archaelogical sites in Fars (II). Yavassoli Publications, Tehran 1997, 101pp, (ISBN 964-306-050-0).
Liens internes
Liens externes
- (en) Jona Lendering Sasanian rock reliefs Livius.org (accédé le 04/08/2007).
- (en) Asghar Mahmoudabadi A Review of Sassanid Images and Inscriptions Iran Chamber Society (accédé le 23/10/2008).
- (en) (fa) Cultural Heritage, Handicrafts and Tourism Organization of Kermanshah Site de lâOrganisation de lâHĂ©ritage Culturel de Kermanshah (accĂ©dĂ© le 06/10/2007).