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Art Ă©lamite

L'art élamite a été élaboré dans le royaume d'Élam, entre le IVe et le Ier millénaire av. J.-C.

Chronologie

L'histoire de l'Élam se divise en plusieurs grandes périodes :

  • PĂ©riode proto-Ă©lamite (c. 3100-2600) : Première phase de dĂ©veloppement culturel spĂ©cifique Ă  la future rĂ©gion Ă©lamite, qui s'Ă©mancipe de l'influence exercĂ©e sur la Susiane et le plateau iranien par la MĂ©sopotamie durant la pĂ©riode d'Uruk (4100-2900). PrĂ©dilection des artistes de la pĂ©riode pour la reprĂ©sentation d'animaux, souvent dans des attitudes humaines, et Ă©laboration d'une Ă©criture originale, le proto-Ă©lamite.
  • PĂ©riode palĂ©o-Ă©lamite (c. 2500-1600) : Cette Ă©poque dĂ©bute par la domination de la dynastie d'Awan (2400-2100), qui s'achève avec le règne de Puzur-Inshushinak, pĂ©riode de grande floraison artistique Ă  Suse. Les dynasties suivantes sont celles originaire de la ville de Simashki (2100-1900), et celles des descendants d'Eparti, dite aussi dynastie des sukkalmah (1900-1700).
Brite de Shilhak-Inshushinak inscrite en élamite, au sujet de la décoration d'un temple de Suse en briques émaillées, musée du Louvre
  • PĂ©riode mĂ©dio-Ă©lamite (c. 1500-1100) : C'est l'apogĂ©e de la puissance politique Ă©lamite, et cela se ressent au niveau artistique. La première dynastie de la pĂ©riode, celle dite des Kidunuides (1500-1400), voit sous le règne de Tepti-ahar de grands travaux ĂŞtre effectuĂ©s dans la capitale de celui-ci, Kabnak (Haft-Tappeh). Sous la dynastie des Igehalkides (1400-1200), Untash-Napirisha construit un grand sanctuaire : Dur-Untash-Napirisha (Chogha Zanbil), et entretient des artistes qui rĂ©aliseront des Ĺ“uvres parmi les plus remarquables de l'art Ă©lamite. Les rois de la dynastie Shutrukide (1200-1100), Shutruk-Nahhunte, Kutir-Nahhunte III et Shilhak-Inshushinak entreprennent de grandes constructions Ă  Suse, et leurs règnes voient la crĂ©ation de nombreuses Ĺ“uvres d'art, en mĂŞme temps que la dĂ©portation d'Ĺ“uvres pillĂ©es sur les sites de MĂ©sopotamie (comme le Code de Hammurabi ou la « Stèle de la victoire » de Naram-Sin d'Akkad).
  • PĂ©riode nĂ©o-Ă©lamite (c. 1000-539) : L'Élam se rĂ©duit autour de la rĂ©gion de Suse. Les interconnexions avec les populations iraniennes qui arrivent dans la rĂ©gion (Mèdes et surtout Perses) commencent Ă  se faire sentir dans les rĂ©alisations artistiques. Cela finit par aboutir Ă  ce que l'on appelle l'art « Ă©lamo-perse » : avec l'installation des Perses dans le pays d'Anshan (Anzan), ceux-ci et les Élamites commencent Ă  se mĂ©langer, et il en rĂ©sulte des influences rĂ©ciproques dans le domaine artistique.
  • PĂ©riode perse achĂ©mĂ©nide : L'hĂ©ritage Ă©lamite reste prĂ©gnant dans l'Empire perse des AchĂ©mĂ©nides, dont le centre recouvre l'ancien royaume Ă©lamite, mĂŞme si l'art de cette pĂ©riode rĂ©uni des influences venant de tout l'empire.

Le contexte culturel Ă©lamite

L'art élamite ne peut se comprendre sans une bonne connaissance de son cadre culturel. Il est en effet surtout connu par les découvertes du matériel archéologique de Suse, située dans un contexte particulier. Le royaume élamite tout entier se situe à la croisée du monde mésopotamien et du plateau iranien, qui l'ont influencé considérablement.

