Archimède (Q142)
L'Archimède est un sous-marin français de la classe 1 500 tonnes. Lancé en 1930, il appartient à la série M6. Il est l'un des cinq sous-marins de cette classe, sur trente et un, à survivre à la Seconde Guerre mondiale[1].
Archimède | |
L'Ajax, identique à l'Archimède. | |
Type | Sous-marin |
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Histoire | |
A servi dans | Marine nationale |
Chantier naval | Chantiers navals français – Caen |
Quille posée | |
Lancement | |
Armé | |
Statut | démantelé le |
Équipage | |
Commandant | Commandant Christian Dadvisard |
Équipage | 5 officiers, 66 marins |
Caractéristiques techniques | |
Longueur | 92,30 m |
Maître-bau | 8,10 m |
Tirant d'eau | 4,40 m |
Déplacement | 1 572 tonnes en surface 2 082 tonnes en plongée |
Propulsion | 2 moteurs Diesel 2 moteurs Ă©lectriques |
Puissance | Diesel : 2 × 3 000 ch Électrique : 2 × 1 200 ch |
Vitesse | Surface : 17,5 nœuds Plongée : 10 nœuds |
Profondeur | 80 m |
Caractéristiques militaires | |
Armement | 9 tubes lance-torpilles de 550 mm 2 tubes lance-torpilles de 400 mm 1 canon de 100 mm 1 mitrailleuse-double de 13,2 mm |
Rayon d'action | 14 000 nautiques à 7 nœuds (surface) 100 nautiques à 7 nœuds (immersion) |
Carrière | |
Port d'attache | Cherbourg |
Histoire
DĂ©veloppement
L'Archimède fait partie d'une série assez homogène de 31 sous-marins océaniques de grande patrouille, aussi dénommés 1 500 tonnes en raison de leur déplacement. Tous sont entrés en service entre 1931 (Redoutable) et 1939 (Sidi-Ferruch).
Longs de 92,30 mètres et larges de 8,10 m, ces sous-marins ont un tirant d'eau de 4,40 mètres et peuvent plonger jusqu'à 80 mètres. Ils déplacent en surface 1 572 tonnes et en plongée 2 082 tonnes. Propulsés en surface par deux moteurs Diesel d'une puissance totale de 6 000 chevaux, leur vitesse maximum est de 18,6 nœuds. En plongée, la propulsion électrique de 2 250 chevaux leur permet d'atteindre 10 nœuds. Appelés aussi « sous-marins de grandes croisières », leur rayon d'action en surface est de 10 000 nautiques à 10 nœuds et en plongée de 100 nautiques à 5 nœuds.
Mis en chantier le avec le numéro de coque Q142, l'Archimède est lancé le et mis en service le . Alors qu'il est en essais à Cherbourg[2], son frère le Prométhée, également en essais, coule au large du cap Lévi le . Sur la base des déclarations des rescapés, dont le commandant, la commission d'enquête procède à des essais sur l'Archimède pour tenter d'établir les causes du naufrage[3].
Seconde Guerre mondiale
L'Archimède est affecté, au début de la Seconde Guerre mondiale, à la 6e division de sous-marins, basée à Brest, qu'il forme avec le Persée, l'Ajax et le Poncelet[4]. Il est en carénage avec l'Ajax d'août 1939 à février 1940. En avril 1940, l'Archimède et l'Ajax escortent des convois de cargos alliés depuis Halifax jusqu'en Grande-Bretagne (convoi HX 39)[5]. Après la déclaration de guerre de l'Italie à la France le , l'Archimède participe à l'opération Vado contre les ports de la côte ligurienne[6].
Après l'armistice du 22 juin 1940, le sous-marin est successivement basé à Toulon puis Dakar, Conakry et Casablanca, avant de rentrer en gardiennage à Toulon le . Ce gardiennage est mis à profit avec un grand carénage de l'Archimède. Il est réarmé en juillet 1942 puis est envoyé à Casablanca.
La flotte française d'Afrique du Nord rejoint les forces alliées en novembre 1942, après le débarquement allié. Les sous-marins français sont alors envoyés aux États-Unis pour une modernisation, en raison de leur vétusté. L'Archimède quitte Dakar le pour Philadelphie, où il reste près d'un an. Les travaux commencent au mois de mai au Philadelphia Navy Yard. Ils sont compliqués par l'absence de plan détaillé du navire et de ses pièces[7]. De plus, l'absence de standardisation entre les navires — par exemple, sur les quatre 1 500 tonnes, deux sont équipés de moteurs Sulzer et deux de moteurs Schneider — irrite les ingénieurs américains[8]. Mais ceux-ci sont cependant impressionnés par la modernité de ces navires dont la conception a pourtant près de vingt ans[9]. Les moteurs sont intégralement révisés, les batteries changées, la coque épaisse et les barres de plongée renforcées. Certains ballasts sont transformés en soutes à combustible pour augmenter l'autonomie des navires. De gros efforts sont faits sur une meilleure insonorisation des sous-marins[7]. Ils se voient également équipés de radars, de systèmes d'écoute plus performants et d'un ASDIC, d'un nouveau loch et d'un bathythermographe[10]. Les conditions de vie sont améliorées avec l'installation de l'air conditionné et d'un réfrigérateur. Le kiosque est modifié, avec la suppression d'une partie importante de l'abri de navigation, remplacé un par nouvel affût antiaérien Oerlikon.