La diversité de l'Élam

L’Élam correspond au sud-ouest de l’Iran actuel. Il est organisé autour de deux centres principaux, Suse à l’ouest, dans une plaine, et Anshan (Tall-i Malyan) à l’est, dans le Fars, région montagneuse, qui sont séparées de 500 kilomètres à vol d’oiseau. L’Élam étant situé dans un milieu montagnard, il est donc éclaté entre plusieurs régions entre lesquelles les communications sont souvent compliquées. Il en résulte donc une diversité régionale forte, pour autant que l’on puisse en juger, dans la mesure où se sont surtout la Susiane et Anshan qui nous sont connues par l’archéologie. Qu’il faille considérer comme élamites d’autres sites (comme Shahdad, Tepe Yahya par exemple) est plus douteux.

Suse et l'Élam

La majorité des œuvres rangées dans l'art élamite proviennent du site de Suse, fouillé dès la fin du XIXe siècle par des équipes archéologiques françaises, qui se sont au début plus souciées de découvrir des objets que des bâtiments, ce qui a entraîné la perte de la plupart des restes architecturaux de l'Acropole de la ville. Or, cette ville et sa région ont une place à part dans l’ensemble élamite, puisqu’il s’agit de la partie de l’Élam la plus influencée par la Mésopotamie, sa proche voisine. En même temps, c’est là que l’activité des souverains élamite est la mieux connue.

Fondée vers la fin du Ve millénaire dans une région (la Susiane) ayant déjà un urbanisme assez avancé, Suse s'épanouit d'abord dans la mouvance de la Mésopotamie du sud, pendant la période d'Uruk (c. 4000-3100), dont elle partage la culture matérielle. Ce n'est qu'à la période proto-élamite (c. 3100-2900) qu'elle est pour la première fois incluse dans un ensemble préfigurant le futur royaume élamite, dont le centre se trouve plus à l'est dans la région d'Anshan. Dès lors, elle alterne entre phases de domination mésopotamienne et élamite, avant de devenir définitivement une des capitales de ce dernier royaume à partir du IIe millénaire, et le véritable cœur de celui-ci dans la première moitié du Ier millénaire. Sa culture reste cependant toujours mixte, comme en témoigne le fait que sa population reste majoritairement akkadienne, comme en Basse Mésopotamie. C'est par Suse que l'Élam a été en contact avec la Mésopotamie, qui a exercé une influence durable sur lui. Si l'art susien est souvent proche de celui de Mésopotamie, ceci s'explique sans doute par cela.

La Mésopotamie et l'Élam

Dès la période d'Uruk, la Mésopotamie exerce une grande influence sur les cultures voisines du plateau iranien. C'est alors que se développe la Susiane, qui transmet ensuite ces apports au monde proto-élamite lorsqu'elle y est intégrée à la fin du IIIe millénaire. Par la suite, l'Élam est en contact constant avec les royaumes mésopotamiens, et est notamment soumis aux appétits de ceux d'Akkad et d'Ur III. La proximité géographique de l'Élam avec ce voisin d'un très grand poids culturel a durablement influencé la culture de ce royaume, et donc son art, qui est resté constamment marqué par cet apport. Le problème étant une nouvelle fois que Suse est la ville élamite la mieux connue de nous, et en même temps la plus susceptible d’avoir été influencée par la Mésopotamie. L'Élam peut cependant aussi avoir contribué à transmettre les influences du plateau iranien vers la Mésopotamie, aspect souvent négligé.

Le monde iranien et l'Élam

Si on connaît depuis plusieurs années certaines cultures du plateau iranien, leur champ d'étude est en train de connaître de grands changements par de nouvelles découvertes. L'Élam était intégré dans une vaste koinè allant de l'Indus à la Mésopotamie, dont il était l'une des principales composantes, dont il partageait des traits, et dont il recevait des influences tout en l'influençant en retour. Selon P. Amiet, plusieurs cultures du Plateau iranien voisines de l’Élam aux IIIe et IIe millénaires, identifiées sur les sites de Shahdad, Tepe Yahya, Tepe Sialk, Tall-i Iblis, font quasiment partie de l’ensemble culturel élamite. Cet auteur les qualifie d’ailleurs de « trans-élamites ». La découverte récente de la civilisation de Jiroft, à proximité du foyer proto-élamite, pourrait encore modifier notre perception de l'influence des cultures iraniennes sur l'Élam, et même la Mésopotamie. Plus tard, l'art élamite est influencé par des cultures du Zagros, notamment celles des métallurgistes du Luristan, et ensuite par les peuples iraniens (Mèdes, Perses) qui arrivent dans son voisinage vers la fin du IIe millénaire, et qui apprennent aussi beaucoup à son contact.

Architecture

Les sites urbains

Plan de la résidence de Rabibi, Suse, XVIIIe siècle.

En tout et pour tout, quatre villes appartenant au royaume élamite ont été fouillées : Suse, Anshan, Chogha Zanbil et Haft-Tappeh. La première a été fouillée selon des méthodes ne se souciant pas de l'architecture, et recherchant en priorité des objets. Tous les niveaux de l'Acropole postérieurs au IVe millénaire ont été littéralement rasés par les méthodes peu académiques des premiers fouilleurs, et l'architecture et l'urbanisme du tell principal de cette grande ville sont irrémédiablement perdues. Quelques riches résidences paléo-élamites, appartenant à des dignitaires de la cour royale, ont cependant été fouillées dans d'autres secteurs du site. Elles avaient une grande cour portée par quatre pilastres qui ouvrait sur une autre cour autour de laquelle s'organisait l'édifice.

À Anshan comme à Haft-Tappeh seule une petite partie du site a été fouillée : dans la première on a retrouvé quelques bâtiments, et dans la seconde on a surtout mis au jour des constructions religieuses. Chogha Zanbil est quant à lui un sanctuaire religieux qui est resté inachevé, et ne présente qu'une architecture religieuse, en dehors de ses trois enceintes, et d'un bassin d'approvisionnement en eau potable alimenté par un canal de plus de 50 km de long.

L'Élam est pourtant l'une des plus anciennes régions urbanisées du Moyen-Orient. En Susiane, plusieurs sites proto-urbains sont créés dès le VIe millénaire, au contact de la Mésopotamie : Jafarrabad, Jowi, Bendebal, puis surtout Chogha Mish. Cette dernière, puis plus tard Suse et Anshan sont des sites urbains parmi les plus vastes de leur période à la fin du IVe millénaire.

Architecture officielle

Aucun palais royal élamite n’a été retrouvé. Des bâtiments administratifs ont été dégagés à Anshan pour la période proto-élamite, et la fin de la période médio-élamite (XIIe siècle). On en a aussi mis au jour à Haft-Tappeh. Chogha Zanbil comprenait quelques résidences royales, qui ne présentaient pas de plan spécifique, mais avaient juste une taille plus importante que les résidences normales.

Architecture religieuse

On a fouillé plusieurs temples sur l'Acropole de Suse, notamment celui de Ninhursag, mais comme d’habitude pour ce site on ne connaît pas leur architecture. Le temple d'Inshushinak, situé sous l'apadana de l'époque achéménide, et il n'a donc pu être dégagé que partiellement. Ils ont en revanche livré des bas-reliefs sur pierre, ainsi que de nombreuses inscriptions de fondation. On sait par les textes que les temples élamites étaient jouxtés par des bosquets sacrés, que l'on n'a cependant pas identifié archéologiquement.

Les fouilles de deux autres sites élamites ont en revanche permis de mettre au jour des temples. A Haft-Tappeh (Kabnak), la capitale de Tepti-ahar, datant du XVe siècle, le complexe funéraire de la famille royale a été dégagé. Le sanctuaire religieux de Chogha Zanbil, fondé au XIVe siècle par Untash-Napirisha, a livré une architecture religieuse impressionnante. Plusieurs temples avaient été construits dans ce qui était voué à devenir un grand centre religieux du royaume élamite. Certains présentaient des plans originaux : cella isolée dans une cour principale pour quatre d’entre eux de plan identique, tandis que le temple de Nusku (le feu), était probablement à ciel ouvert et a en son centre un autel qui n’est pas sans rappeler les futurs temples du feu des Iraniens.