La refonte de l'Archimède est achevée le ; à son retour des États-Unis, il est utilisé pour des missions de surveillance et de renseignement. En avril et en juin, il débarque et embarque plusieurs agents sur la côte catalane, près de Barcelone[11]. Le , il est attaqué par trois avions britanniques qui le prennent pour un U-Boot et il leur échappe en se réfugiant à 40 mètres de fond[12]. Dans la nuit du 13 au , l'Archimède est repéré par le radar Wassermann du cap du Dramont et pris en chasse par trois vedettes anti-sous-marines qui le grenadent pendant trois heures[13]. Le , il repère un petit convoi allemand et tire quatre torpilles sur un aviso qui est sauvé par son tirant d'eau inférieur à la profondeur de course des torpilles françaises à déclenchement mécanique[14]. Le , les sous-marins sont retirés de la côte française, à l'approche du débarquement de Provence[15]. La guerre en Méditerranée étant terminée, l'Archimède passe le reste de la guerre à l'entraînement à Oran dans l'attente d'un transfert dans le Pacifique qui ne viendra pas en raison de la capitulation du Japon le .
Après-guerre
L'Archimède et Le Glorieux entrent en grand carénage à Cherbourg en pour une durée de dix mois. Comme à Philadelphie, les équipements des navires sont entièrement vérifiés, réparés ou remplacés[16]. Après leurs essais, ils sont basés en janvier 1947 à Brest puis effectuent une croisière de quatre mois en Afrique en compagnie du U-2158, U-Boot type XXI versé à la Marine nationale, afin d'en évaluer les capacités[17]. De 1947 à 1949, les deux 1 500 tonnes procèdent à de très nombreux entraînements à Brest puis à Toulon. L'Archimède est placé en réserve spéciale le , puis désarmé le [18].
Ses deux derniers carénages lui ont permis d'atteindre la profondeur record de 120 mètres, au lieu des 80 prévus sur cette série[19].
Notes et références
- Il s'agit d’Argo, Archimède, Casabianca, Le Centaure et Le Glorieux.
- (Cherbourg-en-Cotentin depuis le ), car ni Cherbourg-Octeville ni Cherbourg-en-Cotentin n'existaient en 1952 lors de son désarmement.
- « Une déclaration du commandant Couespel du Mesnil sur les causes de la catastrophe », L'Ouest-Éclair,‎ , p. 1 (lire en ligne, consulté le )
- Huan 2004, p. 49
- Huan 2004, p. 67
- Aboulker 2010, p. 24-25
- Aboulker 2010, p. 53
- Picard 2006, p. 85
- Aboulker 2010, p. 54-55
- Aboulker 2010, p. 55-56
- Aboulker 2010, p. 64-65 et 68
- Aboulker 2010, p. 65-66
- Aboulker 2010, p. 72-73
- Aboulker 2010, p. 73-75
- Huan 2004, p. 172
- Aboulker 2010, p. 84-85
- Aboulker 2010, p. 87-91
- Aboulker 2010, p. 93
- Aboulker 2010, p. 87
Bibliographie
- Axel Aboulker, Le Sous-marin Archimède : 1932-1952, Rennes, Marines Éditions, , 103 p. (ISBN 978-2-35743-058-7, OCLC 762986112, BNF 42279889).
- Claude Huan, Les Sous-marins français 1918-1945, Rennes, Marines Éditions, , 240 p. (ISBN 978-2-915379-07-5 et 2-915-37907-6, OCLC 55595422).
- Claude Picard, Les Sous-marins de 1 500 tonnes, Rennes, Marines Éditions, , 119 p. (ISBN 978-2-915379-55-6 et 978-2-915-37955-6, OCLC 421731181, BNF 40993561).
- Claude Huan et Jean Moulin, Les sous-marins français 1945-2000, Rennes, Marines éditions, , 119 p. (ISBN 2-35743-041-9, EAN 978-2-35743-041-9), p. 38.
- Jean Moulin, Les sous-marins français en images, Marines Éditions, (ISBN 2-915379-40-8), p. 26-27.