La ziggurat de Chogha Zanbil

Le monument le plus imposant de ce dernier site est sa ziggurat, ayant une base carrĂ©e de 105 mètres de cĂ´tĂ©. Elle Ă©tait dĂ©diĂ©e Ă  Inshushinak et Napirisha. Si c'est la seule ziggurat retrouvĂ©e en Élam, et la mieux conservĂ©e de toutes, on sait qu'il y en avait une autre Ă  Suse, dont les ruines ont disparu. Elle est connue par des textes, notamment le rĂ©cit de la destruction de la ville par les armĂ©es d'Assyrie, ainsi que par un bas-relief de Ninive reprĂ©sentant cet Ă©vènement. Elle aurait Ă©tĂ© surmontĂ©e de « cornes ». Ce type de monuments avait en fait des prĂ©cĂ©dents sur le plateau iranien, les diffĂ©rentes grandes terrasses, souvent surmontĂ©es par un temple, datant pour les plus anciennes du IVe millĂ©naire, et qui sont sans doute la forme initiale des ziggurat. On en a retrouvĂ© Ă  Suse, Tepe Sialk, Konar Sandal, et plus loin Ă  Altyn-depe au TurkmĂ©nistan.

CĂ©ramique

Taureau dédié à Inshusinak en terre cuite émaillée, qui était placé à l'entrée nord-est de la ziggurat de Chogha Zanbil. 1250 av. J.-C. Musée national d'Iran.

Glyptique

Sceau-cylindre proto-Ă©lamite

Après avoir utilisé de simples sceaux-cachets jusqu'au milieu du IVe millénaire, les habitants de la Susiane furent parmi les premiers à employer des sceaux-cylindres, dont des exemplaires parmi les plus anciens furent retrouvés à Suse. Auparavant, on employait des cachets ronds, reproduisant notamment la figure du "Maître des animaux", un personnage mythologique maîtrisant deux animaux disposés sur ses deux côtés. Par la suite, chaque période développe un style particulier.

  • La pĂ©riode d'Uruk est caractĂ©risĂ©e par des reprĂ©sentations de scènes de la vie quotidiennes, notamment des activitĂ©s agricoles, artisanales (poterie, textile) (glyptique de Suse II).
  • La pĂ©riode proto-Ă©lamite voit se dĂ©velopper des sceaux-cylindres dĂ©corĂ©s par des motifs gĂ©omĂ©triques simples, mais le style caractĂ©ristique de cette Ă©poque est celui d'animaux qui rĂ©alisent des activitĂ©s humaines.
  • Les sceaux du IIIe millĂ©naire de Suse montrent une forte influence mĂ©sopotamienne : scènes de banquets cultuels, combats impliquant des animaux rĂ©els ou imaginaires, des humains, peut-ĂŞtre inspirĂ©s de thèmes mythologiques, puis des reprĂ©sentations d'un dieu entourĂ© de serpents, et d'acolytes dont un joueur de lyre, typique de la pĂ©riode d'Akkad. Dans la rĂ©gion orientale (Tepe Yahya, Shahdad), en marge du monde Ă©lamite, on retrouve des thèmes plus proprement « iraniens », comme les reprĂ©sentations de dĂ©esses assises.
  • Les sceaux de la pĂ©riode palĂ©o-Ă©lamite sont encore marquĂ©s par l'influence mĂ©sopotamienne, celle de l'Ă©poque de la Troisième dynastie d'Ur durant la dynastie de Simashki, alors caractĂ©risĂ©e dans la glyptique par les scènes montrant un homme rendant hommage Ă  une divinitĂ© assise sur un trĂ´ne ; les habits, ainsi que certains objets ou postures montrent parfois des particularitĂ©s iconographiques Ă©lamites. Sous les Sukkalmah, plusieurs styles se dĂ©veloppent : la partie occidentale reste sur les thèmes prĂ©cĂ©dents mais les personnages ont des particularitĂ©s Ă©lamites plus marquĂ©es (par exemple la coupe de cheveux « en visière »), tandis qu'Ă  l'est les sceaux de Tell-e Malyan, parmi lesquels on compte des sceaux-cachets courants dans le reste du Plateau iranien, on reprĂ©sente souvent des dĂ©esses vĂŞtues de robes « en crinoline ».
  • Les sceaux mĂ©dio-Ă©lamites sont marquĂ©s au dĂ©but par une Ă©volution vers une reprĂ©sentation plus gĂ©omĂ©trique des personnages ainsi que la prĂ©sence d'animaux. Le thème le plus courant Ă  Haft-Tappeh est celui d'un dieu assis sur un trĂ´ne tenant une feuille de palmier. Des scènes d'hommages Ă  des divinitĂ©s inspirĂ©es de la glyptique mĂ©sopotamienne sont toujours prĂ©sentes sur des sceaux, ainsi que des scènes de banquets. Des sceaux en faĂŻence apparaissent sous les Igehalkides.
  • Durant la pĂ©riode nĂ©o-Ă©lamite, on trouve des sceaux reprĂ©sentant des scènes de chasse, ou des combats d'animaux rĂ©els ou imaginaires, peut-ĂŞtre d'inspiration perse.
  • Style « Ă©lamo-perse Â» : la tendance vue Ă  la pĂ©riode nĂ©o-Ă©lamite finit par aboutir Ă  un style hybride dit "Ă©lamo-perse", reprenant des thèmes propres aux peuples iraniens, comme la chasse, des combats de guerriers montĂ©s Ă  cheval, de manière dynamique ; un sceau reprĂ©sentatif de ce style est celui du roi Cyrus Ier de Perse.
  • Les sceaux de la pĂ©riode achĂ©mĂ©nide retrouvĂ©s en Perse et en Élam reprĂ©sentent souvent un roi-hĂ©ros en train de vaincre un monstre, qui devient rĂ©currente Ă  partir du règne de Darius Ier qui marque une rupture dans l'iconographie.

Sculpture

Ronde-bosse

Statue de Narundi, Suse, règne de Puzur-Inshushinak (vers le XXIIe siècle av. J.-C.

Des statuettes sculptées sur pierre apparaissent à la période proto-élamite, et représentent selon la tradition de l'époque des animaux dans des postures humaines.

On a aussi retrouvé des statues de plus grande taille, comme la statue de la déesse Narundi assise sur un trône, datant du règne de Puzur-Inshushinak (vers le XXIIe siècle), et qui mesure près d'un mètre.

Plusieurs statues d'animaux (surtout des lions) servant à garder l'entrée de monuments ont été découvertes à Suse et à Chogha Zanbil.

Bas-reliefs sur pierre et bitume

Panneau de briques moulées représentant un homme-taureau protégeant un palmier, Suse, XIIe siècle.

Des bas-reliefs ont été sculptés sur certaines stèles par les artistes de la période médio-élamite. L'une de ces œuvres les plus remarquables, quoiqu'elle soit aujourd'hui amputée d'une grande partie de ce qu'elle était à l'origine, date du règne d'Untash-Napirisha. Elle est divisée en plusieurs registres. Le supérieur représente le roi priant devant une divinité, accompagné de son épouse et d'une prêtresse. Sur le registre inférieur, on trouve des êtres mythiques : déesses-poissons tenant les flots représentés sous la forme de cordons allant du sol au ciel, hommes-moufflons tenant des arbres sacrés.

Un bas-relief plus tardif, datant de la dynastie des Shutrukides, a été retrouvé dans un temple de Suse, sur le Tell de l'Apadana. Il s'agit d'une frise sur briques moulées, ressemblant beaucoup à un bas-relief de la même période retrouvé à Uruk dans l'Eanna. On y trouve des hommes-taureaux protégeant des palmiers alternant avec des divinités protectrices.

À la période paléo-élamite, on avait sculpté des supports d'offrandes faits dans des roches bitumeuses, en forme de cornets tronconiques. On y représentait surtout des animaux : aigles, félins, gazelles.

Bas-reliefs rupestres

Les souverains élamites ont aménagé divers sanctuaires rupestres, dans lesquels ils ont fait sculpter diverses frises, à thème religieux. Ces sites sont Kurangun, Izeh et Naqsh-e Rostam.

Kurangun a été aménagé à l'époque des sukkalmah (XIXe – XVIIe siècle). Un relief y représente le dieu Napirisha délivrant les eaux de vie assis sur un trône qui a la forme d'un serpent à tête d'homme symbolisant les eaux primordiales. Il est entouré d'autres divinités, dont sa parèdre Kiririsha qui se tient à côté de lui. Une procession se trouvant à la gauche du groupe de dieu date elle de la période néo-élamite, Kurangun ayant été un lieu de culte sur une très longue période.

L’autre grand sanctuaire en plein air de l'époque des sukkalmah est Naqsh-e Rostam, connu surtout pour les tombes de souverains achéménides ou les reliefs sassanides qui s'y trouvent.

Les premiers reliefs d'Izeh remontent à la période médio-élamite, sans doute sous les Shutrukides (XIIe siècle). De grandes fresques sont taillées dans la pierre, représentant la famille royale rendant hommage aux dieux. Ces œuvres ont été usurpées au VIIIe siècle par un souverain élamite local, tandis que des nouvelles ont été sculptées.

MĂ©tallurgie

Hache votive en argent et électrum inscrite au nom du roi Untash-Napirisha, XIVe siècle.

Des statuettes en métal ont été réalisées dès la période proto-élamite, que ce soit en bronze ou en argent. On en a même retrouvé en or dans la nécropole de Suse. Elles représentent avant tout des personnages religieux : des animaux à la période proto-élamite, et par la suite des divinités anthropomorphes.

À partir de la période médio-élamite, on réalise des pièces en métal de plus grande taille. La plus remarquable est incontestablement la statue en bronze quasiment en grandeur nature de la reine Napir-asu, épouse du roi Untash-Napirisha, à laquelle il manque actuellement la tête et une partie d'un bras. Elle démontre tout le savoir-faire des artisans élamites en matière de métallurgie : elle a été réalisée en deux morceaux faits selon la technique de la cire perdue qui ont ensuite été collés. Les détails du vêtement sont remarquables. Le règne d'Untash-Napirisha a vu la réalisation de nombreuses pièces en métal, comme la hache en argent et électrum inscrite au nom de ce roi exhumée dans le temple de la déesse Kiririsha à Chogha Zanbil.

Une œuvre originale en bronze datant de la dynastie shutrukide représente une scène cultuelle, la cérémonie du « lever de soleil » (sit šamši en akkadien). Il s'agit d'une plaque d'environ 60 x 40 cm, sur laquelle on trouve deux prêtres agenouillés en train d'effectuer un rituel à côté d'une ziggurat, et entre deux autels. On y trouve aussi un arbre, qui doit symboliser un bosquet sacré typique des temples élamites.

Notes et références

    Voir aussi

    Sources et bibliographie

    • Pierre Amiet, Elam, Auber-sur-Oise,
    • Pierre Amiet, L'âge des Ă©changes inter-iraniens : 3500-1700 av. J.-C., Paris, Ministère de la culture et de la communication, Éditions de la RĂ©union des musĂ©es nationaux, , 332 p. (prĂ©sentation en ligne)
    • Pierre Amiet, Suse : 6000 ans d'histoire, Paris, (prĂ©sentation en ligne)
    • (en) E. Carter, « Elam, ii, The Archaeology of Elam », dans E. Yarshater (dir.), Encyclopaedia Iranica, 1998, p. 301-344 ;
    • (en) D. T. Potts, The Archaeology of Elam : Formation and Transformation of an Ancient Iranian State, Cambridge (Mass.), 2004.
    • (en) Prudence O. Harper, Joan Aruz et Françoise Tallon (dir.), The Royal City of Susa : Ancient Near Eastern Treasures in the Louvre, New York, The Metropolitan Museum of Art, (lire en ligne)

    Articles connexes

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